Save the murder

☾☾Elle a beau avoir été rassurée par la réunion de la veille, voir que les mesures ont été prises et qu'ils remuent ciel et terre pour sortir Alcide de prison; Ce qu'il lui manque c'est l'avis de l'intéressé. Après la réunion Gisella n'a pas manqué d'interpeller Augustin, le suppliant de l'y emmener durant la nuit. Et la présence de son ami près d'elle très vite a changé la donne. La vision offerte dans ce coin restreint lui a éreinté le coeur et son manque de motivation a aussi eu des effets néfastes sur la sienne. Mais elle lui a promis, elle a été rassurée de le voir et s'engage à respecter ce qu'il lui a conseillé. Rester calme. Un bain au matin, elle s'est immergée en espérant y laisser dans le fond toutes les ondes négatives qui l'assaillent. Calypso prend le dessus, a les adieux en horreur et tourmente son hôte. Gisella a trop de choses à gérer pour vivre autant de drames à la fois, jusqu'alors elle n'a jamais eu à vivre de crises aussi importantes. Nicolaus l'épaule, les autres aussi mais le soutien de ce dernier étrangement la touche bien plus qu'elle ne voudrait le croire. Elle se prépare, l'esprit hanté par les paroles d'Alcide, ne prend pas la peine de couvrir ses cernes par le maquillage, sachant qu'il lui arrive encore de pleurer. Une paire de lunettes de soleil, l'apparence toujours dans l'élégance, elle quitte son hôtel, conduite par son chauffeur privé qui la dépose devant le cabinet d'avocat de Julius Gates et Aura Sciarra.

Elle fait affaires avec Julius, cela n'est pas un secret, cependant ce jour là ce n'est pas lui qu'elle vient retrouver, ses projets seront en pause jusqu'à nouvel ordre et pas avec l'augmentation des dons qu'elle fait à la Nuova Camorra. Le visage fissuré, elle tape à la porte du bureau de la jeune femme à l'heure pile où le rendez-vous a été convenu la veille. Elle sait qu'Aura a besoin de ses témoignages pour aider Alcide à sortir de son trou, elle lui donnera toutes les informations dont elle a besoin. Grande inspiration, quand elle est autorisée à entrer elle s'efforce d'adresser un sourire à Aura et vient lui serrer la main après avoir retiré l'un de ses gants. Elle prend place, rajuste sa jupe de costume et retire ses lunettes et passe une jambe par dessus l'autre après avoir déposé son sac à côté de sa chaise. « Je vous en prie, si je peux aider je le ferai avec grand plaisir » Tous savent à quel point l'emprisonnement d'Alcide la touche, le tout est de garder la tête froide. Le regard mordoré de Gisella se relève vers celui d'Aura, espère que ses plans sauront lui redonner de l'espoir.

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☾☾Aura ne prend pas des pincettes, Gisella ne peut pas lui en vouloir, elle n'attend pas d'elle qu'elle vienne la réconforter ou mettre sa main sur son épaule. Aura est une professionnelle, elle fait son travail et Gisella est contente de voir qu'Alcide sera soutenu par quelqu'un qui a connaissance de la NC et qui pourra tout a fait le défendre tout en cachant cette partie de lui-même. Gisela ravale sa tristesse latente, elle est ici pour aider Aura a sauver Alcide, alors elle se doit de rester concentré si elle veut pouvoir être précise dans toutes les réponses qu'elle va lui donner. Elle n'a jamais eu à faire ça Gisella, trop habituée à vivre une vie trop confortable et trop dorée pour se soucier de la justice. C'est le constat d'Aura sur les chances de remporter le procès qui vient la déstabiliser, elle aurait presque envie de dire que le perdre n'est pas une option, Alcide ne peut pas rester en prison, c'est un fait. Gisella inspire longuement, pose ses coudes sur le bureau et essaye d'oublier ce détail qui la vexe au plus haut point. Ce n'est pas son métier ? Qu'elle le fasse. Gisella calme ses ardeurs sous l'influence de la nymphe à fleur de peau, le moment des questions est venu et la simple évocation de leurs souvenirs fait briller son regard doré.

Elle sort un mouchoir de son sac« Je l'ai toujours connu, nos pères respectifs étaient de vieux amis. » Elle se souvient du temps où ils faisaient les 400 coups dans les couloirs du Ciao Roma, toujours à s'inventer des histoire quand ils n'espionnaient pas les réunions privées de leurs pères et des autres personnes qui venaient ; ce qui a l'époque formait la Nuova Camorra, et qu'ils se réunissaient dans les sous-sols du Ciao Roma. Gisella inspire, le simple fait d'évoquer ces souvenirs lui donnerait le sourire, il faut qu'elle arrête de paniquer, de pleurer comme s'il y avait mort d'homme. Hélas elle le sait, c'est la nymphe en elle qui est dans un tel mal être qu'elle calque tout sur elle. « Nous sommes amis, très bons amis ; J'ai confiance en lui et je pense que c'est pareil pour lui. » Est ce que cela suffit comme description de leur lien ? Elle ignore s'il serait bon de préciser qu'ils ont été amants et que ses fils sont de lui. Un hasard qui l'arrangeait en fin de compte, préférait avoir des enfants d'Alcide et qu'ils restent liés à la NC plutôt qu'avec son ex-mari qui n'a jamais eu d'intérêt pour les enfants et qu'il lui mette dans la figure son adultère après leur divorce. Une situation un peu particulière, qui pour autant n'a jamais eu quelconque impact sur leur amitié, il se passait ce qu'il devait se passer et après il était inutile d'épiloguer dessus, c'était naturel.

« Mes deux fils sont de lui » Elle finit par le dire, parce qu'elle sait qu'ils finiront par faire le rapprochement avec les âges de ses deux garçons, parce qu'ils ont été conçus alors qu'il était marié avec Frances. Gisella ignore si cela peut porter préjudice à Alcide, peut être qu'elle ferait mieux de développer. « J'étais mariée moi aussi, ça me dérangeait pas qu'il ait sa vie de son côté, on a jamais été un couple. Juste...Voilà, on a une amitié qui a toujours eu des facettes un peu spéciales. » Gisella n'a jamais été jalouse de Frances, Alcide avait toute la liberté d'épouser ou de coucher avec qui il voulait dans la mesure ou elle savait que quoi qu'il en soit ils resteraient amis ; elle n'a jamais eu peur de cela mais ignore si les autres seront dans la mesure de comprendre cela sans s'en offusquer ou penser directement qu'elle lui a demandé d'assassiner Frances, ou qu'elle l'a tué elle-même en étant jalouse.

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☾☾Savoir beaucoup de choses sur Alcide ? Oui et non, elle le connaît parce qu'il est son ami mais ne l'empêchait pas d'avoir son jardin secret et n'a jamais été du genre à le bombarder de questions. Elle préférait profiter de lui simplement, le taquiner,  essayer d'être bien assez joviale pour lui changer les idées. Elle acquiesce brièvement donc, elle pourra parler de lui, mais elle est presque certaine d'être la seule au monde à avoir cette vision de lui, parce que beaucoup de choses les lient, y compris leur passé commun, ces jeux d'enfants. Quoi qu'il en soit, si cela peut aider, elle est prête à lui faire son portrait d'Alcide, et beaucoup risquent d'être surpris de ce qu'elle dit de lui, quand on parle de cet homme en prison pour avoir maltraité et tué sa femme. D'abord 'ordre chronologique d'abord, après la révélation de l'existence d'enfants en commun, on passe donc alors sur les détails.

« vingt-cinq pour mon plus grand, seize le petit » Elle se pince les lèvres, se souvenant donc aussi que la naissance de son dernier fils est d'une part la preuve de l'adultère d'Alcide et du sien et d'autre part que cela pourrait tout aussi bien se retourner contre elle. « Cesario est né quelques temps après la mort de Frances. » Le regard se pose sur le porte stylo du bureau d'Aura, essaye de se souvenir avec précision les dates. La mort de son épouse l'avait quelque peu secouée, mais trop occupée à préparer la chambre de son fils et jamais dans le jugement envers Alcide, elle n'y avait pas prêté plus d'attention. Frances et elle n'ont jamais été réellement proche, il avait toujours été question de politesses et de courtoisie, puisque de toute manière elle ne s'était jamais retenue de séduire Alcide de son pied sous la table même en la présence de son épouse. Rien pour elle n'était réellement important à l'époque, toujours dans la rapidité du quotidien et la facilité d'acheter une vie quand elle croulait sous les dollars. Est ce que aujourd'hui cela aurait été différent ? Bien sûr qu'elle sait, Alcide est coupable. Pourtant aujourd'hui elle aurait sans doute dit pareil qu'au moment où elle l'a su. « Elle était sotte si elle n'a pas été capable de survivre» Et c'est dur à dire, mais être la femme d'un chef mafieux demande beaucoup de patience et de tact. Cela répond déjà à la première question de Aura, se demande si cela peut être vraiment utilisé en la faveur d'Alcide ou au contraire que l'on ne tente pas de monter l'histoire typique de l'amante jalouse qui lui demande de tuer son épouse pour elle. Cela ne tiendrait PAs la route n'est ce pas ? Parce qu'ils ne se sont jamais mariés et que leur relation est toujours restée entre le trop et le pas assez. Amis, amants, cela dépendait de leurs humeurs mais jamais ils n'ont envisagé de se passer la bague au doigt. Gisella y a pensé, une fois, mais elle sait qu'elle aurait fini par l'insupporter à la longue, à cause de leurs caractères respectifs. Il était bien là où il était, et il devait sans aucun doute penser la même chose pour elle. Et s'ils s'étaient mariés, aurait il été dans la même situation aujourd'hui ? Elle soupire, un brin anxieuse et aurait volontiers fait le pas si cela aurait pu lui éviter la case prison même s'il aurait sans doute été jugé pour d'autres crimes.

« La veille nous avons dîné ensemble et puis nous avons été au Piada. » Elle fronce doucement les sourcils, Alfonso pourrait témoigner en leur faveur pour parfaire l'alibi. Ils avaient pris pour habitude d'y aller boire un dernier verre après avoir passé la soirée ensemble. La plupart du temps ils s'essayaient aux restaurants les plus chers d'Arcadia, parce que Gisella est particulièrement exigeante en matière de gastronomie et qu'à ce moment là elle avait signé pour les travaux de son restaurant et agrandir l'hôtel. C'était la belle époque, où ils allaient rendre visite au consigliere, pas dans le cadre de la mafia mais surtout en tant qu'amis de longue date. Les rires d'Alcide, elle les entend encore, elle aimerait qu'ils puissent faire ça encore, qu'il sorte de prison, parce que c'est à elle de payer la note cette fois ci. « C'était un genre de rituel qu'on avait de sortir juste manger puis passer au Piada boire un dernier verre et rendre visite à Alfonso, même en étant enceinte on y allait. »

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☾☾Des précisions bien entendu, c'est toujours plus utile quand il s'agit d'un procès et plus il y aura de précision plus elles auront de chance de construire un alibi solide. Gisella préfère définitivement voir Alcide à sa réputation d'infidèle plutôt que derrière les barreaux. Et ça l'angoisse de croire que même cela ne sera peut être pas suffisant. Pointe dans le coeur, l’hôtelière respire profondément et remet son cerveau en marche pour compter l'exactitude de cette chrnonologie infernale.  « Huit mois, deux semaines. » Pour peu ils auraient pu dire qu'Alcide était trop occupé avec Gisella pour accorder du temps à sa femme à ce moment là, la date de conception a vrai dire elle ne la connait pas, peut être bien que c'était le jour de la mort de Frances, peut être même que c'était quelques jours avant. « Cesario est né avant le terme, ça pourrait correspondre » Réflexion faite tout haut, elle est tout aussi prête à révéler son adultère; Charles est au courant de toute façon et n'a jamais réellement considéré ses garçons comme les siens. Qui cela choquerait, S'en soucie t-elle vraiment ? Gisella est reconnaissante, parce qu'Aura réfléchit, note, elle prend ce rôle au sérieux bien que cela soit son métier. Elle sait que la Nuova Camorra connaîtrait sans aucun doute des moments de faiblesse si Alcide ne sortait pas de prison. Cela n'est dans l'intérêt de personne, faute grave ou pas. Gisella se laisse un instant observer le visage de Aura qui lui a toujours semblé familier. Elle ressemble à sa tante, pour peu on aurait pu la faire passer pour une Dello Iavoco. L'idée lui passe dans la tête, peut être que leurs familles en Italie se sont vues liées par le mariage et par le sang, qui sait ? Ici ils sont tous une grande famille et beaucoup se connaissent d'avant, depuis quelques générations.

Elle écoute toujours attentivement Aura qui fait preuve d'un professionnalisme impressionnant, et qu'elle admire, si seulement son coeur n'était pas sur le bitume. La Nova Camorra a besoin de personnes qui savent garder la tête froide. Pour elle ça avait toujours été le cas jusqu'à ce que Calypso s'en mêle et lui mène la vie dure. Plus de choses, faire enfler le dossier, c'est ce dont elle a besoin, sur les jours précédents elle essaye de se souvenir, c'est difficile parce que c'était y a plusieurs années. Tant de choses se sont passées entre temps, elle n'est pas certaine d'avoir toutes les bandes d'enregistrement des caméras de surveillance de son hôtel. « Alfonso peut témoigner de nous avoir vus ensemble, il a sans doute encore des notes ou je peux sortir mes relevés bancaires à l'aide d'Augustin. » Elle réfléchit, essaye de se souvenir, ce qui pourrait permettre de construire un emploi du temps à Alcide et l'innocenter. « Je dois avoir dans mes registres quelles chambres ont été réservées à son nom, quel jour...Je vous enverrai les registres originaux et les factures » Un tour dans les archives dès qu'elle rentre, en espérant que c'est le genre de chose qu'elle garde. « Et je peux vous fournir l'acte de naissance de mon fils.»

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☾☾Attentive aux dires de l'avocate, Gisella sent la tension latente, elle a l'impression que le sort d'Alcide est déjà scellé et que quels que soient leurs efforts cela ne paiera pas. Le plus important est d'essayer, de ne pas abandonner, quoi qu'il en soit Alcide ne pourrira pas en prison c'est ce qu'elle essaye de se dire, mais l'échec n'est pas une option pour la propriétaire du Ciao Roma et même si pour cela ils doivent contourner la justice. Cela ne serait pas la première fois, et sans doute pas la dernière, Aura sait de quoi il en retourne, combien de personnes faisant parti de la mafia a t-elle sauvé d'une triste sort ? Sans doute une bonne poignée d'entre ces rebelles, et heureusement qu'il y a des gens comme elle dans les rangs, qui savent faire preuve de sang froid et qui parviennent à garder les idées suffisamment claires en temps de crise. Gisella admire cela, c'est un point en plus pour elle, les femmes de caractère de toute manière ont toujours eu leur préférence, c'est ainsi de même dans sa famille, du côté de son père bien sûr. «Ce sera fait !»

Gisella lève les yeux vers Aura, étonnée qu'une personne sollicite la nymphe qui l'habite. Puisque ce n'est plus une déesse elle a l'impression de ne pas être tellement utile et d'avoir juste été punie d'exister de nouveau. Elle possède des capacités intéressantes mais cela n'est pas des pouvoirs, elle n'est plus aussi puissante qu'elle l'a été lors de sa première existence et l'ichor s'est transformé en sang de mortel à sa réincarnation. Elle acquiesce d'un hochement de la tête, Calypso est sa nouvelle identité, ses souvenirs lui appartiennent bien qu'il reste une part d'elle qui tente de diviser l'hôte et la Nymphe. Pourtant cela n'est sans doute pas arrivé par hasard, c'était écrit depuis longtemps, ça a juste mis plus de temps pour se manifester. Va t-elle lui parler d'Ulysse ? D'Hermès ? De son père ? Elle avait mis un point d'honneur à avoir l'existence la plus simple possible sur son île d'Ogygie, vivre en paix et en harmonie avec la nature et le valeureux Ulysse par ses récit parvint à la dépeindre comme une femme mauvaise et jalouse. Est ce cela qu'elle compte utiliser ? La possessivité de Calypso à l'égard d'Alcide ? Elle ne l'a jamais été, Alcide et elle avaient une relation relativement libre.

Gisella demeure légèrement sceptique, n'ayant que peu de bons points concernant sa double existence «De quoi avez vous besoin ?» Elle ne fait pas part de ses appréhensions, elle a confiance en Aura malgré le fait qu'elle ne la connaisse que très peu. Elle dégage quelque chose qui lui est familier. Elle lui en aurait bien posé quelques questions à propos de sa famille, peut être qu'elles ont un lien de parenté, cela ne l'étonnerait pas, ils viennent presque tous du même coin. Mais elles sont en entretien professionnel et c'est d'Alcide dont il s'agit présentement. Gisella inspire longuement, laisse son dos aller en essayant le plus possible de rester concentrée. Il se passe tellement de choses dans sa vie depuis l'éclipse que cela finit par la fatiguer. Il l'entendra Alcide si elle finit par avoir des marques de vieillesse sur son beau visage à cause des soucis qu'il lui pose. «Je ne suis plus une déesse.»