Saddie était loin d'être l'une des meilleures musiciennes qui soient. Cependant, elle demeurait être une très bonne comédienne. Alors dès qu'elle avait pris connaissance de la recherche pour un futur bar, elle s'était dit que ça serait l'occasion d'essayer autre chose, de mettre à l'épreuve ses vieilles compétences (parce que oui, avant de devenir bonne en comédie, elle avait dû passer quelques années dans tout type d'art, or pour le coup, le jazz lui correspondait plus ou moins étant donné l'instrument qu'elle avait expérimenté), et sans crainte ni grande ambition, avait préparé comme à son habitude, son fabuleux animal de compagnie, l'un de ses favoris qu'elle emportait régulièrement : son serpent.

Il avait tendance à en faire crier plus d'un, à en émouvoir plus d'une et à en intriguer certains mais les animaux faisaient partis intégralement de son personnage, or, jamais elle ne les délaisserait. Ce, pour rien au monde. C'était à prendre ou à laisser. Rien de plus ni moins. Espérant malgré tout que cette fois-ci, elle soit face à une proprio intéressée par l'animosité, le changement d'ambiance, l'originalité que procurait son rôle autrefois jouer chez Piada Bar avant d'être licenciée sans raison donnée, elle finit ses préparations.

Attendant plutôt tranquillement et patiemment que ce soit à son tour de passer, elle garde son serpent - évidemment - autour d'elle. Dès que son tour vient enfin, elle stoppe l'entraînement, cesse ses quelques notes de piano et se lève, un léger sourire. Elle était capable de beaucoup et avait confiance en ses capacités à ce sujet. Faire rêver ? Elle le pouvait. Créer une ambiance apaisante et pourtant intrigante ? Egalement. Rien ne l'inquiétait.

« Bien le bonjour. » qu'elle rétorque, avec la voix peu élevée comme si elle préférait le calme à la nervosité contrairement à ceux jouant de leurs instruments de manière bien trop forte pour une ambiance si particulière.

@Iris Vasilis

Saddie avait pour particularité de plaire ou l'inverse, c'est-à-dire, de déplaire à première vue. Au fil des années, elle en avait pris conscience. C'est pourquoi, elle ne se souciait plus du tout du regard d'autrui mais bel et bien du sien, s'adonnant corps et âme en son art. Ce soir, ce n'était pas spécialement son rôle spécial qui était attendu mais plutôt son talent pour le piano. Du moins, ce qu'il restait des quelques cours qu'elle avait eu il y a de ça pas mal de temps déjà. Cependant, elle ne ressentait aucune crainte face à ça : elle était consciente de ses capacités et ne laisserait aucunement le stress la dégonflait comme nombreux autres pourraient le faire. Charmante créature ? Elle était proche de la réalité. C'est pourquoi plutôt que de répondre directement à la question, elle optait pour le silence avant de débuter le tout.

Peut-être est-ce d'ailleurs ça que recherche celle qui est désormais devant elle, se tenant auprès d'une personne dont Saddie ne connait ni le nom ni le visage. Si elle l'avait déjà croisé, elle s'en souviendrait certainement est ce à quoi elle pensait tout en positionnant correctement le piano à sa portée. Il ne suffisait que de quelques notes de piano et le tour serait joué. Enfin, pas vraiment. Non seulement elle jouerait convenablement mais en plus de ça, elle inclurait ses performances dans le jeu de rôle, celui d'incarner le sublime ; celui d'incarner l'effroyable et admirable personnage, capable d'animer une scène entière en son unique présence. Les mouvements, le déplacement ainsi que les - à peine - dix pas de danse quasi hypnotisant lorsqu'elle s'approcherait des spectateurs, le serpent à son cou, sauront faire l'affaire.

Divertir, Saddie en est capable. C'est pourquoi, après quelques notes de piano, quelques mouvements tout en laissant son serpent faire ce dont il souhaite, elle s'approche peu à peu avant de rétorquer « J'espère que ma présence a su vous apporter douceur et rêverie. » ne souriant pas pour autant mais étant fière d'avoir, encore une fois, apporté une ambiance particulière dans un nouvel endroit. Il valait mieux ne pas montrer sa fierté avant d'obtenir ce que l'on souhaite - or ici, cet emploi, cette place importante - , se disait-elle.