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Une lumière au bout du tunnel

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Une lumière au bout du tunnel - Mar 7 Avr - 22:12







Une lumière au bout du tunnel



J'étais épuisé. Au bord de l'évanouissement. J'avais quasiment pas pioncé d'puis plusieurs jours, et à peine bouffé. J'avais essayé d'suivre toutes les pistes qu'on m'avait r'filé, toutes celles auxquelles j'avais pensé. C't'affaire commençait à avoir raison d'moi, mais pas question d'm'arrêter. Y avait trop en jeu. Pas seulement ma réputation, même si c'était d'jà important, mais surtout de r'trouver une pauv' mioche disparue. J'commençais à flipper. J'me disais de plus en plus que malgré c'que j'avais pu dire à sa mère, elle était p't-être déjà morte. Ça m'foutait un putain d'frisson dans tout l'dos. Pas l'temps de se r'poser.

J'ai commencé par les flics de New-York. Y en avait encore quelques-uns qui m'avaient à la bonne. J'les ai mitraillés d'questions, sur la mère, le père, les voisins, la voiture, les témoins, tout. Rien à en tirer. Pour ceux qui se souv'naient d'l'affaire, y avait rien à faire. Un crime, c'était certain, mais qui et pourquoi, personne le savait, et tout l'monde s'en foutait. Pas d'empreinte, aucune trace, rien d'tangible. J'ai trouvé la même carte postale partout en ville. La plaque d'immatriculation dont se souv'nait l'mari était une bagnole volée. J'avais écumé tous les tripots et les coins louches de la ville, j'avais pété des phalanges, éclaté des verres dans la gueule, lâché du pognon, mais personne n'était au courant d'un enlèvement d'enfant. J'avais d'quoi balancer une trentaine de dealers, mais pas un seul môme. À Arcadia, les flics avaient à peine pris connaissance du dossier. Ils s'en r'mettaient à leurs collègues de New-York.

Ce soir-là, j'en pouvais plus. Il fallait que j'me pose. J'avais plus aucune piste à suivre, plus rien qui m'tenait d'bout. J'croyais avoir connu l'désespoir, mais là j'étais encore bien plus profond. J'avais envie d'crever. Je pouvais pas rentrer et juste appeler cette pauv' nana pour lui dire que j'avais rien. Et j'pouvais encore moins la laisser poireauter pour des prunes. J'savais plus quoi faire. Alors comme à chaque fois que j'savais plus trop où j'en étais dans ma vie, j'suis allé m'poser dans un bistrot, un truc tranquille, où j'étais pas encore connu et où mon ardoise était vierge. J'ai commandé, et j'ai cherché l'inspiration au fond d'un verre. Ça n'avait jamais marché, mais qui sait, p'-être que ce soir-là, un magicien allait v'nir exaucer mes vœux.


Codage par Libella sur Graphiorum

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Pancras Gysin
BLAZE : Tragédie
CREDITS : ?? (ava) + Tumblr (gifs)
FACE : Joe Gilgun
DOLLARS : 3482
SACRIFICES : 225
ANNEES : 35 ans.
CŒUR : Désertique, comme le Sahara.
RÉINCARNATION : Djinn
TALENT(S) : Octroi de vœux / Invisibilité
FACTION : Neutre. Rien à péter des rivalités entre mafieux.
OCCUPATION : Cuistot crado à mi-temps à l'Uncle Jay’s restaurant / Mascotte pour une enseigne publicitaire / Petite frappe.
JUKEBOX : GTA soundtrack
RUNNING GUN BLUES : Une lumière au bout du tunnel Tumblr_otgwr8JGHL1r970z9o2_500
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Une lumière au bout du tunnel - Mar 28 Avr - 22:26



Malgré l’heure tardive, galopin courait encore les rues, à la recherche d’un endroit où festoyer et tuer le temps. C'est que ses idées destinations commençaient à se réduire comme peau de chagrin ; Catalogué fouteur de merde, les proprios’ de bistrot grinçaient souvent des dents, lorsqu’ils voyaient la trogne de ce moineau à grande gueule passer la porte de leur établissement. Certains rembarraient le génie avant même qu’il n’ait atteint le comptoir. A croire qu’il n’y avait que Baba’, finalement, qui supportait pleinement son côté fantasque et ultra chiant.

… Ainsi que les commerçants du vieux quartier. Fallait dire que cette zone n’était que vaguement côtoyée - mieux valait ne pas faire la fine bouche, lorsque la clientèle daignait s’y présenter. Même lorsqu’il s’agissait de parfaits zouaves, comme Pan'. Celui-ci appréciait d'ailleurs ce coin reculé d'Arcadia, pour n'y avoir été que très rarement recalé.


C’est donc sur un scooter pétaradant que Gy’ se rendit au quartier industriel. Le djinn préférait éviter - pour un temps - les bars du centre ville, où quelques malabars lui avaient promis de lui casser la tête et plus si affinités. Son arrivée dans le troquet ne passa pas inaperçue ; il posa brusquement son casque sur la surface plane. Fit sursauter un glandu, qui commençait à piquer du nez.

« Un vodka tonic, steuplait vieux !  » Lança t-il guilleret, à l’attention du barman. Il soupira joyeusement, jeta une œillade à son voisin. Un mec qui tirait une gueule d’enterrement. Pan’, constamment à la recherche d’échanges sociaux en tout genre l'interpella ;  « Alors mon coco qu’est c’qui t’arrives ? … T’as la tête d’un type qui vient d’se faire larguer  .. T’fais pas d’mouron, t’en trouveras surement une autre, c’pas ça qui manque ! S'tu veux, j’ai une adresse ; que des chaudasses faciles - Bon c’pas forcément des canons, mais en cas d’chasse, ça peut toujours faire l’affaire. Après, faut juste faire gaffe, parc’que moi j’ai d’jà chopé la chaude-pi.. » «  Gy’, commence pas à faire ton cirque.  » Ronchonna le trapu de service, avant de faire glisser la consommation vers le djinn. « Hey no stress, j'sociabilise, j'console ton client ! » Se défendit-il, les deux mains mises en évidence. Et le patron d’ajouter, en s’adressant au quadragénaire éreinté, aux cernes creusées ; « S’il vous emmerde, n'hésitez pas à l’envoyer chier. Ce mec est pété du ciboulot. »


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Une lumière au bout du tunnel - Mer 29 Avr - 9:53







Une lumière au bout du tunnel



Un gars est entré dans l'bistrot, pendant que j'ressassais mes idées noires tout en r'plongeant avec honte et résignation vers des démons qu'j'essayais d'combattre depuis des années. Il faisait un bordel impossible à ignorer. Lorsqu'il s'est tourné vers moi pour m'causer, le patron m'a suggéré d'pas lui prêter attention. Mais j'étais d'jà à côté d'mes pompes, et après toute la merde que j'avais pu voir en quelques jours, j'devais reconnaître que ça m'faisait du bien que quelqu'un m'adresse la parole sans m'insulter. Moitié triste moitié beurré, j'me suis tourné vers lui.

- C'est pas une gonzesse que j'cherche, j'lui ai dit. Pas une adulte, en tout cas.

J'ai subitement réalisé qu'ma phrase pouvait être très mal comprise, alors j'me suis magné d'm'expliquer.

- Je.... J'suis un privé. J'recherche une gamine disparue. Et j'ai rien putain. Pas une piste, pas un indice. J'sais même pas si elle est encore vivante. J'ai rien...

J'ai r'foulé avec difficulté une larme qui commençait à s'pointer. J'savais qu'ma voix tremblante me trahissait. Mais j'avais b'soin d'me confier, et les idées plus très claires.

- J'sais plus quoi faire, j'sais plus où m'adresser. J'suis au fond, là. I'm'faudrait un putain d'miracle pour retrouver c'te môme.

Mes yeux sont allés droit au fond d'mon verre. J'ai réalisé avec honte qu'le courage liquide dont j'm'abreuvais constamment était en fait une des sources de mes problèmes. J'ai r'gardé le type qui m'avait adressé la parole, j'ai r'gardé mon verre, et j'lui ai passé.


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Une lumière au bout du tunnel - Lun 11 Mai - 22:40





Gy’, interdit, adressa une oeillade perplexe au type éploré, lorsque celui-ci insinua chercher une gosse. S’agissait-il d’un vieux dégueulasse en cavale ? Habituellement, c’est à la sortie des écoles, ou dans les parcs qu’il opéraient. Avec des bonbons plein les poches. Pas dans un bistrot tout naze, au fin fond du trou du cul du monde.


Lorsque l’inconnu se reprit, Pan’ se détendit. S’enfila une gorgée d’alcool, tandis que l’autre conta les faits tout en s'empêchant de chialer, affalé sur le comptoir. C’est qu’il faisait presque pitié, le pauvre gars, à renifler au-dessus de son verre, la mine toute éteinte. Et Pan’, quand on le prenait par les sentiments, comme ça, il avait tendance à se transformer en vraie guimauve. « Hé mec, t’rends pas malade comme ça… Y’a toujours des solutions, tu l'sais ça ?! J’suis sur qu’on va la retrouver ta mioche là ! » Qu’il déclara, bravache, tout plein d’espoir.

« Elle a quel âge, d'ailleurs ? C’t’un enlèvement, une fugue ? T’sais, quand c’est ado’, c’est hyper con ! ça te fait des crises existentielles pour un rien et ça croit qu’ça peut changer le monde ! P’tet qu’elle reviendra d’elle même ?  » Une brève expression nostalgique zébra sa trogne ; C’est qu’il se retrouvait un peu, dans ses propos - C'était même du vécu. Or, jamais sa mère ne s'inquiéta à ce point de ses disparitions inopinées. « Tu as fini ta crise ?  », qu’elle lui demandait, caustique, lorsqu’il montrait de nouveau le bout de son nez.

Pan’ resta un moment reluquer le quidam. Il semblait tellement au bout de sa vie ! Jusqu’à en repousser sa bibine… Non, vraiment - ce type était totalement désespéré.

Alors, en silence, le génie spécula ; Et si, pour une fois, il daignait œuvrer pour le bien ? Si, pour une fois, il s’abstenait de jouer au sale con ? Gy’ se rapprocha du type et sur le ton de la confidence, il dit ; « He, en vrai, tu m’crois si j’te dis que j’te la trouve, moi, la mioche ? Comme ça, en un claquement de doigts ! » Il accompagna le geste à la parole. « A croire qu'aujourd'hui, c’ton jour de chance poto ! C’est p’tet le destin qui m’a mis sur ton chemin, qui sait ?! » S’exclama t-il, avant  de vider son verre de moitié.

 





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Une lumière au bout du tunnel - Mar 12 Mai - 10:40







Une lumière au bout du tunnel



Le nez penché sur l'comptoir, j'écoutais à peine le type à côté qui essayait d'me remonter l'moral. J'répondais quand même à ses questions, sans trop savoir pourquoi, par dépit.

- Non, pas une ado. Une môme. Toute petite. 6 mois à peine. Disparue d'puis 2 ans. J'te laisse imaginer si c'est facile à r'trouver...

Le gars avait l'air de cogiter un peu, du coin d'l'œil j'voyais sa tronche passer d'une expression à l'autre. Finalement il m'a sorti une proposition à laquelle j'm'attendais pas. J'ai senti furtivement une bonne partie d'l'alcool s'barrer rapidement d'mon sang, et l'sang rappliquer dare-dare au cerveau. C'était l'moment d'bien réfléchir. Est-ce que l'mec était en train d'm'avouer qu'il connaissait la gamine ? Est-ce qu'il avait des infos ? Des contacts ? J'ai décidé d'la jouer prudent. Sans tourner la tête du comptoir, j'ai mis tous mes sens en alerte. Si l'gars tentait d'se barrer ou d'm'attaquer, fallait que j'puisse réagir sur le coup.

- Parce que tu peux r'trouver des gens disparus d'puis des années ? T'es quoi, un privé toi aussi ? Un flic ? Ou juste un magicien, tout simplement ?

Il y avait apparemment un espoir, alors j'allais l'suivre jusqu'au bout. Comme je l'disais souvent, si i't'reste la force de t'plaindre, i't'reste la force de t'battre.


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Une lumière au bout du tunnel - Dim 14 Juin - 14:57







Une lumière au bout du tunnel



La dernière goutte. C'était tout c'qui restait dans mon verre. Une pauv' goutte de rien. Après, c'était fini. Ça f'sait un mois que j'poireautais à c'comptoir, littéralement. Un mois que j'regardais c'mec dans l'blanc des yeux en attendant d'savoir c'qu'il avait à m'dire. Ç'avait l'air important, alors j'm'étais dit que j'pouvais bien patienter un peu, mais là ça commençait à faire un peu long. J'avais survécu en buvant une à une toutes les bouteilles du bar, en mangeant tout c'qui s'mangeait : les cacahuètes, les cornichons, mes ongles, tout. J'avais perdu 30 kg et un peu d'motivation. Là, j'arrivais au bout. Les crieurs publics v'naient d'annoncer qu'la môme pour qui j'avais commencé c'taf était cannée. Donc, plus la peine de finir, j'me f'sais chier pour rien. J'avais plus rien à espérer d'c'te rade, d'ce mec, d'cette ville, plus rien. J'allais finir en apothéose, que personne oublie jamais ma gueule.

- Bon, j'ai dit tranquillement. Ben tu m'excuseras mais j'dois y aller hein.

J'ai balancé c'qui m'restait d'biftons dans la poche sur l'comptoir pour payer c'que j'avais ingurgité en un mois. Mais d'puis l'temps qu'j'avais pas vu sa gueule, j'savais même pas si l'taulier était encore en vie. J'suis sorti et j'ai respiré un grand coup.

Ça y est. C'était fini. Tout était fini. La culpabilité, l'alcoolisme, mon délire de privé de polar noir. Tout. J'allais pouvoir reprendre une vie saine, sur de bonnes bases, redevenir un citoyen utile à la société. J'allais commencer par donner de mon temps aux bonnes œuvres, m'occuper des plus nécessiteux, trouver un vrai travail - par exemple comptable, pourquoi pas ? - et me rapprocher des gens. Me faire des amis, peut-être trouver l'amour de ma vie, pourquoi pas ? Fonder une famille, devenir un membre actif de la communauté. Tout était possible, mon cerveau fourmillait d'idées et d'ambitions toutes plus démesurées les unes que les autres ! Ça y est, j'allais rentrer dans le moule, et avec le sourire en plus !

J'ai fait un pas glorieux et conquérant vers mon nouveau futur. Et je suis tombé dans une bouche d'égouts que les gars de la voirie avaient oublié de refermer. Et je suis mort. Putain parfois c'est con la vie quand même.


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