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Le Guide du Voyageur Galactique - ft. Carter Hamilton

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Le Guide du Voyageur Galactique - ft. Carter Hamilton - Dim 12 Mai - 23:22

Le Guide du Voyageur Galactique
Du haut de l'immeuble, personne ne me voyait et je ne voyais personne. Être myope avait des avantages qui pouvait avoir allure de handicape aux yeux des autres mais chacun sa vision des choses, littéralement. Il me suffisait de retirer mes lunettes pour ne plus rien voir de ce qui m'entoure. J'aime ce super pouvoir, ce contrôle qu'il donne sur ma vie. Choisir ou non de voir. Sans doute un aveugle ne comprendrait pas ou peut-être serait-il le plus à même de me comprendre, je ne sais pas, je ne suis pas aveugle. Ma myopie n'a pas toujours été à mon avantage, non ce n'a clairement pas été toujours le cas.
Quand j'étais petite, j'avais ce qu'on appelle des culs de bouteille. Des verres tellement épais qu'on aurait pu cramer des fourmis avec. Je détestais être prise en photo à cause de ça et je vous laisse imaginer la panique qui me saisissait lorsque je perdais mes lunettes, l'angoisse. Ça m'arrivait bien plus souvent que je ne l'aurais voulu, beaucoup trop souvent à mon goût. Sans doute un jeu de mes camarades de l'époque, qui sait. Est-ce que vous arrivez à vous imaginer dépendre à ce point de deux disques de verre ? C'est insensé et pourtant c'est le quotidien de millions de personnes.
Aujourd'hui, les culs de bouteille ont été remplacés grâce à la magie du progrès technique. Ça ne change rien à la vue mais c'est sûr que question style... Sans doute que les génies bigleux en avait marre qu'on se moque d'eux. Et puis, il y a l'opération au laser, strictement réservée aux personnes à la vue stabilisée, un cercle très prisé. Du jour au lendemain, vous qui étiez si dépendant de vos lunettes, vous pouvez voir votre environnement sans leur aide. Certes, ce n'est pas parfait mais ça ne peut pas être pire que la myopie.
Je ne regrette pas d'avoir refusé mon opération. C'était un choix. Mon seul regret pour être franche, c'est de me priver de la possibilité de trouver mes lunettes sans les chercher à tâtons. C'est tout. Il faut croire que je vais continuer à regarder les gens comme si je m'apprête à les étriper chaque fois que je ne porte pas mes lunettes. Comme si ça leur posait problème.
Du haut de l'immeuble, personne ne me voyait et je ne voyais personne. Ça m'allait très bien. Ce toit, c'est mon petit coin de paradis, mon jardin d'Eden. L'avantage de vivre au dernier étage d'un vieil immeuble dans le quartier industriel, j'avais un accès direct au toit via l'escalier qui passait devant ma fenêtre, un échappatoire non pas en cas d'incendie mais en cas de claustrophobie.
J’arrose abondamment mes fleurs en chantonnant du AC/DC, sans doute pas ce qu'il y a de plus reposant mais c'est souvent ce qui me calme le mieux, le rock. Dans ma précipitation, je fais un mouvement trop large et donne un coup dans un pot de fleur qui bascule. J'ai échappé au pire, le pot aurait pu tomber de la corniche et s'écraser quelques mètres plus bas sur la tête d'un passant. Je remets tout de même mes lunettes, me penchant pour regarder si quelqu'un a remarqué qu'il pleut de la terre ce soir mais rien, pas un chat.
Je soupire, soulagée mais dans ma maladresse, le pot rencontre son destin, se brisant sur le trottoir au bas de chez moi. « MERDE ! »
Je m’assois par terre, le cœur manquant de se rompre. J'ai beau respirer doucement, il ne semble pas vouloir se calmer. « Mais quelle conne. » je lâche, furieuse après moi. Il n'y a vraiment qu'à moi que ce genre de choses arrivent, se faire remarquer ainsi lorsque je cherche justement à me faire oublier.
Je prends finalement mon courage à deux mains et toute tremblante, je me redresse et me penche par dessus le toit, avisant des pétunias ravagées sur le sol, de la terre et de l'argile cuite partout. Vont-elles survivre à une telle chute ? Je l'espère, elles venaient juste de commencer à fleurir...
Je n'ai pas le choix, si je ne veux pas qu'on enquête sur le pot de pétunias pour découvrir mon petit paradis. Je fais rapidement une analyse de la rue, du nombre de personnes et de leur trajectoire. Aurais-je assez de temps pour descendre par l'escalier de secours, récupérer le pot en morceau et remonter sans qu'on ne m’interpelle ? Ce n'est pas comme si j'avais le choix.
Machinalement, je remonte les lunettes qui glissent sur mon nez, rabat ma capuche sur ma tête et me hâte vers l'escalier que je descends quatre à quatre, une pelle et un petit balais dans une main, la rambarde dans l'autre. J'atterris ainsi dans le cul de sac séparant mon immeuble du voisin. Je me glisse vers la rue où mon pot de fleur est tombé, passant la tête pour vérifier que le chemin est libre avant de me ruer sur mon trésor, jurant entre mes dents d'être si stupide. Dans ma panique, j'ai oublié de prendre un sac et tout ne rentre pas sur ma petite pelle. Je m’accroupis sur le sol, étends mon sweat à capuche sur mes genoux et commence à ramasser mes fleurs pour en remplir mon sweat. Toute occupée à ce que je fais, je ne remarque pas la personne qui passe derrière moi alors que je me redresse d'un coup, rassemblant les pans de mon sweat entre mes mains. « Attention ! » crie-je de surprise, manquant de tout renverser par terre à nouveau.
Je me terre sous ma capuche pour ne pas regarder la personne qui me fait face, ne cherchant pas à m'excuser de l'avoir bousculé ainsi. C'est de ma faute, je le sais mais j'éprouve naturellement des problèmes pour m'exprimer devant les gens, surtout quand je sais qu'ils m'écoutent. C'est un comble lorsque l'on sait à quel point je peux être bavarde en réalité. Je me décale pour le laisser passer, ne pensant qu'à rentrer chez moi et me cacher, ayant largement dépassé mon quota de contact humain pour l'année. C'est là que je la vois, l'enveloppe qui porte mon adresse. Curieuse, je le serais toujours et il s'en faut peu pour que mes yeux glissent un peu plus haut, lisant mon nom au dessus de l'adresse. Toute personne normale se serait présentée mais toute personne normale se serait excusée et des années d'isolement ont eu raison de mon quotient émotionnel déjà relativement bas. Avant même que la personne n'ait le temps de réagir, je libère l'une de mes mains pour attraper l'enveloppe et fuir vers la petite ruelle dans l'intention de reprendre les escaliers en chemin inverse.
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