“mexican ghost story.” & Le sol craque sous le poids d’Aloy, les débris de carrelage semblent crier son désespoir alors que les deux jeunes femmes pénètrent dans les ruines qu’il reste encore debout dans Delrey. Les légendes urbaines que se plaisaient à raconter Sophia au détour d’une séance de coaching avait fini par capter l’attention de la journaliste, avide de nouvelles connaissances et de nouvelles preuves du surnaturel à Arcadia, peut-être même une piste qui la mène jusqu’à Nell. Delrey était un quartier assez pauvre, qui tendait à se développer grâce aux nombreux efforts de Basilio Vasquez qui avait réussi à remettre sur pied une partie des bâtiments depuis qu’il avait réussi à se placer à la tête des opérations, il avait une certaine influence qu’Aloy n’ignorait pas mais n’en comprenait pas particulièrement les fondements.

Le Wild Rose Center était un vestige d’un ancien centre commercial, ce qui signifiait en général que les esprits habitant l’endroit ne peuvent pas forcément être anciens mais toute preuve était bonne à prendre et la présence de sa Spirit Box solidement ancré dans sa paume confirmait toutes ses intentions (elle était censée capter tous les sons produits par un être spectral, même si cela était souvent éparse et grandement sujet à interprétation). Au milieu des mannequins qui se laissaient porter sous le poids des vêtements que le temps avait jaunis, les lumières froides clignotent régulièrement, les sons qui s’échappent de son petit appareil tentant désespérément de capter la moindre voix perdue dans les limbes. Le lieu entier ressemble à un monde parallèle, figé entre deux espaces temps comme si tout s’était déroulé au ralenti à mesure que les deux jeunes femmes progressent dans les couloirs interminables. « Reste près de moi, on ne sait jamais. On est pas assez bêtes pour faire deux équipes de un, pas vrai ?» Normalement, elle n’avait pas de souci à se faire de ce côté : habituellement, elle était accompagnée de Mallory, qui ne lui laissait aucun espace de libre et passait même devant lorsque cela s’avérait trop dangereux à ses yeux. Néanmoins, sa partenaire d’exploration était bien différente du grand gaillard et il fallait s’adapter en fonction.

Les pas se faisaient petit à petit, avec une attention toute particulière. La blonde tend l’oreille, de peur de ne capter aucun son. « Hmm… On devrait peut-être rentrer dans un magasin au hasard ? Je ne ressens rien de particulier dans les allées… » Bien innocente elle était, ignorant totalement qu’à ses côtés se baladait la récurrence d’une muse et qu’autour d’elle, de nombreux esprits se tapissaient dans l’ombre. Elle qui était en quête de vérité n’en avait jamais été aussi loin qu’à cet instant. Désignant une enseigne de prêt à porter, la blonde part la première, animée d’un courage qu’elle n’avait pas conscience d’avoir jusqu’ici (quand bien même Mallory doutait réellement qu’elle ai un quelconque instinct de survie tant elle avait tendance à se jeter tête la première dans l’inconnu).

Sans surprise, l’ensemble du magasin avait déjà été majoritairement pillé, ce qu’il restait n’étant plus que des vêtements hors saison et des invendus dont personne ne voulait. Le regard d’Aloy s’intéresse cinq secondes aux chemises, dans l’espoir d’en voir une à motifs hawaïenne qu’elle pourrait ramener à la maison pour un certain Ferguson. « Sophia ? » Demande-t-elle, comme pour s’assurer de ne pas être seule ; soudain, son coeur rate un battement quand la Spirit Box se met à grésiller et que des mots s’en échappent : « Pas… Ici… Sortir… » Partagée entre la surprise et l’excitation, Aloy se fige pour scruter l’appareil dans l’espoir qu’il lui donne plus d’indications : « Il y a quelqu’un ? Je m’appelle Aloy ! Et je suis avec mon amie… » Aloy tend la Spirit Box à Sophia pour qu’elle se présente à son tour, une importance capitale si elles voulaient s’en sortir sans dégâts, du moins c’est ce que la jeune femme a toujours appris…
 

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“mexican ghost story.” & Sophia aimait Delray Hollow d'une manière farouche boudeuse et bruyante. Elle revendiquait son appartenance au quartier tout en trébuchant à ses trottoirs...et après? D'autres qu'elle en murmuraient aussi les contes et les histoires, la voix de la rubia n'était pas la seule à s'élever ou à (et cela arrivait) murmurer. Il n'y avait qu'au sujet du Mezcal que Sophia se taisait, là où les morts gémissaient encore, quand bien même le bar avait réouvert aujourd'hui. Des larmes trop récentes et un oncle dont elle portait le deuil comme d'un second père...

La jeune femme avait noué un foulard dans ses cheveux pour les protéger de la poussière. Avec elle, Aloy avançait avec assurance car cela était son royaume : les choses figées dans le temps, les choses détruites, là où chuchotaient bien des esprits. C'était cela que les deux femmes chassaient aujourd'hui dans les ruines du centre commercial, les esprits. Au début, Sophia n'avait raconté à Aloy que quelques légendes éparses bien loin de la réalité d'Arcadia. Et puis Aloy lui proposa d'explorer avec elle quelques coins isolés de la ville. Pourquoi pas, s'était dit Sophia.
Pourquoi pas...

Ses chaussures à talon crissaient contre les graviers et carrelages défoncés à mesure que Sophia avançait dans l'endroit. De temps en temps, Aloy parlait mais la Muse lui faisait confiance pour gérer la situation peu importe ce qu'elle était justement, la situation.... ”Hm? Ca faisait quoi d'ailleurs d'être un fantôme obligé d'errer au milieu de vêtements passés de mode? La Spirit-box répondit à sa question lorsque une phrase plaintive s'en échappa : ppartir, on voulait juste partir.

”Hola claironna la jeune femme d'une voix joyeuse lorsque ce fut son tour de se présenter. ”Soy Sophia, soy una amiga” Est-ce qu'il ne faisait pas plus sombre, là, tout d'un coup? ”Por favor, no tenga miedo de nosotros” et la voix joyeuse de Sophia devint soudain légèrement plus chevrotante quand même.

”Aloy...sur une échelle de 1 à 10, on est à combien de danger là?” la poussière volait en nuages inquiétants pour dessiner leurs silhouettes à toutes les deux à contre jour. Sophia réprima un frisson qu'elle voulut cacher en croisant les bras, la silhouette dure et sévère du moins en apparence.
Elle ne s'était jamais vraiment approchée de cet endroit en réalité. Cela était étrange, inconvenant presque, car ici Sophia se sentait étrangère à nouveau quand bien même elle considérait les alentours comme SON quartier. De la tragédie du centre commercial, la jeune femme ne savait pas grand chose, ou bien avait oublié. Etait-ce mal?

”Oh attends

Au diable les questions philosophiques, Sophia s'approcha d'un petit tas de déchets diverts, anciens produits vendus et bouts de gravats options crottes de souris, pour en sortir une ravissante ceinture en cuir qui par miracle n'avait pas été grignotée, volée ou abimée.

”Parfait, je vais repartir avec... Ta boîte vocale est d'accord?“
 

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“mexican ghost story.” & L'adrénaline, la soif de connaissances : c'est ce qui maintenait Aloy en vie, c'était le fuel même de son existence. Elle n'avait pas à réfléchir pour emporter ses affaires et une victime innocente pour la suivre. Un vieux village désert victime d'une horrible histoire de secte ? Elle serait là. La maison la plus hantée des Etats-Unis ? Une lampe de poche à la main et Aloy trouve le moyen d'entrer. Alors un centre commercial délabré ? C'était loin d'être sa première exploration, loin d'être la dernière aussi. Cette fois, la pauvre victime innocente se trouvait être Sophia (si « innocente » était un terme qu'il était possible d'utiliser pour décrire la jeune femme ») mais Aloy se sentait à l'aise accompagnée de son amie et savait aussi que cette dernière ne la jugerait pas, quel que soit le nombre d'objets bizarres de chasseurs de fantômes qu'elle pourrait sortir de son sac.

Solidement accrochée à sa Spirit Box, les lieux puent l'ancien et le délabré, les particules de poussière se découpent dans les quelques éclats de lumière qu'offrent les lieux. Rien de rassurant mais encore une fois, rien que la chasseuse n'ait eu à affronter par le passé. « Au maximum, je dirais qu'on est à dix ? Au minimum, disons... neuf et demi ? » Elle ricane, la blonde. Sans méchanceté, sans jugement : elle était parfaitement consciente de mettre ses jours en danger dans ce genre de situations mais elle refusait de l'admettre, un peu comme si ne pas en parler augmentait ses chances de ne pas être hantée par un fantôme jusqu'à la fin de ses jours. « Aller quoi, faut vivre dangereusement ! On va peut-être même finir par apprendre des trucs. » Ses yeux s'illuminent de malice innocente, comme une enfant venant de mettre la main sur une carte aux trésor la menant jusqu'à un coffre rempli de merveilles. La vraie merveille pour elle serait d'un jour avoir la preuve formelle du surnaturel, quelque chose qui ne pourrait jamais laisser un seul doute sur leur existence et qui ferait enfin mordre la langue à tous ceux qui avaient eu un jour prit le temps de se moquer d'elle et de ses croyances.

Ayant approché l'appareil infernal de son amie pour qu'elle se présente aux esprits qui devaient grouiller dans le coin, Aloy s'amuse à les imaginer innocemment continuer leur vie dans ce centre commercial désaffecté, ignorant tout de leur trépas, ignorant que la faucheuse avait déjà réclamé leurs âmes. Soudain, l'air si confiant de la blonde s'évanouit en entendant son amie : « … C'est vrai que j'aurais du parler espagnol. Je suis sûre qu'ils parlent espagnol, les fantômes ici... Mince, pourquoi j'ai pas appris l'espagnol ? » Elle avait fait LV2 français, Aloy. Elle savait pas aligner deux mots de la langue la plus chantante du monde, pourtant elle se prête au jeu, mal assurée : « Hola. No parla espagnolo. » Ok, c'était absolument pas brillant et on ne parlera même pas de son accent. « C'est pas ça ? » Pour toute réponse, la spirit box se met à grésiller bien plus fort, si bien qu'elle glapit en retour : « Pardon si je vous ai offensés ! » Mauvaise idée d'offenser des esprits, surtout aussi enfoncée dans le lieu qu'ils hantent. La spirit box s'éteint soudain et le silence retombe, avec lui la pointe d'angoisse qui était née dans la poitrine de la chercheuse.

Voyant Sophia se diriger vers un article à l'abandon, Aloy demande timidement : « Hmm, tu es sûre ? Enfin, je veux dire... » La spirit box vient de nouveau déchirer le silence à coups de grésillements agressifs ! « pas... à toi... » Soudain, la chercheuse fait volte face pour entendre un claquement venant de l'entrée du magasin : « Aah ! » Tournant la tête en secouant ses boucles blondes dans tous les sens, toute confiance a disparu de son visage lorsqu'elle demande : « Ça venait d'où ? » Les lumières se mettent à clignoter comme si des paupières ne cessaient de s'ouvrir et de se fermer : « Oh oh, je sais pas qui de nous deux l'a offensé mais on... devrait... filer ? » L'obscurité réussit à peine à cacher la pâleur de la jeune femme quand ses pas la mènent à la porte d'entrée... Fermée. « … Euh... Sophia ?» Quelques essais infructueux confirment sa crainte : elles sont enfermées : « … Tu as fermé la porte en sortant ? » Piégées.  
 

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