La journée toute entière est un rêve.
Sa robe. L'église. Son futur mari.
Tout est parfait et le stress des préparatifs s'est envolé pour laisser place au stress de la journée, mais c'est là une tension tout à fait différente qui lui tiraille délicieusement les entrailles.

Lorsque la musique s'arrête et que les pétales de fleurs ont finit d'être joyeusement lancés par des petites filles surexcitées, la panique pointe le bout de son nez et les genoux se mettent à flageoler alors qu'elle entame la remontée de l'allée sur ses talons vertigineux, agrippée au bras de son meilleur ami.

@Lucjan Gédéon
(106 mots)

Il aura fallut du temps pour arriver enfin à ce jour. De la détermination et probablement un peu d'entêtement aussi. Mais elle ne regrette pas la moindre de ses actions car chacunes d'elle a contribué à la conduire jusqu'à cet autel tant convoité.

Son cœur rate des battements lorsqu'il embrasse ses doigts et il en a déjà sûrement raté pas mal.
Ses tresses noires sont parsemées de perles pour l'occasion et même recouvertes d'un voile. La panoplie complète de la princesse.

Sa main s'accroche à la sienne pour ne plus la lâcher alors que le prélat commence son discours.

@Lucjan Gédéon
(106 mots)

Elle est dans un autre monde.
Transportée de bonheur, elle ne saurait mettre des mots sur tout ce qu'elle ressent si on lui demandait de le faire. C'est trop intense, c'est trop unique. Comme tous ceux qui sont passés par là avant elle de leur plein gré, elle est persuadée que personne ne saurait de toute façon comprendre la complexité de son état.
Son cœur s'accélère encore à mesure que la cérémonie avance.

Oui je le veux.

Silence général. Visage dévoilé.
Leurs lèvres se frôlent.
Le palpitant résonne trop fort dans ses tempes.
Elle manque d'air.
Elle s'écroule.

@Lucjan Gédéon
(104 mots)

Pour Lui elle est devenue abstinente et monogame.
Elle qui ne jurait que par le sexe, elle qui avait l'habitude d'enchainer les conquêtes et les histoires, de changer de lit chaque soir.
En bonne camée, elle a vécu un véritable sevrage, avec pour compagnes Crises de Manque et Sueurs Froides.

Elle l'a tellement attendu ce baiser, tellement espéré, maintenant qu'il a lieu, chaque seconde de son combat contre elle-même prend sens.

A Lui seul, il la maintient bien ancrée dans ce monde alors qu'elle était au bord de l'évanouissement.

M'en fou de la citrouille, j'ai tout ce qu'il faut.

Qu'elle bredouille.

@Lucjan Gédéon
(112 mots)

Droguée a quelque peu précipité le baiser.
Elle s'en veut un peu d'avoir été si peu protocolaire, mais ne regrette pas d'avoir goûté au fruit qui lui avait été défendu et n'a qu'une hâte, recommencer. Les joues rouges, elle regarde un Philibert méconnaissable, adouci et dompté par le Magicien.

La petite et le fauve trottinent jusqu'à eux non sans faire quelques frayeurs à l'assemblée quand le poilu se fourre dans les jambes de la bipède, une chute est déjà bien suffisante si ce n'est de trop pour un seul mariage.

« Merci ma puce. »

@Lucjan Gédéon
(101 mots)

Le chat obèse, une fois sa mission achevée, vient se rouler en boule dans le surplus de tissus qui repose aux pieds de sa maitresse, incrustant par la même un millier de poils immenses dans la tulle et les dentelles qui forment la couche supérieur de sa robe plutôt kitsch avouons le.
Sereine et quelque peu amusée par sa bestiole, elle voit les derniers instants comme une simple formalité avant qu'elle ne puisse de nouveau s'enivrer de baisers et divers cocktails alcoolisés.

- Je m'y oppose.

Les yeux exorbités, elle manque de se vautrer pour la deuxième fois.

@Lucjan Gédéon
(100 mots)

La Reine est ébranlée.
La Mère tremble imperceptiblement.
L'Épouse resserre l'étreinte sur la main de son Mari.
Savannah serre les dents.

Aujourd'hui c'est son  jour, son rêve. Aujourd'hui c'est tous les espoirs qu'elle a nourrit pendant près de 15 ans qui se voient enfin concrétisés. Hors de question de laisser quiconque tout gâcher.
Et là ou son époux reste digne et calme, le volcan en elle commence à gargouiller. Les deux faces d'une même pièce, les opposés qui se complètent.

Le visage déformé par la colère, elle crache.

Va-t-en ! Menteur !

@Lucjan Gédéon
(100 mots)

Le feu bouillonne désormais dans ses entrailles et il n'a rien à voir avec le désir cuisant qu'elle éprouvait encore quelques instants auparavant. Ce feu là la consume, la ronge. C'est la haine qui se propage à la vitesse d'un cheval au galop dans ses veines. Elle trépigne d'envie, se jeter sur l'intrus est l'idée qui a envahit toutes ses cellules, encouragée par les feulements du félin apprivoisé.
Mère et Épouse restent au fond la Savy qui a un peu oublié de grandir, qui réagit aux provocations en dégainant les poings.

Redescente immédiate.
Soulagement.

Moi...?

Larmes au bord des cils.

@Lucjan Gédéon
(107 mots)

Cette fois, c'est bien plus que ce qu'elle est capable d'encaisser émotionnellement parlant. Tant pis pour son maquillage, les larmes forcent le passage pour venir dévaler le long de ses joues. Ils ont beau être à leur mariage, l'ombre de celle dont elle a pris la place n'a de cesse de planer sur ses épaules et ne la quittera peut-être même jamais, la laissant dans un léger doute perpétuel.

Lorsque son Prince, si doux, s'en vient menacer l'intrus, allant jusqu'à prendre sa mâchoire en étau, elle jubile au travers du rideau de ses larmes.

Je t'aime Lucjan.

Cri libérateur.

@Lucjan Gédéon
(110 mots)

Une fois l'homme mis dehors par les témoins, non sans mal, son mari remonte l'allée pour la rejoindre comme si les rôles avaient été échangés. Se faisant,  elle ne peut s'empêcher d'essayer de se mettre dans le rôle qu'il occupait plus tôt et tout ce qu'elle ressent, à cet instant, est un cocktail indicible de bonheur et de fierté.
Quand finalement il est de retour devant l'autel, elle ne peut s'empêcher de l'imiter, en attrapant, elle, ses deux mains pour les embrasser avec ce qui ressemble grandement à une dévotion sans borne.
Maintenant plus que jamais, elle en est persuadée :

T'es l'homme de ma vie.

@Lucjan Gédéon
(116 mots)

Chaque fois ces mots lui font le même effet, les petits cheveux se dressent sur sa nuque, un sourire niais éclos sur ses lèvres.
Ça lui parait toujours aussi irréel, même après «Je vous déclare unis par les liens sacrés du mariage», même après les imprévus et l'intrus. Ils l'ont fait, ils sont mariés.
Puis il n'y a plus que l'étreinte qui l'enveloppe et le baiser qui comptent et elle les fait durer longtemps sans entendre un ou deux raclements de gorge gênés provenant des bancs et du prêtre.

C'est uniquement à court de souffle qu'elle fini par se reculer, à peine, pour murmurer.

Je vous aime Monsieur Bodreaux.

@Lucjan Gédéon
(116 mots)