union putride | asbjörn, annalisa & zmeya - Dim 16 Sep - 9:54
union putride
Septembre 2018, Ashmill, Arcadia
Les femmes font mine de chanter. Rougeâtres jusque dans l'âme, à enchaîner le vice à leur chair, attirer la mouche dans plaie purulente et ne plus l'en laisser sortir. Moins d'hommes qui s'affaissent sur les meubles en écartant trop les cuisses. Appétence octroyée aux dégénérés qui pensent trouver bonheur en se complaisant dans l'orgie sans sentiment. La gargouille, presque ancestrale, est met bien lointain dans la plèbe aux putains. Muse à la viande froide dans ce qu'on pourrait penser festin déliquescent. L'oeillade épouse les courbes des unes, les sexes des autres, sans pudeur aucune. Désir avorté depuis l'aurore de ses dons, à calfeutrer l'âme dans un coin et toutes les proportions avec. « Madame, bienvenue au Red Lantern. Pourrions-nous vous offrir quelques plaisirs en cette nuit bien noire ? » Le valet frétille, s'épanche sur l'idée tendancieuse de pouvoir tarir la faim d'une louve au sommet du monde. S'impatiente à peine de la potentielle joyeuseté impliquant la sanctification d'une cliente de plus. Et elle balaie la salle, balaie le petit homme dégueulasse, balaie les monstres infidèles qui grattent déjà à sa porte. « Gaspillez votre salive pour un autre, je ne suis pas ici pour m'enquérir de vos propositions salaces. » Et le valet s'effrite déjà, déception vénérable et inquiétude pour sa vie. Lui qui n'avait pourtant pas l'impression de mal faire son travail, se fait tout petit devant la mégère, à baisser un peu la tête en guise de pardon. « Je viens voir Stenberg. » Et le valet cligne doucement des yeux, à l'observer sans comprendre, à vouloir bien faire parce qu'il est payé pour ça. « Et qui dois-je lui annoncer ? » C'est l'impatience qui ronge, se fait oppressante, lui galvanise le sang comme une bombe à retardement. C'est l'orgueil qui lui rit au nez, fait serpenter l'idée fastidieuse que son visage ne semble pas encore connu de tous. C'est la fierté qui se fracasse à ses pieds, et qui ne laisse que fureur ensanglantée. Mais point de cadavre aujourd'hui, seulement les mâchoires qui se crispent et l'espace vital qu'elle envahit. « Voilà homme bien ridicule pour un emploi tel que le vôtre. Apprenez à connaître vos interlocuteurs. Il viendra un jour où l'un d'entre eux se fera un plaisir de vous égorger pour votre insolente ignorance. » Et il balbutie, le valet, ne sait plus où regarder, ploie un peu plus l'échine face à elle, à sanctifier l'Obshcak dont il ignore l'identité. Et il court, le fanfaron, à l'arrière du bâtiment, à travers couloirs et portes secrètes, jusqu'à l'antre du monstre qu'elle est venue rencontrer. « Je vous prie de me pardonner pour ce dérangement, Monsieur, mais quelqu'un voudrait... » Et elle gronde, Zmeya, gronde toujours. « Déguerpissez, minuscule insecte. » Et il s'enfuit, tout penaud, le valet, à laisser les plus grands se lancer davantage de flammes.
Banalités nuptiales qu'elle ne prend peine à honorer. Point de baiser pour le désormais époux, ni même de regard adouci pour signifier son affection. Seulement la recherche d'alcool fort dans une commode, sans interrogation ni salutation, Reine de Coeur qui se rira toujours du Roi qu'on lui a enchaîné. « Tu choisis fort mal tes larbins, Moya Lyubov'. » Première critique, mais bien moindre lorsque l'on se fait oreille attentive entre les murs de la maison familiale. Crasses successives qui ne font que paraître et disparaître, lutte toujours plus farouche pour la domination, à prendre le trône l'un après l'autre jusqu'à plus soif. Arômes de vodka qui lui chatouillent les naseaux tandis qu'elle s'enquiert d'un premier verre. ça lui galvanise la gorge, ça fait naître un gémissement satisfait dans la trachée. « Mais cela ne m'étonne guère venant de toi. » A toujours jouer avec le feu. Quelques mois se sont écoulés depuis la prononciation des voeux fatidiques, et déjà les loups se battent jusqu'à la mort. Se ressert, Zmeya, pour mieux s'épancher contre le meuble, à observer l'interlocuteur avec son traditionnel regard supérieur. Visage qui ne reflète que la suprématie qu'elle engendre. « J'ai quelques révélations à te faire, et quelque proposition à te soumettre. » Elle arpente la pièce, la Dame Blanche, sempiternelle charogne qui n'aura de cesse de faire la ronde autour de proies et prédateurs, à évaluer la meilleure faille. « Tu as certainement entendu nombre de rumeurs à mon égard, en particulier lorsque j'ai arpenté les pas du Royaume, il y a de cela fort longtemps. » Références qui la font sourire, lorsqu'elle repense aux ignominies qu'elle y a commises, en particulier l'internement alléchant du Sénéchal de l'époque, et la douleur qu'elle a à jamais laissé sur son visage déchiqueté. « Mais seuls Oksana et Artyom connaissent les véritables sacrifices que j'ai du entreprendre pour mener à bien cette mission délicate. » Personne ne sait ce qu'elle a du réaliser. Personne ne sait ce qu'elle a laissé derrière elle, et ce qu'elle compte désormais en faire. Pas même Yuliya, celle qu'elle considère comme progéniture, celle qu'elle protège davantage que sa propre vie. « J'ai eu deux enfants. » C'est le couperet qui tombe, et pourtant, elle n'a ni regret ni honte, seulement le démoniaque qui se fait plus intense, à imaginer les potentiels avantages qu'elle en tirera. Et ne lui laisse guère le temps de réagir. « L'un d'entre eux est encore en vie. Et je sais de source sûre qu'il est proche de la Reine. » Les desseins se matérialisent doucement, tandis que le sourire se fait plus présent, plus méphistophélique encore. « Elle s'appelle Asrun. Et nul doute qu'elle sera pion particulièrement intéressant. » Les mains s'accrochent au dossier du siège, et le regard se plante dans celui d'Asbjörn. « Aide-moi à l'amadouer. Faisons-la ployer devant nous pour devenir une arme. Notre Pahkan sera fière ! » Lueurs de victoire déjà acquise sous les paupières, l'expression triomphante et profondément satanique.
union putride | asbjörn, annalisa & zmeya - Dim 23 Sep - 20:45
L’entrée fracassante de l’épouse sonne le glas de sa tranquillité. Le scandinave retient un soupir d’agacement alors qu’elle rabroue l’assistant, l’envoie paître sans plus de cérémonie. Le pauvre bougre lance un regard apeuré à son employeur, qui l’autorise à décamper d’un discret signe de tête. Fuite pathétique qui ne l’émeut guère, lui laisse seulement un goût amer sur la langue en voyant la furie prendre ses aises. La reine des glaces s’approprie les lieux, les investit sans autorisation. Union arrangée qui lui en donne le droit, rend siennes ses possessions. Partage qu’il n’apprécie guère, surtout pas avec elle, mais qu’il est contraint de tolérer. Fauve tapi dans l’ombre, il ne perd pas une miette des mouvements de la féline. Apprécie malgré lui la grâce naturelle de la prédatrice. La chevelure d’orge, l’ossature sévère. Elle écrase le géant de son aura néfaste. Les sphères polaires ne peuvent que converger vers la silhouette austère, s’attarder sur ses courbes vénéneuses. Apprécier le charisme magnétique qu’elle dégage. Zmeya lui fait l’effet d’une mygale qui rode contre sa peau. L’enveloppe couverte de soie et les crocs remplis de venin. L’allure sublime et effrayante, il en est à la fois révulsé et fasciné. Il ne prend pas la peine de la saluer, ni de s’épancher en frivolités mielleuses. Il lui est redevable de ne pas s’y hasarder non plus. Les lèvres ne sont désirées que lorsqu’il peut les abimer, les mordre lors d’ébats sauvages. Certainement pas pour y déposer une quelconque forme de tendresse. Plutôt caresser un cadavre.
Première pique, sans doute pas la dernière. Critiques acerbes et gratuites qu’elle ne lui épargne jamais, désireuse de le rabaisser plus bas que terre. L’air supérieur arboré par la déesse durcit ses propres traits, fait germer la nécessité de lui faire ravaler son insolence. Guerre territoriale qu’ils se livrent en permanence, trop dominants pour se soumettre à l’ego de l’autre. La vodka se déverse dans le cristal, s’immisce au creux des narines. Liqueur forte qui lui donne à moitié la nausée. Fait rejaillir la vision des flammes, les yeux ternis par les cendres. L’incendie qui a détruit son existence, et sans lequel il ne serait sans doute pas assis là aujourd’hui. « - Et toi min älskling, tu devrais probablement revoir tes manières. C’est risible que tu te sentes obligée de terroriser le petit personnel pour asseoir ton autorité. » Persifle-t-il, un rictus mauvais en travers des lippes. Refus farouche de se soumettre, et d’encaisser l’affront sans réagir. Plus amusé qu’embarrassé que tous n’aient pas en tête l’alliance sordide, et puissent recevoir la charogne sans les égards qu’elle mérite. Elle n’a pas voulu de son nom, elle ne peut s’en prendre qu’à elle-même. Orgueil meurtri par l’audace féministe, castratrice.
La souveraine prend toujours plus de place dans la pièce, fait claquer les talons contre le plancher. Le luxe clinquant du bureau tranche sévèrement avec la misère ambiante, les chambres rongées par la saleté et le stupre. Il l’écoute déblatérer d’une oreille attentive, en s’efforçant de ne pas l’interrompre. Même s’il crache sur leur mariage, il ne peut pas nier que la russe est au service de ses ambitions. Qu’elle lui est bien plus profitable que les deux mijaurées qui l’ont précédée. La harpie écervelée et la traitresse sans consistance. La despote le surpasse dans de nombreux domaines. Il n’ose pas imaginer la fusion avec son géniteur, les esprits sataniques qui auraient dû s’assembler si l’héritier ne l’avait pas remplacé. Inapte à déterminer qui aurait incarné le plus horrible et inhumain des deux. Il envie la marâtre pour le détachement avec lequel elle invoque la chair de sa chair, ses enfants. Expulsés des cuisses opales pour ne devenir que des pions sur un grand échiquier. Pulsions insensibles qu’il ne comprend pas, lui qui vendrait son âme au diable pour retrouver sa fille. Qui échangerait sa vie contre la sienne sans hésiter, s’il pouvait revenir en arrière. Un éclair de douleur déchire son torse à cette pensée, malmène sa cage thoracique. Il peine à garder un air impassible, le masque de froideur greffé à l’épiderme comme une seconde carne.
Les orbes métalliques soutiennent celles de l’Obshcak, les poignardent pour en extraire la détermination. Le suédois laisse planer le silence, fait mine de réfléchir avant que l’arrogance ne revienne dévorer la langue. « - Depuis quand as-tu besoin de moi pour quoi que ce soit ? » Susurre-t-il, simplement pour l’entendre admettre l’impossible. Flatter sa fierté mal placée en lui accordant un simulacre d’importance. Il n’attend toutefois pas sa réponse pour lui signaler son intérêt. Pas prêt à ce que la proie ramenée sur un plateau d’argent lui échappe par excès de zèle. « - Qu’entends-tu exactement par l’amadouer ? Sois plus explicite, on perdra moins de temps en bavardages inutiles. » Sans rompre le contact visuel, il croise les bras et s’enfonce davantage dans le cuir de son fauteuil. Etend ses jambes interminables avec prestance. « - J’ai tout de même de forts doutes sur la viabilité de l’opération. Te connaissant, elle doit être pétrie de ressentiments à ton encontre. Qu’est-ce qui te fait croire qu’elle pourrait échouer entre nos griffes ? » Il ne dévalorise pas les talents de persuasion de la mère indigne, mais ne veut pas sous-estimer la haine que doit probablement nourrir la progéniture bafouée, à juste titre. « - Il va falloir que tu m’en dises davantage sur cette Asrun. » Conclut-il, toute son attention captée, pendu à la bouche cruelle.
union putride | asbjörn, annalisa & zmeya - Mer 26 Sep - 12:54
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Septembre 2018, Ashmill, Arcadia
Ils pourraient se vautrer dans l'indécence, là, tous les deux, à estimer le bon et le mauvais de cette union qui les retient désormais. Prisonniers d'une geole qui s'apparente davantage à un cercueil commun, enterrés sous les gravas méphistophéliques et les flammes torrides. Toujours un peu les uns, toujours un peu les autres, fierté que de représenter les traits les plus salaces de la Bratva. A moitié démoniaques, les crocs enfoncés jusque dans la chair appréciée, à capituler avec les vices qui les consument, à chahuter avec les blasphèmes indolores que leur ont légué leur vie blafarde. Les voilà, les visages pâles, les langues sibériennes, les silhouettes glaciales. Ils sont là et ils se jettent, ils se hantent et ils s'oppressent. Même l'alliance la plus pure ne saurait tarir la soif de puissance, celle-là même qu'ils prendront par la force, celle-là qu'ils sauraient même racler sur les os. Une différence, cependant, celle du sentiment, de l'émotion dans le carcan. Zmeya, dénudée jusqu'à l'apophyse, se pavanant dans les hautes sphères de l'indifférence, débarrassée de l'âme et de ses frasques vampiriques, tandis que l'autre, plus humain, se fait encore maître d'un palpitant de cendres. Ils sont pareils et ils sont différents, les deux monstres qui s'affrontent entre les murs crades, ceux qui renferment le trésor latent qu'est le Maître des lieux, assez prétentieux pour paraître plus raffiné que les putains à son service. Et ça fait rire Z, ce rire satanique qu'on n'aime jamais vraiment, qui fait plus ployer l'échine que naître le sourire adverse. « Pourquoi se faire autorité si l'on ne peut se prélasser d'écraser les plus faibles ? » S'amourache davantage du mal qu'elle inflige que du respect qu'on lui octroie. Elle qui n'a de cesse de chercher milles songes chaotiques face à la plèbe pathétique.
Voile qui passe dans le regard, draperie faite de menace et d'insoumission. L'oeillade doublée d'une bouche arquée, crocs aiguisés qui n'exposent rien de bon. Ou comment la féline fait vrombrir les palpitants, à ne laisser présager que le grondement sourd d'un prédateur ambulant. Penche autant la tête que l'âme, pécheresse toujours bien droite, immobile jusqu'à la poussée qui viendra planter les serres dans la proie. « N'ose pas croire que j'ai besoin de toi, tu n'as pas la prétention de pouvoir m'offrir davantage que ce que je puis trouver par moi-même. » Féroce jusque dans les gouffres qui jonchent son cadavre, Zmeya n'est pas audacieuse à penser qu'elle pourra toujours trouver issue aux impasses qui fermeront la voie. Elle, gorgone sempiternelle, n'aura aucune honte à remuer ciel et terre pour accomplir les pires atrocités. Jamais en laisse, jamais en meute, toujours seule et venimeuse. Ne se rabaissera vers son mari que pour l'enterrer sous elle. « J'ai cependant bien conscience que ta participation m'épargnera un temps précieux. » Impatience au sein du myocarde, celle qu'elle n'aura guère besoin d'amadouer. Se fait trait particulièrement vorace dans la charogne, mais n'ampute jamais l'idée d'agir dans l'ombre des muses. Portrait d'une madone faite de sang et de larmes, récurrence de la mort qu'on ne saurait ignorer. Elle qui inspire cette peur glaçante du trépas, représentation persistante de ce qui les bercera tous. « Elle aura tôt fait d'arpenter mon ombre, et tu te dois de l'accueillir tel un père accueillerait son enfant. » Il n'y a aucune question, aucune réclamation, que l'inexorable impératif qui tombe comme guillotine sur nuque. Plans déjà en marche, la silhouette russe qui se fait future maîtresse d'une enfant qui lui revient de droit.
Et elle rit encore, la noiraude, à estimer les émotions qui parfumeront le chaos qu'elle instaurera. La mère qui abandonne et qui jette, qui se fera pourtant plus pure et plus bienveillante que jamais. Zmeya sait comment tromper les naïfs et les perdus, eux qui n'ont de cesse de rechercher l'attention tant désirée d'un parent égaré. « Elle ignore tout de mon existence. Et je n'ai nulle inquiétude quant aux hurlements qu'elle osera me lancer. » Elle qui les écoutera d'une seule oreille, et y répondra par quelques caresses déliquescentes. Elle se sait toujours maîtresse, manipulatrice depuis la naissance, ayant vu le jour pour faire ployer les plus ridicules. « Puisse la haine la consumer. Elle ne saurait éviter sa curiosité malsaine. Elle viendra. » Aucun besoin de s'en inquiéter. Aucun doute dans ses paroles ni dans ses pensées. Les idéaux tous parfaitement alignés, constellation maudite qui croit chaque nuit un peu plus. La Dame de Marbre s'assied, de cette droiture qu'on ne saurait lui ignorer. Jambes affinés qui forment la croix, la cigarette portée aux lèvres sans intérêt aucun pour la condensation goût cendres qui ne sera qu'empreinte lors de son départ. Le briquet échauffe la chair du papier, signe la quintessence dans la gorge. « Elle n'est que brebis égarée. Son frère est mort, tué par les frasques enflammées de la Reine. » Le masque satanique qui s'installe sur la face, tableau insidieux qui germe sur les lèvres. « Sa rancune signera sa soumission. » Arme qu'elle n'a pas eu besoin de faire apparaître, lame offerte sur un plateau d'argent que Zmeya compte bien saisir pour trancher la gorge du Royaume. « Elle sera thaumaturge à nos côtés, Moy Muzh. » Ne partage pas les plans plus grands qui se profilent. Ceux-là même qui semblent plus douloureux encore, car Zmeya, de sa grandeur, garde secrets même devant son prétendu aimé. « Mieux encore, elle n'aura de cesse de pourchasser celle qui lui aura ôté mon fils, son frère, celui que j'ai tant pleuré. » Et elle ricane, la menteuse, de ce qui adviendra lorsque la domination sera totale. « Elle fera tout pour sa Mama. Et pour yego Otets, si tu joues ton rôle. »
union putride | asbjörn, annalisa & zmeya - Sam 13 Oct - 12:28
Tel un père accueillerait son enfant. La sentence ricoche contre ses tympans comme un éclat d’obus, avec une sauvagerie inégalée. Il en perd son air désinvolte, sent tous ses muscles se raidir imperceptiblement. Soudainement plus blême qu’un cadavre, il ne parvient pas à se recomposer un masque d’indifférence. De toutes les requêtes avec lesquelles elle aurait pu lui écorcher les oreilles, aucune n’aurait pu se révéler plus intolérable. La simple idée de remplacer l’unique héritière, même de manière sournoise et artificielle, le révulse profondément. S’il s’est parfois perdu contre des poupées à la chevelure d’or en imaginant les traits de sa première femme, jamais il ne s’est hasardé à faire preuve d’élans paternalistes. Il en perd le fil de la discussion, sombre dans les dédales de son deuil avorté, alors que la slave continue d’exposer ses plans perfides. La veuve noire tisse sa toile macabre sans sourciller, y enserre son myocarde nécrosé au passage. Il le sent qui étouffe, qui enrage. Loin d’exulter contrairement à celui de la diablesse. Créature satanique dépourvue d’empathie. Elle déplace ses pions d’une main de maître. Aucune limite. Pas le moindre scrupule. La machination s’est déjà mise en branle. Elle ne lui demande pas son avis ni son accord, Zmeya. Elle ne lui laisse pas le choix. L’ordre est clair, limpide. Elle se contente de distribuer les rôles d’une pièce écrite à l'avance par son esprit délétère. Ultime phase de préparation avant de déchainer les enfers.
Le tueur se moque bien de manipuler sa proie, d’infliger une douleur supplémentaire à la thaumaturge inconnue. Il n’est qu’un monstre d’égoïsme. Angoissé d’arroser de sel une plaie toujours aussi béante et infectée. Le refus épidermique n’est dicté que par la crainte de trahir la gosse enterrée six pieds sous terre, en mimant le comportement qu’il aurait pu avoir avec elle. Les desseins sardoniques de sa cruelle compagne ont tout pour le charmer. Pas la place qu’elle lui attribue dans cette vaste farce. C’est pourtant naturel d’espérer qu’il se comporte de la sorte à ses côtés. Si le giron stérile ne peut plus enfanter, qu’importent l’ardeur avec laquelle ils s’ébattent, ils peuvent néanmoins prétendre. Couver la progéniture fictive comme des ogres. « - Je vois que tu as réfléchi à tout. » Lâche-t-il, sans parvenir à maquiller l’amertume qui lui inonde le palais. « - Mais tu sais bien que de nous deux, tu es la seule à avoir la fibre maternelle voyons. » L’ironie glisse sur la langue narquoise, menace de tourner en dérision l’opportunité qu’elle lui offre, et qu’il pourrait ainsi bêtement gâcher. Les fragments d’âme et les débris du palpitant saignent à l’unisson. L’empêchent d’être à la hauteur du machiavélisme de son alliée. « - Et puis est-ce qu’elle a au moins l’âge de me considérer comme son père d’ailleurs ? » Tel un enfant capricieux, il en doute, même si cela n’est sans doute qu’un vulgaire détail aux yeux de la dominatrice. La quinzaine d’années qui les sépare a été sciemment écartée en les liant l’un à l’autre. Ce n’est pas pour autant qu’il est toujours prêt à la balayer si facilement. Surtout pas quand l’épouse mûre cherche à l’ériger au rang de patriarche.
L’entrevue conjugale tourne court. Interrompus au moment où elle aurait pu réellement déraper par l’arrivée de deux sbires et leur gibier. Silhouette encore comateuse, trainée de force dans la pièce. Le scandinave frémit malgré lui en la reconnaissant, sent un malaise familier envahir ses tripes. Les années écoulées n’ont pas su effacer entièrement sa culpabilité. La honte d’avoir trompé celle qu’il aimait pour quelques instants de réconfort factices. D’oubli éphémère auprès du corps criblé de tâches de rousseur. Plaisirs triviaux dont il n’a gardé en souvenir que le mauvais une fois les cuisses désertées. Humilié qu’elle l’ait connu dans une telle position de faiblesse, déboussolé et meurtri. Misérable et pathétique. Sans rester plus longtemps vautré dans son fauteuil, l’homme se lève, contourne la table pour se rapprocher de la tortionnaire. Sa pogne rugueuse se pose contre la peau maculée de son bras, avec une volonté évidente de la marquer. Faire rougir la chair pour lui signifier son mécontentement. L’ainé des Stenberg n’apprécie pas les surprises, ni de passer pour un idiot. Hormis dans la brutalité du geste, il n’en montre toutefois rien. Même face à un public restreint, il prend soin d’entretenir les apparences, de parader. S’efforce de ne pas entacher l’image du couple uni et complice qu’ils font mine d’incarner. Les conflits et les frustrations seront réglés plus tard, dans l’intimité. Son souffle se fait dès lors caressant, presque suave alors qu’il se penche contre la tempe de l’Obshcak. « - Tu peux m’expliquer sa présence ici, je te prie ? » Le calme avant la tempête qui gronde silencieusement dans son timbre, remue la surface lisse d’infimes remous. Irrité que la russe n’ait pas commencé par ça, au lieu de s’épancher sur ses désirs de conquête du Royaume. Les envies de représailles se meurent contre ses lippes. Les rétines polaires épinglent du coin de l’œil la captive, s’interrogent sur les bévues que la rouquine aurait pu commettre. Poule pondeuse de la Bratva, jusqu’ici une recrue exemplaire.
union putride | asbjörn, annalisa & zmeya - Lun 15 Oct - 9:40
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Septembre 2018, Ashmill, Arcadia
Il y a ces femmes qui, à la vue de leur époux, auraient certainement fait demi-tour. Se seraient culpabilisé. Se seraient peut-être même mises à pleurnicher. Mais il n'y a que le Saint Graal, pour Z. L'apogée de l'affliction, elle le décèle, parfaite pécheresse qui n'a de cesse de reconnaître chaque détail de la souffrance qu'elle instaure, observatrice satanique qui sème la douleur pour mieux la contempler s'étirer sur les traits. Et elle le connait, peut-être trop bien, le gamin qu'elle côtoyait autrefois, ce même jeune homme devenu son mari à défaut d'un père déjà parti. Et il sait, plus que raison, que la Madone sculpte la rage, et se prélasse de ses conséquences funestes. Elle reconnait les émotions néfastes au creux de ses yeux, et elle s'en repaît comme super-prédateur qui plongerait les crocs sur sa proie. Alors elle se met à rire. Les dires sont piquants, essaient de lui infliger quelconque agacement. « Je suis simplement meilleure actrice. » La fibre maternelle, elle ne la connait pas. Si elle a élevé milles enfants, elle l'a toujours fait par pur égoïsme. Ou comment placer ses pions autour de la Reine pour mieux jouer échec et mat. Elle joue sur le long terme. Elle joue sur tous les fronts. Elle n'est que Colonel dans une bataille qui ne s'estompera jamais. Figure sanglante qui dicte et qui rassemble, qui porte le fusil salvateur, qui achève l'ennemi sans rancoeur. Elle ne les compte plus, les petits bonhommes qui ont parsemé sa vie. Ceux qu'elle a porté à même son ventre. Ironie de penser qu'aucun d'entre eux ne lui a offert quelconque fierté. Seulement l'amertume que de les voir demeurer simple Humanité. Elle cherche les Dieux dans la plèbe qu'est sa progéniture, n'entrevoit que l'échec lorsqu'elle constate que d'autres parents ont enfanté bien mieux. Elle n'en jette pourtant pas les armes. S'épanche sur les orphelins pour se les attribuer. Manipulation des enfants, trop seuls pour entrevoir les fils qu'elle tisse, marionnettiste infernale qu'elle sera toujours. « L'âge n'est que chiffre sans importance. Seul compte le talent. » Le sourire gris sur les lèvres, le regard qui insulte sans le transmettre clairement. Elle n'a que mépris pour celui dont elle partage rarement la couche. Mépris lorsqu'elle constate que faiblesses sont bien présentes sous la carne, que le coeur est encore là, noir, mais battant. Valet qui ne deviendra jamais Roi, il n'y a que la noirceur qui les réunit, trop peu pour lui faire entrevoir réelle affection pour le marié. « Mais je conçois que tu ne puis réaliser telle tâche, si difficile soit-elle. » Elle en rajoute, elle repeint les murs de ce sang qu'ils font couler. Duel de gros félins qui n'ont de cesse de se pulvériser, crocs qui déciment la chair chaque jour un peu plus, sans possibilité de revenir en arrière. Tous deux s'animent pourtant davantage lorsque le combat fait rage, s'épanouissent plus encore lorsque la violence vient les martyriser.
C'est la porte qui s'ouvre bientôt, deux gigantesques ours qui relancent son coeur atrophié, ses sbires, ceux qu'elle possède, ceux qu'elle envoie faire basse besogne. Comme celle de ramener la mécréante qu'elle sait déjà fautive, qu'elle sait déjà coupable. Des mois que le visage angélique d'Annalisa n'instaure que méfiance et doute. Aucune inquiétude, cependant. Z est patiente, et Z gagne toujours. Se tourne vers la sulfureuse aux cheveux de feu, elle qui a marqué les esprits des hommes, elle qui s'est faite effigie de leurs rangs. La surplombe, de toute sa hauteur, le visage n'est que reflet de la douleur à venir, ou comment elle compte faire jaillir tous ses sales petits secrets. Elle les sait bien ancrer, là, quelque part. Aucun doute, Z sent la trahison depuis des lunes, et compte bien vérifier d'elle-même. Finir le travail que d'autres n'ont pas eu le cran de réaliser. Audace qui lui vaudra peut-être maux de la supériorité, car nulle demande n'a été établie. Règlement de compte silencieux qu'elle ne permettra de révéler qu'une fois l'oeuvre achevée. L'époux vient frôler sa chair, mais elle ne le craint pas, malgré la colère qui gît sur le visage et qui pourrait signer la marque sur le derme. Z n'en a cure, Z n'est rien de plus que monstre qui ne craint pas conséquences, qui n'ambitionne que la rencontre provisoire avec la souffrance la plus cachée. Elle pourrait se défaire de l'étreinte, lui intimer que tel contact ne lui sied guère. Mais elle n'en fait rien. « Nombreuses révélations quant à ses agissements m'ont été rapportées. Nombreuses spéculations qui indisposent notre famille. » Des rumeurs, pour la plupart, mais elle a tendance à prendre en considération chaque information qu'on lui ramène, comme chien ramène son os. « Simples murmures qui ne peuvent permettre à notre lider d'agir. J'ai à coeur de lui offrir la vérité, quelle qu'elle soit. » Et de la malmener bien plus encore. Elle qu'elle estime piètre atout, elle qu'elle estime si ridiculement faible. Elle n'en dit cependant rien, mais n'ignore pas qu'Asbjörn comprend sa fureur, et comprend sa violence. Elle n'a cure des limites, se joue inlassablement des frontières qu'on lui impose. Et qu'on la jette aux flammes si elle s'est trompée, mais sincérité sera mise en lumière ce soir. Z se dégage, ne fait pas attention à ce que son mari pourrait bien lui dire de plus. Elle n'est pas dupe, elle est encore moins patiente. Et elle s'épanche sur le joli minois qu'on lui rapporte, se penche plus encore pour l'acculer de sa monstrueuse présence. « J'ai ouïe dire que tu choisissais très mal tes amis, ces derniers temps, ma chère Annalisa. » Elle ose même poser les doigts le long de la mâchoire, glisser les ongles sur l'encadrement du portrait. « Me révéleras-tu ces erreurs que tu as commises, ou préfères-tu que j'aille les chercher par moi-même ? » Deux solutions qui l'enchantent l'une comme l'autre, si bien qu'elle se met à rire. Et sans détourner les yeux de l'enchanteresse qui bouleversa les palpitants de jadis, la gorgone continue. « Ne t'avise cependant pas de jouer avec moi. Toute tentative pour t'enfuir sera vaine. Tu ne sortiras d'ici que lorsque tu m'auras révélé tous tes secrets. » Et elle regarde Asbjörn, une seconde seulement, et elle se met à sourire, elle qui a bien conscience de son mal-être. N'en fait qu'à sa tête, s'approche pour envahir son espace vital, presque plaquer baiser sur ses lèvres, tandis que la main flirte avec ce revolver bien dissimulé à sa ceinture. Et ça échauffe son être de la saisir et de lui tendre lassivement. « Rends-toi utile, veux-tu. » Pas d'interrogation, pas de choix possible. Elle règne en maître et ne propose aucune alternative. Il en sera comme elle l'entend, ou sa colère régnera.
union putride | asbjörn, annalisa & zmeya - Dim 25 Nov - 19:55
Agacement et frustration dominent alors que la rouquine est trainée de force dans la pièce. La mise en scène un brin caricaturale l’exaspère, peine à susciter son admiration. Il n’apprécie pas de ne pas avoir été informé en amont, d’en savoir presque moins que les sbires l’ayant dénichée et ramenée manu militari. Eternel pantin d’une reine qui n’en finit plus d’étendre son empire d’ombres. Parfaitement dans son élément, l’ogresse soigne ses effets de manche, distille ses menaces en même temps que son venin. Son épouse n’a aucunement besoin de lui pour dérouler son plan. Il n’est qu’un accélérateur, un potentiel levier pour faire parler plus rapidement la nordique. Incarner la force brute pendant que Zmeya tire les vers du nez de la jeune femme. Il ne bronche pas quand la slave s’approche à nouveau, s’empare avec une sensualité indéniable de son arme pour la lui tendre. Docilement, le tueur la récupère, la laisse étirer encore un peu son manège macabre. La veuve noire tisse sa toile, la perfectionne pour asphyxier sa proie. Le spectacle a beau être saisissant, Asbjörn ne se sent pas d’humeur. Il n’a aucune envie d’être là, d’assister à la torture de la présumée traitresse. Pire encore, il rechigne à y participer en tant que vulgaire homme de main, blessé dans son orgueil d’avoir été mis devant le fait accompli.
La voix insolente d’Annalisa le tire de ses réflexions moribondes. Les rétines claires passent de sa femme à la captive, enceinte jusqu’aux dents. Quand ne l’est-elle pas ? Spécialisation dans l’élevage bien utile à la Bratva qui ne récolte toutefois qu’un certain mépris de sa part. Au lieu de faire profil bas, la rousse ose riposter, certainement bluffer. Il en ricane à son tour, s’avance vers son ancienne amante. Le métal froid du revolver s’appose sous la mâchoire de la prisonnière, l’oblige à redresser le menton. « - Tu t’imagines vraiment que ça a la moindre importance ? » Susurre-t-il, le regard mauvais, moqueur. L’arme descend, s’éternise le long de la gorge, se faufile entre les seins autrefois caressés avidement. Elle glisse jusqu’à atteindre le ventre bien rebondi, et retirer le cran de sûreté. Tintement métallique n’annonçant rien de bon. « - Que le Royaume déclencherait une guerre, sous prétexte qu’on aurait tué les deux bâtards potentiellement celtes d’une catin à la retraite ? Sérieusement ? » De ses doigts libres, il attrape brutalement les mèches de feu devant son front, les écarte. Chevelure démesurément longue qu’il couperait volontiers pour qu’elle ne puisse plus cacher son visage de poupée derrière. « - Roméo ne viendra pas à ton secours, Juliette, alors je te conseille de passer à table. Tu vas finir par tout cracher que tu le veuilles ou non, autant en finir rapidement. Et qui sait ? Faute avouée à moitié pardonnée comme on dit… » Souffle-t-il, monstre cruel qui se repait des frissons d’angoisse qu’il sent courir contre le ventre. Incapable de se décider entre ressentir de la pitié à son encontre et la briser par pur sadisme. Néanmoins certain que l’un des deux tortionnaires est de trop, l’homme recule finalement, retourne vers la diablesse. « - Elle est toute à toi, chérie. Evite quand même de trop salir le parquet, il vient d’être ciré. » Faussement désinvolte, il n’attend pas son aval pour quitter la pièce, la refermer froidement derrière lui. Marque de rébellion pour ne pas l’avoir prévenu, et que l’ainée ne l’imagine pas à disposition. Volonté inavouée et inavouable de ne pas meurtrir celle qui a été autrefois un véritable réconfort. Il botte en touche, se garde de s’élever contre son alliée sans pour autant complètement l’épauler.
union putride | asbjörn, annalisa & zmeya - Mar 11 Déc - 9:50
union putride
Septembre 2018, Ashmill, Arcadia
Furibonde, l'âme, furibonde, l'ère, la noirceur s'agite en son sein comme brise distillée, froideur indélébile qu'elle aura toujours peine à annihiler. Cacophonie de songes morbides, de futurs souvenirs qu'elle dessine dans cervelet, tâchés de souffrances cérébrales, écrasées sous masque crânien. La monstruosité tend l'oreille, observe insolence faire son oeuvre, ne comprenant la médiocrité d'acte ridicule, celui de livrer plateau-repas sans rechigner, sans prétendre mensonge ni vérité. Dame contemple défenses qui tentent de construire muraille de verre, murs translucides qui ne cacheront pas éternellement celle qui tente protection ultime. Le rat est pris au piège, ne peut trouver issue, ni chez l'un, ni chez l'autre, duo infernal, charybde et scylla modernes, qui balbutient trêve pour mieux poignarder entre omoplates. Souillon offre références, celles d'une Couronne que Zmeya éventrera, avortons se croyant supérieurs, tandis que l'or n'est que pacotille. Argent qui saura bientôt prouver trahison, celle faite à même la silhouette de sa précieuse enfant. Paix provisoire, comme à l'instant, guillotine sous firmament, les insectes du Clan sont aveugles, ne cherchent que soumission pendant que Rois exercent domination. La gorgone s'anime, grince dents tandis que mari froisse la chair du revolver. « Nul ne fait la paix avec la Bratva, fillette. » Guerre au parloir, aux lueurs crépusculaires des nuptialités de Yuliya et Fiona, celle que Madone imagine malgré elle, qui installent rage encore plus profondément dans les veines. « N'as-tu donc rien retenu de tes enseignements ? » Multiples preuves déjà mises en lumière, premier plan d'un tableau mortifère qui fera joncher corps sous terre. Echos de menaces dans discours de mélasse, côtes qui appuient sur organes, pour faire taire colère. Dragonne voudrait entamer brasier dès premiers jets d'ignominie, tarit le feu sous le derme pour étriquer le règne de cendres. « Oh non, mon Amour. » qu'elle complète, étrange squelette, lorsque discours de l'époux semble trouver résolution passive. « Il n'y aura nul pardon pour toi, Annalisa. » Car elle ne pardonne pas, Matiarche Bratva. Elle ne fait qu'offrir le trépas.
L'ombre s'étire, lorsque mari éviscère espace, fait valser porte pour mieux disparaître d'horizons. Méduse s'entiche de glauque aérien, celui qui peint en son sein milles tableaux de larmes. Il n'y aura nul pardon pour lui non plus, à celui qui fuit pour mieux prouver fierté, joutes maritales qui viendront faire trembler manoir familial, où ils n'auront de cesse d'écraser l'autre pour mieux amputer le premier. Nulle autre pensée à son égard, cependant, car met affriolant qui jonche oeillade tyrannique, Zmeya sourit, canines au bord des lippes, frissons impulsifs le long de l'échine, étincelles à l'apogée du supplice. « Ton insolence te tuera, chérie. Elle tuera aussi tes enfants, si tu ne prends pas garde. » Destin préfabriqué pour progéniture de la poupée, elle qui sera élevée parmi les siens, sous peine d'être tués par les faquins qui servent bien. Menace explicite, car nul besoin de faire languir davantage. Zmeya est prête, l'âme cherche morceau à offrir en pâture, s'alanguit d'une absence intérieure qui la poussera plus encore près du gouffre. « Lorsque tes enfants viendront au monde, je veillerai personnellement à leur éducation. » Comme beaucoup d'autres avant eux, Maman Vautour étire ses ailes et simule protection aux fidèles. Et elle ricane, Z, elle gronde sous la carne. ça l'amuse, la dragonne, ça réchauffe la viande froide. « Je n'ai guère temps à t'offrir, et je ne compte pas patienter jusqu'à obtenir réponses de ta part. » Pâle marionnette s'abaisse vers dulcinée, saisit mâchoire pour mieux contempler. Et elle ricane encore, croque-mitaine agacé, à faire pivoter visage pour épier détails du portrait. « Je compte bien aller chercher secrets moi-même. En réalité, je ne veux pas te les entendre dire, je veux les voir, les sentir. » Comme si elle les vivait, l'insoumise. Et ça bouscule, dans ses veines. Et ça bascule, dans ses sphères. Elle sent le poids des souvenirs qui accablent, les illusions délirantes qui chahutent. Profondément ancrée dans le regard, Zmeya étire l'âme, jusqu'à atteindre la sienne. Jusqu'à valser dans caboche, trouver hontes et chagrins de l'écervelée. « Montre-moi, tes pires souvenirs. » ça dicte, mais c'est déjà dans le cerveau, ver solitaire qui bouffe les hémisphères.