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Bromeo et Aureliette

 :: abandonnés
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Bromeo et Aureliette - Mer 6 Nov - 19:17

La scène se place après les événements de la Mairie.

Brouhaha.
Vacarme.


Le rideau se lève, lentement, comme une maladie pernicieuse, dans les oreilles de chacun, des médecins, des bénévoles, des assistants, des patientes venues pour l’image. Le bruit est sourd, les cliquetis des verres, les discussions en petits groupes. Et tous se souviennent des évènements de la Mairie survenus quelques jours plus tôt. Ma mère et moi, nous hésitions même à annuler ce petit happening. Mais, comme elle l’a dit « Il ne faut pas arrêter de vivre, surtout pas. » Faire façade alors que Flores s’éclipse, alors que le chaos ébranle les mafias au lieu de les liguer les unes contre les autres.

Sourires.

Il le faut, quand les journalistes passent et repassent, téléphone à la main pour filmer les nouveaux locaux. C’est une fête, une inauguration extrêmement tardive, toujours repoussée, toujours annulée. Nous sommes là, au milieu de Delrey, au milieu du pire quartier de la cité, l’apanage de la violence, le paroxysme de la profusion écarlate, à exprimer nos volontés protectrices. Pour les femmes, pour les filles, les abandonnées ; toutes, et même tous, car ce n’est qu’un bouclier, après tout, pour panser les plaies des épouses battues, pour soigner les prostitué(e)s égaré(e)s à moitié mort, le matin, pour aiguiller les filles perdues dans la turbulente adolescence dans un quartier particulièrement pieux.
Tout pour que le sang soit gommé, effacé, évité. Un soutien physique, gratuit, et secret. Parfois médical, toujours social. Les chambres sont là, montrées au LiveCam du journaliste, afin que toutes sachent qu’en cas de besoin, dans le froid de la nuit hivernal, un foyer les attend. Car, dehors, en tant que femme, la vie est encore plus dure, plus violente. Juste des draps, juste de la chaleur, pas de question.

Calavera.

Les murmures frissonnent ces mots, ce nom, en sachant que la directrice, la fondatrice Maria Nava, née  Muñoz, était l’une des avocates qui sortaient d’affaires les premiers mexicains de ladite pègre. Ce n’est qu’après que son mari soit mystérieusement assassiné qu’elle s’est retirée de ces dossiers frauduleux dont aucune preuve la relie directement. Elle et son fils, Aurelio Nava, votre serviteur. Alors tous se demandent si les deux Nava, nous, ne créent juste pas un écran de fumée pour masquer les activités de la mafia, une entité blanchissant l’argent ou un placebo pour rendre le quartier moins violent, moins mafieux.

Vérité.

Mais ils n’ont de preuve, et ils n’en auront jamais. Alors ils nous cherchent, nous épient. Tous. Nous interrogent, nous posent des questions absconses.
C’est au bout d’une heure, alors que les petits fours sont tous partis et que le Champagne ne coule plus, qu’ils le remarquent. Qu’ils la remarquent. Les journalistes connaissent mieux le monde des mafias que quiconque, les alliances et les relations belliqueuses. Ils la virent ici, la Dr Mooney, qui fréquente bien trop le Teddy Beer pour être une psychiatre lambda, à mes côtés. Alors que je lui souris, que je lui parle.
Un journaliste, un peu vieux, barbe grisonnante, à la verve aiguisé, s’approche de nous, curieux de cette symbiose si paradoxale, si antithétique, alors que nous sommes supposés appartenir (toujours sans preuve) à des mafias ennemies.

« Les patientes ici sont loin de la sérénité d’un foyer, de la tranquillité de la vie. Alors, je leur conseille le Dr Mooney, mon amie autant que ma collègue, en qui j’ai entièrement confiance. »

Le regard éberlué du vieil homme.

« Si vous faites des recherches, vous verrez que nous sommes de la même promotion de l’école de médecine.  Ça aide à tisser des liens et ce projet nous tient à cœur depuis longtemps. »

Il ne recherchera pas. Il veut du sang, il veut des guerres de gangs. Et il nous prend en photo, tout les deux, avant de s’éclipser confus.

« C’est bientôt fini. La mondanité est horripilante. Merci d’être venu, continué-je après une pause. Merci de supporter ça avec moi. »
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Bromeo et Aureliette - Ven 24 Jan - 8:44

    Les festivités. Les verres qui cliquent. L’alcool qui coule à flot. Les bulles qui éclatent dans la bouche. Les rires au loin. Les bruits de couloir qui vont bon train. Les commérages. Les sous-entendus. Les anecdotes. Les perches tendues pour mieux s’éborgner à l’effigie de la mousse grisâtre qui entoure le micro au bout de la canne à pêche. Le flash incessant des appareils photos. Des nouvelles questions qui fusent. Des hommes et des femmes qui se bousculent et se font bousculer. Les apparences à tenir. Celles à cacher. Celles à masquer. Celles à mastiquer.
    Et moi dans tout ce vacarme bon enfant, je ne suis guère plus qu’un pantin dont on vient de couper le dernier fil. Le dernier point d’ancrage qui le rattachait encore à cette sinistre cité de malheur. Enfin … l’avant-dernier. Le véritable dernier se tient ici, à mes côtés. En cet instant bien précis. Je vois ses lèvres bouger. Je vois son sourire se forcer. Il m’entraine dans une conversation avec un journaliste que je n’avais même pas remarqué. Mes réflexes sont morts. Mes gestes sont las. Je suis ici pour LUI. Et un peu pour moi aussi. Pour ne pas sombrer. Pour ne pas perdre pied. Pour autant qu’il soit seulement possible de tomber encore plus bas.

    Je suis shootée aux médocs. Comprimés blancs dont je n’ai pas retenu le nom, avalés à la hâte la veille au soir. En nombre important. En nombre conséquent. Est-ce que j’espérais y rester ? Peut-être. Probablement. Qui pourrait le dire ? Qui pour seulement s’en soucier ? Qui si ce n’est lui. Qui si ce n’est aujourd’hui. Un nouveau flash m’envoie des relents d’épilepsie. Aurelio prononce mon nom. Du moins celui qui me caractérise officiellement. Celui que le peuple connait. Clairement pas celui que le paparazzi réclame. Il me ramène quelque peu à la réalité. Celle dont je ne veux pas. Celle dont je ne veux plus. Mais tout porte à croire que je ne suis pas encore prête pour l’au-delà. Ou que celui-ci ne veut pas de moi. Au choix.

    L’homme d’un certain âge finit par s’éclipser après avoir bafouillé quelque ineptie supplémentaire. Baratin de journaliste qui se rend tout à coup compte que le scoop se trouve ailleurs. Déception fugace et volatile car déjà, tel un rapace affamé, il s’élance vers une nouvelle proie. Dans un évènement tel celui-ci il devrait sans nul doute trouver un quelconque fait divers à exploiter. Je le regarde s’éloigner. Ou du moins, mes yeux sont posés sur la masse un peu enrobé qui scrute le terrain en quête de ses confrères. À défaut de débusquer lui-même la pépite rare, rien n’interdit la concurrence déloyale.

    J’ignore combien de temps s’écoule effectivement. Si mon ami me parle depuis longtemps. Si le temps s’est figé ou si c’est seulement moi qui ai cessé de fonctionner. Je finis néanmoins par sortir de ma torpeur. Je me secoue légèrement la tête avant de poser mon attention sur celui qui m’a invité pour l’accompagner. Et le soutenir. Quel piètre exploit de ma part.

    - « Je suis désolée Roméo, je ne suis pas vraiment d’un grand support ce soir. »

    Roméo. Petite boutade innocente entre nous. Petit clin d’œil aux grandes tragédies littéraires. Nom qui a première vue pourrait passer inaperçu dans la conversation. Sauf, bien sûr, à l’encontre d’un journaliste un peu trop à cran à son taf’. Il aurait creusé, insisté, saoulé et j’en passe ; cherchant par tous les moyens à nous arracher une confession qui n’en aurait même pas été une. Parfois les pistes les plus logiques sont les plus difficiles à décortiquer. L’esprit humain a cette fâcheuse tendance à chercher la petite bête là où ne réside qu’un gros panda. Oui, un panda ; allez savoir pourquoi. Mais je m’éparpille une nouvelle fois.

    - « C’est quand qu’on se casse ? »

    Non pas qu’il me déplait de me trimballer entre une horde qui n’a aucune envie d’être ici d’un côté et un groupe de femmes qui vont rentrer la peur au ventre car leur mec ou leur mac aurait pu les voir à la télé de l’autre. En plus avec la grosse étiquette de psy que j’ai collé sur le front, cela relève du miracle qu’aucune d’entre elle n’est venue m’aborder jusqu’à présent. À moins qu’elles ne se terrent dans l’ombre en attendant un moment plus propice pour m’assaillir. Crois-moi quand je te dis que ce n’est ni le jour ni l’endroit pour me balancer une telle patate chaude dans la trogne.

    - « Ta mère est une grande fille, elle peut gérer non ? Puis, avec l’entourage qu’elle se paie, elle remarquera à peine que son fils adoré ne fait plus partie du décor. »

    Je force mes lèvres à se conformer à un ersatz de sourire. S’il faut miser sur les apparences, qu’à cela ne tienne. À travers un geste calculé je pose ma main droite sur son avant-bras. De loin on pourrait s’y méprendre quant à la blague que Nava junior vient de me balancer.
    Lorsque les regards commencent à se détourner – jugeant notre amusement mutuel totalement anodin et indigne d’un reportage photo - je me rapproche un peu plus, rendant la conversation plus intime. Plus … sujette à commérages.

    - « Je veux dire, y’a moyen qu’on se barre en douce avant le speech final ? Genre … maintenant ? »

    Depuis cette nuit au Teddybeer les foules m’angoissent. Et si je n’arrivais pas à me gérer ? Et si ce soir Elle avait envie de jouer ? Je ne peux pas prendre le risque de blesser d’autres gens. Pas ici. Pas devant une armée de paparazzi.
    Je comprends que tu ne veuilles pas quitter le pays.
    Mais est-ce qu’on peut au moins déguerpir de ce taudis ?
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