Hello Darkness, my old friend Pourquoi persiste-t-il à vouloir profiter des nuits ? Pourquoi accepter simplement ce compromis avec la bête qui l'a dévoré en partie ? Marius est dans la rue, à errer sans plus prêter attention au reste, perdu dans ses pensées alors que la canne devant lui évite à ce qu'il puisse rentrer dans qui (ou quoi) que ce soit sans y prêter attention. Parce qu'il ne faudrait pas que son monde soit plus percuté que ça, qu'il a bien assez à ressasser, que les démons sont déjà trop internes, trop à griffer le carcan de chair depuis ses propres tripes. L'animal dort, la tempête semble lointaine. Mais sait-on jamais que Sköll puisse décider de s'éveiller, de lui rôder trop près du cervelet. L'animal est traître, le monstre ne peut être cru de personne, surtout pas de Marius. Il marche comme pour endormir les enfants, avec ce ballottement particulier, comme pour se dire qu'il ne rate rien de sa vie, qu'il la maîtrise encore un tant soi peu, quand bien même tout semble lui écrier l'exact opposé. Virulence de l'humain face à la bête, Goliath d'un temps plus que de mort, maintenant de ceux modernes. Marius marche comme il pourrait lever le poing en l'air, marche comme la fronde pourrait être tendue.
Mais le monde est parfois une fameuse pute. Et le karma semble devoir contrebalancer les choses, face à ce succès soudain pour ses tableaux, cette richesse monétaire qui se fait de plus en plus pesante sur l'esprit humain.
Mais l'or ressemble au soleil alors Sköll le chasse toujours à sa manière. Et ainsi, de sa main disparaît le guide, alors qu'il se retrouve poussé sur le côté, à ne pas comprendre tout de suite ce qu'il peut se passer. Ça tire sur le poignet, la lanière de cuir lui cisaille la peau sous le vol, avant qu'elle ne soit enlevée de force. Et ainsi se retrouve démuni l'aveugle de service, hagard pendant quelques instants, ne pouvant croire qu'on venait de lui voler la seule chose qu'il pouvait avoir sur lui sans valeur pour un revendeur. Seule celle émotionnelle qui vient de s'envoler il ne sait où. Blessure béante de l'instant, Marius se retrouve face à lui-même, face au monstre qui semble bien s'en fiche de ce qu'il a pu provoquer comme dégât, à sortir du néant.
Bouche entrouverte sous le choc de l'instant, à espérer encore que ce soit une mauvaise blague. Mais la brûlure de la morsure au poignet le lance bien assez pour le rappeler sur terre. Il se redresse, maladroitement, de la main qui n'a rien subit comme affront. Et il se sent terriblement démuni à cet instant, l'homme. Sans plus aucun repère, incapable de savoir de quel côté il pouvait bien venir. Il lorgne sans parvenir à le faire, le visage encore effaré, quand il entend les bruits d'un pas plus régulier que celui du voleur échappé. Cela lui coûte, mais il n'a pas d'autres choix.
Bonsoir, excusez-moi... Sa voix semble sur le point de se briser, la peur d'un inconnu invisible qui tiraille les cordes vocales.
Je... Je crois bien qu'on vient de me voler ma canne, hum... Effarement, il ne parvient encore pas à y croire tant cela lui semble invraisemblable.
Vous... Vous auriez l'amabilité, s'il vous plaît, de me guider à une adresse... ? Comme ça lui arrache encore plus de honte, tout ceci. L'humiliation est terrible pour l'homme démuni à cause d'une bête ronflante.
On ne doit pas en être très loin, normalement... Il voulait juste respirer un peu, Marius. Et le voici privé même de ses poumons.