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"IL A UN REIN EN TROP ET CA SE PASSE MAL, EXPLICATION !!" (Et n'oubliez pas le petit pouce bleu si vous avez aimé)

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"IL A UN REIN EN TROP ET CA SE PASSE MAL, EXPLICATION !!" (Et n'oubliez pas le petit pouce bleu si vous avez aimé) - Jeu 8 Aoû - 16:25

Nuit.

Elle aurait pu être noire et sombre, à l’instar de nos desseins et de mon âme y songeant, j’aurai préféré qu’elle soit assortie mais la Fortune ne le désira point. Au contraire, tout semble vouloir mettre les projecteurs sur nos silhouettes dessinées et décharnées dans l’obscurité. La Lune grossissante, devenant presque obèse, illumine cette banlieue excessivement éloignée, ce chemin de bitume peu utilisé. Dans les méandres de cette campagne, rien ne brisait la monotonie de la nuit. Seule, au loin, le bruit des vagues s’écrasant sur la roche, entravé par quelques arbres, une forêt côtière où, parfois, quelques maisons s’y glisse, marque l’avancée relative du temps, comme le pendule d’une horloge rythmant la course de la lune.

Silence.

En s’éloignant de la ville, du béton et de l’acier, la nature désire reprendre ses droits bien vite. Seul le murmure des branches bercées par un souffle éolien discret perturbe la quiétude de cette route reculée.  Je continue d’avancée à pied, ayant abandonné ma voiture quelques mètres plus bas afin de garantir un silence à tout épreuve, en quête de la demeure convoitée, mirant les étoiles brillant comme des lampadaires archaïques et guettant au loin le vrombissement des moteurs ; jamais un véhicule ne s’approchera de cette route trop étroite et sinueuse. De temps à autre, effrayé par mon arrivée ou tiré de sa torpeur, un animal sauvage grimpe sur le tronc ou saute de branche en branche. Les criquets et les hannetons cessent alors leur chant, que je remarque alors enfin, mais un crapaud lointain continue sa mélopée inextinguible. Peu à peu, je m’enivre des ces sonorités si étrangères à mon environnement et pourtant si proche de mon quotidien, à moins d’une heure seulement en voiture en longeant la côte vers le Sud. Et dire qu’on se trouve encore dans le comté d’Arcadia, et dire qu’une telle quiétude va voler en éclat d’ici quelques minutes.

Soubresaut.

Une chauve-souris me fait détourner le regard et me happe hors de mes pensées alors qu’elle voltige autour d’un candélabre et gobe un moustique errant autour d’une des rares lumières artificielles présente ici-bas. Nous ne sommes pas les seuls chasseurs. Aussitôt, un éclat dans les cieux me fait sourire. Une étoile filante. Je dois faire un vœu.

« Que cesse le sang de couler, murmuré-je. »

Mais la boule de feu stellaire s’enfonce dans l’unique nuage de l’atmosphère, se gaussant de mes pensées. Le sang continuera de couler, indéfiniment. La lueur de joie à la vue de cette étoile s’éteint alors aussitôt, me ramenant à la réalité bien trop pragmatique des scalpels et des revolvers. Je soupire, las, mais tente néanmoins de saisir une seconde étoile filante durant ma marche ; après tout, cette nuit ne serait-elle pas celle des où on en voit le plus ?

Muret.

J’arrive enfin à destination, devant un petit amas de pierre beaucoup plus symbolique que réellement défensif. Quelques mètres plus loin, une maison s’enfonce dans les ténèbres, seule une fenêtre éclairée prouve qu’elle est habitée. Entre, un immense jardin parfaitement entretenu dort dans la nuit ; une pelouse tondue au cordon, des buis sculptés en forme absconse de créatures végétales, une allée de gravier divise ce parterre de verdure.  Tout est structuré, taillé, par des mains de maître, de quelqu’un qui sait se servir de ses doigts. Un orfèvre. De l’autre côté de la pierre, là où je me trouve, un bosquet d’ortie fait face à celui de cresson dans un fossé humide gorgée de vers luisant.

Le tonnerre des crapauds gronde.

Le vacarme des grillons siffle dans mes oreilles.

Le hululement des chouettes agit comme un phare dans cet ouragan silencieux.

Le calme plat avant la tempête.  

Je dépose mon sac sur le sol et fouille à l’intérieur. Mon masque traîne dedans, entre les lames plastifiées et les ustensiles aseptisés et scellés. Je l’enfile, véritable atour du chirurgien, sur lequel gît un dessin de crâne garni de fleurs. Calavera, dit-il. J’enfile mon bandeau, couvrant mes cheveux ; on ne voit désormais plus que mes yeux. Il ne me reste qu’à attendre mes partenaires, toute l’équipe. Au final, je ne sais même plus qui va venir. Alors je ferme les yeux et je scrute, j’observe, j’épie.

Espion.

Mon regard désormais se déplace derrière la porte, n’ayant d’yeux que pour l’habitant de ces lieux, le chirurgien que je connais presque si bien. Cet ancien professeur, d’il y a si longtemps qu’il ne me reconnaîtrait pas, ne me nommerait pas, ce médecin radié du barreau, comme je le risque à chaque fois. Il porte la même tenue que moi, sans nos couleurs, notre étendard, et arpente sa maison secondaire, fébrile et concentré, légèrement stressé. Il se sait menacé, et pour cause, combien en a-t-il reçu ? Des menaces et des ultimatums de notre part, un trop grand nombre.

Monopole.

Il le brise, sur le vol d’organe, sur la revente. On voulait le recruter. Il a refusé. On lui a demandé d’arrêter. Il a refusé. On lui a suggéré de déménager. Il a refusé. Alors, ce soir, sa cupidité va l’amener bien bas quand la Calavera lui tombera dessus.
Son patient n’est pas encore endormi, je le vois dans la pénombre de ma magie. L’opération commence sous peu, pile dans les temps, pile comme nous l’avions calculé. Sauf que, il ne pourra pas soigner son client, il ne pourra pas lui greffer un organe. Non. Sa main risque de partir dans le broyeur de son évier ou sous les coups de nos armes, cela dépend de notre imagination. Et l’alité devra choisir entre nous payer ou mourir,  ici, entre les mains détruites du chirurgien déshonoré.

Réglisse.

J’ouvre les yeux, cessant d’user de ma magie afin de garder de l’énergie. J’abaisse mon masque sur mon menton, toujours harnaché à mes oreilles, et enfonce entre mes dents une branche de réglisse afin de canaliser mon stress sur la mastication. J’aimerai tant qu’ils arrivent vite pour qu’on puisse partir vite.
Qu’es-ce que je fais encore, bordel ?
Une étoile traverse les cieux.
Pourvu que tout se passe bien pour nous, tel est mon souhait désormais.
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"IL A UN REIN EN TROP ET CA SE PASSE MAL, EXPLICATION !!" (Et n'oubliez pas le petit pouce bleu si vous avez aimé) - Ven 20 Sep - 11:59

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Who you tryin' ta mess with ese?
Don't you know I'm loco?

Air humide pour nuit sans étoile. Un beau temps de chiottes pour sortir les raclures de bidet, impeccable pour aller se fader du medic renégat. De deux choses l'une : se salir les mains me casse déjà proprement les cojones, alors me risquer à un rhume pour la cause ne m'exalte pas vraiment. Si j'avais pu avoir le gars de visu, l'affaire serait réglé depuis des lustres, mais j'avais voulu jauger la valeur des soldados dont j'avais la charge en les laissant me ramener leurs propres pescados.

Nava est à l'initiative de cette pêche au gros.

Entendons nous tout de suite sur ce fait : Aurelio est une sorte de poète avec toute la dramaturgie que cela implique. Il boit beaucoup, baise trop, fait dans les grandes envolées et les nobles sentiments. Un gars selon le coeur de mon frère, pas du mien. Expansif à l'excès, il m'épuise rien qu'à l'évocation. Il suce littéralement mon énergie comme il éponge les émotions d'autrui. A ses côtés, mon pragmatisme froid me confère une réputation de robot. Et pourtant, c'est lui le Sicario.
Quoi qu'il en soit, il a foiré toutes ses tentatives de négociation avec notre homme. Il est impératif, désormais, de frapper fort pour rappeler la valeur du respect.

Comme convenu, nous nous retrouvons dans la propriété du chirurgien à qui l'on vient péter les dents et voler le biz'. Nava porte une petite cagoule brodée qui me tire un claquement de langue et un haussement de sourcil.

- ¿Tu yaya lo cosió?* que je souffle avec un brin de moquerie nasillarde. Mon regard porte vers la baraque dont certaines fenêtres sont allumées. Je ne porterais pas de cagoule, que j'annonce, péremptoire.

Je porte déjà un masque tous les jours.

- On attend qui encore ? Je rajuste mes gants en cuir d'un air distrait. Après tout, je t'ai laissé organiser cette petite sauterie, je ne connais pas les invités....

Sourire en coin.
Épingle entre les doigts.


*"C'est ta mamie qui te l'a cousu ?"
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"IL A UN REIN EN TROP ET CA SE PASSE MAL, EXPLICATION !!" (Et n'oubliez pas le petit pouce bleu si vous avez aimé) - Ven 27 Sep - 16:06

Grand-mère.
Abuelita.


L’évocation de son nom me fait grincer des dents ; le sarcasme qui l’accompagne ne m’effleure pas, tant j’y suis imperméable, noyé dans mon stress et mes réflexions incessantes. J’aurais aimé lui dire qu’elle ne tricotait que peu, que les aiguilles, elle les utilisait pour faire des avortements clandestins bien avant la Calavera, bien avant qu’elle n’aide mon père, son fils, à trouver des logements pour les immigrés, des petits boulots, des papiers, à ceux qui plus tard formeront l’une des mafias les plus craintes d’Arcadia.
Mais je ne suis pas le fils de, ou le petit-fils de ; mon nom, je le ferai moi-même, en m’émancipant de ces femmes qui ont façonné ma vie, qui l’ont étouffé littéralement et m’ont même forcé à rester ici, en ces lieux, dans cette ville, dans cette famille sanglante.

« Par contre, il te faudra un masque, et un filet. Simple question d’hygiène, surtout qu’on n’a pas de thaumaturge avec nous. »

L’anonymat, ce n’est pas mon problème, ce n’est pas moi le chef. Je ne veux juste pas que mon nom soit évoqué, perdre mon poste à l’hôpital serait problématique pour la Calavera, plus que pour moi ; au pire, me reconvertir ne me dérangerait pas, après tout, je n’ai jamais décidé ni voulu être médecin, encore moins gynéco. Alors, je sors de mon sac les accessoires du petit chirurgien et les lui tend ; qu’il les mette sur son visage ou sa poche, ou par terre, ne m’importe. L’important est qu’il n’y ait pas de mort.

Vibration.

Le téléphone ne cesse d’houspiller ma hanche, clamant à ce que j’inspecte mes messages reçus. Plein, des tonnes, venant d’autres membres de la mafia. Ils ne viendront pas ce soir, pour diverses raisons qui ne m’importent peu. Nous avons le principal de toute façon, de quoi faire la greffe et de quoi neutraliser le chirurgien, les autres n’étant que décorum superflu .

« Il n’y a que nous. »

Le dieu marchand et le dieu de la vie, venus échanger un modeste pécule contre la survie d’un inconnu. La quintessence de la Calavera, l’aspect cosmopolite des panthéons hybrides ; s’il accepte de payer, nous lui offrons la vie, sous le regard courroucé du chirurgien que nous amputerons. Sinon, il mourra, faute de monnayer sa présence sur Terre.
Seul, sans la mafia, j’aurais ignoré la variable pécuniaire et l’aurais sauvé, qu’importe la situation. Quoi que, vue l’homme, il doit s’agir d’un exploitant quelconque, abusant de sa puissance pour exploiter de pauvres hommes et de pauvres femmes, incarnation du capitalisme polluant cette pauvre Terre.
Mais là, c’est tout un spectacle que nous offrons.

Message.

Que personne n’empiète désormais sur nos plate-bandes. Nul altruisme, seulement du marketing.

« Après toi, chef, lâché-je en désignant la porte de mes mains. Entrons sans frapper, il laisse la porte ouverte et est désarmé. »

J’inspire profondément et toise la maison, prêt et capable du pire comme du pire, avec la Calavera qui m’incline aux pires desseins.
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"IL A UN REIN EN TROP ET CA SE PASSE MAL, EXPLICATION !!" (Et n'oubliez pas le petit pouce bleu si vous avez aimé) - Lun 30 Sep - 18:36

Aurelio me tends un petit paquet sous enveloppe cellophane. Je hausse un sourcil sans le remercier du beau geste. Il ne s'imagine pas que je vais aller me salir les mains, tout de même ?

- Ton vibro est resté allumé, Nava, que je fais, nonchalant, en fourrant les accessoires dans ma poche intérieure de blouson, à côté de mon flingue.
Il observe son téléphone.
- Il n’y a que nous.
- Romantique...
Je ponctue d'une sourire en coin.

Nous cheminons tranquillement sur le gazon impeccable entre les formes géométriques taillées à la française. Je m'étonne de l’absence de chien pour une telle propriété. Gâchis de pelouse.

- Après toi, chef...
- Alarme ?
Interrogation légitime. J'attends de lui qu'il ait déjà préparé le terrain.
- Entrons sans frapper, il laisse la porte ouverte et est désarmé.
- Parfait... Il n'a pas d'assistant ou d'infirmière ? Ça me casse les couilles les dommages collatéraux.


Quoi qu'il en soit nous pénétrons à l'intérieur du bâtiment. Effectivement, notre amigo n'a ni femme, ni enfant , ni animal de compagnie - pas même un poisson rouge, putain !- et son personnel a l'air d'avoir pris congé pour la soirée.
Du beurre pour deux clampins demi-cagoulés.

Je lance un regard silencieux à Aurelio. Petit mouvement de menton qui lui indique de jouer les guides dans la casa de notre proie. Où que soit la salle d'opération, nous allons soigner notre entrée....

La Calavera ne souffre pas la concurrence, gadjo.
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"IL A UN REIN EN TROP ET CA SE PASSE MAL, EXPLICATION !!" (Et n'oubliez pas le petit pouce bleu si vous avez aimé) - Sam 5 Oct - 1:26

Négation.

Ma tête s’agite un court instant afin de répondre à la négative, et en silence, à mon interlocuteur. Non, il n’a pas d’assistant ; nous les avons tous, non, il n’a pas de thaumaturge ; il n’en connaît pas l’existence et encore moins leur efficacité et, ainsi, par chance pour lui, il n’a pas le poids de savoir que les cours de médecine sont désuets à côté des mains curatives de ces êtres. Dès lors, puisqu’il travaille dans la solitude la plus effroyable, nous entrons sans vergogne, sans sommation, juste en poussant la poignet.

Silence.

Celui avant la tempête. Seuls, au loin, les grillons chantent alors que nous posons les pieds chez lui, chez cet homme qui va tout perdre dans quelques minutes. Juste le temps d’une respiration, d’un regard, le silence demeure, comme si nous n’étions que des statues de cire dans une scène figée. Car lui, le médecin, l’est complètement. Abasourdi, estomaqué, conscient de la fatalité s’abattant sur lui. Il allait éteindre la lumière de sa pièce principale, le doigt effleurant l’interrupteur, bloqué désormais dans ce mouvement, obligé de laisser les ampoules allumées pour scruter les deux hommes ayant fait irruption dans son salon.

Noir.

Comprenant le danger imminent à sa situation, l’homme termine enfin son action et nous plonge dans des ténèbres toutes relatives. En effet, la porte menant à la pièce adjacente, celle où gît son – notre – patient n’est pas fermée, tout comme la lumière de ladite pièce. Et puis, nous nous tenons simplement devant son entrée, sa seule et unique issue.
Je scrute sa silhouette se déplacer dans le clair-obscur, s’éloigner du chambranle auréolé de lumière pour s’enfoncer dans le salon. Il n’a, en effet, que peu de pièces ; ce grand salon, qui fait tout autant office de cuisine, une chambre avec toutes les commodités pour les ablutions et, juste à côté de nous, un garage « salle d’opération » des plus sommaires.

Canapé.

Il s’est jeté derrière, à l’autre bout de ce living-room. Juste à côté de nous, la cuisine et son plan de travail en granit où trône un présentoir à couteaux en bois. Je m’empare de la première lame, la plus grande, en faisant signe à Tadeo de ne pas bouger. Après tout, à force de l’avoir espionné, je connais les lieux par cœur. Sans me presser mais d’un pas ferme, je m’avance en sa direction. Sans un mot. La moquette étouffe le bruit de ma semelle, je n’entends au loin que le bruit de ses complaintes bâillonnée par sa propre main devant ses lippes.

Peur.

Sans user de ma magie, je la sens d’ici. Forte, nauséabonde et particulièrement humaine. A jouer avec des puissances qu’il ne connaît, il se brûle ; à vouloir se prendre pour un dieu, à distribuer des organes, ses soins, selon ses propres désirs, il tombe de son piédestal. Homme à l’égo démesuré, sa chute n’en est que plus douloureuse.
Il rampe à mon approche, cherchant à tout prix à s’éloigner de ma silhouette. C’est, je crois, le reflet de la lame qui le tétanise soudain, cette simple lueur dans les ténèbres, métaphore de la Fatalité qui l’étreint.

« Je ne vais rien te faire, murmuré-je, approche. »

Et je ne mentais. D’un geste prompt, j’anticipe sa venue près de la cheminée. Le bougre voulait prendre un tisonnier. Quelle audace. Mais j’écrase ses doigts du bout de mes pieds, délicatement, pour que la douleur empoisonne ses nerfs et trouble son comportement.

« Pour une fois, sois sage. »

Ma main tire son chandail vers le haut, le forçant à se relever. Imposant ma force sur ses omoplates, je le dirige vers sa cuisine, vers Tadeo. Lorsqu’il se trouve à portée de son courroux, je le libère de mon étreinte, l’offrant presque à la fureur punitive de la Calavera. Sans demander mon reste, je prends place dans l’embrasure de la porte séparant cuisine et garage, rallumant la lumière et scrutant le patient alité (aka notre futur client), quelques mètres plus loin, et me lançant un regard paniqué malgré sa léthargie avancée.
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"IL A UN REIN EN TROP ET CA SE PASSE MAL, EXPLICATION !!" (Et n'oubliez pas le petit pouce bleu si vous avez aimé) - Jeu 31 Oct - 13:01

J'attends sobrement notre proie dans la cuisine, promenant mon regard sur le plan de travaille carrelé propret, style scandinave. C'est fou comme les suédois ont envahi les magasins d’ameublements ces temps derniers. C’est chic comme une photo ikea, tout ce bois brut, ces tissus jaune crémeux et cette géométrie blanche et bleu pastel.

L'énergumène, propriétaire de ces lieux aseptisés, montre enfin le bout de son nez, poussé au cul par un diligent Aurélio. Je joue tranquillement avec une des pommes de la corbeille à fruits, décoration étudiée pour paraître la plus épurée possible. La sophistication du "naturel". Cette douce blague !

- Bonsoir, amigo. C'est sympa chez toi, très cosy pour causer charcuterie illégale...

Le maître de maison me dévisage avec un air ahuri. Il jette un regard vers la porte, gardée par mon propre cerbère. J'avoue que le masque ajoute une touche de théâtralité.

- Ecoutez, je ne sais pas qui vous êtes mais...
- Oh, Charles, tu sais très bien qui nous sommes. Si tu te mens à toi même, ne nous fait pas l'affront d'en faire de même avec nous. Hum ? A genoux.
- Je ... J'ai de l'argent, vous savez, j'peux vous payer....

La première mandale part toute seule, sèche et précise. Rien de bien méchant, juste histoire de lui rappeler ses bonnes manières. J'aurais pu m'épargner cet effort s'il avait obéi immédiatement.

- Tu nous prends pour de vulgaires voleurs. Je prends Aurelio à parti. Ce cabròn croit qu'on vient lui tirer sa télé ! Tu le crois ça ? J'ai un petit rire vilain. A. Ge. Noux....
- Je... je vous en prie ! Ne me faites pas de mal ! geint-il en s’aplatissant par terre, mains en l'air. J'ai un patient qui m'attends sur la table d'opération ! Il a besoin de moi.

Je laisse filtrer un soupir faussement consterné. La pomme sautille dans le creux de ma main.

- Quel mauvais timing, vraiment... Pauvre "Mister Patient"! Il ne pouvait pas prévoir que son chirurgien était un p'tit con arrogant capable de se mettre à dos la Calavera. Nous, Charles, On n'te voulait que du bien ! T'aurais bossé pour nous, gagné ta part de flouse, continuer à te branler les noix dans ta villa ou à bagenauder dans ta porsche. Au lieu de ça, tu t'es montré vénal.. T'as tout voulu garder pour toi.... On aime pas trop les gens qui savent pas partager par chez nous...
- Je peux arranger ça ! Je peux encore travailler pour vous ! Je ...
- Charles, Charles, Charles.... C'est trop tard, amigo.


Je sens le gars se liquéfier à mes paroles. Il pisserait presque dans son froc. Pathétique reliquat d'humanité.

- T'as joué, t'as perdu. Je croque dans le fruit défendu avec un fin sourire. Ceci dit, je peux peut-être t'arranger le coup... Faut voir....
- Dites-moi ?! Je.. je ferais tout ce que vous voulez.


Cuit à point, mon pouvoir s'exerce sans même forcer. Il n’émet aucune résistance face au timbre qui, soudain, le convainc que mon deal est une évidence. Une necessité.

- Je peux te tuer tout de suite, là , sur le carrelage new-age de ta cuisine où.... Tu peux finir ton opération sur ton client, nous refiler tes comptes bancaires, tes dossiers de patients et tes accès aux réseau de prélèvement d’organes. Tu prendras gentiment ta retraite ensuite. Alors... tu choisis quoi ?
- Je vais... Je fais ça tout de suite !


Je jette un regard à Aurelio, la mine goguenarde.

- Ravi de faire des affaires avec toi, Charles. Mon camarade va s'assurer que tu t'acquittes de ta part du marché....
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"IL A UN REIN EN TROP ET CA SE PASSE MAL, EXPLICATION !!" (Et n'oubliez pas le petit pouce bleu si vous avez aimé) - Lun 25 Nov - 19:44

Logorrhée.

L’une des raisons pour lesquelles je n’aime pas travailler avec Tadeo est simple : il parle trop. Beaucoup trop. Comme s’il ne pouvait pas se taire, comme si sa bouche était incapable de se fermer plus de quelques secondes, parler lui semble vital. Mes dents se serrent sous mon  masque alors qu’il débat en sens unique avec notre otage éphémère : il veut lui prendre ses comptes, ses clients ; l’excès d’avarice peut nous pousser à notre perte mais qu’importe, je lui fais confiance, presque aveuglément, obéissant à un ordre naturel d’une hiérarchie synthétique et déshumanisée.


Ordinateur.

Dans notre course poursuite effrénée aux travers de son mobilier léché et dépoussiéré, j’ai aperçu son ordinateur portable, luisant d’un éclat bleuâtre. Je me dirige vers cet appareil, en veille comme je le pensais, l’ouvre et lui demande du regard son mot de passe. Le fond d’écran pourrait me toucher, une photo particulièrement kitsch de lui et sa fille, sans doute issue d’un mariage désormais terminé, et qu’il ne doit voir que quelques fois par an, essayant du mieux possible de rattraper la paternalisme qu’il avait oublier d’exercer durant la jeunesse de sa fille.
Évidemment, ses comptes bancaires sont dans ses raccourcis, si aisément repérable. Une fois de plus, sans même dire un mot, il me guide dans les méandres des sites afin d’ouvrir ses comptes, ses différentes transactions et nous offrant la totalité de ses affaires, américaines ou sur des paradis fiscaux.

« Qui te fournit tes organes ? »

Il balbutie des mots incompréhensibles. Ses jambes flageolantes essaient de bouger, d’une pichenette sur le crâne je lui impose l’immobilité. Il regarde son téléphone, un smartphone dernier cri. Je m’en empare et, de nouveau, suis ses injonctions pour débloquer le verrou informatique. J’ai rapidement accès aux numéros et aux échanges avec ses différents fournisseurs ; ça nous permettra peut-être de remonter la piste d’une autre organisation. Cependant, les numéros s’effacent et les téléphones se jettent, se détruisent, après une simple transaction.

« Pendant l’opération, tu me décriras les personnes avec qui tu as fait des échanges. »

Je dépose sur le comptoir les différents éléments afin que Tadeo les étudie pendant que Charles et moi nous occupons du patient.

« T’as une greffe à faire Charles. Qu’est-ce que tu attends ? On a pas la nuit devant nous. »

Il s’engouffre dans la pièce adjacente à la cuisine. Nulle issue s’y trouve, pourtant j’use de mon troisième œil pour serpenter ma vision jusqu’à lui, inspectant ses mouvements et vérifiant ses actions. Il se lave les mains et s’empare de la plus grande lame ; naturellement, il essaiera de me planter lorsque j’entrerai dans la pièce. Je soupire d’avance.

Vibrations.

Sur le comptoir. Le téléphone. Disparaissent alors les conversations anonymes, les comptes, les applications ; seule une photo d’une jeune fille, la vingtaine, souriante, avec au dessous marqué « Appel entrant ».

« C’est sa fille. »

Les vibrations cessent aussitôt, le visage disparaît alors. Quelques secondes plus tard, fenêtre éphémère d’un nouveau message reçu, les mots pleuvent. «On a eu un accident, Maman est morte. Je suis à l’hôpital. »

« On ne lui dit rien, sinon je ne pourrais pas chercher dans ses émotions et ses souvenirs les visages des gens avec qui il a travailler. »

Et pourtant, le téléphone continue de vibrer.
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"IL A UN REIN EN TROP ET CA SE PASSE MAL, EXPLICATION !!" (Et n'oubliez pas le petit pouce bleu si vous avez aimé) - Lun 2 Déc - 20:25

Aurelio fait le boulot. Efficace, je n'ai pas à m'en plaindre. Qui aurait cru qu'un trifouilleur de vagins idéaliste excellerait dans le rôle de "vilain". Pas moi, je le concède.
Un point pour le frangin, Rodrigo a bien formé ses hommes.

- Qui te fournit tes organes ?
- Je... Je suis membre du conseil d'administration de l’hôpital... Je graisse simplement quelques pattes pour qu'on détourne le regard et qu'on traficote la liste d'attente des patients pour transplantation. Je récupère le surplus.
- Habile...
- Pendant l’opération, tu me décriras les personnes avec qui tu as fait des échanges.
- Mais.. je.. Je vais avoir besoin de concentration et...
- Concentre-toi doublement alors,
que je souffle infâme. Si tu tues notre patient, le deal ne sera plus valable....
- T’as une greffe à faire Charles. Qu’est-ce que tu attends ? On a pas la nuit devant nous.
- Tic... tac... tic... tac... l'heure tourne.


Je consulte le laptop qui me fait face : il est temps de solder les comptes de Charles. Je branche une clé USB, lorsque le téléphone sautille sur le plan de travaille. Oeillade conjointe de moi et mon compadre.

Je laisse échapper un sifflement ponctué d'un ricanement.
- Le karma...
- C’est sa fille.
- Sans déconner...
que je rétorque, laconiquement.
- On ne lui dit rien, sinon je ne pourrais pas chercher dans ses émotions et ses souvenirs les visages des gens avec qui il a travailler.

Je regarde Aurelio avec une grimace d'agacement.

- Qu'est-ce que tu attends pour fermer ta gueule, dans ce cas.... Timbre égal mais regard glaçant. Sonde un peu mon âme, gadjo, et tu verras que j'ai le coeur froid. Occupe-toi d'exécuter mes ordres.

Quelques manipulations et voilà le numéro de sa tendre progéniture sur liste noire. Plus d'appels, plus de SMS. J'en profite pour faire de même avec celui de sa femme. J'explore le reste du répertoire, les photos, les données.... Il a tout sauvegardé sur le cloud de son opérateur auquel j'ai désormais accès. Je change les mots de passe en ligne, et vide l'ensemble sur ma clé. On fera le tri au calme. J'effectue quelques virements, clôture le fond d'épargne qui couvre son business (au nom de sa fille, comme c'est charmant).  Une fois fait, je détruis son téléphone et je pose  son ordinateur dans le four. Chaleur tournante à 250° pour une cuisson fondante du disque dur.

Mon regard tombe alors sur un splendide hachoir en suspension à côté d'une planche à découper.

En voilà un ustensile de belle qualité...

- Comment ça se passe messieurs ?
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"IL A UN REIN EN TROP ET CA SE PASSE MAL, EXPLICATION !!" (Et n'oubliez pas le petit pouce bleu si vous avez aimé) - Sam 18 Jan - 21:06

Trancher.

L’homme endormi sous moi, allongé sur le ventre, la tête intubée, voit son dos ouvert, le creux de ses reins badigeonné de Betadine. Sur la table à côté de nous gît son défectueux organe, son rein imparfait tandis que les mains expertes de mon confrère agissent dans ses viscères. Je ne suis chirurgien, j’ai appris sur le tas, suspendus aux lèvres de mes frères illégaux et illégitimes pour la plupart ; à chaque fois que je les regarde faire, je suis impressionné par cette minutie, cette application et cette dextérité manuelle.

Dialogue.

Les minutes défilent, lentement, et avec j’égraine mes mots ; entre deux ordres, je pose des questions sèches et froides sur son réseau, sur les personnes qui lui ont donné cet organe, et ceux d’avant, j’extraie les informations par le biais de sa parole. Cependant, ma magie coule dans mes veines et il l’inspire à plein poumon. Dès lors, la pièce se gorge de ses émotions, de ses souvenirs, liés à l’acte du moment et à notre discussion imposée. Je perçois quelques mensonges, quelques déformations, imposés par son effroi évident. Rapidement, les images des échanges avec les dealers refont surface, débordants de regret et de culpabilité ; je m’en empare et les assimile, j’associe du mieux que je le peux les prénoms et les pseudonymes avec les silhouettes, les voix, les détails de ces images qui débarquent en un flux continue dans mon esprit.

Couture.

L’organe s’avère finalement mis en place après de longues heures d’échange. Nous sommes épuisés, moi plus que lui, et le souffle vient à me manquer à cause de l’utilisation abusive de ma magie. Cependant, désormais, il n’a plus aucun secret pour moi, je me suis imprégné de son esprit et si j’avais un tantinet de talent dramatique, je pourrais sans aucun doute l’imiter aisément. Je pourrais aussi répondre pour lui à des questions intimes, privées, et reconnaître ses parents sans jamais les avoir vu.

Voix.

De l’autre côté du mur, Tadeo époumone et nous appelle. Il nous reste quelques minutes d’opération, juste le temps de le recoudre de la manière la plus propre possible, il serait dommage en effet que la greffe soit rejetée à cause d’une cicatrisation infectée.

« On arrive dans cinq minutes ! »

Le sergento affairé au trafic d’organes se rendra peut-être un peu plus compte de la réalité du quotidien de ses subalternes. Certes, usuellement nous volons lesdits organes, et c’est une opération bien plus rapide, mais le patient n’est rarement livré à nous ainsi, déjà endormi, déjà préparé, dans une salle avec la parfaite panoplie du petit chirurgien. Son autoritarisme si peu courtois et sa volubilité sèche me repoussent, cependant je dois travailler pour lui, étant mon supérieur direct, et éviter de lui balancer mon cynique pessimisme à la figure dès qu’il m’impose un carcan de par ses mots trop cinglants.

Essoufflé.

Du coude, je pousse la porte et me dirige vers l’évier, les mains encore moites de l’abus du gant que je jette dans la poubelle alors que le broyeur à ordure émet un vacarme incroyable, ce serait dommage que les mains habiles du médecin glissent dans la canalisation. Je sens une chaleur venir du four que je scrute aussitôt. Je vois à l’intérieur l’ordinateur du chirurgien et un sourire se dessine sur mes lèvres. Malgré l’horreur écologique du geste, je le trouve particulièrement drôle et malin ; Charles, quant à lui, se déconfit littéralement.

« J’ai les visages et les noms en tête, avancè-je en espagnol saccadé par mon manque de souffle, tu auras les portraits-robot d’ici la fin de la semaine. »

Aussitôt, je me jette sur mon sac et m’empare de mon cahier à dessin. Sur chaque nouvelle page, j’écris le prénom d’un des concernés avec quelques particularités physiques, il ne me restera plus qu’à griffonner dessus les visages, les corps et les détails marquants de chacun pour avoir un parfait petit dossier. J’ai le temps de faire ma liste, je sais que notre travail n’est pas terminé.
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