BLAZE : Nephtys CREDITS : bandersnatch FACE : Daisy Ridley DOLLARS : 2231 SACRIFICES : 243 PORTRAIT : ANNEES : 25 ans CŒUR : liée à Eskel RÉINCARNATION : Valkyrie FACTION : Obscuri GENÈSE : créature stade 3 TALON(S) D'ACHILLE : les yeux sombres du loup, les porte-manteaux aussi RUNNING GUN BLUES :
My Own Private Pantheon
You told I had the eyes of a wolf
Search them and find the beauty of the beast
Ego te Absolvo - Raphael - Ven 6 Mar - 18:25
Sans qu'on ne la remarque, son silence entra dans celui de l'église et Hedda baissa la nuque, baissa les yeux. Des réponses plus grande que nous, un homme sur une croix, des bancs pour ployer sa silhouette, pour prier un peu. Dehors, le froid de l'hiver qui s'en venait presque... Parfois il y avait d'autres gens dans l'église, des murmures, des demandes. Des chagrins et des joies, des choses personnelles, intimes. Etait-ce idiot de venir ici sur les simples conseils d'une collègue de travail? Peut-être. Des choses idiotes, Hedda en faisait de plus en plus. Vivre, par exemple, du moins selon certains points de vu. Tu portes une faute et tu ne l'as pas payé Une voix dans sa tête, pas la valkyrie, mais celle de la culpabilité. Pourtant Hedda se souvenait de la douleur, la ressentait même à chaque instant encore. Ca ne suffisait pas, comme si quelque chose l'accusait d'aimer cela, d'en vouloir encore plus. De réclamer. N'était-ce pas dans la nature des femmes après tout? Non. Des gens pour le penser, des gens pour penser trop et en même temps pas assez. Un prêtre s'y connaissait autrement en fautes et en péchés, Astrid le lui avait promis.
Alors parfois oui, Hedda rentrait dans l'édifice, mélancolique et muette, concentrée aussi, cherchant en elle le courage nécessaire pour parler. Il lui avait fallu s'ouvrir à ses collègues déjà, à son patron. Des efforts si grands qu'elle avait cru mourir. Une deuxième fois. Comme si cela déchirait quelque chose de trop profond de son être (de leurs êtres, la valkyrie était là aussi). Au prêtre elle avait dit son nom juste. Il voyait bien qu'elle cherchait quelque chose, savait qu'Astrid l'avait guidé jusque ici également.
”Bonsoir Mon Père”
Parlerait-elle aujourd'hui? Un rapide coup d'oeil apprit à Hedda qu'elle était seule ici en dehors du prêtre. Et de la Valkyrie. Un foulard chaud lui enserrait le cou, en plus du manteau lui-même épais. Rien ne se devinait vraiment de son corps, de sa personne. Une simple tête un peu fatiguée, des yeux cherchant encore le bon sentiment à avoir, une petite moue aussi, rien de plus. Depuis peu elle recommençait à sourire, des messages envoyés sur son téléphone des mails impromptus, un homme (toujours le même) à la machine à café. De petits sourires comme des blessures eux-même, ils étaient là pourtant.
A l'église, elle ne souriait pas.
”Je viens encore vous embêter, je n'ai toujours pas eu de réponse sur ce qui est pardonnable ou impardonnable pour...une entité supérieure”
« Je ne sais pas quoi faire d'autre mon père. J'ai essayé de lui parler, mais il se ferme de plus en plus. » La femme qui se trouvait devant lui était d'un âge avancé et on pouvait voir sur son visage les marques du temps, qui creusait des sillons à travers la peau. Ce n'était pas la première fois qu'elle venait prendre conseil auprès du prêtre - ce n'était pas la seule et ce ne serait surement pas la dernière - et il pouvait sentir qu'elle était véritablement préoccupée. Il avait pris l'habitude de consacrer moins de temps à ceux qui venaient vers lui par mépris envers quelqu'un d'autre. Mais cette femme ne cherchait que le simple conseil de Dieu - ou de l'homme qui servait d'intermédiaire. Il lui adressa un sourire chaleureux. « Je pense que vous devriez lui laisser un peu d'espace. Peut-être qu'il se tournera vers vous de lui-même. Précisez-lui qu'il peut venir ici à n'importe quel moment. Gardez un oeil sur lui, il ne faut pas qu'il se sente seul, c'est important. » La mère le remercia et se signa une dernière fois avant de quitter le bâtiment.
Raphaël se tourna vers la statue du Fils de Dieu, qui semblait trôner au sommet de l'église, surplombant l'univers de son regard. Il espérait que le Seigneur avait un plan qui n'incluait pas la mort du jeune homme. Mais, perdu dans ses pensées, il n'entendit pas la personne s'approcher de lui avant qu'une voix s'élève. Il se retourna, tombant nez-à-nez avec une jeune femme rousse. Il l'avait vu plusieurs fois rester au fond de l'église, comme une observatrice, et Astrid lui avait dit qu'une de ses collègues pourrait passer. Un jour, elle avait eu le courage de lui donner son nom, avant de disparaître. Il la salua d'un signe de la tête, en retrouvant son sourire chaleureux et presque paternel. « Bonsoir Hedda. » Il laissa le silence s'installer, ne voulant pas brusquer la jeune femme. Il pouvait sentir une certaine détresse émaner d'elle, et il ne voulait pas qu'elle se sente oppressée. « Personne n'a jamais de réponse claire, mais je peux vous assurer que le Seigneur est miséricordieux avant tout. Son Pardon n'a pas de limite. Est-ce que vous voulez vous asseoir ou aller dans le confessional ? » Il tendit le bras vers un des bancs de l'église, qui était désormais presque vide, à l'exception de quelques fidèles près des cierges.
Il y en avait eu des messes depuis qu'Hedda possédait l'âge de marcher. Les sermons dans l'église de campagne, le prêtre sans compassion aucune, l'oeil morne et qui ne semblait prendre vie que pour encourager à la haine tout en rêvant à la carrière de prédicateur qu'il n'avait jamais eu. Qu'il n'aurait jamais. L'école du dimanche pour dire aux filles de baisser les yeux, d'être humbles, aux garçons de travailler et d'avoir la foi. Hedda se souvenait de tout ça, l'avait vécu. Elle en portait les traces dans son éducation aujourd'hui encore, quand bien même d'autres choses s'étaient ajoutées. Des choses s'ajoutaient toujours
”Un banc fera l'affaire.” Puisque le confessionnal l'effrayait toujours et qu'Hedda craignait la punition pour n'avoir pas respecté les règles. Jamais le père Barnes n'avait laissé croire à quelque chose en ce sens pourtant, mais la crainte d'une figure d'autorité restait là, ancrée en elle.
Elle prit place sur l'un des bancs en bois au dossier trop dur et, comme par automatisme, croisa les mains sur les genoux ainsi que le ferait une petite fille bien sage en pleine prière. Des illusions tout ça, n'est-ce pas? ”Comment sait-on seulement que l'on est pardonné?” Hedda ne prenait plus le chemin du parc pour rentrer, pas même lorsque Eskel la raccompagnait (cela arrivait de plus en plus). Le lieu de sa faute, là où des hommes étaient devenus fous à cause d'elle puisqu'elle portait sûrement des habits trop courts ou bien trop colorés. Comme certains sermons du dimanche lui avaient pourtant interdit de le faire, il y a longtemps...
”J'aimerai que les choses soient simples...Ou peut-être que c'est moi qui suis trop idiote pour comprendre?”
Et quelle idée de venir ici alors même qu'elle ne croyait plus en Dieu à présent que ses parents ne pouvaient l'y obliger. Ne plus croire en Dieu mais continuer de suivre Ses règles, du moins celles fourrées de force dans son crâne : que quoi qu'il arrive, cela était toujours de la faute des femmes. Et la présence séculaire dans son crâne, la Valkyrie ayant chevauché bien au delà des morts, gardait ses silences elles aussi. Après tout, bien avant le Dieu des Chrétiens, cela était déjà la faute des femmes...
”Quand on a souffert, beaucoup souffert...il est interdit de se venger n'est-ce pas?C 'est pourtant ce que je veux... Et si je suis damnée rien que pour dire ça, tant pis. Sincèrement, ce ne sera pas la pire des choses que je puisse vivre...”
Il y eut un moment de silence pendant lequel ni l'un ni l'autre n'esquissa l'ombre d'un mouvement. Il eut l'impression de faire face à une biche, terrifiée de rencontrer une voiture métaphorique. Et finalement, sa voix s'élève, douce et timide. il n'est pas étonné. Le confessionnal est souvent perçu comme une menace, comme une entité à part, énorme et envahissante. Certaines de ses ouailles semblaient manifester des penchants claustrophobiques une fois à l'intérieur de ce cercueil. La jeune femme se dirigea lentement vers le banc et y prit place. Quelque chose en elle semblait encore manifester une certaine fermeture envers le monde et le prêtre. Il s'assit non loin d'elle, tout en lui laissant de l'espace si elle en ressentait le besoin. Il resta un instant silencieux une fois confrontée à la question de la jeune femme. « Il n'y a pas réellement de façon de savoir. Le pardon du Seigneur est universel mais parfois, il est difficile de le ressentir. » Il sentait qu'il n'était sans doute pas lieu d'être d'évoquer les questionnements de mérite. Il resta de nouveau un peu silencieux, laissant la jeune femme s'exprimer sur ce qui lui dévorait l'esprit.
De nouveau, le prêtre cherchait les bons mots pour répondre à la jeune femme. « Rien n'est jamais vraiment simple. Si ça l'était ... Notre vie doit être une continuelle épreuve, pour que nous puissions nous reposer après celle-ci. Et vous n'êtes pas idiote. On dit parfois que les voix du Seigneur sont impénétrables, et nous nous sentons tous idiots par moments. » Elle reprit de nouveau la parole, et quelque chose en Raphaël sembla se fracturer un peu plus. Elle semblait si fragile et pleine de culpabilité, mais il n'arrivait pas à la penser coupable de quoi que ce soit. Sa voix était légèrement plus douce et paternelle, et la façade du prêtre disparut en partie. « Je pense que vous ne risquez rien à avoir ce genre de pensée, à condition de comprendre pourquoi vous les avez et que vous n'agissez pas en fonction d'elles. » Il tendit sa main vers elle puis se retint. « Est-ce que tout va bien ? Vous est-il arrivé quelque chose ? »
Le prêtre tendit la main vers elle sans pour autant continuer son geste. Hedda lui en fut gré, consciente que l'homme de Dieu comprenait certaines choses de par cela. La vie comme une épreuve tout autant qu'une pénitence, des choses que l'on avait inculqué à la jeune fille en effet lors des offices du dimanche. Elle y avait cru un certain temps, aujourd'hui Hedda ne savait pas. Les épreuves existaient, et l'on souffrait parfois beaucoup plus injustement que d'autres oui. Mais...le pardon universel? Si on lui pardonnait à elle (et Hedda ne ressentait rien de cela), alors on pardonnait tout autant à ses agresseurs? A cette idée, la jeune femme frissonna. Une réaction viscérale de dégoût profond, un grondement presque bestial depuis le fond de sa gorge, un rejet. Cela était injuste...
”Peut-être bien que j'ai eu une épreuve de trop”, répliqua la jeune femme à la question du prêtre. Elle tâchait de garder les épaules droites quand bien même celles-ci tremblaient un peu. Comme une enfant, Hedda plissa les lèvres. Une moue boudeuse, désespérée aussi.
”Je...suis rentrée beaucoup trop tard une fois. Beaucoup trp tard et beaucoup trop mal habillée pour cela. Ils me l'ont dit.”
Quatre hommes à l'accent épais, aussi épais qu'un mauvais ragoût servi dans certaines gargottes immondes. Le tremblement avait quitté ses épaules pour venir dans ses mains à présent. Par habitude, Hedda les avait jointe. Elle ne priait pas pour autant.
”Ils ont voulu me tuer après en avoir fini, mais je ne suis pas morte. Ca, ils ne le savent pas évidemment... j'aimerai que des choses bien horribles leur arrivent. Je n'ai pas toujours des pensées noires mais parfois c'est là, ça m'étouffe et ce n'est même pas comme un poison parce que le poison, on sait que c'est mauvais. C'est... comme quelque chose de normal à laisser grandir.”
Jusqu'à passer à l'acte? Sans en prendre conscience, Hedda pensa aux temps lointains de la Valkyrie, là où l'honneur avait un prix. Peut-être était-ce cela que la jeune femme cherchait à retrouver aujourd'hui. Cela, ou bien juste une envie de noirceur beaucoup trop profonde.
”Je voulais juste rentrer chez moi, ce soir là, je vous le jure. De cela, est-ce que je suis pardonnée? ”
Il se conforta dans son silence, afin de laisser l'espace qu'il fallait à la jeune femme. Il pouvait sentir qu'il y avait un nœud dans son esprit, une barrière qu'elle essayait de briser, de dépasser, comme une digue sur le point de céder. Il pouvait aussi la voir frissonner, presque trembler comme une feuille. Chaque mot était une autre fêlure dans le barrage, et ils semblaient tous être des lames aiguisées qui la blessaient. « Est-ce que vous souhaitez en parler ? » Mais il savait déjà. Il avait croisé beaucoup de personnes, et il reconnaissait certains signes qui l'avaient aiguillés. Elle commença son histoire, d'une voix comme un murmure, qui aurait pu se perdre au milieu du silence de l'église. Une colère commençait à naître dans les entrailles du prêtre, le genre de colère sourde qu'il n'avait plus connu depuis un moment. Mais il y avait quelque chose de plus froid qui s'y mélangeait, quelque chose de plus ancien, qu'il ne comprenait pas et qu'il ne cherchait pas à comprendre.
Et il sentait cette colère gagner du terrain avec la suite de son histoire. Une partie de lui comprenait que sa culpabilité provenait de la société dans laquelle ils avaient grandi, où l'image qu'ils avaient façonné de la femme cherchait à lui mettre tous les tords à dos. Mais elle n'était en rien responsable de ce qui lui était arrivée. Il savait que c'était le plus dur à expliquer, en trouvant les mots juste. Et la colère de la jeune femme trouvait un écho particulier chez le prêtre. « Vous n'avez rien fait de mal. Vous n'êtes pas responsable de ce qui s'est passé. Les seuls personnes qui subiront le jugement du Seigneur sont ceux qui vous ont fait du mal. Ils feront face à Sa justice. Vous n'avez rien à vous faire pardonner Hedda. » Il aimerait pouvoir être sur que les déchets qui s'en étaient pris à elle se retrouveraient en prison à vie, et qu'ils finiraient en enfer, mais il n'avait aucun moyen d'en avoir la certitude. « Ces sentiments que vous ressentez ... il est vrai qu'ils peuvent vous empoisonner si vous les laissez vous contrôler. Mais de ce que je vois, vous êtes suffisamment forte pour ne pas vous laisser submerger. Et si vous vous sentez sur le point de sombrer ... vous pourrez toujours venir içi. » Un silence s'installa de nouveau. Il faudrait qu'il en parle avec Astrid, pour comprendre si elle avait déjà essayé de trouver les coupables. Ses pensées semblaient être guidées par la colère sombre qui l'habitait, sans qu'il puisse vraiment l'expliquer. « Est-ce que vous vous rappelez quoi que ce soit pour identifier ces monstres ? »
