Avec la fin de l’année universitaire qui approche, le nombre de fêtes étudiantes augmente sensiblement. Non pas que je m’en plaigne : gérer des jeunes adultes ivres est toujours bien plus simple que des mafiosos dans le même cas. En effet, hormis les rejetons desdits mafiosos, il est en plus rare qu’ils aient déjà rejoint un gang à cet âge. Ou alors, je suis peut-être encore trop optimiste au sujet de la jeunesse d’Arcadia ? Comme quoi, même un type comme moi peut encore avoir quelques illusions.

D’un regard acéré, je scrute la salle remplie d’étudiants. Mes employés s’assurent de ravitailler toute cet attroupement en boissons. Cependant, comme à chaque soirée de ce genre, je me suis assuré de passer des consignes strictes : si les personnes semblent ne pas avoir l’âge requis pour l’alcool ou s’ils sont trop éméchés, ils ont ordre de refuser de servir. Ces quelques règles sont censées prémunir les débordements, d’autant plus que ma fille pourrait être amenée à passer quelques instants dans la salle de la fête. Toutes personnes se montrant trop tacite à mon goût avec elle auront affaire à moi, quoiqu’en dise mon épouse adorée. Je ne vais sûrement pas laisser ma fille se faire importuner sous mes yeux tout de même !

Plongé dans mon observation attentive de la salle, j’arrête quelques instants mon regard sur une jeune femme. Il ne faut pas y voir un comportement intéressé de ma part. Cependant, j’ai besoin de quelques minutes pour l’identifier. Non pas que je sois devenu incapable de reconnaître quelques personnes régulières du bar. En revanche, cela faisait plusieurs mois que je n’avais pas aperçu Bleuenn – Blue. Présente fréquemment à des soirées étudiantes, j’en avais en quelque sorte mon relais parmi la bande de jeunes lorsqu’il s’agissait de faire passer des messages divers. Cependant, depuis quelques mois, la jeune femme ne venait plus. L’une de ces connaissances m’a alors confié qu’elle avait eu un accident. Si je ne suis nullement une commère, le fait que Blue soit victime d’un accident avait attisé ma curiosité. Depuis ces nombreuses années où je défends la neutralité du bar, j’ai appris qu’il pouvait avoir accident et accident.

Aussi, je profite de son passage au bar pour commander une quelconque boisson pour la saluer :

-Ca faisait longtemps !

Un torchon dans la main, je m’affaire à essuyer un verre. Je suis conscient d’incarner en cet instant une caricature du barman mais cela est le cadet de mes soucis.

-Je te sers quoi ?

@Bleuenn D. Oliphant

Spoiler: