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What we create is chaos

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What we create is chaos - Ven 27 Juil - 15:29


What we create is chaos 180727032916907641

bad things


"When you came in the air went out
And all those shadows there filled up with doubt
I don't know who you think you are
But before the night is through
I wanna do bad things with you"
song



Depuis combien de temps suis-je là dessous ? L’eau bouillante qui claque sur le dos endoloris, qui brûle les plaies à peine cicatrisées des nuits passées. Le jet puissant qui frappe, frappe, s'écorche brutalement sur les ecchymoses et sur les hanches, violacées par les coups reçus cet après midi. Depuis combien de temps suis-je sous la douche, à laisser l’eau dévaler sur mes flancs, pour nettoyer, pour supprimer, pour calmer la braise qui m’a fait exploser quelques heures avant. Oublie de prendre ta dose et voilà ce qui se passe Jan. Comme un junkie qui ne se passer de sa coc’, toi, tu te sens acculé par O’Reilly. Si on m’avait dit un jour qu’une femme aurait autant de contrôle sur moi, je pensais que j’aurais été le premier à me marrer.

Difficile d’accepter que sans elle, j’serais même plus capable de me montrer en public. Plus Huntington se révèle tard, plus la progression est rapide apparemment. Et toi Alejandro, t’es un cas tardif, alors que t’as toujours été le premier partout.  Ajoutez y un peu de divin histoire d’attiser le tout et vous obtiendrez un Dieu de la Mort aux portes de sa Fin.

Chouette.

Après midi à la salle, entrainement violent mais efficace suivi d'un début de soirée au creux des draps. A dormir, à se laisser bercer par les drogues de Roukie. A rêver un peu, à cauchemarder beaucoup. A penser à toi, à te rayer de mon esprit. Trois jours se sont passés depuis cette soirée. Trois jours où je t’évite, où tu m’évites. Peut-être consciemment, peut-être pas mais pas une fois je ne t’ai croisé Joaquin. Des missions qui occupent les doigts, des heures à mettre les points sur les i de nouveaux soldats. Les jours sont pris d’assauts, pas le temps pour penser au coeur et encore moins à tout ce que ça implique.

Je sais pas si je regrette ce que j’ai dis. Au fond, ça devait sortir un jour ou l'autre, ça aurait été plus sympa après le dessert mais bon... On ne maitrise pas son coeur quand il explose.

20 ans à gérer la danse avec souplesse, 3 minutes fourchette en main pour tout foutre en l’air. Tu pourras rajouter ça a ton CV Alejandro : nique une amitié plus vite qu’il termine le buffet.

Arrêt de la douche, tant pis pour les factures d’eau que je pense intérieurement. Revenu a 22h pour terminer quelques papiers, ranger deux trois broutilles et frapper un sac en mode solo. Puis rester bien une heure sous la douche, à attendre que l’eau nettoie tout. Dommage, y’a rien qui puisse purger de l’essence que j'ai balancé sur le feu y'a trois jours.

S’essuyer rapidement, éviter de croiser un miroir pour se regarder dedans et trouver qu’ici et là, les muscles sont moins épais, que y’a pas que mon crâne qui se creuse. J’enfile un marcel large, histoire de ne pas être arrêté pour atteinte à la pudeur sans devoir arriver en sueur à l'appart. Jean, godillots, plus qu’a fermer la salle et au dodo !
Je sors du vestiaire, les cheveux encore trempés et la dalle au creux du bide. Je me note de m’arrêter chez Diana qui doit avoir quelques restes du diner de famille. Quelques pas et entendre un bruit qui m’est impossible d’ignorer. Quelqu’un frappe contre un sac, et… Frappe fort vu la détonation qui résonne dans la salle. Putà mais c’est qui le con qui pense que c’est open-bar ici ?!

La mine agacée, les pas qui s’accélèrent, je suis prêt à dégainer ma face de méchant (ça m’arrive rarement, mais ce soir, y’a aucun sourire en réserve) quand la silhouette qui fuse contre le sac me stoppe brutalement.

Y’a qu’un homme pour frapper avec la même violence que toi.
Y’a qu’un homme pour t’arrêter dans ta rage.
Y’a qu’un homme pour te couper le souffle comme toi, Alejandro, tu coupes les âmes.


Souffle qui accélère légèrement, coeur qui commence son récital. Prunelles qui se perdent quelques instants sur la carrure du Commandante, vrillant de haut en bas sans pouvoir s'en empêcher.

« J’vais fermer.

Et ma voix qui tonne et se mêle aux bruits de tes poings contre le sac de cuir. Trois jours qu’on n's’est pas vu Joaquin et j’aurais préféré que tu ne sois pas en sueur et moi trempé pour une explication que j’aurais préféré voir tarder.

Rester à 3 mètres de la zone de frappe. De tes pieds qui foulent le sol, de tes poings qui se dardent sur le sac. Rester loin pour éviter que t’m’vois, trembler sous autre chose qu’Huntington.

Rage ou honte ?
T’arrives même pas à le savoir Jan.
La seule fois où t’as décrypté quelques chose, t’as tout foutu en l’air. Evitons de recommencer ce soir.

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What we create is chaos - Sam 28 Juil - 22:02


What we create is chaos 180727032916907641

bad things


"When you came in the air went out
And all those shadows there filled up with doubt
I don't know who you think you are
But before the night is through
I wanna do bad things with you"
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Il a passé dix minutes à fouiller hargneusement ses poches à la recherche des clés du club. Il a fini par les trouver, a claqué toutes les portes derrières lui, de sa maison à sa voiture en passant par celle de l’établissement d’Alejandro. Il ne connait que ce club d’ouvert aussi tard. Plutôt, il ne possède les clefs que de celui-ci et il a viscéralement besoin de déverser  le trop plein d’énergie avant qu’il n’explose sur quelqu’un. Pas sur quelque chose. C’est toujours sur quelqu’un, qui souvent, finit par fuir Joaquin après ça.
Il a installé le sac de frappe, s’est changé rapidement, a enfilé le matériel et a commencé à frapper. De manière organisée dans un premier temps, méthodique. Puis furieusement, jusqu’à ce que ce ne soit plus que ses poings qui s’expriment, qui viennent chercher la douleur, sans jamais la trouver. Les muscles chauffent vite, la satisfaction arrive doucement. Comme la sensation agréable de maîtriser quelque chose. De se savoir capable de quelque chose. Retour aux sources. Il frappe mais ne réfléchit pas. Sa tête se vide alors que les réflexes reprennent le dessus. Souffle qui se perd, sueur qui perle et enfin, il se sent bien. Juste lui et le sac.
Il ne réfléchit plus, enfermé dans sa bulle. Il n’a pas mis de musique. Il aurait pu. Mais ça aurait caché les éventuels sons étrangers à son exercice. Ça n’aurait rien changé, au final, malgré cette « bonne intention ». Il ne pense pas à ce qu’il l’entoure, il revit la soirée qui le fait enrager depuis trois jours, mordre et être sec, presque mauvais sans interruption. Il se noie dans les souvenirs, son esprit les passe en boucle, quoi qu’il fasse. Il a tout essayé. Presque tout.
Les autres ne comprennent pas. Comment auraient-ils pu ? Joaquin n’a rien montré et le voilà du jour au lendemain énervé comme un chien fou.
Alors il est là ce soir. Pour vider la colère, pour se vider, pour ne pas laisser les autres payer pour ses propres erreurs et faiblesses. Il ne peut pas se le permettre, la Calavera ne doit pas passer avant des problèmes futiles. Car ce n’est que ça. Ça n’a pas d’importance. Ce ne sont que des sentiments qu’il a toujours jugés faibles. Ça ne doit pas changer.
- J’vais fermer.
Poings qui s’arrêtent à mi-chemin. Comment a-t-il pu ne pas l’entendre ? Il a une putain de clochette accrochée autour du cou. Il se rabroue mentalement pour son relâchement. Décidément, Alejandro lui fait faire conneries sur conneries … Qu’est-ce qu’il fout là d’ailleurs ? Il n’est jamais ici d’habitude, pas à cette heure-là.
Il se retourne doucement, baisse ses poings, hésite à enlever ses gants. La pensée est balayée quand ses yeux se posent sur Alejandro. Souffle qui ne se calme pas, cœur qui ne ralentit pas, yeux qui balayent la silhouette sans pouvoir s’en empêcher. Ils notent quelques plaies rougies en plus. Dents qui grincent. Tu t’en fous.. Ouais. Ouais, il s’en fout. Non. Non, il ne s’en fout pas. Il sait d’où elles viennent, quand elles sont apparues pour rejoindre celles déjà trop nombreuses qui parsèment la peau d’Alejandro. Agacement qui revient. Autant contre lui-même que contre le capitano qui a réduit ses efforts à néant.
Autant dans l’instant présent qu’au cours de trois derniers jours. Trois jours où il n'a rien fait pour croiser son second. Il ne le fuit pas non plus. Il refuse de changer ses habitudes à cause d’un cœur trop faible et de mots trop justes. Parce qu’il a frappé juste Alejandro. Joaquin bloque, s’arrête au moindre élan trop fort. Il se givre et se réchauffe après, il fait n’importe quoi, il déconne. La Calavera ne doit pas en payer le prix. Il est le commandante, pas un ado en rut.  
- J’ai les clefs, je fermerai en partant. Qu’est-ce que tu fous là d’ailleurs ?
Parce qu’il ne se cassera pas. Il est là, il reste. Et il sait que ses coups ne se calmeront pas après cette rapide entrevue.
- Je t’invite pas à me rejoindre, t’es propre à ce que je vois.
Voix qui siffle, plein de fiels et mots qui lui arrachent la gorge quand il les prononce. On sent le défi pourtant. Tu ne vas pas venir Alejandro, n’est-ce pas ? Tu vas reculer et agrandir la distance qui vous sépare déjà ?
Buluc Chabtan s’agite, cherche à se rapprocher du corps qui lui fait face. Il veut retrouver le compagnon qu’il a cru perdre à cause des erreurs de l’humain qui ne sait même pas reconnaître la chaleur qui l’allume le soir, quand sa main se perd dans l’intimité de son lit. Buluc Chabtan veut sentir la Mort à ses côtés. Buluc Chabtan enrage, ralentit les pensées de Joaquin, calme sa colère et fait dériver ses yeux, qui finissent finalement à s’arracher à leur froide contemplation. L’avantage d’avoir un visage aussi figé, c’est que ça ne passera sans doute pas pour autre chose qu’un jugement sur sa tenue.
- On a une réunion demain. Obligatoire.
Le dernier mot est appuyé. Il se détourne, redresse ses poings et se remet à cogner.
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What we create is chaos - Sam 28 Juil - 22:53


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"When you came in the air went out
And all those shadows there filled up with doubt
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Regarde moi.
Ne me regarde pas.
Ne me regarde pas.

Regard…
Putà tu ne sais même pas ce que tu veux Jan. T’es paumé, t’en as marre, t’as d’autres chats à fouetter que cet imbécile de…. Respire. il est ton commandante, il le restera. Les insultes n’ont pas leur place dans une relation comme la vôtre. C’est…Tu ne peux abandonner 20ans d’amitié par un simple laisser-aller. Alors Alejandro Flores, fais ce que tu as toujours fait : ferme ton coeur, darde tes mots, use de ton sourire et fais le bon chien. Sois le toutou de la cala, crocs accérés, griffes aiguisées, collier serré et tenu par le Commandante.

Tu te retournes Joaquin, les poings qui se baissent, la cage thoracique qui se soulève rapidement, surement sous la colère que tu balançais contre le sac. Faudrait être sourd pour ne pas entendre les détonations contre le cuir, y’a quelque chose qui te fait chier, qui t’agace. Et j’vais faire comme si je ne savais pas quoi. Qui suis-je pour prétendre savoir ce qui te pilonne le crâne ? Qui suis-je pour me prétendre au dessus de mon rang ? Qui suis je au fond, pour toi Joaquin ? A part ton 3ème capitano ? A part celui au côté de Bael et Trini ? Apart un ami de longue date, un frère d’une autre famille ? Rien. Quedal. Et ça me suffit.

Ça me suffit Joaquin. Je te l’ai dis, je préfère ça plutôt que rien.

Prunelles qui se bloquent contre les tiennes, cerveau qui s’empêche de vriller, poings qui restent souples et muets. Ça me suffit, j’ai compris Joa. Je ferais plus de conneries. Je resterais à ma place.
- J’ai les clefs, je fermerai en partant. Qu’est-ce que tu fous là d’ailleurs ? Je t’invite pas à me rejoindre, t’es propre à ce que je vois. 
Inspirer, expirer, ne pas prendre en compte les remarques d’un homme qui est sous le joug de l’adrénaline. Tu me parles comme à un chien et j’ai du mal à rester de marbre. Mais j’y arrive, 20ans d’entrainement, quelques heures de liberté puis les habitudes reviennent toujours. Si c’est ça que tu veux Joa, je serais silencieux. Promis, j’serais sérieux, plus de sous entendus, plus de vérité, plus de geste, plus rien. Car vivre sans toi à mes côtés, ce serait pire que mourir à petit feu. Ah Puch ne supportait pas de perdre Buluc Chabtan. Je le sens déjà, dans ma carcasse, qui me pousse à te rejoindre, qui fait bouillir l’intérieur, qui crépite comme un feu en été. Il a besoin de toi et j’peux rien faire contre ça. Donc okey Joaquin, jouons à ce jeu, faisons de notre relation un roi du silence ou une nouvelle partie d'échec. J’serais le fou, tu seras le cavalier. Car t’as toujours eu une plus grande ascendance sur ma petite personne que moi je n’en aurais jamais sur toi.

Coup de lance bien visée,
Cavalier en f3.
Fou tombé.
Echec et mat pour le commandante.


Ton regard change, abandonne mes prunelles et… Bordel...Ça m’arrache un souffle agacé. Je sais que t’es en colère, je le vois, pas besoin de me faire comprendre que ma simple présence, dans cet accoutrement, t’insupporte.  Désolé d’être moi Joaquin. Pardonne moi d’être un amas de trop, une surplus de conneries. Pardonne moi de ne pas réussir à être aussi froid que tu ne l’es, à ne pas avoir su garder la porte close quand j’ai cru voir qu’une clé cliquettait dans la serrure. Désolé Mr Costilla, de ne plus être le capitanos que vous avez engagé il y a 3ans de cela.  Le Flores d’avant, n’existe plus, tu vas devoir faire avec Joa. Avec ce cadavre qui se ballade dans les rues, avec cette bombe à retardement prête à exploser au nez de la Calevera. Tu veux me garder, alors accepte et fais avec. Et s’il te plait, ne me regarde plus jamais comme ça.

- On a une réunion demain. Obligatoire.
- Je serais là.

Trois mots et tu te retournes, prêt à frapper encore dans ce sac, à darder ta colère sur morceau de cuir alors qu’on sait tous les deux, que y’a que la chair qui te calme. Quelques secondes à te regarder, quelques secondes à laisser mes yeux vagabonder légèrement sur ton profil que j’ai même pas besoin de revoir pour imaginer.

J’te connais parfaitement, esprit et corps. Dieu et vivant.
Y’a q’le coeur que j’ai jamais compris car t’as jamais laissé quiconque le toucher.

Je me retourne, mains dans les poches, prêt à t’écouter et à me casser de mon club sans… Mon club. Ma propriété. Fierté à deux balles mal placée alors que j’entends les chaines du sac grincer, le cuir s’érafler. Mon club. Bien le seul endroit où je n’ai pas à reculer sous tes ordres. Pieds qui font volte face, corps qui suit, changement de plan, j’te laisserais pas pourrir mon ring. Je passe sous les cordes, doigts qui claquent les uns contres les doigts, clochette qui tinte et qui je sais, t’agace profondément.

- Tu vas arracher l’attache si tu continues comme ça… faut le maintenir...

Que je murmure en débarquant à côté de toi, sans te toucher, sans même t’effleurer cette fois-ci. Tu n’aimes pas ça, j’me suis toujours contrôlé avec toi (et putain que tu sais que j’a besoin de toucher les peaux pour me sentir vivant) et l’erreur d’il y a trois jours ne se reproduira pas. Je contourne ta silhouette pour me placer derrière le sac. Maintenir l’objet que tu as choisi pour déverser ta colère et inconsciemment donner un visage à ta rage. Regarde moi Joaquin, regarde moi. Je sais que t’en crèves d'envie, mais pas pour les mêmes raisons que moi.


- Frappe Joa, je le tiens… Et t’inquiètes pas pour moi, j’me relaverais après s’il faut.

Et on sait tous les deux que la douche ne sera pas de trop. Car Costilla, t’es peut être le seul adversaire à ma taille dans cette putain de ville. Surement le seul à m’avoir réellement foutu à terre, le seul à connaitre mes points faibles, à savoir qu’entre ces deux côtes-là, si tu frappes, je vrille en boule comme un putain de gamin. Tu me connais par coeur et je te connais aussi Joaquin et je sais reconnaitre un homme qu’a besoin de perdre son souffle pour se sentir vivre.

- Frappe… »

T'en as envie.
T'en as besoin.
Et je serais tenir Joaquin.

J’ai toujours tenu.

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What we create is chaos - Dim 29 Juil - 0:32


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- Tu vas arracher l’attache si tu continues comme ça… faut le maintenir...
Non. Non Jan tu n’as pas le droit de faire ça. Pas le droit de tout lui balancer à la gueule, de partir en le laissant seul, de le fuir pendant trois jours, de faire mine de partir pour rebrousser chemin et interrompre le moment où il veut justement ne pas penser à tout ça. Tu n’as pas le droit, tu es trop proche, tu lui fais ressentir trop de choses. Colère, curiosité, envie, agacement. Il se sent vivant et mort en même temps. Comme si on lui avait pris quelque chose. Comme si Alejandro, dans ce restaurant était parti en emportant un bout de lui. Un morceau important, qui lui manque, qu’il a besoin de retrouver pour fonctionner normalement. Et ça l’énerve prodigieusement.
Les prunelles se croisent. Celles de Joaquin restent glacées, lointaines. Il ne les imagine pas chaudes et douces, pas capables de briller tendrement. Pas capables de beaucoup de choses.
Pas de contact cette fois-ci. C’est mieux. Peut-être pas … Il ne sait pas. Sans doute que oui. C’est plus lui, c’est plus logique. Alejandro a le mérite de se montrer « professionnel » là où Joaquin est en train de se noyer. Rôles qui s’inversent, Joaquin qui en a conscience. Il perçoit son erreur.
Il garde le silence, le fixe quelques secondes. Il connait ce visage par cœur, a dû y voir passer presque toutes les émotions. Il se surprend encore en y trouvant de nouveaux détails. Il se surprend encore en ne le lassant pas de le faire. Ou plutôt non, ça ne le surprend pas et c’est là le problème.
- Frappe Joa, je le tiens… Et t’inquiètes pas pour moi, j’me relaverais après s’il faut.
Joa … La familiarité reste là, un peu par habitude sans doute, peut-être dans une volonté d’abattre la barrière qui est née en trois minutes, qui s’est renforcée en trois minutes et qui n’a jamais existé auparavant. Que Joaquin n’arrive même pas à commencer à escalader. C’est plus fort que lui, c’est une méfiance prudente, une habitude enracinée. Même si son esprit veut se relâcher, sa langue s’exprimer et son corps … Son corps est ce qu’il y a de plus pénible à endurer.
- Frappe…
Il n’y arrive pas. Il ne peut se replonger dans sa transe, se vider l’esprit, n’être plus rien quand Alejandro se tient face à lui ainsi. Il est tout, il est complet et il est trop quand ils sont aussi proches. Alors il ne peut pas juste frapper et faire comme si de rien n’était. Il est pleinement vivant que si la Mort se tient à ses côtés.
Il recule, fait quelques pas en arrière et toise l’homme en face de lui. Il peut reprendre une douche ? Soit, il en reprendra une.
- Va prendre des gants si tu tiens à rester. Et enlève ta clochette.
Il ôte le sac prudemment, va le mettre dans un coin du ring sans faire l’effort de le sortir. S’ils ont des coups à se porter, ils seront physiques et non oraux. Et ce ne sera sûrement pas un combat dans les règles de l’art. Il voulait que Joaquin frappe ? Il est prêt à le faire. A le faire d’autant plus fort qu’il a l’objet de sa détresse face à lui. Ça sortira comme ça. Il ne sait pas comment le faire autrement.
- Le premier qui met l’autre à terre gagne.

Ça il sait faire. Il sait même bien le faire. Pas parce qu’il était un des meilleurs, sur le terrain. Pas parce qu’il a appris à se battre depuis ses seize ans. Parce qu’il connait Alejandro par cœur. Chaque habitude, chaque mimique, chaque stratégie. Il les connait comme Alejandro connait les siennes. Mais il compte sur quelque chose en plus. Il voit déjà les faiblesses du corps adverse apparaître. Le don se met en marche alors que tout est analysé. Encore une fois, les réflexes prennent le dessus. Mais l’esprit n’est pas vraiment là. L’esprit essaie de chercher la lueur dans les yeux d’Alejandro, de ne pas dériver sur la courbe des nouvelles plaies, de ne pas fixer les cernes. L’esprit n’a pas envie d’attaquer.
Il le fait quand même, le premier. Coups puissants, pas vraiment précis, bloqués aisément. Contact rapproché, souffles qui peuvent presque se mélanger, distance reprise. Ça lui manque déjà. Trop tard, pas le temps de s’appesantir, contre-attaque du capitano.
Il ne sait pas combien de temps ça dure. C’est comme une sorte de danse étrange. Ils y arrivent bien, c’est fluide, c’est facile. C’est horriblement difficile. De rester concentré, d’assagir les yeux et les pensées, de calmer le cœur et les crocs.
Il finit par s’écarter brutalement.
- Je n’y arrive pas.
A me battre, à te combattre, à te regarder.
- Ce n’est pas possible Alejandro. Ni pour la Calavera, ni pour nous.
Il donne la place à un nous. Ce que l’intéressé ne fait pas. Joaquin fait la différence, en a besoin pour assimiler ce qui lui arrive.
Il ne parle pas du combat, évidemment. Il parle des non-dits et de la tension.
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What we create is chaos - Dim 29 Juil - 1:35


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Tiens Jan, garde tes mains sur le cuir, bandes tes muscles, utilises ta puissance pour l’empêcher de te faire reculer. Pour une fois, c’est toi qui va le contenir et pas le contraire. Pour une fois, le capitano sera la défense pendant que le commandante explosera sous une rage que peu peuvent se targuer d’avoir été témoin. Et d’être encore en vie. Alors ce soir, pour toi, je vais tenir et j’vais pas fuir cette fois-ci Joaquin. Pas comme il y a trois nuits. - Va prendre des gants si tu tiens à rester. Et enlève ta clochette. Ah... Hésitation sur le bord des lèvres, difficulté à avaler ma salive. Le défenseur redevient l’attaquant en un claquement de ta langue. Ordre ou requête ? Je n’en sais foutrement rien mais j’écoute. J’accepte ce que tu me proposes car je suis un Flores et un Flores, jamais ne refuse un duel. Même si la conclusion est déjà connue : va falloir que j’fasse venir la femme de ménage plus tôt demain, pour nettoyer le bordel.

J’abandonne le sac, léger sourire face à ta seconde requête. Tu ne l’aimes pas cette clochette, ce son qui tinte chaque soir, chaque matin, dans les couloirs du QG. Pardonne moi d’apprécier le tintement qu’elle laisse derrière moi. Pardonne moi d’aimer me faire entendre, histoire de faire flipper les futures victimes de mes doigts. Pardonne moi d’être un peu con, un peu gamin, histoire de ne pas perdre les pédales. Je retire le collier et le laisse choir sur le sol avant d’attraper une paire de gant et de les enfiler. Je n’ai jamais aimé boxer avec ces machins, trop larges, inutiles et qui laissent peu de place au contact. Mais je t’écoute, je suis tes règles, comme je l’ai toujours fais jusqu’à ce soir. Ça fonctionnait bien avant, alors reprenons la même danse Joaquin, fermons les paupières et laissons voguer les peut-être.

Godillots retirés, déjà que je n’ai pas la maitrise de mes mains, si en plus j’me bats en chaussures, ça voudra dire que Bellandi a pris le contrôle du monde et que ça tourne plus rond. Retour vers toi, craquement de nuque, attention portée sur ta tenue qui va te faciliter le duel. Remonter brutalement les yeux, éviter de de les abandonner sur le coton pernicieux.  
- Le premier qui met l’autre à terre gagne.
- Okey Réponse courte et efficace, ça ne me ressemble pas. Mais clairement, j’vois pas trop quoi dire d’autre. T’as la rage qui suinte des mots Joa, c’est à la fois flippant et b… Non. Ne pas penser à ça.

Ta Gueule Ah Puch, va coucher à la niche.
Laisse moi être seulement l’humain pour une fois.


Regard en biais, tu me calcules, tu m’interpretes. Y’a un léger crépitement qui renait au creux de mon bide. Pas la maladie, j’ai pris les calmants. Pas la colère, j’t’ai jamais haïs. Je sais très bien ce que c’est, j’le connais le goût du contentement. La saveur du désir qui accule l’homme et le rend fébrile. Mais là, c’est pas le moment de jouer les princesses et de minauder. Car on se connait assez, toi et moi, pour savoir que les coups chez nous, c’est pas seulement dans les bars qu’on les prend.

Uppercut qui part sur la droite, t’es le premier à balancer. Ça manque de technique mais c’est assez puissant pour me surprendre. Je pare. Je te tiens Joaquin. J’ui plus doué sans les gants, mais que veux tu, j’ferais toujours ce que tu me dis. Un deuxième, défense parfaite de ma part, tu te rapproches, m’expire à la tronche un souffle brut et bouillant. Contacts qui ne se font qu’a travers les gants de cuir, que j’ai envie de déchiqueter de l’intérieur tellement ils me sont inutiles. Attaque de ma part, coup dans les côtes, tu pares, tu recules, tu attaques à nouveau. Et c’est comme une ritournelle sans fin. On frappe mais sans frapper. On se défend en faisant mine d’attaquer. Costilla et Flores qui dansent sans oser se marcher sur les pieds. C’est presque beau si y’avait pas autant de rage et de retenu dans les gestes. Si y’avait pas les non-dits et les silences qui nous revenaient en pleine tronche sous le joug de l’adrénaline. Duel inutile, flirtant entre la volonté de mettre l’autre à terre et l’incapacité de le faire.

Qu’est ce qu’on devient Joa, si on n’est même plus capable de se battre ?
Qu’est ce qu’on devient amigo, à part des âmes brûlées que même l’amitié ne peut rattraper ?


Nouvelle attaque, nouveau poing, nouveau…. Ecart. L’action me prend aux tripes, j’supporte pas quand ça s’arrête sans prévenir. Et j’peux pas cacher la surprise sur mon visage. Même si ça servait à rien ce combat, j’aurais continué toute la nuit, pour mimer notre ancienne relation. Je sais que j’ai foiré la dernière fois, mais Joa… S’il te plait, faisons comme si… S’il te plait, continuons de danser, si c’est que ça que tu peux m’offrir.

- Je n’y arrive pas. Ce n’est pas possible Alejandro. Ni pour la Calavera, ni pour nous. 

Bug dans le cortex. Synapses sous acide. Regard qui reste bloqué, souffle suspendu. Retenir le prénom et le nous. Retenir la négation. Oublier le reste. Oublier la Calavera. Je baisse les poings, happe une gorgée d’air en passant et te regarde. Je te lâche plus des yeux.


Je retiens que ça.
Que ce nous.
Que ce prénom.

Qu’est ce qu’on devient Joa si on n’est plus capable de se taire ?

Pas un mot ne dépasse mes lèvres, peut-être qu’il se passe 10 secondes, peut être plus. Mais j’ai besoin de réflechir, pour une fois. Car j’ai déjà fais une boulette, j’veux pas en refaire une. Alors doucement je retire mes gants et les laisse tomber au sol. Léger boum sur le ring, alors que dans le corps, ça crépite comme un feu d’artifice. Je relève la tête, plante mes yeux dans les tiens et tente un pas. Puis un autre. Juste histoire d’être un peu plus à ta hauteur. Juste pour te montrer que je suis là. Que j’pars pas.

- Dis moi… Ce que je peux faire pour t’aider…

Si quelqu’un entendait ces mots, il ne les croirait pas. Car j’ai rien d’un altruiste moi, même si j’ai toujours fais passer la Calavaera avant ma vie, je ne suis pas du genre Marie-Madeleine. Je prend, je pille, je tue, je bouffe et j’me barre. Facile et rapide. Efficace et utile. Basta. mais là… Là avec toi, j’peux pas faire ça.

- N’importe quoi, s’il faut que… Que je prenne ma retraite… léger rire englouti par la gêne. Ne pas savoir faire, avec les mots, ne pas être aussi intelligent que toi Joaquin, ne pas savoir faire danser les syllabes dans la tête des gens. Moi, y’a que le contact que je connais, que les tripes, que le sang. - ... J’en sais rien, mais dis moi, ce que je dois faire…    Doigts qui bougent un peu, main qui se tend vers toi, légèrement. Juste pour que tu vois le geste qui se stoppe net avant de refermer la poigne et de se laisser tomber le long de ma cuisse. - J'suis pas dans ta tête moi  mais toi tu l’es, chaque matin, chaque soir, chaque nuit.  - … j’sais pas ce qu’il s’y passe…   petit sourire qui nait, visage du diable se parant de celui de l’ange. Ton surnom a la Cala te va à merveille Alejandro, t’as vraiment tout du pretty boy d’Arcadia - ...mais Joaquin s'il te plait… parle-moi, même si t’aimes pas ça, essaye de… Je suis ton ami. Hésitation. Malaise. Besoin  - J’le resterais toujours même si… Dis moi ce que je dois faire ! Perdre un peu le contrôle sur la dernière syllabe. Quémander un ordre pour éviter de penser. Pour éviter de tomber. Joaquin, me laisse pas tout prendre à bras le corps, j’pourrais pas tenir cette fois-ci… Et j’pourrais pas non plus partir en te sachant dans cet état.

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What we create is chaos - Jeu 2 Aoû - 0:08


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bad things


"When you came in the air went out
And all those shadows there filled up with doubt
I don't know who you think you are
But before the night is through
I wanna do bad things with you"
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Il y a un silence et pour la première fois, Joaquin comprend ce que ça fait, de se retrouver face à une absence de mots, de sentiments, d’explications et de réaction. Il y a un silence qui lui parait éternel alors que Jan se rapproche. Joaquin doit se faire violence pour ne pas reculer alors que l’adrénaline du combat pulse toujours dans ses veines. Jan répond toujours vite d’habitude. Et lui ne sait pas quoi rajouter. Il ne trouve pas les mots, comme toujours. Ils sont bloqués on inexistants, ils lui paraissent fades et mauvais, gênants et patauds, révélateurs de trop de choses que Joaquin n’accepte pas et veut garder secret.
- Dis-moi… Ce que je peux faire pour t’aider…
Il a un mince sourire qui a envie d’éclater, mais qui ne nait pas. Jan, tout ce qui peut l’aider, tu ne peux pas le faire. Survivre à la maladie, se dissocier du pur rôle de second, lui apprendre à s’ouvrir. Ce sont des choses que tu ne peux pas faire et que Joaquin ne peut pas faire seul. Alors ça n’avance pas.
- N’importe quoi, s’il faut que… Que je prenne ma retraite.
Sourcils qui se froncent. Non, bien sûr que non. Il ne le demandera pas, ce serait briser quelque chose. Ça n’a rien à voir avec la Calavera et leur poste respectif. C’est eux le problème. C’est eux depuis le début, pas le commandante et le capitano. C’est eux qui ne parlent pas, qui ne se touchent pas, qui ne se regardent pas. Ou qui le font sans vraiment le faire ou se l’avouer, comme un secret qui doit être gardé.
- ... J’en sais rien, mais dis-moi, ce que je dois faire…  
Il ne sait pas ce que Jan doit faire, il n’est même pas foutu de savoir quel comportement adopter face à lui quand il tend la main. Ses yeux tombent sur les longs doigts qui se ferment. A lui. Ça fait un peu plus mal que prévu.
Il en rêve, de ses mains. Pas fermées. Ouvertes contre son dos, chaudes, qui traquent les formes frissonnantes. Est-ce que ce sont ces mains ? Non. Non, ce n’est pas possible, c’est une chimère, les poignes d’un être sans visage qui comble le vide d’une frustration qui le prend aux tripes. Ça ne peut pas être ces mains.
Evidemment que ce sont elles.
- J'suis pas dans ta tête moi, j’sais pas ce qu’il s’y passe.
Joaquin ne sait pas non plus. C’est un champ de bataille où il est le seul à se battre contre un cœur qui se moque bien de sa raison. Il est en train de perdre et Jan si près en est la preuve. Il faut qu’il recule, qu’il prenne ses distances, qui nettoie ses pensées, qu’elles se fassent plus claires pour qu’il réfléchisse calmement. Il se rend compte que c’est ainsi que le commandante fonctionne. Mais n’est-ce pas lui qui a demandé à quitter ce rôle ? Oui, mais c’était l’autre soir. C’est différent maintenant. Pourquoi il ne bouge pas alors ?
- ...mais Joaquin s'il te plait… parle-moi, même si t’aimes pas ça, essaye de… Je suis ton ami.
Ami. Oui, il l’est. C’est le problème, au fond. Il est son ami et Joaquin ne sait pas ce qui revêt des aspects de cette relation ou d’autre chose. Si ce qu’il veut peut être inscrit dans ce cadre. Il ne sait même pas ce qu’il veut.
- J’le resterais toujours même si… Dis-moi ce que je dois faire !
Même si quoi ? La pensée est aussitôt étouffée par l’exclamation de Jan, pressante. Il se sent étouffé, acculé. Buluc Chabtan sent Ah Puch, si proche, à portée de main. Il n’a qu’à faire ça pour que les peaux se touchent, que les divinités centenaires se réunissent, comme avant, tendre la main.
- Je ne sais pas …
C’est un murmure, des mots à peine soufflés que déjà regrettés. C’est un aveu de faiblesse. Il devrait savoir parce que tout devrait être comme avant. Il ne devrait pas avoir à réfléchir. Mais tout a changé, qu’il le veuille ou non.
Il a les poings le long des flancs, lourds et inutiles. Les gants le gênent maintenant qu’il ne frappe plus, qu’il est perdu.
- Je ne sais pas Jan …
C’est répété un peu plus fermement, comme une vérité qui s’accepte.
- Je ne même pas ce que je fais ou veux. Le restaurant … C’était … C’était pas censé se finir comme ça.
Il ne sait pas comment ça aurait dû se terminer, mais certainement pas ainsi. Avec une conversation plus légère ou un silence plus serein, un Jan rassasié et une envie plus pressante de rêver de ses mains peut-être.
- Ca n’a rien à voir avec la Calavera. C’est nous le problème.
C’est moi. Les humains, pas les dieux, pas les postes. Eux, Ramòn Payan et Alejandro Flores. Pas Joaquin Costilla et son capitano.
Le ton est plus pressant, plus vrai, plus vulnérable. Il enlève ses gants, les arrache presque, fait un pas vers Jan et s’éloigne pour en faire quelques-uns de plus sur le ring, sans le regarder.
- On se ment, quelque chose change et on en parle pas. Y a pas que moi qui bute Jan.
Nouvel aveux.
- Je ne sais pas comment faire. Alors c'est sans doute plus simple de ne rien faire du tout.
Dis-lui que non Jan. Persuade de croquer le fruit interdit. Il en crève d'envie.
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What we create is chaos - Jeu 2 Aoû - 0:09

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- Je ne sais pas …

C’est faible. C’est pas toi, c’est pas normal… Jamais tu n’avoues quand tu es dans l’impasse Joaquin. T’as beau resté silencieux quand les décisions doivent être prises, ça ne signifie pas que tu te mets au sol. Au contraire, ton silence, le regard que tu dardes sur les autres, c’est ça qui fait ta force, ça, qui fait plier ceux qui se pensent plus fort que le commandante. Mais cette réponse, ce souffle, je ne le connais pas… Et toi non plus je pense. Et ça fait comme une balle de m9 que je me reçois en pleine gueule. Ça fait exploser tout, ça fait saigner.

Ça me brise en deux Joaquin, de savoir que ce qu’on est entrain de faire, ça te met au sol.

Second souffle, même réponse avec un surnom accolé. Un peu plus de toi dans ces mots même si la négation est toujours là, même si je suis dans la même situation que toi. Nous ne savons pas, alors qu’on a toujours su ce qu’on était l’un pour l’autre. Des amis, des frères, des associés. Et même si tu as toujours été plus pour moi que je ne suis pour toi, c’était pas grave, tant qu’on restait en équilibre. Tant qu’on restait ensemble.

"A la vie, à la mort Joaquin."
A cet instant, je la déteste, la Mort.
Je me déteste de t’obliger à faire face à ce que tu abhorres.

-Je ne même pas ce que je fais ou veux. Le restaurant … C’était … C’était pas censé se finir comme ça. Ça n’a rien à voir avec la Calavera. C’est nous le problème. 

J’ai du mal à avaler ma salive, je la sens, qui stagne au creux de ma bouche. Et alors que mon coeur frappe comme à un putà de concert de maracas, mon souffle lui, est au abonné absents. Surement parti à Capri pour les vacances. Respire Alejandro, va pas clamser à cet instant précis. Et plus tu parles Joa, plus l’oxygène me manque, plus mes poings se dardent, plus Ah Puch crépite à l’idée d’entailler le derme pour calmer les envies. Garder le contrôle, de la maladie, du dieu, de l’homme, du coeur. Moi qui vit dans une liberté la plus totale normalement, j’ai l’impression d’être sous des fers, emprisonné, mis sous terre pour ne pas respirer.
J’ai envie de te demander comment ça devait se terminer ? J’pourais presque faire une blague sur un potentiel deuxième cadeau plus sympa qu’un plat de pâtes mais non, rien ne sort. Plus de blagues vaseuses pour calmer la situation. Plus que le coeur qui explose, que notre monde qui implose. Tu l’as enfin compris, c’est nous le problème. Ce nous que t’es le premier à utiliser au final, alors que c’est moi qui t’aim….Moi qui pense à toi depuis vingts ans. Sans le savoir, t’es en avance sur moi Joaquin. T’as toujours eu un coup d’avance même si j’évite de te le dire.

Gants abandonnés à ton tour, j’en profite pour baisser la tête, cligner des paupières histoire de ne pas te donner l’impression que je pionce debout. Toujours à penser à ce que tu peux voir en moi. A ces cicatrices que je porte fièrement, à ces scarifications d’un Dieu, à ces brûlures d’un Nom, à ces tatouages d’une Famille. Incapable de savoir ce que tu penses en me regardant, si je te fais honte à m’habiller comme un gosse, si mes plaies suintantes te dégoutent, si …. Putà mais on s’en fout Jan de tout ça. Y’a plus important. Y’a votre amitié qu’est en jeu, t’as pas 15ans bordel ! Fallait y penser avant, fallait dire oui quand il t’a proposé, fallait se jeter sur le feu dès votre rencontre.

Fallait oser quand c’était le moment.
C’est trop tard.
Pour toi, pour lui, pour ce vous qu’il utilise alors qu’au fond, tu sais parfaitement Jan, qu’il n’existera jamais qu’entouré des autres capitanos.


Un pas vers moi, tête relevée, expiration trop prononcée et… Dix pas en arrière. Refaire du ring ton espace. Tu tournes en rond, le regard ailleurs que sur moi. Un pas et ça aurait sonné comme une seconde chance.
Un pas Joaquin, c’est pas si difficile pourtant.

-On se ment, quelque chose change et on en parle pas. Y a pas que moi qui bute Jan. 

Je manque de m’étouffer en avalant ma salive. Tu te réveilles Joaquin et je sais pas si ça doit me faire plaisir ou m’agacer. Tu mets des mots là où il n’y avait que des soupçons, sauf que tu me balances dedans sans me demander la permission. J’vois pas ce que je peux faire d’autre a part te balancer à la gueule que depuis 20ans, ça a toujours été toi. Toi vers qui mes pensées se dardent quand on est en réunion. Toi que je projette sous mes coups de hanches. Toi que j’imagine m’embrasser, toi que j’ai envie de caresser. Toi que j’ai envie de retrouver le matin en ouvrant les yeux et pas… Le vide. Pas le sang. Pas la rage. Toi et seulement toi. Ça parait si simple dit comme ça que j'en souris intérieurement.

Doigts qui crépitent, doigts qui s’agitent. Légère pique sur la peau, lames acérées qui quémandent plus que du vide.
Pas maintenant, calme toi, respire. Pas… Maintenant. Et je baisse les yeux, essayant de faire le vide en moi, de reprendre le souffle que tu m’as volé en ta rapprochant il y a quelques secondes. Calmer le dieu, calmer la maladie, calmer Alejandro, qui s’agite lui aussi.

- Je ne sais pas comment faire. Alors c'est sans doute plus simple de ne rien faire du tout.

… Qui refuse de laisser tomber.
Non.

NON !

On peut pas… Si on en reste là, si les mots ne sortent pas, y’aura plus rien Joaquin ! Plus rien du tout ! Tu s’ras incapable d’oublier, j’serais incapable de faire comme si rien n’avait été brisé. C'est foutu, on a tout cassé, on a pillé notre amitié, on a abandonné les serments réalisés. J’m’en rend compte à cet instant, que même si je voulais garder ces vingts ans sans les entacher, c’était impossible… Au moment même où je t’ai proposé de m’accompagner à ce foutu restau, j’avais balancé une grenade dans l’histoire. J’ai fais une erreur et j’en suis conscient mais… On ne peut pas rester comme ça.

- No…

Murmure en espagnol, que t’entendras surement pas mais qui, je sais pertinemment, sonne comme un adieu à ce qu’on a été. Les pieds qui retrouvent leur fonction, un pas qui en devient deux, qui en deviennent quatre, qui en deviennent… Et se retrouver à quelques centimètres de toi, t’obligeant à me regarder tellement je viens de bondir dans ton espace personnel sans t’en demander le droit. Les mains levées, entourant ton visage sans pourtant le toucher.  Alors que l’envie est bien là, de laisser mes paumes bombarder ta peau de la chaleur qui me broie depuis dix minutes. Mais je sais que j’ai déjà été trop loin, en t’obligeant à être si proche de moi, j’peux pas t’insulter plus. J’peux pas te faire plus de mal.

- Escúchame…

Ecoute moi Joaquin, ne fuis pas. Reste là, à quelques centimètres, à sentir mon souffle bouillant s’écrasant contre le tien. À sentir mes paumes vibrer à quelques millimètres de ton visage, dans une position incongrue et pourtant que je m’oblige à tenir.

- Ce serait plus simple, ouais, de rien faire… De pas… Continuer ce qu’on est peut-être en train de faire…

Murmures rauques, à toi et seulement à toi. Je sais que je n’ai qu’une poignée de secondes avant que tu disparaisses, incapable de tenir plus longtemps dans un espace aussi restreint.  Mon corps boue, la sueur, je la sens qui perle sur mon front, sur les muscles, dans le dos. Et Ah Puch qui tambourine pour retrouver son compagnon, qui m’oblige à faire preuve d’un self control dont je ne m’aurais jamais cru capable.

- Mais moi je ne peux pas…Ça fait vingts ans que j’me tais, j’peux plus rester muet…
Alors tant pis pour toi, tant pis pour moi. Si ça sonne la fin de ce qu’on a été, au moins, tu comprendras que je ne t’aurais pas menti ce soir.

- No puedo más...

Et abandonner mes lèvres contre les tiennes, comme la suite logique de ce que je voulais te dire mais sans connaitre les mots pour te le murmurer.

C’est même pas violent, c’est même pas doux. C’est rien de tout ça, c’est juste… Nous.

Je serais incapable de mettre des émotions sur ce que ça me fait, de sentir ta bouche contre la mienne, d’avoir enfin un instant pour savourer ton goût. Un instant, ouais,  car sans savoir comment je fais, je recule au bout de quelques secondes, lâchant mes mains en suspend, reculant d’un pas, comme signe de reddition.

Maintenant, tu peux abandonner Joaquin.
Et tu peux respirer Alejandro.

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What we create is chaos - Jeu 2 Aoû - 0:23


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Il a l’impression d’être un animal pris dans les phares d’une voiture, figé quand Jan avale à grandes enjambées la distance qui les sépare. Il est glacé, incapable d’avancer, de reculer. Les yeux suivent le chemin des mains, des doigts fins qui se figent à quelques centimètres de ses pommettes.
Ils cachent des lames qui ont tué beaucoup d’hommes, qui savent faire souffrir les corps, couper les âmes et sortir les secrets. Pourtant ce n’est pas ça qui fait se raidir encore davantage Joaquin. Jan a envahi son espace personnel, il est proche, trop proche. Seules les personnes qui ont fini dans son lit ont pu se permettre cette proximité. Pourtant, rien ne lui a jamais semblé plus intime que ça.
- Escúchame…
Ça ressemble presque à une supplique, ça empêche Joaquin de bouger. L’esprit se redresse, les yeux quittent les paumes qui l’entourent et rencontrent ceux de Jan. Il ne sait pas trop ce qu’il y voit. Il ne sait pas ce que l’on peut lire sur son propre visage. Il n’arrive même pas à discerner ce qu’il ressent. Il se sent stupide, incroyablement con. Il a osé poser des mots sur ce qui ne devait pas être formulé à haute voix. Il a extériorisé un mélange inexplicable, une faiblesse passagère. Il a donné trop d’importance à ce que son cœur souhaitait tout en sachant que seule la raison compte, la raison guide, la raison gagne.
- Ce serait plus simple, ouais, de rien faire… De pas… Continuer ce qu’on est peut-être en train de faire…
Oui. Oui, voilà, c’est la bonne solution. C’est ça, c’est bien. Ça va faire mal quelques temps puis ça passera. Ça passe toujours. C’est passé il y a trois ans. Et si ça ne passe pas, Joaquin trouvera une autre solution. Ils ne peuvent pas s’engager sur cette voie. Sur quelle voie d’ailleurs ? Il n’y a rien pour eux. Jan est malade, doit se préoccuper de son corps et de son esprit en plus de ses obligations de capitano, Joaquin a une mafia à diriger, les deux n’ont pas le temps pour les questions parallèles. Quelle que soit cette voie, elle est condamnée à l’échec, la frustration et la souffrance. Alors Jan a raison, il va reculer ses mains, il laissera Joaquin enfiler ses gangs et repartir frapper le sac qui sera remis en place. Ils se salueront le lendemain et voilà tout.
Buluc Chabtan grogne. Il frisonne de voir Ah Puch si proche. Mais l’humain ne le repousse pas, compte attendre que l’orage passe. Il compte le garder à ses côtés, comme toujours. Alors Buluc Chabtan n’a rien à redire du moment que son éternel compagnon reste près de lui. Pas de la manière dont il l’aurait voulu, en osmose, mais le dieu le sait, il ne faut pas trop en demander à Joaquin Costilla.
- Mais moi je ne peux pas…Ça fait vingt ans que j’me tais, j’peux plus rester muet… No puedo más...
Coeur qui se fige, résolution qui se fracasse la gueule par terre. Les mains restent à leur place alors que les lèvres se rencontrent. Petite boule de chaleur au creux des reins. Douce, agréable, chaude, humaine. Ce n'est pas le feu qui le ravage quand il utilise son pouvoir, c'est plus calme, plus apaisant. Ce n'est pas lui. Ce n'est pas lui cette statue en sueur qui vient d'entendre sans broncher que son ami lui ment depuis vingt ans. Qu'il pense à ça depuis vingt ans. Qu'il le regarde depuis vingt ans. Que Joaquin se trompe depuis vingt ans et qu'il s'est fait humilier il y a trois ans. Stupéfaction et colère bouillonnent. Jan s'écarte juste à temps. C'est passé en un éclair, mais ça a duré assez de temps pour que Joaquin, s'il l'avait voulu -et pu- l'ait mis à terre. Ça a duré juste assez de temps pour qu'il sache exactement le goût des lèvres de Jan, qu'il puisse y penser à l'avenir, quand sa main s'agitera en se léchant la lippe à la recherche de la saveur. Juste assez pour que Joaquin veuille en reprendre, juste assez pour que le coeur se relâche, la respiration s'emballe.
Il a l'impression qu'un poids vient de lui être ôté. Que le tabou a été en parti supprimé. Que les non-dits viennent d'être balayés. Il se rend compte qu'il a aimé ça, qu'il en reveut, qu'il veut tellement plus. Il se rend compte de sa faiblesse, de l'imprudence de Jan et de son arrogance.
Il sait que maintenant, tout dépend de lui. Qu'il peut tout briser, littéralement. Les vingt ans passés sont éclairés d'une nouvelle lumière, sous un nouvel angle, lui font remettre en perceptive trop de souvenirs. Il peut les détruire, tout ravager. Il peut réduire à néant l'avenir, n'accorder au « nous » aucune place. Il peut lui ouvrir une porte et la laisser grandir, tenter quelque chose. Mais c'est trop vague, trop nébuleux. Tenter quoi ?
Ils sont les dieux de la guerre et de la mort, du sacrifice et de la maladie. Ils sont des gradés de la Calavera. Ils peuvent être autre chose ce soir, avec ce baiser arraché. Ils peuvent n’être rien de plus.
- Vingt ans Jan …
En fait c’est ça qui fait le plus mal. Pas les lèvres qui se sont rencontrées, qui trahissent une proximité rêvée, mais le mensonge. Vingt ans de mensonge, de faux-semblants. Vingt ans que Joaquin se trompe. Trois ans où Jan a bien dû rire.
- Tu m’as menti pendant vingt ans.
Ça sonne comme un coup de glas. Ca déclenche quelque chose, ça ferme les poings et ça le fait bondir soudainement.
La rage explose alors qu’il se jette sur l’autre. Sur l’inconnu, sur celui qui l’aime depuis vingt ans et qui n’a pas été foutu de mettre les choses à plat. De ne pas le faire souffrir. De se laisser souffrir en silence. Joaquin l’a fait souffrir pendant vingt ans. La pensée lui est insupportable.
Il ne sait pas trop ce qu’il fait quand il percute Jan de plein fouet, sauf qu’il est furieux. Le contrôle est perdu, les gestes ne sont pas ceux d’un combattant inexpérimenté.
Jan a fait monter l’étincelle de la passion, celle qui le fait torturer et aimer à la fois, qui le rend violent et sans remord.
Ils roulent à terre et quand Joaquin s’apprête à abattre son poing, ce n’est que Buluc Chabtan qui bloque le geste, le suspend au-dessus de sa tête. Il blêmit, l’énergie disparait, la tête lui tourne. Il ne bouge pas, la main tremble, la gorge se serre.
- Tu as tout foutu en l’air. Tu as tout cassé.
Lui, lui-même, eux. C’est un gémissement, des mots d’enfant. Il a l’impression d’avoir tout perdu. Parce que rien n’est possible.
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What we create is chaos - Jeu 2 Aoû - 0:23


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J’attends. Comme un putain de con j’attends que tu réagisses. que tu dises quelque chose, que tu ouvres la bouche, rigole, hurle. J’en sais rien mais réagit Joaquin. Fais quelque chose et ne me laisse pas avec le seul goût de tes lèvres sur les miennes. J’ai pas envie d’y repenser maintenant, pas envie de me repasser les émotions que ça fait cramer en moi. J’ai l’impression d’être un gosse prit en flagrant délit de connerie et d’attendre que le flic vienne me taper sur les doigts. Et le con il est là, il me regarde, les yeux interdits, le silence au bout des lèvres. Il me regarde pour que je panique. Et ça marche mio amigo. Ça marche tellement que je sent Ah Puch s’égosiller et hurler à l’humain que tu es de dégager. Le Dieu en a marre de tes conneries, il réclame son compagnon et pas une carcasse qui me laisse complètement abruti. Tu n’imagines même pas à quel point c’est difficile, à cet instant pour moi, d’être là. Devant toi. De ne pas partir, de rester fier, le menton haut et le torse bombé. Alors que je viens littéralement de m’écraser à tes pieds Joaquin. Alors, j’t’en supplie , réagis, parle, bouge. Barre-toi. Mais fais un truc. N’importe quoi.
- Vingt ans Jan …
Quo…Quoi ? Mes sourcils se froncent légèrement, je ne comprend pas ce que tu veux dire par là, un peu abasourdi que ce soit la seule chose que tu es retenu mais…
- Tu m’as menti pendant vingt ans. 

Non…
Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi tu transformes tout ?! Je ne t’ai jamais menti, j’ai.. Putain Joaquin mais qu’est ce que tu fous ! Je me prépare physiquement, mes poings se dardent, sont prêts. Car je le connais ce regard, je le connais ce ton. Je te connais encore plus que tu ne te connais toi-même. Et je sais quand Joaquin Costilla va se laisser tomber dans la violence la plus totale.

Bande les muscles Alejandro Flores. T’as le coeur en miette mais tu peux encore rester debout malgré le dégout que t'as de toi même.

La décharge est violente, boulet de canon qui me fonce dessus et me fait valser en arrière dans un lourd fracas. Le dos prend cher sous ta brutalité Joa, je sens mes reins qui crépitent, les souvenirs des combats de cet aprem’, des plaies encore suintantes, de mon dos en charpi. Tout mon corps souffre sous ta violence mais j’dis rien, et je te laisse faire. Car je suis incapable de répondre. Peut-être que tu penses que j’me suis foutu de ta gueule pendant 20ans, que je t’ai menti chaque jour, chaque heure et chaque minute passées ensemble. Mais toi, en 2 phrases, tu m’as juste foutu une balle en plein coeur. Félicitations, nous sommes à égalités !

Putain de bordel Joa !

Tu me bloques au sol, tout ton poids sur mon bassin et j’reste immobile, stoïque. Incapable. Toujours stupéfait pas ce que t’as compris alors que ça n’a jamais été ça. Tiens, c’est pas une des premières étapes du deuil ? Le Choc et le déni ? Bien Flores, la Mort a ses propres funérailles, ça progresse dis donc ! Mon esprit se défend contre tes mots, essaye de ne pas y croire et te laisser m’acculer comme un de tes pauvres ennemis. Appuie là où ça fait mal Joaquin, le corps ressent lui, le coeur, il n’est plus là. Sûrement lui aussi parti en vacances histoire de me laisser tranquille.
Et puis y’a ton poing, que je vois se lever, et moi comme un con je garde les yeux ouverts, histoire de le voir s’affaisser contre mon visage et me briser quelques os en cadeaux. Au point où on en est Joa, j’ui pas un corps près en morceaux. Mais tu t’arrêtes, la main toujours levée, le regard qui flanche, les phalanges qui blanchissent a force d’être serrées. Je le vois, ton poing qui tremble, ton visage qui se pare d’une toute autre couleur. Et tes yeux, furieux, vides. J’arrive même plus a savoir ce qu’il y a dedans tellement y’a trop d’émotions qui y passent.
- Tu as foutu en l’air. Tu as tout cassé.

Merci pour la nouvelle, sympa de me le rappeler. Faut que je dégage d’ici avant que ça n’empire, avant que je m’énerve et que je tei fasse comprendre qu’avant d’être cette tapette qui vient de t'embrasser, j’ui un soldat, j’ui un Flores. J’ui pas un putà d’incapable.

Trop tard pour partir, Ah Puch bombarde mon corps de ses poings. Ah Puch rugit. Ah Puch a faim. Mouvement de bassin pour te faire tomber, mon bras se relève immédiatement et attrape ton épaule pour te faire basculer sur le côté. J’appuie fermement sur ta peau, t’oblige à rester au sol alors que j’ensers ta taille de mes jambes et me retrouve à la place qui était tienne quelques instants auparavant. Les doigts remontent et crépitent sur ta carotide, mon derme boue, mon souffle est court et manque de se perdre en route.

« Bordel j’t’ai jamais menti  !
Toi tu murmures, moi je hurle. C’est la seule façon que je connais pour exprimer ce que je n’ai jamais voulu connaitre. Ce que je n’aurais jamais du te révéler. Mon genoux appuie fortement sur ton aine, histoire que tu bouges pas, histoire que tu écoutes et que là, cette fois, tu te sentes vraiment agresser. L’humain gerbe face au besoin d 'Ah Push de te contenir mais là Joa, j’vois pas quoi faire d’autres. Je refuse de te laisser croire que j’ai été indigne d’être ton ami.

« Qu’est ce que tu voulais que je te dise, hein ? ! Que j’t’aime ?!  Ça aurait changé quelque chose ? NON ! Car on peut rien y faire, tous les deux c’est…

Souffle a deux doigts de partir en vrille, tout comme les doigts, dont tu dois sentir la chaleur qui émane, l’envie de découper, de ciseler. De tuer. j’ai même pas tilté, sur ce que je viens de dire. Sur le mot que j’ai jamais prononcé à haute voix et que je serais incapable de redire.

« … Impossible ! T’aurais toujours trouvé une raison pour que ça fonctionne pas…Comme moi je trouve toujours une façon de tout foutre en l’air.

J’ai envie de te lâcher mais j’y arrive pas. J’ai envie de retirer mes doigts de ton cou mais je n’y arrive pas. L’humain, le dieu, aucun des deux ne veut te laisser partir sans que tu comprennes réellement ce qui m’en coûte de te balancer la vérité ce soir.

« Au point où en est, arrêtons les frais mio amigo…

Relâcher la pression, desserrer ta taille, abandonner ton cou, et me reculer pour m’asseoir à côté. Sans pour autant être capable de te regarder. J’sais pas si je pourrais un jour croiser tes yeux à nouveau en sachant que t’y vois simplement un hypocrite. Un putain de menteur indigne d’être à tes côtés.

« ... T’as plus besoin de Roukie. Ça sert à rien de continuer dans ce putain de monde si tu penses ça de moi…J'ui pas un menteur.

Les mots sont crachés comme un vieil alcool dégueulasse. Vous savez, celui qui brûle, celui qui vous tord les boyaux et vous fait dégueuler. C’est cette sensation que j’ai en bouche Joaquin. Plus ta saveur, plus le goût de tes lèvres mais bien la bile . Honteuse, brûlante. Léthal.

« Dis à ton putà de Dieu que s’il a envie d’un sacrifice, j’lui en donne un gratos.

Tête qui finit dans les paumes, front qui s’éclate contre mes genoux. Position d'un gamin, de celui qui a été balancé trop tôt sur un ring, qu'a jamais été capable d'aimer normalement, de rendre fier ceux pour qui il pensait compter.
Le coeur qu’est de retour au final. Brisé, en morceaux mais qui continue de tambouriner comme un con. Mes doigts glissent lentement sur ma nuque, essayant de dénouer les muscles, de se calmer. Mais non, Ah Puch est toujours là Jan, et il a faim. La Maladie aussi, elle est affamée, elle grogne. Et les doigts qui crépitent sur ta peau, les lames qui, sous la pression ,glissent lentement sur ton derme, tu les laisses faire.Tu les laisses te découper un peu plus que tu ne l’es déjà.

Au point où t’en es de toute façon.
Il l’a dit, t’as tout cassé.
T'as plus qu'a te terminer maintenant.



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What we create is chaos - Jeu 2 Aoû - 0:24


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bad things


"When you came in the air went out
And all those shadows there filled up with doubt
I don't know who you think you are
But before the night is through
I wanna do bad things with you"
song



- Qu’est ce que tu voulais que je te dise, hein ? ! Que j’t’aime ?! Ça aurait changé quelque chose ? NON ! Car on peut rien y faire, tous les deux c’est…
Il se prend tout en pleine gueule, cligne des yeux, interdit. Je t’aime. On ne lui a jamais dit ça. Il ne pensait pas qu’on lui dirait un jour. Il s’en foutait, avant. Il ne s’en moque plus maintenant. Les trois mots détruisent des mondes et en créent d’autres. Joaquin est incapable de dire quand quelle direction ils les mènent actuellement. Il m’aime.
Le corps perd de son énergie et arrêter de lutter contre le poids qui le maintien au sol. Dieux, il en a rêvé de cet instant. De Jan au-dessus de lui, de leurs jambes emmêlées, de leurs souffles trop courts. Mais c’est un cauchemar. Ce n’est pas la réalité, ce n’était qu’une chimère. La poitrine a du mal à se soulever. Son monde tremble. Jan est à sa base alors forcément, ça se fragilise en même temps qu'il hurle.
Il n’a jamais menti. Il n’en doute pas. Il le sait. Alejandro aime Joaquin depuis vingt ans. Comment a-t-il pu passer à côté de ça pendant autant de temps ? Comment a-t-il pu le faire souffrir aussi longtemps sans s’en rendre compte ? C’est ça qui fait mal. Son incapacité à voir la détresse des autres alors que Jan lit en lui comme dans un livre ouvert. Il se sent minable, une fois l’envie de cogner partie. Mais il a une fierté trop grande pour ouvrir sa gueule et souffler des mots d’excuse. Pas alors que les doigts de Jan se baladent sur sa carotide, prêts à le tuer en quelques secondes au moindre sursaut.
- … Impossible ! T’aurais toujours trouvé une raison pour que ça fonctionne pas…Comme moi je trouve toujours une façon de tout foutre en l’air.
Les mots font mal. Juste retour de flamme contre celui qui a déjà trop brisé en les sifflant sans remords, en les usant pour sa propre gloire et celle de la Calavera. Là, c’est Jan qui lui met sous le nez tout ce qu’il a foiré. Eux pour commencer. Parce qu’il a freiné à chaque moment du chemin qui les amené ici. Et peut-être que s’il avait couru, alors il arriverait à respirer, il pourrait passer une main dans les cheveux de Jan en soufflant un « beau combat ». Ouais, si seulement c’était son genre.
- Au point où en est, arrêtons les frais mio amigo…
Yeux qui clignent. Arrêter quoi ? Leur amitié foutue ou le lien que la Calavera tisse entre eux ?
- ... T’as plus besoin de Roukie. Ça sert à rien de continuer dans ce putain de monde si tu penses ça de moi…J'ui pas un menteur.
C’est un putain de cauchemars.
Il se redresse. Il n’arrive toujours pas à respirer correctement. Il a besoin de Jan qui sourit, qui a sa clochette insupportable à son cou, qui lui rend son briquet, qui mange son plat beaucoup trop vite. Il a besoin de Jan. Il ne peut pas le perdre, pas comme ça.
- Dis à ton putà de Dieu que s’il a envie d’un sacrifice, j’lui en donne un gratos.
Buluc Chabtan recule dans la conscience de Joaquin. Puis se ranime, explose contre sa conscience. Voilà où ses conneries les mènent, voilà où sa faiblesse les porte ! Ah Puch est dans un homme qui veut mourir. Ah Puch va disparaitre parce que Joaquin n’arrive à toucher personne, parce que son cœur n’arrive pas à apprendre à battre en duo, parce que son âme est dédiée à la Calavera qui les a érigés au sommet et qui les empêche de se tourner vers des problèmes plus … humains.
Problèmes ? Joaquin, regarde-le. Regarde-le se couper, se faire mal, se tuer. C’est de ta faute. C’est ton œuvre. TU as tout foutu en l’air Joaquin. Toi pas lui. Lui il t’aime et tu es incapable de lui dire la même chose sans que les mots ne s’étouffent dans ta gorge. Même si toi aussi, tu l’aimes. Oui, il est malade, oui, il n’a rien dit, mais regarde-toi, c’était sans doute préférable. Oui, il va mourir. Mais regarde-le. Il se suffit à lui-même pour te persuader qu’il vaut bien la peine d’avoir mal si c’est pour le voir sourire de nouveau. Il n’y a pas besoin d’argument, Lui, ça suffit.
La vue du sang le secoue, lui fait l’effet d’un électrochoc. Il tend la main, la glisse entre les paies déjà sanguinolentes et la paume de Jan. Il sent les lames déchirer sa peau. Il n’a pas mal. Jan ne peut pas lui faire mal. C’est lui-même qui se fait souffrir.
Il ne détache sa paume de la nuque chaude que quand celle de Jan se relève. Il ne regarde pas sa main alors qu’elle retombe à côté lui. Elle saigne, c’est certain, il sent le sang couler et goutter par terre. Il n’était pas censé saigner ce soir. Il était censé sortir la tête vide, pas le cœur sur le point d’exploser.
- Je … Je suis désolé.
Pour avoir tout foutu en l’air, pour être ce qu’il est, incapable de bouger.
Il a un sourire amer sur les lèvres. Il a perdu le goût de celles de Jan. Il veut le retrouver, c’est mieux que celui amer qui envahit sa langue.
- On est foutu hein ?
Ils ne pourront pas faire marche arrière. Tout est perdu, leurs vingt ans d’amitié, de combats, de rêves, d’échecs et de succès ensemble.
- J’ai pas envie de tout perdre Jan.
En cet instant, il est tout Jan. En temps normal, c’est la Calavera sa vie, son ambition, son unique objectif. Mais ce soir il est lui, aussi incapable soit-il.
- Tu ne peux pas partir, j’ai besoin de toi … Je …
Dis-le, dis-le.
- Ca fait pas vingt ans Jan. Ca fait même pas trois ans. Mais … ouais. Moi aussi.
Moi aussi je t’aime. Mais il ne le dira pas.
Il se relève, regarde enfin sa main. Il va devoir appeler Clemens.
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What we create is chaos - Jeu 2 Aoû - 0:24


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bad things


"When you came in the air went out
And all those shadows there filled up with doubt
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But before the night is through
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C’est douloureux, mais j’sens presque rien. Ma peau s’est durcie d’années en années, j’my suis habitué, aux lames qui dévorent ma chair, directement ou sous l’impulsion de la nuit quand mes crimes viennent s’attacher à mon derme. Je sens juste… Que ça suinte, que ça chauffe, que ça découpe. Ça pique un peu mais au fond, ça fait pas aussi mal que les mots que tu m’as balancé. Menteur, hypocrite, manipulateur. J’ui rien de tout ça et tu le sais. Demande moi n’importe quoi et y’a que la vérité qui aurait glissé mes lèvres, même si elle fait parfois mal. Et l’idée que tu puisses penser ça Joaquin, ça me détruit bien plus que le fait de ne pas avoir eu d’écho à ce que je t’ai dis.

J’m’en fous des peut-être
J’te veux toi, rien que toi, sans ce qui aurait pu être.

Je te vois, bouger un peu sur la gauche. Je sens que tu t’approches, que tu fais un effort, que t’essayes de récupérer ton capitanos. Je sais que tu souffres, que t'as peut-être honte de moi, en me voyant dans cet état. Désolé de pas me contenir quand j'ai le coeur qui dégueule de toute part.

Et puis il y a ta paume que je sens contre ma nuque. Elle se glisse entre mes armes et le champ de bataille, prend tout, les blessures et la douleur que toi, jamais tu ne ressentiras. Mes empreintes contre ton derme, je m’y accroche, je ferme les yeux. Ça caresse lentement, ça pique ardemment ta main Joa car c’est peut-être des rasoirs que j’ai au bout des doigts, mais ça reste mon corps contre le tien. Et aussi horrible que ça puisse être compris, j’en profite comme jamais, de sentir ta paume contre ma chaire. De savoir que tu es avec moi, même pendant quelques instants. Avant de perdre une main. Avant de disparaitre.
Dextre relevés, je refuse d’aller plus loin dans la violence, t’as déjà assez souffert comme ça, même si tu le sens pas. Et ça m’inquiète et j’n’ose pas regarder le massacre. J’n’ose même pas relever la tête pour te regarder, pour savoir ce que tu…

- Je … Je suis désolé.

………Okey. J’ai envie de relever la nuque, de darder mes yeux dans les tiens, d’arquer un sourcils de te demander de quoi mais j’bouge pas. Toujours le front ancré sur les genoux, le souffle qui s’écrase contre le jean, l’impression de me noyer dans mon propre espace. Okey. Ah Puch a l’oreille tendue, il écoute comme un curieux, en demande un peu plus. Mais Alejandro lui, il a envie que tu te taises, que tu…

Ça devient réel.

Tant que y’avait que moi qui osait balancer des vérités et des explications aux sous entendu, c’était … C’était que des chimères, des images dans la tête, des espoirs au creux des draps, des soupirs un peu trop long sous les lumières blafardes. Okey…Pète pas un cable Jan, pas maintenant. Pas au moment où Joaquin décide de parler et pas seulement de frapper. Par les poings, par les mots. Par tout ce qu’il peut représente pour toi.

- - On est foutu hein ?

J’étouffe un rire dans ma carcasse. On est dans la merde jusqu’au cou Joa, même moi je ne sais pas dans quoi on s’embarque à se murmurer tout ça. Mais au creux du ventre, ça crépite lentement, ça se mélange à la colère, à la honte, à la rage. C’est un peu douloureux, ça a un gout un peu étrange, acide, sucré, brûlant et j’sais pas trop quoi en faire. Je reste en attente, je te laisse continuer. Car si j’ouvrais la bouche à cet instant précis, je sais pas ce qu’il en sortirait. A part un amas de conneries, de blagues foireuses et d’envies de te sauter à la gorge pour te montrer à quel point je ne blaguais pas, tout à l’heure.

Non, pas avec mes doigts contre ta carotide Joa.
Mais avec ma bouche qui a besoin de te découvrir, de sentir, que toi aussi, ton coeur, il palpite.

- J’ai pas envie de tout perdre Jan.

Tout. La Calavera en premier, l’ami en second. Le frère en dernier. Tout nous relie, chaque pan de notre existence, l’un est dans un angle. Chaque route prise, nous sommes à côté, chaque décision, nous en discutons. Détruire un morceau, c’est retirer l’essence même de ce qu’on est Joaquin. Retire l’ami, tu perdras le frère. Supprime le frère, tu perdras l’ami. Supprime ce qu’on vient de découvrir, là, peut-être que tu garderas quelque chose. Ça sera froid, ça sera pro, mais au moins, on restera un duo.

- Tu ne peux pas partir, j’ai besoin de toi … Je …

Okey. Jan relève la tête, regarde le, fais pas ton gosse, ton connard qui ressent rien et reste bloqué dans son carcan de colère. J’y arrive pas, j’y arrive pas. J’serais pas capable de te laisser une seconde fois si j’te regarde Joaquin. J’pourrais pas rester de marbre face à la gueule que je sais que tu tires. Alors reste fermé Alejandro, reste bloqué et écoute. Okey.

- Ça fait pas vingt ans Jan. Ça fait même pas trois ans. Mais … ouais. Moi aussi.

Les yeux qui se ferment, remplacent le noir des genoux par le noir des paupières. Pas okey du tout. Plus capable de rien, de respirer, de se calmer, de se lever. Je sais plus quoi faire, t’es pire qu’un chauffage qui grille en plein hiver Joaquin. Tu chauffes, tu glaces, tu frappes, tu brûles et hop tu dégages. Car toi tu te lèves, toi tu disparais alors que je reste le cul par terre, à essayer d’assimiler, de comprendre de…

Toi aussi.

Pour certains, pire déclaration qui existe mais toi je te connais, et ça t’en coute de murmurer ces mots.
Et ça me va Joa. Ça me va.
Car j'attendais rien de toi, à part peut-être une réponse ou un non tranchant.
Mais certainement pas un écho.

Alejandro debout, sensation d’engourdissement dans la nuque, qui suinte, qui crépite sous le feu des lames. Nouvelle blessure, nouvelle cicatrice, mais cette fois-ci, j’m’en souviendrais. J’l’oublierais jamais celle-là. Et j’ose enfin relever la tête, le menton, le buste et te regarder.
Ça dure une seconde, ça en dure cinq. Ça en dure quinze. Et c’est trop long. Beaucoup trop long.

- Ouais…

Ouais. Réponse parfaite de la part de Flores, bravo pour l'apprentissage du dictionnaire !

- On est foutus…On est foutus….

Sourire gêné, sourire stressé, sourire qui ne sait pas faire grand chose apart cacher le malaise qui m’éreinte depuis dix minutes. J’ai envie de t’approcher, de faire un pas, mais j’ose pas, recommencer. Réessayer. Alors que bordel Joaquin… Si tu savais à quel point j’en ai envie, de m’approcher.


- Ta main…Viens on va la passer sous l’eau et la bander po…

Lèvres pincées face au terme mal choisi. Mais qui a le mérite d’évacuer un peu le stress. Qui a le mérite de montrer à quel point t’es paniqué Alejandro. Les conneries, ta principale défense depuis toujours. Même quand tu sais pas quoi faire, ton cerveau, lui, te joue des tours.

- … On va éviter de repeindre mon ring.

Se raccrocher à l’humour, essayer de te montrer que malgré la peur, malgré la honte qu’est toujours là, de t’avoir foutu dans une telle situation, le Jan que tu connais, ton ami, ton frère, ton capitanos, il est toujours là.

Mes doigts se tendent légèrement, assez pour t’effleurer, accaparer les tiens, mais non, je m’arrête à mi chemin pour éviter une seconde fois d'aller trop loin.
Je sais pas si je peux malgré ce que tu m’as dis. Je sais pas si je le veux malgré ce qui crépite. Tu l’as dis, tu ne veux pas tout perdre Joaquin. Et je ne veux pas que tu abandonnes quoi que ce soit pour ça.

"Viens… Et me parle pas de Clemens qui peut te soigner, je le sais.

Clemens aux doigts magiques, Clemens qui te touche pour te réparer. Alors que moi je t'embrasse pour tout briser.

Bon, tu bouges Alejandro ? Tu te mets à marcher, t’abandonnes ses yeux, t’abandonnes son visage ? T’abandonnes ce qu’il t’a dit sans relever, alors qu’il a osé parler ? Jan, dégage ou fais quelque chose…Fais un truc !

Un pas vers toi, même situation que tout à l’heure, même face à face mais sans les mains cette fois-ci. Juste ton visage et le mien. Ton souffle et le mien. Ton coeur et le mien. Front qui s’approche un peu, qui s’arrête à quelques millimètres de ton derme.

J’pensais pas que ça serait aussi difficile, tu sais, de tomber pour quelqu'un.

"J’avais prévu… Léger rire, étouffé, pour calmer le tout qui éclate en moi… un super discours quand j’oserais balancer tout ça mais…Visiblement je ne suis pas plus doué avec mes mains qu’avec mes mots ce soir…

Ne pas te toucher. Ne pas t’effleurer. Juste t’embraser, de la chaleur qui émane du dieu et de l’Homme.

"Ouais, on est foutu mais…Au moins on est tout les deux… que je souffle sans te lâcher des yeux.

Comme toujours Joaquin.
Costilla et Flores.
A la vie à la mort.
Peut-être plus en fin de compte.

"...Tu me laisses soigner ta main ?

C'est pas un ordre Joaquin. C'est une prière. car ta main n'est qu'un prétexte, y'a pas que ça, que j'ai envie de panser.

Que j'ai envie d'effleurer et de garder.

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What we create is chaos - Jeu 2 Aoû - 19:13


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Ils se regardent dans les yeux pendant des secondes qui paraissent interminables, qui s’étirent et ne s’arrêtent jamais. Il ne sait pas trop comment est censé se passer une déclaration, mais il est à peu près sûr que ce n’est pas ainsi que les choses se font. Pourtant, il trouve ça bien. C’est mieux, c’est eux.
- On est foutus…On est foutus…
Le rire de Jan ne lui échappe pas, pas plus que tous les sentiments qu’il porte. Ils ont fait une croix sur ce qu’ils ont mis en place pendant vingt ans. Ils ont abandonné un avenir, si ce n’est serein, au moins déterminé. Ils ont choisi un chemin inconnu où Joaquin n’a pas vraiment envie de s’aventurer, mais où ce « moi aussi » l’a poussé sans retour possible en arrière. Ils ont abandonné un avenir de frustration pour une alternative qui ne promet rien de mieux. Ils ont pensé à quoi ? Il est devenu con.
- Ta main…Viens on va la passer sous l’eau et la bander po … On va éviter de repeindre mon ring.
Jan ne se serait pas arrêté que Joaquin n’aurait pas relevé. Trop tard. Il l’a fait. Comme il remarquent les doigts qui amorcent un mouvement pour se retirer une nouvelle fois. C’est bien. Il est à fleur de peau, un contact l’aurait sans doute brusqué. Il se rend à peine compte de son aveu, mais sait sa valeur. Il ne l’a jamais dit pour personne, ne le répètera jamais pour un autre alors il a une saveur particulière. Humaine presque, crémeuse, qui donne envie d’y gouter inlassablement, de le redire. De ressentir à nouveau le frisson de la mise à nu et la petite angoisse du silence, de sentir encore le poids qui s’enlève de la poitrine et l’étincelle de l’excitation, la sensation du danger naissant.
Il ne baisse pas de nouveau ses yeux sur sa main. Elle est charcutée, Jan ne l’a pas loupé. Il ne lui en veut pas. Il demandera peut-être à Clemens de garder une cicatrice. Il veut s’en souvenir. Comme marque de sa faiblesse, comme erreur à ne pas répéter. Ne pas poser sa main sur Jan quand les lames courent sous ses doigts. Pourtant, si c’était à refaire, il le referait. Et s’il doit encore le faire, il le refera. Il ne se dit pas qu’il ne doit plus toucher Jan du tout. Ce n’est pas possible. L’homme touche tout et tout le monde, physiquement ou mentalement. Joaquin n’y échappe pas. Que ce soit des contacts éphémères et routiniers, des effleurements lointains ou une main sur une épaule trop appuyée, il sait qu’il ne peut éviter le corps de l’autre. Surtout pas celui-ci. Pas quand il en a envie. Une envie croissante, qui allume le corps, qui fait plier les draps, qui fait en vain fermer ses lèvres pour retenir les gémissements, qui coupe ses pensées, le soir, soudainement. Tu l’as enchanté Jan. Tu fais plier le corps et l’esprit. Autant qu’il fait plier le tien. Mais ça le fait presque souffrir. Non, ça le fait bel et bien souffrir.
- Viens… Et me parle pas de Clemens qui peut te soigner, je le sais.
Il a un sourire sarcastique sur la commissure des lèvres. Jan le connaît bien. Jan sait que Joaquin se tournera vers la personne la plus à même de faire le boulot vite et bien, dans son pragmatisme permanent.
Les corps se rapprochent une nouvelle fois.
- J’avais prévu… un super discours quand j’oserais balancer tout ça mais…Visiblement je ne suis pas plus doué avec mes mains qu’avec mes mots ce soir…
- C’est mieux comme ça.
C’est plus naturel. Pas fluide, parce qu’entre eux, quand on en vient au cœur, ça ne l’est jamais. Mais c’est vrai, c’est eux. Ça a fait mal, mais si ça ne l’avait pas secoué autant, rien ne serait jamais sorti de sa bouche. Il se serait muré dans le silence et alors, ils auraient pris le premier chemin. Celui où Jan ne se serait pas permis de s’approcher une nouvelle fois ainsi. Où le short de Joaquin serait resté à sa taille et où il n’aurait pas tiré nerveusement dessus, laissant du sang tacher le tissu et leur corps se frôler. Erreur.
- Ouais, on est foutu mais…Au moins on est tous les deux…
Il est soulagé d’entendre ça. Jan reste, Joaquin ne perd pas Jan. Buluc Chabtan garde Ah Puch. Le commandante garde son capitano
- Ensemble ...
Il prononce le mot si bas que Jan ne l'aurait sûrement pas entendu s’il ne s’était pas trouvé si près. Joaquin ne sait même pas ce qu’il veut dire. Oui, ils sont ensemble, mais comment ?
- ..Tu me laisses soigner ta main ?
Un silence. La logique voudrait que non. Qu’il appelle Clemens et qu’il parte.
- Ouais.
Une autorisation bourrue alors que leurs yeux ne se quittent pas et que Joaquin trouve avec bonheur la lueur dans ceux de Jan. Il ne doute pas que la même brille dans ses yeux. Et il s’en fout pendant un instant. Il se reprend juste avant que ça ne devienne gênant.
Ils quittent le ring alors que Joaquin suit Jan vers les vestiaires. Il se laisse tomber sur un banc, serre les jambes et regarde Jan s’afférer en silence. Il ne dit plus rien parce que tout a été dit. Parce qu’il ne vaut mieux pas qu’il ouvre la bouche sans risquer de sortir une connerie. Il se sent exactement comme un adolescent en rut. Pathétique, mais trop tard. Plein d'envies avec un cœur qui ne fonctionne de travers.
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