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Your Truth Can Hurt (Echo)

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Your Truth Can Hurt (Echo) - Sam 14 Avr - 15:42


Your Truth Can Hurt



Il se passe la main dans les cheveux, nerveux. Le sentiment est habituel, presque familier, comme une vieille partie de lui. Il ne le quitte jamais vraiment, dans le fond. Entre les horaires de l’hôpital et les demandes de la Bratva, il n’a pas besoin qu’une autre source d’inquiétude ne vienne se rajouter à l’ensemble.
Assis au bord de l’eau, le roulis régulier des vagues a quelque chose de rassurant. L’odeur du sel fait remonter de vieux souvenirs de vacances passées à la mer avec ses parents. Il ne vient pas souvent ici. Il ne prend pas le temps pour le faire, mais il doit reconnaître que c’est agréable. Le soleil est haut dans le ciel, se reflète sur l’eau et l’éblouit presque.
Il a entendu, comme tout le monde, les rumeurs qui circulent sur la baie. Que l’on retrouverait un nombre surprenant de corps si on draguait l’eau. Ce sera un mystère à résoudre pour les futurs archéologues. Bien que des cadavres mutilés et lestés de plomb dans une zone humide, ça ne fait pas beaucoup de suspens.
Il observe les gens autour de lui. Plus loin, il y a un couple avec un enfant souriant. De temps en temps, il entend son rire faire écho jusqu’à ses oreilles et alors, ça le fait doucement sourire à son tour. Puis ça l'amène à penser à son frère et les commissures de ses lèvres retombent, ses sourcils se froncent alors que ses yeux descendent sur ses mains dont les doigts sont agités. Ça et les vieux souvenirs d’enfance familiaux, ça n’aide pas. Finalement, tout le ramène à la raison de sa présence ici.
La détective est chère, mais les bruits qui circulent à son sujet la disent efficace. Ce sont les mêmes genres de bruits qui l’ont poussé à l’appeler.
Tu sais pas ? C’serait le petit Kvasov qui aurait foutu le feu à leur baraque. Ouais … Y a que les fils qui ont survécu.
Daniil a vécu des années sans savoir qui a tué ses parents, mais les rumeurs ont toujours été douloureuses. Il n'en a jamais parlé avec Grisha. Pour lui dire quoi ? Pour l'accuser de les avoir faits orphelins ? Pour dégrader encore davantage les minces liens qu'ils ont réussis, péniblement, à sauvegarder ? Alors il a attendu longtemps et finalement il a entendu parlé d'Echo Nightingale. Il a hésité. Ça nécessitait de raconter son histoire et il n'aime guère faire ça. Le silence a le mérite d'être confortable, même si à la longue, il agit comme un poison efficace.
Et le voilà, au bord de l'océan à attendre la femme, qui, peut-être, enlèvera un grand poids de ses épaules. Ou en rajoutera un plus lourd. La vérité peut hanter bien plus que l'ignorance, il le sait, la Bratva le lui a appris. Il n'aime pas non plus savoir que cette potentielle révélation dépend d'une autre. Il est attaché à sa liberté et le voilà obligé de payer pour en apprendre plus sur la pire nuit de sa vie.
Dans un sens, c'est le moyen parfait pour vider ses poches de l'argent rouge et lourd de la mafia. C'est sans doute elle qui a tué sa mère. Et son père. Daniil n'a jamais aimé ce dernier. Alors il s'en veut de ne pas s'en vouloir pour sa mort. Enterrer son corps fut difficile. Ensevelir celui de sa mère le fut plus encore dans un terrain que les frères Kvasov n'avaient même pas les moyens de payer.
Cette enquête, c'est un pari à pile ou face. Des questions en moins et une conscience apaisée. Ou une haine envers l'être qu'il aime plus que tout, bien plus que lui-même.
Il regarde son portable, presque prêt à voir un message lui annonçant que le rendez-vous a été annulé. Il n’y a rien. L’heure fixée approche, il n’a pas pu s’empêcher d’arriver en avance. Ça fait un peu plus d’une semaine qui lui a donné son cas. Il ne sait pas à quoi s’attendre avec cette rencontre.

© TITANIA
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Your Truth Can Hurt (Echo) - Mer 18 Avr - 22:54

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Daniil Kvasov ∞ Echo Nightingale


La douce chaleur du printemps remplaçait enfin les jours glacés de l'hiver, la neige fondait depuis quelques temps déjà, et aujourd'hui, le soleil pointait le bout de son nez, des mois après sa disparition. Il cognait fort, brûlait la peau d'une façon absolument exquise et Echo ne pouvait s'empêcher de tendre son visage diaphane vers le ciel dégagé de tout nuages, appréciant la caresse subtile de l'éclat doré sur son front, ses joues, sa bouche. Vitamine D, tendre amie... Seul point positif auquel sa journée aurait droit. La sangle lui sciait la nuque et sur sa poitrine, l'appareil photo se balançait doucement, tapotant le cuir de sa veste tel le fidèle compagnon qu'il était. Quelques dossiers regroupés dans sa besace en cuir jetée à l'épaule, le pas vif, Echo se dirigeait vers le lieu où Daniil Kvasov avait proposé le rendez-vous. Kvasov, ou celui qu'elle allait se traîner pendant toute une enquête, de manière tout à fait exceptionnelle, le seul client qu'elle accepterait jamais d'emmener à ses côtés lors de sa quête d'indices – interrogatoires, fouilles illégales, mensonges.

Parce que l'enquête sur laquelle il lui avait demandé de travailler, se révélait une vieille histoire,  un fossile que le jeune homme ne parvenait pas à oublier et qu'il souhaitait dépoussiérer pour de bon. Un truc usé jusqu'à la corde, qui impliquait un incendie, un frère sur le fil du rasoir, perché là-haut entre le bien et le mal, et dont l'issue potentielle pourrait soulever des querelles fraternelles explosives. D'après ce que lui avait conté son client et ce qu'elle avait déjà pu récolter comme informations auprès de ses divers contacts à la mairie, une dizaine d'années plus tôt, un feu s'était déclaré au sein du foyer Kvasov, les flammes s'étaient propagées jusqu'à la chambre parentale, avaient tout brûlé sans rien laisser, excepté une pluie fébrile de cendres grises. Aucune piste, même si la criminelle avait été celle envisagée.

Raison précise pour laquelle, cette fois, la demoiselle avait souhaité la présence de Kvasov. L'affaire remontait, la bratva semblait impliquée et surtout, surtout, elle restait persuadée que Daniil pouvait se rappeler de faits, d'événements, de liens qui pourraient les aider à progresser, qu'il s'en souvienne ou non à l'heure actuelle. Même si les souvenirs n'affleuraient pas toujours à la surface, images faciles à capturer du bout des doigts, nombre d'entre eux restaient enfouis, à portée de main quand on savait où chercher. Ça, c'était nouveau, une détective qui ne comptait non pas sur les faits, mais qui comptait sur la mémoire des choses. De lui. Le garçon au bout de la jetée, celui qui contemplait si avidement la baie, qui inspirait si profondément le parfum iodé de l'écume.

Echo s'approcha silencieusement, le pas léger, humant à son tour les odeurs portées par la brise – la barbe à papa, vendue quelques mètres plus loin par un vendeur ambulant, le sable chaud, le sel de l'océan, vaste étendue marquée par la ligne carminée de l'horizon. Elle s'assit à côté de son client, les jambes ballantes au-dessus de l'eau, sans néanmoins tourner les yeux vers lui. « Sûr de vouloir continuer, M. Kvasov ? », demanda-t-elle simplement. Elle savait ô combien il était tentant de vouloir déterrer les secrets familiaux mais le prix de la vérité, souvent, lui, était bien trop ignoré par ceux qui l'exigeaient. Un prix qui ne demandait ni or, ni billets froissés, mais qui pouvait déclencher des guerres intrafamiliales qui ne connaissaient pas plus de fin que l'océan, lorsque vous le regardiez de la berge ensablée.

Elle tourna enfin les yeux vers lui, examina son profil déterminé ; il ne reculerait pas, elle pouvait le dire avant même avoir entendu sa réponse. Elle reporta son attention sur le gouffre de ténèbres bleutées au-dessus duquel se balançaient lentement ses boots usées, puis expliqua : « Quelqu'un va venir nous retrouver. Un vieillard acariâtre qui travaillait en tant que pompier à l'époque où vos parents... ». sont morts. Les mots s'estompèrent sur sa langue et elle ajouta rapidement ; « Il est l'un des premiers à être intervenu, le soir-là. Et cerise sur le gâteau, c'est un ancien de la Bratva. ». Pas besoin qu'il lui dise à quel clan il appartenait, Echo savait déjà. Et c'était bien en avançant cet argument que le vieux machin grognon – un certain M. Grylls – avait accepté de les rencontrer. Enfin, surtout lui. Echo fit claquer la langue contre son palais, agacée de cette condition sine qua non. « Il a accepté de vous rencontrer mais laissez-moi poser les questions. », précisa-t-elle. Coup d’œil par-dessus son épaule ; l'homme ne devrait plus tarder à les rejoindre.
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Your Truth Can Hurt (Echo) - Jeu 26 Avr - 18:20


Your Truth Can Hurt



- Sûr de vouloir continuer, M. Kvasov ?
Daniil finit par détourner le regard de la mer pour poser les yeux sur la femme assise à côté de lui. Il ne lui répond pas, emmêle ses doigts. Il attend la suite, parce qu’elle sait déjà la réponse, il en est certain. Il ne serait pas ici sinon, il n’aurait pas payé autant, il n’aurait même pas fait appel à ses services. Peut-être qu’à ce stade, certains de ces clients se rétractent. Il n’en a pas envie. Il a dû ouvrir la bouche pour raconter cette fameuse nuit, raconter à quel point il était impuissant et ignorant, raconter qu’il était prêt à retourner dans le brasier si Grisha ne l’avait pas retenu. Il ne veut pas avoir fait ça pour rien, il ne veut pas avoir à le faire de nouveau.
Il repose ses yeux sur la mer. Bientôt il fera assez chaud pour se baigner. Il sait pourtant qu’il ne trempera pas un orteil dans l’eau métallique. Les corps au fond de l’eau, les vieux souvenirs et surtout, sa fascination pour l’océan qui n’opère que quand il est sur terre l’en empêcheront. Il préfère l’hiver et le froid, la neige et les routes verglacées. Pas que ça lui donne des sensations agréables, mais c’est en hiver que les souvenirs de Petrograd sont les plus vifs et agréables. Il se souvient alors de sa mère qui le trainait dans une luge en mimant un effort surhumain. Il se souvient aussi de sa première bataille de boules de neige avec son frère et la fois où il est monté sur le toit de leur immeuble pour contempler d’en haut sa ville, celle où il est né, celle où il aurait dû vivre et mourir. Son cœur est resté à Petrograd et semble battre moins vigoureusement depuis que les Kvasov en sont partis.
La détective commence à lui parler du programme et de ses attentes. Elle ne finit pas sa phrase quand elle aborde le sujet de ses parents. Il a envie qu’elle prononce les fameux mots, qu’elle crève l’abcès. Il a fait depuis longtemps son deuil et s’il ne peut pas entendre cette vérité, alors toute l’enquête lui sera plus que douloureuse, il le sait.
- Il est l'un des premiers à être intervenu, le soir-là. Et cerise sur le gâteau, c'est un ancien de la Bratva.
Il retient un sourire amer. Un ancien de la Bratva ? Daniil ne se réjouit jamais quand cette dernière est impliquée, que ce soit de près ou de loin. Il n’aime pas qu’elle commence ainsi, sur un ancien employé de l’organisation qui a peut-être tué ses géniteurs, qui a détruit sa vie et qui est en train de miner celle de son frère. Mais il ne dit rien et se contente d’hocher la tête. Il a des questions qui lui brûlent les lèvres, il veut demander si elle a quelques choses avant de rencontrer ce vieillard.
-  Il a accepté de vous rencontrer mais laissez-moi poser les questions.
Elle insiste sur le « vous » et ça ne lui échappe pas. Que l’homme refuse de parler à Nightingale, ça n’étonnerait pas Daniil plus que ça. Il espère qu’elle sait ce qu’elle fait, il ne veut pas se retrouver comme deux ronds de flan devant le pompier retraité, à ne pas savoir quoi demander.
Il hoche la tête et se relève, enfonce ses mains dans ses poches en attendant la venue de « l’invité ». Il a une sorte de peur idiote au fond des entrailles, qui lui noue le ventre. Il ne veut pas être de dos quand l’homme arrivera. Ils n’attendent pas longtemps, à peine assez pour que Daniil se sentent mal à l’aise. Il ne sait pas vraiment comment faire la conversation, n’est même pas sûr ni de le vouloir ni de le devoir.

L’homme est effectivement vieux et il n’a pas encore ouvert la bouche que Daniil sait déjà que la moitié de ses paroles s’emploieront à râler.
- C’est toi Kvasov ? Tu pouvais pas choisir un coin moins loin ?
Il ne laisse pas le temps à l’intéressé d’ouvrir la bouche qu’il se tourne vers la femme.
- Z’êtes là aussi ? J’pensais pas que vous viendriez … Plus coriace que ça en a l’air de nos jours.
Il émet un ricanement alors que Daniil et Nightingale échangent un coup d’œil. Elle a été le chercher où ?
- Bon, j’ai pas toute la journée. Alors on va vite et bien. Vous voulez savoir quoi ?
Il se tourne vers Daniil en posant la question. Ce dernier y oppose d'abord un silence prudent. Il sait que la détective veut poser les questions. Pourtant il ne peut s’empêcher de demander :
- Alors vous avez fait partie des pompiers qui ont éteint l’incendie ?
Le vieux se gratte la joue, produisant un son désagréable.
- « Eteint » c’est un bien grand mot … On l’a maitrisé, c’était un vrai merdier ce soir-là. Mais je suis pas venu pour que vous me posiez des questions comme ça non ?
Daniil se renfrogne, a envie de lui dire de surveiller ses paroles. Il se contente au lieu de ça de regarder Nightingale, un regard sous-entendant clairement qu’elle doit faire des merveilles pour le convaincre que le prix payé pour la prestation est à la hauteur de ses attentes.
Elle sait choisir ses témoins, c’est déjà ça, pense-t-il avec ironie.
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Your Truth Can Hurt (Echo) - Dim 13 Mai - 19:22

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Daniil Kvasov ∞ Echo Nightingale


Ne pas bosser en solitaire, c'était une première. Sans doute une dernière. Mais une nécessité, alors autant faire avec. Et puis, ça pourrait aider. Elle était sur les nerfs en ce moment, prête à bondir à la moindre incartade, l'impulsivité au contrôle de son corps. Mayday mayday mayday, la raison ne répond plus, on est en train de couler. De toute façon, la situation aurait pu être bien pire. Elle aurait pu tomber sur un mec totalement incontrôlable et là, ça n'aurait pas été la même. Néanmoins, contrairement à la sienne, la personnalité de Daniil Kvasov n'avait rien d'explosive ou d'instable. Il incarnait la force tranquille, la détermination discrète mais qui imposait, qui forçait le respect et le silence. Après tout, qui fouillait un passé vieux de près de vingt piges pour résoudre un meurtre que tout le monde avait oublié ? Ou du moins, s'efforçait à oublier. Ce sont ses parents. Bien sûr qu'il cherche la vérité. Tu parles ! Elle avait rencontré bien des personnes, des gens tout à fait normaux et d'une banalité sordide, qui auraient pourtant sans aucune hésitation laisser tomber l'affaire à la première difficulté. Pas lui. Alors, elle lui laissait sa chance, il la méritait, et elle pensait en toute confiance qu'il ne ferait pas tout merder. Elle peut-être, mais ça, c'était une autre histoire.

Elle patienta un peu plus longtemps que lui, déjà relevé, hors d'atteinte. Observa la jetée, puis l'étincelante infinie dont la courbe incertaine semblait couper le monde en deux, comme si derrière ses vagues, il n'existait rien d'autre, rien d'important. Juste le bout du monde, duquel on pouvait tomber, tomber, sans plus jamais s'arrêter. Parfois, l'idée la tentait. Souvent quand elle se retrouvait seule dans son cabinet, à sniffer quelque merde immaculée, achetée avec la dernière adultère mise à jour par ses filatures. Une autre journée au Paradis.

Le bruit de pas lourds l'extirpèrent des rêveries macabres qui pullulaient dans sa caboche et elle se releva souplement, rejoignant le flanc de Daniil avant que l'autre n'arrive. Ah ! Il était exactement comme elle se l'était imaginé ; un vieil ivrogne à la face burinée et aux manières inexistantes. Elle avait réussi à le dépêcher par téléphone, à force de recherches, et elle avait tout de suite su qu'il serait un connard aigri. « C’est toi Kvasov ? Tu pouvais pas choisir un coin moins loin ? ». Bonjour, bienvenue, allons-y, entamons les hostilités. Mais le pauvre n'eut pas le temps de choisir sa réponse – quelle soit une excuse ou un allez-vous-faire-foutre bien mérité – que le vieillard reprit aussitôt à son intention ; « Z’êtes là aussi ? J’pensais pas que vous viendriez … Plus coriace que ça en a l’air de nos jours. ». Surprise, mima-t-elle du bout des lèvres avec une moue forcée. Elle s'empêcha de sortir un doigt d'honneur, autant le réserver pour quand les choses se corseraient vraiment. Elle jeta néanmoins un coup d’œil vers Daniil et haussa une épaule. Tous les témoins valaient la même chose, même si certains se révélaient plus emmerdants que d'autres.

« Bon, j’ai pas toute la journée. Alors on va vite et bien. Vous voulez savoir quoi ? ». Au moins, il n'aimait pas tourner autour du pot et ça, c'était un avantage inégalable. Echo voulait de la franchise, des réponses cash, elle voulait avancer dans cette affaire. Bien qu'il se fut tourné vers Daniil – parce qu'il était bien connu qu'une femme ne pouvait mener un interrogatoire – elle comptait répondre, répondre par une question ferme qui allait elle aussi droit au but et qui lui permettrait de déterminer l'attitude du suspect primordial. Mais Daniil se chargea de faire forte impression pour eux deux. « Alors vous avez fait partie des pompiers qui ont éteint l’incendie ? ». Un sourire crispé grimpa sur ses lèvres et elle tourna lentement la tête vers lui, hurlant intérieurement à plein poumons mais pourquoi tu demandes un truc qu'on sait déjà ?! OK. Calme. C'était la première fois qu'il pouvait espérer des réponses concrètes sur l'incendie, c'était normal qu'il souhaite être sûr du rôle qu'avait joué leur témoin dans cette affaire. Ça n'empêcha pas ce dernier de cracher son mécontentement avec le même entrain qu'un chiqueur aurait craché son tabac à mâcher. « Eteint » c’est un bien grand mot … On l’a maitrisé, c’était un vrai merdier ce soir-là. Mais je suis pas venu pour que vous me posiez des questions comme ça non ? ». Non, en effet. N'est-ce pas, Danny Boy ? Nouveau regard en biais vers lui. Inutile de lui faire les gros yeux : s'il voulait de vraies réponses, il n'avait qu'à la fermer et laisser parler la professionnelle. C'était ce qu'ils avaient convenu. Lui n'était qu'un leurre, destiné à tromper et attirer leur client.

Elle reporta son attention sur le vieux avec une longue expiration, balaya la silhouette informe d'un regard blasé, puis planta ses yeux glacés dans les siens. « Beaucoup d'incendie sont des merdiers. », railla-t-elle, encore plus lorsqu'il y avait des victimes, « En quoi celui-ci était différent ? ». Parce qu'il existait une différence, pas vrai ? Les pompiers accumulaient forcément les incendies au cours de leur carrière, pourquoi celui-ci avait marqué le retraité ? Elle croisa les bras, prête pour la surenchère. « J'ai lu les rapports », expliqua-t-elle, « mais je veux votre avis sur la question. ». Nouveau coup d’œil à Daniil, puis elle se lança : « Aucune chance que l'incendie ait été déclenché de manière naturelle ? Un truc qui a disjoncté, un court-circuit, c'est impossible ? Et dans ce cas... vous misez sur qui ? ». Le pyromane, l'incendiaire, l'assassin... elle désirait l'opinion d'une personne qui avait été sur place, sans être imbriqué à l'histoire de manière personnelle. Alors, donne ton cash, c'est l'heure des paris, vieillard ! C'est qui ton gagnant, ton plus bel étalon ? Offre-nous une théorie qui tient la route. Que la dite théorie corrobore l'idée du frère meurtrier ou qu'elle la détrompe complètement, peu importe, tant qu'elle leur donnait une piste.
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Your Truth Can Hurt (Echo) - Dim 20 Mai - 23:21


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Quand c’est Echo qui ouvre la bouche, le vieux se renfrogne. Pourtant ses questions sont plus efficaces, plus précises, plus vives. Plus adaptées en somme. Le regard qu’elle a donné à Daniil avant d’ouvrir la bouche le lui rappelle parfaitement. Il n’est pas censé parler et laisser les interrogations qui fleurissent sur le bout de sa langue s’échapper de ses lèvres. Il est censé rester silencieux, spectateur muet, à regarder un homme –détestable- parler de la nuit où ses parents sont morts. Il n’aime pas ce rôle, mais il s’attendait à quoi, en venant ici ? Pas à ça. Il ne pensait même pas assister à une scène de ce genre, à participer indirectement à l’enquête de la femme. Il ne sait pas trop ce qu’il aurait dû s’imaginer …
Peut-être que ça va rendre la suite plus simple. Peut-être que si les réponses ne tombent pas d’un coup, elles seront plus faciles à digérer. Il sait dans tous les cas que la vérité sera difficile à avaler.
Nightingale lui lance un dernier coup d’œil qu’il ignore prudemment. Il a compris le message, la gêne et la légère colère causée par la réponse aigrie du vieux l’ont parfaitement mis au courant de son incapacité à mener la conversation.
- Aucune chance que l'incendie ait été déclenché de manière naturelle ? Un truc qui a disjoncté, un court-circuit, c'est impossible ? Et dans ce cas... vous misez sur qui ?
Vous misez sur qui ? La phrase résonne dans son esprit alors qu’il fronce les sourcils. On dirait qu’il s’agit d’un combat de rue, d’un pari sportif. Pas d’une théorie sur le meurtrier de parents endormis. Il est étonné, aussi, de la manière dont la femme se lance, vive. Elle ne passe pas par quatre chemins. Dans un sens, il lui est reconnaissant. Le moins de temps passé en présence de cet homme sera le mieux. Daniil n’a aucun mal à l’imaginer plus jeune, plus fort, plus arrogant encore, quand il était dans la fleur de l’âge. Il n’a aucune difficulté à se représenter les crimes dont il a pu se faire coupable. Il ne serait pas surpris si on lui annonçait qu’il avait lui-même déclenché des incendies. Il est un ancien de la Bratva avant d’être pompier. Et les fonctions dans la mafia prime sur le reste. On n’en sort jamais vraiment non plus. Elle reste dans la peau, tient à l’œil et fait aussi participer ses seniors discrets, mais efficaces, que les expériences diverses et souvent sanglantes ont façonnés. Il ne serait pas étonné, alors, de savoir que cette conversation ne restera pas entre eux trois. La pensée le renfrogne. Jamais la Bratva ne le tuera. Il est trop précieux, trop unique. Son don marche bien, il est prolifique, il a balancé des dizaines de noms durant les neuf interminables années qui se sont écoulées depuis qu’il a rejoint leurs rangs dans l’espérance d’une vie meilleure. Mais l’humiliation serait terrible. Car, ça, la Bratva sait le faire. Le faire se sentir plus bas que tard, animal. C’est sa punition, ce qui marche bien sur Daniil. C’est tout ce qui lui permet de rester relativement sage. Bien sûr, si elle apprenait pour Noora, pour Damaris, pour Magnus, alors les choses changeraient peut-être, mais c’est un risque qu’il est prêt à prendre, pied de nez invisible mais jouissif envers ceux qui ont ruiné sa vie.
Echo ne serait sans doute pas trop inquiétée. Elle vit dans le quartier hispanique, sans doute sous sa relative protection et les relations entre les deux mafias sont cordiales, d’autant plus que le meurtre des oracles a renforcé cette entente lointaine. Alors tout ne serait pas ruiné pour une conversation sur un vieil incendie au fin fond de la baie. N’empêche que Daniil n’aime pas ça.

- Celui-là, il était pas normal. Ça brûlait trop pour une baraque qui était même pas en bois. On a eu du mal à l’arrêter parce que ça flambait de tous les côtés. Alors qu’on est arrivé vite sur place.
La réminiscence remonte avec les mots âpres du vieux. Il se souvient de la fumée et de son odeur, des yeux qui piquaient et de l’impression d’étouffer. Il se souvient du plafond qui a failli lui tomber dessus avant que Grisha ne le tire en arrière. Il se souvient de l’entrée bouchée de la maison. Il se souvient du moment où il a compris que ses parents, que sa mère ne pourrait pas sortir. Il se souvient que c’est à partir de ce moment-là qu’il a cru entendre des cris de douleurs. Il sait que ce n’est pas possible, que c’était une hallucination de son esprit enfantin et terrifié, qu’on l’avait trop éloigné pour qu’il perçoive quoi que ce soit, que le bruit des flammes qui craquaient était trop fort. Mais ça faisait tellement mal …
- Comme si le feu était parti de plusieurs endroits.
La phrase est prononcée du bout des lèvres, plus basse qu’avant. Comme si un espion était susceptible de les entendre.
Daniil enfonce ses mains dans les poches pour les empêcher de trembler. Il le sait déjà, ça. Que c’était volontaire, que sa vie a été gâchée parce que quelqu’un ne voulait plus voir ses géniteurs en vie et tant pis si ça impliquait de sacrifier deux gosses innocents. Tant pis s’ils survivaient. Sauf si c’est Grisha. Il repousse la pensée et baisse les yeux sur le bout de ses chaussures. Regarder l’homme devient insupportable.
- M’dame, mon métier c’était pas de dire c’qui a fait ça, c’était de l’éteindre. Mais ouais, c’était pas naturel c’truc. Pas possible que ça brûle aussi fort aussi vite sans aide. Sauf si les dieux étaient de mauvaises humeurs ce soir là.
Ça le fait rire, le con. Ça le fait rire et Daniil a envie lui dire de fermer sa gueule ou de le frapper. C’est une pulsion rare et inhabituelle venant de lui, mais instinctive et hargneuse.
Parce que l’homme sait forcément que les dieux du Nord règnent en maîtres sur la Bratva. Parce qu’il sait probablement que Daniil sait, s’il s’est renseigné un tant soit peu grâce à ses connaissances. Mais Daniil, lui ne sait pas si Nightingale sait. Alors il ne peut pas lui dire de se montrer un peu plus respectueux sans passer pour un étrange réac’.
Le vieux remarque l’expression du jeune Russe et son sourire ne s’évanouit pas. Il devient juste un peu plus cruel.
- C’est le boulot des flics normalement. Ou des diseuses de bonnes aventures. Tu crois en ces conneries Kvasov ?
- Je crois que vous devriez vous taire.
La phrase est sortie vite, sèche. L’intéressé sent son cœur battre plus fort. Les piques sont trop grosses pour que le vieux ne sache pas qui est Daniil. Qui il est véritablement. Mais peut-être que ce n’est qu’une coïncidence.
- T’énerve pas, j’plaisante.
Il se tourne vers Echo et hausse les épaules négligemment.
- Y a une chose que les flics ont pas mis dans le rapport parce que c’était le témoignage d’un mec complètement barge. Il s’est suicidé le mois d’après, enfin bref …
Il se réserve un silence, prépare sa révélation. Il se sent sans aucun doute puissant, à tenir le souffle de Daniil dans sa main. Ce dernier ne l’en déteste qu’un peu plus.
- Il parlait d’un ado sur la 4ème rue qui bossait dans un fast food. Ou une poste … J’sais, plus ça remonte. Enfin, il disait que le jeune, il avait eu pas mal de fric d’un coup.
Daniil fronce les sourcils.
- C’est quoi le rapport avec l’incendie ?
Il ne regarde pas Echo, veut éviter une autre œillade lui reprochant d’ouvrir la bouche. Les propos du vieux l’agacent, il se sent mené par un chef d’orchestre maladroit.
- Le rapport c’est que le mec fou, c’était un pote du père de ce gosse. Et que le jeune, il avait tendance à ouvrir un peu trop sa gueule, il parait.
- Donc ça peut n’avoir aucun rapport avec notre affaire ?
- Ca s’trouve ouais … En attendant, le fou il est venu voir les flics pour ton affaire. Mais on a jamais trop su exactement ce que le barge a dit à la police. C’est peut-être que des conneries.
A quel point il était désespéré pour suivre la piste d’un ivrogne les envoyant vers les propos d’un fou qui parle d’un gosse un peu trop bruyant ?
Assez pour se tourner vers Echo en levant les sourcils en une interrogation muette.
On en fait quoi ?
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Your Truth Can Hurt (Echo) - Lun 25 Juin - 18:39

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Daniil Kvasov ∞ Echo Nightingale

(www)
« Celui-là, il était pas normal. Ça brûlait trop pour une baraque qui était même pas en bois. On a eu du mal à l’arrêter parce que ça flambait de tous les côtés. Alors qu’on est arrivé vite sur place. ». Elle ne songeait pas à remettre en doute la parole du vieux, ni l'efficacité ou la rapidité d'intervention de son équipe à l'époque. Elle le croyait sur parole ; le Kvasov ne se serait pas donné tant de peine s'il n'avait pas été persuadé de la source criminelle de ce brasier meurtrier, ne serait-ce qu'inconsciemment. Alors cette réponse, même si elle avait eu besoin de l'entendre d'une bouche extérieure, elle ne l'étonnait pas, la confortait simplement dans leur démarche. Pas normal. Echo jeta un regard en biais à Daniil. Même si la psychologie, les relations humaines et à peu près tout ce qui impliquait le contact social lui échappaient de façon tout à fait prodigieuse, ses pupilles attentives ne manquèrent pas la légère crispation qui s'empara de ses traits. Et il ne fallait pas être devin pour comprendre que le jeune homme n'appréciait qu'à moitié d'être à nouveau jeté au cœur des flammes – même sous forme de souvenirs. Elle baissa les yeux, tentée de faire un geste, n'importe lequel. Une main posée sur l'épaule, des doigts qui serrent un bras, peu importe, pour montrer son soutien. Mais Echo ne s'embarrassait habituellement pas de ce genre de compassion, ne savait pas de quelle façon elle marchait, ni même si elle serait bien accueillie par Daniil, alors elle croisa les bras, referma les poings et laissa l'homme continuer son récit. Ce n'est pas mon rôle, essaya-t-elle de se convaincre, et non, ça ne l'était pas, mais cela ne l'empêchait pas de se sentir agacée par sa propre inaction.

« Comme si le feu était parti de plusieurs endroits. », souffla le témoin à voix basse, et Echo en prit bonne note. Soit l'incendiaire n'en était pas à son coup d'essai et savait donc comment déclencher un véritable bordel de catégorie six, ce qui signifiait qu'il avait probablement dû passer pas mal de temps dans les rues adjacentes au foyer Kvasov, pour repérer les points faibles, comprendre le système électrique, trouver un moyen d'entrer sans se faire remarquer, soit... ils étaient plusieurs, et eux aussi constituaient une équipe organisée, discrète ; une équipe d'assassins. Ou – et l'idée lui plaisait peut-être encore moins – la menace avait gonflé de l'intérieur et la maison des Kvasov avait abrité au sein de leur tendre bergerie familiale un loup qu'aucun n'avait su maîtriser. Putain.

« M’dame, mon métier c’était pas de dire c’qui a fait ça, c’était de l’éteindre. Mais ouais, c’était pas naturel c’truc. Pas possible que ça brûle aussi fort aussi vite sans aide. Sauf si les dieux étaient de mauvaises humeurs ce soir là. ». Ce type commençait sérieusement à l'agacer – sa dégaine, les réponses mangées par son accent dégueulasse, la façon dont il se comportait avec eux, et son rire, son rire, bordel de merde. Comme s'il se repaissait du malaise visible de Daniil, vautour aux aguets, prêt à fondre sur sa proie au moindre signe de faiblesse. « C’est le boulot des flics normalement. Ou des diseuses de bonnes aventures. Tu crois en ces conneries Kvasov ? ». D'abord, les dieux, à présent, les voyantes. Très bien, elle en avait assez entendu, elle n'avait aucune envie de discuter théologie ou mysticisme avec un vieil ivrogne au passé trouble. Toutefois, une voix dure coupa l'élan violent qui grimpait jusqu'à son cœur, la stoppant net dans ses gestes et paroles. « Je crois que vous devriez vous taire. ». Elle jeta un regard surpris à Daniil, qu'elle s'imaginait incapable de sortir de ses gonds. Faut croire que les conneries du vieux Grylls commençaient sérieusement à taper sur les nerfs de tout le monde, même du meilleur d'entre eux. Tant mieux. Elle préférait le voir montrer les crocs plutôt que de courber l'échine, sans pouvoir supporter les révélation sur lesquelles ils tomberaient. « T’énerve pas, j’plaisante. », lâcha-t-il avant de reporter ses yeux vitreux sur les siens. « Y a une chose que les flics ont pas mis dans le rapport parce que c’était le témoignage d’un mec complètement barge. Il s’est suicidé le mois d’après, enfin bref … ». Là, on parle. Echo leva un sourcil curieux et l'enjoignit de continuer, songeant qu'un suicide semblait fort accommodant pour étouffer une affaire. Les fous ne se trouvaient pas des tendances suicidaires du jour au lendemain, pas sans déclencheur ou pas sans coup de pouce. Echo misait plutôt sur le responsable de l'incendie, qui s'arrangeait pour nettoyer le merdier laissé sur son passage.

« Il parlait d’un ado sur la 4ème rue qui bossait dans un fast food. Ou une poste … J’sais, plus ça remonte. Enfin, il disait que le jeune, il avait eu pas mal de fric d’un coup. ». Echo serra les mâchoires à s'en défoncer les dents. Il ne leur donnait aucun indice, juste quelques miettes de pain rassi. Un ado. Ça ou ça. Pas sûr. Ils avaient besoin de certitude, pas d'élucubrations frivoles. « C’est quoi le rapport avec l’incendie ? ». Voilà une bonne question, dont la réponse en suspens la faisait trépigner d'impatience. Tic-tac. Son stock de patience continuait de s'écouler et elle arrivait bientôt au point de non-retour. « Le rapport c’est que le mec fou, c’était un pote du père de ce gosse. Et que le jeune, il avait tendance à ouvrir un peu trop sa gueule, il parait. ». Toujours des peut-être, toujours des mots flous, crachés à la va-vite. « Donc ça peut n’avoir aucun rapport avec notre affaire ? ». Ce n'était plus Daniil que son corps réclamait de réprimander. « Ca s’trouve ouais … En attendant, le fou il est venu voir les flics pour ton affaire. Mais on a jamais trop su exactement ce que le barge a dit à la police. C’est peut-être que des conneries. ». Du coin de sa vision périphérique, elle vit le visage de Daniil se tourner vers elle. Quelle déception cela devait être pour lui ! Sauf qu'elle ne comptait pas en rester là.

Echo se tourna vers le jeune homme, offrant son dos au vieillard désagréable pour leur permettre un semblant de conversation privée. « On doit savoir ce qu'a dit le gosse. ». Évidence platement énoncée, qui n'attendait aucune réponse de sa part. Aussi, elle enchaîna immédiatement, laissant sa réflexion personnelle couler de ses lèvres. « Ce qui veut dire qu'on doit le retrouver. Mais pour ça, il nous faut plus que des peut-être. ». Ils avaient besoin d'un nom ou du lieu exact où le gosse travaillait jadis. La poste l'arrangerait ; il y avait plus de chance que le gamin en question y ait fait une longue carrière. Les gens restaient rarement dans un fast-food pendant plus de douze ans : soit ils changeaient de métier, soit ils évoluaient, mutaient, changeaient de poste. Dans tous les cas, s'ils voulaient des réponses concrètes, elle allait devoir se salir un peu les mains.

Ses yeux se braquèrent à nouveau vers le vieillard à la face burinée, une main plongée dans la poche de sa veste en cuir. Le corps encore à moitié tourné vers Daniil, il ne vit pas la menace arriver. Pourtant, une poignée de secondes plus tard et Echo le tenait par la nuque, son couteau plaqué contre la gorge ridée. Elle ne comptait pas salir la lame avec le sang vicié de cet abruti. Néanmoins, elle le tenait indubitablement à sa merci : leurs peaux en contact lui donnaient le pouvoir de lui faire cracher tout ce qu'il aurait pu volontairement omettre. Et lorsqu'il se montrerait plus spécifique, Daniil et lui penseraient que la peur serait à l'origine de son nouveau débit de paroles. Couverture parfaite, qui lui arracha un sourire cruel, tandis que les prémices de son pouvoir se manifestaient – fourmis au bout des doigts, sentiment écrasant de contrôle, l'envie de ne plus s'arrêter. « On arrête de jouer, Grylls. Tu vas fouiller ta mémoire merdique et nous donner du concret. Un fast-food ou une poste ? Réfléchis bien. ». Elle se glissa sous sa peau, mit en cage sa volonté, brisa ses barrières mentales une à une, comme un tyran de l'esprit, et le poussa dans ses retranchements, là où il serait obligé d'obéir, de l'écouter avec dévotion. « Et ce gamin... t'es sûr de ne pas te souvenir d'un nom le concernant ? Ou celui du cinglé dont le témoignage a été écarté ? Parle. On t'écoute. », ordonna-t-elle dans un murmure hargneux.
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Your Truth Can Hurt (Echo) - Dim 15 Juil - 18:56


Your Truth Can Hurt



- On doit savoir ce qu'a dit le gosse. Ce qui veut dire qu'on doit le retrouver. Mais pour ça, il nous faut plus que des peut-être.
Daniil jette un regard à l’homme. Qu’il ait survécu aussi longtemps le laisse perplexe. Grande gueule, le genre à s’attirer des problèmes souvent. Le genre à ne pas savoir quand s’arrêter pour éviter un accident. Le genre à crever à quarante ans d’une balle dans la nuque pour avoir titillé la mauvaise personne. Ce n’est pas une mauvaise chose que le vieux ait sauvé sa peau, d’une manière ou d’une autre. Pas une mauvaise chose si ce qu’il dit est vrai. Echo a raison, ils ne peuvent pas se permettre de quelques miettes jetées à leurs figures par l’arrogant odieux. Le prophète se demande si la vieille carcasse abrite un dieu. Si cette rencontre réanime en lui les braises d’une puissance anciennement reconnue. Ou si ce n’est qu’un mortel, une âme sans importance de la Bratva. Dans tous les cas, Daniil a sans doute plus de valeurs à leurs yeux que ce vieux crouton. La pensée, égocentrique, le rassure et le dégoûte à la fois. Ça ne lui ressemble pas de penser de telles choses. Comme si le vieux réveillait ce qu’il y avait de mauvais en lui.
Qu’est-ce qu’Echo lui a promis ? Qu’est-ce qu’elle lui a dit pour pousser un ancien russe à venir déblatérer sur des faits vieux de presque une décennie ? Qu’est-ce qu’elle lui a dit, si la Bratva est impliquée qui puisse motiver l’homme ? Peut-être que c’est parce les Russes n’ont rien à voir avec l’affaire. Daniil ne sait pas s’il veut que ce soit ça. La Bratva est un bouc-émissaire idéal. Il la déteste déjà de tout son être, ce ne serait pas compliqué de le faire un peu plus. Mais si c’est quelqu’un d’autre ? Un autre paramètre à rajouter à sa vie, une autre source de colère ? Il n’en veut pas. Mais plus que ce refus, il veut savoir que Grisha n’a rien fait. Que Grisha n’a pas tué leurs parents. Qu’il n’a pas tué sa mère. Qu’il n’a pas assassiné la seule personne que Daniil aimait autant que son cadet. Parce que même si elle ne lui a pas donné la vie, c’est elle qui lui achetait ses sucreries préférées chez Maria, elle qui le bordait le soir, elle qui lui a appris la légende de l’oiseau de feu, elle qui le réconfortait quand on l’insultait, à l’école, parce qu’il était le fils d’une union illégitime, et puis, une fois réfugié en Amérique, au pays de la Liberté, parce qu’il était russe. Elle aussi qui a fait ce qu’elle a pu pour le protéger d’un père haineux, incapable de voir en son premier né la lumière que porte encore difficilement Daniil. Elle qui a tout fait pour lui donner plus que la mission que lui destinait le paternel. Servir Grisha. Elle n’a pas réussi. Elle mort en important cette possibilité. Il a tout sacrifié pour ce frère qui le déteste. La pensée lui fait tourner la tête alors que ses yeux sont virés sur le vieux. Il se sent idiot. Comme s’il trahissait son père et sa seconde progéniture. Alors il se contente d’hocher la tête. Il ne peut pas reculer. Le vieux en a trop dit. Pas pour Echo.

Il se retrouve avec une lame sous la gorge avant que les deux Russes n’aient le temps de réagir. Daniil s’apprête à ouvrir la bouche quand il voit le sourire d’Echo sur ses lèvres. Cruel. Le genre que Daniil n’aime pas. Le genre qu’il voit sur les bouches de torpedos de la Bratva, à travers les runes ou en réalité, quand il lâche à regrets les noms des prochaines cibles à abattre. Il s’apprête à s’avancer pour séparer Echo de l’homme quand elle ouvre la bouche. Des questions qui auraient pu être posées sans la lame menaçant la peau ridée du vieux. Facile à déchirer, comme du vieux parchemin …
Il sort de sa léthargie quand il se rend compte que ses yeux sont restés rivés sur le cou de l’ancien pompier, presque prêt à voir le liquide vermeil jaillir. Il recule d’un pas. Il sent un sentiment familier remonter. La peur, bien reconnaissable à la manière de faire trembler discrètement ses mains, de faire battre son cœur plus vite. Cet homme le rend mauvais. Plus vite il sera loin de lui, mieux ses pensées se porteront. Alors il ne fait aucun geste. Attend que la menace fasse son effet.
Les yeux du vieux sont vitreux, choses que Daniil met sur le compte de la terreur. L’arroseur arrosé.
- Une poste. Ouais, une poste parce que ça lui permettait de faire passer des trucs en douce.
Il ouvre la bouche, comme prêt à faire la liste de tout ce que le jeune avait fait passer illégalement. La prise d’Echo se resserre autour de sa nuque, lui fermant les lèvres.
- Il a gagné gros d’un coup et a arrêté de bosser dedans. Le père il était pas content. Parait qu’il avait risqué gros pour pas grand-chose. J’pense aussi qu’il aimait bien que son fils magouille dans la boutique.
Daniil trépigne. Il ne veut pas connaitre les histoires et scrupules des postiers. Il veut savoir si ce gosse, qui ne doit plus en être un, depuis les années, a tué ses parents. Ou s’il est lié à l’incendie, de près ou de loin.
- Lev. Je connais que son prénom et c’était Lev. Le lion que ça veut dire. Grande gueule dit le signe astrologique, comme lui. Moi j’y crois pas à ces conneries.
Daniil regarde Echo, surpris. La lame sur sa gorge ne freine pas les mots, au contraire. C’est qui ce guignol ?
- Pour le taré, il s’appelait Mathias. Ça fait pas très russe …
- Ça devrait ?
Daniil le coupe avant que le vieux ne se perde en apartés inutiles.
- J’sais pas, ouais ? Le père du gamin était russe, son ami aurait pu l’être.
Faut croire que certains ont plus de scrupules que d’autres. Et que les mélanges interculturels t’empêchent pas de finir tué si tu balances tes potes. Parce que le suicide, Daniil n’y croit plus. Les runes confirmeront sans doute cette pensée. Il ne pourra pas dire à Echo comment il aura récupéré l’info. Il n’est même pas certain que son don lui soit d’une quelconque utilité. Un prénom et une vieille histoire vieille de dix ans, c’est peu, alors que les signes étranges répondent bien souvent à des interrogations précises.
- Quoi d’autres ?
- C’est tout ce que je sais. Les flics ont étouffé ça. Ils avaient pas envie de se lancer dans une affaire compliquée. Et on tient les flics par les couilles.
On, la Bratva, la Calavera, les mafias. Daniil palit. Il a envie de vomir. De voir la lame s’enfoncer dans la gorge tendue. Il fait un pas en arrière.
- Je … Il vaut mieux que je m’éloigne.
Il recule jusqu’à la mer et se tourne vers elle. Qu’importe ce que pourra penser Echo. Il ne voulait pas paraitre faible, mais … Tout va trop vite. Il vient de récupérer deux pistes éventuelles en quelques minutes. Elles sont faibles, certes, mais c’est tellement plus que ce que la police lui a donné à manger, durant toute son adolescence.
Ce n’est pas le pire. Le pire c’est qu’on ne s’est jamais donné la peine de chercher le meurtrier de sa mère parce que ceux qui ont ruiné sa vie sont plus puissants que n’importe quel organe de justice de cette ville. Parce que la Bratva a commencé à le tuer bien avant ce qu’il pensait.
Il ne regarde pas ce qu’Echo dit ou fait au vieux ensuite. Il n’entend ses pas qui se rapprochent qu’après ce qui lui semble être une éternité.
Un silence.
- Ça vous laisse de nouvelles choses à explorer …
Il ne dit pas qu’il fera de même de son côté. Il répugne normalement à utiliser son pouvoir. Il ne s’embarrassera ici pas de scrupules. Ils ont des méthodes différentes. Elles apporteront peut-être des réponses complémentaires.
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Your Truth Can Hurt (Echo) - Jeu 26 Juil - 18:27

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Daniil Kvasov ∞ Echo Nightingale


« Une poste. Ouais, une poste parce que ça lui permettait de faire passer des trucs en douce. ». Sous l'emprise d'une résolution qui ne lui appartenait pas, plongé dans un transe inconsciente, l'homme répondait enfin, crachait d'entre ses lèvres parcheminées des vérités un brin plus précises. En règle générale, Echo préférait ne pas écraser les volontés d'autrui sous la sienne. Son don lui donnait toujours le sentiment de violer ceux sur qui elle l'employait ; elle s'imposait sous leurs caboches, les forçait à aimer ce qu'elle les obligeait à  faire, puis se retirait sans plus d'explication. Les laissant confus, parfois révulsés, toujours un peu abîmés. Reconnaître l'existence d'un être capable de vous ôter tout contrôle relevait du cauchemar général inconscient, et à raison. Néanmoins, elle avait payé cet homme – elle était donc en droit de réclamer son dû. Plus important encore, Daniil s'offrait ses services pour qu'elle apporte des réponses, une certaine clarté là où toute l'histoire s'encombrait de fumée opaque. Peu importe les moyens qu'elle devrait employer à présent, mais elle obtiendrait le fin mot de l'histoire. Avec ou sans le consentement du vieillard.

Ses doigts se resserrèrent, s'enfoncèrent dans la peau molle, obligeant la proie à continuer de déblatérer ce qu'elle avait si vaillamment tenté de leur cacher. « Il a gagné gros d’un coup et a arrêté de bosser dedans. Le père il était pas content. Parait qu’il avait risqué gros pour pas grand-chose. J’pense aussi qu’il aimait bien que son fils magouille dans la boutique. ». La lame ne toucha pas la peau, ne trancha aucune chair, mais Echo planta ses yeux dans ceux absents de Grylls et ordonna. Des noms. Daniil et elle ne souhaitaient plus rien d'autre de sa part que des noms. Pensée agressive, qu'il perçut aussitôt. Et tombèrent ainsi deux patronymes. Lev. Mathias. Le pouvoir dans ses veines gonfla, avide, imposant, à la fois rassasié et désireux d'en obtenir encore. Exige plus. Prends davantage. Le couteau vacilla entre ses doigts et elle l'écarta pour être certaine de ne pas créer d'entaille indésirée. Un à un, elle retira les ongles plantés dans la nuque, difficilement ; chaque recul lui coûtait. Une part d'elle ne voulait plus s'arrêter, une part d'elle aurait voulu forcer jusqu'à éradiquer toute volonté propre de l'homme, et l'idée la terrifiait.

« Quoi d’autres ? ». La voix de Daniil parvint à la distraire du besoin funèbre. Elle inspira, essaya de se concentrer sur les deux noms offerts par Grylls. Le premier, moins commun que le second, pourrait être retracé plus facilement. Du moins, elle l'espérait. « C’est tout ce que je sais. Les flics ont étouffé ça. Ils avaient pas envie de se lancer dans une affaire compliquée. Et on tient les flics par les couilles. ». Echo ne prétendit pas être choquée ou outrée par la révélation ; chaque ville possédait sa part de flics corrompus. Que ce soit par la promesse d'argent ou de pouvoir, ou par l'intermédiaire de menaces plus ou moins subtiles. Ça ne l'empêcherait pas de continuer à travailler sur ce cas. « Je … Il vaut mieux que je m’éloigne. ». Elle jeta un regard surpris par-dessus son épaule et songea qu'elle n'aurait probablement pas dû user de moyens brutaux devant son client, que ceux-ci l'avaient peut-être rebuté. Mais face à une affaire de cette envergure, Echo ne possédait plus beaucoup d'options et elle ferait avec les moyens du bord.

Reportant son attention sur le vieil homme, elle le relâcha brusquement. Il vacilla, paupières clignotantes, comme victime d'un bug. Echo en profita pour troquer la lame contre les billets promis, qu'elle fourra dans les mains incertaines de l'informateur. Et comme il semblait se recomposer un peu trop rapidement à son goût, elle laissa un sourire retrousser ses lèvres. « Je ne peux pas dire que ce fut un plaisir, Mr. Grylls. ». Elle frappa son épaule d'une main robuste, et déséquilibré, l'homme recula en trébuchant, puis tomba à la renverse par-dessus le ponton. Elle se pencha pour vérifier qu'il ne se noyait pas, mais il se relevait déjà à force de jurons pimentés, et seule la satisfaction vint teinter ses émotions.

Echo fourra les mains dans les poches de sa veste, puis fit volte-face pour se rapprocher du Kvasov. Il semblait vouloir regarder tout le reste plutôt qu'elle et Echo ne pouvait pas lui en vouloir – c'était une réaction commune. Elle attendit patiemment une réaction, n'importe laquelle – qu'il la renvoie, la sermonne ou réclame des explications à son attitude. Mais lorsqu'il reprit la parole, elle fut surprise de constater qu'il ne la condamnait pas, et l'autorisait visiblement à poursuivre l'enquête. « Ça vous laisse de nouvelles choses à explorer … ». Oui, en effet. Même s'ils ne pouvaient continuer à la minute près, faute de pistes récentes, il leur restait tout de même des pistes, aussi anciennes soient-elles. Et Echo comptait bien les remonter jusqu'au coupable, ou du moins, jusqu'à de nouveaux indices. « Je vous rappelle dès que j'ai trouvé de nouvelles informations. », répondit-elle simplement, en lui tournant le dos. Prête à remonter le ponton, elle s'arrêta quelques pas plus loin. Lui jeta de nouveau un regard appuyé. « Soyez prudent, Kvasov. ». Grylls avait évoqué les mafias. Daniil y appartenait, aussi sûrement que leur informateur. Même si elle ignorait tout de son rôle au sein de la Bratva. Ce qu'elle savait en revanche, c'était que le meurtrier de ses parents pouvait également s'y trouver. « Je sais le milieu auquel vous appartenez. Peut-être que ceux que vous croisez au quotidien sont impliqués, peut-être pas. En attendant de le savoir, faites profil bas. ». Elle ne voulait pas prendre le risque que leurs intentions soient révélées. Ou que Daniil ne soit blessé, voire éliminé.
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FIN.
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