AccueilAccueil  tumblr  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  MembresMembres  GroupesGroupes  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
FORUM FERME
Le Deal du moment : -29%
PC portable – MEDION 15,6″ FHD Intel i7 ...
Voir le deal
499.99 €

Enjoy the silence

 :: terminés
Invité
Anonymous
Enjoy the silence Empty
Enjoy the silence - Jeu 2 Aoû - 21:57

Enjoy the silence 180802094606683749 Enjoy the silence 180802094604115479

enjoy the silence

 
"Words like violence, Break the silence.
Come crashing in, Into my little world
Painful to me, Pierce right through me
Can't you understand, Oh my little boy.
song




Quelqu’un sonne. Le bruit est strident, me tape sur le crâne comme un coucou dans une horloge. Le dring est vibrant, piquant, douloureux. Mais j’n’ai pas envie d’ouvrir les yeux, c’est trop difficile, encore un peu. Quelques minutes, quelques heures, un tout petit peu plus de temps.

Mais non.
Dring, dring que fait la sonnette.
Ouvrir les paupières, comme si elles pesaient deux tonnes.
Et se rendre compte que ce n’est pas à la porte qu’on sonne.
C’est mon réveil.

2h de retard.
Il est 18h. Je devais revenir au bureau à 16h. J’avais dis que j’y serais à 16h. Putà de merde.
Pourtant je ne saute pas du pieux. Pas la force. La tête qui suinte de l’intérieur, l’impression de se noyer dans mon propre cerveau. La chaleur s’est étendue, corps en sueur, tête en feu. Difficulté à déglutir, sensation de lourdeur, de ne plus être seul dans ce corps. D’être trois. Ah Puch qui gueule, Huntington qui mord et Jan qui tente de rester en surface. Jan qui panique car il ne sait pas nager et qu’il est à deux doigts de se noyer. Demain, faudra en parler Roukie. Que les doses ne sont plus assez fortes, que j’ai du y ajouter de la morphine. Que va falloir passer à un stade supérieur. A des calmants puissance dieu.
Rien que l’idée me glace le sang. Plus les semaines progressent, plus Roukie prend d’importance dans mon existence. Plus ses doigts tissent des cordes autour de mon cou et des épines sur mon palpitant.

Déjà dangereux quand le coeur était stable.
Dévastateur depuis cette soirée où tout a vrillé avec toi.

Se lever, se récurer la peau comme un parquet élimé. Retirer les flagrances morbides qui n’existent pas, retirer la maladie qui ne part pas. Enfiler un tshirt blanc, attraper un jean. Une jambe, une autre, bras qui part à droite, rattraper en route par la main gauche. Bouton fermé, ceinture… Ne pas réussir. Doigts qui tremblent, phalanges qui s’animent, qui pulsent. Qui n’y arrivent pas. Abandon de la ceinture, tant pis, tu ne le perds pas encore ton jean Alejandro. T’as encore un peu de marge avant de devenir un zombie.


19h10, menton haut, regard droit, langue qui claque dans les couloirs de la Cala. Y’a la clochette qui tinte, y’a Jan qui débarque, marche féline, sauvage, animale. Faire fi de la sensation d’endormissement, oublier les tintements dans le crâne, oublier les mains qui tremblent et les jambes qui flanchent. Être celui que j’ai toujours été, le petit chat, qui sourit toujours avant de tuer.  Tape dans le dos de Carlito, qui me jette un coup d’oeil curieux, un air de « tu fous quoi là toi ? ». Laissez tomber, ne pas chercher plus loin. Eclat de lumière balancé à la gueule de Marcia. « Pourquoi t’es là à gambader pretty boy, t’es pas censé être…. ? »  « je sais pas, j’bosses ici peut-être ? » Ne pas relever sa remarque, ne pas le laisser finir et continuer mon chemin.

Crac.

Arrêt sur image, jambe partie sur la droite sans prévenir, comme si là-haut, quelqu’un s’amusait à me tenir par des fils et à me transformer en pantin de bois. Inspirer, expirer, se focaliser sur quelque chose de calme, de… Bon. Ton silence.  Rester concentrer dessus, darder chaque pensée, chaque stress, chaque éclat de panique là-dessus. Ton silence. Respire Alejandro, prend ton souffle et…Ton silence.

Crac.

Épaules, bras, nuque. Avant du corps qui part, qui ne m’appartient plus. Index qui sursaute, fermer la poigne, fermer tout avant que ça… Putà de merde !! Déchirure sur mon bras, légère mais rougeoyante. Gouttes vermillon au sol. Personne ne se posera de question, la Cala est faite dans le sang et du sang de ses hommes. Trouver une salle, trouver une… Bordel Jan !! Respire, respire, respire. Marcher mais reste fier, essayer, tout faire pour ne pas s’écrouler avant de… Pousser la porte, et la refermer précipitamment.

Et exploser.

Contrôle perdu, Ah Puch gronde, Ah Puch tente de maitriser la maladie. Mais ça fait mal, bordel que ça fait mal. Ça scie les entrailles, ça éclate le coeur, trop de choses en moi, une carcasse humaine ne peut gérer un Dieu et le Destin. C’est trop, trop… S’écrouler au sol. Y’a que là que je peux maitriser là chose. Dos plaqué au mur, jambes recroquevillées comme un enfant, poignes refermées. Les lames qui assiègent mon corps, mon corps qui est acculés par les tremblements, les tremblements qui sont dévorés par le Dieu, le Dieu qui sauve l’homme.

Ton silence.

Je dois respirer, je dois me calmer, me concentrer. La gorge est sèche, la gorge est douloureuse. « Vous aurez du mal à respirer parfois, c’est normal, votre trachée se rigidifie. Il ne faut surtout pas paniquer. Le stress causera encore plus de dommage ».

Parfois, j’me demande si les docs n’ont pas eu leur diplome dans une pochette surprise. Comment veux-tu faire pour ne pas baliser comme un dingue quand t’as l’impression que tes poumons se resserrent, que ta gorge se rétracte.

Que y’a plus d’oxygène pour t’aider à vivre.
Que y’a plus que le feu pour te faire frémir.

"Resp-....Resp-....

Plus les mots.
Plus la force.
Plus rien là-haut.

Rien que ton silence pour tenter de trouver du repos.

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
Enjoy the silence Empty
Enjoy the silence - Ven 3 Aoû - 1:16

Enjoy the silence 180802094606683749 Enjoy the silence 180802094604115479

enjoy the silence

 
"Words like violence, Break the silence.
Come crashing in, Into my little world
Painful to me, Pierce right through me
Can't you understand, Oh my little boy.
song




La réunion, comme beaucoup d’autres avant et comme beaucoup d’autres après elle, est longue, interminable, parfois barbante et toujours importante. Alors il écoute. Il hoche la tête, il égrène quelques mots, agite la main. Les pensées, comme toujours, ne dérivent pas. Il reste concentré, malgré lui, enregistre tout.
Alejandro est absent. Alejandro ne devrait pas être absent. Ils avaient dit seize heures. Il est bien plus tard que ça. Il n’a pas eu de nouvelles alors il n’a rien dit. Parce qu’il ne va pas partir à sa recherche comme ça. Pas son genre. Jan est grand, il se gère lui-même. C’est ce que Joaquin se répète de temps en temps.
Il ignore dans ses courts moments d’absence la petite voix qui lui souffle à l’oreille que Jan est malade et qu’il ne sera peut-être pas surprenant à l’avenir de le voir absent de plusieurs entretiens. En attendant, c’est la première fois, alors ça l’irrite. Il espère que ce n'est pas en lien avec sa pathologie. Alors il pourra grogner. S’il arrive à le regarder dans les yeux sans revivre en accéléré la soirée d’il y a quelques jours. Sans que la gorge ne se serre sous l’angoisse, sans que le cœur se fasse papillon, sans que les yeux ne se fassent vautour à la recherche de la lueur.
Il a beau avoir essayé de s’en empêcher les jours d’après, ça n’a pas marché. Le soir non plus. La main a glissé implacablement vers le sud. Et il s’en veut. Il en veut à son corps. Il en veut même, quand la colère devient trop forte, à Jan. A Jan qui a réussi à lui faire dire « moi aussi ». Ces mots, ça valait toutes les déclarations du monde. Il s’est fait faible et vulnérable. Il l’est encore. Il le sera jusqu’à la fin. Pourtant, pas question de laisser Jan. Il ne peut pas. Leur amitié ne le peut pas, le commandante ne le peut pas, Buluc Chabtan ne le peut pas et surtout, Joaquin ne le peut pas. Pour savoir ce que l’avenir leurs veut. Parce que Jan a été à ses côtés trop longtemps pour disparaître ainsi. Parce que la Mort est une drogue insidieuse.

La réunion se termine.
- Où est Flores ?
La question est prononcée sur un ton assez froid pour qu’on le regarde un instant en silence. Assez pour que jamais on ne se doute que l’intéressé a osé poser ses lèvres sur celle de son supérieur. Assez pour qu’on le pense agacé de cette absence inopinée. Des épaules se lèvent en guise de réponse. On ne sait pas.
Il quitte la salle. Il a envie de manger. Ça passera après une discussion avec Alejandro.
Il lui faut moins de cinq minutes pour s’entendre dire par plusieurs personnes que Jan est dans le bâtiment. Agacement qui monte alors qu’il arrive devant la porte de son bureau.
Il ne prend pas la peine de frapper.
Il y trouve Alejandro assis par terre, recroquevillé en une position qui ne lui a jamais vue. Jamais vue non plus la lueur dans ses yeux, son souffle aussi court, les tremblements dans les mains.
Alors c’est ça. C’est ça quand Jan n’est plus capable de le cacher. Ça que O’Reilly repousse et ça qui emportera les Flores, génération après génération. Ça qui emportera son Jan.
Il note tout ça en un coup d’œil. Ça et les plaies sur la nuque. Ça et tous les points faibles de Jan qui sautent au visage de Joaquin, son don s’étant activé sans qu’il s’en aperçoive. Il comprend pourquoi. Son corps s’est raidi, son cœur a accéléré, son cerveau s’est mis à tourner plus vite. Réaction de combat imminent en temps normal. Pas ici.
Là c’est autre chose. Faire quelque chose qu’il n’a jamais su mettre en pratique. Rassurer, trouver les bons mots.
Pourtant, c’est naturellement que sa main vient se poser sur la nuque du brun, que ses doigts se font légers alors qu’il prend le contrôle de sa respiration. Qu’il force les poumons à s’ouvrir, la gorge à se desserrer. Il s’est accroupi à ses côtés sans s’en rendre compte, a fermé la serrure en un geste machinal, devenu habitude quand il ne veut pas être dérangé.  
- Jan ? Alejandro ? Redresse-toi.
Il guide la nuque, le force à poser ses épaules contre le mur, à relever le regard, à ne pas s’affaisser. Les doigts quittent la peau et c’est là qu’il se rend compte de la chaleur qu’ils partageaient. Là qu’il se rappelle s’être promis d’éviter au maximum les contacts avec Jan. Parce que ça réveille le feu, ça fait crépiter le ventre après. Ça réveille l’homme.
Il garde le silence jusqu’à ce que la respiration de Jan soit apaisée et calme.
- Regarde-moi. Respire. Ça va mieux ?
Il l’aide puis abandonne progressivement son pouvoir.
- Depuis combien de temps tu es là ? La réunion a commencé y a longtemps.
La voix est calme, essaie de se faire douce. Il doute du résultat. Les tremblements ne passent pas.
Si Jan est là depuis le début … Joaquin préfère ne pas savoir. Ne pas savoir qu’il se trouve peut-être dans cet état depuis des heures.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
Enjoy the silence Empty
Enjoy the silence - Ven 3 Aoû - 8:49

Enjoy the silence 180802094606683749 Enjoy the silence 180802094604115479

enjoy the silence

 
"Words like violence, Break the silence.
Come crashing in, Into my little world
Painful to me, Pierce right through me
Can't you understand, Oh my little boy.
song




Inspirer. Lentement, difficilement. Etouffer. Brutalement, douloureusement. Réessayer. Encore et encore, calmer, le coeur, calmer la gorge, calmer les mains, les jambes, le dos. Calmer tout, sans laisser une chance à la maladie pour se propager. Huntington est vicieux, Huntington touche les gestes, les pensées, l’intérieur et l’extérieur sans rien laisser de viable. Il détruit à petit feu, me fait perdre mes sensations et mes réactions. Il me dévore, grappille de jours en jour un peu plus de place, sous l’oeil agacé d’Ah Puch qui refuse que l’humanité lui prenne son vassal.

Mais qu’est ce que je peux faire moi ?
Je ne m'appartiens plus.
Je ne suis plus Jan.
 Je ne suis que mort et maladie.
Divin et humain.
Ils m’ont tout pris.
Tout.

J’entends la porte s’ouvrir, brutalement, mais je n’ai pas la force de relever la tête tant le manque d’oxygène me vrille les pensées J’entends des pas, vifs, puissants, sur le sol qui me semble bouillant, mais je n’ai pas la force de relever le crâne tant la douleur est atroce et me pilonne de tout côté. Peau contre peau, je reconnaitrais ta main parmi mille et c’est un mélange d’apaisement et de panique qui m’ébranle sans que je puisse le contrôler. Je refuse que tu me vois comme ça Joaquin. Casse-toi, ne me regarde pas, per favore commandante, ne me regarde pas… Mais trop tard, je les sens tes doigts, légers, sur ma nuque à la recherche d’un je-ne-sais-quoi. 3 jours qu’on ne s’ait pas parlé à part les obligations que nos rôles nous donnent. 3 jours que l’effleurement que j’ai apposé sur ta bouche me tord les boyaux tellement j’y pense. 3 jours Joaquin, que j’m’empêche de débarquer chez toi pour qu’on comprenne, pour qu’on parle. 3 jours la bouche ouverte, à tomber en solitaire au creux des draps.
"Jan ? Alejandro ? Redresse-toi.
Ta paume est douce, légère, c’est rare. Et je n’arrive même pas à en profiter tellement j’ai mal. Les poumons qui se relâchent, le souffle qui diminue, reprenant petit à petit un rythme acceptable. J’ai mal. La trachée qui se distend pour laisser passer un mince filet d'air.

Respire Alejandro.
Respire, ton commandante te l’ordonne, de vivre.

Dos relevé, épaules plaquées sur le mur et pourtant… Pourtant j’ai toujours l’air d'un gosse qui vient de s’écraser contre le sol. Flores qui ne prend pas une ride, Flores dont le visage est doux et juvénile. Flores, s’il pleurait, on aurait envie de le cajoler tellement il a l’air d'un bébé. Flores le faible, l’imposteur, le menteur. Flores au coeur crevé, à l’esprit détraqué.

Abandonne Joaquin.
Abandonne, ton capitano t’implore, de partir.

Plus de main, plus de contact et pourtant toujours cette sensation à la fois douloureuse et anesthésiante, que tu cherches en moi pour débloquer la maladie. L’impression de pouvoir enfin prendre une réelle inspiration, de sentir mon buste se relever, mes poumons se gorger. Le visage qui reprend des couleurs, les prunelles qui papillonnent, s’ouvrent et se ferment pour enfin abandonner le silence. Tu es là. Et tu m’as vu. J’sais pas ce qui est le plus douloureux, de savoir que maintenant, t’as un extrait de ce qu’elle réellement ma vie. Ou que tu ne me verras plus jamais comme celui que t’as connu.

"Regarde-moi. Respire. Ça va mieux ?

Je te regarde Joaquin, je te regarde mais j’ai simplement envie d’hurler tellement ça fait mal. Corps et tête. Je suis un échec, un putà d’échec.  3 jours que je pense à ça et en quelques secondes, j’viens de foutre en l’air l’image que tu pouvais encore avoir de moi. Faible Alejandro, si faible devant ton commandante et devant le seul homme, dont le jugement t’importe.
"Ou-….
Y’a rien qui sort, que le début. Pas la fin. Pas de force et surtout, l’impression qu’on m’a piqué la moitié de mon vocabulaire. La bouche endolorie, lourde, la langue que je ne contrôle pas, qui refuse d’écrire les mots et de me donner la chance de dire que ouais, tout va bien, ne t’inquiètes pas Joa.

Rien ne va.

Les prunelles qui glissent dans les tiennes, quelques secondes, pour se déporter à droite, à gauche, regarder mes mains qui tremblent toujours, sentir mes épaules qui claquent contre le mur dans des mouvements répétitfs.  Tu m’as laissé vivre Joaquin mais regarde à quoi je ressemble. Tarado comme on dirait chez nous. Débile à la tête qui part, au corps qui lâche, handicap pour tout  et tout le monde. J’ai presque envie d’en rire tellement ça ressemble à mon prénom. Alejandro tarado. Ça t’amuse, là-haut, de te foutre de moi.

"Depuis combien de temps tu es là ? La réunion a commencé y a longtemps.
Te regarder à nouveau, souffle fort mais là.
" Quelle…réun…

Ne pas finir, trop difficile de se contrôler pour former les lettres alors que la maladie dévore mon élocution à coups d’incisives, histoire de bien faire saigner et de me faire passer pour un idiot.

Puis se rendre compte.
Comprendre la boulette que je viens de faire.
Fermer les yeux et se dire, que quand t’es au fond du trou, y’a toujours moyen de creuser pour descendre encore plus bas vers les enfers.

" Putà…Bord - bord-d-del…

Réunion oubliée, même pas capable de mentir, même capable de trouver une excuse. Juste laisser mon visage tomber entre mes paumes, qui continuent de danser sous le joug des spasmes mais qui lentement, acceptent de m’abandonner.

-J’ai…Di-dix…Vingts..No lo s…J’sais pas.

Et répondre à ta question sans oser relever les yeux, sans oser te regarder à nouveau. T’es même plus le témoin Joaquin. T’es l’espoir et le bourreau dans un seul visage. Le futur et la fin dans un seul regard.

Alors pourquoi, je crève d'envie que tu restes Joaquin ?
Pourquoi j'ai besoin de toi alors que j'ui qu'un échec pour la Calavera ?
Pourquoi j'ai pris 20ans pour tout t'avouer alors que dans quelques mois tout devra être abandonné ?

Pardon d'être égoïste.
Pardon de ne pas pouvoir te laisser.


Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
Enjoy the silence Empty
Enjoy the silence - Sam 4 Aoû - 1:02

Enjoy the silence 180802094606683749 Enjoy the silence 180802094604115479

enjoy the silence

 
"Words like violence, Break the silence.
Come crashing in, Into my little world
Painful to me, Pierce right through me
Can't you understand, Oh my little boy.
song



- Quelle…réun…
Mots, qui, encore une fois, dévient, ne sortent pas entiers, comme coupés. Comme ce « oui » quelques instants plus tôt. Joaquin garde le même regard, le même visage. Mêmes mâchoires serrées, mêmes yeux neutres, même front qui ne se ride pas sous le coup de l’inquiétude, qui est pourtant bien là.
Ce n’est plus abstrait, ce ne sont plus de simples mots sur l’écran d’un ordinateur ou d’une revue médicale. C’est la réalité, les gênes qui s’expriment et qui tordent des vies, qui leurs imposent un nouveau chemin, imprévu et tortueux. Ça ne touche pas que Jan, même si de tous, c’est lui qui en souffre le plus. Il y aura les Flores, le fils qu’il s’est promis d’avoir, la femme qu’il s’est promis de trouver, la Calavera, les gradés et le commandante. Il y aura Joaquin et ça a déjà commencé.
Il y a les mots bafouillés, qui révèlent l’avancement de la maladie, le corps qui part en vrille et la réunion oubliée. Parce que c’est ça. Pour la première fois, Alejandro a oublié quelque chose d’important. Ou du moins, il n'a pas réussi à la cacher à Joaquin.
- Putà…Bord - bord-d-del…
Il a de la peine, Joaquin, mais pas de la pitié. Il ne se le permet pas, pour lui comme pour Jan. Il n’a pitié de personne, n’aura jamais pitié de rien. Il a déjà trop humilié, détruit et tué pour ça. Il a déjà vu les autres le faire en son nom, il a déjà vu la détresse dans les yeux et entendu les supplications qui se mélangent dans la bouche. Il n’a pas pitié, mais il a mal pour Jan. Peut-être avec lui. Il ne sait pas. Il ne sait pas où il en est, où ils en sont. Ils n’ont pas parlé, n’ont pas évoqué les bouches unies, les déclarations bancales et ce que ça implique. Ils ont fait comme si rien ne s’était passé. Mais c’est un mensonge. Ils ne peuvent pas continuer ainsi. Ils ont toujours le même schéma. Ils avancent un pion et reculent la reine. Ils ne balancent des révélations en pleine figure et attendent que ça explose pour en parler.
En le regardant, Joaquin ne sait pas s’ils auraient dû le faire plus tôt. Ou s’ils n’auraient jamais dû le faire du tout. Jan est condamné. Jan mourra et Joaquin sera seul. Alors à quoi bon ?
Le cœur souffle autre chose et le corps rejoint doucement cet avis. Ça en vaut la peine. De goûter, de profiter, d’aimer. Il fera son deuil en sachant quel goût ont les lèvres de Jan et où glisser sa main pour agrandir un peu sa bouche. Voilà. Juste ça. Juste le goût de sa peau. Rien d’autre. Rien d'autre ...
-J’ai…Di-dix…Vingts..No lo s…J’sais pas.
Joaquin ne comprend pas tout, ne le fait pas répéter. Inutile, perte de temps, humiliation en plus pour le capitano. Colère qui commence à gronder dans le fond de son esprit, sentiment familier et routinier, qui l’accompagne souvent, qu’il ne repousse plus tellement. Il la laisse éclater de temps en temps, la laisse s’emmagasiner le reste du temps.
O’Reilly est là pour ça. Pour le trafic avec les Italiens, mais surtout, si ce n’est uniquement, pour Jan. Elle est encore sur l’échiquier de la Calavera parce qu’elle est censée repousser sa maladie, atténuer ses souffrances, lui permettre de faire son boulot, se souvenir des réunions et ne pas se terrer dans son bureau. Elle est là parce que ça, elle est la seule à le faire. Personne d’autre en ville ni ailleurs n’y arrive. Ses drogues classiques on peut les trouver ailleurs. Mais ça, ni Joaquin ni Jan ne peuvent s’en passer. Alors elle doit bien faire le boulot. Pas comme maintenant. Sinon, Joaquin n’aura plus de raison de garder l’imprudente qui l’a défié en vie.
- On en parlera plus tard. Respire et relève toi.
Il lui désigne la chaise qui trône en face du bureau en se relevant. Il n’aide pas Jan à faire de même. Il ne sait pas comment le geste serait perçu. Ne veut pas donner l’impression à l’homme qui lui retire de son crédit. Tant pis s’il passe pour un homme cruel. Ne l’est-il pas, dans le fond ?
Il vient s’adosser à la tranche du bureau, croise les bras en une attitude fermée en attendant que Jan veuille et arrive bien à s’exécuter.
- T’as rien de loupé d’important. Je te ferai un topo.
Il parle boulot pour ne pas parler d’autre chose. Les bras restent croisés.
- Il faut parler à O’Reilly. Elle est censée éviter ça.
Ça, les crises, les spasmes et Joaquin obligé d’user de ses pouvoirs sur ses propres hommes. Là où il a failli faire crever Maciej, il soulage Alejandro. Sourire ironique intérieur.
Il y a un silence que Joaquin ne sait pas comment interpréter.
- C’est la première fois ?
Il ne parle pas de la crise bien sûr. Il le sait que ce n’est pas la première. C’est juste qu’il n’a jamais été avant. Ça fait plus mal que ça ne le devrait.
- Que tu oublies un truc ?
Parce qu’il le veuille ou non, cette scène remet beaucoup de choses en perceptive. Parce que le commandante ne peut pas fermer les yeux sur des oublis potentiels et des crises plus fréquentes de son second.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
Enjoy the silence Empty
Enjoy the silence - Sam 4 Aoû - 8:16

Enjoy the silence 180802094606683749 Enjoy the silence 180802094604115479

enjoy the silence

 
"Words like violence, Break the silence.
Come crashing in, Into my little world
Painful to me, Pierce right through me
Can't you understand, Oh my little boy.
song




- On en parlera plus tard. Respire et relève toi.

Plus tard. Quand Joaquin ? Quand j’me rappellerais plus rien ? Quand j’serais incapable de marcher tout seul, manger tout seul, boire tout seul, me doucher tout seul et bander tout seul ?! Quand mes lames partiront à droite à gauche et tailleront des sourires là où je ne voulais qu’effleurer les visages ? Quand Joa ?! Tu sais très bien au fond de toi que je suis déjà perdu. Que t’as déjà paumé ton capitano, que y'aura plus jamais le Flores dont tu appréciais la vitesse et le talent. Il n'est plus là, lui, quand Huntington choisit. Il ne résiste pas aux tremblements, aux maux de têtes et aux vomissements. Rien, pas même un dieu, peut gérer un cerveau qui brûle Joaquin.

Et le mien, il crame depuis des mois dans un putain de feu de joie.

J’ai entendu tes paroles mais il me faut bien quelques secondes pour les imprimer, les interpréter et essayer. De toute façon, il faut que je prenne les calmants et ils sont dans le bureau alors même si j’aurais voulu rester le cul au sol, j’n’aurais pas pu. Debout, devant moi, accolé à la tranche du bureau, j’ai l’impression que t’es loin. Ailleurs. Pas avec moi. Et c’est ce qu'il faut, n’est ce pas Joa ? T’as jamais été témoin d’une de mes crises, tu sais pas que le matin, il m’arrive de passer 1h aux chiottes à dégobiller tout et n’importe quoi. Tu sais pas que si j’ai abandonné les chemises, même pour l’Eglise, c’est parce que j’peux plus les fermer sans y passer trente minutes. Tu sais pas que pour le restau’, c’était Karina qui m’avait aidé à l’attacher.

Honte.
Dégoût.
Envie de crever tellement la saveur en bouche est acide et avariée


Ça va se calmer, je le sais, c’est ce qu’on appelle des pics dans la maladie. Des moments où les émotions sont telles que le cerveau ne peut plus gérer et se défend avec les armes qu’il a. La plupart, c’est une attitude fermée et froide mais quand tu crames de l’intérieur, c’est impossible de se parer de glace. Alors mon cerveau, il se jette à corps perdu dans les bras d’Huntington et il le laisse le dévorer. Des pics que ça s’appellent. C’est ironique, pour un mec qui darde ses doigts sur le corps des hommes depuis des années et les découpent en rondelles. Maintenant c’est moi le gibier et on s’amuse à ciseler mes synapses pour me faire hurler.
Dos qui tremble, mains qui gigotent, j’arrive à me relever sans pour autant être équilibré. J’te regarde pas en face, je refuse de lever les yeux et de voir quelque chose que je n’ai pas envie de voir. Pourquoi j’ai fais ça Joa ? Pourquoi j’ai choisi ce moment pour tout te balancer…Egoïste et con Alejandro.

Un pied après l’autre, difficulté de se maintenir droit, se tenir les mains entre elles pour éviter un accident, pour éviter… Qu’elles cherchent après la chair qu’elles ont envie de découvrir et de toucher.

J’préfère encore en rêver le soir, quand y’a que les étoiles pour me regarder, plutôt que de te blesser Joaquin.
J’préfere encore me ressasser le goût de ta bouche et imaginer la saveur de ton derme plutôt que de te toucher.
C’est beau, les rêves éveillés, tu sais. C’est entre la réalité et les peut-être. Y’a personne pour juger, personne pour arrêter ce que la tête et le coeur créent. Y’a que le souffle brut et la sueur perlant sur les muscles pour en témoigner. Que les images en tête et les braises attisées pour se rappeler, ce que ça fait, d’aimer.

Pas besoin de vrai, quand les rêves semblent aussi réels qu’on s’y attache pour ne pas tomber.

Chaise attrapée, j’évite de m’écrouler dessus histoire de ne pas m’enfoncer un peu plus dans l’humiliation. Toujours ce tremblement, toujours ces spasmes au niveau de la colonne qui s’amusent à jouer les maracas sur le dos de la chaise. Le pied qui gigote, qui danse tout seul sous la table. Et toi qu’est immobile. Là, sans être là. C’est bien, tu te protèges. C’est ce que je me dis, en espérant que ça ne soit pas autre chose, comme la honte et la pitié. Comme des regrets de t’être laissé aller.

- T’as rien de loupé d’important. Je te ferai un topo. 

Tiroir de droite ouvert avec difficulté mais sans aide. Papiers bien classés, ordre alphabétique, crayons taillés, tout est en ordre, tout est parfait. Flores qui apprécie l’ordre à un point où certains parlent de troubles obsessionnels. Avant ça me faisait rire. Maintenant que la maladie m’irrigue les veines, bizarrement, je ne souris plus face à ces remarques. Symptômes numéro 1 apparement. Va savoir si c’est ma personnalité ou Huntington qui murmurait déjà à l’oreille de la Mort. Petite boite jaune citron attrapée, qui glisse un peu mais que je chope avec tous mes doigts pour la déposer sur le bureau.

- Il faut parler à O’Reilly. Elle est censée éviter ça.

Je sais Joaquin, Roukie fait tout ce qu’elle peut. Roukie est bien plus utile que ces doc d’hosto qui m’ont désigné comme un cas rare d’huntington avancé dans la région. Léger silence, alors que je tente d’ouvrir la boite avec mes doigts grossiers et patauds. La pensée qui me traverse l’esprit m’arrache un sourire. Comment j’peux te faire envie dans ce état là ? Comment peux tu imaginer qu’un jour, qu’une nuit… Ces mains pourraient tracer des orgasmes au creux de tes reins.

J’ui même pas foutu d’ouvrir une boite en plastique.

Clac. Petite boite ouverte, remplies de gélules, humaines et divines. Attraper la bouteille d’eau en face, qui tremble sous les spasmes.

- C’est la première fois ? Que tu oublies un truc ? 

Deux secondes Joa, laisse moi un peu plus de temps dans la honte et après je causerais. Pas de distinction, je prend deux calmants de Roukie et deux humains. J’vais planer quelques heures mais au moins ça va vite calmer la folie qui m’étreint depuis tout à l’heure. J’avale, tête en arrière, épaules qui se laissent aller sous les tremblement et clore les paupières. Attend Joa. Attend moi s’il te plait.
10secondes de blanc. 15. 30. Fermer les yeux, ne pas les ouvrir. 45. 60. La morphine prend du temps mais les calmants d’O’Reilly devrait calmer les spasmes au bout de quelques minutes. L’art de la magie divine, la médecine en serait folle si elle connaissait son existence.
80s de silence, ça fait long. Et c’est rien qu’en t’as tenu 20ans.

" Ou-ouais…C’est…L-l-a première fois.

Ça se calme. J’peux parler un peu plus facilement. Toujours les paupières closes Alejandro. Première fois car on me l’a dit mais au fond... Qui peut savoir ce que j’ai vraiment oublié ? Je vis seul, personne le matin, personne le soir. J’pourrais oublier de me laver les dents que je ne le saurais pas.

" T’inquiètes, j’oubli…J’oublierais jamais... T-t-ton prénom.

Que je glisse avec un léger sourire sur le visage alors que je ne te regarde toujours pas. Tenter l’humour, essayer de désamorcer la bombe. Tout en te balançant la stricte vérité. Mémoire à court terme qui est touchée au premier stade. Et plus on avance, plus Huntington grappille des souvenirs, des images, des noms. Mais on n’y est pas encore. Et vu le nombre de fois où je l’ai écris dans mon fichu caleppin, j’pourrais jamais oublier le tien Joa.

" Je vois… J’vois Roukie demain, elle… Elle fait b-b-bien son travail Joa c’est juste que…

Souffle brut, expiration qui fait du bien et qui mal aussi. Car y’a quelques minutes, j’étouffais à l’intérieur de ma carcasse. Car y’a quelques minutes, y’avait personne pour me voir.
Ouvrir les yeux, oser enfin un regard vers toi alors que je sens mes muscles se détendre et mon cerveau s’endormir.

" C’est pas la meilleure idée d’avoir… Un dieu à l’intérieur de soi quand on est malade…

Léger rire, calmer les bombes, sauter sur les grenades et contenir la déflagration.

" Il ne… S-s-supporte pas ce qui se passe alors il se bat mais… Plus il cogne, plus….Plus les crises sont rég-g-gulières….Plus on doit augmenter les doses avec Aislinn.

Plus je continue de vivre, plus je crève Joaquin.
C’est chouette, le destin d’une récurrence, n’est ce pas ? En tant que simple humain, t’as pas de bombe divine à l’intérieur de toi qui fait péter tes synapses sous une puissance venu de l’au-delà. C’est pour ça qu’elle se propage aussi rapidement, que mon cerveau brûle, que mon état empire. Que Roukie, dont l’utilisation de son prénom te prouve à quel point elle est importante pour moi, est devenue indispensable si tu veux me garder en vie.

"Il ne supporte pas l’idée que… Paupières closes, salive difficilement avalée, lippe mordue. Réouvrir les yeux et te servir la vérité »."Il n’peut pas accepter d’être séparé de Buluc Chabtan. Surtout pas maintenant que…Les hommes ont fait un pas en avant.

Et dix en arrière aujourd’hui. On ne s’appellerait pas Costilla et Flores si on avait continué à avancer à la même cadence. Ah Puch n’accepte pas que l’humanité lui retire son compagnon. Il ne peut pas laisser faire.

Et cette fois-ci, je ne te lâche pas des yeux, même si mes pupilles se dilatent à mesure que les tremblements se calment. Et tu ne peux pas le rater Joaquin, mon regard qui te dévore littéralement, alors que les prunelles deviennent plus sombres sous le joug des calmants.
Le dieu refuse d’abandonner son compagnon est à la fois la plus pure des vérités et l’excuse la plus nase murmurée pour éviter de mettre des mots sur ce qui me pilonne les entrailles et le coeur depuis cette soirée.

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
Enjoy the silence Empty
Enjoy the silence - Dim 5 Aoû - 1:18

Enjoy the silence 180802094606683749 Enjoy the silence 180802094604115479

enjoy the silence

 
"Words like violence, Break the silence.
Come crashing in, Into my little world
Painful to me, Pierce right through me
Can't you understand, Oh my little boy.
song



- Ou-ouais…C’est…L-l-a première fois.
Ils ont encore un peu de temps alors. Pour repousser la mort, pour renforcer Celle qui habite Alejandro, pour secouer O’Reilly et pour trouver une autre solution qui n’implique pas que Joaquin courbe l’échine devant la rousse. Un peu de temps avant que Joaquin soit obligé de le convoquer, de lui dire que ce n’est plus possible, de lui arracher ce pour quoi Jan s’est battu, a consacré sa vie, a accepté de nombreux sacrifices, a tué au nom de Joaquin.
Un peu de temps avant qu’ils ne puissent plus parler et avancer. Avant qu’il ne perde l’ami et le frère, le collègue et … Autre chose. Il ne sait pas, toujours pas.
- T’inquiètes, j’oubli…J’oublierais jamais... T-t-ton prénom.
Les yeux descendent sans rencontrer ceux du brun. Regard non partagé et c’est Joaquin qui, pour une fois, se retrouve sans amarrage.
Il ne s’agit pas d’oublier son nom, son identité. Elle n’a de l’importance qu’aux yeux de Ramòn Payan, du frère de Joaquin Payan, du Mexicain vengeur, de la recrue paramilitaire qui a vu sa vie changer quand son frère l’a guidé sur le chemin de la violence, lui permettant de s’épanouir pleinement. Joaquin se moque de son nom dans l’esprit de Jan. Il veut juste qu’il se souvienne de lui. De leur rencontre, de leur vingt ans d’amitié et de maintenant. Qu’importe ce que c’est, il doit s’en souvenir. Pour que Joaquin ne soit pas seul. Pas seul à souffrir, à être perdu, à espérer. Il ne doit pas oublier son visage. Son nom, Joaquin le remplacera autant de fois qu’il le faudra.
- Je vois… J’vois Roukie demain, elle… Elle fait b-b-bien son travail Joa c’est juste que… C’est pas la meilleure idée d’avoir… Un dieu à l’intérieur de soi quand on est malade…
Joaquin qui serre les poings, qui desserre les bras, qui finalement plante ses doigts contre le bois du bureau. Il devrait avoir mal à serrer autant. Il ne sent rien. Il ne dit rien. Il grognerait, mordrait pour attaquer de l'air. Don Quichotte contre ses moulins à vent. Voilà ce que c’est. Il n’a aucune chance contre les dieux qui les abritent comme des coucous, qui se nourrissent de leurs forces, qui veulent prendre le contrôle de leur corps. Joaquin n’aime pas Buluc Chabtan. Il va apprendre à détester Ah Puch qui affaiblit Alejandro au lieu de le fortifier. Et comme à chaque fois quand il s’agit des dieux, il le fera en silence, car sa haine ne peut pas être criée sur tous les toits. On ne le pardonnerait pas au commandante.
Puis Jan continue, souligne que les doses sont augmentées. Qu’il se fait drogué, addict, que sa dépendance augmente sur tous les points. Que Joaquin est aussi impuissant que lui et qu’il ne peut que regarder la rousse se faire plus intouchable. Il devient urgent de faire quelque chose. De trouver une solution viable si Jan ne veut pas tout perdre. Si Joaquin ne veut pas perdre énormément.
Ses yeux tombent sur le sol, le fixe sans rien y trouver.
- Il ne supporte pas l’idée que… Il n’peut pas accepter d’être séparé de Buluc Chabtan. Surtout pas maintenant que…Les hommes ont fait un pas en avant.
Un pas en avant. Ils n’avancent plus depuis. Ils se sont bloqués et figés. Et savoir que ça peut renforcer le dieu que Joaquin ne veut en aucun cas voir trop puissant, assez pour se faire submerger ? Ca fout les boules. C’est un frein de plus. Un qui s’ajoute à toute une liste que Joaquin n’arrive pas à raccourcir. Il perdrait un ami. Il perdrait un collègue avec qui il est efficace. Il perdrait son cœur. Il perdrait la sécurité relative de sa froideur. Il risque gros auprès de la Calavera, de sa famille, de la cause à laquelle il a décidé de consacrer sa vie. Il met en danger l’organisation sans même aller plus loin. Ce n’est pas acceptable. Ce n’est pas normal.
Mais le cœur, il est déjà moitié perdu, complètement paumé. La raison est altérée, changée. Le corps en veut plus. Le corps n’a rien et se cabre, le soir.  
- Ils se retrouveront.
Ils se retrouvent toujours. Buluc Chabtan et Ah Puch surpassent les siècles, les guerres, les crises, les épidémies. Tout. Toujours ils se retrouvent, à la recherche de leur gloire passée.
Le ton est emprunt de regrets et de fiels. Parce que les humains, eux, se perdront à jamais. C’est maintenant qu’ils peuvent tout se dire, pas dans deux vies, deux siècles, deux millénaires. Eux, leur existence, elle est éphémère. Mais Joaquin n’arrive pas à faire le deuxième pas. Ou est-ce le troisième ? Après la terrasse et le restaurant ... Non, le restaurant, c'était une tornade qui les a fait reculer à grandes enjambées. Est-ce reculer pour mieux sauter ?
Il essaie de souffler, de se détendre. Il aimerait utiliser son don sur lui-même. Mais il le sait, ça ne marchera pas. Il aimerait pourtant. Obliger la respiration à devenir parfaitement lente, pour dénouer les muscles et relâcher le corps. Il y arrive quand ses yeux croisent enfin ceux de Jan. Puis la gorge se serre. Les pupilles sont dilatées, le regard un peu lointain, les cils trop longs. Jan est beau.
Il est obligé de rompre le contact visuel, bien plus percutant pour le creux de son ventre que le « baiser partagé » l’autre jour.
- Ah Puch deviendra plus fort si on continue. Tu … Tu t’affaibliras plus vite.
Il s’est retenu de justesse de dire « tu mourras plus vite ».
- O’Reilly ne peut pas faire de miracles.
Ils le savent tous les deux. Ils le savent tellement qu’ils ne se l’avouent pas. Non, ce n’est pas la rouquine qui sauvera Jan. Ce ne sera pas la Mort elle-même. Il faut autre chose. Ils ne font que gagner du temps. Joaquin surtout. Pour ne pas perdre une nouvelle fois un homme dans les mains duquel il aurait placé sa vie. Pour ne pas avoir à lutter contre Buluc Chabtan, seul, quand l’heure viendra où le dieu en aura marre de cohabiter avec une âme mortelle.
- C’était un pas dangereux. On a beaucoup à perdre à en faire d’autres.
Mais il a envie. Oui, oui, il en a envie. Mais ça coince. Ça coince sur tellement de choses qu’il semble impossible d’en enlever suffisamment.
- Bref, t’es pas en état de parler de tout ça. Et arrête de me regarder comme ça.
Il arriverait presque à le faire rougir le con.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
Enjoy the silence Empty
Enjoy the silence - Dim 5 Aoû - 8:40

Enjoy the silence 180802094606683749 Enjoy the silence 180802094604115479

enjoy the silence

 
"Words like violence, Break the silence.
Come crashing in, Into my little world
Painful to me, Pierce right through me
Can't you understand, Oh my little boy.
song




Il y a des mots qui font plus mal que d’autres. Des mots qui percutent violemment l’âme et le coeur, les prennent pour des punching ball et s’en amusent pendant des heures. Souvent, ces mots sont gorgés de haine, de menaces ou de colère. Mais ceux que tu viens de me servir n’ont rien de termes sanguinaires, ils ne sont ni violents ni vengeurs. Pourtant Joaquin, je crois n’avoir jamais eu aussi mal au coeur de toute ma vie. La pointe est bouillante et pique bien là où il faut, entre les deux valves, histoire de faire encore un peu plus de dégâts. Ça saigne, ça suinte, ça se brise, comme une balle gros calibre contre un tissu tout fin.

Ils se retrouveront.

Eux, pas nous. Utilisation d’un futur que je n’ai pas et qui signifie tout en fin de compte. Ils seront ensembles, ils se reverront, ils partiront en guerre ensemble, dans d’autres carcasses, avec d’autres vassaux. Mais nous… Nous, non. On ne partira plus jamais ensemble à la guerre Joaquin. Y’aura plus de on bientôt. J’commence même à me demander s’il y en a toujours un, si y’a toujours Costilla et Flores accolés l’un à l’autre. J’pense pas. J’pense que Joaquin est loin et qu’Alejandro est tombé tellement bas qu’il va être difficile de se relever cette fois.
Mais je garde les yeux dardés sur toi et je t’écoute. J’oublie le trou dans l’coeur qui s’agrandit, j’oublie ce que tu viens de dire, du moins, j’essaye. Et je me bats contre la drogue insidieuse qui me fait voguer comme un marin sur un rafiot. Ça tangue un peu, impression cotonneuse de se réveiller ou de s’endormir. L’impression que tu n'es plus là, que tu ne veux plus être là. Et tes yeux qui lâchent le fil qui nous reliait est une preuve d’un abandon. Pas celui que j’aurais espéré, non, celui qui a le goût de la cendre et d’un jamais.

- Ah Puch deviendra plus fort si on continue. Tu … Tu t’affaibliras plus vite. …O’Reilly ne peut pas faire de miracles. 

Je me mords la lèvre infèrieure, un peu amusé de voir que tu te tentes d’embellir la chose. Y’a pas d’affaiblissement Joa, y’a que la mort à la fin. La maladie en elle-même n’est pas à craindre, c’est tout ce qu’elle créé en moi qui me tuera. La majorité des malades meurent d’arrêt respiratoire ou d’étouffement. Tout à l’heure n’était qu’un soupçon de ce que la maladie peut me faire. Huntington est insidieux, violent et amusant. Il aime voir ses hôtes mourir lentement et dans la douleur. Imaginez vous étouffer avec votre propre bile ou simplement votre gorge qui se sert tellement que l’air ne peut plus passer. Imaginez vous retrouver seul, à tenter d’écarter les muscles de la trachée, à vous griffez la gorge pour tenter de respirer. Tu sais Joaquin, j’m’ouvrirais le poitrail s’il faut, pour avoir l’impression d’inspirer une dernière fois. J’m’ouvrirais de part en part pour que la douleur cesse et que la vie me laisse Joaquin. Une lame suffirait pour faire taire la douleur.

Celle de la maladie et celle du coeur.

Un seul coup de dextre et j'aurais plus mal.

- C’était un pas dangereux. On a beaucoup à perdre à en faire d’autres.

Nouvel éclat de balle, à force c’est même plus douloureux. A force j’deviens comme toi, j’ressens plus rien. Même si on sait tous les deux que c’est faux Joa. Toujours les yeux fixes sur toi, toujours besoin de te regarder, d’imprimer les traits de ton visage pour que j’ne puisse pas les oublier, ceux là. Les rides qui se forment au creux des yeux, la mâchoire carré qui en a reçu des coups de poings. Besoin de connaitre par coeur les lignes de ta peau, cicatrices et angles, le nez un peu busqué, les cernes violacés. L’air glacial que tu prends quand tu parles, quand tu ordonnes, quand tu ne dis rien. Tant pis si je n’ai que ça à me rappeler, ça me suffira pour les mois qu’il me reste. Ça pourra jamais être plus de toute façon, ça… Ne devra jamais être plus, malgré mon je t'aime hurlé et ta réponse murmurée.

- Bref, t’es pas en état de parler de tout ça. Et arrête de me regarder comme ça.

J’étouffe un rire, j’baisse les yeux et ça vogue encore plus autour de moi. Tant que je me concentrais sur toi, ça allait mais abandonnez le seul point qui vous fait tenir debout, la seule chose qui vous empêche de tomber et… Ça part en vrille. Paupières closes quelques instants, gout métallique dans la bouche. À force de me mordiller ma joue, j’m’auto-dévore, c’est pas chouette ça ?

" Ouais.. Pas en état…

Que je murmure pour moi, alors que les douleurs ne sont plus, alors que les spasmes ont disparu. Alors que la tête tourne, que les sens sont un peu endormis mais que l’homme lui, il reste au bord, à se tenir pour éviter le naufrage.  
Y’a un silence, encore. Ça devient habituel chez nous. Et puis je me relève, difficilement, ça craque, ça tourne, mais je prend appuie sur la table pour me retrouver à ta hauteur sans pour autant te jeter un regard. Profil contre profil, l’un regardE en avant, l’autre en arrière.

" On a p’tète beaucoup à perdre mais… je p-p-pense qu’on a aussi beaucoup à gagner…

Abandon d’une vérité et pas d’un fantasme ou d’un rêve. Duo implacable, en combat, en affaires ou dans les rues de la ville. Costilla et Flores, commandante et capitano. Buluc Chabtan et Ah Puch, Dieu de la guerre et Dieu de la mort. Ensembles, on tue, on brûle et on remporte. Ensemble, on fait peur, on créé des tumultes dans les esprits et les coeurs des hommes. Et quand je sens mon dieu exulter, frapper contre ma carcasse pour se jeter sur le tien, j’me dis que si on était encore plus, on ferait brûler Arcadia. Aucunes récurrences n’auraient été si loin. Rien ni personne ne pourrait nous empêcher de semer la terreur. Nous serions deux mais nous serions surtout un.

Abandon du bureau, je tangue un peu sur les premiers pas, m’arrêtant juste devant toi, puis je reprend la route. Lent, fébrile mais debout. Toujours debout. J’ai envie de partir, j’ai envie d’ouvrir cette putà de porte et me casser de ce bureau. Oublier le coeur qui craque, les entrailles qui chauffent, le dieu qui broie mes côtes pour me faire reculer et attraper le tien pour ne plus jamais le lâcher. C’est dur, bordel, de se battre contre tout ça. La volonté, la Mort, le désir, la maladie, toi. Putà que l’amour c’est merdique.

Pourquoi il a fallu que ce soit toi....
Pourquoi Joaquin.

Main droite posée sur la porte,  pour me tenir et aussi pour réfléchir quelques instants. Un pas en avant, dix en arrières. 2 mois à vivre, 6 peut-être. Si on continue comme ça, quand j’serais aux portes de la mort, on sera toujours au même point. Avec un coeur en moins, peut-être deux si j’me permets d’y croire.

" Et p-pardonne moi mais… souffle brut contre la porte, se retourner, ne pas se retourner. Te regarder, ne pas te regarder. Non, rester là, dos à toi, à faire de la sortie mon point d’amarrage. - … Je n’arrêterais jamais de te regarder comme ça… J’peux pas…

Doigts libres qui grappillent la nuque encore endolorie, rougie par les cicatrices encore inflammées. Un mélange de toi et de moi, le seul qui pourra jamais exister.

" Et… Retourne toi Alejandro, ne lui donne pas l’impression que tu abandonnes. La vie et lui. Tu lui as promis la dernière fois, de ne pas laisser tomber. Dos qui fait volte face, te regarder à nouveau, menton haut, pupilles abyssales. Junkie qui a pourtant jamais eu la tête aussi froide. "…Qu’importe ce qu’on fait, dans tous les cas je vais bientôt crever Joaquin. Ah Puch ou pas, c’est une réalité… J’l’ai accepté… Et c’est pas grave.

Non ça ne l’est pas.
On meurt tous un jour.
J’aurais juste voulu que ce soit toi qui donne le dernier coup.
Et pas l’humanité.

" …Et jusqu’à la fin, j’resterais à tes côtés… Les yeux qui ne te lâchent pas, la bouche qui déverse une vérité douloureuse pour moi et peut-être pour toi. Toujours à côté, toujours là pour toi. Comme si rien d’autre n’était possible, car aucune autre voie n’est possible. C’est toi et ça le sera toujours. " … Pas plus, pas moins. Je resterais là où tu me diras d’être.

Comme un bon chien qui a été élevé comme de la chair à canon et qui ne peut pas imaginer une autre vie que celle qu’on lui a murmuré.
Tant pis pour le reste Joaquin, s’il y a bien une chose que jamais je ne t’obligerais, c’est ça. Passer outre ce que tu es et ce que ton coeur te permet. J’refuse que tu changes pour moi.

Je suis tombé amoureux d’un homme qui ne peut pas accepter d’aimer.
J’crois qu’en terme de malédiction, Romeo et Juliette n’ont qu’a aller se coucher.



Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
Enjoy the silence Empty
Enjoy the silence - Mar 7 Aoû - 0:24

Enjoy the silence 180802094606683749 Enjoy the silence 180802094604115479

enjoy the silence

 
"Words like violence, Break the silence.
Come crashing in, Into my little world
Painful to me, Pierce right through me
Can't you understand, Oh my little boy.
song




- On a p’tète beaucoup à perdre mais… je p-p-pense qu’on a aussi beaucoup à gagner…
Ils ne se regardent pas en disant cela. Joaquin cligne des yeux. Peut-être. Sans doute. Oui.
Ils sont efficaces ensemble, ils seront redoutables en osmose. Buluc Chabtan et Ah Puch seront réunis, ils seront comme avant, puissants et redoutés, impossible à arrêter. Ils seront parfaits. Oui, cela bénéficierait à la Calavera.
Mais Joaquin y gagnerait quoi ? Il ne sait pas. Il ne sait pas ce qu’il peut attendre de pas enchaînés, courus, engloutissant une distance qui les sépare depuis … Il ne saurait pas dire depuis combien de temps il a commencé à s’enfoncer dans ce genre de pensées, mais c’est déjà trop. Trop longtemps qu’elles le bouffent, qu’elles l’empoisonnent, qu’elles font battre le cœur, qu’elles fatiguent ses réflexions, quand le soir, il s’assoit sur la terrasse et s’inquiète. Il devrait penser trafics, profits, dangers, solutions. Il y pense. Toujours, en premier, jusqu’au bout. Mais là où il devrait finir son whisky et rentrer, d’autres considération prennent le relais. Et les étoiles recouvrent le ciel quand il finit par se lever sans n'avoir, sur cette question, rien résolu. Jan est une équation insoluble avec trop d’inconnues.
Et qu’est-ce qu’il peut en espérer ? Qu’est-ce qu’il est censé se passer entre deux hommes comme eux ? Est-ce que ce ne serait que des souffles au creux des draps, des marques sur la clavicule, des prénoms prononcés en râles ? Ou autre chose ? Quoi d’autre ? Ils sont destructeurs, indépendants, pas le genre à se foutre ensemble, à revendiquer une relation. Alors quoi, du sexe ? Avec des cœurs qui en veulent plus ? C’est mauvais. C’est cruel, même pour eux.
Les pas seront stoppés nets. Jan mourra. Même si Joaquin ne veut pas se l’avouer, la crise le lui prouve. O’Reilly échoue, lentement, discrètement, mais elle échoue.
Alors il perdra tout. Tout ? Non. Il lui restera la Calavera, sa vie. Mais la vie, des fois ce n’est pas le cœur entier. Jan en a pris un bout. Pas le plus gros, qui reste dédié à la mafia. Mais c’est le seul autre. Alors il a une force particulière.
- Peut-être. Mais y a ce qu’on y perdrait. Ce que j’y perdrais.
Tu perdras la vie Jan. Joaquin la gardera.
Jan se rapproche de la porte.
- Et p-pardonne moi mais… Je n’arrêterais jamais de te regarder comme ça… J’peux pas…
Par les dieux, qu’il se taise. Qu’il arrête de rappeler la faiblesse dont Joaquin s’est fait victime, à laquelle il a avoué avoir cédée. Arrête Jan. Tu le forces à regarder quelque chose qu’il ne peut plus voir. Il a dit « moi aussi ». Il ne veut, ne peut pas aller plus loin. Pour lui, pour la Calavera. Alors pourquoi ça lui serre quand même le cœur ?
Jan qui se retourne, qui lui assène en pleine gueule ce qu’il a hurlé de ne pas prononcer, l’autre soir, sur la terrasse. Cette fois-ci, il ne crie pas. Il a la crise, fraîche en mémoire. Les poumons si serrés.
- Et jusqu’à la fin, j’resterais à tes côtés… Pas plus, pas moins. Je resterais là où tu me diras d’être.
Comment est-ce qu’il arrive presque à faire naître les remords chez Joaquin ? Presque. Le cœur se blinde. Essaie. Se ferme à moitié. C’est mieux que rien non ?
Putain, Joaquin t’es foutu. Depuis quand une semie barricade te convient ? Depuis quand tu te contentes d’une demie victoire ? Depuis quand tu te contentes d’une moitié, tout court ? D’un moitié de « je t’aime », de « moi aussi », de « je te garde » ? Depuis quand c’est toi qui distribues des moitiés d’actes ?
- Tu seras à mes côtés.
Il ne sait pas quoi rajouter d’autre. Car c’est une évidence. Il ne sait juste pas en quel état, avec quel statut, quelle étiquette.
C’est à lui de déverrouiller la porte finalement. Il ne l’ouvre pas avant de le regarder dans les yeux.
- On en reparlera quand tu seras clean. Mais Jan … Je ne peux pas …
Un silence. Joue qui se mord.
- Ce qu’on s’est dit l’autre jour, je le pensais. Mais on n’a pas le droit d’en espérer trop.
Il ne dit pas « d’en espérer plus ». Il laisse une porte ouverte suite à un choix de vocabulaire maladroit dont il s’aperçoit trop tard. Il se dit que son subconscient a parlé pour lui. Et que sa conscience gagnera malgré tout.
Joaquin est-il encore naïf ? Certainement pas.
- Repose toi. Et appelle si ça va pas.
Il n’y croit pas. Jan refusera de se laisser voir ainsi une seconde fois.
Joaquin quitte le bureau, l’esprit mitigé, le cœur battant à une vitesse normale et l’âme à peu près sereine, contrairement, sur les deux derniers points, à leurs trois dernières entrevues.
Il a le regard de Jan qui flotte devant ses yeux.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
Enjoy the silence Empty
Enjoy the silence - Mar 7 Aoû - 7:55

Enjoy the silence 180802094606683749 Enjoy the silence 180802094604115479

enjoy the silence

 
"Words like violence, Break the silence.
Come crashing in, Into my little world
Painful to me, Pierce right through me
Can't you understand, Oh my little boy.
song




Tu sors du bureau en me laissant une saveur à la fois trop connue et inédite en bouche. Celle du sang et du métal qui empli les joues a force de se mordre la lippe. Celle de l’inconnu, de ne pas savoir vers où on va et ce que tes derniers mots voulaient dire. Le sang est doucereux, délicieux, il a le goût d’un peut-être et de la douleur qui l’accompagnera. A trop s’approcher du feu Joaquin, à jouer avec les braises sans se protéger les mains, on va se brûler, on va se marquer à vie. Et je sais pas si on est prêts à ça.

J’sais pas si je suis prêt à essayer.
J’sais pas si je serais capable de m’arrêter au bout d’une fois.
Si j’serais capable de te laisser partir alors que j’aurais connu autre chose que les traits de ton visage.

Alejandro Flores, prêt à reculer, à faire volte face alors que ça fait 20ans que tu désires ça… C’est qui la girouette maintenant ?
Immobile dans le bureau, les mains tombantes, les yeux dans le vide, je suis entre deux mondes, incapable de me laisser planer, incapable d’agir. Je ne sais pas. C’est donc ça la peur ? D’être bloqué face à ce que le corps demande, ce que le coeur requiert mais que l’esprit bloque ? De ne pas être sûr d’avoir bien compris les mots, et si dans ton « trop » il y avait bien un « quelque chose » ? D’avoir le palpitant qui débloque, la sueur qui dégouline sur l’échine et le souffle qui accélère ? C’est donc ça, la peur ? De se dire qu’un pas suffirait pour tout briser une dernière fois ou pour essayer une première fois ?

J’refuse de la laisser gagner du terrain, tu sais. On a tué, on a torturé, on a fait couler du sang et des âmes. Mais ça ne m’a jamais effrayé. Te perdre, en tant que tout, ça, ça me fait peur.

Alors je sais pas Joaquin. Je sais pas, mais j’en ai envie, j ’en ai besoin avant de partir, de savoir que dans ces mots, il y avait bien un nous. Même infime.

On n’a pas le droit d’en espérer trop Joaquin.
Mais si pour une fois, on se donnait le droit d’espérer, tout simplement ?
Ça n'fait pas de nous des faibles ou des victimes.

Ça fait simplement de nous des hommes.
Des Dieux qui ont besoin d’être ensembles, pour vivre.


Revenir en haut Aller en bas
Enjoy the silence -

Revenir en haut Aller en bas

Enjoy the silence

 :: terminés
 Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» enjoy the silence
» enjoy the silence (brumi)

Sauter vers: