Where is the cat ? [Conchjan]

**Lucjan Gédéon**

Dans la cuisine,
Entre le réfrigérateur bombardé de photos familiales et de mains d’enfants et la commode un peu bancale,
À même ce sol aux carrelages datant d’une autre époque,
Se terre un petit panier en tissu aux couleurs criardes.

En son sein est précautionneusement installé un coussin assorti à ce trône.
Une pelote de laine bien entamée,
Une balle à grelot,
Et quelques répliques improvisées de rongeurs miniatures viennent parfaire le tableau.

Endroit silencieux.
Petit morceau de paradis reclus.

Il n’est que lorsque le magicien, distrait, vient percuter un objet bruyant de son pied de géant,
Qu’il le remarque.

@" Concepciòn Álvarez"
(100 mots)

Invité

Une balle de tennis ; tachetée vermeil.

De ta paume au plafond tu ne comptes que deux secondes. Rebomdissements cycliques. Une minute qui passe, à la texture de cent vies volées. Le moelleux de ce fauteil comme nuage provisoire. Cocon sécurisant.

Ton esprit baguenaude sur le fleuve de tes pensées. Qu'as-tu donc fait pour ainsi t'hasarder ?
L'arme du crime à peine dissimulée que tu fais voleter dans les airs.

Bientôt le courroux de ton bienfaiteur résonnera entre ces murs salvateurs.
Il pourrait bien t'en chasser.
Chat de Gouttière tu es et tu resteras.
Enfant languide, fuis.

@Lucjan Gédéon
(100 mots)

**Lucjan Gédéon**

Lucjan ignore depuis combien de temps le panier est vide.
Ou encore si un jour il a seulement été habité.
Dayanara avait été tout excitée à l’idée d’adopter un animal.
Elle l’avait choisi avec soin et détermination.
Le plus malheureux.
Le plus famélique.
Le plus improbable à trouver un jour un adoptant.
Il n’aurait pu en être autrement.

Sauf qu’il n’aimait pas les coussins.
Qu’il avait peur des grelots.
Et que c’est un chien errant qui avait fini par entamer la pelote.

Fait est que sa fille en étant d’autant plus bleue.
Histoire d’amour invraisemblable.

- « Feo ? »

Moche en Espagnol.

@" Concepciòn Álvarez"
(100 mots)

Invité

Refuge de cuir.
À la consistance de guimauve.
Tu aimerais t'y prélasser jusqu'à te faire engloutir.
Vautrée dessus comme une étoile de mer le ferait pour son rocher.
Un éclat de voix maintenant. Familier.
Un appel inquisiteur pour celui qui n'est déjà plus.
Vraisemblablement étalé non-loin de là.
La gueule à même le raisiné, barbotant dans le pourpre de cet océan sépulcral.

De marbre, tu ne quitteras ta caponnière que si l'on te le sommera.
Une oeillade qui se verrouille sur la provenance de ces interrogations, ton coude se presse contre l'accoudoir.

Attente haletante.

@Lucjan Gédéon

(100mots)

**Lucjan Gédéon**

Il ignore pourquoi l’absence de l’animal le marque à ce point.
Ils n’avaient jamais été proches.

Feo ne vivait que par et pour Dayanara.
Même au moment de l’accident.
Surtout au moment de l’accident.
Il avait été là.
Sur le porche de la porte.
Assis, droit et fier.
À l’image d’un canidé qui monte la garde.

C’est la première fois qu’il se montrait ainsi au grand jour.
Quand bien même il faisait nuit.
Et que la pluie détrempait le père en deuil.

- « Salut. »

Qu’il lui balance en pénétrant le salon.
L’œil à l’affut.

- « Tu n’aurais pas vu un chat ? »

@" Concepciòn Álvarez"
(100 mots)

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