Aislinn O’Reilly est de ces femmes qui te donnent le sourire Luca. Pas qu’elle ait un don particulier pour l’humour, mais quelque chose en elle t’a toujours fait scintiller. Un coeur trop grand, un coeur trop pur qui ne réclame qu’un autre pour briller. Tu l’as déjà aidé, sans le savoir, tu as déjà défais les liens qui avaient emprisonné son myocarde et l’empêchaie,t de bourdonner. Et c’est surement pour cette raison que tu as tant apprécié la femme autant que la déesse Luca, quelque chose en elle a toujours été à toi. Pas que tu te sentes propriétaire de l’amour qu’elle ressent pour cet autre que tu ne connais pas, ce n’est pas ça, c’est… Tu t’es senti mieux en usant de tes dons pour ouvrir les yeux et non les clore. Car tu es fait pour donner la vie Luca, pas pour la retirer.

Dans les méandres de Cornucopia, tu trouves facilement le bâtiment qu’Aislinn a acheté. L’envie de la voir, de la remercier pour ses fleurs à l’hôpital, de savoir si elle va bien avec ces guerres et tout ce que ça comporte. Tu la sais affiliée au Royaume mais partenaire ne veut pas dire intégrée. Alors tu crois encore à sa neutralité, espère de tout ton coeur - et le monde connait à la force de ce dernier - qu’elle n’est pas si proche de cette mafia. Car tu dois en être l’ennemi depuis les décisions prises par des chefs incapables de faire autre chose qu’un concours de qui est le mieux loti. Ça t’ennuie beaucoup Luca, bien que comprenant les raisons de cette guerre, entre les kidnapping et les bâtiments attaqués, toi qui refuse la violence sous toutes ses formes, tu te retrouves au centre d’un combat qui te fera perdre plus que ton humanité. Et Eros ne peut le permettre. Alors ce soir là, tu es bien content d’aller rendre visite à Aislinn, espérant que les désastres et les drames resteront loin de ce petit moment entre amis. Tu as même acheté quelques pâtisseries françaises pour lui faire plaisir, la gourmandise ne fera pas de mal à la divine !

L’escalier est rapidement monté, tu notes que le lieu aura besoin de quelques travaux mais qu’il est très accueillant, merci aux plantes qui grimpent, à la verdure mise en valeur par la déesse que tu as hâte de voir. La porte est poussée, petite tête curieuse qui s’engouffre sans demander l’autorisation. Tes pieds claquent sur le sol, et tu la vois, descendre l’escalier les mains remplies. La boite de métal qui tombe au sol, tu as les bras trop occupés pour l’aider à ne pas se casser la figure. Et puis Aislinn est bien assez douée pour s’en sortir seule.  « Bonsoir Aislinn » les mots sont simples et pourtant, ils sont pourvus d’une telle tendresse et une telle lumière qu’il est difficile de résister. Mais pourtant, tu la vois, son aura ternie, fanée comme une fleur dont on aurait oublier la splendeur. Tu fronces un peu les sourcils, intrigué de la voir si silencieuse et surtout de… Oh non, non, non, pas de ça. Pas de larmes, pas de tristesses, tu as apporté des pâtisseries, tu es venu en paix, tu… Tu fonces sur elle, fait tomber le sac au sol et tes paumes enserrent déjà ses joues. Sans son autorisation, c’est Eros qui écoute le coeur de ton amie, imprime sa détresse sous sa carne et comprend. « Qui… qui t’a fait ça ?! » Qui t’a brisé Aislinn ? Qui a écrasé ton coeur pour en faire des confettis ?

Tout va bien. c’est la seule chose dont elle est capable de révéler Aislinn. Tout va bien. Un mensonge qui suinte des lèvres, des pores et du coeur de la divine. Rien ne va, il le sent Luca, sous ses paumes, plus rien ne va. Ce myocarde tremblant et pleurant, cette tristesse infinie, cette douleur empoisonnant tout le corps d’Aislinn, il sent tout ça le sous boss et ne peut s’empêcher de se laisse happer par la violence des émotions négatives. Il sent son propre coeur s’étreindre, son souffle disparaitre et sa tête s’endormir. Il ne se contrôle pas, perd le rythme de son propre coeur sous celui abattu d’Aislinn. À cet instant, il se déteste d’être aussi sensible et aussi faible Luca. Il se hait de laisser les coeurs des autres décider pour lui.
La déesse abandonne le contact, les poumons sont à nouveau remplis d’air et le myocarde se calme. Il le voit, le geste qu’elle lui fait, l’invitant à la suivre en haut des escaliers. Il le perçoit parfaitement mais prend quelques secondes avant de se décider. Luca est égoïste, malgré ce qu’on pense. Et face à un coeur torturé, il ne sait jamais s’il doit aider ou fuir. Mais c’est Aislinn, c’est son amie, pas n’importe qui. II ne peut la laisser dans un tel état alors qu’il a été à l’origine de son éveil quelques années auparavant. C’est par sa faute si son coeur a été brisé une seconde fois, il est responsable de ce qu’il voit. Alors l’égoïsme est éteint sous le besoin d’aider celle qu’il aime de toute son âme, les escaliers dévorées sous un pas presque trop brutal et l’appartement découvert. Encore des travaux à faire, des cartons par-ci par-là, visiblement, les rumeurs courant sur ses activités professionnelles étaient réelles. Aislinn a gagné en galon, ce qui ne peut que plaire au gradé de la Camorra.  « Tu sais que tu ne peux pas me mentir. » Il aurait pu en rester là, oublier le cri entendu, le SOS d’un coeur anéanti. Il aurait pu se boucher les oreilles et étouffer son Dieu. Il aurait pu Luca mais il ne serait pas Eros s’il avait décidé cette voie. S’approchant un peu plus de son amie, évitant tout contact cette fois-ci, il attendra son accord pour l’aider. Il ne fera rien sans un oui, même s’il n’est que murmuré. « Je ne sais pas ce qui s’est passé mais… J’ai senti. Et je ne peux pas passer à côté, je ne peux pas laisser passer ça. » Il ne peut ni fermer les yeux ni accepter de ne rien faire. Maintenant, c’est comme ça qu’il vit Luca, il est incapable d’abandonner les siens pour éviter de se perdre dans les méandres de son pouvoir. Eros grappille de plus en plus son existence et son caractère et le Dieu de l’Amour se mêle à l’enfant de l’Italie, créant un ensemble bien plus beau et plus positif qu’on aurait imaginer.  « Si tu n’as pas les mots… Tu n’es pas obligé de parler, mais laisse moi comprendre s’il te plait Aislinn. » De toute façon, il n’acceptera pas un non de sa part. On n’abandonne pas un coeur souffrant quand on est celui qui les répare.

Elle ne répond rien Aislinn, seul le silence l’habite. Plus de sourire, plus de voix chantante, plus rien que le vide. Et il le sent, sans la toucher, sans embrasser ses joues et sans découvrir son coeur, qu’elle est déjà ailleurs. Rarement il a vu quelqu’un dans un tel état Luca, comme si plus que l’existence, on lui avait retiré sa raison de vivre à Aislinn. Il en a vu des coeurs abimés ou des âmes esseulées, il a même senti son propre poitrail exploser quand la Guerre l’a effleuré à l’Eden Manor. Alors lentement, il s’approche de son amie, pas après pas, prend possession de son espace vital sans attendre son accord. Elle ne lui donnera pas de toute façon, il le sait pertinemment Luca, elle n’en aura pas la force. Quelque chose s’est brisé en elle, comme une ampoule lumineuse dont les filaments ont cassé. Ça le brise Luca, de comprendre ça. Que celle à qui il a permis d’aimer une seconde fois, d’oublier le chagrin et de s’ouvrir encore aux joies des émotions délicates a une nouvelle fois tout perdu. Il sait qu’il en est un peu la cause, s’il n’avait pas réveillé son coeur, peut-être qu’elle n’aurait pas été à nouveau dans cette situation. C’est de sa faute. Mais il peut réparer encore une fois, il en a les talents. Il en a surtout l’envie.

Alors les mains se posent contre les joues, encerclent le visage de la divine. L’esprit se concentre, les yeux se ferment et les prunelles sondent l’âme qui crie. Ça le fait trembler, tout ce vide. Il fait noir dans le coeur d’Aislinn, c’est tout sombre, sans lumière pour l’éclairer et lui montrer le chemin. Alors seconde après seconde, s’évertuant à repousser la douleur et la tristesse, il avance, répand un peu de sa lumière à l’intèrieur de la carcasse vide. Une première larme coule sur son visage, ange blessé, ange mis au sol par un coeur brisé. Il sait qu’il se fait du mal mais l’idée d’abandonner est encore plus difficile. Alors il continue, serre un peu plus les joues de la déesse à ses côtés. Il va y arriver, Eros est avec lui, Luca s’abandonne pour sauver un coeur qui le mérite.

La douleur est bouillante, abat ses défenses, les mains tremblent contre la peau livide. Il sait qu’il le peut, l’a déjà fait, éteindre le mal pour faire briller une toute autre pépite. Et Luca sait qu’au creux du corps d’Aislinn, il en existe encore une. Elle ne serait plus en vie sinon, elle serait réellement partie. Alors il cherche, dans son coeur, au plus profond de son âme, cette délicate lumière qui peine à se faire voir. Son propre coeur ralentit, la tristesse de la déesse se mélange à la sienne, hybris d’éveiller, contre coup qui se mêle. Une seconde larme, une troisième. Le dieu de l’Amour pleure sous la douleur de son amie mais ne lâche pas sa peau, encore moins sa seule chance de survie.
Et quand Eros la voit, la petite pépite il l’agrippe fortement et refuser de la lâcher. Brille qu’il lui murmure. Elle doit briller pour éteindre les ombres qui dévorent l’esprit d’Aislinn. C’est son courage et son besoin de faire bouger le monde, son désir de sauver, d’aider, de secourir ceux qui n’en ont pas la force qu’il éveille le sous boss. Délicatement, la pépite devient flamme, la flamme devient brasier. Elle brûle tout, empêche la noirceur de continuer. Les larmes persistent à couler, les traces sur les joues sont des sillons de tristesse mais il n’abandonne pas Luca. Il continue, jusqu’à être certain que la flamme arrête de vaciller. Il ne la laissera pas tomber Aislinn, l’italien a peut-être rendu son coeur poreux à force de lui faire croire en l’amour, mais il peut aussi l’éveiller à d’autres émotions, comme le désir de protection. Airmed est faite pour veiller sur les autres comme elle a veillé sur la fontaine de la guérison, elle ne peut abandonner. Mais elle qui a tant donné, à présent, c’est à elle de recevoir. Et aujourd’hui, Luca lui redonne l’espoir à défaut de lui rendre l’amour.

Il y a un merci, délicat, presque sauvage tant il est volatile et quasi inaudible. C’est un merci de l’humaine et de la divine, du coeur et de l’esprit. Ça suffit à Luca, ce merci, n’en demande pas plus, ne réclamera jamais rien. Il la sent se détendre, pas de cette langueur désespérante qui lui arracherait encore des douleurs, non. Une détente délicieuse, lumineuse, comme si Aislinn retrouvait enfin son cocon de douceur. Elle se sent bien dans l’espoir, peut se laisser aller et respirer enfin. Plus de saveur amère, plus de douleur au fond du myocarde, rien que la lumière et la pépite qui s’éveille en elle pour lui montrer le droit chemin.
Alors ce baiser, chaste et au parfum sucré, il l’accepte le dieu ailé, se sent presque privilégié d’être choisi comme unique destinataire d’un dernier geste d’amour. Elle aimera à nouveau Aislinn, il le sait Luca, le sent au plus profond de son âme. Mais ce ne sera surement ni pour un homme, ni pour une unique personne. Elle aimera d’une façon différente, en offrant de la puissance et non de la passion. Les orages sont finis pour elle, du moins, ceux ayant la saveur de l’adoration.

Un deuxième baiser, du bout des lèvres, au coin de la bouche rosée de la déesse. C’est tendre, un dernier cadeau à la divine, un dernier éclat dans son coeur. Pas l’espoir cette fois-ci, il est déjà trop puissant. Mais la confiance. En elle, en eux, en tout ce que Luca croit mais n’ose pas encore ériger en combat.  « Va te reposer Aislinn, va dormir... Je serais toujours là si tu as besoin. » L’avenir nous dira qu’il a failli mais qu’il se rattrapera.