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Joke's on you (Alban & Ana)

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Joke's on you (Alban & Ana) - Lun 24 Fév - 0:22

Joke's on you

Alban & Anatoli


C’est vraiment pas facile de vivre une vie normale dans une ville aussi pourrie. Comme si les mafias suffisaient pas, maintenant il y avait les militaires, qui paradaient en terrain conquis comme si Arcadia leur appartenait. Ça n’empêchait pas les mafias de continuer leurs business, ni les honnêtes - ou pas - gens de tenter de vivre leur petite vie anonyme. Comme lui. Les militaires pouvaient bien marcher au pas, l’électricité pouvait bien s’être coupée d’un seul coup, sa vie ne s’arrêtait pas. Silas avait toujours besoin d’aller à l’école, son patron l’attendait toujours à l’ouverture, son proprio attendait toujours son loyer, bref, il fallait vivre avec. S’adapter ou mourir. Alban n’ayant pas prévu de mourir de si tôt, il s’était placidement adapté, pliant au changement sans trop faire de vagues. Manifester n’empêcherait pas les militaires de débarquer comme la peste noire sur l’Europe, de toute façon.

Il bâille en allumant le réchaud à gaz, reliquat des affaires de camping de ses parents, que le jeune loup ne s’est pas gêné de voler en quittant définitivement l’antre familiale, son petit frère avec lui. Ce n’est pas comme s’il devait quelque chose au vieil ivrogne qui n’était même pas son père, en plus. Il devait être avachi dans un coin du canapé, à fixer la télé éteinte et à se noyer dans les vapeurs de son mauvais alcool, à ne s’être même pas rendu compte de tout ce qu’il se passait actuellement. La coupure de courant généralisée avait au moins eu le mérite de distraire Silas, qui, s’il avait hurlé de peur quand tout avait sauté brusquement, s’était mis en tête de faire un cabane dans le salon, endroit le plus chaud de la maison puisque c’était là qu’Alban avait posé le petit réchaud. Ils dormaient tous les deux là depuis, tous les trois parfois, sous une couverture tendue entre deux chaises qui leur faisait une tente de fortune, dans des sacs de couchage posés sur des couvertures. Deux gardiens pelucheux, deux petits loups, montaient la garde de chaque côté, comme pour empêcher les monstres de rentrer dans leur abri protecteur. Ah, les enfants…

« Silas, on va manger, tu mets la table ? »

Le petit garçon de six ans lâcha ses crayons pour trottiner vers un meuble, dans lequel ils avaient stocké les affaires en carton. Parce qu’au sixième jour, Alban en avait eu marre de se taper toute la vaisselle, et avec l’électricité coupée, adieu le confort du lave-vaisselle, hein. Il avait donc acheté des assiettes, couverts et gobelets en plastique qu’ils jetaient à la poubelle une fois qu’ils avaient fini de manger. Le petit revint très vite avec trois assiettes, qu’il déposa très consciencieusement autour du réchaud avant d’aller chercher le reste des affaires. Trois, pour deux personnes ? Parfois, ils avaient un squatteur. Qu’ils n’avaient pas vu depuis plusieurs jours, et l’irlandais n’arrivait pas à s’enlever de la tête que c’était de sa faute. Il avait peut-être été un peu trop brutal, la dernière fois. Epuisé, irrité, il avait assez mal pris le comportement de l’ukrainien, qui se comportait un peu trop comme s’il était chez lui. « Mais je suis chez moi », avait répondu Anatoli avec un grand sourire. « Du coup, tu la paies quand, ta part du loyer ? » avait lâché Alban d’un ton tendu qui prouvait sa fatigue permanente. Bien sûr que c’était une plaisanterie. Bien sûr qu’Alban n’avait rien compris. Et depuis, plus de trace d’Ana…

« Tu cuisines quoi ? La voix de son petit frère le ramena à la réalité. C’est pour dire pardon à Ana ? »
« C’est des pâtes au louveteau. Il lui tapa le bout du nez avec le doigt, faisant rire son petit frère. Et pourquoi je dirai pardon à Ana ? »
« Parce que vous vous êtes disputés, qu’il n’est pas revenu, et que tu es triste. »

Aïe. Ce petit comprenait décidément trop bien les choses. Effectivement, Alban était triste. Et inquiet. Tout ça était dû à son épuisement, qui lui faisait perdre patience, et se défouler sur les gens qui l’entouraient. Jamais sur Silas - il ne voulait pas devenir comme l’autre ivrogne. Mais Anatoli n’avait pas su s’arrêter, avait franchi une ligne, et s’était reçu une vague d’exaspération que l’irlandais avait regretté dès que son agacement était retombé. Et très honnêtement, Alban était trop fatigué pour expliquer à son frère qu’il en pinçait pour le joli voisin. Il essayait de garder ça discret, tellement discret qu’il ne se rendait pas compte que c’était évident pour tout le monde, sauf pour lui. Silas aussi, du haut de ses six bougies, commençait à comprendre, même s’il peinait à trouver les mots pour l’expliquer. Et alors qu’il allait se jeter à l’eau, ficeler une excuse mal construite pour esquiver les questions, quelqu’un frappa à la porte. Merci mon Dieu.

« Je vais voir qui c’est. Toi, surveille le repas. Si le louveteau s’enfuit, on aura plus rien à manger… »

Clin d’œil complice au louveteau en question, le petit Silas, qui lâcha un nouveau rire d’enfant innocent. Avec difficulté, il se releva pour se traîner vers la porte, aux aguets quand même. Pas besoin de l’ouvrir pour savoir qui était derrière. Anatoli. Effectivement. Un peu plus distant que d’habitude, sûrement à cause des conneries d’Alban. Ce dernier resta silencieux l’espace d’une légère seconde, qui ne passa pas inaperçue. Mais il était content de le voir. Maintenant, il fallait lui parler. S’excuser, faire comme si de rien n’était ? Deux mauvaises solutions. D’autant qu’il n’avait pas à s’excuser puisqu’il avait raison : Alban était ici chez lui, merde à la fin.

« J’savais bien que tu pourrais pas résister à mes pâtes aux knakis, tenta-t-il pour détendre l’atmosphère avec un léger sourire. Allez, reste pas dehors, ça caille depuis qu’il y a plus de chauffage. »

No shit Sherlock. Il se décala pour le laisser rentrer, et ferma la porte d’entrée - avant d’aller fermer celle du salon. Pour Silas, c’était le signe que les grands avaient des trucs à se dire. Et il l’imaginait déjà sourire, sachant qu’il avait raison. Grand frère loup en pince sévère pour le lapin. Il allait en entendre parler pendant un moment, de ça, tiens. Sauf que maintenant qu’il avait fermé la porte… Il ne savait plus quoi dire. Il était gêné, maintenant. Mais si Ana était revenu, c’est qu’il avait dû lui pardonner - même s’il n’avait rien à se faire pardonner.

« J’ai que l’épuisement comme excuse, mais j’aurais quand même pas dû passer mes nerfs sur toi. Désolé si tu l'as pris personnellement, c'était pas le but. »

Il n’arrivait pas à le regarder en face - et pas seulement parce qu’il faisait sombre, d’ailleurs. Au contraire. Finalement, il appréciait plutôt bien cette coupure de courant, là, de suite, maintenant. C’était plus facile pour ne pas le regarder dans les yeux.

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Anatoli P. Potemkine
BLAZE : SpleenC
CREDITS : Bibi
FACE : Timur Simakov
DOLLARS : 1893
SACRIFICES : 177
PORTRAIT : Joke's on you (Alban & Ana) Ff70c0c668223386478f28380240bb05
ANNEES : 25 ans
CŒUR : Liberté est son maître mot.
TALENT(S) : Des mains qui ne vous veulent que du bien - Thaumaturge.
FACTION : En attente de recrutement - Neutre.
OCCUPATION : Expert en Bien-Etre chez Ikaros, petite magouille en tout genre sur le côté.
JUKEBOX : Isaac Delusion - The Sinner
RUNNING GUN BLUES : Have you heard about our Lord and Savior, Karl Marx ?

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Joke's on you (Alban & Ana) - Lun 24 Fév - 19:34


Joke's on you
Alban & Anatoli


Depuis qu’elle était plongée dans le noir, la ville semblait trop calme à Anatoli. Les gens semblaient se hâter pour rentrer chez eux, une fois le crépuscule pointant son nez, comme s’ils craignaient quelque chose de plus terrifiant que ce qu’il y rodait habituellement. L’atmosphère lui semblait électrique, à défaut d’en avoir chez eux. Capuche rabaissée sur sa tête, les yeux dardant dans la pénombre qu’elle créait, le jeune homme aussi se hâtait de rentrer chez lui.

Même chez lui, le silence lui pesait. Son portable était éteint, pour en préserver un maximum la batterie. Son ordinateur avait rendu l’âme, rapidement utilisé le soir même pour faire un bruit de fond puissant et apaisant. Il avait cru que cela serait temporaire, l’histoire de quelques heures. Que cela ne concernait que son quartier – une fois qu’il eut vérifié que cela concernait d’autres personnes, et non une histoire de factures impayées. Mais partout où il allait, la situation était la même.

Il avait pris le pli d’aller squatter chez son voisin, comme il le faisait assez souvent lors des soirées éclairées. Il y était nourri et distrait, que pouvait-il demander de plus ? Il était même logé, lorsqu’il n’avait pas le courage d’aller jusqu’à son propre lit, de l’autre côté du mur. Alban, lui au moins, avait tendance à penser à tout et possédait le nécessaire pour faire face à la crise.

Sauf la crise de nerfs.

Ce soir-là, quand il lui avait réclamé sa part du loyer, il avait simplement haussé des épaules et conservé son sourire sarcastique, dont les bords s’étaient légèrement affaissés, d’un mouvement à peine perceptible quand on ne le connaissait guère. Il n’était pas un parasite. Il était tout à fait capable de s’en sortir seul, sans imposer sa présence si celle-ci était si indésirable. Il était resté dîner – fallait bien se nourrir quand même – et puis, il s’était endormi à leur côté, après avoir embêté Silas jusqu’à ce que les éclats de rire emplissent un silence inhabituel.

Le lendemain, il aurait pu revenir. Mais il avait préféré aller voir un peu Jan. Un peu sa mère aussi.

Mais là, il aspirait au confort relatif de son chez lui, de son nid. Surtout après une journée de travail. Sans ouvrir sa boite aux lettres – il n’allait quand même pas payé ses factures alors qu’il était obligé de vivre dans le noir – il entreprit l’ascension jusqu’à sa porte, avec lassitude. Chaque marche était celle de trop, le faisant pester intérieurement sur cette idée fantastique de choisir l’étage le plus élevé. Une fois sur le palier, il n’aurait qu’à mettre la clé dans sa porte et filer sous sa couette, comater jusqu’au lendemain.

Et pourtant, il se retrouva à frapper à la porte du voisin, comme pour annoncer qu’il était rentré.

Adossé à la rambarde avec nonchalance, il espérait que celle-ci s’ouvrirait rapidement. Ce n’était pas toujours gagné avec l’ardeur du gamin à vouloir être un grand et à faire les choses comme telles. Son sac lui détruisait l’épaule. Ses jambes lui semblaient lourdes et la fatigue extrême. Puis le blond apparaissait enfin et un léger silence envahit l’espace. Anatoli ne voulait pas être le premier à le briser – trop fier bien qu’il ait sonné – et sa prière fut exaucée. « Oh, tu sais, moi et les knackis, ça a toujours été une grande histoire d’amour torride » lui adressa-t-il avec un sourire amusé tout en se mettant en mouvement. « T’es sûr que je ne devrais pas rester un peu plus longtemps sur le palier ? Ca nous donnerait une excuse pour filer sous la couette direct. »

La chaleur relative du vestibule s’offrit enfin à lui et, avant qu’il ait pu aller saluer le frangin, s’y retrouva coincé. Le sac rejoignit le sol aussi vite et la veste suivit le mouvement, une fois son portefeuille sortit de la poche. Autant se mettre à son aise. Il l’écoutait vaguement se répandre en excuses, sans pour autant le voir. Il s’en fichait, de ses excuses. Elles ne servaient à rien, il était passé au dessus de la remarque, en vérité.

Enfin, il serait très prochainement bientôt au dessus de cela.

Il ouvrit son portefeuille et sortit les billets présents. Et puis, il les compta. Un premier paquet atterrit sur un meuble disposé entre eux deux. « Ca, c’est la moitié du loyer, à condition que tu paies à peu près le même que le mien. » Il souriait. Anatoli s’amusait presque, à imaginer la petite bouille aux joues rondes se teinter de rouge. Sa main déposa sur le tas une nouvelle coupure de 50 dollars. « Ça, on a qu’à dire que c’est pour le repas de ce soir et les inconvénients de ma venue surprise. Et ça, » rajouta-t-il en déposant un dernier billet, « c’est pour me permettre de rester avec vos mignons petits minois ce soir ? »

L’argent était toujours entre eux, intouché. Le slave n’était pas particulièrement prêt à les remettre immédiatement dans leur cachette. Il appréciait leur présence, comme la suite d’une bonne plaisanterie qu’il avait décidé de poursuivre. Il savait qu’Alban ne les voulait pas réellement. Que cela devait sortir comme une blague.

« Les bons comptes font les bons amis, non ? Bonsoir Alban, tu vas bien ? Et Silas, comme va cette mauvaise graine? »
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Joke's on you (Alban & Ana) - Lun 24 Fév - 22:54

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Alban & Anatoli


Anatoli saisissait toutes les perches qu’on lui tendait. Mais celles qu’il préférait était encore celles qu’on ne lui tendait pas. Le jeune irlandais cilla sans comprendre quand l’ukrainien évoqua son amour torride avec les knackis, et le temps que l’information lui monte - enfin - au cerveau, le slave avait renchéri en disant que s’ils avaient froid, ils pouvaient aller se réchauffer sous la couette. Les joues d’Alban se teintèrent de rouge, et il remercia le ciel de cette coupure de courant qui cachait sa gêne, même si Anatoli devait clairement le savoir.

Le plus dur était à venir. Les excuses. Alban était un jeune homme avec beaucoup trop de fierté, parce qu’il avait sacrifié beaucoup et qu’il lui restait très peu. Mais parfois, il fallait repousser cette fierté et reconnaître ses torts. Ce qu’il fit, comme tout bon adulte qui se respecte. Il n’aurait pas dû lui parler comme ça et passer ses nerfs sur lui. Ça ne le dérangeait même pas qu’Anatoli soit là. Ça le distrayait, et cette distraction l’empêchait de penser à sa vie minable, et de plonger dans la dépression qu’il combattait en s’occupant perpétuellement l’esprit. Il le faisait sourire, avec ses bêtises, et il appréciait d’entendre le rire de son petit frère. Et puis, le jeune slave faisait battre son cœur plus vite quand il le regardait et qu’il lui souriait, ce qu’Alban appréciait et gardait pour lui comme un trésor. Anatoli était trop libre pour ça, et il avait trop peur de le voir s’envoler définitivement en s’ouvrant à lui sur ce qu’il ressentait.

Mais Anatoli faisait aussi beaucoup d’erreurs, sans forcément penser qu’il blessait les gens. Plutôt que d’accepter ses excuses, ou remuer négligemment la main pour faire comme s’il n’y avait pas de problèmes, il préféra sortir son porte-monnaie, ce que l’irlandais n’avait pas vu dans la pénombre. Quelque chose tomba entre deux, faisant presque sursauter l’irlandais fatigué. Non, il n’avait pas osé. La moitié du loyer. Le rouge remonta immédiatement aux rouges du jeune loup. Gêne. Honte. Colère. Pire que ça. Humiliation. Ses poings se serrèrent, et sa mâchoire se contracta. Il fallait qu’il se contienne. Ne pas frapper. L’envie de faire passer cette humiliation d’un coup de poing était tentante, mais Silas était juste à côté. Au moindre bruit, le petit garçon déboulerait en panique, et Alban n’avait pas envie qu’il le voit frapper Anatoli. Qu’il le voit faire comme leurs parents, qui se disputaient en permanence sans jamais prendre la peine de se cacher.

« Arrête, Ana. »

Peut-être a-t-il parlé trop doucement. Ou peut-être que le slave n’en a rien à foutre. Mais des billets rejoignent la pile, pour le repas et les inconvénients de sa venue surprise. Puis encore d’autres, pour le plaisir de profiter de leur compagnie, à Silas et lui. Anatoli ne s’en rend pas compte à cause de l’obscurité, mais l’irlandais fulmine d’une colère brûlante que le plaisir qu’il tire de son humiliation alimente comme le vent alimenterait un feu de forêt durant une période de sécheresse. Il aurait aimé, en l’occurrence, que le feu emporte les billets posés entre eux - et le slave avec. C’est qu’il est fier de sa blague, en plus. Il peut sentir son sourire dans le noir, son contentement qui tourne autour de lui à la pensée des billets qui sont là, ces billets qui sont une insulte à la sympathie que l’irlandais porte à son voisin. Il est tellement en colère qu’il a l’impression qu’un loup gronde de haine dans sa tête, n’attendant qu’un seul ordre pour sortir et tailler l’imprudent en pièces.

« Comment je vais ? Comment je vais ?! Sa voix est réduite à un murmure pour ne pas alerter le petit garçon, dans la pièce d’à côté, rendant sa colère plus impressionnante encore. Tu chies sur mes excuses avec ton pognon de merde, et tu me demandes comment je vais ?! »

Le petit tas d’argent semble brûler entre les deux, et le fait qu’Ana ne le range pas faisait bouillir le jeune loup de honte et de colère. Ce qui lui faisait encore plus brûler ses joues de honte et d’humiliation, c’est que cet argent, il en aurait bien eu besoin, genre désespérément, pour rembourser ses dettes et acheter à bouffer au petit être dont il avait la charge. Sa blague attaquait de front la fierté bien écornée du pauvre artiste qui, s’il avait eu moins de conscience, l’aurait pris, ce pognon, ne serait-ce que pour Silas. Ce môme était toute sa vie, après tout. Anatoli ne passait que quelques heures avec lui, et il pensait avoir compris ce qu’il ne comprendrait jamais. Alban en avait la charge, et il devait l’élever. Lui expliquer pourquoi le voisin n’était pas venu hier soir. Lui dire qu’il n’était pas fâché. Le rassurer en lui disant que s’il était fâché, ce n’était pas contre lui, mais contre son grand frère. Calmer ses inquiétudes était le quotidien d’Alban, et pour le coup, il en voulait à Ana de lui en rajouter encore plus avec son comportement de gamin. Même Silas, six ans, n’aurait jamais agi ainsi.

« Quand j’pense que je me suis inquiété pour toi, et que j’m’en suis voulu. Quand j’pense que j’me suis excusé. Putain j’suis pas un clown, j’suis le cirque au grand complet. Tu dois bien te marrer, hein ? »

Son murmure glacial, mais brûlant, cachait très mal l’humiliation profonde qu’il ressentait. Finalement, il aurait mieux fait de continuer comme avant. S’occuper de Silas tout seul, ne faire confiance à personne. Ne pas laisser quelqu’un rentrer chez lui. Dans son foyer. Dans sa vie. Dans son cœur. Il a envie de pleurer, mais se retient du mieux qu’il peut, bénissant l’obscurité qui empêche Anatoli de voir à quel point il l’a blessé, sans se douter que sa voix le trahissait sans qu’il n’y ait besoin de lumière. Son épuisement était réel. Il dormait de moins en moins, puisqu’il lui fallait se lever beaucoup plus tôt pour emmener Silas à l’école et aller au boulot à pied puisque les bornes des stations-essence et le métro ne fonctionnaient plus à cause de la coupure électrique généralisée. Il quittait son travail plus tôt aussi, pour aller chercher Silas et rentrer à la maison. Les finances ne suivaient plus, le stress l’empêchait de dormir, et cette insulte en billets verts dont il avait bien besoin lui donnaient envie de frapper Anatoli. Et de pleurer. Il ne ferait ni l’un ni l’autre.

« Si t’es juste revenu pour m’humilier, j’préfère encore que tu t’en ailles. Il fait un grand geste vers l'argent entre eux. Et emporte ça avec toi. J’en veux pas, de ta merde, et que tu me la foute sous le nez alors que tu sais que j’en ai besoin est une insulte que je laisserai pas passer. »

Montrer autant d'hostilité lui fait du mal, mais c'est la dernière défense qu'il lui reste pour protéger le peu de fierté qu'il possède, fierté avec laquelle Anatoli a joué en se foutant bien de lui faire du mal. Et doucement, il craque. A force de serrer les poings, il ses planté les ongles dans la peau, et il sent le sang commencer à couler légèrement entre ses doigts. Ce n’est pas un problème. Il passera les mains sous l’eau, et il sera comme neuf. Le problème, c’est que le reste aussi, cède. L’épuisement l’emporte sur le reste, et il a beau lutter contre, le voilà en train de pleurer, vaincu par son stress permanent et par l’argent tant voulu qui le nargue sur la table basse. Et s’il pensait être silencieux, c’était encore raté, à cause de son souffle plus court qui mettait en lumière ce qu’il cherchait tant à cacher dans le noir. Il fallait qu’il se calme, très vite, avant que Silas ne le voie comme ça.

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Joke's on you (Alban & Ana) - Lun 16 Mar - 20:30


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Alban & Anatoli


Le murmure grondait comme un orage s’éclatant sur les fenêtres de son nid au sommet du monde, dans toute une rage et une splendeur qu’il avait toujours apprécié. Une émotion vive qui déferlait entre eux, prête à tout ravager et à emporter l’argent maudit sur son passage, loin des deux corps qui se faisaient face. Il s’imaginait si bien le duel de regards alors qu’aucun ne pouvait se voir. Il voyait la foudre se déchaîner dans les yeux bleutés qui s’étaient teintés de gris pour l’occasion.

Mais surtout, il espérait que les siennes prenaient la nuance des ombres qui les enrobaient. Qu’aucune lueur habituelle d’espièglerie n’y brilla. Parce que l’ire ne lui plaisait guère. Elle était partiellement justifiée : il aurait dû s’arrêter à la moitié du loyer pour que cela reste bon enfant. Mais il n’apprécierait guère que l’on écrase sa dignité de la sorte.

Muet, il laissait les vagues déferler et s’écraser sur lui comme sur la proue d’un navire. D’un cuirassée. Il avait hésité à persifler avec véhémence devant l’insurrection de son voisin, pour que le ton s’envenime, monte et n’explose en un feu d’artifice qui illuminerait quelques instants des prunelles ternies d’un manque de clarté. Voir les coups pleuvoir, partir, dans une danse dont la fin serait leur respiration haletante, des « crétins » murmurés du bout des lèvres et des rires à s’enrayer la gorge.

Mais Alban n’était pas lui. Alban n’était pas comme ces gens qu’il côtoyait quotidiennement, pour qui un coup de couteau était presque une marque d’affection.

Non, son voisin était de ceux qui maîtrisaient leurs voix et serraient les poings, de ceux qui acceptaient que les envolées sentimentales se transformaient en larmes. Il était de ceux qui n’avait rien à foutre dans le coin, qui se feraient dévorer en un rien de temps et qui survivaient par un miracle qu’il ne pouvait comprendre.

Anatoli bougea soudainement, comme mué par une rage féline. Pendant un instant, il avait cru que ses instincts prendraient le dessus et qu’il serait le premier à lever le poing. Pendant quelques secondes, il avait voulu voir le sang couler, couvrir ses phalanges pour leur donner la couleur carmine qui lui sciait au teint. Mais à la place, il saisit avec force les points qu’il savait serrer et s’efforça comme il put d’y insérer les siennes, sans ciller devant les éventuelles griffes qui souhaitaient le voir reculer, pour laisser la doucereuse magie cicatrisante faire ce qu’elle avait à faire, tout en s’arrangeant pour finir les yeux dans les yeux, sans qu’une once d’amusement n’y vive. Et puis, plus en douceur, il se pencha, pour pouvoir murmurer au creux de l’oreille. « Et bien, Alban ? Je pensais que tu voulais la moitié du loyer ? Tu veux quoi, à la fin ? »

Il resta ainsi quelques instants, comme pour laisser le temps à l’autre jeune homme de frapper. « Je ne t’ai jamais demandé de t’inquiéter pour moi. Je suis suffisamment grand pour m’occuper de moi-même. Tu n'as pas confiance en moi ?» Au final, il ne se recula pas. Il aimait bien, être aussi proche, laisser s'installer une tension palpable. Il ne doutait pas qu'il finirait avec un poing planté dans le ventre, d'ici peu de temps.

La main se tendit vers les billets laissés à l’agonie, à l'aveuglette, jusqu'à sentir le doux papier sous ses doigts. Il empocha le tout et le dépenserait sans doute en vodka bien méritée, un peu de beuh pour se détendre et une tournée de cookies pour ses collègues, demain. Il pensa à son sac, qui l'attendait à quelques pas. Entre le linge fraîchement lavé par sa mère et qui sentait presque trop fort l’adoucissant, il y avait une dizaine de bougies longues et de couleurs attrayantes, quelques converses diverses et variées, qu'il avait chapardé en pensant à son voisin. Pour le dépanner, en plus de la moitié du loyer. « Puisque mon argent est trop sale pour toi, je le reprends. Celui-là, je l'avais même pas gagné avec mon corps en plus. Mais t’accepterais au moins quelques bougies et quelques denrées ? T’façon, si t’en veux pas, t’auras qu’à les jeter. T’évites la tête, par contre. »

Il gloussa, s'imaginant l'une des conserves de métal s'éclater contre son arcade sourcilière, le sang ruisselé sur son visage. L'infirmière des urgences soupirant une énième fois de le voir là, lui conseillant d'arrêter de chercher des noises dans les bars. Et lui, clamant avec fierté que cette fois, c'était une querelle de voisinages. « Je suppose que je vais m'en aller, du coup. Tu diras au petit que je suis désolé. Je suis bien trop fatigué pour rester avec vous ce soir. » Puis doucement, il allait amorcer le mouvement de recul, ayant laissé l'autre profiter bien assez de son parfum.

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Joke's on you (Alban & Ana) - Mar 17 Mar - 14:20

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Alban & Anatoli


Colère. Brûlante. L’envie de le foutre dehors était irrésistiblement tentante, mais une part de lui se retenait de le faire. Sur le moment, ça lui ferait plaisir, mais quand la pression serait retombée, il s’en voudrait énormément. Et comme ni l’un ni l’autre ne feraient le premier pas pour régler la situation, il risquait de perdre Anatoli pour de bon. Et ce serait dommage. Quand il ne jouait pas au bâtard invivable, son voisin était très sympathique – et le méga crush que l’irlandais se payait n’arrangeait clairement pas les choses, il fallait bien l’avouer. Ca ne valait pas la peine de se brouiller avec l’ukrainien, tentait-il de se dire. L’ukrainien en question venait de l’insulter comme jamais, avec son pognon jeté négligemment entre eux deux, alors qu’Alban galérait à joindre les deux bouts, et, rien à faire, la colère obscurcissait son jugement. Il voulait qu’Anatoli dégage. Qu’il récupère son putain d’argent et qu’il se tire de là.

Mais soudain, vif comme un chat, le slave est sur lui. Sans réfléchir, Alban initie un mouvement de recul et ses mains se lèvent en position de combat. Les réflexes dus à des années d’arts martiaux ne partent jamais vraiment, et la seule chose qui l’empêchent de coller un coup violent à Anatoli, c’est justement le fait que ce soit Anatoli. Il ne serait pas assez stupide pour l’agresser comme ça, non ? Alors il le laisse agir, attraper ses poings serrés, forcer le passage pour y entremêler ses doigts. Ridicule. Se rendait-il compte, au moins, qu’il venait de se servir comme proie sur un plateau ? S’il resserrait les doigts, il casserait les siens comme des brindilles. Un coup de tête lui casserait le nez. Et même si le pouvoir de guérison du thaumaturge fermait les petites écorchures sur ses paumes, la colère, elle, ne se soignait pas. Il pourrait aisément gagner ce combat, pense-t-il. Mais au final, c’est Anatoli qui gagne, et il semble le savoir.

Parce qu’il le regarde droit dans les yeux, et que l’irlandais perd tous ses moyens.

« Tu veux quoi, à la fin ? » Que tu me foutes la paix, a-t-il envie de répondre avec agressivité pour cacher son trouble. Mais il n’y arrive pas. Il se contente de son regard le plus noir, sans toutefois chercher à se dégager, ce qu’il pourrait pourtant faire sans difficulté. Finalement, ce fut Ana qui le lâcha, sans avoir obtenu la réponse à sa question. Que voulait-il ? D’abord, qu’il arrête de le regarder comme ça. C’était horriblement troublant. Puis qu’il arrête de se foutre de lui juste pour le plaisir d’avoir le dessus. Il s’était peut-être amusé, à poser tout ce fric sur la table, mais l’humiliation était brûlante, aussi brûlante que l’envie de lui en coller une. Que voulait-il ? Finalement, il avait peut-être une réponse pour lui.

« Rien que tu ne puisses faire, malheureusement. »

Le reproche flottait dans l’air, déjà très tendu. Mais l’agacement de l’irlandais diminuait à mesure que l’ukrainien se rapprochait. Son parfum entêtant tournait autour de lui, et, bien entendu, Ana pouvait voir la jolie couleur rouge qui commençait à doucement colorer ses joues. Pourtant, il était très bon en drague, Alban. Mais il y avait des choses qu’il ne gérait pas vraiment, comme son attirance incompréhensible pour les slaves stupides qui ont tendance à lui courir sur les nerfs avec leurs provocations à deux balles. Au moins n’avait-il plus envie de lui en coller une. En fait c’était plutôt contre le mur qu’il avait envie de le coller, et cette pensée gênante le torturait suffisamment pour le faire rougir un peu plus.

« Je ne t’ai jamais demandé de t’inquiéter pour moi. » Son regard de glace était encore rivé à celui du slave, ce qui l’empêcha, très clairement, de lever les yeux au ciel en soupirant. Excuse-moi de m’inquiéter pour les gens que j’aime, avait-il envie de rétorquer, mais ce serait admettre des choses dont il n’était pas prêt à parler et qu’il cachait soigneusement à son voisin – du moins le pensait-il en toute ingénuité, sans comprendre qu’Ana n’était clairement pas aveugle et qu’il avait compris bien avant que lui-même soit confortable avec cette idée. Mais Ana n’a pas fini. N’avait-il pas confiance en lui ? Pas sur certains points, non. Sur d’autres, oui, sans doute. Mais il était hors de question qu’Ana l’entende lui répondre oui sans réfléchir – et surtout sans une pique bien sentie pour entretenir leurs échanges habituels.

« Oh, si, je te fais confiance, tu as prouvé que tu étais très doué… Pour me pourrir la vie. »

Un léger sourire involontaire accompagne sa phrase. Il n’est plus vraiment fâché, d’autant que le slave vient de récupérer son argent – et bizarrement, le soulagement d’avoir été obéi s’accompagne de la déception qu’il l’ait fait, parce qu’il a vraiment besoin de ce pognon, et il espère que ce n’est pas trop visible sans ses yeux, encore rivés dans ceux d’Ana – même si, on va pas se mentir, il faudrait être aveugle pour ne pas le voir et le comprendre. Et en plus, il n’a rien compris, ce con, qui lui parle d’argent sale gagné sans vendre son corps. Oui, et donc ? Il devrait se sentir honoré de ne pas avoir l’argent de ses passes ? Anatoli peut bien faire ce qu’il veut de son – très joli, au demeurant – corps. Alban n’en a strictement rien à foutre de comment il peut gagner son pain. Il n’y a pas de sot métier, et vu celui de sa mère, il n’allait pas vraiment lui jeter la première pierre.

« Ton argent n’est pas trop sale pour moi, grogne-t-il, fatigué d’être autant humilié, et je me fous de comment tu l’as gagné. Tu peux même le voler à la Bratva que ça reviendrait au même, je me fous de comment tu l’as eu tant que ça m’attire pas d’ennuis. »

Il recommence à perdre patience. Anatoli, apparemment, a épuisé la sienne, puisqu’après avoir posé des trucs sur la table, trucs que l’irlandais n’a pas regardé, il annonce calmement qu’il va prendre congé, comme s’il sentait qu’il n’était plus vraiment le bienvenu ici. Ca pique un peu, mais vu la manière dont il a été traité, pas étonnant qu’il veuille s’en aller. Une pointe de panique remplace l’agacement. Et si, après ça, il ne voulait plus jamais revenir ? Anatoli recule. Et quelque chose le pousse à le suivre. Avant qu’il n’ait pu ouvrir la porte, la main ouverte de l’irlandais se plaque dessus pour l’empêcher de l’ouvrir, et c’est lui qui – pour une fois – prend le dessus sur l’ukrainien, qu’il a plaqué non pas contre un mur, comme il le voulait à la base, mais contre la porte d’entrée résolument fermée.

Sans réfléchir, il fait un pas de plus.
Et il l’embrasse.

Ca a le mérite de prendre le slave de court, tellement qu’il s’immobilise et qu’Alban en profite. Ce n’était pas comme si ça faisait plusieurs mois qu’il avait envie de le faire. Absolument pas. (Si, en fait.) Mais le geste est doux, et par réflexe, une main se lève pour se perdre dans les cheveux en bataille du voisin assez consentant, apparemment. Il aurait pu aller très loin. Bien plus loin. Il était chez lui et savait donc où était sa chambre. Anatoli n’avait même pas l’air contre. Garçon prévoyant, Alban avait de quoi se protéger dans un tiroir, parce qu’on ne savait jamais. Oh bordel il aurait pu le faire. Non, en fait, il allait très clairement le faire. Son attitude le trahissait assez bien. Merde à la tension, bonjour réconciliation au pieu – sans mauvais jeu de mots.

« Ooooh, les amoureuuuux ! »

Il lui faut toute la volonté du monde pour que la flopée d’insultes qu’il a envie de lâcher se perde dans un grognement agacé tandis qu’il se reculait avec toute la mauvaise volonté du monde. Inconscient du fait qu’il avait interrompu quelque chose de très chaud, Silas souriait, content de ce qu’il venait de voir. L’intelligent petit bonhomme savait bien que son frère en pinçait pour le voisin, même s’il avait toujours eu la délicatesse de ne pas en parler, sans doute parce que quelqu’un, Mia sans doute, avait dû lui souffler qu’il n’avait pas à s’en mêler et qu’il devrait attendre qu’Alban lui en parle de lui-même quand il s’en sentirait prêt.

« Silas, retourne dans le salon, s’il te plaît. »
« Mais j’ai raison hein ? Vous êtes amoureux hein ? »
« Silas. Salon. »

Le petit garçon pouffe de rire, mais obtempère. Mais voilà qui a eu le mérite de doucher d’un coup les envies de son grand frère, qui se retrouve, gêné et stupide, planté dans le couloir, à une distance bien plus raisonnable du slave qu’il n’ose plus regarder dans les yeux.

« Désolé, je, je sais pas ce qui m’a pris. Oh si, il le sait. L’envie violente de le faire depuis plusieurs mois. Je comprendrais très bien que tu veuilles t’en aller, après ça. Même s’il aurait préféré qu’il reste, même malgré cette situation incroyablement gênante pour lui. Mais d’abord, répond-moi. Et sérieusement, s’il te plaît. Il avait très envie de lui demander est-ce que tu m’aimes, mais il se doutait que la réponse serait négative et il était trop épuisé pour avoir le cœur brisé. Je le pensais pas, quand j’ai parlé de la moitié du loyer, et tu le savais. J'étais agacé, et fatigué, et je me suis excusé. Alors pourquoi tu t’es senti obligé de me foutre tout ça sous le nez quand tu sais très bien que j’en ai vraiment besoin et que ça me sortirait de la merde noire dans laquelle je suis ? »

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FACE : Timur Simakov
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ANNEES : 25 ans
CŒUR : Liberté est son maître mot.
TALENT(S) : Des mains qui ne vous veulent que du bien - Thaumaturge.
FACTION : En attente de recrutement - Neutre.
OCCUPATION : Expert en Bien-Etre chez Ikaros, petite magouille en tout genre sur le côté.
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Joke's on you (Alban & Ana) - Ven 20 Mar - 21:03


Joke's on you
Alban & Anatoli


Il n’en avait que faire des reproches de l’Irlandais. C’était une blague qui avait mal tournée, une blague fatiguée qui aurait dû s’achever comme elle avait commencé : dans un haussement d’épaules et l’ignorance la plus complète. Les batailles d’ego pouvaient être divertissantes mais il y mettait toujours trop de coeur. Anatoli ne connaissait la demi-mesure : brûler vivant, brûler la  chandelle par les deux extrémités. Tout prendre au premier degré quand ça l’arrangeait, quand ça lui donnait des excuses, quand ça l’amusait.

Mais ça ne l’amusait guère, de se retrouver plaquer sans qu’il s’y attende contre une porte qu’on lui avait fermé au nez. Anatoli n’était pas dans sa position habituel. Anatoli n’avait pas imposé son rythme, pour une fois. Et voilà soumis à celui de son voisin, qu’il n’aurait jamais cru capable de tel acte. Le petit gars qui rougissait trop facilement, qui se pensait discret avec ses regards appréciateurs, qui ne semblaient que comprendre tardivement le moindre de ces sous-entendus venait de le plaquer contre une porte et de coller ses lèvres sur les siennes.

Anatoli devait bien se l’avouer… Il n’aimait guère cela. Là, il devrait le repousser. Violemment si possible, peu importe le bruit et le bordel que cela engendrerait. Qu’il se prenne un meuble. Qu’il aille en enfer. Il devrait lui écraser sa sacro-sainte main miraculeuse en travers du visage, y laisser la marque rougeâtre de doigts colériques.

Mais surtout, il n’aimait pas perdre.

Alors il ne s’éloigna pas. Au contraire. Saisissant à deux mains le col du t-shirt du jeune homme, il l’attira à lui d’un geste sec. Il en avait marre des règles à l’irlandaise. Maintenant, il jouait avec les règles à l’ukrainienne. Ses lèvres se pressaient, incendiaires, violentes, intensifiant ce qu’il trouvait trop sage, trop simple. Le souffle se voulait court, le rythme cardiaque accéléré. Il ne savait dire si c’était d’anticipation ou de rage contenue. Les mains quittèrent rapidement le col pour descendre, effleurant la couche de tissu mince de cette peau qui lui semblait brûlante. Peut-être bien qu’il pourrait. Peut-être bien qu’il accepterait, si ça devait se déplacer ailleurs, dans d’autres positions. Elles atteignirent enfin le bord du haut, se préparant sans vergogne à s’y glisser pour prolonger le contact. Sa langue, elle, cherchait à approfondir ce que l’autre avait initié.

Mais quand la porte s’ouvrit et que la charmante tête blonde rentra avec ce qui lui semblait être un cri du coeur, il stoppa net ses activités plaisantes pour repousser le grand frère, s’en éloigner. Il avait oublié le gosse. Feignant l’innocence, feignant n’avoir rien entendu – il était bien trop tôt pour parler d’amour et briser des coeurs – il se recoiffa, effaçant le carnage qui venait de s’y produire. Il laissa Alban gérer l’enthousiasme débordant du petit. Anatoli n’était pas doué avec les enfants, ou uniquement lorsqu’il s’agissait de s’amuser ou faire des bêtises.

La petite tête repartir dans le salon, non sans pouffer une dernière fois de rire, étant sûr d’avoir percé les secrets de l’Univers. Le sourire du slave reprit place sur ses lèvres, perdant toute la naïveté qu’il s’était exercé à avoir quelques instants plus tôt. Il se voulait féroce. Affamé. « Et bien, Alban », susurra-t-il le prénom, « c’était quoi, ça ? » Au même moment, le jeune homme s’excusait, balbutiait, l’invitait à partir s’il le souhaitait.

Pas alors que ça devait enfin intéressant. Plus dans ses cordes, moins dans le sentimental.

Mais l’énergie chaotique du moment retomba presque aussitôt. Il ne savait donc pas s’arrêter ? Il était obligé de revenir sans cesse sur cet histoire d’argent ? Lui, qui avait cru que le baiser servait à calmer le jeu, apaiser les tensions. Voilà que de l’huile était à nouveau versée sur les flammes ardentes de sa colère. Le slave soupira. Longuement. Il n’avait aucune envie de répondre tant la réponse lui semblait évidente. Mais il savait également qu’il ne pouvait fuir, le voisin n’acceptant guère le silence comme offrande de paix.

« Tu veux que je te dise quoi, à la fin ? Que les paroles agacées ont un côté plus sincère que j’ai tendance à croire ? Que j’ai juste ramené la moitié du loyer demandée sans penser à tout le reste ? Pardon de ne pas avoir ta situation personnelle en tête en permanence et d’être imbu de moi-même ? Je crois que le petit a faim et maintenant, je peux plus vraiment me casser comme ça. » Murmure fugace, à pointes courroucés. Il n’était pas aussi neutre que souhaité.

Il le quitta des yeux, ferma les siens quelques secondes et puis, saisissant la poignée, il pénétra dans le salon armé de son sourire le plus ensoleillé pour retrouver le bambin qui avait si fièrement dressé la table. « Une si jolie table pour mon retour ? Mais c’est trop d’honneur ça Silas » Le dîner se passa dans la même veine, évitant de croiser les yeux océans. Pas devant le gamin, lui avait-il dit trop de fois pour qu’il oublie. Ça se prolongea un peu par la suite, jusqu’à ce que le marmot soit forcé à rejoindre les bras de Morphée.

Un dernier sourire avant qu’il ne s’affaisse légèrement, retrouvant un sérieux qui ne lui sciait guère. « On peut passer à autre chose ou tu veux encore en discuter ? » Soupir. « Tu peux peut-être enfin me dire comment tu vas. »
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Joke's on you (Alban & Ana) - Sam 21 Mar - 22:11

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Alban & Anatoli


Il sent encore les mains du slave accrochées à son tee-shirt. Le col serré, presque à l’étrangler, avant qu’elles ne descendent en glissant pour se faufiler dessous comme pour le lui enlever. Son propre souffle, très court, alors qu’il n’arrivait plus à aligner une pensée cohérente, à l’exception d’une seule : sa chambre n’était pas bien loin, et ce serait plus confortable dans un lit. Il savait où étaient ses protections, et qu’il soit damné s’il ne reconnaissait pas que là, de suite, maintenant, il avait foutrement envie de se le faire, ce putain de slave insolent qu’il pressait avec force contre sa porte d’entrée. Et peu lui importait qu’Ana, mauvais perdant, lui impose son rythme, plus sauvage que le sien. Le barrage de pudeur avait risqué de céder sous la force de son envie brutale…

Si Silas n’avait pas choisi ce moment pour passer sa tête blonde par la porte.

Maintenant, assis par terre autour du réchaud, avec Silas d’un côté et Anatoli de l’autre, Alban se sent ridicule. Mais qu’est-ce qui lui était passé par la tête ? C’était le seul truc qu’il avait trouvé pour retenir le slave. Mais l’ambiance était tellement tendue qu’il doutait que cela ait été une bonne idée, finalement. Il gardait les yeux résolument fixés sur son assiette, laissant les deux autres discuter. Quel abruti ! Pourquoi est-ce qu’il avait fait ça ? Anatoli ne semblait pas lui en tenir rigueur, cela étant. Il avait été plus qu’enthousiaste à l’idée de lui répondre, et ça le faisait rougir encore plus. Il attendait juste la fin de cette tension dérangeante, maintenant. Que Silas aille se coucher pour qu’il puisse mettre les choses à plat avec Ana. Mais Silas n’avait pas l’air de vouloir aller au lit. Son regard voguait d’un adulte à l’autre avec le sourire de l’enfant qui a tout compris - même si c’était malheureusement plus compliqué que ça.

« Allez louveteau, je sais que c’est cool qu’il soit là, mais il est l’heure d’aller au lit. »
« Oh nooooon ! Encore un tout petit peu ? S’il te plaîîîîît ! »
« Laisse-moi réfléch - non. »
« Mais t’as même pas réfléchiiiii ! »
« C’est vrai qu’il y a beaucoup de choses sur lesquelles je ne réfléchis pas beaucoup, admit-il comme pour s’excuser à mots voilés auprès de son voisin. Mais sur ça, pas besoin de réflexion. Au lit, petit monstre ! »
« Mais, et Ana alors ? »
« Il semblerait qu’il soit apparemment suffisamment grand pour s’occuper de lui-même, piqua-t-il avec gentillesse. Et heureusement. J’aurais pas la patience de gérer deux gosses à la fois. »

Le rire de Silas emplit la pièce, lui arrachant un sourire. Le petit garçon réussit à faire traîner un peu les choses - sa peluche, à boire, faire pipi, les magouilles habituelles qu’Alban accepta avec une effarante docilité - mais finalement, il fut sous la couette, serrant son loup pelucheux contre lui. Il pouvait lutter aussi fort qu’il voulait ; il était épuisé, le petit bonhomme, et en quelques minutes, il dormait à poings fermés, protégé par son terrible loup - la peluche, le grand frère, je vous laisse seul juge de cela. Et après quelques nouvelles minutes d’un lourd silence, Anatoli le brise pour demander à voix basse s’ils peuvent passer à autre chose ou s’ils doivent encore en discuter. Un long soupir lui échappe. Sans déconner, il ne sait jamais quand s’arrêter, ce con ? En guise de réponse, il ferme le poing pour lui frapper l’épaule avec un demi-sourire.

« Ferme-la, tu vas réveiller Silas. »

Doucement, il se relève. Un crochet à la cuisine, un autre dans sa chambre, et il revient au salon quelques minutes après. Le slave n’a pas bougé, mais d’un mouvement de tête, il l’invite à le suivre sur la terrasse, pas bien grande mais parfaite pour ce qu’il avait en tête. Il s’installe sur une des chaises avant de leur servir deux verres d’une vodka traditionnelle achetée à la Bratva quelques mois plus tôt. Il n’était pas très vodka, l’irlandais, mais il avait pris l’habitude d’en boire avec l’ukrainien. C’était un peu sa manière de lui dire qu’il était le bienvenu et qu’il ne gênait pas en restant, malgré ce qu’Alban pouvait dire quand il touchait le fond et qu’une phrase de travers lui suffisait pour qu’il se défoule. Comme le coup du loyer - qui restait quand même plutôt soft comparé à ce que sa pauvre mère avait vécu quand ses crises s’éternisaient. Elle ne lui en avait jamais tenu rigueur - elle mettait sans doute ça sur le fait qu’elle lui en demandait beaucoup. A moins qu’elle ait fini par comprendre qu’il était plus qu’un simple thaumaturge.

Tiens sers-toi, dit-il en poussant la boîte qu’il avait ramené. Mais c’est pas gratuit, j’te préviens. Suspense. Pas longtemps, quelques secondes. Juste pour faire chier. Puisque tu la ramènes tout le temps sur ton génie culinaire, la prochaine fois c’est toi qui cuisines. Typique slave. Si tu me fais des pâtes je te jette par la fenêtre. »

Il pouffe de rire en fermant la porte-fenêtre, pour que l’odeur du cannabis ne rentre pas dans le salon où Silas dormait. Il n’avait, cela étant, toujours pas répondu à Anatoli, qui attendait toujours de savoir comment il allait. Plus mal de jour en jour, avait-il envie de lui dire. Mais il n’avait jamais parlé de ses problèmes à l’ukrainien, comme si ça pouvait le faire fuir. Mais qu’en savait-il ? La plupart des gens prenaient la dépression à la légère. Aère-toi et change-toi les idées, qu’on lui disait, comme si ça pouvait l’aider à aller mieux. Tout ça, c’est dans ta tête, lui avait dit un de ses ex avec le mépris de ceux qui n’ont rien compris - et sa tête, à lui, avait fini à l’hôpital après qu’il lui ait explosé le nez d’un coup de poing bien senti. Les parents de son ex n’avaient pas porté plainte parce que sa mère à lui était du Royaume. Mais il n’avait jamais oublié, et avait décidé qu’à partir de ce jour, il garderait ça pour lui, sauf si ça mettait son petit frère en danger.

« Je vais mieux, maintenant, éluda-t-il en tirant sur son joint. Mais pas parce que t’es là, hein, t’es un sale petit con insupportable, alors te jette pas trop de fleurs. »

Il esquissa un petit sourire, et finalement, avec l’aide d’un peu de cannabis et d’un fond de vodka, il trouva le courage d’enfin lever les yeux vers Ana. Il avait envie de lui dire, quelque part. Désolé pour mes coups de sang, mes phrases cinglantes bien ajustées, le fait que parfois, t’en prenne plein la gueule. Je suis dépressif et j’arrive pas à lutter contre. Mais si je te le dis, est-ce que tu t’en iras ? Est-ce que tu me mépriseras, comme les autres, parce que je me laisse aller et que je fais aucun effort ? Ah, merde, il avait envie de pleurer, maintenant. Il tira à nouveau sur son joint - peut-être un peu trop - et siffla son reste de vodka pour ravaler ses larmes en même temps que l’alcool. Il ne craignait même pas l’ébriété, l’alcool n’ayant que peu d’emprises sur lui. Il se tâtait. Lui dire, ne pas lui dire ? Il n’avait pas envie qu’Anatoli s’en aille. Oh puis merde, il se prenait trop la tête. Un deuxième verre de vodka l’aiderait à aller mieux. Deux verres en même pas trois minutes, meilleur indice pour signaler qu’un truc le travaille.

« Ce qu’il s’est passé, là… Il ne prononça pas le mot argent, mais Ana avait bien compris. Ne recommence pas, s’il te plaît. En ce moment, j’ai pas vraiment la patience de gérer tout ça. C’est… Compliqué. »

Voilà. Comment ça va, Alban ? Eh bah comme tu peux le voir, Ana, ça va mal. Très mal. Alors sois gentil et ne tire plus sur la corde sensible si tu ne veux pas qu’il te jette par le balcon sur un coup de colère… Merci beaucoup, c’est très sympathique de ta part, on apprécie vraiment.

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Joke's on you (Alban & Ana) - Dim 26 Avr - 12:46


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Alban & Anatoli


Une porte-fenêtre qui s’ouvrait. Un signe de tête qui lui adressait la direction à suivre, comme une invitation discrète, secrète, qu’Anatoli aurait pu ignorer. Si cela avait un intérêt. S’il avait voulu continuer à faire sa forte tête, son gamin méprisable. Un signe vers l’extérieur qu’il regrettait presque, pourtant. Au vu du début de soirée, il aurait presque espérer que le voisin désigne une autre pièce pour continuer, entremêlés dans des draps de coton, des discussions plus haletantes. Des limites, il en avait peu, le slave. Mais quand il y en avait, il savait les reconnaître. Et prendre la direction du balcon en était clairement une, qu’il se devait d’accepter. Quelques pas, distance misérable, distance de pauvreté bien à eux, pour sentir un air frais l’enrober et lui faire regretter d’avoir laisser sa veste dans l’entrée.

Le vestibule des cieux était étroit, mais suffisant pour deux. Intime sans l’être puisqu’il avait une vue imprenable sur le sien. L’un des deux aurait pu, avec le temps, tenter de créer un semblant de privatisation. Et pourtant… L’espace était toujours dégagé, sans aucune pudeur, sans aucune barrière. Partagé. Sur le métal défraîchi d’une table d’appoint, une liqueur salvatrice et des herbes odorantes claquèrent avec douceur, résonnant dans une nuit totale, à l’abri des regards. Il prit place sur l’une des deux chaises, pestant contre la fraîcheur qui s’immisçait contre sa peau. Et puis, comme envoûté,  ses bras se croisèrent sur la rambarde et sa tête s’y posa, absorbant du regard la ville à leurs pieds.

C’était pour ça, qu’il avait choisi cet appartement. Il aurait pu trouver mieux, certainement. Sa mère avait insisté pour le rapprocher de la maison. Pour trouver quelque chose dans un quartier plus convenable. Mais Anatoli n’avait rien voulu entendre.

L’Irlandais s’affairait, tout en taquinant. Sans le regarder, Anatoli souriait. Alban n’avait plus la même sécheresse dans la voix. Il n’était plus un désert aride sur lequel le slave s’était écorché mais les bords d’une source, tentant de rester verdoyants malgré les conditions déplorables de l’endroit où elle se situait. L’ukrainien se pencha légèrement, comme pour évaluer la hauteur de sa chute si le jeune homme mettait ses menaces à exécution. « Tentant. Je me suis toujours dit que je ferais un excellent Icare. Mais ne pas te faire mon célèbre bortsch, ce serait déshonorer les grand-mères qui m’ont recueilli... »

Une vue imprenable sur une ville qui n’attendait que lui. Avoir la sensation permanente qu’elle était à ses pieds. Qu’il y était maître, qu’il y était libre. Cette sensation de hauteur, qu’il avait pensé ne jamais éprouver. Et puis, ce sentiment d’éloignement, perché là-haut, loin de cette masse rutilante, troupeau pleins de bons sentiments et d’espoirs anéantis.

L’odeur agréable lui titilla les narines sans parvenir à le détacher de sa contemplation. Le compliment lui arracha un petit rire. D’autres se seraient sans doute énerver, d’être traité de la sorte. Mais Anatoli avait appris à reconnaître dans ces mots, dans la rugosité de ces déclarations l’amour que les gens lui portaient. Il était fatiguant. Il était un petit con insupportable. Il tapait sur les nerfs bien plus qu’il ne l’imaginait. Mais il savait qu’il épiçait les vies dans lesquels il squattait, sans demander son reste.

Un royaume sous ses fenêtres, pour ce gamin qui voulait tout. Pour ce gamin qui brûlerait la chandelle des deux côtés, pour pouvoir se dire qu’il avait bien vécu. Il n’était pas rare de le voir, au milieu de la nuit, en plein jour, clope au bec, cheveux au vent, lancer sur Arcadia ce regard appréciateur qu’il réservait d’ordinaire à ceux avec qui il partagerait quelques instants éreintants.

Le verre s’était soulevé trop de fois pour que cela soit naturel, emprunt de légèreté. Anatoli détourna enfin le regard, pour regarder Alban. Regard incertain, regard interrogateur. Les mots lui semblaient hésitant, balbutiés. « Ouf, pendant 30 secondes, j’ai cru que t’allais me demander d’arrêter de me faire si facilement plaquer contre une porte. » tenta-t-il, comme pour distraire Alban avant de s’emparer lui-même de ce verre qui le narguait afin de l’avaler d’un trait, d’un geste.

Un royaume partagé, désormais. Il avait hésité, à louer les deux appartements, pour être sûr que rien ne viendrait gâcher son Paradis perdu. Et voilà qu’un jour, un gamin de son âge – infiniment plus vieux, infiniment plus sage – débarquait avec un vrai gamin. Discrets alors qu’il ne l’était pas. Mélancoliques alors qu’il s’enflammait. Tout les éloignait, à y regarder. Et pourtant…

« Je peux m’occuper de Silas, un jour, si tu veux. Pour te dégager un peu de temps pour toi. ». Parce qu’Anatoli ne savait pas s’excuser. Parce qu’il ne savait pas affirmer que tout irait bien. Parce qu’il ne savait pas comment dire sans brutalité à l’autre qu’il n’était pas dupe. Qu’il ferait bien d’aller voir un psy, chose taboue et défendue, que lui-même n’aimerait pas entendre. Alors, maladroitement, il tentait de montrer qu’il était là – et bien rare, cela était, de sa part – malgré son arrogance, malgré son égoïsme. « Si t’as besoin de calme pour dessiner, par exemple. Je suis sûr qu’il serait ravi de venir hurler chez moi. Je lui apprendrais pas trop de bêtises. »

La bouteille de vodka s’abaissa à nouveau en direction de son verre puis fila en direction de celui de son hôte. « Puisque tu sembles bien parti, autant continuer. » La lueur orangée des cendres illuminaient la nuit, comme des petits lucioles s’éteignant aussi vite qu’elles étaient nées, au rythme des bouffées de l’irlandais. Trop rapides, trop régulières. « Vas-y mollo quand même. Ça n’arrangera rien, d’avoir la tête à l’envers et se mettre à gerber dans 5 minutes… Fin après, je suis pas ta mère non plus. » Le slave retourna vers la vue qui s’offrait à eux, les doigts jouant une mélodie nerveuse sur le métal. Il n’était pas bon, pour ça. Il ne savait pas quoi faire.

A part faire l’idiot.

« Y a d’autres moyens d’évacuer la pression, tu sais. » Sourire en coin, sourire vagabond et racoleur. « C’est ouvert tous les jours, en permanence. Anatoli à votre service, M’sieur. J’ai des mains fantastique, parait-il. Tarif préférentiel pour les frères… Arg non, ça, c’était dég’» Ricanement crétin, les doigts se tendirent vers le joint qu’il avait ignoré jusqu’à présent. Il ne servait à rien de se retenir, au final. Autant craquer.
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