L'horloge, entêtante et envoutante, claque de façon hypnotique.
Tic, toc. Tic, toc. Tic, toc.
Regarde la fenêtre. Perds toi dehors. Dévore ce monde qui t'appelle, jour après jour, minute après minute. Oublie un instant ce fauteuil vide qui te sépare de ta liberté.
Fauteuil.
Un rendez-vous imposé. Un examen routinier. Un deuxième avis. Tu te laisses faire car tu attends ton heure. C'est bien. Tu as appris ta leçon. Je suis fier de toi. Ces pulsions sanguines qui remontent à la surface doivent être contenues si tu espères un jour pouvoir de nouveau fouler le sol d'une rue ou d'un trottoir.
Tic, toc. Tic, toc. Tic, toc.
Fenêtre.
Une colombe qui s'évade, s'élevant dans les airs. Légère, si légère ... Que tu aimerais lui rompre le cou. Dans tes songes, tu la plies en deux sans réfléchir à deux fois. Là-haut, la colombe continue de s'élever. Contrairement à toi, elle a le droit de s'échapper.
Tic, toc. Tic, toc. Tic, toc.
L'attente serait insoutenable pour quiconque d'autre que toi. Te concernant, elle t'ennuie, plus qu'autre chose, n'est-ce pas ? Ça se ressent. Tu as beau ne pas avoir envie d'être là, tu n'as aucune impatience de rentrer dans ta chambre. Le pouvoir des personnes enfermées contre leur gré, c'est que le temps n'a plus aucune emprise sur eux : lorsque tout s'apparente à une prison, tout semble être punition. Lorsque tout se ressemble, plus rien n'effraie.
Toi, tu ne ressembles à rien.
Prison.
Les barreaux sont facultatifs, la geôle ne l'est pas. Tout est question d'apparences. Inutile d'enfermer dans des boites en métal lorsqu'il est plus efficace d'enfermer l'esprit. Mais l'erreur a été commise. La boite de Pandore, ouverte. Et le mal qui grandissait en toi ne tardera pas à être déchaîné sur la terre entière. Lorsqu'ils penseront à refermer la boite, ce sera déjà trop tard.
Tic, toc. Tic, toc. Tic, toc.
Tu pourrais attendre une éternité sans te lasser davantage.
BLAZE : thinkky CREDITS : (c) kaotika / gif: nerissa FACE : Felicity Jones DOLLARS : 1973 SACRIFICES : 216 PORTRAIT : ANNEES : (trente-quatre ans), l’horloge tourne, le temps s’accélère, défile devant les pupilles amorphes, et l’esprit bien trop concentré sur le travail. CŒUR : (Célibataire), l’ex en cavale, le coeur en miettes, et le temps offert à sa carrière. S’attacher n’a jamais été de premier ordre, bien au contraire. Plus elle s’éloigne, mieux elle se porte. RÉINCARNATION : Oiseau de mauvais augure, banshee dont les cris percent autant les tympans que les vitres. TALENT(S) : (Cri Strident) - (Méduimnité) FACTION : (Neutre), loin des préoccupations des mafias, loin des êtres divins. Innocence traquée, réclamée par ceux qui estiment qu’elle leur revient de droit. Protection planant au-dessus de l’âme brisée. OCCUPATION : (Psychiatre), entourée de fous, de désespérés. Elle-même sombrant dans les méandres d’un esprit au bord de l’implosion. (Ex-médecin urgentiste), bénévole dans des pays dont les guerres feraient pâlir d’horreur les divins d’Arcadia. Rôdée à toutes les situations de crise, n’en déplaise à la Ville. GENÈSE : (Stade 3), créature TALON(S) D'ACHILLE : Ses patients. Son travail. Sa logique et sa raison. La mémoire qui refuse de se faire la malle.
Le dossier était tombé comme un cheveu sur la soupe sur son bureau. Bon, elle en entendait parler depuis quelques jours, quelques semaines, de ce jeune homme, interné et surtout muet. Plusieurs collègues avaient tenté de s’approcher de lui, sans réelles intentions de lui venir en aide, sans y parvenir. Bronach faisait partie de ceux-ci, bien que Dahlia espérait secrètement que la plainte qu’elle avait déposé contre l’autre femme aboutisse. Un soupir quitta ses lèvres. Tant d’histoires lui prenaient l’esprit ces derniers jours, néanmoins, les patients n’attendaient pas. En fait, l’américaine retombait dans ses torts les plus virulents. Les autres redevenaient une priorité, même quand la vie s’écroulait. De toute façon, il n’y avait personne pour le lui faire remarquer. Les autres êtres autour d’elle finissaient seulement par partir, par se détacher. Les liens, les fils entre eux étaient bien trop tenus pour résister. On lui préférait d’autres personnes, et inconsciemment, elle s’était habituée à ces mouvements, elle qui pourtant préconisait les relations auprès de ses patients, leur rappelait que des amis, de la famille, c’était ce qui pouvait les stabiliser, et les aider à s’en sortir. Dommage qu’elle ne cesse de tourner le dos au bon sens…
Un léger coup contre la porte du bureau, pour attirer à son attention, et le masque de professionnelle retrouva sa place sur son visage, effaçant l’inquiétude de ses traits. La blouse blanche fut rapidement lissée, le dossier attrapé et glissé sous le bras. Son métier n’attendait pas, et si elle avait décidé de voir Seth aujourd’hui, c’était simplement pour discuter, pour comprendre les raisons de son mutisme. Alors certes, cela s'apparenterait certainement à un dialogue de sourd, mais ce ne serait pas la première fois pour elle. Combien de gamins avait-elle accompagné à la sortie d’un bombardement, pendant les années passées dans les zones de conflit ? Le choc provoqué par tout cela sur leurs esprits était monstrueux, et l’américaine avait fini par simplement parler pour deux, par chercher à comprendre leur langage corporelle, à défaut qu’ils puissent mettre des mots sur leur vécu. Patiente, Dahlia l’était certainement, cependant, à ses yeux, on ne pouvait se prétendre médecin si l’on brusquait les autres. Ou alors, il fallait avoir une excellent raison de le faire, que cela fasse partie de la thérapie, du processus. C’était pour cette raison que beaucoup de ses collègues aujourd’hui ne méritait guère l’appellation de psychiatre dont ils s’affublaient.
Les pas s’arrêtèrent devant la chambre. Froide. Immaculée. Ecoeurante. Aseptisée. Les années passées, et aucun directeur n’avait voulu écouter sa demande pour changer cette décoration archaïque. Trop cher de le faire, puis y’avait rien en retour…
Les pensées se vidèrent, à l’instant où les doigts se posèrent sur la poignée. Professionnelle avant tout. La porte se referma derrière elle, écrin qui les séparait du monde extérieur. Du vrai monde. « Bonjour Seth. » Pas un mot de plus, avant de s’asseoir sur l’une des assises de la pièce. « Je m’appelle Dahlia. Je ne crois pas que nous nous sommes déjà rencontrés. » Présentation faite, d’un ton calme. Juste calme. Pour ne pas infantiliser, pour donner de l’importance. « Cela ne vous dérange pas si je reste un moment ? » Même si elle n’attendait aucune réponse verbalisée. Montrer du respect, quand beaucoup d’autres crachaient dessus, avaient tendance à les enterrer, à refuser de les voir. Comme quoi, l’humanité, ça n’existait plus vraiment de nos jours…
Je sais que tu en as envie, mais crois moi: ce n'est pas la bonne façon de procéder. Attends. Laisse la venir à toi. Cultive le mystère. Tu ne voudrais pas lui faciliter la tâche de trop, quand même, si ? Ce serait bien dommage.
« Je m’appelle Dahlia. »
Dahlia, Dahlia.
Une fleur délicate, aux mille visages. Poreuse et ouverte, elle semble inviter le regard ainsi que le toucher. Sphérique, elle ne se referme jamais que sur elle-même. Un nid de complexités riches qui cultive un certain mystère. Ça ne te rappelle personne ? Ça devrait. Qui donc ? Allons, Seth. Ne fais pas le modeste. Je sais déjà tout de toi, ne l'oublie pas.
« Je ne crois pas que nous nous sommes déjà rencontrés. »
En disant ces mots, elle vient s'asseoir face à toi. Ne redresse pas ton visage.
Je sais que tu te sens observé. Je sais que ça met mal à l'aise. Je sais que tout ce que tu désires, c'est de pouvoir te relever afin de la secouer comme un prunier en espérant que des morceaux de sa cervelle retombent au sol avec mollesse et nonchalance. Mais tu ne peux pas. Trop de choses dépendent de cet entretien. Crois moi. Je ne désire que ça, moi aussi ... Mais nous ne voulons pas commettre la même erreur que la dernière fois, pas vrai ?
La dernière fois ...
C'est vrai. Tu ne t'en souviens pas. Moi, je m'en souviens. Et c'était délicieux. Mais nous n'avons pas été assez prudents, et maintenant, nous voilà ici.
Non. Il ne faut pas refaire comme la dernière fois. Alors surtout, ne redresse pas ton visage.
« Cela ne vous dérange pas si je reste un moment ? »
Bien sur que cela te dérange, mais ne lui dis rien. Son pouvoir sur toi commence lorsque tu lui donnes des choses à prendre. Une fois le processus enclenché, elle pourra te dérober tout ce qui t'est cher. Continue donc de jouer les agneaux. Feins la faiblesse fébrile qui t'a libérée lorsque tes médicaments ont été ajustés. Attends, en silence, qu'elle s'approche de trop près du gouffre abyssal qui sommeil en toi avant de l'y tirer sans le moindre avertissement.
Tu as été bien sage. C'est bon, tu peux la regarder, maintenant. Mais à une seule condition. Écoute moi bien, Seth: tu n'auras qu'une seule chance, alors ne la gaspille pas.
BLAZE : thinkky CREDITS : (c) kaotika / gif: nerissa FACE : Felicity Jones DOLLARS : 1973 SACRIFICES : 216 PORTRAIT : ANNEES : (trente-quatre ans), l’horloge tourne, le temps s’accélère, défile devant les pupilles amorphes, et l’esprit bien trop concentré sur le travail. CŒUR : (Célibataire), l’ex en cavale, le coeur en miettes, et le temps offert à sa carrière. S’attacher n’a jamais été de premier ordre, bien au contraire. Plus elle s’éloigne, mieux elle se porte. RÉINCARNATION : Oiseau de mauvais augure, banshee dont les cris percent autant les tympans que les vitres. TALENT(S) : (Cri Strident) - (Méduimnité) FACTION : (Neutre), loin des préoccupations des mafias, loin des êtres divins. Innocence traquée, réclamée par ceux qui estiment qu’elle leur revient de droit. Protection planant au-dessus de l’âme brisée. OCCUPATION : (Psychiatre), entourée de fous, de désespérés. Elle-même sombrant dans les méandres d’un esprit au bord de l’implosion. (Ex-médecin urgentiste), bénévole dans des pays dont les guerres feraient pâlir d’horreur les divins d’Arcadia. Rôdée à toutes les situations de crise, n’en déplaise à la Ville. GENÈSE : (Stade 3), créature TALON(S) D'ACHILLE : Ses patients. Son travail. Sa logique et sa raison. La mémoire qui refuse de se faire la malle.
Que ce soit un visage, une sensation, un mot. Elle portait tout dans sa mémoire, mémoire sans fond qui l’avait tant fait souffrir par le passé. Parce qu’elle se souvenait des gens, de ceux qui partaient sans laisser de traces, l’abandonnaient sur le bord du chemin, sans un regard en arrière. Elle se rappelait les rires, rapidement éclipsés par les pleurs, les visages mornes. Quoi que l’américaine fasse, tout s’inscrivait dans l’esprit, les bons comme les mauvais moments. Aucun traitement ne pouvait les faire taire, même si doucement, sûrement, sa raison se faisait submerger par les instants, par la rage, par l’injustice.
Elle n’oublierait jamais, quelle que soit la force, l’implication, qu’elle mettait dedans. Elle ne pouvait que retarder l’inévitable, à savoir la folie qui l’attendait au tournant…
Néanmoins, ce n’était guère le moment d’y penser. L’attention se tourna vers le patient et elle se mit à ignorer les mises en garde d’un esprit déjà malade. Le connaissait-elle ? Pourquoi, dans un éclat, les souvenirs de son agression étaient remontés ? Elle ne savait pas bien, ne connaissait pas tous les mystères du cerveau. La nature humaine, elle en connaissait certains rouages mais la neurologie, ce n’était pas son domaine. Et à vrai dire, cela ne l’avait jamais tant intéressé que cela, bien que dans son métier, l’utilité aurait été certaine.
Elle ne voyait pas le visage. Et à ses mots, seul le silence répondait. Même si elle s’y attendait, ça l’attristait, de se rendre compte que pour l’instant, la discussion serait à sens unique. Elle en avait l’habitude. Le dossier sur ses genoux, elle détaillait la silhouette prostrée face à elle. Aucune visibilité sur son visage, elle attendait juste désormais qu’il se redresse, se relève. Oh, potentiellement, une attaque pouvait survenir, cependant, Dahlia préférait penser au côté positif. Peut-être juste parlerait-il, évoquerait-il ses soucis. Il n’était pas une créature, qu’elle verrait sinon, mais peut-être la divinité avait-elle pris le dessus sur l’hôte ? Ce genre de choses pouvait arriver, non ? Ce serait une question à poser à la prochaine déité qu’elle croiserait.
De nouveaux mots, et un changement dans l’attitude de l’homme. Aucun mouvement de recul chez Dahlia, qui avait bloqué son corps dans un immobilisme parfait, néanmoins, la vision lui coupa le souffle. Il ressemblait étrangement au patient qui l’avait poignardée quelques années plus tôt.
Douloureuse respiration, elle passa la langue sur ses lèvres soudainement asséchées, sans se départir de la douceur de son sourire, de la franchise dans ses iris. Lui ne devait pas se rappeler.« Bien, c’est un premier pas. » Il la regardait, et même si son cœur loupait des battements, il fallait qu’elle souligne l’importance du contact visuel, de l’échange si futile soit-il. « Ca fait longtemps que vous êtes ici, certains veulent vous autoriser à sortir. » Aurait-elle une réaction positive à cette réflexion ? « Je viens pour donner un avis supplémentaire à cette demande. » Dahlia ne mentait pas. Elle avait appris à considérer tous ses patients, eux qui avaient besoin d’une main en plus, de confiance en soi. Ne pas être des monstres, pour une fois… Même si ça lui portera préjudice un jour.
