My tatoo for this leather

@jennie vesari ⊹ @lan yao

L’annonce était arrivée dans sa boîte aux lettres. Comme au bon vieux temps. Ca l’agaçait Jennie, elle qui aimait tant jouer sur les réseaux, commandait tout en ligne. Finalement, elle ne pouvait plus tenir, et depuis trois mois, ses stocks commençaient à diminuer. Le métal qu’elle utilisait pour ses armes était de moins en moins présent, tout comme le cuir. Il lui faudrait se réapprovisionner, surtout pour la création spéciale qu’elle avait en tête. Tout avait été teasé à Evgenia, qui n’était pas réputée pour sa patience. Donc, il lui faudrait trouver son morceau de cuir pour terminer la pièce, et la lui présentait dans les jours à venir…

Heureusement que le journal tombait au bon moment.

L’annonce sur le cuir lui donna instantanément envie. Et, sans attendre une seconde de plus, elle attrapa une veste, ses écouteurs et son porte-monnaie. Il lui faudra être rapide, elle se doutait qu’un tel bijou disparaîtrait dans les heures, si ce n’était minutes à venir. Alors, elle ne prit même pas la peine de prévenir sa sœur, qui habitait pourtant sur le même palier, et traversa les quelques rues qui la séparait de son précieux. Au pas de course. Presqu’euphorique, elle ne pensa pas une seule seconde aux autres prétendants à l’achat. De toute façon, elle gagnerait ce bout de cuir qui lui était destiné. C’était le sien.

Les doigts poussèrent la porte d’entrée dans un léger tintement. Tout ça pour voir une femme penchée sur son précieux. Tête haute, yeux prétentieux, elle s’arrêta au comptoir. « Bonjour, je viens récupérer mon morceau de cuir, comme prévu. » Assurance certaine alors que le mensonge glissait sur sa langue. De toute façon, elle savait très bien comment la situation se terminerait. Sinon, elle détruirait le quartier…

   

My tatoo for this leather

@jennie vesari ⊹ @lan yao

L’autre semblait vouloir jouer.

Elle croyait pouvoir gagner face à Jennie, dont les iris brillaient d’une lueur malsaine. Oh, quelle confiance en soi, de penser passer devant elle, lui voler un bien des plus précieux. Ce morceau de cuir était nécessaire pour l’élaboration de son futur produit. En fait, avec le blackout, il lui était impossible d’en obtenir un autre dans des délais raisonnables. Alors, même si elle devait tuer l’autre pauvre femme, elle le ferait. Jennie avait tout d’une folle, d’une personne dont les barrières avaient été brouillées dès le plus jeune âge. Sa sœur était une tueuse, son frère un avocat véreux pour qui la fin justifiait les moyens. Et finalement, elle avait adopté les doctrines de ses aînés, se moquant de cette normalité qui ne lui seyait pas.

« Oh, vous croyez vraiment ? » Voix fluente, amusement perceptible, le vendeur semblait pourtant prêt à prendre la fuite. Et il n’aurait pas eu tort. Les iris de la plus jeune luisaient d’une haine profonde. Si l’autre voulait jouer à la plus forte, elle perdrait indéniablement. Comment cette inconnue pouvait-elle se croire supérieure à elle ? Même si l’inverse était une questions à poser aussi. « C’est tout ce que vous lui donnez pour un tel morceau ? » Elle prit cet air hautain, pédant. L’argent pouvait être une bonne idée pour manipuler le vendeur, mais l’inconnue avait réveillé son esprit combattif. Jennie ne voulait pas seulement récupérer ce morceau, elle voulait faire souffrir l’autre. Lui rappelait qu’elle n’était rien, même si la gamine oubliait parfois que sa force, elle la devait à ses aînés aussi.

Les doigts s’arrêtèrent dans le vide, et sur effet de son esprit, d’une concentration plus intense, un poignard apparut entre ceux-ci. Matérialisation d’un de chez elle, aucunement invention de l’esprit devenue réelle. Celui-ci fut planté dans le comptoir. « Discutons avec ceci en plus maintenant. » Sourire malsain, folie dans les pupilles. Oh qu’elle oubliait la banalité de la vie humaine…