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How to kill a nightmare (Kieran & Isaak)

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How to kill a nightmare (Kieran & Isaak) - Lun 30 Mar - 20:46

How to kill a nightmare

Kieran & Isaak


Colère brûlante. Colère puissante. Elle tenait depuis le milieu de la matinée, nourrie sans cesse par sa rancune qui le poussait à rester dans cet état. Foutu Vidar. Foutu bordel. Foutus clients, qui avaient pris cher quand il s’était servi des récalcitrants pour passer ses nerfs à vif, préférant engueuler un inconnu en tort qui ne piperait pas mot de peur d’avoir des ennuis avec la Bratva plutôt que son ange - contre qui sa colère était dirigée. Pour tout, pour rien. Parce que l’homme-loup avait eu le malheur de rentrer dans le bureau quelques minutes après le départ de gens sur lequel il avait exercé son pouvoir de paix pour la signature d’un contrat juteux pour l’organisation, et que le contrecoup, violent, l’avait poussé à se braquer sur lui en pensant, à tort, qu’il voulait lui faire des avances au travail. Ce n’était pas parce qu’ils bossaient dans un bordel qu’ils devaient se croire tout permis. Isaak s’était énervé, frustré et à cran. La colère du loup avait flambé d’un coup. De sales paroles avaient été échangées - des paroles qu’ils regretteraient tous les deux plus tard - et le colosse était sorti furieux, claquant violemment la porte derrière lui.

Le reste de la journée avait été utilisé pour l’éviter consciencieusement. Ils n’avaient pas mangé ensemble. Ils ne s’étaient pas adressé un mot les rares fois où ils se croisaient. Kieran ne voulait pas passer ses nerfs sur lui, alors il attendait que la colère décroisse. Autour de lui, les gens filaient doux. Les employés ne l’avaient pas dérangé, ses collègues réglaient leurs problèmes tous seuls comme des grands. A la fin de son service, il avait attendu, patiemment, un peu calmé, pour s’excuser et se faire pardonner en bonne et due forme. Un restaurant, peut-être, tout ce qu’il voudrait. Mais Isaak n’était pas sorti du bureau. Peut-être était-il encore fâché, lui. Il avait attendu longtemps - presque une heure - avant de, finalement, rentrer tout seul au bercail, une sale sensation dans la tête, comme une boule d’angoisse dans le ventre qu’il essayait de ravaler. Il avait laissé son frère d’âme gérer, et c’était le loup qui les avait ramenés à la maison après un très grand détour destiné à lui changer les idées.

Mais peine perdue. Pour aussi bien qu’il soit à la fin de la - très longue - balade, une fois rentré à la maison, la boule au ventre revint, plus forte, plus présente, plus nocive. Il n’y avait pas un bruit. Isaak n’était pas rentré. Il était donc encore au travail - il l’évitait parce qu’ils s’étaient disputés. Peut-être rentrerait-il tard. Peut-être ne rentrerait-il pas du tout. « Ne dis pas n’importe quoi. » Les affaires sont négligemment posées sur une chaise avant qu’il ne se laisse tomber sur le canapé, où il est rejoint quelques secondes après par le petit chat gris ébouriffé qui leur tient lieu d’animal de compagnie. Il n’a pas vraiment de nom, le sauvageon. Il les acceptait tous mais ne répondait à aucun, aussi avaient-ils d’abord décidé de le nommer Garou, avant de partir sur Chagarou, beaucoup plus drôle et digne de leur humour de merde. Le petit chat l’aimait beaucoup - et c’était d’ailleurs le seul qui l’appréciait, raison pour laquelle ils l’avaient gardé.

« Heeeey p’tit monstre. Papa est à la maison ou je suis le premier rentré ? »

Le chat ronronne sous sa main, faisant sourire le gros loup bourru. Il ne l’admettrait jamais mais il l’aimait énormément, ce chat. C’était reposant de l’entendre être heureux d’un rien. Ça lui permettait de se vider l’esprit, de ne pas penser à l’absence d’Isaak et à l’inquiétude qui le rongeait de l’intérieur. Il était tard. Pourquoi n’était-il pas là ? Allait-il seulement rentrer ? « Bien sûr qu’il va rentrer. Il a sa vie ici, regarde autour de toi. » L’humain obéit, et son regard parcourt placidement la pièce. Le chat qu’ils ont choisi à deux - ou plutôt qui les a choisis, son bazar de peinture qui occupe l’espace, la décoration qu’ils ont refaite, les bibelots sauvés de chez ses parents et étalés partout, les souvenirs de leur vie à eux dispersés dans des photos, des objets, le châle fleuri couvert de poils gris, le carnet de croquis négligemment jeté sur la table… Il ne partirait pas sans tout ça. Mais qu’il ne soit pas là le démoralise énormément. Il sent son hybris qui pulse, qui n’attend qu’une occasion pour le mettre à terre. Autant qu’il aille se coucher plutôt que de déprimer. Avec un peu de chances, demain, Isaak serait là, et ils pourraient en discuter calmement.

C’est sans volonté - et sans avoir mangé, au grand désespoir du loup - qu’il s’effondre dans le lit, ne se mettant qu’à peine sous les draps. Il est persuadé qu’il ne va pas réussir à dormir et que d’ici cinq minutes, il sera debout, l’estomac du loup dans les talons, à casser rapidement la dalle pour qu’Oeil de Nuit lui foute la paix. Pourtant,il ferme bien vite les yeux, et sombre avant qu’Isaak ne rentre. Il n’entend ni la porte de la chambre qui s’ouvre, ni l’ukrainien qui s’allonge à côté de lui - sans le toucher. Sommeil profond. Sommeil dangereux. « Réveille-toi Kieran. » Trop tard. L’hybris n’attendait qu’un relâchement, qui lui est offert sur un plateau d’argent. Il s’élance, faisant fi du loup qui gronde pour protéger leur esprit. Mais protéger son esprit de soi-même, c’est plutôt compliqué, même pour un loup.

La scène se rejoue dans sa tête, mille fois déformée par la peur. La colère dans le regard de l’ukrainien, sa propre rage qui pulse et qui grogne comme un loup. L’autre qui recule de peur quand il avance - par les dieux, est-ce que ça c’était vraiment passé ? - et la terreur abjecte dans les yeux pourtant aimés qui voudraient maintenant le voir disparaître. « Kieran, réveille-toi ! » Il y met de la force, le loup, pour réveiller l’humain dont le souffle se fait plus court à mesure que le cauchemar progresse. Lui qui ne bouge quasiment pas dans son sommeil se retrouve à remuer en grognant faiblement pour chasser la vision d’horreur qui se joue derrière ses yeux clos. Isaak terrifié alors que la porte claque avec violence, et les mots redoutés répétés encore et encore. Je te déteste. Dans son cauchemar, il n’en a rien à foutre. Dans son lit, il commence à s’étouffer de panique à mesure que l’air lui manque. Il n’a pas conscience qu’il pleure et qu’il se roule sur lui-même pour échapper à son hybris. Isaak le déteste. Il est parti. Trop de colère, trop de possessivité. Tout est sa faute. Tout est sa faute. Tout est sa -

« RÉVEILLE-TOI ! »

Violente douleur dans son esprit. Oeil de Nuit, finalement, est passé à l’action, pour mordre ces noires pensées - et réveiller l’humain qui se redresse, en larmes et à bout de souffle, trop rapidement pour que ce soit naturel. Panique. Il ne sait plus où il est. Respirer est difficile, réfléchir encore plus. Il est prostré sur lui-même, et de terrifiant habituellement, l’avtoritet est devenu misérable, secoué de larmes et aux mains agitées de spasmes qui enserrent ses cheveux à se les arracher. « Respire, mon frère, tout va bien, c’était juste un cauchemar… » Mais éveillé ou endormi, le cauchemar continue. Isaak est parti, et il est seul maintenant. A quoi bon continuer, si Isaak n’est plus dans sa vie ?

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bratva
Konstantin Ezekielovitch
BLAZE : SpleenC
CREDITS : Creature (ava)
FACE : Joland Novaj
DOLLARS : 1788
SACRIFICES : 132
PORTRAIT : How to kill a nightmare (Kieran & Isaak) 33c19329d32c7d938f7f312dca47c810
ANNEES : 26 ans
CŒUR : Coeur comme un pendule : en couple, célib, en couple, célib.
RÉINCARNATION : Réincarnation de Kotchei l'Immortel (Héros slave)
FACTION : Bratva dans le sang depuis des années.
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How to kill a nightmare (Kieran & Isaak) - Mar 31 Mar - 21:02


How to kill a nightmare
Kieran & Isaak


La tête heurte le bois solide de son bureau alors que la porte s'abat avec force sur le chambrant de la porte. Un long soupir d'épuisement lui échappe des lèvres. Les mots qu'il avait usés étaient bien trop violents, bien trop durs pour qu'il les assume avec autant de vigueur, avec autant de panache. La lueur fugace, perverse qu'il était certain d'avoir perçue dans les yeux lupins ne lui avait guère plu. Et ses doutes les plus profonds - il n'y a pas d'amour, pas de sentiment, que du physique et de la manipulation - l'avaient repris. Le prennent toujours, le front contre la surface rugueuse, que ses ongles avaient striés de stress les jours, les mois, les années qui avaient précédés ce coup de sang. Il pourrait rester toute la journée dans cette position, à ruminer sans fin. Pour une fois, juste une fois, il aimerait être lui-même. Il aimerait être un être véridique, sincère, que les gens aiment vraiment. Et non pas une simple marionnette, qu’on prend, qu’on jette et qu’on remise jusqu’à prochain usage.

Mais il n’y a plus d’amour sincère sur cette bonne vieille Terre.

Les heures glissent, sonnent et résonnent de leur coucou assourdissant. Elles entraînent avec elles les filaments d’un désamour puissant. Peut-être bien, qu’il avait exagéré. Peut-être bien, qu’il aurait dû simplement lui dire de revenir plus tard. Mais peut-être aussi qu’il avait raison, que Volkov ne l’aimait plus, ne l’aimait guère mais n’avait pas osé – n’ose toujours pas – s’en débarrasser après l’avoir fait virer de chez lui. Et pourtant, au fur et à mesure de la journée, les moues dédaigneuses se transforment en gêne voilée. Il sait qu’il a eu tort, de le fustiger ainsi pour quelque chose qu’il s’était imaginé seul. Mais dans ce bordel, ils n’ont pas le temps de s’épandre en excuses. Mais dans ce bordel, il veut rester discret. Tout le monde le sait déjà, pour l’assistant de direction et le chef de la sécurité. Mais Isaak reste Isaak, l’homme qui souhaite un jardin privé plus grand que l’Eden encore.

Et puis, alors qu’il élabore des plans sur la comète – restaurant ? Un bouquet de lys blancs, avant de rentrer ? Et une bouffe maison, c’était pas mieux ? - le patron pénètre dans le bureau et l’agresse d’un coup d’heures supplémentaires qu’il n’avait pas vu venir. Il devrait refuser, lui dire de se les carrer bien profond dans un endroit dont il était embarrassant de parler, quand il s’agissait de votre supérieur. Mais Isaak reste neutre et accepte sans rechigner les lourdes besognes. Tant pis, il rentrerait plus tard. Tant pis pour les fleurs, ça ne serait pas possible. Mais peut-être que leur petit traiteur adoré serait encore ouvert ? Surtout s’il se dépêche de finir l’ensemble vite et bien.

Il aurait peut-être dû le prévenir. Mais pour ça, il aurait fallu y penser. Et pour ça, il aurait fallu avoir son portable sur soi. Et avoir la possibilité de l'allumer à loisir.

La nuit lui paraît déjà bien tardive quand il parvient enfin à en saisir la fraîcheur. Il fouille son sac, ne retrouve pas le précieux téléphone, en profite pour terminer le morceau de chocolat qu’il lui reste. Pas de détour prévu puisqu’il a déjà assez tardé. Les rues sont sombres, froides et le poussent à aspirer à la chaleur du foyer, non loin mais à une éternité, selon ses estimations.

Foyer qu’il trouve éteint, plongé dans les ténèbres. L’allumette craque, la flemme virevoltante de la bougie inondant le salon d’une lueur réconfortante. Les affaires de Kieran, posées presque artistiquement sur une chaise, lui indique que son cher et tendre est présent, au moins. Au lit déjà, sûrement. Sa montre retrouvée sous une palette lui confirme l’heure tardive. Il soupire à nouveau, pour la centième fois de la journée. Il se permet un rapide détour par la cuisine, histoire d’avaler un truc, histoire que sa vaisselle coupable traîne dans l’évier, preuve qu’il s’était nourri. Pas comme Kieran. Isaak fronce les sourcils, inquiet. Etait-il vraiment rentré ? Il s’était peut-être simplement restauré à l’extérieur. Seul. Avec un ami.

Chagarou vient miauler dans ses chambres et l’entraîne vers la chambre. Il sourit en voyant la silhouette endormie. Kieran dort déjà. Au moins, il est rentré, bien avant lui. Il est l’heure de le rejoindre. Les lumières s’éteignent, les vêtements se quittent. La couette se soulève avec douceur et l’ukrainien s’installe pour rejoindre le pays des songes, prenant garde de ne pas toucher son compagnon.

Et puis, cela s’agite, à ses côtés. Kieran bouge beaucoup. Beaucoup trop. Il grogne, bruit inhabituel qui vient trouver le dormeur. Les sourcils d’Isaak se froncent, encore, en une moue d’inquiétude. Entre deux phases de sommeil, il murmure d’une voix pâteuse le prénom de son conjoint.

Et quand l’autre se redresse en un sursaut incontrôlé, Isaak se retourne, entrouvre avec peine les yeux. « Kieran ? » Le spectacle ne lui plaît pas. Alors, il se redresse et tente de capter son attention, sans succès. « Kieran. » Les doigts trop fins partent à la recherche de ceux crispés avec force dans la chevelure bouclée. Il espère que son doux touchés le ramène un peu sur Terre, dans leur lit. Il tente de se saisir des mains, pour entremêler leurs doigts. Les éloigner du visage aimé, pour que les yeux puissent se capter, se rencontrer. « Kieran, tout va bien. Ce n’était qu’un cauchemar. Mon coeur. » Sa main droite file vers la joue, humide, pour l’accueillir dans une caresse et le forcer à relever la tête. Il doit le voir, il doit absolument lui montrer qu’il est là. « Je suis là, tu vois ? Tout va bien. Je vais me lever te chercher un verre d’eau. D’accord ? »

A reculons, il file à la cuisine. Il lui fait face autant que possible, sourire rassurant aux lèvres. Mais il sait que dans ses yeux brillent l’inquiétude, l’anxiété. Il revient rapidement, armé d’un verre d’eau et d’un morceau conséquent de chocolat. « Tiens. Bois. Et mange, ça te fera du bien. Je suis désolé. » Isaak se rassit sur le bord du lit, coupable, triturant la couverture du bout des doigts, avant qu’ils ne se posent sur les genoux de Kieran.
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How to kill a nightmare (Kieran & Isaak) - Jeu 2 Avr - 18:05

How to kill a nightmare

Kieran & Isaak


Dire qu’il se sent mal est une métaphore. Loin d’être frais comme un gardon après son violent cauchemar, il s’étouffait de panique, manquant d’air et trop terrifié pour seulement penser à chercher de l’air ailleurs. Mais ça bouge à côté de lui. Il n’a ramené personne pourtant, trop fidèle à Isaak pour ça. Mais Isaak est parti. Cependant, ce sont ses douces mains qui attrapent les siennes pour qu’il lâche ses cheveux, et ce sont ses longs doigts fins qui s’entremêlent aux siens. Sous la surprise - Isaak est toujours là ! - Kieran en est médusé, et il reste silencieux, tandis que son regard perdu remonte vers celui de l’autre slave, qui lui parle sans l’atteindre.

Mais il disparaît, d’un coup, et un bref gémissement échappe à l’homme en panique qui ne comprend pas ce qu’il lui arrive. Isaak était là, quelques secondes auparavant. Maintenant, il a disparu. Est-ce que c’était juste une blague de son hybris ? Le lui montrer pour mieux le lui enlever ? S’il s’attendait à ce que Kieran morde à l’hameçon, c’est réussi. Son cœur est brisé et les larmes ne s’arrêtent pas de couler. Il ignore que l’ukrainien est juste parti chercher un verre d’eau pour le calmer. Prostré dans son lit, il le croit parti, loin de lui, et son hybris déchaîné lui montre mille et une horreurs qu’il aurait préféré ne pas voir - Isaak heureux comme un poisson dans l’eau avec un autre tandis que ses propres relations finissent en queue de poisson parce qu’il est incapable d’en aimer un autre.

Mais le loup, lui, sait qu’il y a anguille sous roche. Isaak était là, il le sait, et quand le slave revient, il sent son odeur avant qu’il ne passe la porte et Kieran tourne la tête sans y croire. Dans le noir, la silhouette de son ange se découpe parfaitement, sous l’impulsion du loup qui a pris le contrôle pour l’empêcher de craquer. C’est muet comme une carpe qu’il le regarde s’installer à côté de lui, avec des remontants de fortune qu’il ne voit même pas. Tout ce qu’il arrive à voir, c’est Isaak. Toujours présent, dont le regard anxieux prouve son inquiétude - d’autant que tout ce que Kieran arrive à faire, c’est le fixer bêtement avec ses yeux de merlan frit tellement il est choqué de le voir. Mais il se sent mal. Très mal. Le loup est le premier à réagir, faisant quitter le lit trop brusquement à son enveloppe humaine pour tituber dans le couloir.

Les toilettes. Où sont les toilettes ? « T’as pas besoin de vomir. Laisse-moi gérer. » Il passe à côté de la salle de bains sans la voir tandis que l’animal l’entraîne vers le salon, puis vers la porte-fenêtre qu’il fait coulisser pour sortir sur le balcon. L’air froid de la nuit est une gifle pour son esprit effrayé, et il se penche en avant, manquant presque de passer par-dessus la rambarde - Isaak le suit de près cependant, et une main se referme sur son épaule pour le maintenir avant qu’il ne chute. Nul doute qu’il se ferait engueuler comme un poisson pourri après ça, quand il irait mieux. Il avait quand même failli finir plusieurs étages plus bas. Il aurait fait une jolie crêpe, plate comme une limande, la crêpe. Mais l’air frais dissipe doucement sa panique, et une fois assis, il se sent mieux. Horriblement assoiffé, aussi. Le verre d’eau a suivi cependant, et il se retrouve à le tenir sans savoir comment il est arrivé là. Il aurait préféré une vodka, mais il a tellement fois qu’il pourrait boire la mer et ses poissons, alors il ne ferait pas le difficile.

« Je vais bien… J’ai juste besoin de… De respirer un peu. »

Il essaie de noyer le poisson mais ça ne marche pas. « T’es débile ou quoi ? Il lit les mensonges, t’as déjà oublié ? » Non, il n’avait pas oublié du tout. Techniquement, il ne mentait pas. Il se sentait mieux que dans l’atmosphère confinée et étouffante de la chambre. A l’air libre, avec les sons de la ville et le piquant de la nuit, son hybris était forcé de reculer puisqu’il n’avait plus d’emprise sur l’imagination galopante du jeune avtoritet. Ce dernier boit un peu, pour reprendre contenance, pour reprendre des couleurs. Mais l’angoisse reste en spectre, même malgré la présence d’Isaak.

« C’est peut-être parce que j’ai rien mangé en rentrant ? »

Menteur. Isaak le sait. Son don de polygraphie lui permettait de démêler vérités et mensonges, et pour le coup, Kieran ne faisait même pas semblant d’essayer d’être crédible, sachant que ça ne marcherait pas sur lui. Finalement, son regard honteux plonge vers le verre d’eau, comme s’il voulait s’y noyer, tandis que la vérité lui échappe dans un souffle.

« C’est parce que j’ai eu peur que tu ne rentres pas. Demie-vérité. Que tu ne veuilles plus du tout rentrer à la maison. »

Ses ongles courts tintent contre le verre d’eau. Il sait maintenant pourquoi Isaak n’est pas rentré - mais à chaque fois qu'il angoissait, il avait tendance à avoir une sacrée mémoire de poisson rouge. Asbjorn avait dû débarquer avec du taf en plus pour son placide assistant qui n’osait jamais dire non. D’autant que dire non à un pareil requin des affaires signifiait perdre son job, ce qu’aucun des deux ne souhaitait particulièrement.

« … Tu es toujours fâché ? »

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How to kill a nightmare (Kieran & Isaak) - Dim 5 Avr - 20:37


How to kill a nightmare
Kieran & Isaak


Il n’a pas le temps de respirer quelques instants pour essayer d’enlever le poids qui se forme dans sa poitrine, écrasant son cœur, essayant de l’étouffer dans ses remords que sa moitié bondit, jaillit du lit et court, presque, loin de lui. Le cœur se sert encore un peu plus. Ses excuses ne servirait à rien parce qu’il le dégoûte, désormais. Parce que rien ne serait l’apaiser. Kieran en aura eu finalement marre, de ces coups de sang impromptu et ses pleurs trop fréquents. Il les sent d’ailleurs perler, ces foutues larmes, au bord de ses yeux.

Mais un semblant de raison l’anime – tout n’est peut-être pas encore perdu – et, presque machinalement, il le suit. Pas jusqu’à la salle de bain. Pas jusqu’au salon. Jusqu’à leur balcon et ses dangers. Il ne serait dire pourquoi il avait tendu la main, à ce moment-là. Sans doute qu’il avait imaginé le pire. Il imaginait toujours le pire.  Et encore en ce moment, alors que Kieran s’assoit enfin, il imagine ce qui aurait pu arriver. Il le voit passer la rembarre et s’écraser quelques mètres plus bas. Isaak, toujours en hauteur, et pourtant, six pieds sous terre. Isaak, au cimetière, devant un cercueil. A condition qu’on le laisse s’en approcher, ce dont il doute sérieusement. Les Volkov en profiteraient pour récupérer leur sang, leur progéniture. Ils en profiteraient sûrement pour dénoncer, une nouvelle fois encore l’influence néfaste du fils aîné Chevtchenko, qui leur aura tout volé.

Les yeux dans le vague, il prend place en face du loup qui tente de se justifier. De le rassurer, peut-être ? Isaak tourne lentement le visage, pour plonger son regard ébène dans les glaces slaves qu’il aime tant, nuanciers de bleus polaires. Il frissonne, ne sachant dire si c’est à cause de l’éclat qu’il y voit, qu’il s’imagine, ou à cause de la fraîcheur nocturne qui tient à pénétrer jusqu’à sa moelle. Il hoche de la tête à la première explication. L’air de l’appartement lui a semblé lourd, à lui aussi, soudainement. Presque orageux. Il dépose le verre et le chocolat sur la table, les poussant vers Kieran, avec douceur.

Et puis le mensonge arrive. Avec lui, la crispation des doigts et le battement de cœur raté. Isaak n’a pas besoin de son pouvoir pour savoir que c’est un mensonge, tellement la voix habituellement chaleureuse est plate, sans conviction. Il lui ment délibérément, en toute connaissance de cause.  Il ne lui dit même plus la vérité. Il n’essaie même plus de le ménager. Il ne l’aime plus. « Je peux aller te préparer quelque chose, si tu veux » tente-t-il de répondre d’une voix mourante, agonisante. Il ne veut pas l’accuser de mentir – à quoi bon, alors que tout deux le savent. Alors, il rentre sans entrain dans le jeu. Sauf qu’Isaak est mauvais comédien, portant ses émotions avec trop de ferveur sur chaque parcelle de sa peau.

Et puis la vérité éclate. Et l’ukrainien s’en veut toujours un petit peu plus. Il aurait dû prévenir. Il aurait dû refuser. Envoyer un pigeon messager, des signaux de fumée, un coursier. Devenir télépathe. Il aurait dû trouver le moyen de le rassurer. « Je suis désolé. C’est ma faute. Encore une fois. Je… J’aurai… Enfin… Je pouvais... » Rien ne sort, tout se meurt avant de franchir ces lèvres. Aucune excuse n’est assez bonne. Aucune excuse ne peut compenser le mal qu’il avait fait. « J’avais très envie de rentrer. J’ai toujours envie de rentrer. Ici… C’est chez nous. Pourquoi je ne voudrais pas rentrer? »

La question le désarçonne. Lui, fâché ? Bien sûr qu’il avait été fâché, aujourd’hui. Il ne pouvait le nier. Ses colères étaient rares – trop fréquentes à son goût – et anodines. Il ne savait rester fâché bien longtemps. Pas contre son père. Pas contre sa famille. Pas contre son boss, qui lui avait définitivement gâché sa journée. Alors, certainement pas contre Kieran.  Il le fixe, éberlué. « Quoi ? Mais non, Kieran. C’est pas à moi d’être encore fâché. C’est toi, qui dois m’en vouloir. Je… Je suis le copain le plus horrible de la Terre. » Les larmes ré-affluent et il tente péniblement de les ravaler. Sa voix trésaille au fur et à mesure. Oh, il devrait se taire. Il ne mérite pas de parler, au final.   « Je suis si désolé. Tu ne devrais pas avoir à subir ça… Je comprendrais parfaitement si… Tu… Fin’, si je devais... »

Partir. S’il devait partir. Parce qu’il n’a pas d’autres issues possibles. Kieran va reprendre du poil de la bête et réaliser que tout ça, c’était des conneries. Qu’il n’avait pas à se mettre dans des états pareils pour un mec comme ça. Qu’il n’en valait pas la peine, le Dieu de plein de choses mais de rien d’intéressant. Oui, il le quitterait aux premières lueurs de l’aurore, le précieux loup. Et vivrait enfin une vie qu’il mérite amplement. Peut-être que les Volkov lui pardonneront ses égarements et le réintégreront à la famille. Peut-être qu’il n’était pas trop tard, pour le marier avec Magdalena et assurer la perpétuation de la lignée. Et lui, que deviendrait-il ? Andrei l’accepterait-il à nouveau dans son foyer ? Ou laisserait-il pourrir ce fils ainé dans le caniveau, comme Isaak le méritait ?

Peut-être que c’est lui, qui devrait s’écraser quelques étages plus bas, pour le bien de tous.

Il ne peut plus s’en empêcher et éclate en sanglot, sans prendre la peine de le cacher. Il regarde quelque chose, rien, tout à la fois, et ses joues se trouvent humides, envahis par des torrents de larmes. Il tente de murmurer entre deux hoquets des « Je suis désolé. C’est pas ma faute. Je t’aime » qui lui semble avoir ni queue ni tête. Les mots n’ont plus d’ordre et s’entremêle. Il attrape le chocolat – ou ce qu’il en reste, il ne sait dire – sans qu’on lui demande. Un peu de douceur, puisque c’est tout ce qu’il lui reste, dans ce monde.
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How to kill a nightmare (Kieran & Isaak) - Lun 6 Avr - 22:31

How to kill a nightmare

Kieran & Isaak


Prononcé sans y penser, le mensonge jette cependant un froid tendu entre eux. Mais il ne pensait pas à mal, Kieran. Il ne veut juste pas qu’il s’inquiète, il ne veut pas faire repartir la fureur qu’il avait vue dans ses yeux dans ce bureau fermé, quelques heures auparavant. Il ne pense pas une seule seconde que dans l’esprit d’Isaak, qui s’emballe à mille à l’heure, s’affichent déjà mille et une images où il se fait plaquer, où l’avtoritet retourne vers ses parents après avoir compris que toutes ces années n’étaient que du bonheur factice dû à son pouvoir de charme. Qu’Isaak ne souligne même pas son mensonge devrait l’alerter, lui mettre la puce à l’oreille, mais il phase encore, en fin de crise de panique, et il n’a aucune réaction, ne se doutant pas que ça ne faisait que terrifier un peu plus son petit dieu pacifiste.

Et la vérité ne ramène même pas le calme chez Isaak. C’est sans le vouloir qu’elle brûle et l’enfonce encore plus que le mensonge. Si des idées noires tournent dans la tête du jeune slave, l’homme-loup, lui, attend patiemment son verdict. Lui aussi pensait sombre, quand il allait mal. Isaak en aurait bien assez, un jour, d’avoir toujours un protecteur agressif et jaloux dans son dos. S’il essayait toujours de réfréner son hybris pour le laisser vivre sa vie, cette nuit avait été la confirmation que sa possessivité, bien réelle, pouvait prendre des proportions pour le moins effarantes, jusqu’à le terrifier de le voir partir. Qui pouvait vivre comme ça, franchement ? Isaak, apparemment. Parce qu’il murmure, dans un élan de vérité, qu’il a toujours envie de rentrer. C’est chez lui ici. C’est chez nous. Ça fait naître une douce chaleur dans son ventre et ça calme son anxiété. L’hybris est vaincu, une fois de plus, par quelques mots bien ajustés.

Mais la suite demeure. Isaak était-il encore fâché contre lui ? La dispute était risible, vraiment. L’un comme l’autre, têtus comme deux mules, avaient campé sur leurs positions au risque de tout détruire. Immédiatement, l’autre bafouille alors qu’il tente de s’expliquer. Ce n’était pas à lui d’être fâché. C’était à Kieran de lui en vouloir. Le concerné fronce les sourcils sans comprendre. Pourquoi il lui en voudrait ? Il savait très bien ce qu’était le contrecoup d’un pouvoir. S’il n’avait aucune idée de ce qu’Isaak vivait, il comprenait en revanche que dans ces moments-là, il fallait être patient et compréhensif. Mais lui, avec son sang chaud, s’était emporté quand Isaak avait levé la voix, plutôt que de lui faire calmement comprendre qu’il n’était pas là pour le draguer - pas au boulot, pas alors qu’il savait à quel point son homme tenait à ce que sa vie privée reste privée, chose déjà rendue assez compliquée par le fait qu’ils bossaient dans un bordel rempli de sales commères.

« Mais non, tu n’es pas le copain le plus horrible de la Terre. Ce n’est qu’une dispute Isaak, ça arrive, mais maintenant c’est fini, d’accord ? »

« Mauvais choix de mots. » Apparemment. Le souffle d’Isaak se fait plus court et il entend son cœur qui accélère un peu trop vite, un peu trop fort. Il recommence à bafouiller, mais cette fois-ci, Kieran ne comprend pas. Il devait pas avoir à subir quoi ? Ses contrecoups ? Allons bon, Isaak avait bien appris à vivre avec les siens, le jeune mafieux pouvait bien en faire de même, non ? La reste lui échappait, par contre. Il comprendrait très bien s’il devait… S’il devait quoi ? Il réfléchit, peut-être un peu trop lentement. « Kieran. Son hybris. » Mélancolie exacerbée. Ça le rendait triste sans raison, un rien pouvait lui faire perdre pied quand l’hybris l’enserrait trop fort, et ce qui lui faisait le plus peur, dans ces moments là, c’était que Kieran se rende compte qu’il était sous son emprise, qu’il se barre ou qu’il le foute à la porte. L’idée est terrifiante, même pour l’homme-loup. Qu’est-ce qu’il ferait, sans son ange ? Mais ce n’était pas ce que le loup voulait lui dire. Alors il insiste. « Kieran ! Son hybris ! »

Il ne comprend qu’au moment où le barrage cède et qu’Isaak se met à pleurer.

La seconde suivante, Kieran a bondi en avant, et ses bras se referment autour du corps tremblant pour l’attirer contre le sien. Son hybris. Mais oui bordel. La culpabilité avait dû le ronger toute la journée, et la crise de panique n’avait rien arrangé. Il devait se dire que tout était de sa faute, à l’heure actuelle. Mais Kieran ne compte ni partir, ni le laisser s’en aller en pensant qu’il serait mieux sans lui. Son mieux, c’était lui. Alors il lui murmure, encore et encore, jusqu’à ce qu’Isaak l’écoute et le croit, et que finalement, les larmes s’arrêtent. Il l’aimait, son ange. Il l’aimait plus que tout. Il lui avait fallu un sacré courage pour s’élever contre ses parents, venus le chercher en disant qu’ils arrangeraient le coup pour le mariage. Entre eux et lui, Kieran avait choisi sans hésiter. Il était au courant des rumeurs qui disaient qu’Isaak tenaient l’avtoritet sous son contrôle grâce à son pouvoir divin, eux deux savaient que ce n’étaient que des ragots. Ce qu’ils avaient était réel. Doucement, leurs fronts se collent et Kieran sourit.

« On recommence depuis le début, d’accord ? Bonjour, je m’appelle Kieran - non, peut-être un peu trop loin. »

Il essaie de lui tirer un sourire, à son slave mélancolique. Ses pouces, doucement, frottent les joues pour essuyer les larmes, et remontent vers le haut quand ses longs doigts se perdent dans les cheveux de son ange, ses pouces, eux, restant posés sur ses tempes pour essayer de le calmer un peu, chasser ses terreurs et faire reculer l’hybris.

« Je ne suis pas fâché, Isaak. Il l’avait été, la faute au dieu de la rancune, mais il ne l’était plus. Je ne m’en vais nulle part - et surtout pas chez ces deux connards - et s’il te venait l’idée de partir pour mon bien ou je ne sais pas quoi, je serai juste extrêmement malheureux, pas soulagé. Avec douceur, il lui embrasse le front, comme pour faire profondément rentrer la vérité dans son crâne. Je n’ai besoin de rien d’autre, sinon de toi, mon ange, parce que je t’aime. D’accord ? »

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bratva
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ANNEES : 26 ans
CŒUR : Coeur comme un pendule : en couple, célib, en couple, célib.
RÉINCARNATION : Réincarnation de Kotchei l'Immortel (Héros slave)
FACTION : Bratva dans le sang depuis des années.
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How to kill a nightmare (Kieran & Isaak) - Ven 10 Avr - 23:14


How to kill a nightmare
Kieran & Isaak


Plaquage de douceur, plaquage de coton. C’était à peine s’il avait entendu les paroles rassurantes qu’avait prononcées l’homme-loup à son attention. Qu’une dispute. Ce n’était qu’une dispute. Mais n’était-ce pas toujours le cas ? Une dispute qui en engendre une autre, qui elle-même en engendre encore une autre. Et ainsi de suite, jusqu’à la dernière, celle de trop, qui fait voler en éclats espoirs, rêves et pointes de bonheur. Que resterait-il d’eux dans le cœur vengeur ? Se souviendrait-il de la douceur de leur sourire ? Du toucher de velours de ses lèvres ? Du soleil qui s’était glissé dans ses yeux, toujours nuageux jusqu’à l’arrivée des saintes glaces ? Du son de sa voix et de ses rires trop rares, trop maigres ? Quel impression lui laisserait Isaak, hormis celle d’un faible qui n’avait su aimer à sa juste valeur ce qu’il ne méritait ?

Les larmes qui inondent son épaule, irriguent-elles son cœur ? Isaak ne lutte guère contre l’étreinte – douce, cotonneuse, presque lointaine – qui lui apporte un semblant de chaleur. Dans son oreille se déversent les mots mille fois soufflés, mille fois murmurés de cette voix empreinte de soleil, de bourgeons d’espoirs et de confiance sucrée. Les flots se tarissent, retournent se cacher dans les glandes lacrymales jusqu’à nouvel ordre, jusqu’au nouveau chagrin. Il le sait, pourtant, que la douce histoire ne se finira pas de la sorte. Que si fin, il devait y avoir, elle ne serait pas provoquée par leur colère, par leur crises aléatoires, par leurs abjectes divinités qui s’amusaient de leurs vies. Non, la fin serait tout autre, plus acidulée, plus rancunière.

Leur front se collent et les quelques mèches rebelles, encore parsemées de sueur anxieuse, lui chatouillent les tempes. Il tend les doigts pour s’en saisir, pour l’enrouler, la dérouler avant de plonger à pleines mains dans la chevelure, les rapprochant un peu plus près, un peu plus fort. Il ne fait pas encore confiance à sa voix mais il aimerait lui dire combien ce sourire compte pour lui. Que quand l’autre souriait, il était comme ce gamin enfermé par la pluie depuis trop longtemps, enfin heureux de voir une accalmie, un brin de soleil entre deux averses. Il aimerait lui dire de rester ainsi, les yeux dans les yeux, jusqu’à la fin des temps. Il aimerait lui dire de l’aimer jusqu’à la fin, lui ordonner. Mais c’est dans ces moments-là que sa voix lui faisait peur, avec toute la chaleur et la puissance dont elle pouvait faire preuve.

Alors, il se contente de répondre à ce sourire du mieux qu’il peut, par un soubresaut de lèvres, par une ascension lente, vertigineuse. Recommencer depuis le début. Tout recommencer. Il claquerait des portes bien avant. Il hurlerait ses sentiments qui le dévoraient en secret bien avant. Il empoignerait avec la poigne qui lui était propre les boucles revanchardes pour coller leurs visages, pour attirer à lui ses lèvres au goût de miel et d’été bien avant. Il glousse, le slave, comme une demoiselle qu’on charme de quelques mots bien placés et regards langoureux. « Bonjour, moi, c’est Isaak » murmure-t-il comme il avait dû le faire, bien des années auparavant.

Il ferme les yeux et profite de la torpeur enivrante des pouces qui l’effleurent, qui cueillent une rosée tardive avant de se perdre dans ses longs cheveux. Qu’il s’y perde, encore. Toujours. Et qu’il lui dise qu’il l’aimera, encore. Toujours.

Et la voix retentit à nouveau, le ramenant sur Terre. Pas de colère, plus de colère. Le cœur se détend, rassuré. Cette nuit ne sera pas la dernière. Pas de départ, pas de mariage arrangé entre celui qu’il aime et celle qu’il veut à tout prix protéger. Pas de déchirement du cœur. Hormis un regard un peu coupable quand Kieran évoque son départ. Isaak serait parti, si nécessaire. Mais plus il y réfléchissait, plus il sentait que le départ serait définitif. Hors de cet enveloppe charnel qui lui permettait d’aimer. Mais ce ne sont pas des choses qui se disent, qui se murmurent quand on vous demande de rester.

Alors d’un geste, sec, demandeur, exigeant, il attire les lèvres qui baisent son front vers les siennes. Elles s’écrasent, se cherchent, s’enlacent. Isaak veut sentir leur présence, leur toucher. Isaak veut en goûter le nectar, l’aurore et l’aube et toutes les promesses qu’elles lui font sur l’oreiller. Il veut y sentir la vie couler et les hymnes gémis qu’elles lui dédient. « D’accord » prononce-t-il ce qui lui semble être des dizaines de fois, quand il pense à respirer.

Et puis, il se recule, reprend contenance. Il pourrait presque être cet Isaak des meilleurs jours, lumineux, le printemps dans les veines et des fleurs qui éclosent dans les yeux. Au fond de lui, la culpabilité le tiraille toujours un peu. Il s’en veut, s’en voudra jusqu’au lendemain, certainement. « Je ne partirai pas » s’empresse-t-il de reconfirmer avant d’ajouter d’un souffle, « C’était juste une idée… Au cas où... »

La fraîcheur nocturne se rappelle à lui, loin du torse et des bras qui l’ont accueillis avec fermeté. Avec douceur. Il frisonne, jette un dernier regard à la ville qui s’étend, endormie alors qu’ils veillent, se lève et se dirige vers la porte-fenêtre. « On rentre ? J’ai froid. » lance-t-il à mi-chemin, plus pour parler que par injection. Parce qu’il le sait, que l’autre le suivra. Jusqu’au bout de la nuit et bien plus encore.

La chaleur du salon l’englobe et le fait soupirer d’aise. Être chez soi. Être bien, chez soi. Plus d’ombres pernicieuses tapies dans des coins, prêtes à s’effondrer sur eux au moindre signe de faiblesse. Isaak pense à aller se recoucher, terminer une nuit mouvementée la tête posée sur un torse vivant, à se laisser bercer par le rythme d’une respiration qui devrait être apaisée. Mais pour cela, il faut repasser par la cuisine, et son évier bien trop vide. Kieran n’avait pas mangé. Et ça, ça ne va pas. Il fait volte-face et le toise de tout le sérieux dont il est capable. « Mais… Tu n’as rien mangé quand tu es rentré ? Pourquoi ? Me fais pas croire que t’as déjà fait la vaisselle… Assieds-toi, je m’en occupe. »

Et le slave, peu désireux de se voir contredire, s’affaire. Sourire aux lèvres, mélodie humée dans le cœur, dans le corps. Il n’a pas envie d’allumer la radio – les programmes de nuit tardive sont souvent mauvais, affligeants – alors, il pousse sa voix claire encore une fois. Puis, de toute manière, il n'y a plus d’électricité, ces derniers jours. « Et si tu me racontais ta journée… Non, oublie. Ce que tu…. Par où vous êtes passé pour… Et merde. Oublie.» Isaak tente, désespérément de trouver un sujet de conversation. Mais tout, tout lui semble désespérément triste. Les yeux sont rivés sur la poêle, avec l’excuse d’éviter de tout brûler, pendant qu’il se perd dans les vagues de l’âme. N’ont-ils donc rien d’heureux, à se raconter ?
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How to kill a nightmare (Kieran & Isaak) - Mar 14 Avr - 21:57

How to kill a nightmare

Kieran & Isaak


Il tremble comme une feuille entre ses bras, et Kieran se sent inutile, incapable de contenir le flot d’émotions dues à son hybris, donc malheureusement incurable. Ça ne l’empêche pas de le garder tout contre lui, et de murmurer, comme un mantra, les mots mille fois répétés, mais toujours aussi vrais, même après tant d’années. Parce qu’il ne sait rien faire d’autre, le fils du loup. Tuer, il sait faire. Frapper, aussi. Menacer, ourdir, espionner, survivre, c’était facile pour lui. Aimer, consoler et rassurer, beaucoup moins. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était lui répéter, encore et encore, la vérité qu’il n’essayait plus de fuir, mais qu’Isaak noyait quand ses peurs prenaient le pas sur le reste. Mais il ne semblait pas attendre autre chose de lui, son ange. Ses mots d’amour pansent ses plaies, guérissent son cœur, et lentement, doucement, les larmes refluent. Ce qu’il reste est essuyé d’un geste très doux, tandis que leurs fronts se collent l’un à l’autre.

Il ne dit rien, le slave, mais le jeune loup n’a pas besoin de paroles pour comprendre. Leurs yeux ne se lâchent pas, et il a une vue directe sur son âme tourmentée. Alors il sourit, heureux de voir les nuages s’en aller dans le regard trop sombre du jeune ukrainien. Si tout ce qu’il lui fallait, c’était le garder près de lui et le regarder sourire, c’était quelque chose que Kieran pouvait facilement faire. Parce que la joie venait toute seule quand il était près d’Isaak. Une joie simple, teintée d’amour, qui semblait lui promettre - leur promettre à tous les deux - un avenir heureux. Ils avaient vu pire qu’une petite crise d’hybris après tout. Pire qu’une légère échauffourée au travail, due au pouvoir de l’un et à la possessivité de l’autre. Ses efforts arrachent un sourire au jeune mélancolique, et Kieran est heureux. Son monde est tellement plus brillant quand son ange sourit.

Il lui répond, et le jeune loup n’a besoin de personne pour comprendre ce qu’il lui passe par la tête. S’ils devaient tout recommencer, il ne changerait rien, sinon de légers détails. Lui dire je t’aime bien avant, s’en aller bien avant. Et Kieran, lui, que changerait-il ? « Tout ce temps perdu à te voiler la face, peut-être ? » Le sarcasme du loup fait mouche, et son frère lui laisse le point. Oui, il changerait ça. Presque deux ans avant d’admettre la vérité. Deux ans avant d’être, enfin, heureux.

La suite, cependant, lui arrache un léger mouvement de surprise. Isaak prenant des initiatives, c’était rare. Extrêmement rare même. Kieran était toujours celui qui venait le premier, qui initiait la danse, parce qu’il savait que s’il ne faisait pas le premier pas, l’autre ne le ferait jamais, trop angoissé par l’idée de gêner, de le déranger dans quelque chose d’important - alors que rien n’était plus important que son ange et que ses envies. Mais les mains d’Isaak, glissées en douceur dans ses cheveux quelques instants auparavant, se font exigeantes tandis qu’elles raffermissent leurs prises pour le ramener vers lui. L’ange ordonne, et l’homme-loup est plus que ravi d’obéir. Leurs lèvres se joignent tandis que l’ukrainien se fait brusquement demandeur - comme à chaque fois après ses crises.

Souffles courts et respirations croisées, dans lesquelles il retrouve son harmonie, qui avait volé en éclats dans ses cauchemars, dans lesquelles il comprend que s’ils ne s’arrêtent pas très vite, leur prochaine destination sera la chambre - « Trop loin. » - le canapé qui en avait vu d’autres, après tout. Les mains du slave se referment dans les longs cheveux de l’ange, pour le rapprocher de lui, pour ne pas le laisser partir, pour terminer ce qu’ils ont initié. Mais quand Isaak a un mouvement de recul, la poigne douce disparaît, permettant à l’autre de prendre de la distance pour murmurer quelques mots, leur permettant à tous les deux de respirer plus calmement avant d’être emportés.

Isaak lâche sa bombe à voix basse et Kieran n’en aime pas le sous-entendu. Il partirait. Définitivement, il l’avait bien compris. Ses sourcils se froncent, signe qu’il comprend et qu’il est contre. Mais ça ne sert à rien de relancer un débat, alors il se contente de se lever pour le suivre - lui ne craignait pas les changements de température, grâce à Oeil de Nuit, mais si Isaak avait froid, alors ils rentreraient. Ce dernier se tourne à nouveau vers lui, le toisant avec sérieux pour, finalement, lui demander pourquoi il n’avait pas mangé. Ce détail ne lui avait donc pas échappé, ce qui fait sautiller de joie le loup dans sa tête. « Manger ! » Il ne se dérobe pas, se contentant d’un léger sourire.

« Je n’avais pas plus faim que ça. Vérité, mensonge ? Contradiction ? « Moi j’avais faim ! » Mais toi tu as toujours faim, lâche-t-il en roulant des yeux vers le ciel, ce qui serait miraculeux serait qu’un jour tu sois repu… »

Le loup gronde de rire dans son esprit. Après tant d’années de vie avec Isaak, Kieran ne prenait plus la peine d’être discret quand il discutait avec Oeil de Nuit. Isaak s’en fichait. Isaak trouvait ça amusant - et attendrissant, de voir qu’il vivait en paix avec cet autre lui-même. Alors l’ordre est donné. Lui s’asseyait, l’autre cuisinait. Désobéissant cependant, Kieran file vers le frigo pour regarder ce qu’il leur restait pendant que son ange tentait désespérément de trouver un sujet de conversation. Boulot ? Non. Ce qu’il avait fait après ? Non. Non, il n’avait rien à dire, et la gêne s’installe, que l’homme-loup en refermant le frigo, un reste de saumon dans les mains. Ce n’était pas pour lui - et puis quoi encore. Il n’était pas friand de ce genre de truc, qu’il s’agisse de hareng, de lotte, de thon, de morue ou de bar - le seul bar qu’il aimait était celui où il pouvait picoler, par ailleurs. Le reste est posé sur la table de travail, et il se penche pour embrasser la joue d’Isaak, plus sage qu’il y a quelques minutes.

« Ma journée est nettement plus intéressante depuis que tu es là pour l’illuminer, mon ange, murmure-t-il, enjôleur, dans le creux de son oreille. Et surtout depuis notre petit contact sur le balcon… Tu avais prévu la suite, j’ose espérer ? Je suis tout ouïe, comme le poisson hors de l’eau. »

Sourire léger - mais très clairement grivois - et il retourne à son poisson, qu’il découpe soigneusement pour en enlever les arêtes. Comme par enchantement, le chat apparaît en ronronnant dans la cuisine, bien conscient que cette merveille sera son repas, puisqu’aucun de ses papas n’aimaient le poisson, l’un préférant la viande - crue, et alors ? - et l’autre les légumes. Sifflotant innocemment, l’homme-loup trie les arêtes, comme s’il ne venait pas de faire des avances à son homme, surveillant le chat qui a sauté sur le plan de travail pour le regarder faire et tenter de voler un bout - mais il le chasse d’un mouvement de main inutile.

« Oui, c’est pour toi, mais arrête de m’coller aux nageoires, poisson-Chagarou, t’auras rien, c'est pas encore prêt. Le saumon finit dans une casserole d’eau, puis sur le feu - longue vie au gaz qui lui permettait de cuisiner le poisson du matou. Il ne peut s’empêcher de plisser le nez, cependant.  Qu’est-ce que ça shlingue…. Oui, on sent qu’il vient de la mer, ce poisson, hein. »

Mais il fallait le finir, ou le jeter. Quel être horrible leur avait ramené ce truc, déjà ? Personne ne mangeait de poisson, sinon le chat. Bah, ça ferait le plaisir de l’animal, avec un poil de romarin pour agrémenter le goût, et atténuer les risques qu’il chope un parasite. Sans cesser de surveiller son poisson, Kieran se glisse derrière son homme, et ses mains se referment doucement autour de lui, avec tendresse mais avec une pointe de fermeté tout de même. Il lui embrasse le cou, doucement, insistant légèrement pour le stress d’avoir une marque, sans jamais en laisser toutefois. Il s’amuse de sentir son souffle raccourcir tandis que ses lèvres caressent sans laisser de traces et que ses doigts filent doucement sur le tissu fin, mais pourtant si gênant. A chacun son tour d’être demandeur - même si Isaak savait qu’il n’avait qu’un mot à dire pour que Kieran arrête de le chauffer comme ça.

« Laisse tomber la cuisson, mon cœur, tu m’as l’air bien à point, susurre-t-il, peu subtil, tandis que ses mains descendent vers ses reins. A moins qu’il ne s’agisse de la sauce à laquelle tu as prévu de me manger, innocent petit ange ? »

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How to kill a nightmare (Kieran & Isaak) - Lun 11 Mai - 23:53


How to kill a nightmare
Kieran & Isaak


Le feu qui irrigue ses veines à chaque soupçon de souffle sur sa peau, à chaque empreinte laissée par une caresse voluptueuse, avait beau lui être familier, Isaak ne pouvait s’empêcher de se demander si cette chaleur aurait raison de lui un jour ou l’autre. Du sang irrigue-t’il encore son coeur ou s’agit-il de métal en fusion ? Il peut sentir ce dernier s’arrêter quand les murmures se veulent féraux et reprendre un rythme anormal quand les promesses s’éloignent. Il ne sait combien de temps il va encore tenir, à attendre fébrilement le premier pas d’une danse animale qu’il avait initié inconsciemment.

Et puis Kieran s’approche et c’est le coup de grâce. Isaak sent son corps partir entièrement à la dérive, s’écrouler contre celui de son aimé comme si la gravité lui était trop lourde. Il peut entendre les supplications de muscles trop tendus, trop soumis à une tension régulière et incessante. Un instant de répit, un instant de calme. Sa tête se renverse, rencontrant l’épaule sur laquelle il avait si souvent pleuré. Forte. Puissante. Solide. Ses yeux se ferment et sur ses paupières se tracent le chemin incendiaire des doigts contre le tissu de son haut. Trop fin mais présent, comme une barrière cruelle. Le sang lui monte aux joues, teintant le visage trop pâle, cerné, d’une teinte de douceur, d’innocence.

« Arrête. »

Mais si le corps s’abandonnerait volontiers à la transe sulfureuse, l’esprit n’obtempérait pas. Ses propres murmures le surprennent, s’attendant à ce que les ordres soient différents. Mais, au final,  Isaak ne veut pas perdre pied. Se sentir autre, se sentir libre. Paraître faible. Il ne peut pas, pas ce soir. Pas après la dispute de ce matin. Il n’aurait pas l’impression d’être sincère. Le cœur n’y serait pas, s’inquiétant que tout ceci ne soit perçu que comme des excuses mitigées, offrant piteusement ce qu’il lui avait précédemment refusé.

« Arrête. S’il te plaît. »

Même si la première supplication avait suffit. Même s’il sait pertinemment n’avoir aucun besoin de se répéter. Mais Isaak a besoin de reprendre le contrôle, de se ressentir vaguement maître de sa propre personne. Il est fatigué, de se sentir submergé aussi facilement, que la moindre émotion un peu trop violente l’envoie sur des vagues presque torrentielles. Il étoufferait presque, dans sa propre tête, dans ce fléau composé de joies exubérantes et de tristesse sans fond. De peines et de remords incontrôlables qui le tourmentaient pendant des heures, des jours durant.

« En tout cas, le repas est prêt. Mange tant que c’est chaud. »

Il accompagne la maigre pitance d’un sourire tout aussi pauvre, avant de prendre également place à table. Il n’ose le regarder dans les yeux, craignant d’y trouver un océan de désolation. Celle de Kieran, qui pourrait prendre son refus comme une tentative d’éloignement, un abandon ? La sienne, celle d’un homme qui avait du mal avec ce qu’il était ? Ses longs doigts fins triturent sans fin l’élastique qu’il garde constamment à son poignet avant de se décider à rassembler les mèches coiffées par le vent de minuit en un chignon plus ou moins – mais surtout moins – arrangé. De plus, l’obscurité est tenace et se prête volontiers comme toile de fond pour ses films.

Il pourrait actionner son briquet – ou l’un de ceux qui doivent traîner dans les environs – pour se rassurer. Ou confirmer ses craintes.

Sans distraction, le slave est désormais bien obligé de faire face à son homme. « Je suis désolé. » Comme bien trop souvent dans sa vie. A force, il se demanderait presque quel valeur ont encore ses mots pour son entourage. Peut-être sont-ils désormais aussi vide que lui. Mais ce n’était pas de sa faute, aime-t-il parfois se rassurer. S’il était une autre divinité. S’il n’était pas le Dieu de la Fragilité. S’il n’était qu’un homme, un simple mortel sans intérêt. Parfois, il hésitait. A chercher le moyen de supprimer ce semblant d’or – maudit – de son système sanguin. Avant de se rappeler que cela compliquerait plus qu’elle ne l’est déjà leur romance.

Et Kieran est bien la chose la plus précieuse qu’il a au moins, même s’il le montre bien mal.

« Tu sais que je t’aime ? Genre vraiment ? Même si je… Même si je t’en donne peut-être pas l’impression ? » Sa voix se meurt, brisé par tout ce tumulte qui se bouleverse en lui. Comment pouvait-on vouloir rester avec quelqu’un qui ne faisait que renforcer vos pires craintes ? La question était sur ses lèvres, sans qu’elle ne parvienne à les franchir. La réponse l’effraie.

Tout l’effraie.

A tâtons, l’ukrainien se lève et se rapproche de la figure masculine qu’il tente de deviner.  Ses doigts frôlent une peau qu’il a peur de perdre. Il se veut doux, il se veut tendre alors qu’il transpire l’angoisse. Isaak est perdu, terriblement perdu. Trop de sentiments différents sur la même journée, il ne sait plus que penser. « Si tu es fatigué, on peut aller se coucher. » Mondanités. Futilités. Mais ça l’ancre à la réalité et parfois, il a besoin de se sentir maître d’insignifiances.

Une petite voix lui souffle que Kieran comprendrait - Kieran comprenait toujours - alors qu'une autre, poison assassin, lui dit que cette fois-ci, c'est la fois de trop.

La goutte qui fait déborder le vase.
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How to kill a nightmare (Kieran & Isaak) - Mar 12 Mai - 21:19

How to kill a nightmare

Kieran & Isaak


Le souffle de l’être aimé se fait court contre ses lèvres, et dans ses bras, le corps devient lourd, comme submergé par ces émotions nouvelles qui l’empêchent de tenir debout. C’est contre lui qu’il s’appuie, la tête se renversant sur l’épaule, lui prouvant, si besoin en était vraiment, quel effet dévastateur il a sur lui. Alors il continue, pousse son avantage. La danse de ses lèvres sur son cou continue, pleines de propositions et de promesses, et la course de ses doigts reprend, cavalant en douceur sur ses reins, descendant toujours plus bas sans jamais accrocher la ceinture, s’en approchant dangereusement au risque de l’effleurer, cependant, poursuite de ce jeu presqu’animal qu’Isaak avait lancé inconsciemment sur le balcon. Il ne suffirait que d’un mot, d’un geste, pour que Kieran coupe le gaz sous la poêle pour emprunter un tout autre chemin, pour que leur réconciliation se fasse plus physique. Et bien qu’ils en aient envie tous les deux, bien qu’il ressente la tension qui ne fait que monter, il sait ce que l’artiste va lui dire.

« Arrête. » Soufflé presque à regret, avec la pointe de supplique de celui qui aurait voulu dire autre chose et la surprise d’avoir refusé à la place. Mot magique s’il en est, qui lui fait arrêter son manège et couper court aux propositions de réconciliations un peu plus brutales et agréables que quelques mots murmurés dans le noir, à une distance respectable de l’un et l’autre. La course de ses doigts s’interrompt aussitôt, et ses mains remontent pour enserrer en douceur le jeune slave tandis qu’il se décolle sensiblement de lui pour éviter tout quiproquo, ses lèvres quittant son cou pour embrasser sa tempe avec légèreté, avant qu’il ne retourne caler sa tête contre le creux de son épaule. Dommage, garde-t-il pour lui-même. Mais si Isaak a dit non, alors c’est non. Le consentement était essentiel, vital même. « Arrête. S’il te plaît. » Pas besoin d’être un génie pour comprendre. Trop près, trop proche, trop tôt. Trop d’émotions qui frappent et qui menacent de le noyer, une proposition de plus qui le ferait chavirer - chavirement qui passerait pour une piètre excuse après leur dispute du matin, piètre excuse qu’il ne se pardonnerait jamais.

« D’accord, mon ange. Je te laisse tranquille. »

Peut-être qu’il lui en demande trop. Peut-être qu’il est trop demandeur, trop exigeant. Mais au moins, Isaak savait que quand il disait non, c’était non, et ce, quel que soit le moment où ils en étaient. Alors il le lâche doucement, et s’éloigne pour retourner à la cuisson du poisson, qu’il récupère pendant qu’Isaak se recompose comme il le peut. Poisson découpé d’un geste expert, il met les bouts dans une coupelle qu’il dépose par terre pour le chat, tandis que le jeune artiste annonce que son repas à lui est prêt. Kieran n’a toujours pas faim - ou plutôt, il a faim d’autre chose maintenant - mais il lui emboîte quand même le pas, s’installant à table sans protester devant l’assiette qui l’attend. « … Au lieu de le chauffer, t’aurais dû gérer la bouffe, putain d’animal en rut. » Œil de Nuit n’a pas tort, mais pour sa défense, Isaak est végétarien, cuire de la viande ce n’était pas son domaine de compétence. Elle était très cuite, surtout pour un homme-loup qui la mangeait crue, ou bleu en public par souci de convenances.

Mais il mange quand même - Isaak est déjà assez bouleversé, pas besoin d’en rajouter - non sans observer son homme attacher ses cheveux en un chignon épars absolument adorable. Puis finalement vient la phrase, celle qui caractérise le plus le couple. Il était désolé. Bien sûr qu’il l’était. Désolés, ils l’étaient tout le temps. Pour la possessivité de l’un, les terreurs de l’autre. Pour l’agressivité incontrôlée de l’un, le manque de confiance de l’autre. Mais Kieran s’en fichait de tout ça. Isaak, il l’aimait comme il était, même avec ses terreurs et son manque de confiance qui le poussait à croire qu’un beau jour, il en aurait marre de ses faiblesses et qu’il s’en irait trouver mieux. Il n’a pas le temps de répondre qu’Isaak a repris la parole, montrant une fois de plus l’étendue de son manque effarant de confiance en lui - et l’étendue de l’amour infini qu’il lui portait. Les couverts sont posés sur la table, et le repas abandonné, le sujet étant trop sérieux pour être pris à la légère.

« Qu’est-ce que c’est sensé vouloir dire, ça ? A quel moment tu n’en donnerais pas l’impression ? Ça sonne inquiet, vibrant de toute l’attention perpétuelle qu’il lui porte - il plierait le monde en mille et décrocherait la lune juste pour le voir sourire de bonheur. Bien sûr que je sais que tu m’aimes, Isaak. Je le sais, et je le vois. Ce n’est pas une petite dispute de fatigue qui y changera quoi que ce soit, mon ange. »

Les mots lui manquent - et ça l’énerve, de ne pas réussir à expliquer ce qu’il ressent. Qu’il voit les regards et qu’il comprend les intentions, tous les petits efforts du quotidien, toutes ces choses qu’il fait pour le faire sourire, pour le rendre heureux, à la maison comme au travail. C’était moins dur depuis qu’ils ne devaient plus se cacher perpétuellement, parce qu’au final, la Bratva s’en fichait bien, de ce qu’ils faisaient, du moment que leur loyauté ne dérivait pas. Il n’arrive pas à lui expliquer le bonheur qu’il ressent quand Isaak est là, qu’il lui sourit, qu’il l’aime, tout simplement. Peut-être que son silence frustré parle pour lui. Ils ont beau se connaître depuis vingt ans, et vivre leur meilleure vie depuis douze ans, c’est toujours dur. Kieran n’était pas très doué avec les mots, auxquels il préférait l’action.

Heureusement, Isaak finit par se lever, tâtonnant dans le noir pour le rejoindre. Kieran le voit se découper dans la pénombre, Œil de Nuit ayant depuis longtemps superposé leurs visions pour lui offrir ses yeux de loup et lui permettre de se déplacer comme l’animal qu’il était dans des lieux plongés dans la pénombre. Il pourrait l’aider mais il le laisse venir à lui, déplaçant sensiblement la tête pour que ses longs doigts fins glissent sur ses joues. Repas abandonné, il lève à son tour les mains pour lui rendre la pareille avec une tendresse infinie, tandis qu’il esquisse un sourire quand l’autre profère quelque banalité pour tenter de reprendre pied. Aller se coucher ? Mais il n’a plus sommeil, l’homme-loup. Au contraire, il pourrait rester là pendant des heures, à juste le tenir avec douceur entre ses mains comme s’il était la chose la plus précieuse du monde - ou plutôt, parce qu’il était, pour lui, la chose la plus précieuse du monde.

« Je t’aime, Isaak, souffle-t-il doucement avec un léger sourire, et si tu es fatigué, on peut aller se coucher, d’accord ? »

Les besoins de son ange primaient sur les siens. Si Isaak était fatigué, alors ils iraient se coucher, tout simplement. Et même s’il ne dormait pas, il n’échangerait pour rien au monde le fait de l’avoir tout contre lui, endormi dans ses bras, en sécurité.

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Konstantin Ezekielovitch
BLAZE : SpleenC
CREDITS : Creature (ava)
FACE : Joland Novaj
DOLLARS : 1788
SACRIFICES : 132
PORTRAIT : How to kill a nightmare (Kieran & Isaak) 33c19329d32c7d938f7f312dca47c810
ANNEES : 26 ans
CŒUR : Coeur comme un pendule : en couple, célib, en couple, célib.
RÉINCARNATION : Réincarnation de Kotchei l'Immortel (Héros slave)
FACTION : Bratva dans le sang depuis des années.
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How to kill a nightmare (Kieran & Isaak) - Dim 28 Juin - 21:53


How to kill a nightmare
Kieran & Isaak


Il y a des mots – chauds comme un rayon de soleil – que l’on prononce avec le coeur. Il y a des mots qui papillonnent, virevoltent d’émotions. Il y a des mots qui s’accrochent aux lèvres, s’y délectant des caresses presque profanes proférés par la Lumière, lorsqu’elle daignait s’y attarder. Mais, présentement, le dieu des douces et jolies choses se perd sur la chaleur de la peau, parfois rugueuse, toujours chaleureuse. Il se perd dans ces mots sucrés, à défaut des lèvres dont il avait tendance à abuser, à s’accrocher comme si c’était son seul souffle de vie.

Est-il fatigué ?  Peut-être un peu, de cette fatigue émotionnelle qui le prenait toujours quand les vagues déchaînées des sentiments refluaient. Mais s’ils allaient rejoindre le doux confort de leur lit, Isaak savait comment cela aller se dérouler : Il se calerait en boule contre le corps rassurant de son aimé, écoutant sa respiration régulière s’assoupirent, sentant le souffle lui titiller le cou et les mèches vagabondes qui y régnaient en maîtresses. Ses yeux fixeraient le mur jusqu’à ce que toutes pensées le quittent et enfin, le sommeil viendrait également le prendre jusqu’au lentement matin, quand le doux miaulement aigu d’une terrible boule de poils viendrait les troubler.

Et même si cette alternative est plus que plaisance à ses yeux, il ne veut pas retourner dans la chambre pour le moment. Il craint d’y sentir la panique, que leurs vieux fantômes ne hantent Kieran à nouveau, dès que ce dernier se sera à nouveau endormi. Peut-être devraient ils préféré le canapé, encore vierge de tout cauchemar. Ou la chambre d’ami, ayant vu défilé leurs sœurs pour des périodes plus ou moins longues, mais vide, ce soir, s’il s’en souvenait correctement. Aucune furie n’avait débarqué pour les surprendre dans leur douce torpeur.

Non, il n’est pas encore prêt pour affronter cela, aussi stupide que cela puisse paraître. Pour lui, la nuit s’était achevé avec la montée d’hybris de son amour. Il ne pourrait se rendormir aussi facilement. « Je ne suis pas fatigué, pas encore. » murmure-t-il dans un sourire, sachant que cette demi-vérité arracherait sans nulle doute un soupir à l’homme-loup. Isaak et ses détours. Pas des mensonges – non, cela lui coûtait beaucoup trop pour être utilisé, jamais de mensonge. « Tu veux un café ? Je me fais un décaf’ » demande-t-il en retournant vers les meubles de cuisine, cherchant la casserole qui conviendra, ni trop petite, ni trop grande. Les boissons chaudes sont toujours une bonne idée – en tout cas à ses yeux – pour les nuits trop courtes de leur vie.

Dans le silence, l’eau gargouille pour finir par bouillonner et rejoint le filtre, emplissant la pièce du doux parfum (non) caféiné. Après cela, Isaak farfouille dans les tiroirs, à la recherche d’une des dizaines de bougies qu’ils ont stockés un peu partout, alors que la coupure s’éternisait. Modeler leur cycle de vie selon le parcours de l’astre ne leur convenait guère, pas avec leur rythme de vie, pas avec ses journées si courtes et si sombres. Tasse et bougie en main, il reprend le chemin vers Kieran, lui dépose un léger baiser sur le front. « Je suis dans le salon, si tu veux venir. »

Dans le salon, à retourner la table basse pour libérer de la place, retrouver ses crayons et fusains. Les carnets de croquis, heureusement, ne sont jamais loin ; étalés dans les quatre coins de l’appartement, comme par magie.  La mine file sur le grain du papier, y déposant sa poussière carboné dans un motif inconscient. Une pupille, un rangée de cils, rapidement rejoint par la douce courbure d’une lèvre inférieur, d’un arc de cupidon. Des portraits, il en collectionnait des dizaines. Des portraits de Kieran, il en avait caché pendant de longues années. Retard qu’ils avaient rattrapés dès son emménagement, en déballant les cartons.

D’habitude, la musique aurait joué à un volume faible mais suffisant pour l’accompagner. Le silence actuel lui pèse. Il sait que son aimé ne veut pas le distraire. Mais Isaak ne supporte que peu les absences de bruits qui ne lui rappellent que trop la demeure familiale et ses lugubres couloirs. Alors, il se force à élever la voix, à être le premier à prendre la parole, comme pour donner une permission. « Je t’ai pas raconté, au final, ce rendez-vous... » Il n’en avait pas eu le temps, entre sa crise de colère et ses heures de remord. « D’un ridicule, comme à chaque fois. Je me demande pourquoi je m’épuise à les faire l’apprécier s’il persiste à presque tout gâcher en une parole. »

Dans l’intimité, il n’est pas rare de l’entendre persifler, avec toujours une certaine retenue, contre à peu près tout ce qui le contrariait : le boulot, le manque de couleurs dans les magasins, le boulot, le froid hivernal, le boulot… Et pourtant, chaque jour, il continue de se lever, d’enfiler costume noir et chemise blanche, traverser les quartiers slaves d’Arcadia pour être le parfait petit assistant de direction d’un bordel de renom. « A se demander comment tout tient encore... » ajoute-t-il, le regard dans le vague, aspiré par la lueur reflétée de la bougie dans la porte-fenêtre.

Il ne se laisse guère plus que quelques secondes pour divaguer, avant de reprendre son dessin et de poursuivre sa conversation. « Je devrais regarder quand tombent les prochains grands rendez-vous et poser des congés entre. Avec un peu de chance, ça correspondra avec l’arrivée des beaux jours. » Il dépose son crayon et regarde vers la silhouette perché dans un de leur fauteuil – ocre. Poser des congés. Demander à Magda de veiller sur le chat. Faire les valises. Prendre le large. Ou prendre Chagarou, au cas où. Au cas où ils s’y plairaient, dans ce coin de nature lointain et perdu. « On pourrait se faire un petit voyage, un long weekend. Ca fait tellement longtemps. »

Au cas où ils deviendraient fous, et suicidaires, à vouloir renier la Bratva de la sorte.
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