Il y avait de l'agitation dans le couloir. La porte s'est ouverte violemment en grand laissant passer le visage pour une fois particulièrement sérieux de ma secrétaire. Elle n'a pas eu besoin de me dire quoi que ce soit que j'ai déjà attrapé ma blouse blanche et me voilà parti pour la suivre.
Dans la foulée, elle me passe le dossier et mes yeux s'arrêtent immédiatement sur le nom de la personne qui arriverait d'ici peu en ambulance. Amir Al-Hariri.
Pourquoi ce nom me dit furieusement quelque chose ? C'est un nom Égyptien, sans nul doute, donc je l'aurais rencontré à l'ambassade ? Ou peut-être par son activité professionnelle ? D'un coup, je sens qu'on vient de poser des yeux sur moi, ma secrétaire, déjà à l'autre bout du couloir me regarde avec étonnement. Je me suis effectivement arrêté, je la rejoins en bafouillant une excuse bidon sur une probable irrégularité du dossier ce qui la fait ricaner.
L'ambulance arrive enfin pour mettre un visage sur ce nom étrangement familier. Les portes claques, le brancard est déployé pour me laisser entrevoir une jambe dont les dégâts seraient digne d'un épisode de Game of Throne. Un peu plus loin sur le corps, je vois que l'épaule a pris aussi. Son cœur bat trop vite et il perds énormément de sang. Je m'agrippe au brancard pour le faire aller plus vite avant de demander aux internes de me préparer la salle d'opération et une injection pour calmer la douleur.
C'est à ce moment précis que je vois qu'Amir est toujours conscient, je vois alors son visage, son regard affolé qui se plante dans le mien. Allez mon vieux, c'est le moment précis où t'es supposé faire preuve d'humanité.
"Ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer !"1/10 pour l'originalité
2/10 pour l'apaisement généré
Total : 1,5/10, très mauvais. Protocole d'accueil des patients à revoir de tout urgence !
Alors, je le reconnais enfin. Amir ! Je me souviens surtout de son père qui cherchait des choses dans le sol à ce qu'on m'en a expliqué. Petit Amir était l'un de ces rares enfants qui m'ait parlé normalement, sans me mettre à part, qui avait ces grands yeux passionnés et attiré par la connaissance et avec qui j'avais pu passer plusieurs après-midi à jouer et à parler quand il séjournait pas loin de chez moi.
Mon sourire de surface s'est alors effacé au profit d'une émotion sincère, nous allons atteindre la salle d'opération. Il ne lui reste que quelques secondes de conscience, j'en profite alors pour glisser :
"Amir, je m'appelle Rayan. Je vais m'occuper de toi. On se parle à ton réveil, d'accord ?"9/10 pour l'originalité
7/10 pour l'apaisement.
Total : 8/10, beau rattrapage !
De suite, le masque d'oxygène est appliqué sur son visage et ses yeux se ferment. Je m'applique alors à découper le bas de son pantalon pour accéder à son genou. Très franchement, dans ce genre de situation, je devrais virer tous les internes et les infirmiers d'ici et m'occuper de lui, seul avec mes pouvoirs. Je me sens particulièrement impuissant.
Fort heureusement, mes auxiliaires ne sont pas nombreux et je peux facilement user de mon Don sans qu'ils s'en aperçoivent, prétextant que la blessure était nettement moins grave qu’annoncée.
Là cependant, cela va être dur de faire avaler ça à l'équipe, les ligaments sont rompus, l'os ressort du tibia. Je fais de mon mieux pour que l'utilisation de mon pouvoir ne se remarque pas trop, j'arrête les hémorragies, fais cicatriser les plaies les plus béantes, et entame l'opération pour de vraie. Le fait de connaître la personne ne m'aide pas du tout, j'ai du mal à me concentrer sur les chaires et les os sans me dire que je suis en train de travailler dans quelqu'un que je connais. Une fois la jambe finie, je m'occupe de l'épaule dont la blessure s'avère beaucoup moins grave qu'annoncée, promis, c'est presque vrai !
L'opération dure des heures, une fois finie, l'homme est conduit en salle de repos. J'en profite pour me reposer et vérifier que je n'ai pas abusé moi-même de mon Don, je suis couvert de sueur et de sang. L'équipe me propose de sortir boire un verre mais je n'ai qu'une envie : une bonne douche chaude, un bon thé, une bonne consultation/rédaction du dossier médical d'Amir, un peu de repos.
Une fois ceci fait, je serais frais pour accueillir ma vieille connaissance à son réveil... Avec un texte préparé, cette fois !