i need to see you ft. @saturno bellandi

Ses talons claquent sur le sol dur et chaud en cette fin du mois d'août. Vêtue d'un chemisier rouge et d'un jean slim, la gamine s’avance dans le historic district pour rejoindre celui qui fait battre son palpitant à la chamade. Jamais un homme ne l’avait battre ainsi, pas même son premier amour. Pourtant, elle ne connaissait que très peu Saturno et le peu qu’elle savait de lui l’aurait certainement repoussé s’il n’y avait pas cette envie irrépressible d’être avec lui. C’était un type bien, mais qui faisait parfois de mauvaises choses tel un vrai démon des enfers. Et malgré cela, elle l’aimait. C’était la seule façon d’expliquer des sentiments aussi fort et aussi incontrôlable. Elle avait beau tenté de se raisonner, de se dire que ce n’était pas un type pour elle, rien à faire. Il était toujours là, dans sa tête, hantant ses pensées. Lorsqu’elle avait su qu’il avait disparu, elle s’était sentie perdue, comme si une partie de son être n’était plus à ses côtés. Cette horrible sensation de perte avait rapidement été gagné par un sentiment d’inquiétude, de peur en imaginant ce qu’il pouvait être en train de subir. Sat’, c’était pas le genre de mec à se laisser faire, alors il était forcément détenu quelque part.

A l’instant où elle atteignait le seuil de la porte de son appartement luxieux, elle s’arrêtait. Elle était soudainement reprise par cette sensation d’anxiété ou d’inquiétude. Dans quel état allait-il être ? Il était resté chez Lyra pendant près d’une semaine, cloué au lit. Son palpitant s’accélérait. Ce n’était peut être pas une bonne idée de venir jusqu’ici pour prendre de ses nouvelles. La laisserait-il entrer d’ailleurs ? Leur dernière conversation, leur dispute, n’avait pas du lui laissé un très bon souvenir. Grimaçant en repensant à cette fameuse prise de bec, elle levait le poing pour cogner à la porte. Boum, boum, boum. Ne maitrisant pas sa force, la gamine avait frappé très fort. Maintenant, il ne lui restait plus qu’à attendre qu’il daigne montrer le bout de son nez. Par réflexe, elle se mordait la lèvre inférieure, toujours anxieuse de l’état dans lequel il allait se trouver.

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Lorsque la porte s’ouvre, le visage tant attendu apparaît. Leurs prunelles s’entrechoquent, instant que l’on pourrait qualifier de magique s’il ne laissait pas place à une descente aux enfers. Elle se sent défaillir, Thea. D’abord parce qu’elle peut enfin le voir de ses propres yeux, mais également car ses prunelles sombres se posent sur les plaies marquant son visage. Le sourire qu’elle affichait s’efface légèrement, mais la gamine reprend rapidement ses esprits. Elle sait ce que c’est de se faire agresser, et elle ne se souvient que trop bien le regard de pitié que ses proches lui adressaient suite à cela. Elle détestait cela. Elle détestait se sentir faible. Alors elle se concentre pour afficher un sourire digne de ce nom, refoulant sa peine et sa compassion. « Je suis heureux de te voir. » Ce n’est qu’un souffle, comme s’il n’avait aucun droit de prononcer ces mots. Doux murmures qui parviennent jusque ces tympans, la gamine croit rêver. Elle ne s’attendait pas réellement à ce qu’il dise cela, ou si peut être. Leur dernière conversation l’avait laissé perplexe quant à la relation qu’il entretenait, si relation il y avait. « Moi de même. » Laisse-t-elle échapper, faisant des efforts monumentaux pour ne pas lui sauter au cou. Elle s’attache trop vite, Thea. Trop vite à un type qui ne l’aimera jamais. Des absurdités qu’elle se répète pour ne pas succomber à ses désirs ardents et blesser son ainée par la même occasion. Parce qu’il est là, le véritable problème. Lyra, encore et toujours. Elle l’aimait beaucoup trop pour tenter quoi que ce soit et pourtant elle était bel et bien là, sur le seuil de sa porte. Les yeux dans les yeux, c’est à contre cœur que leurs prunelles se quittent. Il se pousse pour la laisser entrer dans son antre luxueuse, dans laquelle elle s’avance de sa démarche gracieuse jusqu’au salon. Il est derrière elle, mais elle ne loupe pas une occasion de le regarder. Chaque fois que ses yeux tombent sur un miroir, ou sur le reflet d’une vitre, elle s’assure qu’il est toujours derrière elle, de peur qu’il ne soit qu’un mirage. Elle aimerait se pincer pour s’assurer qu’il ne s’agit pas d’un rêve non plus. Ce moment, elle en a rêvé pendant les longues semaines où elle s’est inquiétée et avec bien du mal, elle peine à croire qu’il soit enfin arrivé. Elle finit par se retourner, plongeant de nouveau ses prunelles dans les siennes. Electrochoc qui fait qu’un doux frisson lui parcourt l’échine. « Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? » Il semble mal à l’aise, et elle aussi. Ils se connaissent dans vraiment se connaître et aucun ne sait comment se comporter vis à vis de l’autre. Le souffle court, elle sent son palpitant battre à la chamade, comme s’il voulait briser ses côtes pour s’échapper. Il la prend de court. Dans son rêve, c’est elle qui posait les questions. « Je voulais m’assurer que tu allais bien après… » Les mots se coincent dans gorge. Elle se gifle intérieurement, elle ne fait qu’accentuer le fait qu’il ait été enlevé. « Tout ça. » Tout ça. Ce sont les seuls mots qui s’échappent de ses lippes. Son regard quitte le sien un instant pour s’attarder sur les marques de son visage à nouveau, puis sur la marque rouge sur son épaule. Son estomac se tord. Elle est loin de s’imaginer tout ce qu’il a pu subir. « Je peux m’asseoir ?  » Sans gêne, elle pose la question. Elle se sent à l’aise dans cet appartement, elle se sentirait presque chez elle si la présence de Saturno ne la perturbait pas autant.  Présence qui deviendra un jour habituelle, elle l’espère.