Underneath the shattered sky

Lise & Astan

Le sommeil lui échappe. Morphée la rejette comme bien trop de fois. Alors elle tourne en rond Lise, lit encore quelques pages de manuscrits comme si elle ne lisait pas assez durant ses journées. Le fait est que ça ne la fatigue pas, et ne fait que la ramener d'avantage vers le travail à vrai dire. Se pose devant la télé, constate avec désespoir qu'il n'y a jamais rien inintéressant, d'autant moins à cette heure. Finit par s'évader dans le jardin pour faire les cents pas. Son regard se perd dans les étoiles qui peuplent le ciel dégagé. L'air est sec, le ciel est clair et la voie lactée brillante. L'envie lui prendrait presque de grimper sur son toit pour avoir une vue plus dégagée encore. Le fait est que Lise déteste les lieux en hauteur. Source d'angoisses qu'elle ne s'est jamais expliquées, les éviter à toujours été son premier réflexe. Diamétralement opposées, les profondeurs ont sa préférence. Le grand bleu inconnu et effrayant est devenu son réconfort. Un sentiment de sécurité qu'elle embrasse avec régal alors qu'elle se laisse emporter par le courant. Son corps s'échappe de l'enceinte de sa maison. C'est bien souvent la nuit qu'elle s'abandonne à la nature de celle qui l'habite. Les rues sont désertes, Lise déambule en silence entre les ombres qui habitent son quartier qu'elle connait par cœur. Jusqu'au quartier suivant. Comme la plupart des ville, le quartier historique ne se situe que très rarement en bord de mer. La crainte historique de l'océan et de ses envahisseurs a souvent raison de l'urbanisme, malheureusement pour Lise. Elle avait été bien incapable de quitter la maison de son père bien qu'elle ait longtemps rêvé d'une maison en bord de mer depuis laquelle elle pourrait sauter dans l'océan à sa guise. La rousse arpentait prudemment les ruelles mal éclairées des docks qui mènent jusqu'à la baie. Heureusement le quartier est plutôt désert. Lise restait prudente, observant discrètement son environnement avançant à pas feutrés, la plus effacée possible. Étrangement le lieu ne lui avait jamais réellement inspiré confiance, l'impression d'un génius loci étouffant lui pesait toujours sur les poumons. Après avoir traversé une partie de la ville, la rousse arrivait sur la plage qu'elle foulait avec soulagement. Déjà elle se rendait au milieu des rochers où elles laissait ses habits avant de plonger dans l’immensité noire qui reflétait doucement la voie lactée.

Allongée sur le dos, la rousse se laissait aller au bon vouloir du courant et des vagues, le regard perdu dans la contemplation des étoiles. Elle n'y connaissait pas grand chose en astronomie mais savait apprécier à sa juste valeur l'univers qui se déployait au dessus de sa petit personne. L'océan quoiqu'un peu tumultueux avait le don ésotérique d'apaiser tous les maux de la rousse. La nymphe quand à elle retournait enfin à son élément. Se nourrissait de son énergie substantielle. Lise se sentait enfin entière, oubliant bien vite ses tracas d'humaine. Ressourcée elle ne ressortait de l'eau que près de deux heures après. Au beau milieu de la nuit, elle quitte avec satisfaction les vagues qui la berçaient tendrement, prête à retrouver ses draps en gardant en mémoire cette sensation familière. Elle revêt doucement ses vêtements qui commencent à absorber l'eau ruisselant sur son corps et quitte la plage sans un regard en arrière. Son esprit était ailleurs, douce euphorie qui habite son esprit éteignant tous ses signaux d'alerte. La nymphe elle, s'attriste déjà de quitter ses eaux et impose à Lise des réminiscences entêtantes. La sensation d'être en deux endroits à la fois déconnecte Lise de la réalité de la ville. De la pénombre qui règne dans ces ruelles fantomatiques au bout milieu de la nuit. De la certitude d'oublier dans un souvenir apaisant. L'imprudence reprend ses droits, comme elle l'a toujours fait. La rousse se sent pousser des ailes et ce n'est que quand la réalité la rattrape que l'évidence se fait. Un bruit sourd raisonne entre les murs délabrés. Ses yeux s'ouvrent de surprise, comme s'ils étaient restés fermés depuis qu'elle avait quitté la plage. Ses pas se stoppent brutalement quand elle se rend compte, quand un cri étouffé se fait entendre à quelques mètres. Juste en face d'elle, un homme s'accroche à un autre. Deux silhouettes qu'elle peut difficilement reconnaître dans une pénombre étrangement dense. Une silhouette s'écrase sur le sol crasseux des docks. L'odeur du sang lui monte brutalement à la gorge. Réprimant un haut le cœur elle ne parvient qu'à moitié d'étouffer un cri d’effroi entre ses mains. Son regard ne se détachait pas de la marre de sang qui coulait trop rapidement sur le sol. A quelques centimètres, un couteau qui gouttait encore sur le sol. Une main ensanglantée. Et un regard qui se planta droit de le sien. Son échine se glaça face à ce qu'elle pouvait y percevoir malgré la distance. Les pieds soudés au sol, pétrifiée, la jeune femme perdit pied en une seconde. Elle du se faire violence pour parvenir à faire un pas de recul puis s'enfuir alors que la peur glissait doucement dans ses veines. Elle aurait pu partir une minute plus tôt Lise, sitôt avait-elle entendu ce bruit sourd qui aurait du l'alarmer. Ses sens étaient ailleurs et elle ne savait même plus où elle était allée. Elle repris difficilement ses repères, regardant autour d'elle tandis que déjà elle manquait d'air, il lui semblait lourd et son cœur s'affolait. Sa maladresse eut raison d'elle alors qu'elle tentait de se retourner dans sa course et elle se retrouva sur le sol. Tentait difficilement de se redresser alors que la pénombre semblait s'écraser sur la ville.