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sentimental crowd | torben & fiona

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sentimental crowd | torben & fiona - Mar 17 Juil - 9:47




sentimental crowd
Juin 2018, 21 heures 24, Egouts, Docks, Arcadia, Etats-Unis

 


Foule Sentimentale. Le pénitent tente de se repentir. Cherche milles excuses à son infidélité. Dissimule la honte derrière le masque de pudeur. Regard fuyant, refuge au sol, creusant plus encore sous la terre. Enterré, l'homme, ne laisse paraître que le petit garçon qui a fait une bêtise. Indolore, souvent, mais punition nécessaire. Elle soupire, Fiona. Elle a de plus en plus de mal, Fiona. A gérer tout ça. Les âmes tourmentées qui n'en font qu'à leur tête. Ou qui oublient un peu l'insécurité du monde qui les entoure. Gargouillis d'esprits fragiles, imbibés d'idées foireuses. Passe une main sur son front, Fiona. Cherche dans les synapses quelques issues pour cette impasse. Rien. Rien de rien, si ce n'est l'extase d'un gamin perturbé dans une gueulante contre un camp opposé. « As-tu conscience que tes paroles auraient pu te coûter cher ? Peut-être même auraient-elles pu atteindre tes semblables. As-tu conscience de ce que cela implique ? » Le gamin secoue la tête. Dur, d'être Reine de pauvres enfants égarés. Difficile, d'être Souveraine de jeunes délinquants sans parents. Orphelins qu'elle accueille malgré le danger possible, car Mère au plus profond d'elle-même, sans jamais l'avoir été vraiment. Assez d'enfants qu'elle a à sa charge, finalement. Pas les siens, pourtant. « Tu ne peux pas te permettre d'insulter n'importe qui, en particulier si tu ignores à qui tu parles. Tu as de la chance qu'il ne s'agissait là que d'un simple maillon de la chaîne. Imagines-tu les conséquences de ce genre de comportement envers un Chef de Clan, un Bras Droit, quelqu'un de puissant ! » Comme un Maman qui devient sévère. Il n'a que seize ans, le petit, mais il n'y a pas d'âge pour faire attention à la Famille. Elle se lève, Fiona, soupire encore, Fiona. Les égouts font résonner son agacement milles fois. « Apprends à canaliser ta rage. Apprends à reconnaître ton interlocuteur. » Elle s'approche, observe le visage encore parsemé de jeunesse. Les yeux cherchent à la fuir. Elle comprend, maintenant, que ce n'est là que signe de honte. « Vas, pour cette fois. Mais si cela vient à se reproduire, tu ne voudras plus jamais descendre ici. » Claire, Fiona, si bien que le gamin se contente de hocher vivement la tête.

Puanteurs Souterraines. Encéphales qui bouillonnent. Le gamin se fait raccompagner par un Duc. Quelques minutes de répit. A peine de quoi souffler. Habituée, Fiona. Nombreuses tâches à réaliser, nombreuses pensées à développer. Et nombreuses personnes à rencontrer. « Il est arrivé, Ma Reine. » Fiona ne relève pas les yeux. Concentrée sur sa tâche, on pourrait croire qu'elle n'a pas écouté. Mais seules les idées s'ancrent dans les synapses. Sons et images s'enchaînent à l'âme. « Faites-le entrer. » qu'elle lui dit finalement. Lui, c'est celui qu'elle attend de rencontrer depuis quelques jours déjà. Peut-être une semaine. Peut-être plus. Temps qui n'a plus d'impact depuis longtemps. Nom qu'elle ne connaissait pas il y a peu. Nom qui, pourtant, semble avoir redonné quelques espoirs vains. Espoirs de reconquérir celle qu'elle aime, celle qu'elle veut protéger à tout prix. Idioties, très certainement. Idioties que de vouloir séparer Aislinn et Eamonn. Idioties que de ressentir une quelconque possessivité. Ou davantage, pire encore. Mais elle se contente de soupirer. Elle soupire beaucoup, ces temps-ci. Envahie par ses démons, son Paradis. Elle s'égare, parfois. A trop s'éloigner d'elle-même. A trop taire ce qu'elle veut. A trop ignorer ce qu'elle est.

Démangeaisons Nerveuses. Le bruit ramène au présent. Ici et maintenant. Individu qui la sauvera peut-être d'une obsession devenue maladie. Pansement potentiel à des maux qu'elle n'a jamais contrôlés. Médicaments contre la névrose qui la compose. « Laissez-nous seuls. » Quelques oeillades sont échangées. Chacun cherche à comprendre. Comme des ahuris sourds. « Tu es sûre ? » demande le plus à même de demander. Mais Fiona pose crayon, abandonne carte, et relève les yeux. Un instant, elle se fige, observe le fameux Monsieur dont on lui a fait l'éloge. Etrange éloge, d'ailleurs, si l'on comprend ce que Fiona compte en faire. L'employer contre celui qui l'a envoyé. D'une certaine manière. Elle sait ce que ça implique, Fiona. Elle hésitait encore, mais ça y est, s'est arrivé. Présent, maintenant, plus que futur à discuter. « Dehors. » Les quelques rats qui fourmillent préfèrent obéir. Mieux, avec Fiona, surtout lorsqu'il s'agit d'affaires un peu plus personnelles. Et lorsque les pas s'estompent, et qu'oreilles s'enfuient, Fiona se contente d'afficher un léger sourire. Sourire à la fois chaleureux et nerveux. Un peu comme l'âme qui l'habite. « Pardonnez-moi pour l'accueil plutôt... protocolaire. Et pour l'odeur. Les égouts ne sont guère chaleureux, bien que mes sujets tentent de me faire croire que l'endroit est plaisant. » Ils ne veulent pas froisser, mais elle en rit. « Soyons brefs, j'ai beaucoup à faire. Si vous êtes ici, c'est parce que vos services m'intéressent. Je souhaite vous engager pour un travail plutôt personnel, qui doit donc rester discret. Un ami cher m'a fait l'éloge de vos nombreuses compétences, et m'a conseillé de les mettre à profit. Ce que je demande est simple : une surveillance accrue, tout en respectant l'espace vital de votre cible, une protection efficace, un respect des règles instaurées, si peu nombreuses soient-elles. Ces règles sont très simples : pas de sexe, pas d'amour, pas de relation personnelle, et surtout pas de sexe. Je serai la seule à vous donner des directives, et ce seront les seules que vous devrez suivre. Quant à votre rémunération, elle sera plus importante que tous vos salaires réunis jusqu'ici. Sans compter les nombreux avantages qu'offrent les services rendus au Royaume. » Lorsque le monologue est terminé, elle se rend compte que ses muscles se sont tendus. Nerveuse, qu'elle est, pressée d'en finir. « Est-ce que cela serait susceptible de vous intéresser ? »


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sentimental crowd | torben & fiona - Mar 17 Juil - 14:14

J’ai l’impression désagréable d’être aussi déplacé dans ce coin qu’un chat le serait au beau milieu d’un chenil. L’endroit est humide. Sombre. Discret. Mon instinct, qui me soufflait déjà la prudence dans ma rencontre imprévue et surprenante avec un égal, se réveillait en force. La prudence se transformait en certitude. On ne donnait pas de rendez-vous à quelqu’un dans ce genre d’endroit pour prendre le thé, et il ne s’agissait aucunement d’une société d’importation comme je l’avais supposé quand j’avais reçu le lieu de rendez-vous. Je ne savais rien des activités de ces gens, Ned McNamara était resté plutôt vague sur le sujet. Un lien de confiance s’était établi entre nous, sur la base de quelque chose d’intangible, d’un sentiment partagé d’égalité et de ressemblance. Nous étions des dieux. C’était la première fois que j’en rencontrais un autre. Bien sûr, depuis que je savais avec certitude ce que j’étais, je ne l’avais pas crié sur les toits. Mais je sentais dans mes tripes la certitude de n’être pas tout seul à arpenter cette terre de vice et de chaos. J’étais parti du principe que cet homme étrange et puissant, qui nourrissait des cygnes et qui semblait si calme, était relié à cette organisation qu’il appelait Le Royaume, organisation qui gérait apparemment les combats auxquels j’avais assisté un peu par hasard. Quand on est un ancien soldat sans le sou, qu’on est doté d’un instinct curieux tout autant qu’on est dépourvu d’instinct de préservation, on a toujours tendance à se retrouver dans de fâcheuses positions, à faire des rencontres improbables.


Les bas-fonds, je les connaissais bien. J’évoluais dedans depuis la fin de mon engagement, côtoyant la crasse et le sang en égale mesure. Finalement, j’avais pensé import-export, donc contrebande. Et tous ses corollaires plus spectaculaires vitrines non moins lucratives mais moins discrètes ; paris illégaux, combats organisés, trafics en tous genres.


L’impression se confirmait. Et pourtant j’étais venu. L’humidité m’assaille les narines, et me rappelle les égouts de Damas. Ici, on n’entendait pas de détonations d’artillerie ou de rafales d’armes automatiques, mais mes souvenirs affleurant ma conscience, je me tenais prêt à tout. La sensation de danger me laisse aux aguets. La peur, je l’accueille, je la domine, je l’épouse et j’en fais une alliée. Je suis venu en connaissance de cause...


On me fouille. On me fait ouvrir mon costume. Gris sombre. Plus discret que les costumes noirs de gorille, mais avec le rien de classe qui sépare le garde du corps du porte-flingue. J’ai appris dans la Légion la puissance du paraître. Les bérets verts, l’ennemi avait appris à les reconnaître et à les craindre. Le costume suivait à son échelle la même logique ; on m’identifiait, sans pour autant ne voir que moi. On me palpe les coudes, aisselles, ventre et abdomen, entrejambe, et intérieur des cuisses. La fouille est rapprochée. Ces gens ne prennent aucun risque. Je suis venu sans arme ; convaincu que je n’en avais pas besoin.


Je n’étais pas sûr de vouloir d’un employeur qui attendait de moi que je sois armé sans arrêt, même pour une simple entrevue. Ma valeur ajoutée était ailleurs. Je sens la nervosité des protecteurs de l’endroit. Leur sérieux. Leur ennui. Personne ne veut travailler dans ce genre d’endroits, mais il a pour lui sa discrétion et son humidité, qui découragent les modes traditionnels ou modernes de surveillance directe.


On m’approche d’une porte. Le léger ressac des émotions des gardes est totalement effacé par un bouillonnement. L’océan de sentiments et d’émotions sur lequel je navigue et louvoie depuis des années frémit. Il bouillonne. Je n’ai plus le sentiments de vagues qui m’assaillent par à-coups. C’est tout l’océan qui bouillonne. Est-ce le Contrat ? Je ne montre rien, mais mon coeur bat plus vite. Il y a quelqu’un dans cette pièce qui perçoit et contient quantité d’émotions puissantes et violentes. La pression émotionnelle est énorme. Mais contenue ; nuls cris, nuls pleurs, aucun éclat de voix. Lorsque j’entre, j’ai la surprise d’être réchauffé par la plus puissante aura que j’ai pu percevoir de toute ma vie. Je ne chancelle pas sous le contrecoup psychique et émotionnel, mais j’aurais pu si je n’avais pas ressenti la puissance de cette volonté en acier trempé par delà l’huis qui nous avait séparés. La belle rouquine n’écrase pas la pièce de sa seule beauté ; elle a une véritable présence, un poids émotionnel, une âme qui cache, qui masque, la puissance brute d’un typhon. Tout juste contenue dans ce corps si mince, si fragile. J’en suis estomaqué intérieurement. Je contemplais, respiration erratique qui manque une inspiration, la somme phénoménale de ces émotions qui me serrent le coeur, me le compriment jusqu’à l’exploser. Amour, désir, possession, doute, force, détermination, amour, rigueur, détermination, jalousie, amour. Tout tourbillonne et s’emmêle ; je ne lis pas cette âme, mais je sais d’instinct qu’elle est abîmée, comprimée.


La belle commande, on l’exécute sans poser de questions. Elle coupe court à toute discussion. Toujours silencieux, je la regarde, je la jauge. Physiquement, elle n’impressionne que par sa beauté. Je sais que j’aurais le dessus. Sale manie de tueur, habitude d’assassin. Classer les gens sur leur niveau de danger physique. Mais je ne ferais jamais l’erreur de la sous-estimer. Je sens sa force, sa puissance. Je mesure l’écrasant pouvoir qui m’échauffe comme un soleil trop proche. Je puise dans sa force pour contenir le doute, et les questions qui m’assaillent. La rouquine attend que ses sbires s’éloignent –confirmant irrémédiablement l’illégalité de son organisation si un doute subsisterait- avant de me saluer d’un sourire ténu. Elle ne me salue qu’indirectement ; je réponds d’un salut de la tête. Elle avait dit « sujets. »



| J’ai déjà visité des endroits bien pires, je vous assure. Mais ça reste un drôle d’endroit pour y installer un bureau. |


Je restais honnête, sans porter de jugement, sans dépasser les bornes de la place attendue d’un garde du corps. La déesse veut aller à l’essentiel. Elle me parle de discrétion, et je comprends qu’il s’agit d’un « simple » travail d’escorte. Elle ne semble pas parler de dangers. Etrangement, je sens un sentiment fort d’appartenance, de possession, qui flamboie plus fort que la peur sous-jacente. Pressée, elle l’est. Urgence à régler, inquiétude pour la personne qu’elle voulait protéger, ou dédain pour un sujet secondaire ? Son âme était plus difficile à lire que d’autres. Elle avait peur, en tout cas. Sinon je n’aurais pas été appelé. Je hochais la tête, lentement, marquant mon signe d’acquiescement mais temporisant en réfléchissant. J’essayais de ne pas me laisser parasiter par ses émotions, mais c’était compliqué. Une âme aussi complexe... Je hiérarchise les informations.


| Madame, c’est le propre de mon métier d’être discret et de ne pas perturber le bon déroulement des opérations que vous tenez à protéger. Je n’empiéterais pas sur les rencontres, conversations ou autres. Sauf si un danger se présente. Dans ce cas vous m’excuserez par avance, seul le contrat compte. |


C’était la seule chose que je savais faire de toute façon. Protéger. Et c’était la seule chose qui me donnait du pouvoir, de la confiance, un sentiment de réussite. J’accrochais son regard sur le sujet qui semblait lui tenir particulièrement à coeur.


| Je ne couche pas avec les contrats. | répondis-je le plus sérieusement du monde. De toute façon, pour être honnête, je ne couchais plus avec personne. Inutile de le dire tout haut, ça. ¬| Je serais quand même plus efficace si je savais pourquoi vous en avez peur. Les relations de la personne que je dois protéger sont-ils des problèmes potentiels ? |


Je sortais mon livret militaire frappé de la cocarde bleu-blanc-rouge et tamponnée du ministère de la défense, et le posais sur son bureau. Je ne pouvais pas accepter un contrat sans une véritable confiance de mon employeur, ce serait la porte ouverte à une mission condamnée à l’échec.


| Mes références officielles sont là dedans. J’ai servi comme soldat puis comme sous-officier dans la Légion Etrangère. Afghanistan trois fois, Tchad et Centrafrique deux fois. Officieusement mais vous devrez me croire sur parole, j’ai fait l’Irak et la Syrie. J’ai l’habitude des missions d’escorte, même si mon habitude porte plutôt à la recherche et à l’élimination de la menace. Vous voulez faire protéger un proche par un ancien soldat, c’est donc qu’il y a danger. Plus j’en saurais sur lui, et moins j’aurais de risques de commettre une erreur d’appréciation. A quoi devrais-je faire face, madame ? |


Le « Madame » formel de l’armée était revenu au galop. Peut être aussi parce que je sentais son aura si puissante, si écrasante. Et peut être parce que même avec ce mélange explosifs de sentiments puissants et parfois violemment contradictoires, je ressentais déjà de la confiance pour cette femme. Elle aimait la personne à protéger. Elle l’aimait vraiment, et elle avait un réel souci de sa sécurité. Ca la rendait dangereuse, mais ses intentions étaient sincères.

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sentimental crowd | torben & fiona - Mer 18 Juil - 8:00




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Juin 2018, 21 heures 24, Egouts, Docks, Arcadia, Etats-Unis

 


Ronge la Moelle. Fiona écoute et entend bien. Brouhaha dans les ventricules, elle agenouille les pensées honteuses et peureuses, repousse autant d'assaillants nerveux qu'une armée d'autrefois. Elle est désormais habituée, depuis des années déjà, toujours tarir le crépitant pour éviter le débordement. Ce qui compte, finalement, le calme et le bon dénouement des choses. Ne jamais laisser l'incontrôlable contrôler son être. Eviter de faire entrer une quelconque émotion. Rien, rien qui ne doit trépasser contre son coeur. Rien, rien qui ne doit renaître contre ses reins. Elle sait, Fiona, ce qu'elle risque. Elle sait, ce qu'elle est. Ce qu'elle peut faire, elle l'a déjà fait. Créature violée par la traîtrise, baisée par la haine, louve égosillée sous les flammes. Ce que coûte l'amour, dans son foyer, n'est certainement pas le prix le plus adéquat. Bûcher aromatisé aux flammes, celui qui l'a blessé autrefois n'est désormais plus que cendres. Elle souhaiterait revenir en arrière, tenter de contrôler cet Hybris qui a emporté son amour, mais il n'est rien de plus possible. Jadis désormais jadis, sans rien pouvoir y modeler. Depuis lors, affections rejetées, distance toujours imposée. Rares, les quelques âmes à passer le fer rouge qu'elle s'inflige. Plus rares encore, celles qui briserait l'acier brûlant. Pour éviter à tout prix de tuer.

Méandres Abyssaux. Le discours lui plaît autant qu'il la gêne. Fiona ne sait pas. Elle n'a aucun moyen de savoir. Décrypter les Hommes n'est pas l'un de ses nombreux talents. Elle écoute, seulement. Laisse le bonhomme tenter de la persuader de ce qu'il est. Sur le papier, tout est bien joliment décrypté. Tout a l'air tellement parfait. Mais n'avait-il pas l'air parfait, Eamonn ? N'était-il pas le personnage le plus à même de protéger celle qu'elle aime ? Ne lui avait-elle pas donné toute sa confiance ? Questions auxquelles elle s'oblige à ne pas répondre. Pour ne pas perdre le contrôle. Pour ne pas se sentir meurtrie d'une quelconque manière. Elle regarde celui qui offre, droit de sa posture d'ancien militaire, ferme de ses années d'entraînement. Pas besoin de longs discours pour savoir d'où il tient cette rigueur. Mais Fiona apprécie ce qu'elle entend. Rassurant. Presque charmant. Si Eamonn l'a envoyé, Fiona n'a aucun doute sur lui. Bien que le Duc soit particulièrement idiot dans son dernier travail, elle lui a toujours offert une confiance aveugle. Et il n'a jamais failli lorsqu'il s'agissait du Royaume. Jamais. En vérité, Fiona a peur. Elle est terrorisée. Et l'esprit repousse toujours un peu plus l'assaillante qu'est l'angoisse.

Démangeaisons Nerveuses. Lorsque les questions parviennent à l'oreille, Fiona sent ses muscles se durcir. Statue de marbre, statue de sel, elle épanche vers elle-même un regard autoritaire, invitation de son orgueil à passer les murailles. A tout raconter. A gonfler un peu son carcan d'une fierté mal placée. D'une fierté qui n'a pas lieu d'être. Etrange, facilité de l'âme à créer des choses incroyables, incompréhensibles et indéfectibles. A croire que l'esprit devient peintre de sa propre essence, et de ce qu'elle doit contenir. Elle désigne la chaise, en face du bureau, invitation silencieuse qu'il peut saisir, s'il le souhaite. Tandis qu'elle-même prend place sur ce pseudo-trône cramoisi, elle ouvre un tiroir, et fouille quelques secondes. « Vos références sont impressionnantes. » simple commentaire, sincère, véritable. Elle ne tient cependant pas à s'étaler. Comme toujours, la retenue est primordiale. Comme toujours, des chaînes pour éviter une once de relation possible. « Son nom est Aislinn O'Reilly. » elle pose devant lui une photographie datant de quelques années déjà, seule rescapée de l'incendie qui emporta son mari. Les deux jeunes femmes, bonheur débordant des poumons, ne sont désormais plus que deux ombres qui ne se connaissent pas. « Ma soeur, ou plutôt ma cousine, génétiquement parlant. Nous avons grandi ensemble. » Mais cela a-t-il une quelconque importance, finalement ? Le sang n'est-il pas la seule chose qui n'a désormais plus d'impact en ce monde ? « Elle est propriétaire du Emerald Garden, sur Cornucopia District. » Elle l'a déjà vu là-bas. Ou du moins, à travers des photographies ramenées par Eamonn. Feu parmi le vert des plantes. Elle lui manque, indéniablement, et ce depuis trop longtemps maintenant. « Il y a deux ans, elle est venue s'installer dans ce petit magasin pour y vendre ses plantes, mais officieusement, elle marchande avec tous les Clans, leur proposant de nombreuses drogues divines. » L'avouer tout haut lui fait l'effet d'une nausée psychosomatique. Elle la hait de se mettre dans telle position. Elle la hait de la mettre elle aussi dans cette position. Et bien que l'on penserait que Fiona a le choix, au fond de l'antre qui lui sert d'âme, elle est seule à savoir qu'elle ne l'a pas vraiment. « Vous vous doutez donc qu'il existe des risques multiples, en particulier lorsque l'on sait qu'elle est née parmi les nôtres, et qu'elle a grandi pour faire partie du Royaume. Beaucoup s'intéressent également à ses talents de réincarnés, quelques uns ont bien tenté de la recruter. » Ce qu'elle ne désire pas.

Emotions Muselées. Fiona tente de respirer convenablement. Le manque d'oxygène est ultra-présent lorsqu'elle commence à trier les pensées. A se focaliser sur la trahison partielle. Sur ça. Ce qui l'a poussée à envoyer l'un de ses plus fidèles alliés loin du pays. Ce qui l'a poussée à rencontrer Torben Rawne aujourd'hui. Ce qui la poussera bientôt à se confronter au sang de son sang. « Jusqu'ici, elle était surveillée et protégée par notre contact commun, Eamonn McNamara. » Pourquoi la pousse-t-il à faire cela ? Pourquoi lui a-t-il désobéi ? Pourquoi lui a-t-il dissimulé telle monstruosité ? « Mais des événements récents me poussent à croire qu'il n'a pas respecté les règles que j'ai instauré en... » Elle se stoppe. Les mots se bloquent dans la gorge pour l'étouffer à petit feu. Feu qui, justement, se manifeste par une augmentation soudaine de sa température corporelle. Elle savait que cela adviendrait. Pour cette raison, elle a choisi de rencontrer Torben ici. Potentielle idiotie, en particulier si le contact d'Eamonn s'avère être une toute autre personne. Les apparences sont trompeuses, et elle l'apprend à ses dépends. Mais les égouts ont leur lot de sécurité, bourrés d'une eau croupie qui assumera son tempérament chaotique en cas de besoin. Obstination pour ravaler la furie. « Leur relation semble avoir évoluée d'une manière inattendue. » Nombreuses images qui fourmillent dans sa tête, imaginée par un cerveau malade. Jalousie qu'elle hait plus que tout qui s'affère dans le creux de ses reins. Possessivité dégueulasse qu'elle tente d'annihiler par tous les pores. « Je ne peux plus, désormais, lui confier cette tâche. Le sentiment ne doit pas impacter ce travail, il présente des risques considérables que j'aimerais soigneusement éviter. » Respire, Fiona, respire.


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sentimental crowd | torben & fiona - Mer 18 Juil - 14:40

Je ressens tant d’émotions différentes que j’ai le sentiment d’étouffer. D’angoisser. Est-ce elle, est-ce moi ? Je ne sais plus vraiment quand les émotions sont si fortes, quand elles sont tellement présentes. Elles font plus qu’alourdir l’atmosphère. Opaques, presque consistantes. Préhensibles pour qui sait s’en saisir pour les lire. Mais c’est complexe. Le flot d’informations est permanent et ce n’est pas une lecture, une compréhension, que l’on effectue calmement en lisant des mots. Non, la lecture des émotions, leur transcription même, est rendue complexe par leur force, par leurs nuances. Personne n’est jamais tout blanc ou tout noir, et une émotion apparemment forte, puissante et unique, revêt le plus souvent une palettes de nuances complexes, parfois masquées, parfois évidentes, voire iridescentes, qui masquent à leur tour d’autres sens. Je me perds depuis vingt ans dans ce pouvoir, dans cette capacité à lire dans les gens. Aujourd’hui, j’ai carrément l’impression de me noyer, capitaine d’un navire de conscience en pleine tempête émotionnelle, soulevé et renversé par la violence des embruns et sans cesse menacé d’être englouti par les flots.


Elle aime la personne qu’elle veut protéger. Ca, je le sens totalement. Mais par-delà l’amour et l’affection la plus pure et sincère, je ressens des miroitements, des reflets, de la pulsion. Je ne suis pas sûr de tout ce que je perçois mais j’acquiers bien vite la certitude que la jeune femme a une histoire compliquée avec la personne qu’elle veut protéger. Je vais me raccrocher aux sentiments positifs, mais garder en tête cette complexité, ces remous dangereux. Je dois garder conscience des multiples facettes d’une mission pour espérer ne pas perdre la vie dans son exécution. Je rassure déjà ma probable commanditrice sur mes qualités professionnelles ; cette capacité à dire beaucoup de choses en peu de mots, à supprimer les interventions superflues et à ne pas me laisser déconcentrer par quoi que ce soit... Même si la perception de son âme nuisait indubitalement à ma concentration, renforçant ma curiosité plus que ma méfiance, mais me poussant à de nouvelles interrogations. La peur que je ressens, pulsant par-dessous le maillage dense des sentiments que la belle éprouvait. La question majeure revenait avec force et était soulignée par l’urgence :


Qu’est ce qui pouvait effrayer à ce point une femme pareille ?



| Je peux vous détailler mes affectations, si vous le souhaitez. Je peux répondre à toutes vos questions aussi. Ce genre de mission ne fonctionne que si vous avez totalement confiance en moi. |


La perte potentielle d’un proche effrayait toujours tout un chacun. Certains plus que d’autres. Mais en contemplant cette âme-ci, je n’avais pas l’impression qu’elle était du genre à paniquer facilement. Loin de là. Je m’assieds quand elle m’y invite, et prends place face à elle, scrutant son regard. Elle commente mon livret militaire. Elle n’a aucune idée encore de ce que j’ai fait dans ces endroits, mais mon aplomb parle de lui-même. Un militaire apprend la confiance en lui, chose indispensable pour survivre dans un milieu dangereux. Conscient de ses propres forces, de ses faiblesses. Je hoche la tête, et regarde la photo. Deux visages roux. Elles ont l’air proches ; je reconnais la femme en face de moi et déduis l’autre personne, cette Aislin.


Elle me surprend quand elle confirme un lien familial. J’aurais misé sur autre chose, sans certitude. Mais il y avait du désir et de la possessivité dans les émotions qui nichaient au creux des reins de la belle ; des sentiments qui pouvaient parfois apparaître déplacés pour un membre de sa famille... Mais je savais pour lire dans l’âme des gens, que c’était finalement très loin d’être rare. Le contexte s’étoffe rapidement, outre ses sentiments évocateurs, j’apprends qu’Aislinn dirige une boutique assez rare, encore plus dans les grandes villes. Mais presque aussitôt, la patronne m’indique que sa cousine « fournit les Clans » et qu’elle propose des « Drogues divines ». Je réagis d’instinct, et masque mes émotions, conservant ce vernis sérieux en surface. Je ne sais pas de quoi elle parle mais l’armée m’a appris à me discipliner pendant des briefings abscons, et d’obtenir des informations de manière détournée sans pour autant paraître pour un imbécile fini. Mais donc, des clans. D’autres dieux. Des drogues destinées à notre usage.


Je ne connais tellement rien de cet univers, c’en est affligeant. Mais je tiens bon. Je puise dans cette bonne vieille haine glacée qui niche dans un recoin de son coeur, pour me draper dedans et me reconcentrer. La haine, je la connaissais bien. Et l’organisation pour laquelle je travaillerais s’appelait donc « Le Royaume ». Ce mot, je l’avais entendu autour de l’arène de combats clandestins. Mais susurré. Caché. Connu de tous mais pas revendiqué au grand jour. Pas dans ce genre d’endroits... Qui ne ressemblait que vaguement à celui-ci, malgré un goût visiblement revendiqué pour les endroits cladestins.



| D’accord. La boutique d’herboristerie est donc impliquée dans le trafic. Pour écouler l’argent, j’imagine ? Bien. Donc le danger est que les autres « Clans » connaissent l’endroit. Ils l’ont au moins fait suivre une fois si ce ne se sont pas des amateurs. J’imagine aussi que si vous faites aujourd’hui appel à un garde du corps, c’est pour contrer une menace précise ? Est-ce qu’elle s’est manifestée par des mots, des messages, ou par des actes ? Si oui, qui suspectez-vous ? Plus j’en saurais sur les personnes que je pourrais avoir à combattre pour protéger votre cousine, plus je serais à même d’anticiper les coups fourrés, les embuscades, ou protégerais mieux son domicile, sa boutique. |


Et je devais savoir quel niveau de violence je devais anticiper. Si la situation partait de mafias, de gangs, et tournait autour de la drogue, alors je savais déjà que contrairement à ce que j’avais espéré, le port d’une arme serait important, sinon indispensable. Le danger serait autrement trop élevé. Je ne posais pas encore la question des « talents de réincarnés », car c’était une question personnelle et je la poserais directement à la concerner quand j’irais me présenter à elle. Ma vis-à-vis chancelle sous le poids de ses émotions toutes plus violentes les unes que les autres, et parfois contradictoires, qui la taraudent. Je nourris de la compassion pour elle ; impossible de ressentir tout ça sans exploser. Son inquiétude est réelle et sincère, même si elle peut sembler parasitée par tout le reste. La colère enfle. Il y a du ressentiment, de la déception. Je hoche la tête.


| J’ai compris, madame. |


C’était donc vraiment important pour elle. Par désir de sécurité... Mais je le suspectais de façon quasi certaine, par désir tout court. Je ne jugeais pas. J’avais trop besoin de travailler, et la sincérité de la démarche me suffisait, même ces gens évoluaient dans le domaine du crime... Qui étais-je pour juger de la justice d’une action ? J’étais le juge des âmes, et vous pouvez me croire sur parole quand je vous dis que c’est un job compliqué. Je ressens une brusque bourrasque de désir brut, qui manque de faire chanceler, et je maîtrise de justesse la manifestation physique d’un incident préjudiciable. J’inspire calmement. Sans un bruit pour ne rien traduire du contrecoup psychique de ses émotions.


| Je n’ai aucune preuve à vous donner à ce sujet, malheureusement. Mais je suis un professionnel. J’ai été dans la Légion Etrangère pendant près de quinze ans. On nous y apprend le sens du devoir et du sacrifice. La concentration absolue sur nos objectifs. Je ne laisserais pas ma mission perturbée par des émotions. Je ne mélange pas travail et plaisir, vous en avez ma parole. Et quand bien même si pour une raison ou une autre je ne me considérerais plus comme en capacité d’accomplir la mission, je viendrais vous présenter moi-même ma démission, et ne prétenderais à aucune compensation. Vous avez l’air de beaucoup tenir à votre cousine, et je mesure bien vos craintes pour elle. Je la protégerai quoiqu’il m’en coûte. Vous avez ma parole. |


Dure comme l’acier ; je ne prenais jamais serment à la légère. Manière de faire désuette, mais la seule que je connaissais. Juge des Âmes, je savais très bien que rien n’était plus solide qu’une parole ; les consciences qui se conformaient à la parole donnée étaient les seules qui trouvaient durablement grâce à mes yeux.


| En revanche, je ne peux pas m’engager pour défendre son business –ou le vôtre-. Je ne réprouve pas, je ne juge pas, mais je ne donne pas là-dedans. Je protège des gens, pas leurs entreprises. Et vous devez aussi comprendre que si vous me payez, et plus encore que vous me payez cher, pour protéger Aislinn, elle sera la seule à entrer en ligne de compte. Je ne protège pas ses employés, ni ses marchandises. Je préfère le règlement hebdomadaire, si vous n’y voyez pas d’inconvénient. Dans ce métier, on pense plutôt à court terme. Maintenant si vous avez des questions sur moi, ou si vous voulez qu’on entre dans les détails pratiques de l’opération, je vous écoute. |
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sentimental crowd | torben & fiona - Ven 20 Juil - 10:25




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Juin 2018, 21 heures 24, Egouts, Docks, Arcadia, Etats-Unis

 


Particules Lunaires. Si Fiona parvient à égarer les flammes dans le torrent de ses artères, elle n'en est pas moins redescendue sur Terre. Les soldats de sa chair tentent de trouver l'intrus, jamais de compréhension quant à l'identité funeste de leurs pairs. Maladie dont elle ne guérira jamais, véhémence qu'elle affrontera jusqu'à la mort. Les quelques informations supplémentaires tarissent l'inquiétude un peu plus. Mais elle est toujours là, la peur, tapie dans l'abîme, à ricaner. Délaisser la terreur. Difficulté à cent têtes. Bien que ce Torben, si inconnu soit-il, semble bel et bien être homme méritant, Fiona hésite. A quoi bon protéger Aislinn, finalement ? N'est-ce pas là ce qu'elle aurait du faire depuis longtemps : se raviser ? La laisser vivre sa vie, et courir après ses démons. La laisser se noyer dans ses problèmes et faire face à ses potentiels ennemis. Affronter les conséquences de la vie qu'elle a choisie. La vie dont Fiona ne fait plus partie. Les pensées s'égarent parmi les méandres de la colère. Elle n'a jamais véritablement compris pourquoi elle lui avait fait telle chose. Pourquoi elle l'avait trahie. Par simple... Amour. Et quel Amour ! Bien loin de celui qu'elle lui offre, malgré la traîtrise, malgré l'absence, malgré le silence. Aislinn n'est pas sotte, et Eamonn n'a certainement pas tenu sa langue. Ce n'est simple protection d'un magasin, dont ils sont chargés. Elle le sait. Et pourtant, elle n'est jamais revenue non plus. A croire qu'elle ne reviendra jamais vraiment. Peut-être ne l'aime-t-elle tout simplement plus. Que Fiona a irradié son âme d'une haine incommensurable. Mais elle ne sait pas, Fiona. Et ça la rend folle. Elle pense un instant à renvoyer son invité. Mais si sa raison arpente bel et bien son âme, son obsession, elle, est bien plus prisée par les synapses. « Aislinn sera plus à même de répondre à cette question. Les menaces indirectes ne sont cependant pas des priorités : la plupart des Gangs chercheront davantage à manipuler Aislinn, non à la tuer. La politique vise à recruter les Réincarnés, pas à les éliminer. Ce que je souhaite avant tout, c'est protéger Aislinn, non pas de la mort, mais d'une quelconque blessure ou influence indésirable. Certains Gangs n'hésiteront pas à utiliser leurs dons d'influence psychologique, ce qu'il vous faudra bien entendu identifié, malgré les potentiels avertissements d'Aislinn. Un travail particulièrement difficile, j'en conviens. D'autres pourront utiliser de l'argent, le chantage, et même la violence. Vous comprenez que je refuse qu'elle rejoigne un Gang sans en être totalement consciente, ou sans en avoir le choix. »

Convulsions goût Narcotiques. Fiona s'engouffre dans sa propre frustration. La colère tente de se frayer un passage, mais elle s'efforce de demeurer sourde à ses appels. Désespoir, de cette furie, qui chaque fois un peu plus, cherche à envahir le monde. Destruction de la totalité de ses pensées. Aislinn a toujours eu des effets multiples sur ses neurones, indésirables, certainement, mais impossibles à semer. A croire qu'ils la maudiront à jamais. Qu'ils poursuivront leur travail jusqu'à chaos total. Fiona observe, un instant. Regarde l'inconnu qu'elle compte bien engager. Pour protéger une femme qui ne semble pas vouloir revenir dans sa vie. Une femme qui semble avoir pris le large, une décennie plus tôt. Comme effacée, Fiona. Comme disparue. Elle ignore comment cela a pu se produire. Comment elles en sont arrivé là. Peut-être était-elle trop aveugle ? Peut-être n'a-t-elle pas vu ce qui se tramait ? Peut-être a-t-elle accompli une tâche nocive sans s'en rendre compte ? Les questions lui assènent un coup sec derrière la nuque. Ces questions qui la hantent, qui errent dans la carne comme des zombies dévoreurs de chair. Parfois, lorsque la nuit s'achève, et qu'elle observe les photographies de la soeur qu'elle a autrefois aimé, elle laisse aller, sur le portrait angélique, quelques perles iodées. Elle la pleure de plus en plus souvent. Ou peut-être est-ce elle-même, qu'elle pleure, et son sort incompréhensible. Celui d'aimer une femme qui semble incapable de l'aimer en retour. « Votre parole ne me suffit pas, mais je crains que vous n'ayez rien d'autre à m'offrir. De toute façon, si irrespect des règles il y a, je le saurai très vite. Et si irrespect des règles il y a, je risque d'être très irritée. » Elle se fait bien comprendre. Ce qu'il ignore, pourtant, c'est qu'elle ne le menace pas vraiment. Elle sait. Elle sait ce qu'il adviendra si elle est trahie encore une fois. Elle sait aussi qu'Eamonn a de la chance d'être encore en vie. Et qu'il risque l'incendie à son retour. Mais ça, bien entendu, elle préfère éviter d'y penser. Alors elle sourit légèrement. On pourrait croire qu'elle sourit pour appuyer son venin, mais il n'en est rien. Elle sourit souvent pour oublier, Fiona. Relâcher quelques endorphines dans le cerveau pour faire croire à son petit corps qu'il est heureux, qu'il se sent bien. Ridicule appât qui ne marche qu'un temps.

Arabesques de la Crypte. La dernière tirade lui fait hocher la tête. Il est franc, qualité qu'elle apprécie. Qualité indispensable dans ce travail, bien qu'elle ne le souligne pas. Tout homme faisant bien ce genre de boulot le sait déjà. C'est inscrit, comme dans un livre qu'on garderait secret. Comme elle et ce qu'elle ressent pour Aislinn. Ce chaos qu'elle enfouit entre quelques pages, parmi milles autres, pour ne plus lire ses propres démons. « Nous sommes donc d'accord. Votre travail n'a aucunement de lien avec ce qu'elle fait. Ce qui compte, c'est la sécurité de ma cousine. » Et qu'elle ne s'engage pas auprès d'un autre, aussi. Du moins le supplie-t-elle, échos dans la boîte crânienne. Elle n'en serait pas étonnée, après tout. Mais le mal que cela lui infligerait. Et la réaction de l'Hybris ne serait-elle pas démesurée ? Elle l'ignore. Elle en a peur, là encore. Fiona s'adosse à sa chaise. Elle reste silencieuse, un moment. Un long moment. « Votre profil m'intéresse, c'est indéniable. Mais je tiens à ce que vous soyez extrêmement honnête envers moi. Je suis d'avis qu'il nous faut une relation de pleine confiance. » Alors elle joint les mains sur le bureau, inspire profondément. Elle sait que ce n'est pas là question aisée. Ni envie réelle d'en discuter. Mais elle est Reine. Cela fait bien longtemps qu'elle n'a plus peur d'ouvrir la bouche. « Je dois connaître votre véritable nature. Et si celle-ci est affectée par une créature, un don quelconque, une déité, peu m'importe, les dons que vous vous connaissez. » Elle lève cependant une main, symbole d'un arrêt sur pensée. « Votre véritable nature m'indiffère, mon objectif n'est pas de vous recruter plus tard. Mon objectif est de connaître les potentielles insécurités auxquelles Aislinn pourrait faire face. Si j'estime que vos dons ne seront pas une menace, je vous parlerai d'Aislinn. De moi, si vous estimez cela nécessaire. Je comprends tout à fait qu'il est primordial pour quelqu'un comme vous de connaître votre cible et votre employeur. » Elle n'a pas de secret à cacher. Ou du moins, pas à ce sujet...


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sentimental crowd | torben & fiona - Mer 25 Juil - 11:32

Dans quoi étais-je en train de me lancer ? Je n’avais jamais été un enfant de cœur, mais je n’avais jamais voulu tremper dans le grand banditisme, dans des histoires de drogue, de trafics. Etait-ce si différent de ce que j’avais fait à l’armée, d’un point de vue moral ? Je me rappelais des « killing zones » en Afghanistan, avec les américains. Je me rappelais de ces nuits noires où nous allions apprendre aux insurgés ce qu’il en coûtait d’attaquer par surprise les copains. Hommes, femmes, enfants, vieux, même le bétail et les animaux de compagnie. Maquillage de la scène en tuerie communautaire entre tribus ennemies. C’était si facile, le meurtre. Ca l’avait toujours été. Malgré mon pouvoir. Pouvais-je dès lors me targuer d’une moralité à toute épreuve, et refuser un travail au sein de la pègre Arcadienne ? Ca ressemblait à de l’hypocrisie, de là où je me trouvais. Et ma future employeuse semblait carrée. C’était un volcan sentimental, un bouillon émotionnel. Je la sentais prête à tout. Puissante, et dominatrice. Mais aimante. Elle était agitée en tous sens par des sentiments contraires mais il était clair pour moi que sa démarche était justifiée par l’amour, et peut être par le désir, qu’elle nourrissait pour sa cousine. Je ne jugeais pas les gens sur les critères de moralité et de bienséance classiques du monde moderne ; je jaugeais de l’âme des gens en fonction de leurs motivations profondes, et celles de la patronne de ce « Royaume » me semblaient assez claires pour me battre pour elle. Quand on voyait jadis au nom de quoi je m’étais battu, ce serait bien mauvaise grâce que de refuser ce contrat-là.


La rouquine bouillonne à nouveau. Comment tenir bon quand on louvoie sans arrêt entre ces véritables tornades qui nous taraudent à chaque instant ? Cela ne fait que quelques instants que l’on discute ensemble et que je vis ce qu’elle ressent, et je me sens déjà lessivé. Elle a les reins solides, mais elle chancelle. Elle tient par volonté brute. Mon respect pour elle s’accroît, même si la violence de ses émotions me laisse malgré tout prudent, méfiant. Je fronce les sourcils quand elle m’explique qu’Aislinn court d’autres dangers que l’agression physique. Et j’en apprends plus par la même occasion sur « mon » monde, « mon » nouvel univers dont je ne savais rien jusqu’à présent. La mission se complexifiait, toutefois.



| Donc Aislinn n’appartient pas au « Royaume » et vous souhaitez que si elle rejoigne vos concurrents, ce soit uniquement en connaissance de cause et sans coercition, j’ai bien compris ce que vous venez de me poser comme balises, madame ? |


Je faisais confiance à mon pouvoir, dans une large mesure, pour détecter ce genre de manipulation. Mon talent m’aidait pour combattre et avait contribué à faire de moi un bon chef d’unité sur le terrain, en connaissant l’âme, les forces et faiblesses de chacun de mes hommes. Mais c’était finalement dans le civil, dans de simples conversations, que le pouvoir se révélait le plus intéressant. Je comprenais bien ma commanditaire, toutefois. J’en étais sûr, sachant ce que je lisais de son âme. Elle aimait assez cette Aislinn pour la protéger… Et lui laisser le cas échéant, le choix de se séparer et se détourner plus encore d’elle pourvu que ce soit parfaitement volontaire. Ce sacrifice de soi au bénéfice du bonheur ou de la sécurité de sa cousine était louable et renforçait mon sentiment sur ma nouvelle patronne. J’avais arrêté mon choix. Sauf si finalement je ne lui convenais plus, son honnêteté lui vaudrait déjà mes services. Je comprends aussi la force de la mise en garde vis-à-vis des incartades au protocole qu’elle a établi ; elle tient « un peu trop » à sa cousine et je l’ai suffisamment perçu pour ne pas imaginer me mettre en travers de sa route. Ces histoires de cœur ne me concernent en rien et je suis comme la peste toute histoire un rien émotionnelle, car mon pouvoir me rend totalement faible dans ce genre de circonstances. Impossible pour moi d’envisager faire un travail correct dans une situation complexifiée par des sentiments. Je lui affirme d’un ton sans réplique, clôturant le sujet je l’espérais sur une entente partagée sur le sujet.


| Si irrespect il y a, je vous en informerais moi-même. Mais je suis sûr de moi. Même sans connaître votre cousine, je ne suis pas un homme de sentiments. Une mission reste une mission. |


Et je devais me concentrer sur son danger. Je ne voulais pas mourir, même si ce métier impliquait d’encourir un niveau élevé de risques. Bref. Le sujet devait se clôturer, c’était un point essentiel pour mon employeuse et pour moi il n’avait pas d’importance car je ne le concevais pas comme une probabilité qui vaille la peine d’être évoquée. Si malgré tout quelque chose arrivait, je mériterais la porte. J’en avais bien conscience. Je m’enfermais dans la certitude que ça n’arrivait pas. Je ne savais même pas vraiment si j’avais eu des sentiments réels pour quelqu’un un jour, depuis que j’avais eu ce pouvoir. Parfois, j’allais jusqu’à douter avoir moi-même une âme, tant je faisais le vide à distance de la civilisation et tant celle-ci m’accablait par sa proximité dans toutes les autres situations. Si ça se trouvait, je n’étais qu’une coquille creuse, vide de sentiments ou maîtrisant tellement les miens que je ne vivais plus que par ceux des autres. Pour tomber amoureux, ou désirer quelqu’un, encore fallait-il s’ouvrir à l’idée de cette possibilité. Fort de cette conviction, je me concentrais sur ce qu’elle ressentait, la rouquine.


J’acquiesce quand elle est d’accord sur le fait que je ne vais pas m’impliquer directement dans les petites affaires de sa cousine. Je sens son souci renforcé, iridescent, pour la sécurité de la prunelle de ses yeux. Je n’avais rencontré que rarement un amour aussi puissant. Différent de l’amour d’un parent pour son enfant, mais inaltérable, concentré, épais presque tant il était puissant. Je le sentais cet amour comme si je pouvais le toucher, et je savais que la force de ce sentiment me pousserait à tous les risques, à tous les dangers. D’un regard intense, convaincu, je lui rends mon assentiment, la promesse tacite que je risquerais donc ma vie pour sa cousine. Le dire avec des mots rendrait la situation inutilement pompeuse et ridicule, mais je la sentais dans mes tripes.


Nous nous toisons un moment en silence. Nous jaugeons. Elle réfléchit. Mitigée, peut être. Difficile à lire à cet instant.


Et elle se lance. Je la regarde encore. J’essaie de forcer la clarté de ce que je lis. Me plongeant dans ses prunelles, je m’y noie dans le flot d’informations. Je mesure le niveau de risques. Dois-je parler, ou non ? L’honnêteté pour ce genre de mission est indispensable. Je ne « connais » pas cette femme au sens humain du terme, mais j’ai lu dans son âme. Et ce que j’y ai lu m’a plu. Je me sens à la croisée des chemins, soit je dis juste l’essentiel, soit je déballe tout en espérant mettre les deux pieds dans ce monde qui m’échappe toujours. Je la fixe toujours du regard. Je me frotte machinalement la moustache et le menton. Réfléchissant à toute vitesse.


L’instinct tranche.



| Je lis le cœur des gens qui m’entourent. Je ressens leurs émotions. Leurs intentions. Je sais ce qu’ils ont dans la tête. C’est parfois confus, parfois limpide. J’ai ce don –ou cette malédiction c’est selon- de jauger l’âme des gens, depuis l’adolescence. Ca m’a aidé quand j’étais soldat, à développer le meilleur de mes hommes. A anticiper les actions de mes ennemis. Maintenant ça m’aide à deviner et anticiper les dangers. A savoir pour quoi ou pour qui me battre. Quant à ce que je suis, j’en ai la certitude, même si je suis bien en peine de l’expliquer. |


Elle ne m’avait pas demandé d’aller jusque là. Mais je voulais savoir, de mon côté.


| Jadis, on m’appelait Teutatès. Si ça vous aide à mieux savoir qui je suis, vous savez donc que je tire ma force de la protection que j’apporte aux gens. Vous pouvez donc avoir la certitude que je donnerais tout pour votre cousine, et que tant que je serais à ses côtés, elle aura un protecteur parfaitement dévoué à sa sécurité. C’est ma raison d’être. Je fais ce pourquoi je suis fait. Et je peux vous promettre que je le fais bien. |
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sentimental crowd | torben & fiona - Sam 28 Juil - 11:09




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Juin 2018, 21 heures 24, Egouts, Docks, Arcadia, Etats-Unis

 


Crasses Intestinales. Pensées qui pèsent, qui s'affalent, des obèses. Aislinn martèle l'entièreté des images cérébrales, assied un pouvoir sans faille au sein du coeur. Pouvoir dans le lointain, mirage rouge qui lui fait perdre la tête. La conscience rappelle l'infamie, le vice qui serpente entre les côtes, mordille un peu le palpitant, aspic venimeux semant poison et discorde. Le reptile est là depuis des années, il est venu un soir sans qu'elle ne l'attende, sans qu'elle ne comprenne. Des ténèbres, il est arrivé, et a élu domicile entre ses reins. Aislinn. As de Coeur, As de Pique, facettes multiples qui s'amusent dans son antre. Elle ignore comment elle a pu l'aimer de cette manière. Comment elle a pu laisser la flamme devenir incendie. Elle réfute les gargouilles qui rient aux portes de son esprit, préfère disséquer les tympans. Mais chaque mot qui semble sortir de sa bouche la rapproche un peu plus d'une réalité meurtrière. Prise de conscience jamais vraiment acquise, Fiona se fait violence pour écarteler la honte qui germe soudainement en elle. La culpabilité qui écrase les boyaux. Tout ce qui se cache finalement au-delà du reste. La véritable identité de Fiona. La véritable Fiona, qui crie, qui fuit. Qui saigne, toujours aussi rouge. « C'est exact, oui. Elle est libre de ses actes et de ses choix. » Elle ne veut pas la brider, Fiona. Si, autrefois, elle fut tentée de la manipuler, de l'inciter, de l'inviter, elle s'est ravisée depuis longtemps. Par Amour, certainement. Par Amitié, également. Aislinn est peut-être la seule qui pourrait prétendre à évincer ses quelques dévotions pour le Royaume. Ni la Divinité, ni les Dons, ni même la situation ne semblent avoir une quelconque importance. Elle n'est pas une marchandise qu'elle souhaiterait ajouter à son Clan. Elle est beaucoup plus que cela. Bien plus que n'importe qui. Et lorsque Torben lui assène une fois de plus quelques mots certains sur des sentiments avortés pour l'éternité, Fiona s'embrase de satisfaction.

Rebondissements Cataclysmiques Dialogue prenant une tournure étrange. Visage prenant un nouvel élan. Torben, homme déjà intéressant, s'associe soudain à une image plus charmante encore. Mesure des conséquences de telle parole. Fiona a conscience de ce qu'elle demande, et de la bravoure dont il fait preuve pour répondre. Réponse qui lui tient à coeur, et qui la tient également en haleine. Dons particulièrement précieux, et particulièrement efficaces dans une mission telle que la sienne. Sentiments, émotions et bourrasques imaginaires qu'il peut sonder comme une simple étiquette de supermarché. Il lira en Aislinn. Il lira en toute personne passant la porte du Emerald Garden. Il lira même en elle. Il lit déjà ce qu'elle est, ce qu'elle ressent, ce qui éprouve la carcasse. Il sait certainement tout de ce qui fait chavirer son âme. Prise de conscience, soudainement, de ce que cela signifie. Il sait. Et elle pâlit. Ou peut-être qu'elle rougit. Ou un peu les deux, catharsis de couleurs peignant le visage déconfit. « Alors vous savez certainement quelle importance Aislinn a pour moi. » Aucun besoin d'approfondir telle conversation. Parole qui vient plus la secouer, d'ailleurs, remarque quasi-réciproque qui charcute les veines. Torben, désormais seul être à voir la véritable charogne, seul à savoir ce qui se cache sous les flammes. Il sera un élément précieux, et surtout un élément à préserver des autres Gangs. Si traîtrise il y a, meurtre il devra y avoir. Pour protéger Aislinn, arme de choix qu'on pourrait utiliser contre elle et contre son Clan. Coup de glas dans le cerveau, instrument de la justice qui pèse soudain plus lourd. Il n'y aura pas de demi-mesure pour un homme tel que lui. Il sera sien ou il ne sera plus. Car Fiona ne permettrait jamais qu'un autre vienne terrasser Aislinn. Car elle n'autoriserait personne à la toucher, en particulier pour la viser elle-même. Qu'il en soit ainsi.

Tambourinements Honteux Elle hoche seulement la tête, tandis que les pensées se multiplient, invasion chaotique dans les artères. « Vous êtes parfait. » qu'elle assène. Elle n'a pas besoin de tenter quoi que ce soit. Elle ne tentera rien, malgré les affiliations multiples qui les lient. Panthéons voisins, les Divinités s'entendraient à merveille. Et pourtant, aucune envie de vouloir manipuler l'esprit ou l'intention. Il viendra selon son bon plaisir, selon ce qui lui paraît juste. Car le Royaume accueille les coeurs souhaitant l'habiter. Par choix, une fois encore, et non par obligation. Elle se lève, Fiona, observe les voûtes qui s'écrasent au-dessus d'eux. La terre, humide et puante, que dégueulent les murs brisés. Elle aime cet endroit autant qu'elle le hait. « Vous méritez donc de savoir à qui vous aurez affaire. » Elle n'a jamais parlé d'Aislinn. Ou du moins, pas à un pseudo-inconnu. Elle n'a jamais dévoilé qui elle est, ni qui elle était jadis. Sauf à Eamonn. « Aislinn est également une réincarnation. Panthéon Celte, Airmed, si vous connaissez. Elle est Maîtresse du Végétal, peut donc manipuler n'importe quelle plante. Sa boutique est un terrain qu'elle connait bien et qu'elle peut efficacement utiliser contre vous. » Elle sait qu'elle le fera certainement. A l'écoute de son identité, de son affiliation, de sa mission. Le simple nom de Fiona devrait suffire à attiser les braises. A la simple évocation du remplacement d'Eamonn. Car Fiona n'est pas dupe, la transition risque d'être plutôt difficile. « Je suis du même Panthéon. Eithne, Mère de tous les Dieux. Je crée et manipule les flammes. Nous sommes toutes deux particulièrement obsédées par la vengeance. » Information essentielle. Chose qu'il ne doit jamais oublier, en vue de bien protéger sa cible. Et pour éviter son propre courroux. « Nous avons le même vice, celui de ne trouver le repos que lorsque justice est rendue. » Plus important encore. Alors elle se retourne et le fixe avec attention. Elle toise le potentiel bouclier qui pourrait bien faire office de punching-ball. « Lorsque vous direz à ma soeur que vous venez remplacer Eamonn, j'ignore quelle sera sa réaction. Elle risque fort de m'en vouloir, et peut tout à fait être prise de crises violentes. Elle ne vous serons pas adresser. Mais il est possible qu'elle soit tentée de venir me voir. » Elle sait qu'elle le mériterait peut-être. Car Aislinn n'a jamais demandé sa protection. Et qu'elle ne risque guère de la remercier. Même si Fiona tente de l'aider maladroitement. Même si elle ne comprend pas vraiment. « Si elle en exprime le besoin, je vous demande de la laisser faire. » Il faudra, un jour. Qu'elle affronte Aislinn. Qu'elle affronte ses propres émotions, si monstrueuses soient-elles. Et qu'elle finisse par goûter aux délices de la douleur. Pour tenter de se réveiller. « Ne vous interposez sous aucun prétexte. »


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sentimental crowd | torben & fiona - Dim 29 Juil - 0:59

Je ne sais pas vraiment pourquoi je dis tout de but en blanc. Sans retenue et sans réserve, sans la plus petite pudeur. Je n’ai pourtant plus l’impression d’être à l’armée, où l’obéissance et la vérité allaient normalement de soi. J’avais été conditionné pour obéir, mais la lecture des sentiments de mes responsables hiérarchique m’avait rapidement mis du plomb dans la tête. Non, ce n’était pas ça. Cette femme était « Reine ». Elle avait des « sujets ». Et je comprenais pourquoi jadis certains s’en remettaient à un seigneur ou un Roi, s’ils avaient ne serait-ce qu’une once de son charisme, de sa force. J’avais été élevé dans une démocratie, et j’en avais défendu une autre en liquidant plein de gens au nom de ce qu’elle était et de ce qu’elle voulait être, aussi paradoxal que cela puisse paraître. Les choses étaient maintenant différentes. J’avais accepté de tous petits contrats de sécurité, en fait à peine plus que des vacations. Où j’avais été séduit par la moralité de mes commanditaires, ou leur inquiétude profonde et sincère. Mais je n’avais encore jamais rencontré un tel décalage entre le pouvoir de quelqu’un et l’impuissance qu’il ressentait. La rouquine pouvait encadrer sa cousine d’escouades entières de gros bras, je n’en doutais pas. Mais elle n’en avait ni le droit ni la capacité, parce qu’elle tenait trop à sa cousine au point de préférer sa liberté à elle plutôt que sa propre sécurité.


Fiona Killough n’est sans doute pas femme à faire passer son prochain avant elle. C’était une chef. L’intérêt commun avant le reste. Et son intérêt à elle en filigrane. Cela ne l’empêchait pas de se soucier des autres. Avec une implication plus personnelle, et donc plus riche de sens, quand elle se souciait vraiment d’un sujet particulier. Je la sens au bord de la folie, par moments, tant elle est tiraillée entre des émotions si opposées, si violemment contradictoires, qu’elles étaient constamment douloureuses.


Comme des plaies à vif sur lequel des mots impromptus, des actes irréfléchis, pouvaient raviver à chaque instant. Comme ces mouvements involontaires qui déchiraient des plaies cicatrisantes. Je hoche la tête. J’ai compris. Fiona est le genre de personne à accepter qu’une personne qu’elle aime de façon absolue se détourne d’elle, pourvu que ce soit volontaire, assumé. Ce genre de personne prêt à tout sacrifier, sans le moindre égoïsme et uniquement par amour, je n’avais que rarement connu ça. Les gens étaient souvent laids, à l’intérieur. Pas elle. Pourtant, elle n’en était pas moins dure. Je l’avais senti quand elle m’avait prévenu des bornes de ma mission. Ca ne changeait rien.



| Compris | obtempérais-je simplement.


La souveraine de ces bas-fonds se contente de ce que je lui sers comme arguments. Elle creuse, mais j’arrive à la convaincre. Je reste sérieux. Concentré et professionnel. Je n’en fais pas des tonnes ; je dis juste ce que je ferais, avec la certitude absolue que je ne fais pas de connerie. D’où ça me vient ? Je suis presque sûr qu’entre eux les dieux ne sont pas si honnêtes. Je connais mes pouvoirs et l’étendue des dégâts qu’ils sont susceptibles de provoquer. Fondamentalement parlant, je suis certain que ça s’étripe comme dans le monde des hommes. Mais n’en ai aucune certitude. Je commence à percevoir que j’ai beaucoup à apprendre, mais surtout que la souveraine de ce clan/gang/entreprise pouvait être la réponse à beaucoup de mes questions. Je sens que mes réponses lui plaisent, qu’elle aime ma franchise, mon honnêteté. Je sais alors que j’ai pris la bonne décision, de tout lui dire tel quel. Elle comprends que je comprends. Et elle nourrit de la gêne. Je secoue la tête, compréhensif.


| Madame, vous ne me payez pas pour vous juger, pas vrai ? Vous avez vos raisons de vouloir la protection d’Aislinn. Je les comprends et je les respecte. J’accepte la mission. Le reste ne regarde que vous. |


Je mâche mes mots, presque littéralement. Je veux dissiper tout malentendu potentiel


| Je choisis mes missions en fonction de l’importance qu’elles ont pour mes clients. La vôtre est vitale. Je ne m’engage pas à la légère, du coup. |


D’un regard, je lui fais comprendre que je sais. Mais ses motivations en elles-mêmes m’indiffèrent. Tout ce qui m’intéresse, c’est la force de ce qu’elle ressent. Amour, frustration, colère. De la honte ? Tout ça à des niveaux si élevés que je ne peux pas rester indifférent. Et il faut toute ma force d’esprit pour ne pas me laisser submerger par les émotions. Elle me dit que je suis parfait. Je secoue la tête.


| Pour ce rôle, sans doute. Mais pour toute autre situation, je ne serais utile à personne. |


Et me répète comme un mantra que je suis ce que je suis. Et que je fais ce pourquoi je suis fait. Des milliers de fois je me le suis répété. Des millions ? Aucune idée. Elle se lève. Réfléchit. Raz de marée d’émotions, de réflexions que je ne sais décoder. Elle me dit que je « mérite » de savoir qui elle est. Ca se fait donc finalement, de révéler notre nature profonde. Elle m’explique qui est Aislinn. Airmed. Je hoche la tête, enregistre la situation. Et la mise en garde. Finalement, je sais que même si ce sera complexe, je parviendrais à m’implanter dans ce nouvel environnement, auprès de cette Aislinn. Présentement, je nourris beaucoup de curiosité pour ma vis-à-vis. Eithne. J’entrouve la bouche, écarquille les yeux de surprise. Et son pouvoir me rappelait quelqu’un, mais mon instinct me poussait à la fermer sur ce coup-là.


| Eithne. C’est pour ça que je ressens… Je ne sais pas. J’ai une confiance intuitive en vous. Je pensais que ça découlait de vos émotions. De ce que je comprenais de vous. De vos sentiments. Vous êtes une personne complexe, Fiona. Vous avez beaucoup de démons qui vous rongent… J’ai mesuré votre puissance et votre complexité avant même d’entrer dans la pièce, vous êtes comme un phare pour l’espèce de décodeur que je suis. Mais ça ne change rien pour moi : je ne sais rien de ce que nous sommes. | confessais-je assez piteusement.


Mais je comprenais la flamme qui se ravivait seconde après seconde en elle. Je savais de quoi elle parlait. Je hochais la tête à sa mise en garde, mais j’étais sûr de moi, et j’étais résolu.


| Vos réserves et mises en garde vous honorent, madame. Mais je vous ai confié qui j’étais, et ce que je savais faire. Je saurais trouver l’axe qui me permettra d’aider Aislinn comme vous l’entendez. Je n’ai pas tout vu, je n’ai pas tout vécu. Mais j’ai mené des hommes à la guerre. Je sais lire en leur âme. Et j’ai su les décrypter dans les pires moments de leur vie. J’ai rencontré Eamonn, qui vous a donné mon contact. Lui aussi souhaite qu’Aislinn soit en sécurité, même s’il peut représenter des difficultés à cause de ses sentiments. Et Aislinn elle-même comprendra l’intérêt de cette mission. Je vous le promets. Je serais digne de votre confiance, et si confrontation il devait y avoir entre vous, je saurais garder ma place. Deux pas derrière elle. Ni plus, ni moins. |

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sentimental crowd | torben & fiona - Dim 29 Juil - 9:47




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Juin 2018, 21 heures 24, Egouts, Docks, Arcadia, Etats-Unis

 


Biopsie Cérébrale. Elle reste immobile. Calme, soudain. Les émotions s'apaisent d'elles-mêmes, comme si déclic il y a. Déclic, certainement, lorsqu'elle entend les chants de Torben. Ou comment il décrit les émotions dans les veines. Ou comment le jugement s'efface à même les sentiments. Soudain, un bulle émotive éclate en son sein. Elle l'admire. Elle s'émerveille de sa sagesse. Car il est juste, le bonhomme, malgré ce qu'il sait d'autrui. Parce qu'il n'ose pas la juger, pire encore, qu'il ne se le permettra pas. Et bien qu'elle ne puisse en être totalement sûre, Fiona fait confiance à son instinct. Intuition qui lui dicte qu'il est honnête avec elle. Connexion bizarroïde qui pâlit à la lueur des bougies. Il sait, et pourtant il respecte. Combien d'individus seraient capables de telle merveille ? La Reine est submergée par une reconnaissance impénétrable, immuable. Une estime profonde, qui s'affaisse sous les côtes, qui ne disparaîtra jamais. Et elle n'a pas besoin de l'exprimer. Car il sait tout. « Je vous remercie. » Elle ne le fait jamais. Remercier est un acte qu'elle connait à peine. Car Sa Majesté ne se plie par à la bienséance, on obéit et on se tait. On écoute et on approuve. « Vous faites preuve d'une retenue incroyable, malgré les circonstances qui pourraient paraître abjectes à la grande majorité de ce monde. » Elle le révère pour cela. Car il sera peut-être le seul à lui imposer si peu de malveillance. Malgré les chimères qui dansent. Pourtant, il nie l'importance qu'il peut avoir, au-delà de ces murs. Renie l'intérêt qu'il présente dans un univers aussi chaotique. Alors elle secoue doucement la tête. « Vous n'êtes inutile en rien, j'en suis persuadée. Permettez-moi d'ajouter que votre âme a bien plus de valeur à mes yeux que la quasi-totalité des marâtres qui se pavanent au-delà de ces murs. Votre discernement et votre retenue sont des biens devenus rares ici-bas. » Elle est sincère. Et si tous les Monstres de cette Terre pouvaient lui ressembler, il n'y aurait plus de guerres à surmonter. « Vous êtes embauché. » qu'elle termine, une ligne de plus sur son CV.

Séismes Intestinaux Eithne. Déesse qu'elle aime autant qu'elle hait. L'évocation lui décapite l'estomac. Elle aimerait être aussi proche de la déité que Torben semble l'être avec la sienne. Mais ce n'est pas le cas. Il n'y a plus de symbiose, des ecchymoses qui lui broient les reins. A trop se prendre pour un Dieu, on s'en brûle parfois les doigts. Et même si elle en est la Réincarnation, elle est plus Humaine que raison. Froncements de sourcils. Multiplication des incompréhensions. Rien, qu'il prétend savoir. Rien, sur ce qu'ils sont. Alors elle s'approche, fait vriller le myocarde lorsqu'elle se rassied face à lui. Le fixe un moment, à se demander d'où il vient vraiment. Pour ne pas connaître les Divinités et leurs fondements. « Vous ignorez donc qui je suis, ce qu'est le Royaume, et je suppose également que vous ne connaissez guère les quelques prophètes et créatures qui nous encerclent. » Il a tant à apprendre, tant à connaître. Fiona comprend, soudainement, qu'il lui faudra de longues discussions avec lui. Pour qu'il comprenne ce qui rôde autour d'eux. Pour qu'il sache quels dangers se réveillent à la tombée de la nuit. Elle s'épanche sur le bureau. Elle n'a aucune idée de son histoire, mais elle suppose qu'il est ici depuis peu. Pour ignorer tout de ce monde. Comme Ayo est venue à elle, ignorant la grande majorité des méandres d'Arcadia. Elle sait qu'il n'est certainement pas le seul. Qu'elle n'a aucun compte à rendre, et que ce précieux temps pourrait servir à bien des choses. Mais elle est aussi consciente qu'il a besoin de savoir. Pour leur contrat, et pour sa propre vie. Afin qu'il ne se retrouve pas piégé dans le Cheval de Troie qu'est la ville. « Si ce que vous prétendez est vrai, j'estime que vous devez prendre conscience de tout cela avant le début de votre mission. » C'est vital. Pour bien protéger, il faut savoir qui peut nous blesser. « Je m'engage à vous apprendre tout ce que je sais. » Un engagement pas des moindres, en particulier pour un membre extérieur du Royaume. Elle n'a jamais fait telle promesse à quiconque. Et la majorité de ses sujets lui crieraient certainement au loup. Mais le lien qui s'établit entre eux semble plus important que jamais. « Je n'aurai guère le temps aujourd'hui, je le crains, mais je tiens à vous rencontrer ultérieurement. » Et lorsqu'elle le souligne, elle le pense véritablement. Et elle le fera sans hésitation, si bien que dans sa tête, une recherche de date s'effectue rapidement.

Cascade Rouge La dernière tirade de Torben lui offre de multiples satisfactions. Elle sait qu'il sera bon dans ce qu'il fera. Elle sait qu'il remplira sa mission. Elle espère seulement qu'Aislinn saura l'accepter. « Vous commencerez dès la semaine prochaine. Après notre rencontre. » Elle y tient. Elle y tient même très fortement. Il n'y a pas de papier qui puisse confirmer le contrat. Rien à signer, aucune ligne à lire. Ce n'est qu'une promesse orale, un achèvement dicté. Mais l'affiliation est la même, et l'engagement pareil. Fiona le sait. Torben aussi. Elle se lève, de nouveau, ne tient jamais vraiment en place, la Reine. Elle lui offre un léger sourire, honorant la venue d'un homme qui semble apaiser ses craintes les plus fourbes. « Retrouvons-nous demain soir, aux alentours de minuit. » Il n'y a qu'au coeur de la nuit que Fiona demeure véritablement libre. Elle offre ses jours entiers à son Royaume, et à ceux qui l'arpentent. Véritable Mère, véritable Reine. Ils sont tous ses Enfants, ses Sujets. Et elle ne vit que pour eux, désormais. Seule l'obscurité latente lui donne quelques offrandes plus personnelles, quelques minutes rien que pour elle. « Au Teddybeer, sur Downtown. » Lieu qu'elle connait bien. Lieu de sécurité, où ses frères veilleront sur elle. Où elle peut s'abriter des regards indiscrets, sans dévoiler davantage sur sa vie au-delà du trône. « Demandez la Table Rouge. » Table qui lui est propre, qu'elle a créé dès l'ouverture du bar, 10 ans auparavant. Comme si elle savait qu'elle en ferait l'usage à l'avenir, malgré les rires de ses cadets. « Mon frère, Ikaar, vous guidera. Il tient le bar. » Les informations s'enchaînent rapidement, et elle ne les répétera pas. Mais elle sait fort bien qu'il prend note et qu'il s'en souviendra.


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sentimental crowd | torben & fiona - Dim 29 Juil - 23:06

Je me sentais étrangement proche de cette personne. Jamais je n’avais eu accès à autant de sentiments différents en un laps de temps si court. Ma première impression était depuis longtemps confirmée. Cette femme n’en était pas une. Elle était bien plus que ça. Elle me rappelait, par le poids des responsabilités, à ce que j’avais ressenti au passage de certains officiels du gouvernement en théâtre d’opérations. A ces politiques que l’on accusait de manipuler ces instants de partage et de revue d’armes avec les troupes, mais dont je sentais le plus souvent un réel souci pour les hommes qu’ils envoyaient mourir pour les besoins géopolitiques d’une stratégie donnée. Ces gens étaient des personnes fascinantes. Meurtris par les décisions qu’ils prenaient, souvent considérées comme inhumaines car elles mettaient sciemment des gens en danger. Mais ils les prenaient quand même. Courage ou folie? Ca se confondait chez certains de ces gens. Pas chez tous. Pour Fiona Killough, ses responsabilités étaient très claires. Et je ne ressentais aucun désir qu’il en soit autrement, que quelqu’un d’autre ne prenne en charge ce fardeau qui lui appartenait. Je ne savais pas comment je pouvais l’aider, mais mon côté protecteur me poussait malgré tout à envisager de le faire. Un jour ou l’autre.


La femme me fait confiance. Je le sens. Ca me flatte, mais ça me concentre. Je n’ai pas le droit à l’erreur. Ce n’est pas qu’une histoire de pègre, de mafia ou d’argent. Ca n’a jamais été la question au cœur de ce sujet, au cœur de ce qu’elle ressentait. J’avais vu la puissance de ses sentiments. Aislinn devait vivre. C’était un impératif. Un ordre non négociable. Une mission dont les paramètres ne pouvaient changer en cours de route. Je chancelle sous le poids du soulagement qu’elle ressent à mon endroit. Je sens le poids de ses sentiments. De ses remerciements, d’une sincérité qui me submerge et me serre le cœur.


Je viens d’obtenir, en même temps que mon ordre de mission, la meilleure gratification que je pourrais obtenir de ce travail.



| Ce n’est pas de la fausse modestie, madame. A force de vivre ainsi, j’en suis venu à douter d’avoir une âme en propre. Je le découvrirais un jour ou l’autre ; en attendant, c’est sans aucun doute ce qui me donne les épaules pour cette mission. |


Regard vers l’extérieur.


| Ces marâtres vous craignent tous, madame. Beaucoup vous admirent. Certains vous aiment profondément. Tous vous respectent. Et je comprends chacun de ces sentiments que vous faites naître en eux. Je sais qui vous êtes, au fond de vous. Et c’est tout ce que j’ai besoin de savoir. |


Je suis embauché, donc. Ce moment est terminé. Je le sens dans mes tripes ; je ne suis pas là pour devenir ami avec qui que ce soit. J’ai mon ordre de mission, l’organisation attendue et la gratification prévue. Je sais tout ce que j’ai à savoir, tout ce que peut me dire ma commanditaire en tout cas. Le reste je vais le découvrir sur le terrain sans le moindre doute. Je note les sentiments perplexes qui naissent dans le palpitant de la rouquine, qui semble étonnée de ma confession. Je ne sais rien. Ma mère aussi avait des pouvoirs, même si elle me les cachait quand j’étais petit. Elle ne m’en a jamais parlé, même quand les miens sont apparus. Elle me promet qu’elle me briefera sur le sujet. J’acquiesce d’un hochement de tête solennel, franc et reconnaissant. J’ai confessé une faiblesse, sans aucun doute. Je me sens comme un nouveau né dans un monde que je ne comprends pas vraiment. Et que je vais rapidement devoir affronter. Je me lève quand elle me dit que je commence la semaine prochaine, sitôt qu’elle aura pu m’apprendre à quoi je me frottais. Elle se lève aussi.


Me donne rendez-vous le lendemain. La nuit pour la discrétion. La nuit pour habitude. C’est le temple de l’illégalité, ici. Et elle s’épanouit le plus souvent dans le noir. Je lui confirme que j’ai compris.



| Demain soir, la Table Rouge du Teddybear. Minuit. Et je dois demander votre frère Ikaar. J’y serais. C’était un honneur, madame. Et un plaisir. Le bonsoir. |


Je ne lui tends pas la main comme je l’aurais fait d’un employeur classique. Sans la quitter des yeux, j’incline la tête. Et prends congé. Demain, je découvrirais peut être enfin ce que je foutais vraiment sur cette Terre. Aucun sentiment de méfiance ou de peur. Rien d’autre que l’impatience. Mais je ne la presse de questions ni d’explications. Chaque chose en son temps, et j’ai l’âme discrète du soldat.
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