The Sound of Silence

@Sophia Blues & Ilyes

Le bruit de la trotteuse de sa montre lui vrillait les tympas. Tic-tac. Encore et encore. Elle battait en rythme avec le curseur de son logiciel de traitement de texte, ce dernier faisant du surplace depuis des heures. La page blanche s’étalait sur l’entièreté de l’écran, lui agressant les pupilles de sa clarté aveuglante. Rien. Absolument rien. Ilyes n’avait rien écrit depuis qu’il s’était dit que ça serait peut-être une bonne idée de rentrer enfin une dissertation afin d’avoir une note sur le semestre. En arrière plan, Youtube beuglait dans ses écouteurs des vidéos sans rapport avec son sujet d’étude, qui lui faisaient battre le rythme nerveusement sur les repose-poignets de l’ordinateur portable. A cette allure, la nuit allait être blanche et improductive.

Peut-être qu’il devrait abandonner et aller se coucher. Après tout, ce n’était pas comme si quelqu’un s’attendait à sa réussite. Sa mère apprendrait son échec – ou son abandon, au choix – avec un soupir sur les lèvres, comme elle savait si bien le faire, et un soupçon de désespoir dans les yeux. Mais au fond d’elle, elle le savait, il ne serait jamais bon à rien. Hormis chez les Enfants Terribles, si elle lui laissait sa chance. Ce qu’elle ne ferait bien évidemment pas. Sauf, peut-être, s’il réussissait ses études. Ilyes se repencha donc sur son clavier, comme si une inspiration divine allait lui permettre de boucler ce devoir en 30 minutes.

Sauf qu’après le délai imparti, le curseur était toujours au même endroit et son inspiration au point mort. Devait-il baisser les bras ? Etait-ce une bonne idée, de choisir ces études-là ? Puis sérieux, on avait vraiment besoin de connaître ça pour devenir technicien du son ? Savoir faire du bruit – ce qu’il faisait à la perfection, d’ailleurs – n’était pas suffisant ? Visiblement, non. Ilyes soupira, s’écrasant le visage dans les mains. C’était quoi ce sujet, sérieux ? Il n’y arriverait jamais. Il avait bien tenté, de comprendre l’intérêt. C’était censé calmer, l’ASMR. sauf qu’entendre quelqu’un manger des chips contre un micro lui avait foutu les nerfs. Et son mug préféré avait volé à travers la chambre, s’éclatant contre le mur sans aucune délicatesse.  Il devait bien exister quelqu’un sur Terre capable de comprendre, au vu du succès de ce truc…

Quelqu’un qui avait l’habitude de tous ces trucs un peu zen, baba-cool, ou il ne savait encore quel autre adjectif foutre à cette pensée. Un truc de bobo ?

Genre… Une prof de yoga ?

Un peu comme celle dont parlait parfois certains gamins qui suivaient les cours qu’elle dispensait. Avec générosité, sympathie, calme et tout ce qui allait avec.

Avec la main sur le coeur, toujours prête à aider.

… Non ?

Dans tous les cas, ça se tentait. Au moins, il pourrait dire à qui voulait l’entendre qu’il avait vraiment essayé de faire ce truc très sérieusement et que c’était absolument pas sa faute si le prof avait jugé cela indigne d’une note passable. Alors, faisant fi de l’heure, il chercha son sac bandoulière pour y glisser ce dont il aurait besoin, attrapa son sweat à capuche et fit claquer la porte pour signaler à sa génitrice qu’il était sorti, si elle était présente. Ce dont il n’avait strictement aucune idée.

La traversée de la ville se dit dans le calme. Un calme relatif, légèrement rongé par une anxiété qui ne le caractérisait guère. Peut-être qu’il aurait plutôt dû aller boire un verre. Ou deux. Ou juste rester au lit devant netflix jusqu’à ce que l’aurore pointe le bout de son nez. En arrivant dans le quartier hispanique, il s’enfonça dans sa capuche. Il y a deux ans, il avait participé – ok, c’était infiltré contre le gré de tous – dans une mission bordel des siens.  Ilyes craignait qu’on le reconnaisse. Mais qui se souviendrait d’un gamin quelqu’un ?

Enfin, il arriva devant ce qui était l’adresse dont il croyait se souvenir. Si ce n’était pas elle, il était foutu. Il n’aurait plus qu’à rendre une feuille où était écrit que tout ça, de toute manière, c’était juste de la grosse merde parce qu’il avait décidé que c’était ainsi. Il toqua et après un laps de temps qui lui sembla durer une éternité, la porte s’ouvrit. Sans prendre le temps de détailler sa future collègue de galère, il s’exprima. « J’ai besoin d’aide. »

Sentant que ses salutations ne jouaient vraiment pas en sa faveur, il glissa son pied entre la porte et le chambrant, forçant quelque peu le passage. « Sans déconner, j’ai vraiment besoin d’aide. » Et puis, avant qu’elle ne se mette à hurler – ou à lui détruire son anatomie à coup de pieds magistraux – il glissa. « C’est Lili’ qui m’envoie »

Bon, ok, c’était pas vraiment la vérité mais aux grands maux, les grands remèdes non ?

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@Sophia Blues & Ilyes

”Disculpe, disculpe, no hablo inglés ! “

Est-ce que Sophia, furieuse qu'on vienne la déranger dans son petit concon d'amour et de zenitude personnel, jouait les vieilles abuelas refusant de communiquer? Oui.
Est-ce que Sophia avait le visage tartiné d'une crème aussi épaisse qu'un fromage ail et fines herbes (d'ailleurs, elle s'était pas trompé de pot?)... oui encore.
Enfin, est-ce que la jeune femme ne voyait absolument rien devant elle parce qu'elle avait deux rondelles de concombre sur les yeux? Je dis oui oui oui !
A noter que la blonde s'était un instant demandée si utiliser le concombre entier à un autre but ne serait pas préférable pour équilibrer ses chakras. Et non, rien à voir avec des projets culinaires...

”Sans déconner, je parle vraiment pas anglais” reprit Sophia pour paraphraser son mystérieux visiteur. En anglais. Pour être sûre que lui comprenne.
Non parce que ça avait vraiment pas l'air d'être ça...

La jeune femme consentit à enlever une rondelle cependant, l'oeil gauche, afin de jeter un regard noir au malotru. Mauvais oeil, tout ça tout ça...
Elle voulu refermer la porte, sauf qu'il avait mis son pied. Ah bah d'accord, il voulait pas un café crème en plus de ça? Sophia commença à gronder et feuler comme un chat...non comme un mutant dégueulasse ayant été un chat un jour, pour le faire partir. Ca ne marcha pas.
Liliha lui avait vraiment envoyé ce mec? Sophia lui avait pourtant spécifié qu'elle les préférait plus vieux et musclés.
Et riches aussi.

”Non mais attends deux secondes, tu te crois où en fait? T'enlèves ton pied et fissa.”

C'était gavant ces gens mal élevés à la fin, alors que Sophia était-elle même une personne toute en respectabilité et en politesse.

”Genre, j'vais recevoir des gens chez moi. Il est fou, lui...et t'as eu où mon adresse, d'abord?!”

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@Sophia Blues & Ilyes

Incrédule, il l’écoutait baragouiner en espagnol – ou une langue du genre, il était pas expert non plus – sans comprendre. Il commençait à douter d’être chez la bonne personne. Après tout, les mioches étaient rarement une source fiable d’information, c’était connu. A leur âge, lui aussi, aurait certainement envoyé son aîné dans un coin d’Arcadia où il n’avait strictement rien à foutre. Quand il les retrouverait.. Il leur ferait la peau comme il se devait, ouais. Il les terroriserait, comme les gosses insolents devaient l’être.

Parce qu’en attendant, il était bien emmerdé.

Mais la blonde peu présentable – en même temps, quelle idée de débarquer au milieu de la nuit, aussi – passa à l’anglais. Une lueur vive s’alluma dans le regard d’Ilyes. Un brin de colère qu’il efforça de ravaler de son mieux, parce qu’il avait vraiment besoin de son aide. La pulsation de son sang dans ses tempes en étant presque douloureuse, comme s’il était au bord de l’implosion. « أستطيع أن أفعل ذلك أيضا ، أيتها العاهرة* » lâcha-t-il tout de même, faute de mieux.


Blasé, il ne retira pas son pied. Plutôt crevé. « Bah chez Sophia, prof de yoga ? » Mais il hésitait fortement à dire qu’il se trouvait chez une folle furieuse, tartinée de boursin ail et fines herbes – du moins, il le pensait parce qu’il n’allait certainement pas se risquer à goûter – avec du concombre sur la tronche pour parfaire le tout. Et qu’en plus, elle le prenait pour un crétin. Comme à peu près tout le monde mais ça, il ne le soulignerait pas. Plutôt crevé à nouveau.

Un soupir de plusieurs secondes s’échappa de ses lèvres, qui se froncèrent aussitôt en une moue dubitative. « T’écoutes pas ou tu piges vraiment pas l’anglais, en fait ? » Il préférait sans assurer parce que lui-même commençait à en douter, à nouveau. Mais il était prêt à parier sa bague – ok, celle qu’il a piqué à sa mère – que c’était juste de la mauvaise foi. « Les gamins de Lili’ m’ont filé ton adresse. T’sais, Lili’, la daronne qui récupère tous les gosses de Wild Island. Paraît que t’aides les petits, tu peux peut-être en aider un autre du coup ? »

Il commençait à perdre patience. Réellement. Il ne l’était déjà pas tant que cela, en temps normal. Alors, au milieu de la nuit, stressé par cette dissertation qu’il n’arriverait jamais à rendre… Il fulminait, sur le pas de la porte, les doigts se serrant et se dé-serrant au rythme de sa respiration. Frapper quelque chose lui ferait du bien, énormément de bien. Il pouvait déjà voir son poing voler contre le mur, contre la porte, saccager l’endroit pour se calmer. Mais…

Mais s’il faisait ça, il allait être encore plus dans la merde que maintenant.

Il ferma les yeux quelques instants, comme pris de nausée. Il prit appui un peu plus contre la porte, sa respiration devenant haletante. « Écoute… C’est pas grave si tu peux pas m’aider » souffla-t-il dans un murmure qui lui sembla bien difficile. « Par contre, t’aurais pas un verre d’eau glacé ou un autre truc à boire ? » Il cracherait pas sur un café, parce qu’ils en auraient sûrement besoin pour tenir éveillé mais il paraissait que cela ne se demandait, lorsqu’on semblait fiévreux. « Je peux pas m’asseoir, le temps que j’appelle ma mère et qu’elle arrive ? » La voix chevrotante, il leva doucement les yeux pour les planter dans les concombres… Enfin, dans celui découvert qui lui lançait des regards assassins. « S’il te plaît. Je… Je me sens vraiment pas bien. »

Des années d’entraînement pour ne pas aller en cours, échapper à ses obligations… Ilyes espérait vraiment que cela ne lui ferait pas défaut maintenant.

* Moi aussi je peux le faire, connasse.

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"Sophia Blues" & @Ilyes Benhadi

”Me has insultado? Pendejo !” La guerre était déclarée.
Enlevant sa deuxième rondelle de concombre, Sophia sentait sa propre colère lui vriller les veines. Peu de personnes avaient le droit de se rendre ainsi chez elle en pleine nuit, pas à Arcadia où la méfiance était de mise.
Il lui réclamait de l'aide à présent, le môme croisé asperge. A boire aussi. Sûr qu'il semblait pas très bien, et un instant Sophia se demanda si elle n'avait pas tout simplement affaire à un drogué en manque.
Ce serait bien sa veine, ça...

”T'es quand même pas un peu grand pour appeler ta mère” Et évidemment, Sophia ne put pas retenir son ton acide. La sienne était morte et enterrée faut dire, de mère, de quoi créer quelques jalousies...
La jeune femme croisa les bras, se reprit, les laissant de nouveau pendre le long de son corps. Parce que les croiser, c'était les bloquer et pas top quand il fallait attaquer ou se défendre rapidement. Ilyes était-il un danger? Sophia n'en avait pas la moindre foutue idée...

”J'aime pas faire rentrer les gens que je connais pas.”

Fermer la porte, aucune idée ne lui semblait plus délicieuse en cet instant. La jeune femme n'était pas du genre sensible aux intuitions de danger, mais elle ne comprenait pas ce que venait foutre cet homme ici, là, maintenant.

”Et puis j'aide personne... j'me fais payer pour apprendre aux gens la position du lotus, c'est tout.”

C'était tout et c'était déjà bien, c'était déjà beaucoup Mierda à la fin quoi. Elle ne l'invita pas à entrer, se tournant juste pour attraper un gobelet et aller y verser de l'eau. La bienséance voulait qu'Ilyes reste sur le palier pendant ce temps puisque Sophia n'avait rien dit, et la jeune femme se fiait simplement à cette bienséance pour qu'il boive ensuite d'accord, mais sur le palier toujours.
Sauf que quand Sophia se retourna, Ilyes était là. Chez elle. A l'intérieur.

”Mais bordel! “

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@Sophia Blues & Ilyes

La diversion prenait mal, comme il aurait dû s’y attendre. C’était Arcadia, pas une ville tranquille perdu dans le Kansas, l’Arkansas ou il ne savait quel autre état qui vantait son faible taux de criminalité, sa joie de vivre et ses charmantes petites villas familiales. Personne n’ouvrait sa porte à minuit tapantes de gaîté de cœur. La carabine , ou la batte de baseball, n’était jamais loin. Au cas où, juste au cas où.

Il hésitait à murmurer des petits s’il te plait, comme s’il ne l’avait pas insulté quelques instants plus tôt en arabe, dans toute sa splendeur. Elle l’avait cherché, aussi. Il lui lançait des regards de chien battus, comme un marmot en souffrance qu’on ne pouvait laisser crever sur le bas de la porte. Pour une fois, il disait rien sur sa mère. Pas maintenant, le venin. Pas quand on avait besoin d’aides. Pour une fois, il ne répondait pas. Pourtant, les mots brûlaient sur les bouts des lèvres. On pouvait toujours faire connaissance. Non, il n’avait pas l’habitude de payer, peu importe la position. Et celle du lotus, il la connaissait pas, en vrai.

Et puis, enfin, le moment tant attendu.

La jeune femme partir lui chercher un verre d’eau et il pénétra dans l’appartement. Il avait réagi à l’instinct, sans penser aux conséquences. Quid des hurlements probables ? Quid des flics qui débarqueraient si elle les appelait, prétextant lui trouver une aspirine ou un autre truc dans sa pharmacie ? Aurait-il le temps de se carapater ? Pas certain, sauf s’il partait maintenant.

Mais il ne pouvait pas partir maintenant. Pas alors que sa dissertation attendait sagement au chaud dans sa pochette d’ordinateur.

Pochette qu’il abandonna près du canapé. Au départ, il avait prévu de s’y effondrer, une main sur les yeux comme pour chasser une nausée ou une migraine persistante, l’autre posée sur l’assise, pianotant jusqu’à l’arrivée du verre. Toujours en théâtralité, pas du tout dans la démesure. Peut-être aurait-il poussé des gémissements de chien à moitié crevé, pour attirer la tendresse de ce cœur de glace.  

L’exclamation surgit dans son dos. Il se retourna, tranquillement, un sourire amusé dépeint sur la bouche, comme une ritournelle habituelle. « Oops ? Désolé, la porte était grande ouverte, je me suis permis. » L’espace de 2 minutes, d’un semblant de bonté dans ce monde, pour que le chaos s’invite chez vous. « Et ça c’est le verre d’eau. Trop cool. Tu peux le déposer sur la table s’il te plait ? J’arrive dans 2 minutes pour bosser. »

Il déambulait dans le salon, sans aucune notion d’intimité. Il s’arrêta dans la bibliothèque, regardant les titres intrigués. Quelques traités de yoga et autres livres qu’elle se devait certainement d’avoir. C’était pas vraiment son truc, la relaxation. Lui, c’était plutôt nerfs en pagaille et poings dans les murs. Quelques livres de cuisine, qu’il ignora pour le moment, ne se doutant pas du trésor qui s’y cachait.

Et puis, il s’avança vers un autre meuble, où reposaient quelques photographies de famille, sans doute, bougies et encens. La jeune femme apparaît sur certaines d’entre elle mais il s’en saisit d’une qui l’intrigue. Sophia, une femme plus âgée et… Quelqu’un de connu, visiblement. Mais il ne savait pas qui c’était. Les deux avaient l’air heureuses d’être là, de vivre ce moment. Vu la perruque du mec – sauf que non Monsieur, c’est que du vrai – il était pas certain qu’il le serait. « T’as une sœur ? » demanda-t-il en pointant la tante, « Et ça c’est qui ? »

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"Sophia Blues" & @Ilyes Benhadi

Putain, mais il était rentré le con?! Depuis son retour de mission, Sophia devait quand même constater que les mecs d'Arcadia adoraient s'introduire chez elle comme ça. Non parce que depuis Basilio et avec Ilyes, cela faisait deux sur plusieurs milliers : un pourcentage inquiétant.
Elle songea un instant à renverser le verre d'eau sur sa box internet pour que l'autre ne puisse pas bosser, puis se rappela in extrémis qu'en fait, elle était chez elle et qu'elle se retrouverait sans internet.
Problématique.

”Je te déteste”

Et en plus, il tripotait ses photos. Gougnaffier. Sophia fronça le nez pour bien montrer toute la sainte colère qui montait en elle, quand bien même l'autre la dépassait presque d'un bon mère. La taille ne comptait pas toujours, d'accord mais quand même. Parfois, la différence ça aidait à montrer ses sentiments avec dignité plutôt que d'exploser, surtout quand la plus petite, c'était vous.

”Non j'ai pas d'soeur, c'est ma tante. Et ça c'est Walter Mercado mais tu peux pas connaître parce que c'est un grand homme et qu'il est mort et que t'es trop jeune. Satisfait?” C'est qu'elle en claquait presque des dents comme un animal pour ponctuer ses phrases, la muse. Vous connaissiez le chihuahua de Berverly Hills et bien faites place au caniche nain d'Arcadia.
Ouaf.

[color=olive]”Mais c'est quoi comme travail, t'es un serial killer stagiaire? C'est hyper caricatural de cibler une blonde et de toutes manières demain je me teins les cheveux donc ça marche même pas. T'es nul en fait, non? Ok t'as un visage de porte de prison dont on a pas envie de se rappeler, sauf que putain ça fait pas tout. Comprende? “

Autrement dit...

”Choquée et déçue, de toutes c'est même pas bien de tuer.” Là, Sophia se foutait légèrement du jeune homme, elle-même n'hésitant pas à condamner les autres pour servir ses propres intérêts. Les condamner comme dans les faire mettre à mort si besoin.

”Tu vas foirer ton examen de méchant tueur et finir par faire des frites au macdo, voilà. Et moi je viendrais t'en commander parce que voilà encore plus. Capiche? Bon Walter Mercado c'était un astrologue capable de porter des capes de 9kgs et plus pour faire ses prédictions, et qui donnait de l'amour. Beaucoup. Tape ça sur youtube, le mot de passe wifi c'est senteurpapiersd'arménie123. Tout attaché. C'est bon? Non prend cette vidéo là elle est mieux tu vas voir... t'es quel signe d'ailleurs, à part emmerdeur profond?”

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@Sophia Blues & Ilyes

Elle est super drôle, la Chica. Elle a vraiment cru que ces trois petits mots pleins de haine allaient lui chambouler le coeur et le faire pleurer ? C'est à peine s'il se retourne pour lui accorder un regard, obnubilé par le type sur la photo qu'il a dans les mains. C'est pas ses vrais cheveux, si ?  Non mais rassurez-le, dites lui que c'est une perruque là, parce que c'est pas possible, ça défit les lois de la physique. Et pourtant, il s'y connaît pas beaucoup en sciences, Ilyes.

Puis ceux-là, il les entend souvent, dans la bouche des gens. Et s'il ne les entend pas, il les devine. A croire qu'il n'y a rien d'aimable, chez lui. Comme si c'était sa faute, peut-être. « Ah... Tu fais super vieille, en fait. » Pas vraiment. Mais lui aussi savait montrer les dents quand il fallait. Faire le chien, il sait faire : grogner, montrer les dents, remuer la... Il repose doucement la photo. Nope, Mercado, il connaît vraiment pas. Un nouveau mystère à élucider.

Enfin, il daigne s'asseoir sur le canapé, rapproche la sacoche qui avait déjà bien vécu pour enfin sortir l'ordinateur portable. Pendant ce temps, elle monologue la blonde, sans fin. Ilyes lui décroche un regard aux paupières lourdes pendant qu'il siffle le verre d'eau. Il espère vraiment qu'elle lui en resservira un - ou un truc un peu plus corsé, genre... Allez, soyons fou, un coca.  Ou une tasse de café, il dirait pas non à un café, surtout s'il doit bosser encore quelques heures parce qu'elle va jamais s'arrêter. « Et genre, c'est pas un peu raciste de traiter l'arabe de tueur ? » lui demande-t-il en tentant le verre vide.

« En plus, je préfère la pyromanie à l’assassinat. » ajoute-t-il en se concentrant sur son mot de passe pour déverrouiller sa session. A force de parler de Mcdo, elle lui file la dalle. Mais il ne sait pas trop pourquoi - l'intuition sans doute - elle va pas trop kiffer s'il se met à fouiller dans son frigo. Ça risque de mal passer et les débuts sont déjà pas glorieux.

Obéissant, il fait tout ce qu'elle dit, la petite dame. Il réduit le document Word qui brille par sa blancheur, dévoilant son splendide fond d'écran - lui et ses petits frères, parce qu'elle a un coeur, la porte de prison - pour filer se connecter au wifi. Pas de commentaire sur le mot de passe, il sait pas c'est quoi un papier d’Arménie. Ça se fume ? C'est de l'ASMR ? Et puis, il file sur YouTube pendant la leçon d'histoire. Un mec qui file beaucoup d'amour, c'est pas forcément un bon truc. Faut pas en filer à tout le monde, y a des limites d'âge quand même.

« Emmerdeur ascendant chieur avec une lune en pisseur. Et toi quoi, t'es née avec un soleil en grognasse ? » Mais tout de même, il lance la vidéo. Parce qu'il est curieux, faut se l'avouer. Elle lui a bien vendu, le Walter. Et la magie opère super vite. « Oh. Mon. Dieu. » Bon, il active quand même les sous-titres parce qu'il pige pas grand chose. Mais la gestuelle, la mise en scène, la lumière. Beau boulot de l'équipe en coulisses, y a pas à dire. La vidéo finie, il clique sur la suivante. « Lion. Je suis Lion. Et toi ? »

Et puis, encore une. Et encore une. En fait, il tape la lecture automatique, c'est mieux. Ça lui permet de pouvoir s'installer confortablement, de se caler avec un des coussins dans les bras. « Pourquoi j'en ai jamais entendu parler avant ? » Grognement du ventre. « Putain, j'ai faim. Ca livre ici Uber eats ? Parce que bon, je bosse pas encore au Mcdo. Mais je vais sûrement y finir si je passe la nuit à regarder Mercado plutôt que bosser ma dissert'. »

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"Sophia Blues" & @Ilyes Benhadi

”Où ça un arabe?” demanda Sophia, les yeux ronds et avec toute la candeur du monde pour lui ourler les lèvres.
L'air innocent, elle savait prendre, à battre des cils et se faire soudain plus jeune, innoffensive. A Arcadia, les mafias aimaient se regrouper par ethnies, elle-même le savait pour subir le rejet de certains de la Calavera avec ses cheveux blonds et sa peau pâle. Est-ce que Ilyes appartenait à l'une d'entre elles, en ce cas ne venait-il pas de laisser passer un indice absolument désarmant aux mains de l'espionne-qui-ne-venait-pas-du-froid?
Le truc dommage avec lui, c'est qu'il crachai plus facilement des insultes que des infos et c'était pas ce qu'il y avait de plus sympa quand on s'invitait chez les gens de force. Sophia hésitait encore à lui défoncer la gueule, sauf qu'on lui avait toujours appris à pas trop laisser de corps près de chez elle, voir chez elle tout court, alors ça posait problème pour la suite des événements si quelque chose devait arriver à Ilyes.

Ilyes qui se retrouva vite hypnotisé lui aussi apr Walter. Ah bah voilà, ça jouait les hommes fiers mais quand on parlait le langage des astres et des étoiles, tout de suite ça laissait l'amour couler à flots. Et il s'était mis la playlist entière en plus, ça allait durer des heures...

”Tu sais quoi? Va te faire foutre.” Simple, clair et efficace. Et puis ça allait peut-être l'aider à communiquer avec les autres, ce mec, une activité qui pouvait se faire à deux comme ça voir même à plus si besoin. Sait-on jamais...
Sophia savait ouvrir ses chakras et donner de bons conseils, fallait pas la sous estimer.

Et l'autre qui crevait la dalle : il voulait pas non plus qu'elle lui paye le domac à ce stade? Apparemment si, vu qu'il parlait d'Uber Eats. Ok, La jeune femme avait absolument rien contre un putain de burger là maintenant tout de suite, mais d'une autre côté ça allait flinguer tout son petit rituel beauté et soin de peau et tant d'efforts réduits ainsi à néant ça faisait légèrement mal à la partie la plus rebondie de son anatomie.
Ilyes essayait d'être gentil maintenant, il racontait même son vrai signe astrologique. Trop tard, aurait voulu dire Sophia. Sauf que Walter aurait jamais répondu quelque chose comme cela, au contraire. Parce que Walter préférait sourire aux gens, les écouter et montrer tout le bon en eux parce que l'existence prédestinait à cela, pas aux numéros de loto et autres merdes capitalistes. Sophia n'était pas Walter...

”Je suis pas prof de secondaire.” Venait-elle de traiter Ilyes de petit sixième? Oui. ”Je peux et veux pas t'aider pour ta dissert. Ouais, Uber Eats livre, sauf que t'auras pas mon porte feuille et que je peux crier très fort.”

Et lui foutre un coup de pied dans les couilles aussi, accessoirement, mais Sophia aimait bien rester dans l'implicite pour ce genre de choses.

”Il est tard, j'suis levée depuis ce matin, j'ai passé ma journée à faire de l'aérobic pour toutes les Jeannine et Gertrude du quartier qui veulent revivre les expériences des années 80 tout en perdant leur cellulite alors je suis crevée. Et...”

Et merde, son hybris allait se réveiller.

”Et je veux être tranquille chez moi et me putain de désapper, c'est pas vrai...” c'était le stress, bien sûr que c'était le stress.

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@Sophia Blues & Ilyes

Professeur. De. Secondaire.

Non mais sérieusement ?

Elle avait déjà vu des sixièmes aussi grand que lui ? Il les plaignait les petits, s'ils faisaient déjà presque deux mètres de haut à leur âge. C'était déjà pas facile d'être un pré-ado mais alors un pré-ado hors normes... Il dirait bien qu'il savait ce que c'était, mais cela serait mentir. Ilyes, il avait toujours montré les dents. Une habitude de famille. Le pouvoir avant tout. Se montrer fort avant tout. Mais surtout, il s'en moquait. Il était bien entouré. De la famille à foison, pour veiller sur le petit chenapan.

Ouais, il valait mieux pas qu'elle soit prof de collégiens. Il se demandait pourquoi Lili acceptait qu'elle enseigne quoique ce soit à ses gosses des rues, ses gosses de coeur. Peut-être parce que chez eux, sur leur île, "être mère" rimait avec "être mauvaise".

Ça, c'était gratuit.

Et puis, elle refusait de l'aider. Non mais vraiment. Les gens de nos jours. Ils n'avaient plus la main sur le coeur. « Tu connais même pas le sujet ! » s'exclama-t-il scandalisé. Parce que non, contrairement à ce qu'on pourrait croire en regardant son écran pour le moment, le sujet n'était pas Walter Mercado. Ça aurait pu être intéressant mais cela n'allait pas beaucoup aider un futur technicien du son.

Il claqua un billet de 20 dollars, chapardé dans le portefeuille maternel sur la table basse. « c'est bon pour le Mcdo maintenant ? C'est déconné de racketter des mineurs quand même. Je devrais appeler les flics.» Sauf que ce n'était pas une bonne idée. Surtout si elle fondait en larmes devant eux, expliquant qu'il s'était invité de force. « Un grand menu BigMac s'il te plaît. Tu te prends ce que tu veux, pas forcément une salade. » Peut-être que c'était le chéquier, qu'il aurait dû ramener. C'était plus efficace.

Se désaper. C'était la seule chose qu'il avait retenu du plaidoyer. Avec le ton presque implorant. En tout cas, à ses oreilles. Se désaper. C'était une proposition ? Pas qu'elle était moche mais... Bah pour une fois, il était vraiment venu bosser. Et atterrir dans son pieu, ça allait pas vraiment le faire marteler son clavier à une vitesse record du type 666 mots à la minute.

Non, il devait vraiment changer de sujet.

« Ca va ? » Bien sûr que non, crétin. Elle avait un demi-géant qui défonçait sa porte à une heure indécente de la nuit (comme celle de ce RP) pour ensuite s'installer sur son canapé, réclamer à manger et envisager une proposition tout aussi indécente... « Tu m'as l'air quand même bien stressée...» Fausse sympathie, parce qu'il lui devait bien ça.

Et puis, il se pencha vers son écran. « Tu sais quoi ? On va changer. On va mettre un peu d'ASMR. Il parait que ça détend. » Et oui, Messieurs, Dames, c'est comme ça qu'on arrivait enfin au but de tout ceci. Parce que c'était trop facile de dire directement ce pourquoi on avait fait tout ce chemin. « Tu me diras si ça fonctionne ? Ce que t'en penses ? Parce que tu vas rire mais... C'est le sujet de ma dissertation. »

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@Sophia Blues & @Ilyes Benhadi

Inspirer, expirer, écouter ses racines glouglouter dans les branches et...merde non c'était pas ça bien sûr. Lèvres pincées, visage pâle, soudain plus blonde que jamais, Sophia peinait à se reconcentrer. Inspirer et expirer quand même.
Et l'autre qui partait pas. Il avait au moins de quoi payer le macdo à défaut de la payer elle. Du bout des doigts Sophia avait commandé le big mac de l'emmerdeur et le triple cheese pour elle supplément bacon parce que là, elle le méritait son excès.
Et à présent, voilà qu'il lui tenait la jambe sur l'ASMR. Sophia commençait à croire qu'elle s'était droguée toute seule à l'insu de son plein gré tellement la situation ne manquait pas d'extravagance.

Dans sa tête, Erato continuait d'être une forme indéfinie tout autant que vorace. Des ordres allait naître, d'elle-même à elle-même, des ordres que Sophia ne pourrait interpréter que comme des instincts. Voulait-elle plaire, Erato, brûlait-elle de cela tandis que Sophia au contraire désirait repousser le jeune? Un instant, la blonde se laissa aller contre le dossier du canapé, elle croisa les jambes une fois, les décroisa, de la même manière qu'un félin aurait bougé les pattes dans le simple plaisir de montrer qu'il était gracieux.

Ilyes semblait avoir trouvé la vidéo d'un type adorant faire des bruits de bouches devant son micro. Sophia grogna, voix rauque comme pour habiller plus dignement le propre son qu'elle venait de faire. ”De l'ASMR, ça? Non, plutôt un débile qui découvre qu'avec du matos pas mal, on enregistre très bien les sons. Le vrai ASMR t'as une recherche dedans, le but est d'amener l'autre à l'écoute de la même manière qu'un hypnotiseur. Faut pas simplement se faire entendre, avec ça n'importe quel putain de bruit suffit. Faut se faire écouter.”

Elle se redressa, le regard inquisiteur soudain posé sur l'Enfant Terrible. Et Sophia qui savait danser entre son arrogance et le respect (parfois) porté aux autres, lui attrapa le menton. ”Comment tu peux vouloir bosser ou écrire là dessus lorsque t'es incapable d'écouter?”

Le Yoga c'était cela aussi, se faire redécouvrir, renouer un dialogue avec soi par le corps et l'esprit. Elle repoussa le garçon un peu plus dans le canapé et se leva. Cette fois-ci, c'était son tour à elle de boire un verre d'eau.

”Tu veux parler d'ASMR? Ok, alors parle de la première fois que tu as entendu un son si spécial, si spécifique qu'il t'a tout faut arrêter de ce que tu faisais pour que pour la première fois de ta vie tu te calmes et tu écoutes. Et si ça t'es jamais arrivé... Tu pourras jamais qu'effleurer le problème.”

Le sweat qu'elle portait par dessus le T shirt trop large tomba à terre. Le verre claqua tandis que Sophia le déposait au fond de l'évier Dehors, une voiture passa à toutes vitesses sur la chaussée, quelqu'un appela quelqu'un d'autre sans que l'on ne devine si cela était avec colère ou amitié. Sophia inspirait, expirait, consciente de chacun des bruits de son appartement et de la vie autour. Qu'en était-il d'llyes?