Sans grande surprise, Ieremìas traînait une fois de plus du côté de la Petite Italie, dont il arpentait (un peu trop) souvent les bars et les clubs depuis sa venue à Arcadia. Cette fois-ci cependant, il n'était pas encore l'heure de se faire servir une tournée, et le grec sillonnait simplement les rues en faisant du lèche-vitrine. Sous les arcades, les boutiques semblaient en effet avoir son intérêt aujourd'hui. Pour autant, la première porte qu'il se décida à passer ne fut pas celle d'un magasin mais bel et bien celle d'une salle de sport. Non, il ne souhaitait pas se mettre à la musculation (bien trop d'efforts pour lui, les muscles c'est parfait sur les autres). Alors, que faisait-il là ?

La tentation d'une marque facile l'avait tiré de ses pseudos-vacances, voilà tout. Sa soeur hurlerait certainement si elle avait la moindre idée de ses dernières occupations au pays, mais pour le moment elle restait aveugle à ses manigances, qu'il avait gentiment poussées sous le tapis depuis qu'elle était venue lui rendre visite. Cependant, les habitudes ont la vie dure, et Ieremìas n'aurait pu que finir par s'ennuyer à jouer les gosses modèles pour les beaux yeux de Sybille (pas que son comportement ait quoi que ce soit d'exemplaire en réalité, pour quelqu'un supposément venu l'aider dans sa grossesse... mais bon.)

Quoi qu'il en soit, c'est donc avec un sourire aux lèvres qu'il se présenta à l'accueil en feignant être intéressé par la salle et vouloir jeter un oeil sur les équipements et activités en cours, discutant un peu le temps d'obtenir l'autorisation de passer à l'arrière. C'est ainsi qu'il se glissa dans les vestiaires... des femmes. Entrebâillant d'abord doucement la porte, il vit sa proie fermer son casier, et passer la porte se situant de l'autre côté. Cela s'était joué à peu... Entrant dans le lieu, il vérifia d'abord qu'il était bien seul, puis sortit de sa poche une tige de métal et commença à triturer la serrure du cadenas convoité avec une dextérité manifeste, fruit d'années d'expérience(s).

Ce fut la porte s'ouvrant dans son dos qui le prit de cours. Être surpris dans son méfait était toujours une possibilité, bien sûr. Et il ne comptait pas finir au poste... Il était donc logique de se cacher.... Et même si le vestiaire et le timing plus que serré dans cette situation n'en laissait pas la moindre possibilité pour un quidam, lui était doté de ce don particulier qui le tirerait sans le moindre doute de ce mauvais pas...  Ieremìas disparut ainsi subitement, ne laissant derrière lui qu'une... carte de visite pour un restaurant du coin, qu'il avait repérée sur le comptoir de l'accueil juste avant. Le papier était toujours un bon choix, pour pouvoir se glisser discrètement sous la porte au besoin...

Elle ne savait plus trop où elle en était Aura, avec ce nouveau pouvoir. Elle pensait en avoir compris les tenants et aboutissants, pouvoir le contrôler, jusqu’à ce qu’une nouveauté la prenne de court, et la fasse recommencer son entraînement de zéro. Ca l’agaçait profondément, de ne pas être capable de le connaître, de le comprendre. Autant la maîtrise des ombres et des ténèbres avait été plutôt simple, quand elle y repensait, apprentissage sous la houlette d'Augustin et de Maximilio, autant celui-ci… il lui donnait du fil à retordre. Et Hécate qui se faisait étrangement silencieuse, incapable de l’aider à ne serait-ce que lui donner un nom… Aura avait donc décidé qu’il s'agissait là d’une transformation à partie du niveau moléculaire, d’une matière vers une autre… et plus la création finale et désirée était complexe, plus elle devait se concentrer, et plus les probabilités d’échecs étaient importantes. Pour une personne refusant de se savoir en difficulté, la voilà dans une situation fort problématique. D’autant plus que si elle perdait le contrôle, si les émotions devenaient trop fortes, tout s’aggravait. Elle n’était pas dans la merde.

Du coup, elle avait choisi de se plonger dans un réel entraînement… Éloigné de Clemens. Ce don couvrant ses doigts de cicatrices à trop fortes doses (ce qui arrivait souvent vu le manque de contrôle), aux côtés du thaumaturge, cela l’obligeait à être soignée régulièrement. Il ne supportait pas de voir les plaies se dessiner sur sa chair, et elle avait cru comprendre que c’était comme cela pour tous les prophètes de ce type. Et comme elle ne voulait pas lui faire du mal… Elle avait payé un vestiaire d’une salle quelconque dans la ville. C’était discret le sport, et qu’elle transporte un sac n'étonnait personne. Elle n’était qu’une femme se rendant au sport, ou prenant soin d’elle. Elle apparaissait normale aux yeux de tous ces passants, alors que les mafias risquaient d’être traquées par la Police, et la population.

Soupir à cette pensée, alors que la porte fut refermée derrière elle. Personne ne devrait rentrer dans l’heure à venir, comme vu avec la direction. Puis le cours collectif venait de commencer… Rapide regard dans la pièce, pour s’assurer que personne ne s’y cachait. Et si quelqu’un échappe à celui-ci, elle se ferait un plaisir de lui trancher la gorge dans les quelques secondes suivantes.

Différents objets furent sortis, disposés sur le banc devant elle. Un coup d’œil pour chacun, avant que les doigts n’effleurent le premier. Simple manipulation pour changer la matière du couteau, fer devenant plastique. La concentration était totale, pour d’aussi vulgaires changements. Et à partir du deuxième, les premières cicatrices se formèrent sur sa chair, preuve de son incapacité à contrôler le tout. Et pourtant, elle continua, ignora les signaux envoyés par le corps et l’esprit. Bientôt, le peu de contrôle sur le pouvoir s’effaça, et le don devint fou. Tout ce qui passait sous ses doigts se transformait, sans impulsion de la récurrence. Gouttes de sang tâchant le sol, à peine dix minutes après le début de l’entraînement. Agacement perceptible dans les iris, quand les yeux se baissèrent, croisèrent une carte de visite sur le sol. Par instinct, elle se pencha, la ramassa… Et rien ne se déclencha. Aucune transformation. Aucun changement. Pourtant, les picotements ne s’arrêtaient pas. Et un simple contact avec un autre objet lui confirma que tout était bien supposé partir en couilles. Alors pourquoi cela ne fonctionnait pas ?. Eclat de colère dans les prunelles, et elle s’approcha de la fenêtre, prête à enfoncer sa main (et la carte de visite dans le même temps), au travers de la vitre…

La carte de visite gisait sur le sol carrelé et frais du vestiaire, comme abandonnée. Deux petites secondes plus tard, l'objet inanimé se dotait d'une vie, de sens qui ne lui étaient pas naturellement propres. Le temps pour Ieremìas de prendre quelques inspiration mentale, d'accueillir cette nouvelle forme et de la maîtriser. A présent, il ne lui restait plus qu'à se glisser lentement vers une sortie et revenir lorsque la voie serait enfin libre. Tandis qu'il déterminait la meilleure trajectoire pour ne pas se faire remarquer, la retardataire qui venait de le déranger étalait ses affaires sur le banc, non lui de lui. Pas de quoi paniquer, il pouvait le faire. De plus, peu de gens se posaient les bonnes questions face à un phénomène étrange, leur tendance à tout rationaliser étant alors particulièrement arrangeante.

Cependant, quelque chose le fit s'arrêter peu de temps après qu'il eut commencer à se mouvoir discrètement : la femme ne semblait pas être là pour participer au cours collectif qui venait de commencer... A vrai dire, elle ne semblait pas être venue pour le sport du tout. Intrigué par les objets qu'elle avait tiré de son sac, il l'observa un instant (se demandant notamment ce qu'elle comptait faire de ce couteau... trouer la maîtresse de son mec ?). Mais ce à quoi il assista dépassait toutes ses hypothèses. De la magie. Il y avait quelque chose de captivant dans le fait de la voir ainsi transformer la matière, modifier les différents corps. Tellement à vrai dire, qu'il n'avait plus d'yeux que pour cela, admiratif, mais aussi purement aveugle face au manque de maîtrise de l'inconnue, dont il ne remarqua pas les stigmates nouveaux, pour la plupart cachés par ses vêtements il faut dire. Lorsqu'il commença à se dire qu'il était temps pour lui de s'éclipser, justement pour éviter que ses propres limites ne se manifestent, il était trop tard : il avait été repéré. Ce n'aurait pas dû être grave, mais... il était l'objet récalcitrant. Il se mit à sentir des picotements, sur sa peau qui n'était plus. L'ensemble de son corps lui sembla chauffer, tirer. C'était comme être plongé dans un liquide peu recommandable. Et la femme d'insister, de s'énerver, de prolonger ce malaise.

Tout à sa torture, il vit néanmoins clairement l'intention, dans l'éclat sombre de son regard, le risque de passer au travers de la fenêtre. Ce fut à son tour de devoir rassembler toute sa force mentale et sa concentration, tenter la seule chose qui pourrait satisfaire l'autre divinité : se transformer. Une expiration, encore, purement mentale pour ce corps sans poumons. Se stabiliser. Ne pas penser aux gouttes de sang qui l'avaient souillées, à la colère de la femme, au temps qui passait inexorablement, à l'épuisement du compte à rebours. Rester calme et concentré... Et cela fonctionna. Passer d'une forme à une autre, sans passer par la case humain. Il s'était entraîné pour cela. Alors, la carte de visite entraîna la main de l'inconnue sous son poids, autrement plus important, alors qu'il devenait ni plus ni moins qu'un banc. Impossible à défenestrer, trop lourd pour être maintenu à bout de bras. Elle devrait le lâcher. Ce serait alors qu'il effectuerait son repli stratégique.
Le plan était solide. ...Sa capacité à le concrétiser, beaucoup moins.
C'est ainsi qu'elle pu découvrir sous ses yeux ébahis le corps nouvellement matérialisé de Ieremìas, dont veste, tee-shirt et dans une moindre mesure chaussettes et paquet de clopes, avaient purement et simplement disparus. Etiré sur son torse, le même sillon ensanglanté que les doigts féminins avaient laissés coulé sur le papier cartonné. Hm. Un peu désorienté, il apprécia néanmoins l'absence totale de pression sur sa chair, au point de laisser échapper un léger soupir de soulagement, qui ne collait pas vraiment à la situation. Puis, se rendant seulement compte qu'il avait merdé sa rematérialisation impromptue, il fit mine de s'effaroucher. « Qu'est-ce que t'as fait ? Rends-moi mes fringues ! » Accusation sortie de nulle part. La prendre de court, sur un malentendu, ça pouvait marcher. (non) En attendant, ça lui laissait deux secondes pour se poser mentalement et physiquement.

Ca l’agaçait. Ce don l’agaçait. Sa foutue existence l’agaçait, et Augustin était en tête dans ses réflexions. S’il n’avait pas été là, face à Alan, elle n’aurait jamais perdu le contrôle, ou laissé autant de place à Hécate. C’était ce que la raison se répétait, quand l’inconscient murmurait autre chose. Evidemment que ce jour devait arriver, celui où, irrémédiablement, elle se rapprochait du statut de déesse, au détriment de celui d’humaine. Pourtant, elle le savait, elle le répétait sans cesse aux autres, qu’ils ne seraient jamais des Dieux. Elle y croyait dur comme fer l’italienne, à cette idée qu’elle ne resterait qu’un fragment de sa divinité, malgré la conscience de l’autre qui s’imposait de plus en plus. Jamais Aura ne serait Hécate, déesse des ombres, de la sorcellerie, des carrefours et de la lune. Jamais elle n’aurait la puissance décrite et déployée par celle-ci dans les divers écrits. Là était toute la différence. L’avocate en était persuadée au fond, qu’elle ne serait qu’une pâle copie qui garderait sa propre nature, seulement influencée par instant par l’autre. Contrôle maintenu par l’une comme l’autre, harmonie déjà atteinte malgré le passé toujours occulté. Il suffirait simplement qu’elle résiste à cela, quand le moment arriverait… Ce qui ne serait pas un problème. Après tout, n’entendait-elle pas déjà des voix, ne percevait-elle déjà pas des souvenirs depuis dix ans, médiumnité en permanence active ?

Elle avait beau avoir un temps d’avance à ce sujet, son foutu second pouvoir s’échappait toujours. Et Clemens allait lui faire la morale une fois de plus, lorsqu’elle rentrerait. Carmin tâchant le sol, la carte de visite récalcitrante entre les doigts. L’énervement grimpa d’un cran, explosion des mois, des années passées sous silence.

Puis la carte en elle-même s’alourdit. Enfin. Sauf que le poids commença à être bien plus important que ce à quoi elle s’attendait. Et sur le coup, elle lâcha l’objet, qui continua tranquillement à se transformer. Ce n’était pas elle qui avait lancé cela. Sinon, cela se serait arrêté dès la fin du contact. Et puis, jamais elle n’avait cherché à créer une statue…

Ce n’était pas une statue. La cage thoracique se relevait à intervalles réguliers, soupir quittant les lèvres de l’autre, derme frémissant contre le sol glacial.. C’était vivant. Et de l’agacement, elle passa à la fureur, de celle qu’on préférait éviter quand on la connaissait. Les doigts glissèrent dans son dos, trouvèrent un premier couteau. Heureusement pour elle, si le derme continuait de chauffer dans sa paume, aucun pouvoir ne se déclencha. Trop épuisée certainement, avec la peau ciselée sur la plupart de son visuel.

La réaction de l’autre, nu comme un ver (ce qui ne dérangea pas Aura, qui n’était dans tous les cas nullement intéressée par tout cela), mit le feu aux poudres. Plus encore oui. « Tu te fous de moi ? » L’anglais claquait, derrière la voix maîtrisée et les pupilles enragées. « Déjà depuis quand un être humain peut-il devenir un objet ? » Et devant ses prunelles dansait l’aura caractéristique du panthéon grecque, qu’elle ne percevait pourtant pas en l’état actuel. D’ailleurs, elle avait bien l’impression que le monde tournait autour d’elle. Qu’importait… La lame fut rendue visible, doigts joueurs autour de la garde, sans jamais montrer de crainte face à l’objet. Elle savait ce qu’elle faisait l’italienne. « Et puis un homme dans les vestiaires des femmes… J’ai horreur de ce genre de comportements. » Elle attentait juste une réelle explication, ou alors une information qui ne la ferait pas passer l’action. Parce qu’il suffisait d’un rien…  

Dans quoi est-ce qu'il s'était fourré, il ne le savait pas exactement, mais si observer la femme l'avait au départ amusé, tout cela lui était beaucoup moins sympathique maintenant qu'il y avait du sang qui perlait d'un peu partout et que les yeux de la demoiselle laissaient filtrer sa rage. Il ne paniqua pas totalement pour autant, tentant plutôt de réaliser un plan assez basique pour se tirer de là sans être trop remarqué. Malheureusement pour lui, son don avait des limites également et la dernière transition qu'il espérait effectuer afin de disparaître sous la porte ne se déroula pas exactement comme prévu...
Cela ne l'empêcha pas de s'en sentir beaucoup mieux, enfin libéré de toute intrusion étrange sur sa peau. Peau partiellement mise à nue, d'ailleurs, par son loupé. Enfin, rien d'indécent pour autant à priori : ce n'était pas comme si on ressentait le besoin de censurer les tétons masculins sur les réseaux sociaux. Ieremìas trouva tout de même le moyen de râler et d'accuser celle qui, il le savait, n'y était pour rien, se donnant le temps de se poser quelques secondes après le roller-coaster que son corps venait de subir.
L'accusation, cependant, ne sembla guère plaire à son interlocutrice qui s'enflamma de plus belle, et dont les questions le firent sourire légèrement malgré lui.

« Et depuis quand un objet peut en devenir un autre ? »

Bah... ouais. Désolé, mais il avait tout vu, "oups". Venant tâter sa poche arrière par réflexe, le grec secoua la tête en se rendant compte que le paquet de cigarette qui devait s'y trouver avait disparu, ce qui le chagrina presque plus que la perte de sa veste. Cela voulait dire qu'il avait à la fois perdu ses clopes, mais aussi les petits objets qui se trouvaient dans le paquet et qui rendait parfois sa vie plus simple.

Il était donc déjà moyennement content, lorsque la lame du couteau arriva dans son champ de vision, menaçante, et termina de lui ôter tout sourire. Il leva simplement les mains en signe d'apaisement (mais aussi pour pouvoir réagir plus rapidement si la lame se rapprochait un peu trop de lui.... c'est bien, les cours d'auto-défense, même s'il préférerait ne jamais avoir à s'en servir...).

« C'est pas ce que vous croyez, je suis pas là pour ça moi » qu'il plaida avec son accent inimitable de grec en exil « Je veux juste savoir si Fabio couche avec l'une de ses élèves... »

Ce qui était tout à fait vrai, il faut le dire. Le seul truc, c'est que le ton employé et l'expression désolée de son visage laissaient clairement penser qu'il y avait quelque chose entre Fabio et lui, et que la pensée même lui faisait mal au coeur. Le tout semblait, qui plus est, particulièrement sincère et véridique, malgré le fait qu'il connaissait le nom du prof depuis environ dix minutes. Mais il était particulièrement bon acteur lorsqu'il le voulait, et s'il pouvait faire comprendre simplement qu'il n'était absolument pas un danger pour elle, pas plus qu'il n'était là pour se pignoler dans le vestiaire des femmes par la même occasion, c'était tout bénéfique.

La colère perlait dans les iris grisâtres. Au moins, on pouvait accorder cela à l’inconnu : il était parvenu à agacer la jeune femme assez pour le percevoir. Un exploit, quand on savait qu’elle était de marbre, de glace, face à de nombreuses provocations. Après, elle n’était pas certaine que lui apprécie grandement sa réaction. A présent, l’italienne se retenait grandement de lui enfoncer son couteau en travers de la gorge, et de laisser le corps par ici. A première vue, l’homme ne faisait pas partie de la Camorra. Si elle le descendait, personne ne viendrait lui faire de remarques. Encore faudrait-il qu’ils soient capables de remonter jusqu’à elle en tant que meurtrière. Elle n’était pas en charge des assassinats politiques pour rien après tout. Elle savait comment gérer ce type de situations, masquer les traces et chemins remontant jusqu’à elle. Et pour un peu, elle serait chargée de l’enquête, de l’affaire, et pourrait la classer après avoir trouvé un faux coupable. Tout dans les règles de l’art… Pour se dédouaner d’un crime.

« Ne t’a-t-on jamais appris à ne pas répondre à une question par une autre question ? Au moins, je ne change pas un objet inanimé en un corps de chair et de sang. » Pause. « Bien que l’être humain soit en grande partie composé de carbone et d’eau, soit la base de tous nos objets du quotidien. » Le sourire fut furtif, plus dangereux que jamais, et l’arme quitta ses doigts. Un simple geste, répété des milliers de fois durant son adolescence. De quoi transformer la lame en projectile mortel… Si elle avait visé son interlocuteur. Là, à part s’il décidait soudainement de se décaler sur sa gauche, il resterait en vie. Elle était dangereuse Aura, mais pas complètement folle non plus. Juste un peu.

L’excuse lui fit hausser un sourcil. Tout comme l’accent. Quelqu’un qui n’était pas d’ici… « Pourquoi ne pas lui demander directement ? Ca t’évitera de mourir bêtement. » Parce que l’italienne ne s’était pas changée. Néanmoins, si ça avait été le cas… Il n’aurait même pas eu le temps de parler. Elle tenait à son intimité, alors…

Le regard se décrocha du visage, pour s’attarder sur la lame plantée dans un casier quelques dizaines de centimètres derrière. Oui, heureusement qu’il ne s’était pas décalé trop rapidement.

« Tu ne viens pas d’ici. » Un sourcil s’arqua. « Je peux donc peut-être accepter ton erreur. » Sourire. « Une fois. Pas deux. » Et elle le lui ancrerait dans le crâne. A coups de battes de baseball s’il le fallait.