La nuit est tombée, la vue est troublée. La lune éclaire le noir de la nuit, les lampadaires aussi. Alors ça va, finalement. Ça va. Le sourire est mauvais, sur la face du flic. Non, pas de lui. Le regard d'acier est tranchant, alors que l'expression semble hurler qu'il cherche les emmerdes. C'est qu'il est pleinement vivant, ce soir, le l o u p. Car oui, c'est bien lui qui est en chasse, qui a les mains dans les poches et les épaules basses, la carrure épaisse qui se complet dans la pose, l'impression de retrouver la fourrure et les crocs qui jonchaient sa bouche. Il cherche, le vilain animal, après une proie à dévorer, après un idiot de dieu à détruire. Les dents sont acérées dans sa tête et il se sent comme autrefois, Sköll. Se sent comme autrefois oui, à courir après un astre qui ne cessait de s'échapper, après un dieu paresseux qu'il a dû faire bouger. Alors il lorgne sur tous, cherche à sa manière, d'avec ce corps qu'il juge faible sans pour autant comprendre combien il est fort en vérité. Ne sait pas tellement à quoi correspondent les muscles humains, capte tout juste qu'au moins la carcasse semble écrasante quand elle est le double de la plupart des mortels. Le pas est pressé, parce qu'il a hâte le loup, de trouver enfin gorge à ses dents. Qu'il regarde l'ensemble, avant qu'une aura ne se fasse remarquer dans la foule du bar dans lequel il rentre. Il sait qu'il est malfamé, mais n'a rien ramené de l'attirail du flic, si ce n'est la matraque rétractable à l'arrière du dos. Mais pas de plaque, pas de flingue, pas de galon. Juste la carcasse, juste ses pensées. Markus qui dort, au fond de la conscience partagée. Subtilisé, l'être entier. Et le loup sourit, quand la couleur apparaît, au milieu du fatras. Il s'en fout, de ce que fout le dieu là. Du pourquoi, du comment. Va juste au bar, sans le lâcher du regard, commandant un verre, un coude planté sur le bois. Bu d'une traite, avant d'approcher finalement du latino. "Hey, connard." Et le poing qui vole directement en direction du visage, la face dévorée par ce sourire immense qui né dès lors qu'il attaque, Sköll.

Le retour à Arcadia est comme je l'imaginais. Toujours solitaire, toujours à ne pas comprendre ce que le reste du monde veut. Je me suis posé dans un bar pour prendre un peu de temps pour moi, pour boire quelques verres, pour apprécier l'humanité si fragile sous sa plus jolie forme, l'ignorance. Je regarde le monde danser en buvant des verres et j'ai l'air perdu il faut bien l'avouer. Je n'ai rien à faire ici. Perdu dans le monde des autres, je ne ressens pas l'autre qui approche ; Les mots qui me font froncer les sourcils, qui me font capter qu'on vient m'emmerder moi. Le poing qui vient à s'écraser sur mon visage, même si j'ai le réflexe d'éviter. Le choque est moins important que prévu, mais bien là quand même. Je tombe de mon tabouret pour m'écraser sur le sol l'air complètement sous le choque de mettre laissé surprendre comme ça. Décidément, je papillonne trop. Je lève la jambe pour foutre un coup dans le genoux du type avant d'essayer de m'enfuir et de me sortir de cette merde. C'est quoi cette montagne qui me court après sérieusement ! Je sors donc dans la rue en regardant le type derrière moi. «  Hijo de puta. C'est quoi ton soucis ? » Je reste à reculer lentement quand celui-ci avance, je ne le quitterais plus du regard, même si je sais que la seule façon pour moi de fuir est de courir, avec ses grande jambes il me rattraperait trop rapidement. J'ai le regard qui dérive de temps en temps pour essayer de trouver de quoi m'en sortir sans avoir à réellement me battre, parce que je sais que je ne vais pas gagner. Quand bien même je suis plus rapide, je n'ai pas sa force. Même si au fond de moi, ça bouillonne, j'en connais un qui va me tuer si je me fais encore blessé. Je ne suis évidemment pas armé, vu que je ne pensais pas qu'on viendrait me chercher ici. «  Qu'est ce que tu me veux ? »

C'est une bête qui se jette sur sa cible, qu'abat son poing et qui souhaite déchirer l'être entre ses crocs. Ce n'est plus un homme qui régit le corps, qui le mouve. Non, non. Alors il a cet air fou dans le regard, ce truc qui semble hurler qu'il s'en fout du monde entier, qu'il a décidé de l'attaquer à lui parce que c'était ainsi, très simplement. Et quand le divin se barre, ça rappelle tellement de chose au loup qui part à sa poursuite, qui se sent vivant comme auparavant, qui a la sensation de courir encore après ce foutu soleil qui pourfendait les cieux de son char à qui il rêvait de briser le bois puis les jambes, avant d'engloutir le reste. Mais il s'arrête déjà ! Soleil de pacotille ! "Lequel ?" Que la voix gronde, presque gutturale, le sourire qu'il a d'étiré sur la face qui sonne si inquiétant. C'est que des soucis, il a en tellement ! Et qu'à cet instant, pourtant, il se sent bien. Qu'il approche encore et encore de la cible, de ce faux divin qui pourrait être brisé en deux si facilement... Qui va l'être, même ! "Rien." Qu'il répond ainsi, avec la sincérité la plus désarmante du monde quand on semble si menaçant pourtant. "J'viens juste chercher mon dû." Chercher ce que les Dieux avaient pu promettre, autrefois, pour qu'ils courent derrière les chariots. Je chercher juste le chaos. Et il se rue ainsi en avant, l'animal, bondit littéralement et la masse s'écroule sur Zachary, l'emporte et fait claquer le dos contre une des poubelles de la ville. Il aimerait bien exprimer ce qu'il lui veut très exactement, que c'est sa nature divine qu'il cherchait mais ne peut, paralyser par son pouvoir. Fout juste une nouvelle mandale, grognement de rage qui se laisse entendre et pour sûr que le corps a l'air possédé désormais. La bête a faim !

Le monde vire vraiment fou. Même si je me doute bien que ce que veut ce type ce n'est pas que me casser la gueule. Il fallait que je sorte et que je boive seul comme un connard. Alors oui, je me sors de là, sauf que quand je fais trois pas il en fait un ce con. Alors il me dégage dans les poubelles et quand je m'écrase, je trouve ça légèrement ironique de finir là. Sauf que celle-ci je ne l'ai pas choisi et clairement, je vais puer la mort après ça. Pourquoi ce n'est pas une poubelle à carton ! Je te regarde avec un air complètement perdu. Comment ça ton dû connard ? Je regarde autour de moi sans vraiment savoir quoi foutre. Vais-je devoir utiliser mon pouvoir ? Je n'ai aucune idée de si on pourra venir me sauver pour le coup. « J'ai rien pour toi, aucun intérêt pour les minables. » Je me reprends un coup venant à saigner et intérieurement je deviens fou, sachant que je ne fais pas le poids sans arme, mais bon. Je viens lui taper dans le nez pour juste essayer de le faire reculer un instant, juste histoire d'essayer la fuite sur quelques mètres, juste pour avoir un peu plus d'espace pour me planquer. Pour ce foutu pouvoir qui m'offrira la plus terrible des paniques, mais de toute façon, c'est ça ou rester là à me faire défoncer. Alors j'essaie au mieux de faire reculer la montagne en essayant de taper à des endroits stratégiques. On dit qu'on est plus rapide en étant plus petit, je n'ai pas l'impression, je me sens juste bien plus ridicule. J'essuie rapidement ma bouche et si j'arrive à te faire reculer un instant tu me verras m'enfuir vers des ruelles, là où les cachettes seront nombreuses et j'espère au fond de moi que tu ne pourras pas me trouver dedans.  «  Enfoiré. »