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Dieu et nous seuls pouvons. - Cruz

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Dieu et nous seuls pouvons. - Cruz - Mar 15 Jan - 23:17

Métronome.

Son palpitant, lent, calme, rythme la pièce. Faible écho au loin, des câbles branchés de son corps à un engin répondent à ses palpitations, l’électrocardiogramme chante en sourdine dans la chambre froide et silencieuse. Les rideaux clos, une lueur crépusculaire passe au travers des voilages, plongeant son corps inerte dans une ambiance aquatique, irréelle.
Sur la table de chevet trône un plateau d’acier froid, luisant dans la lumière. Dessus, des lueurs cristallines reflètent les larmes solaires : inox chirurgical, des stylets et des outils de torture attendent sagement qu’on les utilise, rangés les uns à côtés des autres en rang d’oignons ou de soldats à la discipline de fer.

Gisante.

La femme dort profondément dans son lit, ignorant la douleur de la perfusion qui encombre son bras. Son sommeil paraît sans rêve et parfaitement serein ; dans le halos de lumière, son visage apaisé semble angélique. La scène pourrait être christique si l’avenir ne lui réservait pas les plus sombres desseins. Vierge immaculée ourlée de nacre et d’ivoire dans un écrin en ruine, un quartier croulant sous la pauvreté, la tristesse et les effusions de sang. Dans un coin de la pièce, dans la pénombre artificielle, j’attends sur une chaise, livre à la main. L’électrocardiogramme, seul mouvement sonore, me berce autant que m’oppresse.

Écouteurs.

Je les sors de ma poche, les plaçant alors dans mes oreilles, et cherchent dans mon répertoire une musique adéquate ; nulle mélopée ne peut rimer avec mes projets, seuls les plus sombres requiem peuvent s’y adapter. Alors, sans hésitation, les violons se lancent dans mes tympans, introduisant l’opéra éploré priant la miséricorde de Dieu.
Je suis arrivé bien trop en avance pour préparer le matériel. Alors je marche un instant, faisant les cent-pas dans la pièce, scrutant de temps à autre la gisante. Mes bras se croisent, je la fixe, dépité et triste. N’approuvant pourtant pas les méthodes, je les accepte et, dans les conditions actuelles, les encourage même. En temps normal, j’aurais prôné l’exil, véritable et lointain, mais il en ressort de notre sécurité. Alors j’ai acquiescé sans une once d’hésitation.

Spleen.

Sauf que, sa culpabilité ne dépend que de notre justice. Ni celle des Hommes, ni celle des Dieux, celle de la Calavera. Notre royaume, notre famille, devenu si sanglant, si vindicatif avec le temps. Mon cœur se serre et je ne peux que détourner le regard de l’espionne répudiée.
Après être retournée sur mon siège, je sors un recueil de poème d’Octavio Paz ; me réfugier dans ses mots, dans sa poésie, m’aide à sortir de cette torpeur dépressive qui pointe son nez. De temps à autre, après quelques vers, je bois des gorgés de thé. L’air est si frais, il me rappelle les morgues, et c’en sera bientôt une quand le silence s’abattra dans la chambre.

Bruits.

Au loin, brisant la langueur monotone des mots s’enchaînant entre mes oreilles et défilant sur mes orbites. Il s’agit forcément de mon partenaire du soir mais le doute, l’éternel ennemi des gens heureux, me force à m’emparer d’une lame, prêt à  bondir sur l’homme qui entre dans la pièce. La clenche gronde, la poignet tourne, s’il s’agit d’un inconnu, sa jugulaire ne durera pas.
Mais il ne l’est pas, inconnu, bien au contraire, et avec lui s’en va toute l’appréhension qui habite mon corps. Mes muscles se détendent, ma charpente rouillée se lève pour aller en sa présence. Je lâche le scalpel et le salue. Nos regards se croisent mais, bien vite, un autre élément les obnubilent : la Belle-au-Bois-Dormant.

«  Tu es prêt ? »

Un sourire s’affiche sur mon visage, amical et chaleureux, pour remercier la présence de Cruz. Il s’éteint rapidement, me rendant compte qu’il devient inapproprié, presque malsain, de sourire dans ces moments là.

«  Il faut essayer d’imiter les conditions réelles, commençai-je.  Comme ça, on s’entraîne à le faire plus vite, ou à en prendre plus. »

Je range méthodiquement mon téléphone dans la poche de ma veste pendant que je parle, juste après j’enfonce un marque-page dans mon livre. Une fois mes affaires à leurs places, je termine :

«  En vrai, on saura enfin si ce sont des vrais ou des faux seins qu’elle a. Et je crois, continuai-je sur le même ton sarcastique,  que c’est le plus important. »

Enfin, je me détache du corps. La tourmente s’efface, les automatismes se préparent. Les émotions mises de côté, je ne deviens plus qu’une machine à découper, sans joie ni crainte.
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