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Cian Scully & Milo Delarco

La main poussa la porte de l’immeuble, loué depuis quelques mois seulement. L’ascension soudaine de l’homme en avait étonné certains, pourtant, il n’avait eu besoin que de quelques semaines pour convaincre les plus sceptiques. Facilité grâce à Cassandre qui, malgré les souvenirs, restait une princesse très utile. Il fallait juste accepter de porter le fardeau de son existence, sa haine envers le panthéon grec et leur inaction… De quoi écœurer l’homme, bien qu’il donnait l’illusion de s’en moquer. Il l’avait fait face à Sybille, face à l’aura pourpre qu’elle dégageait. Elle avait cru pouvoir évoquer son passé, lui offrir une main tendue. Comme s’il pouvait la croire. Certainement qu’elle deviendrait comme les autres, qu’elle était comme ceux dans son passé, à se croire supérieure à tous. La rétribution divine n’existait pas, puisque tous les dieux et déesses étaient vivants. Tous n’avaient fait que détourner le regard, pour mieux continuer à vivre. Car Cassandre n’était guère la première à s’être retrouvée dans cette situation, et elle n’était pas la dernière non plus. Ce n’était qu’une mortelle parmi tant d’autres, qui avait fait face aux divins sans aucun pouvoir.

La tête se secoua doucement, pour faire disparaître les pensées. Ce n’était pas le moment de s’y perdre, pas quand les rendez-vous allaient s’enchaîner toute la matinée, et une bonne partie de l’après-midi. Il lui faudrait être au maximum présent, autant physiquement que mentalement. Pas question de perdre des contrats, des suivis parce que l’Autre avait décidé de faire des siennes.

Mouvement de tête à l’intention de la secrétaire, de quelques-uns des gardes qu’il engageait. Rien de bien sorcier pour une entreprise de la sorte. Il s’installa dans son bureau, s’autorisa une pause pour jeter un coup d’œil par la baie vitrée. Bâtiment résolument moderne à l’intérieur, dont l’extérieur restait pourtant ancien, comme en vigueur des lois du quartier. Ne rien dénaturer, ça le dérangeait Cian, lui qui avait depuis bien longtemps perdu goût en l’architecture ancienne. Seules les œuvres d’art, telles que les toiles ou sculptures, parvenaient à l’émouvoir, l’attirer. Comme un écho de son passé irlandais, des ambassades qu’il avait visitées, conduit par ses parents, avant l’armée, avant la guerre. Au moins, quand il détaillait les peintures, il en oubliait le reste. Trouver des significations l’occupait, l’empêchait de penser. Ce qu’il ne parvenait pas à faire avec un bâtiment. Tant pis, tant que l’intérieur lui ressemblait. Dans une froideur de laquelle se détachaient quelques touches antiques. Marbre blanc qui représentait diverses célébrités d’un monde aujourd’hui disparu. D’un monde auquel il appartenait en partie.

Premier rendez-vous, et le sourire en coin accueillit son interlocuteur en même temps que la politesse…

**

L’horloge tiquait à chaque seconde qui passait, léger bruit auquel il s’était fait, qui lui permettait de calculer les heures passées pour chaque personnalité défilant en ce jour à marquer d’une pierre blanche. Evidemment, il lui en manquait beaucoup, surtout qu’une autre société de la sorte s’était créée en début d’année. Certains contrats avaient été volés, pris sous le nez de cet autre. Pratiques malhonnêtes que certains avaient évoqué, sans pour autant avoir été vérifiées. Accusations tombées dans l’oubli, cependant, sur plusieurs points, Cian gardait une longueur d’avance sur son compétiteur. Merci à Cassandre et sa fameuse précognition. Légères impressions de déjà-vus qui le poussaient à agir dans une situation, quand d’autres ne feraient rien. Utilité maximale dans son travail, cet instinct exacerbé.

Quelques heures de tranquillité, avant l’arrivée de sa secrétaire, déboulant les pupilles écarquillées dans le bureau. Un sourcil arqué, il la détailla, perçut la venue d’un problème. Dans un soupir, il s’excusa auprès de la cliente du moment, et quitta rapidement l’endroit. Pas de course, alors qu’elle évoquait un nouvel arrivant. Cian grimaça légèrement à la description de celui qui l’attendait. Comme s’il avait envie de gérer tout cela aujourd’hui… Pourtant, le visage se para de neutralité, avant d’arriver jusqu’à l’homme. Milo Delarco. Un loup qui ne le paraissait pas. « Milo, je ne pensais pas vous voir ici. » Pourquoi venait-il ? Etonnamment, les dons s’étaient mis en berne, et aucune information ne lui parvenait de son subconscient…

 

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Cian Scully & Milo Delarco

Quand j’avais mis la main sur ce rat qui c’était incrusté dans Kerberos, je n’avais eu aucun mal à lui faire avouer qu’il travaillait pour un autre. J’avais éclaté d’un rire cynique à ses aveux. J’aurais du le voir venir, j’aurais du m’en rendre compte plus tôt. Je n’avais pas creusé plus que ça, sachant parfaitement qui était celui qui avait recruté cette vermine. Il était sorti de nul part, avait gravit les échelons anormalement vite, et aujourd’hui il avait un succès plus que suffisant, devenant mon concurrent le plus féroce. Je ne voyais même pas quel intérêt il avait à venir fouiner de mon côté. Quoi qu’il en était je ne pouvais pas le laisser empiéter sur mon territoire à sa guise. J’avais annulé tous mes projets de la journée avant de quitter le bâtiment qui abritait mon entreprise. J’enfilais un casque avant d’enfourcher ma moto dans l’intention de rendre une petite visite à mon cher voisin.

Une fois sur place j’avais passé la sécurité de l’accueil sans trop de problème grâce à mes pouvoirs et je m’étais frayé un chemin jusqu’à ce que l’on m’avait indiqué comme étant la secrétaire du grand Cian Scully. Je m’appuyai sur le comptoir qui lui servait de bureau, tout en la regardant droit dans les yeux « Allez me chercher ce qui vous sert de patron ? » Je la vois hésiter, la surprise se lisant sur les traits de son visage. Le fait qu’elle n’avait pas décollé ses fesses de la chaise sur laquelle elle était assise dans la micro seconde qui avait suivit mes paroles, avait suffit à m’irriter « j’ai été suffisamment poli pour m’adresser à vous plutôt que d’aller directement jusqu’à son bureau et interrompre un quelconque rendez vous de la pire des manière... » Je fis pianoter mes doigts sur le meuble, mon regard fixé sur la secrétaire tout en attendant une réaction de sa part « maintenant. » soufflais-je. Elle se leva aussitôt avant de partir d’un pas pressé, urgent, en direction des couloirs de l’étage auquel je me trouvais. Je soupirais. Si seulement j’avais pu envoyer quelqu’un d’autre régler cette histoire. Mais qui d’autre à par moi aurait pu élucider cette affaire de taupe. Il fallait que je m’en débarrasse au plus vite et que je refocalise mon attention sur ce qui était important pour l’entreprise. Bien sûr je n’aimais pas avoir de vers dans ma pomme mais disons que l’intrus n’avait pas réussi à pourrir le fruit et c’était tout ce qui comptait pour le moment. Ce n’était donc pas si grave que ça. Cependant je voulais mettre au clair certains points avec celui qui avait déposé ce vermisseau dans la pomme et faire en sorte qu’il ne recommence pas. Sa présence sur le marcher me déplaisait beaucoup mais j’étais bon joueur et je ne lui avais pas mis de bâton dans les roues. J’exigeais de lui qu’il en fasse de même.

Pas même une minute ne passa entre le départ de la secrétaire et son retour, avec à ses côtés le maître des lieux. J’affichais mon plus beau faux sourire tout en m’approchant de lui « Monsieur Scully. » le saluais-je. Je haussais un sourcil à ses paroles. Était-il si sûr de lui au point de croire qu’il pouvait me berner aussi facilement ? « Vous ne pensiez pas me voir ici, vraiment ? » C’était une question purement rhétorique, je pensais à voix haute tout en détaillant les expressions de son visage. Mais estimant que j’avais déjà perdu assez de temps, je lui fis part au plus vite de la raison de ma présence ici « je dois vous parler sur le champs. » Ajoutais-je en laissant tomber mon sourire amical pour une expression plus neutre et froide « On peut faire ça ici, ou dans l’intimité d’un de vos bureaux. » Il fallait qu’il comprenne qu’occupé ou pas, il fallait que lui et moi aillons cette discussion sans attendre.

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Cian Scully & Milo Delarco

Les regards se heurtaient, dans un calme olympien qui pourtant ne trompait personne. Les deux hommes se jaugeaient, ambiance cordiale quoiqu’électrique. D’ailleurs, Cian congédia d’un geste de la main sa secrétaire. Ce n’était pas à elle de faire face à l’italien, à son concurrent. Et l’aura brûlante sous ses iris le poussa à rester sur ses gardes, malgré le sourire poli sur ses lèvres. Il n’aimait pas les divinités, tout comme Cassandre qui distillait une certaine haine dans son esprit. Après avoir été traînée dans la boue de la sorte, il ne pouvait que comprendre son ressenti. Il fallait juste maintenir les émotions sous contrôle pour éviter un quelconque débordement. Tout pouvait rapidement partir dans une mauvaise direction alors, tant qu’il pouvait l’éviter, il s’y accrocherait. Même si l’autre n’avait pas l’air d’être là pour enfiler des perles. Ah, terrible jeunesse qui se pensait à même de lui arriver à la taille. Jeunesse riche aussi, n’ayant fait qu’ouvrir un nouveau commerce avec le fric de papa. Il aurait pu le faire aussi Cian, ce qui le rendait particulièrement hypocrite dans ces instants-là. Lui était fils de diplomates, dont les amis les plus proches étaient à la tête d’une mafia renommée. Ah, comment avait-il pu si mal tourné ?

Il se voulait si rassurant Cian, si calme, donnant l’illusion qu’il ne savait pas de quoi voulait parler son interlocuteur. Et c’était véridique en réalité. Certes, certains comportements de l’irlandais étaient… Suspects. Des connaissances qu’il ne devrait pas avoir. Néanmoins, il ne faisait qu’écouter les petites voix dans son crâne, ces impressions qui le guidaient par instant. Pas toujours en bien. Le prénom fut utilisé, mais bien rapidement, un nom de famille lui fut renvoyé. « Si vous préférez les noms de famille, Monsieur Delarco. » L’italien était détruit sous l’accent aux intonations irlandaises. Il y avait un peu de moquerie certes, derrière le sérieux brûlant. Parce que jouer était comme une seconde nature par moment. Vulgaires mensonges passant la barrière de ses lèvres régulières, sans qu’il ne puisse s’en empêcher. « Non, à moins que vous n’ayez besoin d’une protection à votre tour. » C’était une réponse dans un murmure, bien que la question n’en nécessitait pas. Il avait juste envie de titiller, de prendre le contrôle d’une discussion en jouant sur les sentiments de l’autre. C’était nettement plus agréable que de discuter sérieusement.

« Ca ne me dérange absolument pas de le faire ici, mais si vous préférez un endroit clos… » Un simple geste, pour lui indiquer de le suivre, et les longues jambes de Cian avalèrent les mètres dans les couloirs de l’immeuble. Mobilité ultra-moderne, et il trouva rapidement un bureau vide. Le nombre d’employés par ici était très limité, l’irlandais s’occupant de la majorité du processus de vente et des rencontres clients. Ainsi, les réunions étaient peu importantes, seulement présentes quelques fois par an pour rassembler les divers gardes éparpillés sur les différentes missions. Ces derniers temps, il n’y avait guère de personnes dans le coin. « Donc, de quoi souhaitez-vous me parler ? » Le sourire restait, plus carnassier que jamais. « Pour que vous vous déplaciez jusque-là, cela doit être suffisamment grave. » Et il posa ses fesses sur le rebord de la table, iris bleutées qui s’accrochaient à celles de son interlocuteur.

 

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Cian Scully & Milo Delarco

En toute honnêteté ça ne m’amusait guère de me retrouver ici, face à cet homme. Je souhaitais mettre les choses à plat en espérant qu’il ne soit pas trop buté comme Irlandais puis mettre les voiles. Je n’avais que faire de ses petites phrases soufflées à mis mots ou de l’intonation ironique qu’il avait utilisé en prononçant mon nom. J’avais un égo mais ça, ça me passait au dessus. Aussi en fis-je abstraction, me contentant de lui emboîter le pas lorsqu’il me guida à travers ses locaux.

Cian nous fit rentrer dans un des nombreux bureaux de son établissement et pendant qu’il s’appuyait contre une table, moi je me posais confortablement sur une chaise. Beaucoup serait resté debout, préférant être à la même hauteur que leurs interlocuteur. Quoi qu’on en pense les Hommes restaient des animaux et le langage corporel avait une grande importance dans certaines situations. Je me contentais de lever les yeux vers lui avec un petit sourire hypocrite « Super locaux que vous avez là. Très modernes. » Commentais-je ignorant ses paroles sur l’instant avant d’y revenir avec un soupir las « Grave, je ne sais pas. Gênant, peut être. » Dis-je d’un air pensif « Vous et moi n’avons pas le même parcours : J’ai commencé, j’avais déjà tout. Vous, vous êtes partis de rien. C’est très admirable. A cause de ce détails nous en venons à ne pas avoir les mêmes intérêts. Je pense. » Je me passe une main dans les cheveux sans le quitter des yeux. J’allais essayer de peser mes mots et éviter d’entrer en guerre tout de suite. Avec Déimos dans ma tête c’était jamais facile d’être diplomate et la majeur partie du temps c’était peine perdue que d’essayer.

« Je suis riche. Très riche Monsieur Scully. Je ne cherches pas à l’être d’avantage. Quand au pouvoir je ne m’y intéresse pas plus que ça... » J’avais convoité l’entreprise du père dès que j’avais su que mon frère en serait l’héritier. Finalement la vie avait décidé que se serait moi le patron de Kerberos. Je m’étais amusé avec, un temps, profitant du pouvoir et de l’argent qu’elle me procurait puis… plus les jours passaient et plus je m’en lassais. Comme un gosse pourrit gâté qui fait un caprice pour un jouet derrière une vitrine, mais qui une fois qu’il l’a entre les mains s’en désintéresse « ...mon entreprise marche plus que bien et le fait que ses profits n’augmentent pas beaucoup m’importe peu. En revanche ça ne me plaît pas quand ils baissent. »

Je me détourne de Cian pour laisser mon regard vagabonder au travers d’une fenêtre, admirant le panorama qu’offrait la hauteur du bâtiment. Je reprends d’une voix calme et posée « Jusqu’à aujourd’hui je n’ai jamais daigné vous accorder plus d’intérêt que nécessaire et j’aurais continué à le faire si vous étiez resté de votre côté. Je comprends tout à fait qu’entre nous il y ait de la concurrence et je respecte ça. Mais je n’apprécie pas quand on envoi ses petits soldats fouiner dans mes affaires. »

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Cian Scully & Milo Delarco

Ca lui faisait perdre son temps. Ca l’agaçait dans le fond, et malheureusement, Cassandre était plutôt d’accord avec lui. Ca les ralentissait dans son besoin de vengeance, notamment auprès des déités grecques, mais c’était cela, sauver les apparences, non ? Fallait juste supporter de perdre quelques minutes, quelques heures de son temps. Se jouer de lui, rendre l’échange un tant soit peu amusant. Après tout, si Milo était un compétiteur, un rival en affaires, il était aussi un gamin présomptueux à qui on avait toujours tout donné. Il n’avait pas connu la chute, le dégoût de soi, et des autres, le besoin de s’accrocher, la rage de s’en sortir. Il était un simple être dont le sang était plus qu’humain. C’était ce que l’aura lui disait, dorée à souhait. Quelqu’un du même panthéon que Cian donc, quoique son nom laisse à penser. L’Italie se cachait quelque part sous l’identité irlandaise, de quoi perdre souvent les récurrences grecques, tant accrochées à leurs origines, aux accents chantants de leurs noms. « Merci. » Compliment certainement sarcastique, auquel il répondait comme si de rien n’était. Oui, les locaux étaient modernes. C’était ce qui lui plaisait, pour que son esprit se détache de la guerre qu’il menait toujours quelque part en lui…

« En effet. Nos parcours et donc nos attentes pour l’avenir sont divers. » De quoi maintenir la discussion, écoute qui s’était pourtant intensifiée. Se faire cracher dessus de la sorte, en toute diplomatie, ça le faisait sourire, et en même temps ça l’agaçait. En tout cas, ce cher Milo n’avait pas réellement fouillé son passé. Tant mieux. Cian préférait garder ses années en tant que militaire secrètes, tout comme les liens qui l’unissaient réellement à l’Irlande. Parents diplomates, liés plus que raison à la mafia là-bas… L’argent, la richesse, le pouvoir, lui aussi connaissait tout cela. Il s’en était juste débarrassé, avait tout plaqué, par besoin de liberté. Et s’était retrouvé enfermé dans l’horreur de la guerre. Quel bon choix. « Si vous êtes si riche que cela, les pertes ne devraient être qu’un mauvais moment à passer. » Pause. En effet, Cian ne comprenait pas ce comportement, cette façon de penser. Lui avait dû façonner sa vie à son retour. Ce n’était peut-être pas glorieux comme passé mais, finalement, ça lui était utile de connaître le métier qu’il vendait à des particuliers et des entreprises. « Ca vous pose néanmoins un problème… » L’interrogation était latente, plus pour lui-même que pour l’autre. Les failles humaines, Cassandre aimait à les souligner, les faire apparaître sous les iris de son hôte.

Et la raison le scotcha. Un rire emplit la pièce. Jamais il n’aurait cru qu’on lui ferait une telle remarque. Même si les mensonges coulaient de sa langue, pernicieuse Cassandre, c’était la première fois qu’on lui présentait les faits de cette façon. « Vous m’accusez donc d’espionnage industriel. » Ce n’était pas une question, juste une affirmation étrangement calme. C’était le pouvoir de Cassandre qui faisait des siennes. Cassandre que l’autre ne semblait pas percevoir, ou simplement connaître. Ainsi, Milo ne serait pas aussi avancé que Sybille dans son développement… Intéressant à savoir, que les récurrences se développaient différemment. A moins qu’il n’en soit pas une. Un autre héro ? Un monstre ? Tant de questions sur son interlocuteur… « J’avoue ne pas savoir de quoi il en retourne exactement. » Pause. « Je n’ai pas à envoyer mes petits soldats comme vous le dites, puisqu’ils n’ont pas de temps à perdre sur cela. Ils sont bien trop occupés auprès des clients. » Léger tacle au passage. Ne joue pas trop avec le feu Cian. « Quelle preuve possédez-vous pour venir jusqu’à moi ? » Les doigts remontèrent la manche de sa chemise, toujours aussi contrôlé, calme. « La diffamation me semble bien petit, venant de votre part. »

Cassandre n’avait pas été discrète pour le coup. Les sensations de déjà-vu, vestiges de l’oracle que la princesse avait été, mettaient son hôte dans une position assez délicate. Car il ne souhaitait pas dévoiler sa nature. Et en même temps, mieux valait que certaines autorités ne mettent pas le nez dans ses comptes et affaires. La montée fulgurante serait complexe à expliquer, même si rien d’illégal n’avait lieu entre ces murs…

 

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Cian Scully & Milo Delarco

Je levais légèrement les yeux au ciel à sa remarque concernant un « mauvais moment à passer » si mon chiffre d’affaire venait à chuter. Je ne cherchais peut être pas la richesse à tout prix n’empêche que je tenais beaucoup à ce que je possédais déjà. Mon train de vie l’exigeait. Et il était hors de question que je me prive de mon train de vie excessif parce que monsieur ici présent avait faim. Tellement faim qu’il en venait à fouiller de mon côté pour se mettre quelque chose sous la dent, me volant ce qui me revenait de droit.

Je ne m’attendais pas à une autre réaction que celle qu’il avait eu lorsqu’il avait enfin compris la raison de ma venue. Doucement j’acquiesçais à son affirmation. Oui c’était bien de ça que je l’accusais. Pas vu, pas prit hein ? Ça m’aurait étonné qu’il m’avoue son implication dans cette affaire sans feindre l’innocence avant. Mais voilà. Il se trouvait que j’avais une preuve contre lui. Sinon je n’aurais jamais mis les pieds ici. Un sourire en coin se dessina sur mon visage « Si vous le dîtes. » Cette phrase je l’avais presque ronronné, me demandant si il était sincère ou si c’était encore de l’humour. Si il ne se fichait pas une nouvelle fois de moi, sa dernière phrase montrait bien qu’il ne me connaissait pas. Je pouvait faire bien plus petit encore, ce n’était pas un cas de conscience me concernant.

En reprenant mon sérieux je soupire, prêt à lui faire part des fondements de ma suspicion le concernant « Vous disiez que vos petits soldats étaient bien trop occupés auprès des clients et c’est bien ça le problème. » Dis-je en posant mon regard sur lui « Il sont bien trop occupé avec mes clients aussi. » Comme je l’avais dit, un peu de concurrence ne faisait de mal à personne. Cela pouvait même pousser à évoluer. Mais là je n’étais pas d’humeur à jouer les frères ennemis « J’ai sous la main un homme qui dit travailler pour vous. Si c’est vrai, autant arrêter de tourner autour du pot en prétendant de ne pas savoir de quoi il en retourne. Et si il n’est pas de chez vous, d’où vient-il ?" Mon regard se fait plus insistant sur mon interlocuteur « Je tombe sur lui au même moment où certains de mes clients mettent les voiles pour aller de votre côté. Vous êtes le seul avec qui je rencontre ce problème, alors pardonnez ma suspicion Monsieur Scully. »

Tous les soupçons pointaient dans sa direction. Pourtant même si ça me faisait du mal de l’admettre, je trouvais cette affaire un peu trop facile. Je ne connaissais pas vraiment Cian Scully mais j’étais persuadé qu’il était trop malin pour être aussi négligeant. Ou alors il y avait quelque chose en plus, quelque chose qui m’échappait « Et épargnez moi une quelconque allusion au fait que vos produits seraient meilleurs que les miens et que se serait là la raison de leur changement de « camps ». » Ajoutais-je d’une voix calme et basse. Une mise en garde à peine occultée pour qui serait assez malin pour comprendre qu’il n’était pas prudent de jouer avec le feu. Nonchalamment je finis par me lever de mon siège pour déambuler dans la pièce, admirant sa sobriété et toujours attiré par cette fenêtre donnant sur le vide.

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Cian Scully & Milo Delarco

C’était un combat, un jeu de pouvoirs tel que Cian les avait haïs par le passé. Un pas de côté, un pas en arrière et l’autre prendrait le dessus. Lui avait fini par le refuser. Être bouffé, ça lui était arrivé une fois, et il l’avait payé de sa raison, de sa dignité. Aujourd’hui, tout ce qui importait, c’était de vivre, d’être au-dessus des autres, de ces puissants qui pensaient pouvoir régner sur le monde, détruire les autres. Finalement, il était devenu comme tous ceux qu’il abhorrait. Un mélange de vices, de haine, d’avidité. Se penser différent reviendrait à se mentir à lui-même, mais ce ne serait pas la première fois, non ? De toute façon, avec un adversaire comme Milo, venant sur ses terres pour en découdre, mieux valait adopter un comportement similaire à l’autre. Devenir miroir, pour ne pas perdre pied. Avant que les émotions ne le submergent, ou que Cassandra réclame vengeance. Il était toujours compliqué de créer un équilibre entre Elle et Lui. Entre ce qu’il voulait être et ce qu’il était. Entre tous ces souvenirs, réels ou inventés par son cerveau malade. Pourvu que ça s’arrête un jour.

Les propos suivants lui firent arquer un sourcil. Un homme qui disait travailler pour lui ? Son intérêt était soudainement piqué, et sa posture changea. Penché en avant, l’autre avait désormais son entière attention. Etait-ce une bonne chose ? Seul l’avenir le leur dira. « Quelqu’un a dit travailler pour moi ? » L’étonnement se percevait dans son ton. Pour la première fois de la conversation, Cian paraissait sérieux. En fait, il se demandait qui aurait à cœur de le nuire, tout en sachant que ses ennemis ne manquaient, à commencer par le Royaume lui-même. Un combattant que commençait à reprendre du poil de la bête, certains n’avaient pas réellement apprécié… « Ca m’étonnerait en réalité. » Pause. « Avez-vous son nom ? » A cet homme, à celui qu’il avait trouvé. Un traitre, ça l’agaçait aussi, surtout quand les mensonges proférés étaient aussi énormes. Il aurait pu en rire, se foutre de l’autre pour y avoir cru. Néanmoins, à cause de Cassandre, il avait toutes les raisons de croire à de l’espionnage. C’était juste… Un peu plus mystique que cela. Peut-être devrait-il l’évoquer à l’autre, pour éviter les malentendus. Ce serait une arme à double tranchant, néanmoins, s’il ne souhaitait pas le croire, ce ne serait plus de son ressort.

« Je n’ai en aucun cas l’utilité de ce genre de personnes dans ma société. » Les pupilles captaient les mouvements de Milo, cherchant à s’assurer qu’aucune attaque ne viendrait par surprise. « Qui a besoin d’espions physiques quand d’autres talents sont à disposition ? Et nettement plus fiables à vrai dire. » Certes, ce n’était pas énoncé clairement, néanmoins, Milo était une divinité. S’il était au fait de ce qui se tramait à Arcadia, les sous-entendus seront captés. C’était le but. Ca permettait aussi à Cian de jauger l’esprit du plus jeune. De toute façon, lui n’avait pas le droit de prononcer ce qu’il savait. La langue restait liée à un serment quelconque, donnée par des dieux antiques… Après, si l’italien ne percevait pas l’aura, il ne pourrait deviner ce que l’irlandais était. Il n’y aurait plus que des suspicions, à condition de les formuler…