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Cave Lupus - Lun 16 Mar - 14:37

 
Je ne te ferai pas de mal ...



Ce soir là, il n'y a qu'un seul magasin d'ouvert dans tout le district. En réalité, c'est plus un rassemblement de plusieurs commerçants qu'une véritable enseigne, pharmacie y côtoie poissonnerie et vêtements. Ils ont eu accès à un peu d'électricité et veulent, malgré le blackout, faire prospérer leurs affaires. Pour ma part, comme beaucoup d'autres ici, je voulais en profiter pour faire quelques réserves de premières nécessité : des pansements, du paracétamol, de la cire et sans doutes quelques denrées alimentaires non périssables.

Juste après mon office, je ne prend pas le temps de retirer ma soutane et me dirige droit vers les lumières qu'offre la remise. Bien entendu, l'endroit est bondé et il me faut vaincre plusieurs minutes d'hésitation avant de me décider à aller au milieu de tout ce monde. Les contacts physiques, si je les tolère mieux ces derniers temps, me mettent toujours excessivement mal à l'aise. Nageant littéralement entre les personnes, j'arrive enfin à trouver les quelques produits qu'il me faut.

L'ambiance devient un peu tendue alors que deux personnes semblent se battre pour quelque rareté. Un cri et une violente bousculade se fait et les gens se rassemblent autour de la bagarre naissante. Voilà une part de l'humanité que j'aurais aimé ne jamais voir, cette curiosité malsaine qui poussent tout le monde à vouloir prendre sa part dans la moindre violence. Mes bras chargés de précieuses denrées, j'hésite sur la marche à suivre quand je remarque un enfant malmené dans la foule, visiblement perdu et au bord des larmes. Je m'approche et me met devant lui pour lui éviter d'être carrément renversé à cause de la cohue.

"Est-ce que tout va bien ? Ou est ..."

Le petit lève ses yeux effrayés sur moi mais ne dit rien. Je regarde mais je ne vois personne qui semble être à la recherche de quelqu'un. En même temps, dans la foule qui s'agite de plus en plus, c'est assez délicat de remarquer quoi que ce soit...

-... Je sais ce que tu penses, Kyan, mais c'est pas parce que tu as perdu ta fille qu'il faut adopter tous les mômes que tu croises ... -

Je repousse Sheitan au fond de ma tête, qu'il se taise ! L'enfant est effectivement adorable mais jamais je n'arracherai un garçon à une possible famille. Un coup sur mon épaule me ramène brusquement à la réalité. Si nous ne sortions pas vite d'ici, nous allons être piétinés tous les deux.

"Viens."

Je dégage une main que l'enfant saisit après une brève hésitation et nous voilà parti pour nous mettre à l'abri en dehors du magasin. Derrière nous, de nouveaux cris se font entendre, les lumières s'éteignent et la rue est à nouveau plongée dans le noir. Visiblement, les lieux vont être évacués et la police et quelques ambulances arrivent déjà par ici. Nous voilà à nouveau bousculé et je n'arrive même pas à approcher un représentant des forces de l'odre.

"Dis moi si tu vois quelqu'un que tu reconnais. D'accord ?" Je dis à mon jeune compagnon mais celui-ci à les yeux cloués au sol.

Face à l'enseigne, je nous trouve un banc visible de tous les passants. Je guette quelqu'un qui serait susceptible d'être à la recherche d'un enfant. Mon regard se pose préférentiellement sur les femmes mais personne ne semble faire spécialement faire attention à nous. Au bout d'une trentaine de minutes, la rue est presque déserte. Une angoisse monte et je ne sais pas quoi faire d'autant qu'il faut que je garde bonne figure pour ne pas effrayer l'enfant.

Mes possibilités s'amincissent à mesure que je les envisages : je n'ai plus de téléphone, les commissariats sont réservés pour la crise et sont certainement aussi bondés de monde. D'autant qu'il serait idiot que je parte maintenant si quelqu'un est à la recherche de ce garçon et est dans les parages. Seule Preeti pourrait être d'une grande aide à cet instant mais je n'ai aucun moyen de la joindre et aucune envie d'emmener un enfant de son âge voir des spectacles de danse.

"Tu as faim ?"

L'enfant me regarde à nouveau et il fini par hocher la tête avec les prémices d'un tout premier sourire sur son visage. Au moins, il comprend ce que je lui dis ce qui est déjà un excellent point. Je fouille dans ma poche et en sort mon ticket de caisse sur lequel je griffonne :

Bonjour,

J'ai retrouvé votre enfant...


"Comment tu t'appelles ?"

Le garçon articule un timide "Silas"

... du nom de Silas, perdu pendant la cohue de ce jour à 20h30. Je vais l'emmener à l'église pour qu'il puisse se restaurer. Si vous êtes le responsable de cet enfant, demandez simplement "Père Kyan". Rassurez-vous, il va bien et il a juste été un peu secoué.

Excellente journée.


Je glisse le petit mot bien en évidence sur un des montant de la porte avant de prendre l'enfant par la main. Fort heureusement, l'église est parfaitement en vue depuis ici. Un instant, je me demande si le responsable de Silas en question ne serait pas aussi une personne prise dans la bagarre. J'espère qu'elle va bien et n'a pas été embarquée par la police ou transportée à l'hôpital.

Dans ma petite chambre exiguë contigüe à l'église, je sers au jeune garçon mon propre repas. Bien entendu, je laisse la porte largement ouverte mais tout semble désert, il n'y a personne dans l'édifice.

"J'espère que tu aimes la cuisine indienne. Je n'ai appris à faire que ça."

Pour le garçon, il semble que cette gamelle soit à son goût. Je souris en le regardant dévorer le plat jusqu'au dernier grain de riz.

"Tu habites dans le quartier ? Tu saurais me guider jusqu'à chez toi ?"

Le petit garde les yeux rivés sur son assiette désormais vide. On l'avait éduqué à se méfier des étrangers, celui-là. Ce n'est pas grave, il est en sécurité ici au moins. Me voilà donc condamné à passer ma soirée, peut-être même ma nuit ici. Comme pour répondre à mes pensées, Silas pousse un énorme bâillement. Dans ma tête, Sheitan se plain qu'il est affamé, qu'on a qu'a le mettre dehors, que c'est comme ça qu'on apprend à vivre ...

"Allez, tu peux te coucher. Je vais veiller sur toi et ne t'inquiètes pas, on va retrouver ..."

Tes parents ? Je suis bien placé pour savoir que c'était vraiment quelque chose à ne pas dire quand on en a pas. Surtout à son âge.

"Mon grand frère ?..."

Je m’apprête à demander plus d'explications quand je vois ses petits yeux se fermer. Mince, peut-être que j'aurai pu avoir un prénom, ou même un nom ? Mais alors que je m'apprête à lui demander, il s’effondre littéralement de sommeil, ou fait peut-être semblant de ne pas m'entendre. Il est cependant visiblement épuisé, autant le laisser tranquille. Je m’assoie contre le bord du lit et ferme les yeux à mon tour.

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@Alban Ohmsford
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Cave Lupus - Lun 16 Mar - 19:29

Cave lupus

Alban & Kyan


Ils commençaient à manquer de nourriture. Quand il n’y avait plus que ça à manger, les paquets de pâtes d’urgence avaient la fâcheuse tendance de diminuer à vue d’œil. La veille, Anatoli avait eu l’extrême gentillesse de cuisiner - et l’irlandais était tombé amoureux de sa cuisine, en plus d’être amoureux du cuisinier. Le problème c’est que la réserve de gaz en avait pris une sacrée baffe, et qu’il fallait en racheter, s’ils ne voulaient pas boire de l’eau en guise de repas du soir. Alors il avait préparé les sacs pour se diriger vers le pseudo marché noir de la ville, entraînant avec lui un petit louveteau pas vraiment rassuré à l’idée de sortir. D’ordinaire, il l’aurait laissé devant la télé. Mais avec la coupure d’électricité, hors de question de laisser Silas seul dans le noir. Autant l’emmener avec, et lui faire plaisir en le laissant acheter la nourriture qu’il préférait, même s’il risquait encore de choisir des pâtes ou de la soupe de riz.

Il y avait du monde, dans ce semblant de magasin, où plusieurs vendeurs donnaient de la voix pour vendre leurs marchandises. Du poisson impossible à conserver, de la viande qui faisait fuir rien qu’à l’odeur, des médicaments dont il n’avait miraculeusement pas besoin, et plein de trucs à l’utilité limitée très probablement tombés du camion, pour le dire poliment. Non, lui, il lui fallait des ressources non périssables. Des pâtes, du riz, de la soupe. Pas de légumes, pas de viande, pas de poisson, impossibles à conserver en l’état actuel des choses. Pourquoi pas des gâteaux secs pour son petit frère, s’il en trouvait quelque part. Mais surtout, du gaz. Il n’avait pas besoin d’un nouveau réchaud - heureusement, vu le prix abusif pratiqué en ce moment - mais le gaz commençait à clairement faire défaut. Oh, il ne regrettait rien. Le borstch d’Anatoli était à tomber.

Ses emplettes finies, et Silas le suivant de près, il se dirigea vers la sortie. C’était blindé de monde, il détestait ça. Mais les gens, prêts à s’invectiver pour récupérer un peu plus que le voisin, semblaient, étrangement, le laisser tranquille. La faible aura menaçante qui l’entourait semblait dissuader les gens de lui voler quoi que ce soit, ou de s’approcher du petit garçon qui lui tenait le poignet. Mais si lui, on le laissait tranquille, ce n’était pas le cas des autres. Il avait presque atteint la sortie quand une dispute éclata d’un seul coup. Mouvement de foule immédiat. Et Silas lui fut arraché avant qu’il n’ait eu le temps de se tourner pour lui saisir le poignet. La légère aura grandit d’un seul coup, faisant s’écarter les gens par réflexe.

« Silas ! »

Son petit frère lui avait échappé. Panique immédiate. Jouant des coudes, Alban se fraya un chemin vers l’endroit où il l’avait vu disparaître. Mais comment le retrouver avec autant de monde ? Là, il est là Avec un type en soutane, un genre de prêtre. Les signaux d’alarmes s’allument immédiatement dans sa tête et sa panique nourrit son hostilité. Nouveau mouvement de foule, et son frère disparaît à nouveau. Les choses s’enveniment. Il doit sortir, très vite, pour retrouver son protégé avant qu’il ne lui arrive du mal. Parce qu’avec tout ce qu’il a pu entendre sur l’Eglise, sa confiance envers cet homme de Dieu inconnu est plus que limitée, pour ne pas dire inexistante… Et quand quelqu’un fait l’erreur de lui attraper le poignet, sans doute échauffé par le Croque-Mitaine qui fouette son sang, c’en est trop pour le loup asocial et paniqué. Le coup de poing part seul, faisant voler un nez en éclats, et envoyant son propriétaire dans l’une des tables qu’il renverse avec fracas.

La mêlée générale est très vite arrêtée par l’arrivée de la police. Il ne sait pas trop comment il fait pour échapper à leurs serres de sales vautours, mais il réussit à se faufiler entre les gouttes pour quitter les lieux, ses emplettes fermement serrées dans son poing fermé. Mais s’il échappe à la police, il n’échappe pas aux urgences, qui le repèrent de très loin à cause du sang. Pour sortir, il a dû cogner. Et quand son aura hostile ne suffisait pas, il se défendait violemment, main plaquée sur une blessure qu’il aggravait pour terrifier son opposant. Il avait perdu un temps fou, le loup, à expliquer que ce n’était pas le sien, mais rien à faire. Ausculté, il avait cru devenir fou. Chaque seconde perdue ici était une seconde où Silas risquait peut-être de se faire tuer. Prend soin de ton frère, avait imploré sa mère avant de mourir. Il faisait ça très mal, actuellement…

« Vous semblez ne rien avoir mais tout ce sang est inquiétant, on va vous emmener pour - »
« C’est mort, j’ai assez perdu de temps comme ça ! »
« Jeune homme - »
« J’ai perdu mon petit frère dans ce bordel, alors soit vous me laissez partir, soit j’vous donne une vraie raison de vous inquiéter à la vue du sang ! »

L’aura sauvage du Croque-Mitaine éclate autour de lui, aussi terrifiante que menaçante. Sa pauvre victime recule, blanche comme un linge, semblant déjà voir sa vie défiler devant ses yeux. Mais tout ce qu’il voulait, c’était effrayer. Il profite du fait qu’on l’a lâché pour s’enfuir - et comme, de toute façon, personne n’a songé à lui demander son identité, le retrouver devait être compliqué, voire carrément impossible, vu la taille de ce cloaque et du nombre de cafards qui y vivaient. Maintenant, il lui fallait retrouver son frère. Son regard glacial sautait d’un groupe à l’autre, cherchant un gamin au milieu d’eux. Mais rien. On lui avait fait perdre tellement de temps que des heures s’étaient écoulées. Il ne le retrouverait jamais. Panique. Et si Silas pensait qu’il l’avait abandonné ? Non, Silas ne penserait pas ça. Savait-il rentrer seul à la maison ? Non, le district était dangereux, Alban ne le laissait pas sortir seul. Est-ce que quelqu’un pourrait l’aider, ici ? Ah, si seulement Ana était là…

Le dernier qu’on a vu à côté de Louveteau, c’était un prêtre, non ? L’acier de ses yeux se tourna vers l’église, bien visible depuis là où il était. Bordel. Il ne faisait aucunement confiance aux chrétiens quand il s’agissait des enfants. Ça parlait beaucoup trop de pédophilie à la télé pour qu’il les voit autrement que d’un mauvais œil. Lui-même ne croyait aucunement en Dieu, malgré sa religion juive difficile à deviner, même pour les très rares personnes qu’il laissait entrer chez lui. Sans réfléchir, il se dirigea pourtant vers le lieu de culte dont les portes étaient grandes ouvertes, et à mesure qu’il s’en approchait, son aura se décuplait sans qu’il ne la contrôle tellement la terreur que son petit frère soit tombé entre les mains d’un sale prédateur était violente. A l’intérieur, l’écho de ses pas ne se répercute qu’à peine. Devenu loup en chasse, il se fait silencieux par réflexe, sans même un regard vers la croix géante qui trônait en maîtresse. Il a trouvé mieux.

Sans un bruit, il se faufile vers la porte ouverte, sans doute les appartements du prêtre, ou un truc comme ça. Il n’a jamais foutu les pieds dans une église, lui. Petit, il allait à la synagogue avec sa mère. Ce n’était clairement pas la même architecture. Ça ne l’empêche pas de franchir la porte, et de se figer d’un coup. Le type qu’il avait vu avec Silas est là. Mais Louveteau, il est où ?! Il ne le voit pas dans le lit. Il ne voit que le type en soutane, assis sur le bord du lit, et mille idées terrifiantes lui traversent l’esprit. Quand l’autre ouvre les yeux, comme alerté par un sixième sens, l’idée qu’il puisse ressembler à un tueur en série, couvert de tout ce sang, ne lui frôle même pas l’esprit, au grand frère protecteur.

« La dernière fois que j’ai vu mon petit frère, vous étiez juste à côté. Sa voix glaciale brise le silence dans un murmure bien plus menaçant qu’un hurlement. Il est où, maintenant ? »

Le Croque-Mitaine, toujours actif, lui donne l’impression qu’une meute de loups gronde son agressivité à chacun de ses mots. Qu’ils lui tournent autour, protecteurs et menaçants, n’attendant qu’un ordre pour se jeter sur le prêtre, pourtant mû des meilleures intentions du monde vu qu’il avait nourri et logé son frère le temps que quelqu’un vienne le chercher. Mais ça, Alban l’ignorait, et cette ignorance avivait ses instincts protecteurs comme de l’huile jetée sur un feu.

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Cave Lupus - Lun 16 Mar - 20:32

 
Je ne te ferai pas de mal ...



Le sommeil ne vient pas. Inconfortablement assis comme je le suis, jamais je ne pourrai dormir ainsi. Cependant, je m'interdit formellement de quitter la pièce et plus encore d'essayer de rejoindre le jeune garçon dans mon lit. Une seule solution me vient pour passer le temps sereinement : la méditation.

Bien rapidement, mon Satyre vient me voir et face à face, il commence à me faire la morale. Cela me fait sourire.

- Alors comme ça, on adopte des mômes paumés et on leur donne MA nourriture ? En plus, c'est à moi de prendre le contrôle du corps et j'ai bien l'intention de profiter de ma soirée et de ma nuit. -

- Tant pis pour toi si tu ne sais pas partager. Hors de question que je te laisse nous diriger ce soir... -

- Et si je te promets de bien m'occuper du morveux ? -

- N'insiste pas, Sheitan. C'est non jusqu'à ce qu'on retrouve à qui revient de droit ce garçon ! -

- Jusqu... QUOI ? Et si personne ne venait ? Ou mieux, si c'était un taré effrayant qui débarquait ici clamant haut et fort qu'il lui appartient ? Je suppose que tu lui donnerai sans réfléchir sous prétexte qu'on ne juge personne ? -

La faim et le manque de sommeil ont tendance à rendre Sheitan irritable.

- Je suppose que tu le suivrais pour t'assurer que tout va bien. -

- Bien sur ! J'ai qu'ça à foutre ! -

Il ronchonne mais je sais que j'ai touché un point sensible. Sheitan est ultra-protecteur avec les enfants et toutes les personnes innocentes de ce monde, sans doute bien plus que moi-même et cela me fait rire. Si la personne qui clame cet enfant fait naître le moindre doute de maltraitance envers lui, je sais qu'un Satyre ira lui rendre visite un soir ou un autre.

Ma semi-conscience n'est que de courte durée et un sentiment étrange ramène mon esprit à la surface. Un sentiment d'urgence, de peur, de ... je ne sais pas ... quelque chose de mauvais quoi qu'il en soit.

- Ça pue le pouvoir divin à plein nez, c't'histoire ... -

Mes yeux s'ouvrent sur un jeune garçon couvert de sang des pieds à la tête. Son regard farouche m'indique qu'il ne faut absolument pas que je prenne à la légère ce qu'il vient tout juste de me dire d'une voix où gronde mille menaces. Je me lève en sursaut et essaye de me retenir de faire un pas en arrière. Ainsi redressé, je cache totalement l'enfant que j'espère être encore assoupi.

Mon envie de ne jamais juger les autres se dispute avec l'évidence constatation que cette personne est visiblement menaçante voire dangereuse. Sheitan a-t-il raison ? S'agit-il d'un simple pouvoir divin qui serait plus à considérer comme un chien montrant les crocs pour se faire respecter ? Finalement, la peur prend le dessus et je fais effectivement marche arrière, profitant de mon mouvement pour recouvrir un peu mieux l'enfant encore assoupi.

Essayant vainement d'avoir une voix assurée, je déclare.

"Il est ici. Mais je ne vais pas vous le confier dans l'état dans lequel vous êtes. Vous devriez vous calmer..."

J'aimerai tellement que mon ton soit aussi téméraire que mes mots. Si vraiment il use d'un pouvoir contre moi, il n'y a pas grand-chose que je puisse faire en cet instant. A moins que ... Pour le bien de l'enfant ?

Fermant les yeux un instant, sachant pertinemment que je peux le faire, je laisse mon propre pouvoir de charme s'étaler, essayer de contrer le sien qui me repousse. Allez, je peux le faire, je le sais ! Pas énormément, juste un peu, afin d'avoir l'air sympathique aux yeux de ce jeune homme.

- ... très mignon au demeurant ! -

Je me pince l'arrête du nez. Sheitan, tu n'aides absolument pas, là !

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Cave Lupus - Mar 17 Mar - 19:46

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Alban & Kyan


Le prêtre se relève d’un coup, mû par un sixième sens qui le prévient du danger qui s’approche. Il a beau tenter de masquer sa peur, le loup la sent. Il reste brave, le prêtre, et s’interpose entre le lit et ce qu’il estime être un danger, avant de reculer d’un pas quand Alban prend la parole dans un murmure grondant de menaces. Il ne partira pas d’ici sans son petit frère. Et si ce type lui a fait du mal… Ma foi,  peu de gens pleureraient un prêtre pédophile, non ? « Il est ici. » Le feu ardent qui le consume s’éteint un peu. Très bien. Alors maintenant, il allait gentiment lui rendre son petit frère, et - « Mais je ne vais pas vous le confier dans l'état dans lequel vous êtes. » Les braises éteintes reprennent vie aussitôt. S’il fallait utiliser la manière forte, alors il le ferait. Et puis, comment ça, l’état dans lequel il était ? Tu t’es vu dans un miroir, récemment ?

Le sang gouttait le long de son poing fermé. Il y en avait aussi sur son sac. Et son tee-shirt, vu qu’il avait été pris dans la mêlée. Il devait sans doute en avoir sur le visage, vu qu’il avait dû se défendre pour sortir sans être blessé. Pas étonnant que l’autre ait reculé. Il devait ressembler à un psychopathe. Non, tu crois, crétin d’irlandais ? « Vous devriez vous calmer… » Son regard perd quelques teintes de colère à mesure qu’il réalise quel spectacle il doit donner, et à quel point il doit être terrifiant pour quelqu’un qui ne le connaissait pas. Adepte de la moindre violence, il faisait parler son sarcasme avant ses poings, qu’il n’utilisait que pour protéger les siens.

« C’est pas ce que vous croyez, tente-t-il de se justifier sans réfléchir, j’ai été pris dans une mêlée et j’ai dû me battre pour m’en sortir, je suis pas du tout un psychopathe… »

Il n’a pas conscience que quelque chose d’extérieur tourne autour de lui pour tenter de le calmer, mais le prêtre lui semble moins dangereux, plus amical. Presque… Attirant ? Rien de comparable avec Anatoli, bien entendu. Son regard se fait flou tandis que le feu décroît doucement et que le loup s’endort, incapable de lutter contre un pouvoir utilisé consciemment quand lui n’utilise le sien qu’en cas d’urgence et sans s’en rendre compte. Encore un peu, et il aurait pu faire confiance à ce drôle de prêtre…

Du moins, jusqu’à ce que Silas se tourne dans le lit.

Les efforts du prêtre sont balayés tandis qu’il se redresse, furieux. Le loup endormi dans son esprit rouvre les yeux et se hérisse à nouveau, comme conscient qu’il a failli se faire avoir par quelque chose qu’il ne comprend pas. Est-ce que le prêtre a eu Silas comme ça aussi ? Avec ses appels au calme et son charme envoûtant sorti de nulle part ? Putain de prêtre. Il allait lui faire la peau. Il est terrifiant quand il s’avance vers le prêtre, tapant une chaise par mégarde sans s’émouvoir de la faire tomber au sol. Il allait se le faire. Et il n’y aurait rien pour le protéger. Rien… Sinon le couinement de panique étouffé qui s’échappa du lit. Aussitôt, le loup disparaît, chassé de force par le grand frère anxieux, mais terriblement soulagé, qui se laisse tomber au bord du lit.

« Silas ! Tu vas bien, louveteau ? »

Louveteau ne répond pas. Au contraire, louveteau recule encore plus. S’il avait pu se fondre dans le mur contre lequel il s’appuyait, il l’aurait fait. Alban n’avait jamais vu son frère reculer devant lui. Silas avait pris l’habitude de voir son aîné agir comme un gros ours bourru, mais protecteur, avec lui, et les quelques menaces proférées étaient écartées d’un éclat de rire - il savait qu’Alban ne lui ferait jamais de mal. Mais là, alors, pourquoi reculait-il ? De quoi avait-il peur ? De toi, ça se voit pas ? Si, ça se voyait. Mais l’incompréhension était réelle dans l’acier du plus grand.

« Silas ? »
« Laisse-moi ! »
« … Quoi ? »
« Laisse-moi ! Tu me fais peur ! »

Alors ça… C’était une première. Et ça avait au moins le mérite de couper toute velléité agressive de la part du plus grand. Pour que Silas ait peur de lui, mais pas d’un inconnu, c’est que c’était lui qui s’était trompé. Lourdement. Son regard perdit toute lueur et ses épaules s'écrasèrent d'un coup tandis qu'il réalisait qu'il avait terrifié son petit frère, qui voulait maintenant qu'il s'en aille. Alors sans protester, pour ne pas effrayer plus encore son louveteau, il se leva et quitta la pièce sans un mot, le laissant seul avec le prêtre - même si cette idée lui était insupportable. Mais beaucoup moins insupportable que de savoir que Silas avait été terrifié en le voyant. Il lui avait rappelé des mauvais souvenirs. L’espace d’un instant, il avait dû être comme leur père, et ça, c’était très grave. Les dents résolument serrées, il retint ses jurons - on ne jure pas dans la maison du Seigneur.

En passant devant un miroir posé dans un coin, il comprit. Il était littéralement terrifiant. La vache, même lui avait peur de ce qu’il voyait. Pas étonnant que Silas se soit presque fondu dans le mur et que le prêtre ait reculé devant lui. Pas étonnant, aussi, que l’autre ait absolument tenu à l’embarquer aux urgences. Comment avait-il échappé à la police, avec cette dégaine ? Il fallait qu’il règle ça. Du sac qu’il avait enfin lâché, il sortit une bouteille d’eau achetée quelques heures plus tôt, et il ôta son tee-shirt pour le rouler en boule avant de l’humidifier. Le linge de fortune fut utilisé pour se nettoyer de manière frénétique. Ce n’était pas bien utile, puisque le vêtement en lui-même n’était pas exempt de sang, mais ça avait au moins le mérite de le décrasser un peu. Ça irait encore plus vite s’il se vidait la bouteille sur la tête… Mais pas ici.

Quelques pas encore, et il fut dehors. La seconde suivante, il se vidait la bouteille sur la tête, enlevant le sang de son visage mais se trempant intégralement. Une deuxième bouteille suivit la première, et c’est en grelottant qu’il s’installe sur les marches de l’église, frigorifié, mais propre. Mains tremblantes, il s’allume une cigarette avec plus de difficultés que d’ordinaire. La rage qui l’habitait avait été douchée, le laissant horriblement gêné, en plus de l’épuisement habituel qu’il traînait depuis plus de dix ans. Il s’approche. L’homme de Dieu était ici chez lui, et Alban, comme un abruti, s’était montré menaçant envers quelqu’un qui avait, de toute évidence, protégé son louveteau quand il s’était trouvé dans l’incapacité de le faire.

« Comme un homme bien plus intelligent que moi l’a dit quelques minutes plus tôt : j’aurais dû me calmer avant de supposer sans savoir. Il lâche un grand soupir, un peu gâché par ses dents qui claquent de froid. J’ai dû vous coller une grosse frousse. Vraiment désolé. J’avais vraiment peur qu’il soit arrivé quelque chose de mauvais à mon frère… Et finalement, la chose mauvaise, c’est moi. »

Mais bien sûr qu’il était mauvais. Il n’en avait jamais vraiment douté. Après tout, il avait été élevé par une mafieuse prête à tuer pour le protéger et un ivrogne qui n’attendait qu’une opportunité pour le planter. L’ivrogne, il l’avait blessé à mort et l’avait laissé se vider de son sang chez lui. Il l’aurait tué sans hésiter, comme il aurait tué le prêtre pour protéger Silas d’un danger inexistant. Finalement, le danger, c’était lui. Danger qui n’en était plus vraiment un. Trempé, grelottant de froid, aux mains qui tremblaient maintenant que la pression était redescendue d’un coup, remplacée par de l’accablement. Mais il valait mieux ne pas trop s’auto-apitoyer. Ou essayer, du moins.

« Ça rattrapera pas mon comportement, mais ça vous dit qu’on recommence depuis le début ? Il se tourna un peu vers le prêtre, veillant à ne pas envoyer sa fumée vers lui. Bonjour - ou plutôt, bonsoir, vu l’heure. Léger rire, bref fatigué. Silas est mon petit frère. Je m’appelle Alban. Il esquissa un demi-sourire un peu hésitant, qu’il espérait être poli. Et vous ? »

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Cave Lupus - Mar 17 Mar - 21:04

 
Je ne te ferai pas de mal ...



- Putain de merde ! -

Presque étrangement, le garçon essaye de se justifier de son apparat. Pour ma part, il n'a strictement rien à prouver et les raisons de tout ce sang sur lui le concerne. C'est du moins ce que j'essaye vainement de me dire. Petit à petit, la peur diminue ce qui me laisse penser effectivement qu'elle était d'origine divine.

... Un psychopathe ? Même mes plus folles pensées ne se sont pas faufilées jusque là. Quelqu'un de prêt à tout, sans doute, prêt à tout pour retrouver son frère, visiblement. Après, de là à savoir s'il était bon ou mauvais pour lui, j'essaye encore une fois d'éviter de juger, vainement.

"Alors si nous sommes entres personnes sensées, j'aimerais que nous sortions ..."

Bien malheureusement pour moi, le pouvoir est mal dosé. J'aurais du m'entraîner mais je me suis toujours refusé à le faire, c'est le pouvoir du démon et jamais je n'aurais du m'abaisser à y avoir recours. La peur me fait en abuser légèrement trop, comme un réflexe de protection. Ce surplus ne serait pas un réel problème si à cet instant le jeune Silas ne s'était pas légèrement éveillé.

J'avale ma salive, plusieurs fois. La peur revient dans mes entrailles avec quelques renforts. Je me sens presque pâlir alors que l'effrayant grand frère arrive sur moi. Si j'avais eu un peu moins de moral et de contrôle sur moi même, j'aurais quitté les lieux à toutes vitesse longtemps auparavant mais ... l'enfant ... ? Je ne pouvais pas le laisser seul avec lui, pas dans cet état, pas avec ce pouvoir.

En espérant ne recevoir qu'un coup qui me donnerait la couardise nécessaire pour fuir, je ferme les yeux et penche la tête sur le côté. Rien ne vient, me voilà sauvé par Silas qui s'éveille et qui semble calmer instantanément l'ambiance terrifiante qui règne ici. Lui aussi a peur, son frère fond sur lui pour s'assurer que tout va bien mais le petit se recroqueville pour lui échapper.

Sheitan se débat comme un diable pour avoir le contrôle mais je ne peux pas lui laisser. A présent que le pouvoir s'est dissipé, j'ai retrouvé mes facultés et je me calme peu à peu. Cet homme est sans nul doute très protecteur, peut-être un peu trop, avec son frère. Il veut simplement bien faire et cela, je ne peux que le comprendre.

Finalement, après un moment de flottement, il s'en va, penaud. Pour ma part, je suis partagé entre l'envie de le suivre et demander des explications, ou de rester avec l'enfant tremblant dans le lit. Je décide de calmer l'un, puis l'autre.

"Ton frère a eu très peur pour toi. Mais tu vois, on l'a retrouvé, c'est l'essentiel, non ?"

Les yeux rivés sur la porte, le petit hoche la tête.

"Tu sais ce qu'on va faire ? Tu vas t'allonger tranquillement. Moi, je vais retrouver ton frère, on va bien le nettoyer comme il faut... et toi, tu vas essayer de dormir pendant ce temps. On fait comme ça ?"

Silas a encore un regard inquiet mais fini par s'allonger à nouveau. Les yeux toujours grand ouverts, je me demande ce qui pourrait l'aider à passer sa peur.  Ici, je n'ai vraiment pas grand chose pour distraire un enfant, pour personne d'ailleurs.

"Tiens, regarde ..."

Devant petite lampe de chevet à bougie, j'installe un petit cerf d'argent orné de saphirs qui réfracte la lumière et donne à la chambre un aspect légèrement moins austère et plus onirique.

"C'est un bojitch, un esprit protecteur de l'hiver et j'y tiens beaucoup. Il va veiller sur toi. Bon, il faut que j'aille m'occuper de ton frère. Ça va aller ?"

Au moins, les yeux de l'enfant sont attirés par les reflets à présent et je me décide à sortir à mon tour en fermant la porte doucement. Ici, au moins, il ne risque absolument rien.
En passant, j'attrape une serviette et une chemise avant de remarquer les traces de sang et d'eau sur le sol. Au moins, il était facile à suivre à présent mais il faudra que je m'occupe de tout nettoyer avant demain matin. La présence de cette hémoglobine qui mène droit à ma chambre, d'un jeune homme à l'aura effrayante et d'un enfant dans mon lit risque de soulever beaucoup plus de questions et de colère que je n'en ai besoin.

Finalement, je trouve le grand frère assis sur les marches du parvis, mouillé, torse nu, en train de fumer.

- Tu peux lui en taxer une, s'il te plaît ? -

Je m’assois à ses côtés et écoute tranquillement ses paroles.

"Ne vous inquiétez pas, je n'ai pas toujours été moi-même intelligent. Surtout quand on agit par amour. Malgré tout, je serais curieux de savoir ce qui vous est passé par la tête ... Je vous ai quand même laissé un mot pour que vous puissiez savoir où me trouver."

Je parle d'une voix posée, il est totalement inutile d'ajouter à la culpabilité à ce stade. Je lui tend la serviette afin qu'il s'essuie, ravi qu'il ait déjà pris la peine de se nettoyer auparavant.

"Et oui, vous m'avez fait vraiment peur. Je me demande comment vous y êtes parvenus d'ailleurs car ce n'est vraiment pas quelque chose qui me caractérise d'habitude, d'être effrayé ainsi."

Mais à présent, je ne ressens absolument plus rien d'hostile et j'accepte la réconciliation avec gratitude. Je pose la chemise blanche juste à ses côtés.

"Je n'ai que ça à vous proposer qui ne soit pas un vêtement religieux..."

Vu le froid et l'énervement, il ne doit certainement pas rester ainsi dehors, torse nu, et mouillé.

- Mais de quoi tu t'mêles ? Il est très bien comme ça, et s'il a besoin qu'on le réchauffe ... -

"Bonsoir Alban. Moi, c'est Kyan. Inutile de m’appeler 'Mon père' ou ce genre de titre révérencieux si tu ne te sens pas à l'aise avec." le tutoiement est venu naturellement, comme toujours avec moi. Je tend une poignée de main amicale vers lui, juste histoire de faire, à mon tour, un pas vers Alban. "Tu habites le quartier ?"

Même si ma foi avait été lourdement ébranlée ces derniers temps, j'arrivais encore à percevoir quelqu'un qui avait envie de parler et de partager.

"Tu fini ta cigarette et on va rentrer. Tu vas pouvoir me raconter ton histoire et ce qui t'as amené jusqu'ici."

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Cave Lupus - Mer 18 Mar - 19:52

Cave lupus

Alban & Kyan


Assis sur les marches de l’église, en pleine nuit, trempé et frigorifié, Alban ne peut pas s’empêcher de se sentir incroyablement mal. Il avait failli attaquer un prêtre. Peut-être même le tuer. Pour protéger son petit frère d’un danger imaginaire. Et finalement, le seul danger que Silas avait vu dans la pièce, c’était celui qui était sensé être son protecteur. Il avait eu du mal à allumer sa cigarette, complètement perdu depuis que son hostilité incompréhensible s’était évaporée dans l’air. Les contrecoups allaient être assez violents, il le savait. Il était bon pour s’étaler dans le noir et le silence, jusqu’à ce que sa tête ne menace plus d’exploser d’un coup. Mais ça venait d’où, cette agressivité soudaine quand il pensait son frère en danger ? Il avait failli le tuer, le prêtre. Ce n’était pas rien…

Le voilà qui le rejoignait, d’ailleurs. Maintenant que l’aura meurtrière du loup avait disparu, il devait sembler inoffensif comme tout, torse nu dans le froid glacial. Il poussa même le courage en allant s’asseoir à ses côtés, gardant cependant une certaine distance de sécurité, et si le prêtre ne s’en rendit pas compte, le jeune artiste, lui, la remarqua facilement. Après son petit spectacle sanglant, pas étonnant qu’il se laisse une certaine marge, pour se mettre à l’abri s’il s’avisait du moindre geste brusque. Mais s’il reste prudent, il n’en est pas moins affable et posé, ce drôle d’homme. « Je vous ai quand même laissé un mot pour que vous puissiez savoir où me trouver. » Un mot ? Quel mot ? Le jeune loup fronce les sourcils tandis qu’il essaie de se rappeler l’existence d’une hypothétique note. Mais sa mémoire est formelle : pas de petit mot. Juste son instinct animal le poussant vers l’église.

Il n’a pas le temps de répondre cependant, que l’autre a enchaîné. Il avait effectivement eu peur. Pas étonnant. Difficile, pour l’irlandais, d’étouffer la satisfaction incongrue qui passe en flèche dans sa tête. Comment il y était parvenu, cependant, restait un mystère que lui-même n’expliquait pas. Il ne s’était jamais posé la question, c’était juste comme ça. Souvent, les gens ne le calculaient pas, parce qu’il se fondait dans les ombres et se faisait oublier. Asocial, solitaire, il appréciait qu’on lui foute la paix. D’autres fois, quand il était hors de lui ou qu’il estimait qu’un danger menaçait les siens, on le remarquait et les gens reculaient devant lui. Les voisins qui venaient se plaindre des cauchemars bruyants de Silas repartaient sans un mot, matés par son regard métallique et glacial. Ou bien il les terrifiait. Comme son père, qu’il avait laissé se vider de son sang. Ou le prêtre, qui avait dû se croire rappelé en avance auprès de son Dieu.

« Je ne sais pas. C’est juste… Comme ça. La plupart du temps, personne ne me remarque. Mais parfois, j’arrive à me rendre effrayant - la peinture sanglante mise à part. Il esquisse un léger sourire un peu hésitant pour détendre l’atmosphère. Quant au mot… J’en ai trouvé aucun. Il a peut-être dû s’envoler, ou bien je ne suis pas passé devant. »

C’est avec reconnaissance qu’il accepta la serviette que lui tendait le prêtre. Il commençait à avoir pas mal froid, quand même. Bon, ce n’était pas un problème, vu qu’il pouvait se soigner par magie, mais s’il pouvait éviter de le faire, ce n’était pas plus mal, aussi. Pour repartir sur de bonnes bases, Alban se présenta le premier sans trop entrer dans les détails, se présentant juste comme le grand frère de Silas, ce que l’autre avait sans doute compris. L’autre, d’ailleurs, s’appelait Kyan, et lui aussi était avare en discussions personnelles. Mais il n’était pas curieux, l’irlandais. Il n’irait pas lui poser des questions pour déterrer des secrets ne lui appartenant pas. Son boulot, à lui, était de vendre des peintures qui n’étaient malheureusement pas les siennes.

Le fait qu’il le tutoie ne passe pas inaperçu, mais Alban ne s’en formalise pas vraiment. Les prêtres tutoient tout le monde, non ? Du moment qu’il ne lui donne pas du mon fils… Bien au contraire en fait, puisqu’il l’invite même à oublier les titres révérencieux s’il n’est pas à l’aise avec ça. Très bien. Parce que généralement, les lieux de culte et les hommes de Dieu, il s’en tenait éloigné. Il n’avait jamais emmené son frère à la synagogue, sinon pour les rares fois où ils allaient voir leur mère au cimetière juif. Il ne priait plus depuis qu’il avait quitté la maison, à dix-huit ans. Les deux objets religieux chez lui étaient une menorah et une torah qui prenaient tous deux la poussière, récupérés simplement parce qu’ils appartenaient à sa mère. Kyan lui tend la main, et après un instant d’hésitation - il n’est pas friand de contacts humains - il la serre cependant, sans y mettre trop de force.

« Oui, j’habite dans le quartier. Pas très loin du centre. Inutile de préciser de quel centre il parlait, quasiment toute la population du district y passait régulièrement. C’est pas bien grand, mais je m’en plains pas. Le loyer est correct et c’est mieux fréquenté que là où on vivait avant. »

Ah, les docks. Oh, il n’avait rien contre le Royaume. Il avait quelques affaires avec eux, et avec son nom de famille irlandais, plus le fait que feue sa mère y ait été druidesse, on ne lui cherchait aucun ennui les rares fois où il s’y rendait. Le problème c’était plutôt son père, en fait. Industrial District était peut-être moins fréquentable que les docks, mais en matière de locataires, Silas était mieux servi avec son grand frère protecteur et softie qu’avec son père ivrogne et violent. Et puis, on allait pas se mentir, au niveau des voisins, la qualité était pas mal présente, aussi… Et Kyan se montrait plus curieux qu’il n’aurait pu le penser. Il voulait qu’ils entrent discuter de tout ça quand il aurait fini sa clope. Wow. Depuis quand les inconnus s’intéressaient-ils à lui, surtout après ses crises d’hostilité ? Très asocial, il n’avait pas pour habitude de parler de lui ou de ses problèmes. Il jouait plutôt la carte du tout va bien je gère que personne ne gobait mais que tout le monde acceptait avec scepticisme. Tout va bien. Il gère. Avec ses problèmes de fric et sa maladie mentale qui le bouffait comme un loup - hey ! - comme une termite ronge le bois. Mieux.

« En parler à l’intérieur ? Dans la grosse boîte en bois là ? Comment on appelle ça… Un confessionnal, je crois ? Il n’y en avait pas, là où j’allais. Ça doit être propre aux chrétiens j’imagine. »

Il esquisse un nouveau sourire, avant de remarquer que le regard du prêtre tombait quand même pas mal sur sa cigarette. Il ne semblait pas être contre. C’était plutôt comme si quelque chose, à l’intérieur, en voulait aussi. Le jeune loup n’était pas vraiment partageur, surtout avec son tabac - ça coûte horriblement cher, il faut dire - mais il pouvait bien faire une exception après le trouille qu’il lui avait collé. D’un main leste, il attrapa son paquet pour l’ouvrir et proposer une cigarette au prêtre.

« On peut aussi commencer à en discuter dehors, si vous voulez… »

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Cave Lupus - Mer 18 Mar - 20:56

 
Je ne te ferai pas de mal ...



Le discours du jeune homme qui souhaite traverser la vie en passant inaperçu. Je ne le connais que trop bien celui-là, je l'ai moi-même tenu pendant mon enfance et une partie de mon adolescence quand j'en avais assez que l'on me marche sur les pieds et qu'on abuse du fait que je ne sache simplement pas dire non. Avec Alban et son aura terrifiante, je doute que cela puisse passer aussi bien qu'il ne l'espère malheureusement, enfin, au moins personne n'essayera d'abuser de lui.

Finalement, il semble qu'il ait conscience de cette faculté. Ce que je ne donnerai pas pour percevoir les auras aussi bien que les dieux humains... Mais comme l'a si judicieusement dit Hadrian, je ne suis "qu'une créature" et je commence à peine à accepter ce nouvel état d'ailleurs. Je me demande si je ne devrai pas simplement présenter ce jeune homme à l'une de mes connaissance divine, juste pour savoir s'il habite réellement un dieu sans le savoir, lequel, et l'aider à y faire face.

"Tu es conscient que certaines personnes peuvent avoir des auras très particulières ? Elles sont redoutables et il faut en user avec parcimonie quand c'est nécessaire." Par pur honnêteté chrétienne, j'ajoute "Je suis d'ailleurs persuadé que tu as senti la mienne. Elle a tendance à se manifester un peu d'elle-même quand je la maintient pas sous contrôle. Je suis vraiment désolé pour ça, je ne m'en sert jamais d'habitude, je me le refuse catégoriquement."

- A l’exception d'une certaine jolie jeune femme que tu adores faire perdre la tête... -

La petite boutade de Sheitan me fait avoir un sourire en coin. Effectivement, quand elle use de ses propres pouvoirs sur moi, je m'octroie le droit d'user des miens.

"J'ai laissé un mot sur la porte du magasin." Je précise en pointant la devanture du doigt "Nous t'avons attendu juste en face presque une heure et je ne savais vraiment pas quoi faire d'autre. Le petit commençait à avoir faim. Je me disais que tu devais être mort d'inquiétude mais j'avais peu de recours, alors je n'ai pu penser qu'à ça..."

Alban m'explique où il vit et Sheitan note mentalement cette précieuse information. Effectivement, le jeune Silas aurait sans doute eu de mal à retrouver l'endroit d'ici s'il n'avait pas l'habitude de sortir seul sans son frère surprotecteur. Enfin, à présent il s'étaient retrouvés et j'arrive enfin à retrouver une certaine sérénité.

Pour peu, je suis très curieux de savoir où habitait avant ce jeune homme pour qu'il préfère l'industrial district. Quel quartier pouvait-être moins bien fréquenté qu'ici ? Au moins, cet endroit est neutre et les habitants peuvent espérer revêtir un certain anonymat. Je passe les endroits en tête et tous ont des qualités ainsi que des inconvénients par rapport à ici.

Je fronce les sourcils sur sa proposition ... Une boîte en bois ? Un confessionnal ? Avant de comprendre qu'il a simplement mal compris, j'éclate de rire, un rire qui tire légèrement sur le soulagement mais qui n'a absolument rien de moqueur.

"Non non ! Je parle simplement de l'église, la plus grosse boîte en pierre. Enfin, si tu ressens le besoin de soulager ton âme, pourquoi pas ! Mais il n'y a personne ce soir donc inutile de s'enfermer."

Du coup, s'il fréquentais les endroits religieux dépourvus de confessionnal, Alban doit être protestant, ou juif, quoi qu'il en soit, cela ne me regarde absolument pas.

- Laisse-moi avec lui 15 minutes et j'te dis s'il est juif ! -

Sheitan est toujours dans mon esprit et j'aimerai qu'il me laisse en paix à cet instant. Venir en aide à ce garçon est devenu important pour moi et j'apprécie de moins en moins qu'il soit vu comme un vulgaire bout de chair de la part de mon alter-ego satyrique. Après réflexion, peut-être que son aura m'a sauvé la vie ce soir... Je ne le saurais sans doute jamais. Les pensées de Sheitan, parallèles aux miennes, commencent à prendre le pas sur certains de mes gestes. Notre regard porté sur la cigarette n'a malheureusement pas échappé à Alban qui nous en propose une.

Après avoir farouchement repoussé Sheitan dans le fond de ma tête, je refuse d'un geste poli.

"C'est très gentil mais je ne fume pas..." Surtout ici ! Surtout dans cette tenue ! "Tu as une sacré vision des prêtres, toi ..." Je dis en souriant. "Par contre, si je tiens effectivement à ce que tu la finisse avant d'entrer, j'aimerais aussi que tu t'habilles si ça ne t'ennuies pas."

Ma main se pose sur la chemise blanche que je lui avais apporté. La nuit est fraîche et je n'aime pas l'idée de savoir l'enfant seul trop longtemps même s'il n'était pas loin. S'il s'éveille seul, il pourrait peut-être paniquer de ne trouver personne. A l'intérieur de l'église vide, la chaleur des bougies nous réchauffera et le bruit de la porte de la chambre s'entendra facilement. Voyant que les dernières cendres tombent sur les marches, je me lève.

"Viens. Je ne t'ai même pas proposer à manger ou a boire d'ailleurs. Tu veux quelque chose ?" Après une hésitation, je fini tout de même par demander : "Ça t'ennuies de me parler de ton étrange aura ? Je te rassure, tu n'es pas la première personne que je croise avec ce genre de facultés mais la tienne est la plus puissante que je n'avais jamais rencontré."

... Ou la plus incontrôlable...

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Cave Lupus - Ven 20 Mar - 0:25

Cave lupus

Alban & Kyan


Il avait beau avoir admis qu’il avait eu peur de lui, limite peur pour sa vie, le prêtre restait assis à côté de lui comme si de rien n’était. Comme si, quelques minutes plus tôt, il n’avait pas failli lui faire voler la tête comme un bouchon de champagne. Mieux, il lui tape la conversation comme à l’une des brebis égarées qui devait franchir la porte de son église en quête de rédemption, comme si un quelconque être divin pouvait la leur donner sans forcer. C’était un concept ridicule, même pour Alban, pourtant très ouvert d’esprit. Sa mère priait pour le salut de son âme. Lui aussi le faisait, jusqu’à ce qu’il n’ait plus personne à faire sourire avec ces bondieuseries vides de sens.

Il lui parlait d’auras, maintenant. D’auras pouvant être dangereuses, à utiliser avec parcimonie pour ne pas blesser les gens. Une partie de lui avait envie d’en rire et de répondre que les gens, il s’en tapait bien. Trop asocial pour se soucier des autres, il traçait son chemin sans les regarder. Mais ce n’était pas pour autant qu’il s’amusait à les blesser volontairement. Son aura, comme Kyan le disait, ne se manifestait que pour le défendre ou protéger Silas. Jamais pour faire le mal autour de lui. Il n’était même pas sûr de pouvoir activer ça volontairement, autrement que pour se protéger du danger. Bien sûr que si, on peut. Mais t’es trop un softie pour ça. Kyan enchaînait cependant, continuant sur son histoire d’auras. Lui aussi en possédait une apparemment, qu’il avait utilisé sur lui. Ah, c’était donc ça, cette drôle de sensation… Voilà qui laissait pensif.

« Vu comment je me suis montré amical, c’est normal de l’avoir utilisée sur moi, j’ai envie de dire… »

Le prêtre tend la main pour lui montrer le magasin où il avait accroché la petit note. C’est un peu loin, impossible de savoir si elle y est toujours, mais plus il parle et plus il accable l’irlandais. Il avait attendu pendant plus d’une heure que quelqu’un se manifeste pour le petit garçon, et comme personne n’était venu, il l’avait ramené à l’église pour lui donner de quoi manger. Et lui, il débarquait comme un démon. Outch. Faut réfléchir avant d’agir, qu’il disait. Doucement, il tourne au cramoisi - la gêne est très présente et il ne sait plus où se mettre. C’est mal remercier quelqu’un qui a pris soin de Silas que de le terrifier à mort.

« J’ai rien vu du tout… Les secours m’ont gardé en observation pendant plusieurs heures, j’ai eu un mal fou à leur échapper. Enfin, au moins, j’ai pas été embarqué par la police, c’est déjà bien. Parce que ceux-là m’auraient pas mal emmerd - raclement de gorge - gardé à l’ombre un petit moment. »

Il ne sait pas trop si la pointe d’indignation dans sa voix fera comprendre au prêtre qu’il n’est mêlé en rien à ces conneries mafieuses - pour le moment. Mais les flics s’en foutaient bien. Il y avait son nom de famille, et celui de sa mère dans leurs dossiers du Royaume. Telle mère, tel fils ? C’était suffisant pour qu’ils ne le lâchent pas après lui avoir mis la main dessus, quand bien même ils savaient, ces enflures, qu’il n’était pas membre du Royaume. Comme s’ils attendaient de lui qu’il crache des noms. Bah ils pouvaient attendre longtemps. Il n’en avait pas l’air, mais il tenait un minimum à la vie, quand même…

Kyan lui propose de rentrer, pour parler à l’intérieur. Alban, dans son étonnante naïveté de profane, lui demande aussi sec s’il parle de la boîte en bois. Le confessionnal. Le prêtre éclate de rire sans toutefois se moquer de lui, et le jeune loup ne peut s’empêcher de sourire un peu. Finalement, il est peut-être sympa, ce prêtre. Même s’il lui parle de soulager son âme. Non, décidément, non. Il ne voyait pas trop comment Dieu pouvait accepter une quelconque rédemption en une seule fois. Jeune, on lui avait appris que quand on voulait quelque chose, il fallait travailler dur pour l’avoir - donc pour obtenir sa rédemption et l’absolution de ses péchés, il fallait travailler sur soi, prier, demander pardon, plusieurs fois par jour, jusqu’à ce qu’on soit en paix avec sa conscience. Alors parler une fois dans une boîte, et hop, problème réglé ? Ils sont fous ces chrétiens. Il se contente donc de hausser simplement les épaules pour ne pas être malpoli, avant de ranger son paquet quand Kyan décline son offre.

« Hm-hm. Vous ne fumez pas. Ok, j’insiste pas. »

Mon œil qu’il fume pas, t’as vu comme moi comment il regardait cette clope ? Le prêtre, cependant, tapote le vêtement, le rappelant à la réalité. Si ça ne le dérangeait pas, qu’il disait, il tenait quand même à ce qu’il enfile le haut qu’il lui avait apporté. Bien malgré lui, il esquisse un nouveau sourire, amusé celui-là et il se dépêche de finir sa cigarette. Si la cendre s’envole au vent, le mégot trouve sa place dans un cendrier de poche pour ne pas finir par terre. La pollution, c’est mal. Soupir blasé dans son esprit. Anatoli a raison. Sof-tie. Tandis qu’il enfile la chemise pour ne pas gêner le prêtre, ce dernier lui propose à boire. Et à manger. L’envie de refuser poliment est présente - avec sa charmante maladie mentale, il n’avait jamais vraiment très faim. Mais quelque chose de plus puissant que lui écrase sa volonté pour parler à sa place.

« C’est vrai qu’en y repensant, je n’ai pas mangé depuis ce matin… Si ce n’est pas trop abuser de votre générosité. Il se fend d’un léger sourire d’excuse sans entrer dans les détails - il sait très bien de quand remonte son dernier repas, et ce n’est pas du tout celui du matin. Et oui, si vous voulez, même si je ne pense pas avoir grand-chose à dire dessus. »

Obéissant, il suit le prêtre à l’intérieur, en se demandant quand même pourquoi il a accepté de manger quelque chose alors qu’il n’a pas faim du tout. Qu’est-ce qu’il lui a pris, bon Dieu. Il t’a pris que t’as faim, alors tu vas manger avant de t’effondrer. Ses yeux ne mettent pas bien longtemps à s’habituer à la faible lumière des lieux, et tandis que Kyan s’éloigne, Alban regarde autour de lui, remarquant bien vite les traces de son passage, qui lui arrachent une légère grimace. Bon. Vu le boxon qu’il avait fichu, autant commencer à se faire pardonner, et ça ferait moins de boulot à Kyan. Softie. C’est en silence qu’il accepte l’insulte qui n’en est pas une, et qu’il cherche de quoi nettoyer le sang et l’eau répandus par terre. Ah, trouvé. Super. Au boulot, Alban.

Quand Kyan revient, Alban est assis sur l’un des bancs. Son petit ménage était allé très vite - l’habitude de nettoyer sa peinture et son fusain avant que ça s’imprègne - et le sol était tout propre, comme si aucun psychopathe n’y avait posé son sac plein de sang avant de tremper le tout avec de l’eau minérale en bouteille. Puis il avait rangé et s’était sagement posé pour observer les alentours. Il avait trouvé le confessionnal - la boîte en bois - et après l’avoir regardé, il s’en était détourné pour le reste. Les vitraux, les quelques peintures, la grosse croix au fond de l’église. Et le petit bouquin, qu’il avait feuilleté avec curiosité - après tout, c’était la première fois qu’il entrait vraiment dans une église catholique. Et pour une religion monothéiste, il y avait quand même beaucoup de saints à honorer. Et dire que leur prophète, il était juif… Il referme le petit livre quand le prêtre s’installe à ses côtés pour lui tendre de la nourriture, qu’il accepte avec plaisir. Peut-être qu’il a faim, finalement.

« Merci beaucoup, c’est vraiment très gentil. Et comment ça sent trop bon, comment j’ai trop les crocs ! Donc vous vouliez parler de… Comment vous dites déjà, mon aura ? Comme dit, je ne pense pas avoir grand-chose à dire dessus. Je suis tout ce qu’il y a de plus banal, après tout. »

Pauvre petit stade 2, qui abritait l’âme d’un dieu celte majeur et qui n’en avait pas la moindre idée. Normal, avait-il dit. Si tant est qu’il est normal de terrifier les gens d’un regard ou de les soigner - si ce n’était pas les vider de leur sang - d’une pression de la main sur une blessure. Mais ça, ça lui venait de sa mère, non ? Thaumaturge, qu’elle avait dit. Il était comme elle, pensait-il. Quant au reste, il l’avait développé pour se défendre. Ne pas être une cible à l’école, ne pas être une cible pour les ennemis de sa mère. Rien d’autre. Tout ce qu’il y a de plus banal. Banal mon cul ouais.

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Cave Lupus - Ven 20 Mar - 17:53

 
Je ne te ferai pas de mal ...



A mon sens, on ne devrait jamais faire appel à ses pouvoirs qu'en cas de nécessité. Là, c'est la panique qui m'a mis au pied du mur mais on ne me reprendra certainement pas à laisser une nouvelle aura m'influencer à nouveau. A mes côtés, Alban a l'air tantôt méfiant, tantôt distant, comme s'il était en train d'argumenter avec lui-même. Sans son effrayant pouvoir, il avait l'air beaucoup plus fragile et me donne désespérément envie de lui venir en aide, à lui et à son frère. J'espère pouvoir gagner sa confiance un jour où l'autre.

Son point de vue m'est raconté et je comprend parfaitement pourquoi il n'a pas pris le temps de retourner voir la devanture du magasin. En mon fort intérieur, je me félicite d'ailleurs d'être resté dans les parages et de ne pas avoir confié l'enfant à la police. D'une part parce que visiblement, Alban aurait eu énormément de mal à le retrouver, et d'autre part parce que je ne serai peut-être plus de ce monde. Non, il faut que j'arrête, ce n'était qu'une influence, et ce monde m'a doté d'autre pouvoirs qui auraient pu me tirer d'affaire, du moins, j'essaye de m'en convaincre.

"Ne t'inquiètes pas, je ne fais pas spécialement confiance aux forces de l'ordre, ni aux équipes médicales. L'environnement actuel leur donne suffisamment de raisons pour agir inconsidérément sans spécialement devoir faire preuve d'intelligence."

Même si Sheitan est bien moins modéré dans ses propos, il approuve ces mots. Encore une fois, je ne peux pas juger, je ne suis pas du côté d'état, j'essaye de rester de celui de l'humanité malgré tout.

Une fois la cigarette totalement finie, la chemise enfilée et le repas en ma compagnie accepté, je nous dirige dans l'église. Celle-ci est encore chauffée par toutes les bougies qui s'y trouvent et la chaleur ambiante me fait du bien. Beaucoup de fidèles ont brûlés des cierges ces derniers temps où se servent de cet endroit comme un lieu d'échange qui le fait vivre malgré ces temps incertains.

Je vais dans la petite cuisine attenante au dortoir et cherche dans les réserves. Les donations étant moins nombreuses que les demandes ces derniers temps, je peine à nous dégotter quelque chose digne d'un repas.

"Il ne me reste plus grand-chose..." Je dis sur un ton d'excuse "Ah si ! Mais je n'ai vraiment plus que ça à te proposer."

Revenant dans la nef, j'apporte quelques sandwichs qui restaient des bénévoles qui ont travaillés ici aujourd'hui. Au moins, ils ne seront pas perdus. J'amène aussi une carafe d'eau et deux verres.

"Ton frère a bien mieux mangé que nous, je peux te l'assurer." je précise avec un sourire.

C'est là que je remarque l'absence de sang sur le sol. Pendant un temps, je me demande si je ne les ait pas simplement rêvé sous le coup de la peur mais il semble qu'Alban ait bel et bien nettoyé son passage chaotique.

"Merci d'avoir pris la peine d'effacer le sang ! Cela m'évitera d'être accusé pour avoir blessé en plus d'avoir enlevé un enfant." je dis en plaisantant. "Je t'en prie, Alban."

M’asseyant près d'Alban, je partage avec lui mes denrées alimentaires d'une qualité toute relative mais il me remercie chaleureusement tout de même. Je manque de m'étouffer quand il se traite de personne banale, heureusement que je ne suis pas déjà en train de manger.  

"Tu peux te qualifier de beaucoup de choses, mais certainement pas de...banal."

J'entame donc mon propre repas, assis sur les bancs de l'église. Comment aborder le sujet de ses pouvoirs qui me tiennent à cœur ? D'ailleurs, avait-on vraiment le droit d'aborder ce sujet ou est-ce trop intime ?
Pour ma part, j'aurais aimé que quelqu'un me guide en de pareilles circonstances. Je prend donc une grande inspiration avant d'entamer la conversation :

"Déjà, depuis quand tu as ce genre de manifestations ? As-tu d'autres facultés que de faire peur aux gens ?"

Calmant un peu mon enthousiasme, je reprend plus calmement.

"Toi et moi ne faisons pas partie de la même famille d'entité. Visiblement, tu es sans doute bien plus puissant que je ne le serai jamais."

Oui, je vais sans doute attendre un peu que la conversation prenne avant d'annoncer la présence dans notre monde de divinités humaines et ce genre de choses. Venant d'un prêtre, je ne suis pas certain que ça passerait... Malgré tout, je m'approche sensiblement de l'homme.

"Entends-tu des voix, Alban, ou agis-tu parfois comme si quelque chose te guidait ou t'en donnait l'ordre ?"

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Cave Lupus - Sam 21 Mar - 15:19

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Alban & Kyan


Apparemment, son frère avait mieux mangé qu’eux, selon Kyan. C’est une très bonne chose, pour Alban. S’il ne mange pas beaucoup dernièrement, il s’assure quand même que Silas, lui, mange à sa faim. Ce n’était pas parce que le plus grand se laissait aller que le plus petit devait en souffrir. Mais franchement, des sandwiches, pour lui, c’était très bien. Il sentait la viande dedans - voilà qui n’était pas très casher, mais ce n’était pas comme s’il en avait réellement quelque chose à foutre, en fait. Les sandwiches étaient toujours plus faciles à manger que les repas préparés, et c’était essentiellement de ça qu’il se nourrissait quand il n’avait pas faim et qu’il lui fallait manger. Le prêtre s’installe, et semble hésiter quelques secondes en regardant le sol étrangement propre, se demandant sans doute s’il avait rêvé le sang qu’il avait vu en sortant. Puis avec un sourire, il le remercie d’avoir nettoyé. Alban hausse les épaules, un peu confus, comme pour dire que ce n’était rien. Ou plutôt…

« C’était quand même la moindre des choses. »

Ah, la sourde impression d’être redevable. Nettoyer n’était pas grand-chose, mais ça lui permettait de s’excuser de la peur qu’il avait collée au prêtre. Il n’avait pas franchi la porte de la chambre, déjà parce que son petit frère y dormait, ensuite parce que ce n’était pas son domaine. Ça le gênait déjà assez d’y être entré sans invitation quelques instants plus tôt. Kyan, qui s’assied à côté de lui, partage le repas tandis qu’il reprend la parole en se qualifiant de banal. Le prêtre le regarde comme s’il avait dit une énorme connerie, avant de répondre qu’il pouvait se qualifier de beaucoup de choses, mais certainement pas de banal. Ça arrache un demi-sourire au jeune loup. Il n’a pas tort. Il avait le pouvoir d’intimider et terrifier les gens. Il pouvait soigner et aggraver les blessures. Que pouvait-il faire d’autre ? C’est vrai, il n’était pas banal.

« Déjà, depuis quand tu as ce genre de manifestations ? As-tu d'autres facultés que de faire peur aux gens ? » Le jeune loup arrête de manger, et semble réfléchir. Comme s’il voulait lui répondre le plus honnêtement possible. Mais en réalité… N’en parle à personne, avait dit sa mère. Il ne le connaissait pas, ce prêtre. Il s’était, certes, montré des plus serviables en prenant soin de Silas, puis de lui juste après, malgré la trouille qu’il lui avait causée, mais on l’avait assez mis en garde. Ceux au courant de ses pouvoirs chercheraient à en tirer profit. Comme le Royaume. Il ne savait pas trop comment le Royaume avait su pour ses pouvoirs - son connard de vieux avait dû vendre la mèche - mais il se retrouvait à jouer les soigneurs chez eux contre la promesse d’un peu d’argent, qui lui permettait de payer sa dette et de s’assurer que son petit frère vive bien. Est-ce qu’il devait en parler ? Non.

« Non, je ne pense pas ? Je ne me suis jamais posé la question, cela dit. J’ai déjà assez à penser entre mon boulot, la nourriture du jour avec l’électricité qui manque, et l’éducation de Silas. »

Il hausse les épaules en grignotant son sandwich. S’il ne sait pas trop où Kyan veut en venir, la conversation commence à devenir bizarre maintenant que le prêtre commence à parler de familles d’entités et de puissance. Il s’approche sensiblement, mouvement qui n’échappe pas à Alban. Immédiatement, la méfiance prend le pas sur ce qu’il pouvait penser à la base, et si son aura ne se déclenche pas - il n’est pas vraiment en danger, là - il la sent quand même s’éveiller dans son esprit, n’attendant que son ordre pour se répandre autour de lui tel une meute de loups protectrice. Non, décidément, la tournure que prend la conversation ne lui plaît pas beaucoup.

« Entends-tu des voix, Alban, ou agis-tu parfois comme si quelque chose te guidait ou t'en donnait l'ordre ? » Le silence qui suit cette question est immédiat. Il ne prend même plus la peine de faire semblant de réfléchir tellement sa méfiance grandit à mesure que les secondes s’égrènent. S’il dit oui, il admet qu’il est fou. T’es pas fou. S’il dit non, il admet qu’il est un menteur. A l'aide ? Il suffisait juste de demander. Pousse-toi, je gère.

« J’en sais rien, finit-il par admettre un peu malgré lui. Enfin, je n’entend pas de voix. Juste une seule, mais inutile de rentrer dans les détails. Quant à agir comme si quelqu’un m’en donnait l’ordre, non, pas vraiment. C’est juste… Ma volonté, j’imagine ? Quand je suis trop, hmm, malade pour gérer, je la laisse prendre le dessus pour que ça n’impacte pas Silas. Un peu comme un pilote automatique quoi. »

Malade. Quel joli mot pour dire dépressif. Ce n’était pas quelque chose qu’il pouvait soigner, malgré les médicaments qu’il s’enfilait, les plantes de Siobhan et son propre pouvoir de guérison, bien inefficace sur ça pour une raison qui lui échappait. Et c’était assez emmerdant, pour le dire presque poliment. Il pouvait soigner les blessures ouvertes, ressouder les os, faire disparaître les fièvres, effacer les grippes, mais il était incapable de soigner sa propre dépression ? Quel bordel. Doucement, il retourne à son sandwich, essayant de calmer la méfiance qui s’était installée. Ça devenait compliqué. Kyan avait été beaucoup trop direct et Alban n’était plus vraiment motivé à parler des auras, surtout si c’était pour qu’on lui pointe ses propres bizarreries du doigt comme ça. Il avait bien conscience que quelque chose ne tournait pas rond chez lui. Son pouvoir de guérison lui venait de sa thaumaturgie, comme sa mère. Mais voilà qu’il apprenait que faire flipper les gens, ce n’était pas normal ? Entre ça, et le fait qu’il soit asexuel, avec un gosse à charge, pas étonnant qu’il galère autant à se trouver quelqu’un, le jeune loup solitaire.

Il allait rajouter quelque chose, changer de sujet, n’importe quoi, mais le grincement d’une porte qui s’ouvre lui fait aussitôt tourner les yeux. Oublié, le prêtre, il n’y a plus que le petit bonhomme qui trottine vers lui dans son champ de vision. Il s’approche timidement, et finalement, s’accroche à son bras en le fixant de ses grands yeux bleus. Tu es encore fâché ?, semblait demander son regard un peu inquiet. Abandonnant son sandwich, Alban ébouriffe les cheveux de Silas avant de le prendre dans ses bras, le soulevant sans difficulté pour s’asseoir sur ses genoux. Le petit se love tout naturellement contre son grand frère, ramenant ses pieds nus contre lui pour ne pas avoir froid. Confiance. Et difficile de douter, maintenant, qu’ils étaient bien de la même famille. Ils se ressemblaient énormément, même si Alban avait vingt ans de plus.

« Ça va, louveteau ? »
« Tu m’as fait peur… »
« Désolé. Ça ne se reproduira pas. Promis juré. »

Le petit garçon esquisse un léger sourire. Si son frère promet et jure, alors ça ne se reproduira vraiment pas. Alban hésite à le renvoyer au lit - mais Silas n’a pas l’air d’avoir sommeil, et après la frayeur qu’il a ressentie en le perdant dans la foule, il préfère encore l’avoir au plus près de lui. Maman poule. Un bras serre Silas contre lui, l’autre se tend pour récupérer le sandwich abandonné un peu plus tôt. La conversation des auras est terminée - on ne parle pas de choses pareilles devant un enfant.

« Il ne doit pas y avoir foule, dans l’église, avec la coupure de courant, change-t-il placidement de sujet. Quoique. C’est peut-être dans ces moments-là que les gens veulent se rapprocher des dieux plutôt que de rester seuls chez eux. »

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Cave Lupus - Dim 22 Mar - 10:07

 
Je ne te ferai pas de mal ...



Une réponse vague vient finalement après quelques instants de réflexion. Je suis allé trop vite, je le sais à présent et il est trop tard pour vouloir ravaler ses questions. En fait, qu'il ne sache pas s'il a un autre pouvoir ou pas peut se tenir, après tout, les dieux humains et les créatures appréhendent différemment leur pouvoirs. Il paraît que pour nous, c'est beaucoup plus facile, mais quelque chose sonne faux : le manque de curiosité, comme s'il était simplement atypique de pouvoir faire peur aux gens par le poids de la volonté et que le quotidien est trop pesant pour vouloir en savoir plus.

Encore une fois, la réponse aux voix reste vague. Soit Alban a peur de moi ce qui serait étrange parce qu'il a bien vu que je suis totalement inoffensif, soit c'est l'homme le plus détaché de sa nature divine du monde. Ou alors il ne souhaite simplement pas en parler contrairement à ce qu'il m'a dit. Sans doute a-t-il ses raisons et je ne me permettrai pas de juger.

Je faillis rebondir sur le terme 'malade' mais je me ravise au dernier moment. Visiblement, il ne veut pas en parler, il est méfiant ou pas assez curieux. C'est dommage.

"Quand tu te sentiras de vouloir en parler, n'hésites pas à venir me trouver. Je peux t'aider à mieux comprendre ce qui se passe."

C'est alors qu'un faible craquement se fait entendre dans l'église. Le petit s'est réveillé et vient nous trouver, probablement guidé par nos voix et nos pas. Le visage soucieux d'Alban se change pour un soulagement palpable. Avant que Silas ne soit à portée de voix, j'ajoute rapidement :

"Ce genre de manifestation peut-être héréditaire, cela peut le concerner lui aussi. Tu ne pourras pas fuir les réponses éternellement."

Avoir une vie normale est sans doute déjà passablement compliquée alors si on ajoute le fait d'être orphelins et d'avoir des pouvoirs incontrôlables... Oui, cela permet d'avoir une adolescence et un avenir repli de complications. Juste avant que le petit soit dans les bras de son grand frère, je conclus.

"A toi de voir. La balle est dans ton camp."

Au moins, le grand frère n'a réellement pas l'air d'être un danger pour le petit. Inutile donc de mêler effectivement la police ou les affaires sociales pour ça, si les deux pouvaient vivre ensemble, je n'ai pas à juger. Ils s'aiment et c'est l'essentiel. Le tableau de les voir s'étreindre sur les bancs de l'église me fait sourire.

Finalement, une question totalement nouvelle arrive sur le tapis. Une curiosité ou une manière de changer le sujet ? Peu m'importe en réalité.

"Je n'officie plus guère ces derniers temps, effectivement. Je préfère ouvrir librement l'église aux gens le soir, je distribue parfois des plats chauds et des bougies pour ceux qui en ont besoin... Cela attire pas mal de monde parfois. En ce moment, je pense que beaucoup de personnes ont besoin de chaleur humaine et de réponses."

Au moins, ils ont un endroit avec de la lumière où se réunir et, pour le moment, je n'ai eu aucun débordement.

"Du coup, tu fais quoi comme travail ? Tu es toujours étudiant ?"

Il a l'air si jeune et si fragile avec son frère ainsi serré dans les bras que je me demande sincèrement comment j'ai pu avoir aussi peur de lui. Je me demande aussi s'il arrive à véritablement bien s'en sortir dans la vie.

On ne va plus parler de pouvoirs ni d'entités surnaturelle ... Pour le moment, mais j'ai vraiment envie d'en savoir plus sur cette étrange personne.

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Cave Lupus - Dim 22 Mar - 16:12

Cave lupus

Alban & Kyan


Silas, pour le coup, lui offrait une merveilleuse diversion. Mais alors qu’il trottinait vers lui, et qu’Alban était soulagé du brutal changement de sujet que son arrivée leur offrait - ils n’allaient pas parler de sujets pareils devant un enfant, non ? - le prêtre se permit une dernière phrase de précaution pour le faire réfléchir. « Ce genre de manifestation peut-être héréditaire, cela peut le concerner lui aussi. » Sans le vouloir, le jeune loup pâlit un peu. Un soupçon de peur passe dans ses yeux avant de disparaître quand il se tourne sans répondre vers son frère. Il ne peut pas laisser ça arriver. Tu n’auras aucun pouvoir pour empêcher que ça n’arrive, et tu le sais. Le petit garçon confortablement installé sur ses jambes, il ne peut s’empêcher de réfléchir.

La balle était dans son camp, avait dit Kyan. C’est vrai qu’il n’avait jamais pensé à ça, le jeune artiste. Et si jamais son frère développait les mêmes pouvoirs que lui ? Il se retrouverait obligé de faire comme sa mère, se battre et montrer les crocs pour empêcher le Royaume de s’intéresser à un potentiel nouveau soigneur. Voire, même, les rejoindre contre la promesse qu’ils laisseraient Silas tranquille. Il avait un peu de temps cependant, ses propres pouvoirs, après tout, s’étaient développés pendant son adolescence. Quel âge avait-il, la première fois ? Quatorze ? Quinze peut-être ? Il ne s’en rappelait pas vraiment ? Il se rappelait juste qu’à partir du moment où sa mère l’avait su, elle lui avait fait promettre d’être prudent, de n’en parler à personne, de ne pas en faire étalage. Moins de gens savaient, plus il aurait la paix. Il allait falloir qu’il veille à ce que Silas en fasse de même s’il développait les mêmes pouvoirs thaumaturges que lui.

Changement de sujet. Peut-être un peu brutal, pas vraiment très subtil, mais l’autre ne sembla pas s’en formaliser. Y avait-il beaucoup de monde à l’église, avec la coupure de courant ? Peut-être que les gens voulaient se rapprocher de Dieu, comme si ça pouvait sauver leurs âmes ou quoi. Eurgh. Si un Dieu quelconque existait, il ne devait pas en avoir grand-chose à foutre de ses ouailles vu le cloaque immonde qu’était le monde. Entre la pauvreté, la guerre, les maladies, et tout ce que ça entraînait, Dieu avait un peu négligé son taf - à moins que, comme dit, il s’en tape complet. Mais apparemment, ce n’était pas pour la religion que les gens venaient, mais pour rester ensemble en ces heures sombres. Ça sonne quand même très religieux. Repas chaud, chaleur humaine et réponses.

« Et ils peuvent vraiment trouver des réponses ici ? »

Le ton se veut interrogateur, mais il cache difficilement le scepticisme du non-croyant, ou plutôt de celui qui y a peut-être cru un jour et qui, finalement, a décidé d’arrêter pour plusieurs raisons. Trop de contraintes, trop de contradictions, trop deaimez-vous les uns les autres mais seulement sous certaines conditions qui ne lui plaisaient guère. En quoi ça pouvait gêner le bon Dieu, qu’un homme couche avec un homme ? Le but du tout n’était pas la reproduction - et puis on va pas se mentir, ils étaient assez nombreux sur cette poubelle géante que ses pseudo-semblables osaient appeler leur planète, comme si elle leur appartenait quand c’était plutôt l’inverse. Kyan ne lui répond pas de suite cependant, préférant lui demander ce qu’il faisait dans la vie. Etudiant ? Ah, si seulement. Avoir abandonné ses études lui pesait encore sur l’âme. Mais pour le bien-être du petit bonhomme dans ses bras, actuellement en train de lutter contre le sommeil, il aurait abandonné bien plus que ses rêves.

« Non, plus maintenant, répond-il calmement sans entrer dans les détails, que Silas ne croit pas qu’il était un frein aux ambitions - inexistantes - de son grand frère. Je travaille dans une galerie d’art indépendante sur Cornucopia District. »

Et franchement, il y était plutôt bien. C’était un peu loin de chez lui, il se levait assez tôt pour emmener Silas à l’école avant d’y aller, mais avec son master of fine arts, il avait pu négocier certains avantages très sympathiques. Il commençait plus tôt, vu qu’il arrivait avant l’ouverture, mais finissait plus tôt aussi, pour aller chercher son frère à l’école. Son salaire était légèrement plus élevé que prévu grâce à ses six années d’études en arts. Le patron, irlandais, l’aimait bien et lui faisait confiance, suffisamment pour le laisser squatter quasiment toute la nuit quand Silas allait dormir chez un copain de classe. Il pouvait y squatter le wifi, la lumière et le chauffage. Non vraiment, niveau taf, il était très bien servi.

« Et il vend ses dessins ! »

Silas, qui luttait encore contre le sommeil, voulait apparemment participer à la conversation, arrachant un léger sourire à son frère. Vrai. Il vendait ses dessins sur Internet ou à quelques personnes qui s’y intéressaient. Ça lui faisait des sous sur lesquels il ne crachait pas, vu la hauteur du montant de sa dette au Royaume.

« Oui, enfin, quand j’y arrive. Les gens pensent toujours que c’est une passion… Comme si la visibilité payait le loyer. »

Son sarcasme à peine méprisant tranche dans le calme des lieux, mais sa main qui ébouriffe les cheveux de son frère atténue le tout. Franchement, les gens pensaient-ils vraiment que parce qu’il dessinait par plaisir, il n’attendait pas des dollars au moment de l’achat ? Non, la visibilité ne paierait jamais ses factures et ne lui permettrait pas d’acheter à manger pour son frère et lui. Pour aussi patient qu’il puisse être avec ses clients, il s’emportait toujours assez vite quand on refusait de le payer parce que c’est trop cher, parce que la passion, parce que ceci, parce que cela. Bon dieu qu’il pouvait détester l’espèce humaine et son avidité pingre. Cependant, maintenant qu’il y pensait, vu que Silas participait à la conversation, il fallait qu’il l’empêche de -

« Et parfois il travaille la nuit. Silas lève les yeux vers lui. Tu fais quoi la nuit, Alban ? »

Le grand frère tourne rouge de gêne. Oh misère, le prêtre allait penser qu’il vendait son corps. Bon, ce n’était pas un sot métier - comme il le disait en raillant, sa mère n’avait pas ramené deux bâtards en étant PDG - mais l’idée que lui puisse faire une chose pareille était assez rebutante. Par contre, dans sa tête, l’image mentale faisait bien rire l’autre. Oh bah quoi, tu veux pas tester ? On peut demander à Ana, il serait ravi de nous apprendre ! Gêné, il se racla la gorge, avant de taper doucement la tête de son frère pour lui signaler que là, par contre, il fallait qu’il arrête de parler.

« J’aide des amis. Et ça paie bien. »

Fin de la discussion. Il ne parlerait pas de ses activités nocturnes - pas devant Silas. Que le prêtre pense qu’il vendait son corps, s’il le voulait ; c’était plus facile que d’avouer qu’il trempait dans l’illégalité en servant de soigneur au Royaume. Ce serait aussi admettre qu’il possédait des dons autre que celui de faire flipper les gens. Quoique, il pouvait toujours dire qu’il combattait. Son aura intimidante était une preuve suffisante, et puis, bon, il avait quand même un dan de krav-maga, c’était utile pour latter violemment les gens.

« Et vous, alors ? Changement de sujet, mais réelle curiosité. Qu’est-ce qui peut pousser un homme à devenir prêtre ? »

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Cave Lupus - Dim 22 Mar - 20:56

 
Je ne te ferai pas de mal ...



Je me raccroche à la nouvelle conversation sans problème. Mais la première question du jeune Alban vient sur un ton plus que sceptique.

"Des réponses à leur problèmes, oui ! La faim, le froid et le manque de lumière pour le moment. Parfois quelqu'un a besoin d'un coup de main pour un peu de bricolage ou garder un enfant. Il y a peu d'endroit où ils peuvent trouver tout ça. C'est ce que j'essaye de proposer ici."

S'ils s'attend à recevoir des réponses d'ordres religieuses, il sera assez déçu. Cependant, je ne pense pas qu'il soit de ceux qui défendent la religion corps et âme mais cela ne me dérange pas, on n'a jamais rien gagné à prêcher un converti, et ni lui ni moi n'était là pour ça.

Je ne peux pas m'empêcher d'être surpris quand il me dit son activité. Une galerie d'art sur Cornucopia District, le quartier branché ? Voilà qui tranche avec ... tout ce que j'avais pu imaginer, en réalité. Je souris, ravi de m'être trompé. C'est dommage que je n'ai pas plus de sensibilité que ça à l'art pictural, j'aurais sans doute pu le croiser dans ce genre de circonstances avant de le voir débarquer chez moi couvert de sang.

Le petit bonhomme que je croyais endormi ajoute une précision intéressante au tableau. Alban dessine et vend ses dessins, cela m'a l'air réellement compliqué de vivre de son art. C'est ce que j'ai failli faire moi-même si la vie avait été différente. Mon impression m'est confirmée : l'argent ne coulait pas aussi facilement que la plupart des gens peuvent le penser.

"Ce n'est pas parce que c'est qu'une passion qu'elle ne peut pas être récompensée d'argent..."

- Dixit le mec qui est contre la prostitution ! -

Certes, sauf que si le sexe peut-être monté au rang d'art, la prostitution ne lui rend certainement pas justice. Et non, mon corps n'est et ne sera jamais ton gagne-pain !

- J'me tais ... -

Encore une petite interruption de Silas qui avoue que son grand-frère fait un travail de nuit inconnu. Je fronce les sourcils. Beaucoup de gens cumulent plusieurs jobs pour arrondir leur fin de mois, seulement ... qu'en est-il de Silas pendant ce temps ? Reste-t-il seul à la maison ? Cela m'inquiète mais je n'ose pas poser la question, pas tout de suite.

"... Je vois."

La conversation vient sur moi. Sujet triste et assez inintéressant comparé à ce qui vient d'être dit. Comment mes confrères sont-ils devenus prêtre ? J'ai tellement envie de donner une réponse vague pour donner le change, ne pas apitoyer Alban de récits d'enfance... mais j'avais envie de l'aider à s'ouvrir et pour cela, il fallait forcément en passer par mon propre passé et mon vécu.

"Mes parents n'étaient pas croyants du tout. Ils étaient même plutôt contre la religion. Je suis né en Yougoslavie et quand la guerre civile a éclaté, les deux se sont fait tués par un soldat entré chez nous. Il avait soif de sang et quand il s'est retourné sur moi et mon frère, j'ai vraiment cru que ma dernière heure était arrivée. C'est alors qu'un prêtre est entré et l'a tenu en respect en brandissant une croix. Un simple prêtre, désarmé, face à un homme avec un homme avec un fusil de chasse, a totalement dominé la situation. Je pense que c'est cette simple image qui m'a poussé dans ma voie."

Si mes souvenirs d'enfance peuvent parfois s'étioler avec le temps, celui du prêtre, mon sauveur, qui se tient dans l'encadrement de la porte et se place entre mon frère et moi, la cuisine baignée de sang ... Celui-là restera quoi qu'il arrive gravé dans ma mémoire jusqu'à ma mort.

"Moi et mon frère avons été adoptés par le prêtre et ramené en Amérique peu après. Il n'a jamais cherché à nous convertir mais j'avais déjà fait mon choix. Mon grand frère a choisi l'armée pour sa part."

D'une certaine manière, Alban tenant Silas dans ses bras me fait miroiter l'image de mon frère et moi. Seuls contre tous, ayant du mal à nous adapter à cette nouvelle vie sans parents avec comme seul tuteur un vieux prêtre bienveillant dont nous avons eu du mal à comprendre les actes.

"Je me considère comme excessivement chanceux dans cette histoire. Une différence dans mon histoire, même infime, aurait pu me coûter la vie."

C'est par la suite que Dieu a décidé de tester ma foi, de reprendre cette chance insolante qui m'avait animée, de me faire douter de moi-même, de m'interroger sur ce qui arrive à notre monde, de me méfier de Son existence. Qu'arrive-t-il a notre monde pour doter les hommes de pouvoirs surnaturels ? Que certains d'entre eux pensent même être le réceptacle de dieux et que j'hérite de la seule créature qui est l'exact opposée de la totalité de mes convictions ?

"Tu comprends pourquoi je tiens tant à te venir en aide à présent."

Malheureusement, je ne peux rien parler d'autre devant l'enfant. Sinon, j'aurais pu raconter jusqu'où cette incertitude m'avait poussée, mais les tentatives de suicides ne sont certainement pas de bonnes histoires à dire avant de dormir.

"D'ailleurs, si tu veux, vous pouvez dormir ici ce soir, sauf si tu veux que je vous raccompagne."

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Cave Lupus - Ven 27 Mar - 23:09

Cave lupus

Alban & Kyan


S’il voulait juste changer de sujet, Alban est servi. Il semble avoir des choses à dire, le prêtre, une fois lancé sur son passé. Une histoire triste peut-être, jusqu’à ce qu’il croise le chemin d’un homme de Dieu ? Alban n’avait pas beaucoup d’affection pour la religion. Les plus grandes guerres avaient été faites en son nom. Les Croisades, la Shoah, le Djihad, tout était motivé par une religion et l’expansion - ou la destruction - d’un dieu ou d’un peuple dont l’un des préceptes était tout de même aimez-vous les uns les autres. La religion était hypocrite. Pourtant, quand il la raconte, le prêtre, c’est différent.

Yougoslavie, et la guerre. Il n’aime pas beaucoup les guerres, Alban, il est non-violent, du moins essaie-t-il de l’être dans un monde où la loi du plus fort est la meilleure Quand lui galérait avec son père, Kyan avait connu la guerre, la mort, qu’il avait regardée en face jusqu’à ce que - comme attendu - le fameux homme de Dieu se pointe comme un héros, crucifix brandi devant une arme à feu. Pourquoi il n’était pas mort tenait du miracle, et Alban a un peu de mal à croire à cette histoire. Un militaire, milicien, quoi que ce soit d’autre, avait laissé le prêtre s’en tirer comme ça, alors que d’une rafale il aurait pu le réduire au silence ? Il est peut-être trop cynique vis-à-vis de la religion. Sa mère, si elle l’avait entendu penser, aurait froncé les sourcils pour lui intimer d’être moins méprisant et d’ouvrir un peu plus son esprit. Alors d’accord. Un prêtre avait fait ça, et il avait survécu.

Les deux jeunes avaient été adoptés par le prêtre - à nouveau, cela lui semblait un peu bizarre, n’auraient-ils pas dû atterrir dans un orphelinat, ou un truc comme ça ? - et ils s’étaient envolés pour l’Amérique. Chacun avait trouvé sa voie. L’armée pour l’un - étrange, vu l’histoire qu’il racontait - et la religion pour l’autre. Bizarre, que la vie puisse prendre des embranchements pareils. Mis à part le couteau de cuisine avec lequel son père l’avait menacé, une fois, Alban n’avait jamais tenu d’arme de sa vie. Peut-être parce qu’avec ce couteau, il avait profondément ouvert la main de sa mère, qui aurait pu rester paralysée s’il ne l’avait pas soignée l’instant suivant, la panique faisant trembler ses gestes d’ordinaire si sûrs.

Et il se considérait comme chanceux, Kyan. Un rien aurait pu lui coûter la vie. Un petit caillou, malencontreusement placé dans la rivière, et l’embranchement aurait été différent. Il serait mort. Ou pas. Il traînerait encore dans les rues yougoslaves. Le monde était fait de tel manière que le moindre choix influençait une vie - mais ce n’était pas la volonté de Dieu, continuait-il à penser. Chacun était responsable de ses actes. Pour Alban, il était plus facile de penser que ses erreurs et réussites ne dépendaient que de lui, plutôt que de tout confier à un être supérieur. Pourquoi se prendre la tête, si tout est écrit, si le pardon est assuré contre une simple prière ? Mais oui, il comprenait pourquoi le prêtre tenait à leur venir en aide. Même s’il n’aimait pas ça - il détestait avoir l’impression qu’on avait pitié de lui, le jeune solitaire - il comprenait.

« Oui, je comprend. Il ne parle pas très fort, pour ne pas réveiller Silas endormi contre lui. Enfin, je crois. Quand j’étais plus jeune, ma mère allait prier toutes les semaines, et elle m’emmenait avec elle. En grandissant j’ai continué à y aller, pour la voir et lui faire plaisir. Mais si j’ai été croyant, ça c’est très vite dissipé. Peut-être qu’il blasphème. Peut-être pas. Quand elle est morte, j’ai tout simplement arrêté d’y aller. Je n’en vois plus l’intérêt, vu qu’elle est plus là. »

Il garderait le reste pour lui. Le rejet violent qu’il avait ressenti. Le dieu qu’elle priait ne l’avait pas protégée. Il ne protégeait personne. Guerres, famines, morts, pollution, destruction, et là-haut, ça ne faisait rien pour arranger la situation. Il en avait eu assez de prier pour un feignant qui regardait le monde partir en lattes sans broncher, qui s’était certainement détourné d’eux - ou qui n’existait peut-être même pas, en fait. Mais ça, il en avait conscience, ce n’était pas le genre de choses à dire à un prêtre, sauf pour partir dans des discussions religieuses qui pouvaient durer toute la nuit. Qui pouvaient aussi être très intéressantes, il n’en doutait pas, mais Silas dormait dans ses bras, et Kyan l’avait bien vu. Voilà qu’il leur proposait maintenant de dormir ici - et il devait sans doute savoir qu’Alban allait refuser. Il n’aimait pas trop dépendre des autres, et il ne voulait pas trop rester sur place alors qu’il avait un appartement - froid et sombre, certes, mais son appartement quand même - à quelques minutes à pied.

« Oh, non, on va s’en aller, je pense que j’ai causé suffisamment de bazar pour une seule soirée, plaisanta-t-il sans vraiment plaisanter. Et puis on n’habite pas très loin. Mais merci quand même. »

Il se relève doucement, son frère contre lui, son sac qui pend encore dans sa main. Il ne prit que le temps de ramasser la veste de Silas pour le couvrir avec, et il s’en alla, non sans avoir poliment remercié le prêtre et lui avoir souhaité une bonne soirée. Et quelle soirée. Dire qu’à la base, il était juste sorti acheter à manger, hein.

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