C’est jeudi, et le jeudi en fin d’après-midi, c’est golf avec Alcide. C’est un peu comme une tradition qui s’est établie d’elle-même, un moment de détente entre amis où ils n’ont pas forcément besoin de discuter. Parfois il y a d’autres joueurs qui se joignent à eux, souvent des proches de la Camorra, mais le noyau reste eux deux. Alcide et Augustin, simplement là pour partager une partie de golf sans avoir à réfléchir à quoi que ce soit d’autre. Bon, parfois ils discutent quand même. Entre deux trous. A coup de petites phrases. Et ça se finit au bar du club, en général.

Depuis le fiasco d’Eden Manor pourtant, ils n’ont pas vraiment eu l’occasion d’honorer ce rituel hebdomadaire faute aux événements qui les ont un peu dépassés tous les deux. Et pour des cinquantenaires élevés à la ritale, les rituels et la routine c’est sacré. Sans ça, la vie devient vite bancale. Alors ce soir, c’est golf. Il fait beau en plus, l’air est doux, c’est un temps idéal pour oublier les soucis du quotidien.

Maserati garée, aujourd’hui c’est Gus qui conduisait. La route jusqu’au golf est un régal, il peut pousser la voiture un peu plus que d’ordinaire, et tant pis pour les radars. Ça ne creusera pas un trou dans le budget de la banque. Ils sortent les caddies du coffre, tenues de golf toujours classes mais qui se prêtent à l’activité qui reste tout de même du sport. "Neuf trous ?" demande-t-il à Alcide en refermant la voiture, range ses clés dans sa poche. Ils se dirigent vers l’entrée du golf d’un pas tranquille. Ils n’ont pas le temps de taper un dix-huit trous. Ça c’est une activité qui prend tout un dimanche après-midi. Il le fait des fois, avec des clients. Ou parfois avec Alcide, quand l’envie leur prend d’aller swinguer un peu plus longtemps.

Ils arrivent au départ du premier trou, et Augustin choisit son club, prend son temps. "Je te laisse l’honneur," dit-il tranquillement en revissant la tête d’un de ses putter. Le premier trou est assez facile, droit en face, assez loin mais ils en ont l’habitude. Ils connaissent ce parcours comme leur poche – ce qui ne les empêche pas de jouer comme des brêles parfois.

Augustin hoche la tête suite au commentaire de Alcide. C'est tout à fait vrai. Ils arrivent parfois à faire des scores catastrophiques sur les trous les plus simples, et d'autres fois à réussir le plus difficile en quatre coups. A voir s'ils seront dans un bon jour ou pas.

Le banquier choisit son driver préféré le temps que Alcide se mette en place, puis le regarde se préparer au swing. "Pourquoi pas. Il sera peut-être meilleur qu'à la boxe." Il demande à voir ça, Julius au golf. Si ça se trouve, ils découvriront un de ses talents cachés.

La balle d'Alcide part plutôt bien, et Augustin la suit des yeux. "Pas mal," commente-t-il quand elle s'arrête au milieu du fairway. Au moins il n'est pas désaxé. Augustin s'avance, met sa balle sur le tee et se prépare au swing à son tour. Genoux légèrement fléchis, il règle sa distance avec la balle et se concentre pour avoir une position équilibrée. Backswing, il arme les poignets comme le lui avait appris son coach il y a des années, downswing. La balle part.

Dé :
1- La balle va plus loin que celle d'Alcide et atterrit à l'entrée du green.
2- La balle tombe dans le fairway, derrière celle de Alcide.

Augustin la regarde suivre à peu près la même trajectoire que la précédente, et tomber quelques mètres plus près, un peu sur la gauche. Il grimace un peu - le soleil - et hausse les épaules. Il ramasse le tee, remet le driver dans son caddie et les deux hommes traversent le fairway pour frapper le deuxième coup.

Augustin sourit en pensant à Julius. L'avocat ne saait pas à quoi il s'engageait en signant à la Camorra. "Ah oui ? Il faudra qu'on fasse une partie." Il y a un billard, au QG. Forcément.

Ils arrivent près de leurs balles, pas fameuses pour un premier coup. "On est rouillés, ça va revenir," répond-il, espérant dire vrai. Parce qu'une partie passée à jouer très mal est une partie longue et pénible. Au moins, ils sont en bonne compagnie. Alcide frappe, et la chance n'est pas de son côté. Augustin ne fait pas de commentaires, choisit son club à son tour et se positionne.

Dé :
1- La balle part bien et s'arrête près du trou.
2- La balle roule trop loin et s'arrête à la limite du green.

"Ah !" Dommage, deux centimètres de plus et elle allait directement dans le trou. Tout de même satisfait, Augustin range son club et remonte vers le green en compagnie de Alcide. Il n'aura même pas besoin de putter. "Tu aurais vu Julius au Piada, l'autre soir. Il n'a pas résisté à la bière au nectar. Je peux te dire que j'ai bien rigolé." Il sort un putter du caddie, sourire amusé sur les lèvres en se souvenant de l'attitude de l'avocat sous l'influence de l'alcool. Il aurait dû le filmer. Un petit coup nonchalant sur la balle pour finir le trou en trois coups, il se penche et la ramasse avant de retourner vers son caddie. Allez Zeus, vise bien.

Joli coup de Alcide, Augstin fait une moue appréciative. "Trois coups, on a fait pire," commente-t-il,simplement. C'est pas génial, mais ils se rattraperont. Ils repartent d'un pas tranquille, traînent leur caddie d'un air nonchalant. Augustin acquiesce quand Alcide lui fait part de ses impressions sur l'alcool. "Je vois ce que tu veux dire." Petite grimace, il n'a pas encore fait son deuil du liquide ambré. "Tu penses que c'est la Grèce ? Visiter les temples, la balade au mont Olympe... ça les a peut-être réveillés." Les en parlant de leurs alter-egos divins.

Ils arrivent au départ du second trou et se préparent. Alcide est le premier à frapper, et s'en sort assez bien. Augustin sourit à la remarque de son boss, sort un autre driver de son caddie, un qui lui permette de frapper plus fort. "Il t'en a parlé ?" Il se positionne, se concentre sur la balle et la trajectoire qu'il souhaite lui donner.

Dé :
1- La balle atterrit directement dans le green.
2- La balle est frappée trop fort et tombe dans le bunker quelques mètres derrière le trou.

Il grimace. Trop fort. Ils reprennent la marche pour rejoindre leurs balles. "Je crois que je l'ai agacé royalement ce soir là. C'était amusant." Il prend un club adapté, descend dans le bunker et commence à analyser la situation épineuse dans laquelle il s'est fourré.

Chance dans la malchance, la balle s'est arrêtée à peu près au milieu du bunker, pas dans la montée. La petite butte par contre restera difficille à aborder. Envolés les espoirs de trois coups, il va falloir d'abord qu'il sorte la balle de là. Il hoche la tête, un peu distrait. "Oui, ça a fait du bien." Les vacances étaient chouettes. Le retour à la réalité beaucoup moins. En témoignent les restes de l'oeil au beurre noir qui s'étiolent enfin, lui donnant simplement l'air d'avoir plus de cernes à gauche qu'à droite.

Alcide joue, le coup n'est pas fameux mais ne sera pas pire que le sien. Il soupire à son tour, écho de l'exaspération légère de son ami. "Non, rien de prévu. On a tout le temps d'être mauvais." Il change de club, choisit finalement un sandwedge un peu plus petit. Au moins la balle n'est pas trop enfoncée dans le sable.

Dé :
1- La balle sort bien du bunker et retombe à l'entrée du green, timidement.
2- La balle sort trop bien du trou et ressort du green de l'autre côté.

Il grogne, agacé. Encore trop fort. La castagne ça lui réussit pas. Il remonte du bunker et hausse les épaules, avant de ranger son club dans son caddie. "Tu cherches toujours un carreleur pour ta cuisine ?" demande-t-il tout en observant les différents clubs à sa disposition.

Club en main, il va falloir qu'il arrête de faire de la merde en boîte. Il rejoint l'emplacement choisi par son idiote tout en grinçant des dents aux paroles de Alcide. C'est un sourire jaune qui le gagne. "Il en a pris pour son grade aussi," assure-t-il, plus agacé par ça que par sa sortie de bunker pathétique. "C'est peut-être pour ça que je vise mal," essaie-t-il d'un ton un peu plus léger. Pas convaincant, mais ils ne s'en formalisent pas. C'est ça qui est bien avec Alcide.

La malchance attire la malchance et Alcide passe sa frustration sur son club après un coup à peu près aussi glorieux que le sien. D'ordinaire Gus rirait en le voyant faire mais là ils sont dans la même galère. Autant parler travaux, ça apaise. "Du parquet..." Il secoue la tête d'un air désabusé tout en se positionnant. Un soupir, il trace la trajectoire idéale dans son esprit et s'apprête à la mettre en oeuvre.

Dé :
1- La balle rentre dans le green et s'arrête près du trou.
2- La balle roule sur le green mais va un peu loin, ce qui le forcera à putter.

Ah, quand même. Un souffle de satisfaction. Un petit sourire aux lèvres, Gus s'approche de la balle pour la faire rouler tranquillement dans le trou. "Je vois le soucis, ouais. Tu as la solution de la crédence en pierre, sinon. C'est pas mal ça. Pas de soucis de joints, facile à nettoyer. Et c'est assez élégant, sobre, classe." La roule entre dans le trou et Augustin se baisse pour la ramasser. Il adresse un signe de tête encourageant à Alcide et va ranger son club, s'appuie sur son caddie pour le regarder jouer. "Ma voisine a fait ça dans sa cuisine, c'est sympa. Le gars qui a fait ça bosse bien."

Cinq ans qu'il n'a pas parlé à ses voisins, ça ne l'étonne pas non. Gus n'est même pas sûr de les avoir déjà vus, ses voisins. Et puis c'est loin d'être le style d'Alcide, de faire du social pour le social. Pas comme lui. Pas de budget, oui ça aussi c'est Alcide. Il sourit, amusé, un sourire un peu affectueux, ouais, faut l'avouer. Le boss se concentre et réussit son coup. Peut-être que la chance finira par tourner. Ils remballent pour ce trou et se dirigent tranquillement vers le suivant, divertis par une blague de Bellandi qui décroche un rire à Augustin. Parce que c'est idiot, nul, et ça lui plaît. "Il n'y a que cette explication de possible," approuve-t-il. "Même si ça nous empêche pas d'en perdre régulièrement,."

Il installe son tee, la balle, puis étudie le parcours devant eux avant de choisir son club. Il se prépare, n'en dit pas plus, et frappe.

Dé :
1- La balle est bien frappée et s'arrête aux trois quarts du parcours,assez bien centrée.
2- La balle est frappée correctement quoiqu'un peu fort, et une bourrasque de vent la dévie de façon assez importante. Elle est excentrée sur la droite, à mi-chemin du trou environ.

Bon, non, la chance n'a pas décidé de rester avec lui. Gus rouspète un peu contre le vent, mais heureusement il peut se concentrer sur la conversation. Il sort son téléphone et montre une photo à Alcide. "Tu vois, ça ressemble à ça." Il le laisse regarder la photo, lui montre la crédence. "Je lui demanderai son numéro, au cas où ça t'intéresse." Après quoi il range son smartphone et observe Alcide se préparer à frapper à son tour. "Attention au vent," prévient-il avec une touche d'auto-dérision, tout en se disant qu'il devrait peut-être profiter de ce soir pour parler bébé.