Freya n’avait jamais aimé l’hiver, peut-être parce qu’elle avait trop souvent eu froid dans cet appartement insalubre qui l’avait vu grandir. Là-bas le chauffage était un concept lointain, il faut dire que remplir les assiettes était déjà suffisamment compliqué alors dépenser le peu d’argent récupérer ici et là dans ce genre de facture était quelque chose que sa mère n’aurait jamais envisager. Ses chaussures s’enfoncent dans la neige alors qu’elle avance en direction du club, elle n’avais pas trouvé à se garer aussi près qu’elle l’aurait voulu et après avoir tourner pendant quelques longues, très longues minutes, elle avait finie par rendre les armes et dieu sait qu’en l’instant elle le regrettait amèrement. D’une main elle vient fouiller dans le fond de la poche de son manteau de laine beige et en extirpe une paire de moufle noire qu’elle enfile avec hâte, ses doigts sont prêt à tomber et elle en a encore bien besoin. D’autres arpentent tout comme elle les rues en cette fin de soirée, les préparatifs des festivités de Noël poussent bien des gens à braver les températures et le manteau blanc dont la ville est à présent recouverte, mais certains sont sans doutes bien trop braves à son goût, comme ce groupe de filles en mini-jupe et talons aiguilles dont les épaules ne sont recouvertes que d’une trop légère veste pour cette fin d’année. Elle a beau se rendre dans un club, elle n’est pas insensée et a tenue à couvrir un minimum la tenue plus festive dissimulé sous son épais vêtement. Elle met sans doute trop d’énergie à silencieusement jugé le petit groupe qu’elle croise et ne prête plus attention a ses pas ni à l’endroit où elle pose ses pieds.

BAM ! Le choc est cuisant, plus pour son égo que pour son fessier en toute franchise, et là voilà qui maudit ce foutu trottoir et la couche de verglas qui l’a couché par terre. Un type se précipite et lui tend sa main, elle ne s’en saisit pourtant pas, concentré sur les éclats de rire qui lui parviennent et font rougir ses joues. Colère et humiliation en sont les maîtresses et elle se relève en marmonnant qu’elle n’a pas besoin d’aide, préférant continuer à avancer et oublier ce fâcheux incident.

La blondinette presse le pas, étouffe la voix dans sa tête qui commente, suggère, semble rire à ses dépens et se concentre sur la crinière flamboyante qu’elle aperçoit au loin et qui sautille sur place, transie tout comme elle de froid. L’accueil est enjoué et amical et Freya à déjà tout oublier de l’endolorissement de son postérieur et ses lèvres à peine rosées affichent un sourire réjoui et franc. «  Je vous présente toutes mes confuses. Elle esquisse un geste de prière avant de lui adresse un clin d’œil. Je vais très bien si on fait abstraction de ce temps de merde ! Et il semble saisir la perche et l’invite immédiatement à entrer et se lancer dans cette arène qui pour sûre se révèlera bien plus brûlante que l’endroit où ils se trouvent.

A peine avaient-il passer la porte que la chaleur s’était accrue, rendant les moufles et les manteaux de trop. Le vestiaire passé, les esprits déjà libérés, elle s’était saisie de la main de son comparse de ce soir pour le trainer vers le bar. Dès le comptoir atteint, il glisse sa commande à l’oreille du barman et elle se penche à son tour pour lui demander un bourbon, elle n’est pas fans des cocktails et autre conneries sucrées et préfère de loin s’en tenir à son alcool fétiche. Les verres en mains, elle lève le sien vers le rouquin. A la tienne Phae et à nos prouesses à venir. Le verre tinte légèrement, bien que personne ne puisse vraiment l’entendre sous le volume considérable de la musique, mais qu’importe. Et toi comment ca va depuis la dernière fois  dis-moi ? T’as pas quelque chose à me dire ? »  Prêcher le faux pour savoir le vrai, son jeu favoris.

L'ambiance intérieure du lieu contrastait vraiment avec l'extérieur. Et heureusement pour les fêtards. Phaedrig n'était jamais déçu quand il venait s'amuser ici. Encore moins quand il se trouvait en bonne compagnie. Freya faisait partie de ceux-là. Son caractère franc et droit dans ses bottes lui plaisait, il savait qu'il n'allait pas devoir faire semblant avec elle et les ceux qui se frottent à elle en prenaient souvent pour leur grande, ce qui amusait grandement le rouquin. la voir commander un bon verre de whisky ne l'étonnait guerre, lui se contentait de sa dose de sucre de la soirée. Il ne pouvait pas faire autrement, dépendant comme il pouvait l'être. Souvent raillé, il s'en fichait royalement et avait appris à assumer son côté plus "féminin" même s'il ne comprenait toujours pas en quoi cela pouvait être un trait de raillerie. La Naïveté. Les verres tintèrent avec enthousiasme, le sourire du jeune homme en témoignant encore plus. « A la tienne Frey' et pour sûr nos prouesses ... Je ne me fais absolument aucun soucis. »

Il profitait doucement de la boisson, laissant la douceur de l'alcool glisser sournoisement dans sa gorge. Bientôt dans ses veines, à son grand malheur. Ou son bonheur ? Son amie entra alors rapidement dans le vif du sujet. A sa dernière remarque, le rouquin se tendit tout d'un coup ne s'y attendant pas vraiment. Pire, il ne savait pas mentir. Cacher des choses n'étaient pas forcément dans sa nature, encore moins quand on le coinçait de cette façon, pour des choses légères. Continuant sa boisson comme si de rien n'était, le nez fourré dans le verre, il devrait un le quitter pour faire face au regard malin et inquisiteur.

« Mmmmmmh ... Tout dépend de quoi tu parles ? » Botter en touche misérablement. La tirade en était ridicule. Et il n'était même pas encore assez alcooliser pour courir sur la piste de danse et esquiver ainsi de possibles révélations. Car, pour lui, il ne faisait aucun doute qu'elle devait parler de Jules. Mais comment pouvait-elle être déjà au courant ? Son coeur s'accélérait rien qu'à la pensée de la brune. Continuant son verre beaucoup trop vite sans s'en rendre compte, celui-ci se trouvait déjà vide. Zut. Il le posait déjà pour en commander un autre qui apparu dans sa main presque par magie. Décidément le barman ne le connaissait que trop bien.

« Rooooooh, c'est bon. Tu sais que je suis mauvais à ce jeu, t'abuses. Elle s'appelle Jules ... » la phrase mourant dans le nouveau verre qui se vidait beaucoup trop vite encore une fois. L'alcool commençait déjà à perfuser dans ses veines, à force de fuir. « Mais sinon ça va très bien, merci ! Et toi, tu n'as pas des choses à me dire ? ». Non, lui était vraiment mauvais pour renvoyer la balle ou tenter de savoir les choses. Il pouvait en être touchant, le gamin, à essayer. A ne pas forcément faire attention aux oeillades que les deux pouvaient recevoir d'autre jeunes un peu plus loin, en quête d'amusement et de beaux physiques.

L'alcool descend chaleureusement et empourpre rapidement ses joues, à moins que ce ne soit la nette différence de températures entre les rues enneigée d'Arcadia et la chaleur oppressante de l'Inferno, qui de son avis porte parfaitement son nom. Le rouquin fait évidemment mine de ne pas comprendre, Freya avait eu loisir de l'observer au cours de leurs, désormais nombreuses, rencontres et avait bien facilement compris son fonctionnement et son incapacité totale à mentir. C'est en partie ce qui lui avait plu chez lui, cette évidente honnêteté, elle y voyait là un véritable atout et un risque diminué de déception trop souvent endurée. Elle lui adresse un sourire en coin, porte de nouveau son verre à ses lèvres avec l'air malin de celle qui sait quelque chose, bien qu'en toute franchise ce soit loin d'être le cas. C'est une technique qui a toujours tendance à fonctionner et quelque chose lui souffle que Phaedrig n'y dérogera pas, il lui suffit de voir de quelle façon il meuble sa réflexion en ingurgitant, bien trop vite, son verre aux effluves de confiseries. Verre qui en un bref regard se trouve remplacer par son jumeau par un barman à l'affut d'un pourboire qu'il se doit d'arracher à la clientèle avarde de l‘établissement pour lequel il se remue sans cesse.

Trois, deux, un…et le voilà qui finalement crache le morceau. Jules hein. Il ne lui semblait pas avoir entendu parler d'elle auparavant. Des noms, il en avait mentionnés, certains dont elle n'avait pas vraiment écoutée les histoires, d'autres qu'elle pourrait certainement replacés. Il cache sa moue derrière son verre, mais elle ne se laisse pas prendre, non en lieu et place de cela, elle continue de le fixer de ses grands yeux de biche, par principe, mais surtout pour le fun. Il ne s'étend pas plus sur cette fille et préfère lui renvoyer la question, sauf que ça n'a pas du tout l'effet escompté.Elle n'est pas femme à faiblir si facilement. Elle penche de façon mécanique son visage sur le côté, lui jette un regard à la fois interrogatif et moqueur, avant de légèrement dodeliner de la tête, exprimant une négation indiscutable. « Oh nan nan nan tu ne vas pas t'en sortir comme ça mon petit. Déballe ! Elle avale une gorgée supplémentaire, le doigt levé vers lui pour le faire patienter le temps de son silence forcé. C'est qui cette Jules qui te fait rougir comme un ado ? T'auras beau te noyer dans ton verre je vois clair dans ton jeu ! Elle lève un sourcil et vient poser une de ses fesses sur le haut tabouret qui vient de se libérer derrière elle. Autant prendre ses aises, elle compte bien obtenir quelques réponses avant de le traîner se trémousser un peu au milieu des corps déjà perdus sur la piste. Et qui sait, peut-être que si tu arrives à m'intéresser suffisamment je te raconterai un ou deux trucs à mon tour ! Clin d'œil, vérité, comportement pas souvent démontré de la part de celle qui de l'avis du plus grand nombre ne provoque que méfiance et distance et pourtant, il fait partie de ces personnes dont la liste est bien trop courte pour la justifier, avec qui elle se montre sous un jour tout à fait différent. Une humanité oubliée depuis bien longtemps peut-être, une humanité que son Jotünn aimerait mettre sous clé quelque part au plus profond d'elle.

Elle finie par hausser une épaule en attendant qu'il se décide a cracher le morceau. À toi de voir si tu veux user de cette occasion uuuuunique de savoir quelque chose sur moi ! »  Parce que jusqu'ici elle n'en avait dit que très peu, s'était contenté de commenter et de l'écouter, ce qui, là encore, n'était pas ordinaire pour la jeune femme. Il fallait bien une exception à tout.

Evidemment que cela ne fonctionna pas. A quoi s'attendait-il ce grand dadet ? En même temps, piégé par ces grands yeux de biche qui le fixaient, il ne pouvait plus rien faire. Un proie et son prédateur ? Bien sûr, sans aucun doute possible. Et elle fondit alors sur lui en ne répondant pas du tout à sa question et l'empêchant d'avoir toute retraite. L'injonction ne laissait pas de place au doute et il devrait forcément passer à la casserole. Il soupira devant son manque total de contrôle et de capacité à mentir. Il devrait prendre des cours, s'affirmer d'autant plus avec plus de bagou. Mais pour le moment, il faisait face à une exercice d'autant plus compliqué que lui-même ne savait pas tant de chose sur la nature de la relation qu'il entretenait avec la jolie brune.

Surtout que son amie prenait ses aises en s'installant, ne faisant absolument pas mine de vouloir aller danser. Et lui qui continuait ses verres et sentait déjà la douce chaleur de l'alcool couler dans ses veines. Coincé. Il était coincé. Pourtant, les dernières paroles de son ami attisèrent sa curiosité. S'il était suffisamment intéressant ? Le challenge pouvait clairement être relevé, même s'il se demandait bien ce qu'il allait pouvoir dire sans, justement, passer pour un adolescent. Loin d'être à l'aise, il passait d'un pied à un autre en hésitant encore un peu : « C'est une fille que j'ai rencontré en ville ... Un peu par hasard d'ailleurs. Mais ... J'sais pas, elle dégage quelque-chose de particulier, tu vois. Même si je ne pourrais absolument pas te dire quoi ... ». En soit, si, il le savait. Il avait fini par le découvrir dans une vision et une conversation. Une novum. Mais hors de question qu'il ne trahisse son secret. Surtout pas, alors qu'elle ne semblait affiliée à aucune mafia.

Pourtant, il voulait relever le défi qu'elle lui posait et finalement, parler à une amie lui faisait beaucoup de bien. Même si la musique trop forte et les gens autour atténuait le côté "confident". Finalement, dans une activité pareille, personne ne pouvait vraiment les écouter. Il reprit avec un peu plus d'assurance, alors qu'il commanda, une boisson un peu plus forte : « Alors, oui, je vais paraitre très "ado" mais, franchement, je me pose pas mal de question. ». Un rire un peu nerveux et désolé sortit de ses lèvres alors qu'il la regardait avec un sourire en coin. « On a eu un moment ... Enfin, la dernière qu'on s'est vu, c'était chouette, on était proche. Et tu ne vas pas le croire, je l'ai même embrassé, c'est dire ! ». Miracle de la vie ! Monsieur l'effarouché avait embrassé une fille. Mais à ses yeux ce n'était pas n'importe qui. « Mais, je n'ai plus de nouvelles d'elle depuis quelque-jours ... ». La déception dans sa voix était palpable alors qu'il replongeait dans son verre pour chasser ces quelques souvenirs. Quand ton attention se reporta à nouveau sur son amie, avec un éclair de malice dans le regard alors que ses joue s'échauffaient doucement : « Là, je pense que j'ai été assez intéressant, non ? Donc, parole tenue, je les veux bien, moi, ces deux, trois trucs ! »

Il a cet air, cette empreinte d’innocence évidente qui pour une raison qu’elle ignore, la touche, il est de ces personnes que l’on a envie de protéger et d’entourer sans vraiment en connaître la raison. Ce qui ressemble à un rire résonne dans l’immensité de son esprit, écho sordide à une pensée sans doute trop candide pour la créature qui dormait dans ses entrailles. Elle l’ignore, s’attèle à le faire taire avant même qu’il n’est véritablement ouvert la bouche, pas ce soir, le chaos attendra demain, la destruction attendra sa prochaine mission qu’elle espère exécuter au côté de ce père qui ne lui ressemble que trop. Le rouquin se balance d’un pied à un autre, chorégraphie embarrassé et joues rougies par la pensée même d’une fille qui semblait l’avoir marqué. Elle sourit, laisse échapper un gloussement amusé qui se perd avant même de pouvoir être entendu dans le bruit assourdissant, père d’un rythme enflammé qui agite les corps qui les entourent. Elle dégage quelque chose…c’est une expression qui dernièrement avait pris une toute autre réalité pour la jeune femme, bien sûr, elle s’était toujours beaucoup fié à son instinct, mais depuis que la voix l’avait envahie, des couleurs évanouies en brouillard grisâtre et éphémères lui apparaissait, elle les voyait ici et là, autour de ces gens qui ne semblait pas toujours bien différents de leurs voisins. Enfin là n’était pas vraiment le sujet et elle préférait de loin s’intéresser à cette mystérieuse Jules qui donnait des air d’enfant timide à Phaedrig, qui se redresse soudainement un peu, d’un signe décidé rappel à lui le serveur pour un verre de plus ; deux d’avance, il est décidemment très en forme ce soir ; puis il continue et se dévoile un peu plus. Elle est intéressé et ne prétend pas le contraire, le regard fixe, le sourire bloqué au coin des lèvres, elle ne le laisse s’échapper que pour venir épancher sa soif.

Elle trouve ca mignon, cet engouement, ce questionnement dont il lui fait part, elle n’y connais rien et ne s’aviserait probablement pas de lui dire quoi faire, mais elle n’est pas non plus là pour juste tendre une horaire sans réagir. Un avis bien évidemment qu’elle en a un, il n’y a pas besoin d’être un expert pour pouvoir se l’autoriser et tant mieux, parce que niveau relation et encore plus lorsqu’elles sont amoureuses, elle n’a pas la moindre idée de ce dont elle parle, elle qui ne s’attache pas, elle qui ne s’autorise pas à donner de l’importance à ceux qui passent dans sa vie. Ce n’est pas par peur, mais par certitude, tout le monde finit toujours par trahir leurs promesses, tout le monde finit par disparaître. La suite se déroule sans réelle surprise et elle imagine qu’il va lui faire part d’un échange torride en suivant, mais ce n’est pas le cas, il reste dans l’ignorance, un questionnement qui au son que sa voix prend, lui pèse. Il replonge dans son verre et elle termine le sien, laisse glisser le liquide ambré le long de sa gorge avant de venir le faire claquer contre le bois collant du bar. Elle se racle la gorge, se laisse glisser de son siège pour reprendre une position verticale et adresse un signe au barman pour être à son tour resservie. Elle n’a cependant pas le temps de répondre à son ami que celui-ci vient demander son dû et réclame les informations qu’elle lui avait promises en retour. Elle sourit, se rapproche un peu de lui, la différence de taille est évidente et pourtant c’est elle qui se positionne en soutien indéniable.

« T’es amoureux quoi ! Elle hausse les épaules avec un regard taquin avant de venir attraper ses joues du bout des doigts pour les pincer légèrement. Un baiser et on t’a déjà perdu, elle secoue la tête à la négative, sourire aux lèvres. Soit elle est vraiiiiment très doué soit t’es un cas désespéré Phae ! Elle se moque gentiment, bien qu’elle ne semble pas vraiment être très loin du compte. Tu sais que ca veut rien dire hein ? C’est pas parce que t’as mis ta langue dans sa bouche ou que tu l’a sauté que ca vous lies. Tu devrais peut-être lui dire clairement si tu veux quelque chose avec elle. Enfin je dis ca, je dis rien Don Juan ! Un clin d’œil comme une ponctuation avant que son verre ne se présente à elle et qu’elle tire de sa poche un billet qu’elle laisse tomber sur le comptoir en s’en saisissant.  Elle fait tinter cette nouvelle boisson contre celle de son compagnon.  

Et bien figure toi que je suis retombé sur un ex, enfin…elle lève une épaule, en réalité je l’ai croisé y a un moment, mais comme il jouait le timide, je suis aller le voir histoire de voir par moi-même l’hécatombe ! Elle lève les yeux au ciel, avale une gorgée satisfaisante avant de poursuivre si ce n’est terminé.  Quand je l’ai connue c’était le feu, le genre mec bizarre, pas fiable, complètement imprévisible. C’était chaud comme la braise crois-moi et là….il se la joue gendre idéal, mec super boring et sans intérêt, du genre qui passe inaperçu ! Autant te dire que j’y crois pas une seule seconde ! » Elle secoue la tête à la négative, ca l’agace profondément, elle ignore encore pourquoi il essaye de faire croire qu’il s’est repenti ou elle ne sait quelle connerie, mais elle sait que ce n’est là qu’un mirage, les gens comme lui ne change pas ? Les gens comme elle ne change pas.

Amoureux ... Un bien grand mot qui fait rapidement piquer un fard au grand dadet qui vient de se livrer. Evidemment qu'il ressentait énormément de choses, mais il ne sait pas vraiment comment gérer tout cela. Et même les doigts qui lui pinçaient les joues ne l'aidaient pas. Un grognement sortit de ses lèvres avec mécontentement, même si le geste affectueux lui arracha quand même un sourire et lui réchauffait le coeur. « Roooooh, ça vaaaa, faut pas non plus abuser. » grommela-t-il tout en se dégageant et massant sa petite joue rosie et endolorie. « J'y peux rien s'il suffit qu'un baiser pour que je craque ... » un peu honteux et en même temps réchauffé par les effluves d'alcool dans ses veines, il rit un peu nerveusement à cette dernière remarque.Même si un soupir vint ponctuer le tout : « Opte pour le cas désespéré, je pense qu'on ne peut vraiment plus rien pour moi ! », posant deux main sur son coeur, il mima une mort par crise cardiaque en s'affalant un peu plus sur sa chaise dans un geste parfaitement théâtrale, suivi d'un rire franc. Au moins, il arrivait à en rire.

Pourtant, le conseil fusa alors bien rapidement, le mettant un peu plus mal à l'aise. Pourtant, il devrait y être habitué, sachant bien que cette façon de voir les choses ne lui correspondait pas vraiment : « Ouais, tu n'es pas la première à me le dire. Mais bon, je n'sais pas, c'est pas anodin quand même de mélanger ses fluides ou de partager quelque-chose d'aussi ... », le mot ne lui venait pas facilement, il se tendit un peu sur place avant de le lâcher : « Intime. ». Les verres claquèrent encore, alors qu'il en profitait à nouveau. Il aimait de plus en plus cette sensation de chaleur confortable qui diffusait doucement dans son coeur de façon insidueuse. Substance traitresse qui jouerait probablement du sien tout bientôt.

Enfin, il allait avoir plus d'informations sur Freya. Chose promise, chose due, le jeune homme se fit alors très attentif, habitué à tenir ce rôle précieux de celui qui écoute. Un ex ... Les histoires d'ex étaient toujours les affaires les plus compliquées mais aussi les plus croustillantes. « Ahhhh les ex ... ». Il pouvait parler, monsieur le Don Juan n'en avait pas tellement. Rien que cette ironie déformait son sourire en un rictus amusé, Freya pourra facilement le relever. Il plongea encore dans son verre en écoutant la suite. Intrigué, il posa alors quelques questions : « Et, il a un nom, monsieur-le-gendre-idéal-pas-si-idéal ? ». Cela lui laissait un peu plus de réflexion et il poursuivit : « Après, tu penses que ce tu veux, mais venant d'un gars timide et qui fait justement "gendre idéal", il cherche peut-être à fuir quelque-chose ? ». Phaedrig lui-même fuyait sa propre vie. Se faisait discret pour ne pas qu'on le remarque trop et éviter les ennuis. Haussant alors les épaules, il reprit : « Même si cela a une utilité toute relative de ce que j'en sais. ». Il se redressa pour mettre les deux pieds au sol et son éternel air optimiste reprenait le dessus et d'un sourire naïf teinté par l'alcool, il répondit : « A moins qu'il n'ait vraiment changé. Même si c'est rare, je pense que ça peut arriver. Surtout dans "notre" monde finalement. ». La musique se faisait de plus en plus insistante, et le jeune homme se trémoussait presque sur place, avec la hâte de se dépenser un peu. Mais sa curiosité n'était pas encore tout à fait assouvie, alors il attendit encore un peu ...

Il la fait sourire. Son air innocent et le rose sur ses joues sont attendrissant et l’élan de bienveillance qu’elle éprouve n’est pas vraiment dissimulé, elle ne saurait vraiment dire pourquoi elle a laisser le rouquin se faire une place dans son existence, pourquoi à la différence des autres, elle le laisse se glisser dans ses faveurs et son intérêt. Il se défend maladroitement et ca ne rend la situation que plus amusante, d’autant que l’alcool commence à réchauffer la peau endormie de la Cubaine et par extension sa fougue. Ca la laisse tout de même interrogative, jamais tout comme lui, elle n’avait éprouvé ce genre de sentiment, l’excitation d’un possible, tiré d’un simple et presque banal baiser. Le questionnement ne dure que le temps de le matérialiser silencieusement, elle est loin d’être sentimentale, encore plus éloignée de toute idée romanesque, mais elle se montre concerné par l’avenir sentimental de son ami, parce qu’elle l’est, elle l’est véritablement. Un rire accueille sa réflexion, cette étiquette de cas désespéré dont il n’a rien en vérité, mais elle laisse ses mots s’échapper d’entre ses lèvres peintes d’un rose ombré relativement subtil, elle n’y réfléchit pas, laisse ses idées se promener sans jamais penser à leur réception, pourtant il lui semble déceler un éclair de déception dans le regard de Phaedrig et elle sait que son tact inexistant est sûrement une fois de plus à blâmer. Elle comprend bien vite qu’il n’y avait aucun moyen pour eux de trouver un véritable terrain d’entente sur un sujet tel que celui-ci, parce qu’elle n’avait pas la compréhension de ce genre de sentiments et parce qu’elle avait du donner bien trop de son intimité à bien trop d’étranger pour pouvoir encore voir ce type de contact revêtir une quelconque importance. « Visiblement pas pour toi ! Personnellement tu le sais je crois pas que l’intimité passe par un mélange de fluides comme tu le dis. Elle sourit, l’image qu’il a choisie l’amuse. Sinon je devrais peut-être revoir ma copie, la dernière chose que j’attends d’un mec qui vient de me sauter c’est qu’il reste pour le petit déj…ou tout autre repas d’ailleurs ! Un rictus malicieux vient perler au coin droit de ses lèvres qui viennent dans la foulée se perdre dans ce verre fraîchement servi. Mais ne m’écoute pas je suis sûre que ta Jules n’attend que ça de voir ton nom popper sur son téléphone !

Pourtant après cet échange frivole, elle se sent non pas redevable à proprement parler, mais responsable de redonner à son camarade un peu de sa splendeur, alors elle se plie à sa promesse et en révèle cette fois un peu plus sur elle, bien qu’elle s’applique à rester relativement neutre, tout du moins autant que cela puisse être possible. Les questions et réactions ne se font pas attendre, il est de toute évidence emballé par le sujet, il faut dire qu’elle se montre généralement très radine sur les informations la concernant, surtout lorsqu’elles sont liées à ce passé qu’elle souhaite préserver à son seul souvenir. Il a un nom oui. Elle joue la carte du mystère, pas franchement par nécessité, mais plutôt pour le titiller, elle sait que c’est le genre de réponse qui ne lui suffira pas et à juste titre. Oh non non non ! Elle vient machinalement poser son verre sur le bar, les doigts toujours serré autour, réflexe protecteur, nécessité dû à la perception de son genre. Crois-moi ce type est TOUT sauf timide, je le sais et c’est aussi pour ça que je ne crois pas une seconde à son petit manège. Elle lève finalement une épaule. Oui peut-être qu’il fui quelque chose, à dire vrai les probabilités que cela soit le cas sont relativement élevées...Sûrement, c’est tout à fait son genre, mais y a quelque chose qui me chiffonne pourtant, je ne sais pas encore quoi exactement…mais il n’a pas changé, les gens comme lui…comme moi, on ne change pas. J’en suis sûre. Elle lève finalement son verre devant elle. Mais je n’ai pas dis mon dernier mot, je vais trouver ce qu’il cache. Si tu veux jouer au détective fait-moi signe Watson ! » Un clin d’œil et son regard dérive vers la piste ou sur une chanson qu’elle aime, se déchainent les corps perdus de leurs compatriotes.