L'arrivée en prison est difficile, elle n'a jamais eu besoin d'être téléportée par Augustin alors sa première expérience est assez radicale pour le coup. Gisella se tient au mur, la main sur le ventre qui gronde comme prise qu'un énorme vertige. Elle se retient, respire, le cœur bat à vive allure et doucement se calme. Elle adresse un merci à Augustin qui prend tout autant de risques de l'emmener ici. Alcide est là, dans cet endroit si petit que ça lui serre le cœur. Ce n'est pas le luxe mais au moins il ne fait pas froid. Elle se mord les lèvres, résiste à l'envie de s'effondrer en se rappelant qu'il ne faut pas faire de bruits.  Elle le connaît depuis tellement longtemps le savoir proche et loin à la fois la rend mal. Il dort, la silhouette éclairée par la lumière extérieure, doucement Gisella se rapproche pour s'asseoir sur le lit et pose sa main sur son épaule. Un baiser glissé sous l'oreille, elle espère ne pas le faire sursauter - mais ce sont des gestes qu'il lui connaît pour les quelques fois où ils ont passé la nuit ensemble. « Alcide, c'est moi, Gisella. » Le temps qu'il se réveille, elle murmure. « Je suis désolée de te réveiller, je n'ai pas le droit de te rendre visite, c'était le seul moyen » Le savoir ici l'a horriblement touchée et elle fera out ce qui est en son pouvoir pour le sortir. Les doigts glissent sur son front, accompagnent son réveil avec douceur. Ça lui redonne espoir de le voir, elle en avait besoin. « Je voulais juste te voir  » Chuchotements, toujours, elle ose adresser un sourire quand son fort intérieur est juste en train de craquer. Augustin s'est assis sur une chaise, il lui laisse le temps.

Il ne dort pas très bien ces derniers jours. L'avantage de l'endroit, et c'est bien le comble de penser ça, c'est qu'il est bien isolé. Pas d'humidité pour brûler le dos. Lorsqu'elle dépose son baiser, il est encore dans les bras de Morphée. Mais le contact réchauffe sa peau et il cligne des yeux à la deuxième phrase de son amie. Le seul moyen... Il se redresse alors qu'elle a ses doigts sur son front, découvre Gus dans un coin. Il est trop endormi pour être surpris. Pour me voir ? D'un coude, il s'appuie contre le premier mur venu -pas compliqué à trouver- et s'éclaircit un peu la voix. Il n'y a rien à voir Gisella. Ou plutôt, il ne veut pas qu'elle le voit comme ça.

Il n'a pas l'air très ravi de la voir, tandis qu'elle le réveille doucement, d'un baiser. Il ouvre les yeux, se redresse et la froideur dans la voix la laisse un peu pantoise « Alcide, per favore on se connaît suffisamment pour ne pas faire de manières. » Elle se redresse à son tour, reste néanmoins assise sur son lit, et son sourire à demi éclairé par la clarté des lumières extérieures. « Laisse moi le rôle de la diva d'accord ? » Les doigts passent du front à ses cheveux, les replacer en arrière, geste affectueux. Pas de manières, pas de jugement, ils ont beau souvent s'être mis en concurrence, il sait à quel point qu'il soit en prison ou dehors ne change absolument rien à ce qu'elle pense de lui. Elle inspire, essaye de reprendre le contrôle de ses émotions. Dur ces temps-ci, Alcide est un pilier dans son quotidien elle a du mal à vivre sans pouvoir communiquer aussi facilement que d'habitude avec lui. « Tu vas sortir d'ici de toute façon alors plus d'entrain ! C'est parce que je t'ai réveillé que tu grognes ?» Un rire, quand même, quelle drama queen.

Il préférerait l'accueillir avec un petit Brandy et des apéricubes. Ici, il n'y a rien. Juste un petit tas de journaux dont il songe à faire la collection. Alcide salue Gus et reporte son attention sur Gisella. Tu crois ? Il maugrée. Elle le croit peut-être innocent. Si oui, elle est la dernière de la ville. Il hésite à percer sa bulle d'utopie. Non. Pas encore. Ça n'avancerait personne. D'accord. Entre ses mains qu'il connaît bien, il se laisse faire. Ça fera peut-être sourire Augustin. Sortir ? Ce n'est pas au programme, a-t-il envie de répliquer. Il sait que O'Caisin n'a pas chômé durant ces seize années. Ils ont assez pour ne pas le laisser filer en attente d'un procès. Augustin pourrait le téléporter loin d'ici mais ce ne serait qu'un signe de culpabilité. Ça retomberait sur la NC. Il tient à la mafia comme à une amie ou une soeur, une femme. Comme Gisella. Oui, je dormais enfin... Son petit rire éveille en lui une petite lueur de panique. Alors il plaque son index gauche sur ses lèvres qu'il a si souvent embrassées. Tu te mets en danger en venant ici. Des mots simples pour une situation compliquée. Tu dois vraiment tenir à moi pour oser ça. Comment va le Ciao Roma ? Elle sait de quoi il parle.

Sortir, oui, elle le voit avoir peu d'espoirs et elle espère qu'il ne cessera pas de se battre pour autant parce qu'ils ont besoin de lui à l'extérieur. Le rire étouffé par son index sur ses lèvres, elle attrape doucement sa main et se tait à sa demande, le danger de se faire attraper il existe oui, mais elle n'a que faire des risques quand il s'agit d'un proche à qui l'ont tient vraiment. Elle a quand même sacrément harcelé Augustin pour rendre cela possible et ne regrette pas de se tenir là désormais « Je suis au moins aussi têtue que toi ! » Un regard désolé vers Augustin qui doit lui réserver sa soirée pour qu'elle puisse voir Alcide. Il reprend la conversation, des nouvelles du Ciao Roma, du QG, il n'imagine pas la journée qu'elle a passée après son arrestation pour tout boucler, persuadée d'être un nid à informations concernant Alcide et la Nuova Camorra. Si on ne peut pas innocenter Alcide vis à vis de Frances au moins on lui retirera toute implication mafieuse. « Va bene. Je fais le nécessaire pour protéger tout le monde et cacher tout ce qui concerne la Nuova Camorra au cas où. Ce n'est qu'une question de temps avant que la police ne vienne chez moi je pense. » Ça la ferait paniquer au début, tous savent comment elle est. Mais elle garderait la tête froide, parce qu'elle sait ce qui est en jeu. Le problème présent est qu'elle est trop liée à Alcide depuis des années pour qu'on l'écarte de l'affaire et en a conscience. « Au pire des cas donc tu vas devoir me faire une place dans ta cellule ou alors tu vas accepter que l'on s'en aille d'Arcadia. Mais je croise les doigts et il se passera rien !» Bien entendu ils se démènent pour qu'il ne se passe rien. « Tu as besoin que je fasse quelque chose pour toi à l'extérieur ? »

Ah ça... Oui, des deux, c'est elle qui remporte la palme du pire caractère. Du plus tenace, peut-être. Il sourit, encore un peu endormi. Et l'écoute sans broncher. Le Ciao Roma est sécurisé, c'est une excellente nouvelle. La meilleure qui lui soit parvenue - après le décès de Killough. Très bien, constate-t-il. Et avec un peu de colère : J'te fais confiance pour les accueillir, ces enfoirés. Les flics ne vont pas la lâcher. En creusant bien, ils pourraient l'inculper pour non assistance à blablabla, comme on dit de nos jours. Ça ferait un bel exemple pour O'Caisin, ouais. L'amante complice... Il tapote le mauvais lit, tente un brin de romantisme. J'aurai toujours une place pour toi, Gisella. Ça fait peut-être souffler Gus. Et que peut-elle faire pour lui ? Aide la NC. Le quartier. Ça m'aidera indirectement. On est chez nous, et ils vont vouloir tout fouiller. Il soupire puis la quitte des yeux. Il n'avait pas encore pensé à eux : Je suppose que tes fils sont au courant. Pas nos fils, non. Ce soir ce sont les siens. Il ne les assume plus aussi bien et ça vaut mieux pour eux.

Un sourire, amusé malgré l'état d'urgence, bien sûr qu'elle compte bien les accueillir ceux qui penseront pouvoir renverser Little Italy sans se prendre le revers de la mafia. Gisella n'est pas dangereuse, mais elle cache beaucoup de choses au sein du Ciao Roma, et ceux qui se cachent dans les coulisses de son hôtel ne feront pas de quartiers. Avec un peu de chance elle ne sera pas soupçonnée longtemps, quoi qu'il en soit, puisqu'Alcide lui fait une place, cela lui donne à réfléchir. Un regard enchanté, poursuit la petite blague parce que bien entendu c'est tout à fait impossible qu'ils soient dans la même cellule, ou même dans le même établissement pénitentiaire. Ses fils, à elle, non leurs fils : comme il s'en décharge encore, alors qu'elle n'y voit pas de raison. Cesario lui ressemble de plus en plus sur l'aspect physique, à bien y penser, un jour il va falloir qu'il arrête de changer d'avis. « Oui, ils m'ont beaucoup aidée d'ailleurs. » L'angoisse, l'état qui a suivit l'annonce, l'impression constante de tachycardie, car elle ne savait pas quoi faire ni par quoi commencer pour limiter les dégâts et aider Alcide. Et maintenant derrière les barreaux elle n'a qu'une envie c'est de le faire sortir de là pour ne pas avoir à se cacher comme une voleuse pour voir son ami. « Ils espèrent que tu sortiras vite.» Maintenant qu'ils savent qu'il est leur père, ils se sentent bien plus concernés, et Amadeo qui cherchait à faire bonne impression se sent l'envie de tout faire pour l'aider sans même savoir l'histoire.« Et moi aussi. Ça m'a rendue folle de te savoir arrêté. » Augustin à côté peut le confirmer. Gisella se mord les lèvres, rien que d'y penser elle ressent des retours d'angoisse. La possibilité que tout se passe mal et qu'il y reste la hante. Elle lui attrape la main, la serre doucement entre les siennes « Tu es sûr que tu ne veux pas qu'on te fasse sortir? Je te cacherai dans l'hôtel. C'est un sanctuaire, personne ne te trouvera. »

Il est navré, au fond. La situation est navrante. Lorsque Saturno est venu lui rendre visite, ce n'était pas ça qu'il ressentait. C'était de la fatigue, une forme de renoncement encadrée de fierté. La foutue fierté qui ne se laisse jamais mettre de côté. Mais avec Gisella, il est vraiment tenté de s'exprimer. Elle est peut-être celle qui se rapproche le plus de l'idée qu'il se fait d'une relation amoureuse. Sans violence, sans exigence. Oui, il s'adonnerait bien à un peu de sentimentalisme. Il y a Augustin mais Augustin est comme le frère qu'il n'a pas eu. Alors ce n'est pas très grave. Ce serait peut-être bien... Il se gratte une tempe. C'est bien. Gisella est proche de ses enfants. Il lui restera toujours ça. C'est loin d'être son cas. Je compte sur les avocats pour sortir. Rien d'autre. Bien sûr qu'il pourrait disparaître, se faire oublier dans les entrailles du Ciao Roma, mais il ne peut pas envisager ça. Ce serait une prison de luxe mais rien de plus. Ecoute Gisella... ça devait bien arriver. Ça faisait quinze ans qu'ils me tournaient autour. Il décide de présenter ça comme une évidence pour que la pilule ne reste pas trop longtemps coincée dans la gorge. Elle a l'air crispée. Est-ce que la vérité la fera sourire ? Il n'a plus rien à perdre. Et au final, ce n'est pas à elle qu'il devra en répondre. Une petite moue fugace et il lâche : Ça ne serait pas arrivé si j'avais pris plus de précautions.

Et a demi mot il confirme ses doutes quand aux actes qu'on lui reproche. Gsella s'en doutait au vu des quelques fois où elle les a vus se disputer, les marques repérées sur les bras de Frances. Pour autant elle n'a jamais essayé de l'en empêcher, ou de faire quoi que ce soit. Elle aurait dû, peut être, elle ne l'a pas fait parce qu'elle ne pensait pas que ça irait jusque là et que sa confiance en Alcide est incommensurable.  Elle le connait depuis si longtemps, elle n'a jamais été en phase de jugement avec lui, il fait ce qu'il veut, quand il veut , où il veut. De plus le monde de la mafia n'a jamais été tendre avec personne, il y a des morts, tous les jours, elle vit dedans depuis trop longtemps pour ne pas voir ce cas comme isolé - elle ne voit rien d'anormal à cela puisque c'est dans cette vision des choses qu'elle a grandi, où le plus important c'est la famille, c'est la Nuova Camorra. Ça ne change rien, qu'il l'ait fait ou pas, elle refuse de le voir en prison plus longtemps. La seule chose qui l'agace c'est qu'il attend juste que les avocats fassent leur boulot. Elle soupire, secoue la tête, elle aimerait ne pas lui laisser le choix. Ils travaillent dur les avocats et elle dit avoir confiance, mais au fond d'elle peut être qu'elle a peur, que l'attente du procès est insupportable. « Peut importe ce qu'il s'est passé, ta place est à la Nuova Camorra et quand tu sortiras cette histoire tombera dans l'oubli, on fera le nécessaire pour qu'ils te laissent tranquille ensuite.» A l'interrogatoire, elle fera juste en sorte d'ajouter une fascination maladive pour Alcide, la fille qui ne voit aucun problème et rien d'anomal le concernant, et son cas ne sera pas exploitable pour avoir des preuves contre Alcide; qu'il s'agisse de Frances ou de la Camorra parce qu'elle entend bien qu'il sera jugé aussi pour les suspicions que la justice a à son égard concernant ses activités illicites. « Quoi qu'il se soit arrivé je suis de ton côté, on va les avoir! Il le faut d'accord ? Et je vais revenir m'assurer que tu ne laisse pas tomber.» Il a pas intérêt à lui refaire cette tête de défaitiste, elle lui en colle une.

Il réplique à mi-voix. Ça ne tombera pas dans l'oubli. Personne n'est prêt à oublier ça. Ni lui ni les services de la police. Alcide n'est pas un homme qui s'en remet au petit bonheur. Ils y veilleront. Il n'envisage pas de berner les autorités pour courir se terrer dans le premier trou venu. Il envisage de sauver ce qui est encore en son pouvoir. Saturno fera ce qu'il veut puisqu'il n'est plus là pour l'en contrer, mais la NC, elle, ils ne l'auront pas. C'est ce qui importe à Alcide. La taule pour trois ou quinze ans, ce n'est pas grand-chose face à l'écroulement d'un empire familial. Un héritage. Et ça, Gisella est sûrement en mesure le comprendre. Je le sais, je sais que tu es de mon côté. Mais je ne veux pas exposer la NC maintenant. On fera jouer notre carnet d'adresses une fois l'affaire classée. Ça prendra peut-être un an. Parce qu'il ne prévoit pas de finir sa vie en combi. Non, ce sera en tuxedo avec un verre de porto. Ce n'est pas grand-chose, un an.

Il a raison et elle le sait, son affection pour lui aurait tout dépassé, mais ils ont des priorités et cela elle l'a toujours entendu de la bouche de son père. La Nuova Camorra d'abord, toujours, c'est ce qu'il lui disait et elle n'a jamais contourné cela, elle ne doit pas le faire, même pour Alcide. C'est parfaitement injuste. Ils n'oublieront pas, mais Gisella sait qu'avec de l'argent on achète le silence, même auprès de la justice, parce que l'Homme est un être imparfait et qui se laisse facilement corrompre si on lui graisse la patte. Sinon tous ces politiques accusés de délits ne seraient pas encore en train de se prélasser dans leurs maisons luxueuses. La cinquantenaire soupire doucement, un an, c'est trop long. Tout un tas de choses peuvent se passer en un an, est ce qu'il supportera de regarder le monde changer depuis sa cellule ? Bien sûr qu'il tire encore les ficelles de la NC, mais éloigné de tout ce n'est pas aussi simple. C'est à eux de maintenir l'ordre, à elle, Augustin, aux sous-boss, aux capos ect. Un an, ça passera s'ils font tous l'effort pour le bien commun, pour leur empire. « Oui tu as raison. » Comme toujours, sauf 50% du temps où c'est elle qui a raison. « On verra le moment voulu, le principal est de te sortir de là de toute façon. » Elle se pince les lèvres, elle a l'impression de se tailler les veines à accepter d'attendre. « On s'organisera des parties de carte nocturnes arrosées de whisky, en attendant, à condition que tu ne triches pas. » Un petit rire et son regard se tourne vers Augustin, qui approuvera sans doute l'idée. « Je vais te laisser dormir » Un baiser au coin des lèvres de son ami, elle s'autorise une dernière étreinte, passe ses bras à ses épaules et s'imprègne tranquillement de sa présence « Profites en pour te remettre au sport, y'a du laisser aller ces derniers temps. » Elle essaye de voir le positif, il n'est pas mort, il est bien là, juste qu'elle le verra bien moins traîner dans le bar de son hôtel et qu'ils ne pourront plus avoir de conversations aussi facilement qu'ils le souhaitent. « Tu me manques beaucoup.»

Il a dit un an mais est-ce qu'il y croit ? Il espère se tenir à cet agenda mais n'a en réalité aucune carte en main. Il observe les jours défiler : tous pareils, tous plus longs les uns que les autres. Le temps s'étire : ce devrait être une réjouissance pour un homme dans la fleur de l'âge. Mais ça ne l'est pas. Il sourit lorsque Gisella concède. Ça lui faisait de la peine de la voir presque éplorée, pour lui qui plus est. Il murmure : Je ne triche jamais mais son mensonge est censuré par son baiser. Son étreinte. Il lui répond en plaquant ses mains sur son dos ; plus bas, plus haut, elles caressent ce qu'elles n'auront plus l'occasion d'adorer de sitôt. Du laisser-aller ? Il pourrait s'en offusquer mais venant d'elle, il l'accepte. On n'a plus trente ans. Il le dit comme prétexte mais au fond, il est nostalgique de ces années. Il aurait peut-être dû l'épouser elle, au lieu de cette écossaise. Ils auraient vieilli ensemble, et auraient lancé une chaîne de Bellandi Hotels à travers tout le Maine. Il soupire et caresse doucement sa joue tandis que Gus quitte sa position d'Indien assis. Je ne bouge pas. D'ici là, ne lis pas trop les journaux. Fais comme moi : détends-toi. Ou fais semblant.

Non ils n'ont plus trente ans, c'est dommage, mais le temps passe et c'est ainsi. Alcide reste un homme attirant, elle le taquine, il le sait. Un joli sourire suite à sa réponse et elle se redresse à la suite d'Augustin, prêt à partir. Son cœur se met à tambouriner soudainement, la nymphe en rajoute, elle a l'impression de le quitter à tout jamais, son vieil amant. Gisella déglutit, inspire encore doucement et s'autorise un dernier élan d'affection et au nom de ces moments complices qu'ils ont partagés, c'est sur son front des joues et qu'elle dépose ses baisers d'au revoir, les mains posées sur ses joues . Quelques secondes en plus à profiter de la chaleur de ses lèvres, elle se redresse avant de sombrer de nouveau dans la panique. Ça ressemble trop à un adieu, c'est tout bonnement horrible pour elle, pour Calypso – l'abandon traîne dans le coin de sa tête, la peur d'être seule sans repères ; «  Bon on se voit bientôt ! » La voix tremblante, elle prend sur elle et après un dernier regard sur Alcide, elle attrape le bras d'Augustin. Ce dernier adresse un signe de tête à Alcide, elle sait qu'ils n'ont pas vraiment besoin de communiquer par la parole, ils se connaissent si bien. En attendant elle se promet d'écouter son dernier conseil, ne pas trop lire les journaux. Ça amplifierait son anxiété, ça pourrait tout gâcher. Elle se prévoit un après midi dans son institut favori : un soin complet, avec une séance de massage histoire de se détendre un peu. Maintenant qu'elle l'a vu ça va mieux, c'est de l'après dont elle a peur désormais. Un an....Un an c'est trop long. Ils disparaissent.