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Only the Winds

 :: abandonnés
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Only the Winds - Lun 27 Aoû - 21:58

J’entends le bruit des rotors, l’air brassé qui me fait vibrer les os et serrer les dents. J’entends les beuglements du capitaine qui appelle toute la compagnie. Embuscade à Kabita. Deux morts dans la patrouille. Trois blessés. Des américains et un lieutenant de la maison. Les blessés ont dû abandonner les morts sur le terrain, et lorsque la cavalerie est arrivée sur les lieux de la fusillade, elle n’avait trouvé qu’un VAB défoncé par une mine, une zone dévastée par les flammes et deux corps atrocement mutilés, en partie dépecés, avec des bouts de corps un peu partout. L’insulte était grave. Le commandement était sur les rotules. Le C-in-C allait gicler dans les jours à venir. Trop de sang pour bien peu de sable réellement conquis. Trop d’usure des hommes et des machines. Un mois plus tôt, Uzbin. Encore des copains qui s’étaient retrouvés au mauvais endroit et au mauvais moment, par un commandement sclérosé par le manque d’idées et par la méconnaissance du terrain comme de l’ennemi. Trop de sang en trop peu de temps. Lorsque j’arrive avec mes hommes, le capitaine est déjà en train de s’égosiller. Les hommes sont prêts. Une compagnie de légionnaires, toute entière, avec armes d’appuis. Ils vont partir pour la frontière pour essayer de rattraper les talibans en fuite, pour leur faire payer l’addition. On appelle la section de reconnaissance. Le capitaine est rejoint d’un officier américain. Un petit tout maigre, cheveux longs et barbe, on aurait dit une espèce de parodie d’Iggy Pop en version jeune. Insigne enlevée. Je sais ce que ça veut dire. Navy Seals, une opération à croix noires pour le commandement. Ils nous avaient cherché, le sang appelait le sang. Je ressens leurs émotions à tous deux. Le capitaine est nerveux, il n’aime pas ce qu’on lui demande. L’américain a l’air calme, mais c’est une boule de nerfs. Un chasseur. Le mec est d’un calme olympien à l’extérieur, mais dans son cœur, je sens battre la pulsion de mort. Ce type est un fou, qui a envie de faire couler du sang.


Envie contagieuse. Mon équipe est sur les crocs. Toute la section. Le capitaine me demande à ce qu’on accompagne les américains par hélico. Soutien aérien en altitude. On doit être discrets dans l’approche. Déposés au sol une heure avant l’opération des Seals. On a été choisis parce qu’on connaît bien le village concerné. Et parce que le capitaine sait qu’on ira au bout. L’américain m’offre une poignée de mains. Je l’accepte, mais dans notre échange de regards se lit toute la différence possible entre deux êtres humains, qui pourtant s’apprêtent à faire la même chose. Deux morts et trois blessés. C’était trop. Je savais ce que ça voulait dire. Le groupe aussi. Je n’avais pas besoin de lire dans leur cœur pour le savoir ; ça se voyait sur leur visage. De la détermination brute. La flamme de la colère et de la haine chez certains. La peur chez les autres. Le sérieux et la concentration chez tous.


Près de trente morts en un seul mois et plus de deux cents blessés. C’était trop. L’opération pour gagner les cœurs de la population était un échec. Le commandement faisait un exemple. On ferait passer ça pour une razzia des moudjahidines. Facile ; nous tirions presque les mêmes munitions, maintenant qu’ils savaient s’approvisionner. La presse nous couvrira. Mais les talebs, aux, ils sauraient. C’était tout ce qui comptait. Le commandement avait déclaré ce village comme Killing Zone. La KZ17 depuis notre arrivée en Afghanistan. On embarque dans les hélicos. Le groupe est prêt. Silencieux. Les armes approvisionnées et chargées. Les Seals nous rejoindront sur place. On décolle. Lunettes de vision nocturne fixées aux casques. Mon FA sur les genoux, jambes suspendues dans le vide. On volle bas. Le vent nous ébouriffe les cheveux. L’air sec et glacial de la nuit Afghane nous fait trembler. Lentement, le poison de la rancœur qui couve chez mes hommes imprègne tout mon système, et alors que nous volons bas dans les collines, je me sens prêt. Au moment de toucher le sol, je suis prêt à tuer n’importe quoi. A peine sommes-nous descendus en cercles autour des deux hélicos que ceux-ci décollent. Presque dos à dos, les lunettes sont abaissées devant nos yeux. Et en silence, une bande de fantômes s’insinue vers le sommet de la colline toute proche, contournée pour que le relief couvre le bruit des rotors dans le lointain. Pendant un bon moment, on n’entend que le vent souffler sur les montagnes.


Seulement le vent.


Jusqu’au premier cri étouffé par l’acier, qui me tire en sursaut de mes songes.


Je me sens tout pâteux. Les traits tirés. J’ai mal au bide. Pis, j’ai mal à la poitrine, qui, comprimée par quelque chose, à du mal à se développer assez pour que je prenne une quantité d’oxygène qui m’agrée. Je panique une seconde. Avant que la vision floue ne se précise. Que je distingue mon environnement. L’odeur d’abord. Le propre, le stérile. Le blanc du plafond, c’est l’hôpital. Je me rappelle alors. Aislinn. Les coups de feu et de tonnerre. L’angoisse revient. Je serre les dents. J’essaie de remuer, sans succès.



| Aislinn. |


Faible appel, voix enrouée, vieux goût de sang dans le fond de la bouche. Je tousse bruyamment, et la douleur me transperce la poitrine comme un couteau de combat. Malaise. Je ressens la guerre, je ressens la peur. L’excitation maladive qui nous rend tous fous, et tous accros. Ca sent la cigarette. Je me tourne vers le bout de la pièce, où un type que je ne connais pas lit des papiers sur un porte-documents. Rectification. Je plisse un regard rougi par la fatigue et les anti-douleurs, essayant de le distinguer. Je ressens son malaise, sa détresse. Le genre de sentiment qu’un animal sauvage ressent en cas de danger. La peur et la détermination. Aimerait se planquer mais ne ressent d’autre solution que de plonger les mains dans le cambouis. Il est là parce qu’il en ressent le besoin profond, irrépressible, mais il aimerait être tellement loin d’ici. Je le connais. C’est le type qui m’a sauvé la vie. Je crois. Je grogne plus que je ne parle, la gorge toute parcheminée.


| Qui êtes-vous ? Où est Ais... Où est la femme avec qui j'étais, à la soirée? O'Reilly? Elle va bien? |
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Only the Winds - Mar 28 Aoû - 8:22


losing my religion

That's me in the corner That's me in the spotlight
Losing my religion. Trying to keep up with you And I don't know if I can do it Oh no I've said too much I haven't said enough
SONG




Clope du matin, la 5ème. Non, la 6ème, t’as perdu le compte Romàn, tu n’arrives plus à savoir combien de taffes tu as tiré depuis ton réveil. Car tu t’es pas couché, t’as pas fermé l’oeil et t’es resté au ch’vet de McNamarra. Enfin dans les couloirs de l’hopital en tout cas, car tu ne peux pas te préoccuper que d’un seul dossier, surtout après le massacre d’Eden Manor. Faut vous reposer qu’un médecin t’a dit, celui qui t’as ausculté et a jugé bon de te filer 2jours d’arrêt au minimum. Son arrêt, tu lui as fais bouffer avec le sourire qui fait ta réputation : celui qu’on ne veut pas voir tant il crispe les poings et faire couler la sueur dans le dos.  Quand tu veux faire le requin Falco, t’es plutôt doué. On n’arrête pas Romàn, on le laisse tranquille, faire son p’tit bout de chemin, il sait gérer la douleur et les maux.

Tu mens Romàn.
Ta gueule que tu murmures à la voix qui est devenue plus forte depuis la soirée.
Tu mens et tu refuses d’ouvrir les yeux face à la vérité.
Je t’ai dis de…

Le poing part, éclat dans le mur de droite, salle de garde vide et à présent, salle de garde avec un trou béant dans le ciment. T’as la colère au bord des lèvres, la peur sur les courbes du coeur. La gerbe te vient immédiatement et alors que le géant vient de broyer un mur, c’est l’homme qui dégobille comme un enfant. Penché, tu te tiens le ventre pour arrêter le massacre mais ça veut pas, se stopper. Tu vomis tout ton repas, la bile et tout ce qui te restes dans les entrailles. La panique te scie le ventre et tu ne sais pas quoi faire, à part attendre.

Respire Romàn.
Ne te mêle p-…
Je ne te veux pas de mal… Respire.

Ce n’est même plus la même voix. Celle-ci a une sonorité féminine, un timbre suave. Comme l’onde de la Marina. Ce n’est plus le monstre qui sommeille en toi, c’est Camille… Tu entends maintenant la voix de Camille.
Et tu vomis, car tu sais pas quoi en faire de cette résonance en toi. Elle t’apaise et t’échauffe en même temps, te broie le coeur et l’attendrit. Tu comprends pas, elle est déjà bien assez là dans tes rêves et tes cauchemars, pourquoi sa vo-…

Respire Romàn…Respire.

Et enfin, tu inspires. Tu l’écoutes. Car il n’y a plus qu’elle, les voix ne sont plus, la peur disparait avec le dernier râle bileux au creux de ta bouche. Il n’y a plus qu’elle… Plus qu’elle.

Respire Romàn…Je suis là. J'ai toujours été là.


-

L’hopital Jefferson est à six pâtés de maison de celui où tu travailles mais t’as besoin de marcher et de te vider la tête. Alors t’y as été à pied, l’oeil vitreux, la gueule cireuse et les épaules voutées tant la fatigue et la douleur tintent au creux de ta tête. Les synapses en feu, ça joue des cymbales là-hauts et t’es pas chef d’orchestre toi, donc tu connais pas le geste pour arrêter la symphonie qui vrille ton esprit.
Torben Rawne, ancien soldat devenu garde du corp en indépendant. Tu tiques un peu, te souviens de la carrure du bonhomme.. Mouais garde du corps… Pas convaincu Falco. Mais bon, soldat, ça te parle, y’a quelque chose en toi qui brille, tu te sens encore plus content de lui avoir sauvé la vie. En espérant qu’il ne t’en veuille pas de lui avoir vrillé le dos à coup de scalpel.

T’es pas son médecin mais t’as assez de bagout et surtout, un joli nom qui résonne dans le creux de l’oreille de tes compères, pour passer la sécurité et l’orgueil du chirurgien en chef. « Falco… Dr Falco ? Le Chir en trauma? » Ouais c’est bien toi. « Okey, pas de soucis, tant qu’il vient pas foutre la pagaille ici, il peut rester, on peut avoir besoin de son avis ». Connard.

Il fait jeune Rawne dans son lit d’hopital. Les mèches blondes ont perdu de leur éclat, le teint est voilé, le corps, relié aux machines comme un putain de pantin articulé par Maitre Médecine. Tu vérifies les stats, prend son dossier et t’enfonces dans le coin de la chambre pour lire tout ce bastringue. Il était avec Aislinn lui aussi, beaucoup trop de gens chelou gravitent autour d’elle, faut vraiment que tu lui parles. Les sms ça suffit pas, t’as des question aux coin des lèvres Romàn, tu les vomis depuis 3 jours, tu les abandonnes au fond de tes toilettes car elles ne sont ni plausibles ni à poser. Tu sais pas quoi en faire et Aislinn a d’autres choses à faire que tes demandes de gosse apeuré. Elle doit pas savoir que t’es devenu ce genre d’homme, celui qui crie la nuit sous les cauchemars et qui vibre le jour sous un stress latent. Ton derme est parcouru de peur Romàn, il vit là-dessous, et quand il se réveille, c’est encore plus violent que les balles sur le champ de guerre. Ça n’te frôle pas, non… Ça t’arrache la peau jusqu’à ce que t’es plus force pour hurler d’angoisse

Tu entends un bruissement de drap mais tu lèves pas la tête. Car tu sais qu’il s’est réveillé et qu’il te voit, là, le géant dans le coin de la pièce, à se plier pour pas qu’on le regarde. Romàn Falco qui essaye se faire tout petit. Mec… T’es vraiment pas doué pour jouer à cache-cache.

"Aislinn….Qui êtes-vous ? Où est Ais... Où est la femme avec qui j'étais, à la soirée? O'Reilly? Elle va bien?

Le Faucon qui relève la tête, l’oeil azur dardé sur la victime. La lippe est mordue, sous la gêne de pas savoir quoi répondre. Car t’es pas son médecin, t’es juste le gars qu’à débarquer en pleine apocalypse et qui lui a troué le thorax.

« Aislinn va bien, elle est au chevet dr Mr. MacNammara.

Tu présupposes qu’ils se connaissent vu le degré d’intimité que la belladone a avec le colosse. Et puis, si ce n’est pas le cas, tu t’en branles, t’es pas là pour parler chiffon.

« Dr Romàn Falco, je… C’est moi qui vous ai prodigué les premiers soins cette nuit à Eden Manor.

T’hésites à abandonnr le mur, tu veux rester cacher là, dans ton trou de souris, les épaules voutées et le dos courbé. Mais y’a le médecin qui crie qu’il faut te bouger, l’envie de montrer que t’es encore capable d’aider. Alors les muscles se dénouent, la colonne se lève et comme Rawne, tu deviens un pantin mais cette fois-ci sans fil pour te tenir. T’as mal partout, au poitrail, à la nuque, au dos, partout. Tu déteste ta taille depuis cette nuit d’horreur, car t’as plus de mal à cicatriser que les autres, et t’as l’impression qu’un char d’assaut t’a écrasé du bas vers le haut.
Tu débarques à côté du patient et sans lui demander son avis, vérifie ses pupilles d’un geste machinal, lampe de poche attrapée en une seconde.

« Vous vous remettez bien. Vu que vous connaissez le jargon et pour vous la faire courte, plaie par balle dans le dos, entre la 6ème et la 7ème côte. Vous aviez un pneumothorax, j’ai du vous retirer la pression sur place, désolé pour la cicatrice. La balle n’était pas sortie et à ce que je lis dans le dossier, y’a pas trop de dégâts à l’intèrieur. Vous êtes chanceux.

Verbe de docteur balancé à la vitesse grand V, d’un ton glacial mais qui se veut sympathique malgré tout. Car c’est rare que tu expliques tout Romàn, rare et curieux à vrai dire.

« …Comparé à beaucoup d’autres dans cette baraque, vous êtes chanceux… Drôle de soirée, non ?

Voilà pourquoi tu lui as tout expliqué. Tu veux des réponses. Et tu les veux maintenant. Et là, ta carrure de géant, tu l’aimes passionnément.




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Only the Winds - Jeu 30 Aoû - 20:09

J’ai l’impression qu’un train à grande vitesse m’a roulé dessus. Deux fois. La sensation n’a évidemment rien d’agréable, c’est le moins que l’on puisse dire. Je ne me sens pas serein, l’inquiétude enfle et prédomine sur toutes les autres émotions. Lessivé par les songes et par les sentiments, je ne me rends compte finalement que d’une chose. Je ne me suis pas racheté et je n’ai peut être même pas accompli ma mission. En tout cas, je vis l’urgence de savoir si tout va « bien » même si ce mot connaît un nombre gigantesque de nuances que je ne pourrais sans doute pas toutes assumer de la même façon, en fonction des informations que le géant allait finir par me donner. L’homme relève les yeux. Il est gêné. Je ressens son malaise, que je ne sais pourtant trop comment l’interpréter. Elle me précise qu’Aislinn va bien et qu’elle est allée voir Ned. Je fronce les sourcils mais même ce geste me demande un effort, et ne paraît qu’incertain, à demi tremblant. Je me maudis intérieurement. J’aurais dû aller armé à cette sauterie où personne ne s’était embarrassé de la sécurité des participants.


| J’en déduis que vous la connaissez… Que vous les connaissez tous deux. N’est ce pas ? |


L’aurait-il appelée par son prénom, autrement ? En France, avec mes camarades de régiment, on appelait tout le monde par son nom de famille. Ce n’était pas le cas en dehors de l’armée, et je serais étonné que ce soit le cas dans ce genre de circonstances. J’essaie de me redresser un peu dans mon lit mais je peine, comme si j’avais sauté des repas pendant un mois tout en me forçant à ne pas dormir. Je détestais ce genre de faiblesse et ce manque de force dans mes bras me tira une grimace.


| Alors ils ont tous deux survécu. Et Ned est mal. Bon. J’imagine que c’est déjà ça. |


Ma voix était tout aussi faible que mon corps et il y avait un rien de sifflement dans le fond de cette gorge. Je n’étais pas plus inquiet que ça, cela dit. C’était peut être la pire blessure reçue, peut être. Mais même si je suis branché au torse et sous perfusion, je ne reconnais pas l’appareillage à côté du lit comme un suivi lourd. Je parle relativement bien, et je suis capable de me déplacer à la vitesse d’un vieil homme atteint d’arthrose. Mais je peux exécuter ces actions sans trop de douleurs ou de blocages… Même si déjà, j’ai l’impression d’être essoufflé. D’avoir un point de côté qui se forme. J’essaie de me calmer. De me concentrer un peu sur ce qui est le plus important à mes yeux. L’homme me confirme déjà qu’il est bien celui qui m’a sauvé de ce guêpier, en me déclinant son identité. Je n’arrive pas à lever la main pour la lui tendre.


| Je vous dois la vie alors, Docteur Falco. Je… |


Je ne savais même pas comment le remercier. Bête et stupide. Je ne savais pas si c’était une bonne chose, compte tenu de qui j’étais, ou des circonstances. Un peu honteux par cet embarras, je finissais par achever, baissant les yeux.


| Merci. |


On pourrait peut être croire que l’émotion m’étranglait, mais c’était surtout la culpabilité. Pas celle d’avoir survécu. Il y avait un bon dieu pour les ordures. Mais celle de n’avoir pas su tenir ma mission jusqu’au bout. Je me rappelais les mots de mon ami, qui m’avait hébergé quelques temps après l’armée. Un Garde du Corps qui survit à sa mission a une chance sur deux pour être un héros, ou un raté. Ce qui importait c’était la mission. Aislinn était visiblement en vie, mais à quel autre prix que ma santé ? L’homme se rapproche et je ne cherche pas à me dérober à son contact, je sens dans ses émotions l’intérêt du praticien, inquiet pour son patient. Inquiet pour beaucoup de choses. Je le laisse vérifier mes pupilles. Sans doute pour voir si la chute n’a pas provoqué un trauma crânien ou ce genre de chose… A l’armée, j’avais eu plusieurs fois le coup. Je ressens tout le malaise de cet homme, qui semble rechigner à la mention de son corps au moins autant que moi. J’ai un mince sourire, qui s’élargit toutefois alors que je secoue doucement la tête.


| Désolé pour la cicatrice, vraiment ? Vous êtes un marrant. Sans vous, je serais resté planté dans la pelouse. Je crois que dans tout ça, on peut dire que j’ai eu de la chance ? Une 9mm qui me rentre dedans, si elle était ressortie elle aurait tout défoncé sur son passage. |


Et il embraie. Je fronce les sourcils


| Drôle, ce n’est pas vraiment le mot, on aurait dit que son déroulement sortait tout droit d’un esprit malade. Vous y étiez… Qui a été tué ? |
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Only the Winds - Dim 2 Sep - 12:56


losing my religion

That's me in the corner That's me in the spotlight
Losing my religion. Trying to keep up with you And I don't know if I can do it Oh no I've said too much I haven't said enough
SONG


Ned. Le surnom utilisé si facilement, accolé au prénom de la belladone. Ils se connaissent tous. Les connexions sont bien plus réelles que tu le pensais et clairement, ce manoir n’était pas une simple soirée guindée où les petits fours sont l’unique sujet de conversation. Ça te taraude la tête, te pilonne l’esprit tant les questions débarquent par vague océanique. Tu ne comprends pas, pourquoi un militaire était collée aux bask’ d’Aislinn. Pourquoi Eamonn McNamarra est surveillé de près depuis son arrivé à l’hopital central. Pourquoi la rousse ne reste pas constamment à son chevet. Car ouais tu as menti Romàn, Aislinn a plus été du côté de Monsieur Rawne que du côté de son amant et ça… Tu ne peux comprendre la raison, elle t’échappe comme les milliers de questions qui brûlent ton cortex depuis l’Eclair de septembre.

Le soldat qui te cause Romàn, qui utilise trop de mots pour au final, ne pas te répondre. La question envoyée à la gueule, tu ne sais pas trop quoi en faire. Qui est mort ? Clairement, t’en as rien à foutre, Aislinn est en vie. Rawne est en vie. Mcnamara est en vie. Tu pouvais pas faire plus Romàn, alors tu t’es concentré sur eux et le reste… Le reste s’étripait toujours quand tu es parti. La foudre, la violence, les balles et les cris, t’as quitté un champ de bataille, t’es parti sans réclamer ton dû, t’as fui comme un putain d’inutile Falco. Tu pouvais pas faire plus et pourtant… T’aurais tellement aimé donner plus. Encore et encore, altruiste jusqu’au bout des ongles, incapable de refuser de donner de ta personne pour briller. Mais là, c’était trop pour toi. Alors t’as fermé ton esprit, t’as clos ton coeur et tu t’es barré.

" J’en sais rien. Y’a eu… pas mal de gens envoyé à l’hosto mais je ne m’en suis pas occupé j’ai…"

Pris un coup de foudre ? C’est une bonne excuse pour avoir calmé tes ardeurs d'héroïsme Romàn, tu ne crois pas ?

" …J’ai été touché aussi, je n’ai pas encore le droit d’opérer. Mais on m’a autorisé à suivre McNamara. "

Les yeux qui se baissent légèrement, mal à l’aise Falco d’avoir menti au soldat, le militaire en toi ne peut accepter d'avoir transformé la vérité. Question de respect envers un homologue. Le coeur qui tambourine, la rage qui gronde et les phalanges qui blanchissent. Un pas en arrière, pour abandonner le lit de l’éclopé et éviter de le broyer sous ton malaise.

"…Et j’le connais pas, je suis juste proche d'Aislinn et... Elle vous apprécie beaucoup aussi, elle..."

Rouler des yeux, tu n'sais pas trop parler, quand il est question de coeur et non d’esprit. T’es un mec réfléchi Romàn, pas un gars qui fléchit.

" … Elle est restée à vos côtés tout du long. C’est une fille bien. J’comprend juste pas comment elle a terminé dans ce foutoir."

Va t’asseoir Romàn, restes pas là, à péter du boulon et des poings. Quelques pas en arrière, tu ressembles à un tigre en cage, la tête qui explose comme des milliers de grenades. Tu attrapes la chaise et fous ton cul dessus, histoire d’être ancré sur quelque chose et de ne pas tomber sous la peur qui t’accule. Quelle frayeur Romàn ? Celle d’avoir des réponses ? De comprendre comment Aislinn a pu se retrouver dans un soirée pleine de mafiosos ? D’avoir une explication rationnelle face aux tonnes d’éclairs ? De savoir qui tu es ?

Tout ça, ça explose en toi et la seule solution, c’est de dégoupiller ailleurs que dans ton crâne. Alors tu fermes les bras sur ton poitrail et la force dont tu es le vassal, elle écrase ta propre chair, te pare d’hématome mais t’en as rien a faire. Au moins tu touches personne, au moins, tu détruits personne d'autre que toi.

"J'sais ce que vous faites comme boulot... Pourquoi vous étiez avec elle ? Pourquoi Aislinn a besoin d'être protégé ?"

Et foutre les deux pieds dans le plat sans bonjour, ni au revoir. Romàn parle, Pallas se tait. Le titan est trop faible à cet instant pour contrer les questions qui foudroient l’humain depuis un an déjà.



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Only the Winds - Mar 4 Sep - 23:41

Suspicion. Dans les deux sens. On est dans le même camp. Je pense qu’il s’agit d’une certitude partagée, si j’arrive à bien lire dans le cœur de cet homme. Mais je ne pouvais pas avoir autant de confiance dans ce que je ressentais. Dans ce que les gens ressentaient. C’était du pareil au même. Je m’étais rendu compte avec la soirée au manoir que je ne vivais qu’au travers des autres, ressentant tout le flot de ce qui leur travaillait l’âme pour remplir la coquille vide et délabrée de ce qui avait peut être accueilli un jour une âme en son sein. Je déglutis. Fronce les sourcils. J’essaie de me concentrer. Le mec ne comprend pas. Il veut savoir. Il est comme une bête enfermée dans une cage, c’est un espace trop étroit pour lui. Et je ne parle pas que de son incompréhension, ou de l’hopital. Cet homme se sentait piégé par quelque chose. Mais il m’avait sauvé la vie. L’homme en tout cas nourrit une certaine forme de satisfaction par rapport à mon état. Je sens bien qu’il ne m’a pas sauvé seulement pour moi. Mais il est quand même content du résultat. Un type qui a souffert, qui a beaucoup enduré dans sa vie. Mais il a bon fond. Comme beaucoup de gens, finalement. Il y a beaucoup de culpabilité, aussi, et ça, ça me transperce l’âme. Le toubib me renvoie l’écho de mes propres cauchemars.


Le type me précise qu’il y a eu beaucoup de blessés mais il ne sait pas s’il y a eu des morts. Dans le creux de mon ventre, je le sens bien. Dans ce vide, là, à côté de l’estomac. Quelqu’un est mort. J’en ai la certitude. Mais si ce n’est pas quelqu’un que ce mec connaît –il semble connaître ceux qui me sont les plus importants- alors c’est que je peux faire sans cette information, au moins pour un moment. Je déglutis, j’essaie aussi un peu de m’humecter les lèvres. McNamara. Le connaissant un peu, il avait dû manger aussi pour quelqu’un d’autre. Aislinn devait être avec lui. Je me rappelais ce que j’avais ressenti d’elle pour lui, au moment de perdre conscience dans l’ambulance. De quoi me comprimer la cage thoracique ; j’espérais pour la rouquine que son fiancé n’avait rien de trop grave. C’était un dur à cuire.



| Qu’est ce qu’il a eu, lui ? Et vous… Vous avez été blessé aussi ? |


Difficile de s’en rendre compte comme ça. Les contours de ce que je voyais étaient encore un peu troubles. Il marchait et parlait. Ce n’était pas si grave ? Ou alors, il le cachait bien. Le mec s’en veut encore plus et il recule, alors que je sens flamboyer les braises toujours présentes d’une rage terrible, importante, qui fait tout trembler sur son passage. L’homme s’en veut-il à ce point ? Sa colère n’a pas l’air d’être dirigée contre quelqu’un en particulier. Ou bien lui-même ? Je me mords la lèvre inférieure une seconde, le temps de me remettre un peu. Je n’arrivais pas à faire de l’ordre dans mes émotions, et donc, ce n’était pas son cas non plus. Il finit par me préciser qu’il est « proche d’Aislinn » et je fronce à nouveau les sourcils. Un proche dont j’ignorais l’existence ? Quelque relation distendue mais néanmoins vivace ? Il me dit qu’Aislinn m’apprécie, ce qui me glace le cœur. Que devait-elle penser d’un garde du corps qui finissait par terre alors que la mission n’était pas finie ? Et il me dit qu’elle est restée à mes côtés. Je déglutis encore. Ca devient une sale habitude. Je noie ma gêne dans la contemplation du néon allumé au-dessus de ma tête, sur le plafond.


| Moi non plus, je ne comprends pas. Mais c’est vrai. C’est une fille bien. |


Pic de douleur dans la poitrine. Je me crispe. Je me force à me détendre. A reprendre des inspirations plus brèves, mais pas pour autant plus précipitées. Pas un mot sur Aislinn et le fait qu’elle m’avait veillé. Ce n’est pas vraiment le moment. Et j’avais trop pénétré son intimité la dernière fois que je l’avais vue. Ca m’avait touché, bouleversé, mais ça m’avait aussi donné de la force. Son désir de revoir à tous prix Eamon m’avait poussé à mon tour en avant, contaminé par ce désir de l’aider à y arriver. L’homme trépigne encore, dans la pièce. Il veut des réponses à ses questions. La migraine pointe, et mon cœur bat plus vite. Un voile de sueur glacée m’imprègne le front. J’ai du mal à gérer les lames de fond d’émotions violentes mais contenues, qui me font serrer les dents. L’homme veut savoir, et il ne s’arrêtera pas. Le docteur essaie de se camper sur une position fermée, qui l’empêche de trop bouger.


Il va droit au but. Me confronte avec mon boulot. J’hésite. Je réfléchis en le regardant. Mes muscles maxillaires se crispent plusieurs fois avant que je ne lâche. Il y avait des secrets qui ne se trahissaient pas.



| Parce que les gens comme elle ont besoin de protection. Vous avez dû voir que la soirée était remplie de salopards, alors elle a voulu prendre ses précautions. Mais ni elle ni moi n’avions anticipé le niveau de danger. J’y suis allé sans arme. Je suis vraiment complétement con. Armés, ils l’étaient tous. Des guignols se sont mis à tirer dans tous les sens. Il s’est passé… Je ne sais pas trop. C’était étrange. On aurait dit… Enfin, je ne sais pas. |


Etait-ce plus fou que de se prendre, se considérer comme des dieux ? Je fais diversion. Et fronce une énième fois les sourcils à cause de la concentration.


| Les gens sont devenus fous. Comme sous l’emprise de quelque chose qui leur murmurait à l’oreille. Des gens qui s’appréciaient se sont battus les uns les autres. Aislinn a subi ça. J’ai essayé de la protéger d’elle-même, et des autres. Et puis, j’ai pris une balle perdue. |


Pieux mensonge.


| Et vous, vous êtes qui ? Vous avez fait super vite. Et ce n’était pas la première fois que vous soigniez un blessé par balles, pas vrai ? |
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Only the Winds - Mer 5 Sep - 22:13


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Losing my religion. Trying to keep up with you And I don't know if I can do it Oh no I've said too much I haven't said enough
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Tu balaies les questions du patient d’un silence pesant. Vous n’êtes pas ici pour parler de toi. Tu t’en branles de ton état, de lui expliquer que, ouais, toi aussi t’as été blessé et que non, t’as pas mal. T’es pas ici pour parloter sur des éclairs et des coeurs brisés. Tu veux savoir pourquoi elle, pourquoi tout ça, pourquoi ce fracas dans une soirée où ils portaient tous des costards. Le terme mafia suinte dans ta mémoire Romàn, t’es pas con, t’es médecin et t’as déjà soigné des p’tits cons comme ça. Tu sais très bien qu’Arcadia est l’arène de ces fauves, que de leurs poings, y’a des cadavres qui tombent, de leurs armes, des gosses qui deviennent orphelins. Et tu les détestes, ces salauds, d’utiliser le métal comme arme principale pour contrer les autres. Tu les détestes chaque jour de ton existence et encore un peu plus chaque fois, que tu égares tes mains sur les corps des gamins qui ont servi de chair à canon.

Sur le rebord de la chaise, y’a tes doigts qui griffent le plastique, le regard concentré dans celui de Rawne qui a l’air à deux doigts de clamser. Vous devez surement avoir la même tronche Romàn, alors arrête de te penser supérieur juste parce que toi, t’as pas le cul a l’air sous ta blouse de docteur. Les mots du militaire qui s’accumulent, trop de syllabes, trop de lettres, trop d’informations à gérer pour toi Romàn, dont la tête implose encore et encore sous la fatigue et le mal être. Les paupières qui clignotent comme des phares de voitures dont la batterie est à zéro. Et le coeur qui se fissure, encore et encore, sous une vérité que tu ne comprends pas et qui pourtant sonne contre ta chair comme un quotidien que tu refuses de voir.  

Devenus fous.
Sous l’emprise de quelque chose.
Les murmures.


Les yeux qui se ferment, le myocarde qui s’égrène sous les mots trop plein d’une vérité que tu refuses d’écouter. T’es pas fou Romàn, t’es pas comme ces dingues à la gâchette facile. Pourtant, toi aussi t’as frappé un homme cette nuit. Tu l’as même envoyé valser de l’autre côté de la rue. Toi aussi, tu deviens un monstre, qui tisse des horreurs dans le béton et les chairs. Toi aussi, tu perds la boule, sous l’emprise de ce quelque chose. Comme Rawne l’a dit, quelque chose qui murmure.

Mais toi, Romàn, ça crie en toi. Ça murmure quedal.

La question de Rawne te fait réouvrir les yeux avec quelques secondes de retard. Le médecin est appelé à la barre Falco, allez, lèves le menton et arrête de te cacher dans le coin du monde. Y’a que le centre qui te réussit, y’a que sous la lumière que tu dois vivre. Alors relèves les yeux Romàn, réponds et abandonnes les questions et les pourquoi. T’es pas un môme qui attend qu’on lui explique, t’es un homme, qui sait comment la faire venir, la réplique.

Falco, tu te relèves, les maxillaires tendues, la lippe mordue et la colonne qui te fait si mal, que tu donnerais tout pour un massage et quelques baisers tout doux. De ses lèvres. De sa bouche. Elle, rien qu’elle. Elle et ses mains, ses murmures. Elle et ses cris, ses soupirs. Elle, qui un jour, a réussi à te bercer et à t’endormir. Elle.

Dont le visage disparait après une seconde de faiblesse, mais dont le nom reste, après une année sans sa délicatesse.

« J’ui Hermes, j’ai des ailes collées aux baskets, logique que j’sois arrivé super vite !»

Détendre l’atmosphère, te rappeler du disney qui t’amusait quand fallait penser à autre chose qu’à la guerre. Ouais, quand vous attendiez que le combat commence, on vous passait des dessins animés, pour calmer les esprit échauffés et faire naitre dans vos caboches de soldats, des rêves bleutés et des histoires qui se finissent toujours avec les coeurs ressoudés. On vous servait des merveilles avant de vous envoyer dans la boue pour ne plus jamais revoir le soleil. On vous mentait, on vous berçait. Et vous acceptiez.

« Capitaine Falco. Chirurgien de guerre, 18ème corps de l’armée de terre. » Une pause d’une demie seconde et repartir sur le champ de bataille, l’arme au creux des lèvres, la rage dans la verbe. « C’était quoi cette soirée ? Et ne me parlez pas d’anniversaire ou de pot de départ en retraite ! J’ui pas con alors que je veux savoir maintenant pourquoi Aislinn O’reilly était a des retrouvailles entre mafieux. »

Et tu t’es rapproché Romàn, d’un peu trop près même. Y’a tes mains qui se posent sur le lit de Rawne et ton corps qui se courbe en peu, les prunelles océan qui souffrent dans la tempête.

« Car c’est bien ça dont il était question, n’est ce pas ? Les mafias et. autre chose.

Et ne pas savoir si c’est toi ou l’Autre qui a parlé cette fois-ci Romàn. Ne pas savoir mais laisser faire. Car le murmure est un cri chez toi, et les hurlements, tu ne peux plus les faire taire.



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Only the Winds - Ven 7 Sep - 0:05

Le mec me toise avec une certaine indifférence, que je sais pourtant n’être pas dirigée vers moi. C’est pour sa propre santé, pour son état, qu’il ne s’en fait pas trop. Il s’en fiche. C’était forcément lié au poids gigantesque de la culpabilité que j’avais sentie chez lui, un peu plus tôt. Je ne voyais pas d’autre solution. Avec quels genres de mecs Aislinn continuait de se lier ? Elle devait avoir une prédisposition à attirer à elle tous les désespérés, les mecs en morceaux. Peut-être que c’était lié à ce que j’avais lu en elle ? A cette forme de pureté et de bienveillance, qu’elle ne pouvait faire autant ressortir au grand jour que d’autres sentiments mais qui étaient bien réels ? Je ne savais pas trop. Je me sentais bêtement en « sécurité » avec ma patronne. Pas d’un point de vue physique, mais bien moral. Elle prenait soin des gens qui bossaient pour elle. Une boss paternaliste comme on n’en faisait plus depuis longtemps. Maternaliste ? Allez vous faire foutre, je sais pas comment on devrait le dire dans ce genre de cas, je n’étais pas une tête, je n’avais pas fait d’études ni quoi que ce soit du genre. Mon apprentissage à moi, il s’était fait sur le tard, à l’armée. Quand les grands espaces et le danger m’avaient poussé transcender mes faiblesses… Qui avaient failli me submerger, ce soir-là. Trop d’émotions. Trop de folie. Tout m’avait frappé en plein cœur, et avait dévasté ma psyché.


Je sens une détestation profonde –de la haine ?- pour les responsables de ce chaos. Ce sauveur ne semble pas être le genre même de mec à se montrer d’un calme olympien. A l’extérieur il se maîtrisait mais à l’intérieur, on aurait dit un paysage sous le coup d’un tremblement de terre. Incontrolable et imprévisible, le mec se contenait mais c’était tout juste. Et franchement quand on voit la carrure de ce docteur, on n’a pas vraiment envie de le chatouiller d’un peu trop près. La patience s’étiole à toute vitesse. J’avais en tout cas du mal à me remettre dans l’état d’esprit de cette soirée. J’avais touché du bout des doigts tant de personnalités différentes que j’en étais encore chamboulé. Rien n’était clair dans ma tête. Il y avait eu Aislinn, bien sûr. Mais tous les autres. Ces filles qui voulaient à tout prix l’objet maudit. L’homme qui s’était brûlé les paluches à vouloir sauver tout le monde, lui m’avait anéanti, m’avait fait exploser de l’intérieur. Sans une première intervention d’une autre personne, mon hybris m’aurait mis hors de combat et j’en aurais été réduit à la folie la plus complète, oblitérant toute continuité dans mon cerveau et dans mon âme.


Je sens le désir irrépressible du géant de comprendre, de saisir ce qu’il s’était passé. J’y sentais beaucoup d’implication personnelle. Il ne faisait pas qu’aider Aislinn, ni « que » la connaître. Il s’inquiétait vraiment. Le géant doit se motiver à me refaire face. La honte et la culpabilité le rongent. Je dois réprimer les battements erratiques de mon cœur qui se serre et qui se laisse déchirer par tant de ressentiment. Les gens qui s’en voulaient me foutaient toujours en vrac. J’inspire. Je me calme.



| Dommage que vous n’a pas plutôt quelques explosifs dans les poches. Il y avait le grand ménage à faire, au milieu de toute cette folie. |


Comment expliquer la débauche de pouvoirs ? Les éclairs, la végétation qui pousse de partout, les manipulations psychiques de toutes sortes ? Il finit par se présenter . Falco, capitaine. Chirurgien militaire. US Army, visiblement. Mon visage grimace et se tord quand j’essaie d’esquisser un salut, mais je renonce à mi-chemin


| Mon capitaine. Sergent Rawne. Section de reconnaissance, 2e Régiment Etranger Parachutiste. |


Pas la même armée, mais ça n’empêchait aucunement le respect. Ce mec était donc doublement un crack ; capable d’avoir la tête froide pour soigner des gens au combat tout en assumant ce genre de responsabilité des plus vitales. Il m’interroge sur la soirée. Un peu abruptement, mais je sens toujours ce même désir, et plus que ça, le besoin de tout savoir.


| C’était une soirée où mon employeuse devait rencontrer des connaissances. Je n’en sais pas plus. Je ne connaissais pas ces gens, en dehors de quelques exceptions. |


Je ne connaissais pas son lien avec Aislinn. Je ne pourrais pas être plus précis. Par contre s’il m’avait stabilisé à même le sol, il était arrivé en plein bordel. Je pouvais donc aller plus loin sur d’autres sujets.


| J’ai assisté à des choses que je n’avais jamais vues. Des éclairs qui frappent le sol à répétition. Un type qui se transforme en espèce de fauve. Les femmes sont devenues folles, dans les jardins. Quelque chose les poussait à s’attaquer mutuellement. Je n’entendais pas ce que cette chose leur murmurait. Il y a eu pas mal de coups de feu, j’ai essayé de faire évacuer Aislinn, mais elle était devenue dangereuse pour elle-même comme pour les autres. Un type armé arrivait à se téléporter. Il est arrivé derrière nous. J’ai juste eu le temps de protéger mon employeuse avant de tomber. Et vous êtes arrivé après. Vous en savez autant que moi. C’est certain que les invités ont été piégés. En raison de leurs activités ? Je ne sais pas qui ils sont, simplement qu’ils ne sont pas des enfants de cœur. Je ne veux pas de liens avec ce genre de personnes, d’ordinaire, je me tiens plutôt à l’écart de ce genre de coups fourrés. |


Je décide de mettre les pieds dans le plat.


| Pourquoi vous en voulez-vous autant, Falco ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ce soir-là qui vous concerne, et d’où connaissez vous O’Reilly ? |

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Only the Winds - Sam 8 Sep - 12:00


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Le militaire crépite en toi quand le Sergent bouge et tente de te saluer. Ton estime pour lui était déjà plus haute que pour la majorité des personnes de cette soirée, mais là, elle crève un peu plus le plafond et t’oblige à reculer. T’es pas là pour lui faire peur, t’es pas un monstre Romàn, tu veux juste comprendre. Et cet homme en a vécu des choses lui aussi. Okey, les drames, ça explose de partout, y’a des morts et des violences aux quatre coins du globe mais quand t’as connu la guerre, surtout celle du début du millénaire, t’as vu plus de torture et de chimère que la majorité des peuples. Plus que les combats et les corps explosés, c’est la folie, douce et viciée qui glisse aux creux des veines en voyant l’humanité se plier. L’Irak, l’Afghanistan, ces pays ont transformé des hommes bons en monstres amers. Ils ont changé l’or en plomb, l’argent en charbon. Y’avait moins de combat au sol que lors des Grandes Guerres mais l’attente, les explosions lointaines et la peur sont bien plus violentes que des éclats d’obus en pleine gueule.

Le blond commence à parler, c’est difficile, tu le vois sur son faciès, que la douleur pend à son coeur. Pallas te murmure de reculer encore un peu, de lui laisser de l’air, de lui offrir un peu de repos et d’arrêter tes putains de questions. Mais Romàn, t’as beau être sous le joug de la fatigue et de la douleur, tu restes plus fort que cette chose. Et tu la combats, encore et encore, pensant qu’il s’agit d’une folie doucereuse alors qu’il s’agit seulement de toi, dans un autre miroir, d’un autre temps, sous un autre ciel.  Mais ça, tu ne le sais pas.
La vérité s’égrène, les mots sont simples et pourtant tout parait si compliqué. Tu aurais du fermer tes bras sur ton poitrail, mais t’en es pas capable. Ils restent contre tes flancs, ballants, les épaules affaissées. Ton nez se plisse, tes sourcils suivent le mouvement du visage. Tu comprends quedal, c’est pas logique ce qu’il raconte. Alors d’un coup d’oeil discret, tu regardes la perfusion pour visualiser quelle dose on lui a foutu.

Pas plus que la normale.
Il a bu ? Il sent pas l’alcool pourtant.

Bordel, et ça continue, de parler de téléportation, d’homme qui se change en fauve, d’éclairs magiques venus tout droit d’un univers à la JK Rowling. Et l’argumentation du sergent se termine par un aveux qui fait pulser le coeur du titan. Toi aussi tu veux être neutre qu’il aurait pu murmurer s’il en avait le droit et la force. Mais pas le temps pour répondre, pour rire ou pour se foutre de la gueule du blond. Ou alors se moquer de ton propre coeur Romàn ? Car tu sens que la vérité est sur le point de te cramer le visage.

Pourquoi tu demandes tout ça Falco ? Pourquoi ça t’intéresse tant de comprendre ? T’es pas flic, t’as sauvé des vies, t’as fait ton boulot. Alors POURQUOI tu veux savoir ! Pourquoi Romàn…

POURQUOI?!


T’as la joue rongée de l’intérieur tellement tu hésites. T’as le sang qui pulse, le coeur qui tambourine. Faux, qui pète à tout va, qui explose les valves et dont le sang se répand au sein de ton poitrail. Tu hésites, tu n’sais pas. T’en as rien à foutre qu’il te prenne pour un fou. T’en as rien à branlé qu’il crie au monstre de foire. Alors tu tentes ton coup. tant pis pour la gloire.

Les paupières qui clignent, le regard qui cherche quelque chose, qui… Trouve. Le porte dossier en métal posé devant le lit, tu l’attrapes d’une main et tu reprends ta place devant Rawne. Tes yeux ne le lâchent pas, ta respiration est bouillante, sauvage. T’as peur. T’as tellement peur Romàn, mais tu combats le froid qui te glace de toute part. De tes doigts, tu tiens l’a4 de métal. Et puis tu appuies, doucement, d’une lenteur insoutenable pour tes mains qui sont habituées à briser tout d’un éclat. Comme une feuille de papier, le métal se plie, comme du chewing-gum, il se ratatine. Et tu lâches pas des yeux Rawne alors que les secondes deviennent trop longues, que tu contrôles comme tu peux, cette chose qui normalement détruit beaucoup plus vite.

La porte document fini en confettis.

« Je fais pareil avec les murs, l’acier, le béton, les voitures, le bois, les…

Et cette fois-ci, les yeux tombent au sol, la peur est trop grande, elle t’asphyxie.

« …les corps.

Tes poings qui se dardent sur ta propre chair, ton coeur qui vibre, ta gorge sèche. Tu hésites. Tu ne relèves pas les yeux pour autant Romàn, cette fois-ci, c’est toi le faible.

« …Qu’est ce que je suis ?

Et relever les prunelles, l’air d’un enfant qui après une chute, à les genoux en sang. Et le coeur en charpie.


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Only the Winds - Lun 10 Sep - 21:06

Un chirurgien de guerre. Rien à voir avec les bouchers d’autrefois. Des gars compétents. Et proches des hommes en général. La guerre moderne avait démultiplié les manières de mourir et elles étaient toutes plus atroces les unes que les autres. Munitions radioactives, chimiques, munitions et sous-munitions en tous genre, de la balle dum-dum aux explosives. Il fallait des nerfs d’acier, et il fallait aussi des réflexes de folie, une pratique de la médecine presque instinctive. La balle de neuf millimètres que j’avais reçue m’avait brisé deux côtes et avait percé un poumon, lui-même frotté par les débris de mes os. Il avait dû réagir à toute vitesse, car on meurt rapidement d’une blessure pareille. Le temps que le poumon se remplisse et ne soit plus capable d’accueillir de l’oxygène, le second se remplissant presque en même temps. Il avait aggravé provisoirement mes blessures et mes saignements mais avait évité ce pneumothorax… Et j’avais vécu. Pour quelques jours. L’avenir ?


Il dépendait de ce contrat, et de tant d’autres choses.


Je commençais doucement à fatiguer ; parler était un effort, me forcer à tenir à peu près assis aussi. Mais ce n’était rien à côté de la concentration dont je devais faire preuve pour ne pas me laisser dépasser par mes émotions. Le terrible combat qui avait lieu en son for intérieur me donnait l’effet d’être retourné à Mossoul, au plus fort de la guerre. Le fracas de l’artillerie lourde qui tirait par batteries de quatre pièces. Le bruit lointain des réacteurs des JSF qui volaient en rases-mottes pour larguer leurs bombes incendiaires. La pétarade des armes automatiques. Les chocs sourds des touches directes, tirs de chars. Le ciel s’illuminait des obus traçants et des traînées de tirs anti-aériens. Et j’étais là, à contempler ce maelstrom de destruction, de fer et de feu. C’était à ça que me faisait penser l’âme de Falco. Le mec ne me croit pas tout à fait. Ce qui calme l’incroyable tension née des forces contraires qui s’opposaient dans son corps.


Et d’un coup, le raz-de-marée. Déferlante qui me brûle presque, me serre le cœur et me coupe le sifflet en même temps que la respiration. Sa rancœur envers lui-même ressortait, illuminant sa conscience d’un halo famboyant et douloureux. Il prend le porte-dossier et il se rapproche. Il crève d’une rage qui m’asphyxie et d’une peur qui me fait galoper le palpitant. J’écarquille les yeux alors que la plaque se tord, grince et ce n’est pas tant le froid métal dans ce triste état qui me surprend le plus. C’est ce que je ressens sous le roc, sous le hulk humain que j’ai sous les yeux. Le mec est perdu. Il est dévasté. Démoli. Même s’il aurait été jadis mon supérieur, je lui parle comme un de mes gars. Comme un des jeunes de vingt ans de ma section. Après Uzdeen, en Afgha. Après ce fichu cauchemar. Ils avaient tous fait leur devoir, même s’ils crèveraient avec ce qu’ils avaient fait.


Sur mon dernier ordre.


Je déglutis péniblement. Ce déferlement d’émotions qui me prend à la gorge et me serre le cœur, me le transperce d’une douleur aiguë… Je maîtrise ma voix. J’ai commandé des hommes à la guerre et à la mort, nom de Dieu.



| T’es un tueur. |


Simple énoncé de la vérité. Aucun jugement, rien qui puisse le trahir dans le timbre de ma voix. C’est un tueur. J’en suis un. C’est pour ça que je sais les reconnaître quand je les vois ; je sens chez eux souvent la même chose que moi. La même dose de culpabilité, de pulsion violente. Je sens la même chose, la même intense satisfaction d’être le meilleur et d’avoir survécu, tout en restant couplée au dégoût et à l’écoeurement


| Mais t’es un mec bien. Je l’ai senti en toi, quand t’es arrivé et que j’étais en train de crever. C’est ça, ce que moi, je sais faire. Sentir les gens. J’ai lu ton inquiétude viscérale pour ces gens. Pour Aislinn. Mais pas que. Pour moi, pour d’autres. J’ai senti ta rage. Et j’ai aussi senti ces horreurs. Et ce dégoût que tu nourris pour ce que tu es capable de faire. |


Je secoue doucement la tête, me focalisant sur chaque nuance de ce qu’il m’envoyait. Qui me renvoyait aux premières années. A ces excès de violence. A ces mains pleines de sang et de larmes, de ces gens qui ne m’avaient rien fait et qui n’étaient sans doute même pas responsables des pertes infligées à ma tribu. J’en avais assez de mes mains d’assassin. De cet instant de violence. Mais c’était ce que j’étais. Ce que Falco était aussi.


| Je ne sais pas ce que tu es concrètement. D’où te vient ta force. Je ne sais rien de tout ça. Mais je te dois la vie. Et je te dois celle d’Aislinn aussi, par la même occasion. Je ne sais pas comment on va y arriver, mais je peux te promettre Falco, que je t’aiderais à trouver la réponse à cette question. Et peut être qu’au cours de ce voyage-là, j’arriverais à trouver aussi quelques réponses sur qui je suis aussi. |
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Only the Winds - Jeu 13 Sep - 15:31


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Un tueur. Il l’a prononcé. La vérité. Celle que tu détestes entendre Romàn mais qui pourtant, pulse au creux de tes veines depuis cet instant où tu as accepté de faire parti de l’armée. Médecin de guerre peut-être mais soldat avant tout. Capitaine qui a arraché des vies, choisi d’en sauver d’autres, accepter d’en abandonner. Militaire qui a eu les mains pleines de sang et l’âme brûlée. Humain qui a continué la ritournelle, en pliant les coeurs. Monstre qui s’est réveillé et qui à présent, peut réellement déchiqueter les corps.  Un tueur Romàn. Tu es un tueur. Et les tueurs, on les condamne, on les enferme. On les électrocute pour les calmer.

La foudre sur la Marina. Pour Camille. L’éclair dans la poitrine. Pour le reste. Tu as été jugé.
Maintenant, à toi de te relever.

Et sous ton regard de gamin, d’enfant a qui on doit tout réapprendre et qui doit tout recommencer, Rawne s’évertue de tisser une nouvelle réalité au creux de tes synapses. Il te comprend, il sait ce que tu ressens. Les syllabes défilent dans ta tête Romàn, tu écoutes parfaitement mais ne comprend pas grand chose. Il sent les gens. Comme les bêtes sauvages ? Leur odeur ? Ou leur essence ? Ce qui fait d’eux des anges ou des monstres, des juges ou des tueurs ? T’es pourtant pas con Romàn mais à cet instant, t’as l’impression d’être un imbécile balancé dans un jeu de surdoué. Mais tu continues de tendre l’oreiller et de grappiller la moindre lettre formée par la bouche de Rawne. Tu essayes de ne pas les mélanger, de lire à travers et de tisser une nouvelle logique au sein de ta tête. La rage. Les horreurs. Le dégoût. Comment… Comment peut-il savoir tout ça de toi Romàn ? Ça ne se lit pas sur ton visage que tu te détestes au point d’avoir envie de te balancer la tête la première dans la Marina. On te sait perturber, on murmure que le docteur Falco a perdu de son talent et de sa grandeur mais on ne te dit ni dépressif ni suicidaire. Tu laisses ça à Camille.

Coup dans le coeur.
Pointe dans le bide.
Cri dans la tête
TAIS TOI !

Se raccrocher à Rawne, suivre le court de ses pensées, mettre de côté les murmures, la rage de ce qui t’ébranle depuis ce jour de septembre. Si Rawne a lu en toi,  peut-être qu’il peut aussi lire en ce monstre ? Comprendre qui il est, d’où vient sa voix et ce qu’il veut.  Alors quand le soldat finit son explication, qu’il te promet de t’aider, t’as l’impression de revenir en arrière. Sur le champ de bataille avant que le combat explose. C’est à cet instant que tu décides de bouger, de relever ton dos et de déplier ta colonne. Relève toi, le Géant, accepte les mots autant que les maux. Oublie tout ce que tu connais, fais de ton histoire, une page blanche. Il a tant a t’apporter Pallas tu sais, il a tant a t’offrir pour que tu deviennes ce que tu aurais toujours du être. Uh héros dans sa définition la plus sommaire : un être capable de sauver.
La distance disparait entre le soldat et le capitaine. La main est approchée, le regard droit et le menton haut. Romàn qui contient sa force, Romàn qui tremble de partout, les doigts qui vacillent, les yeux qui brillent et la gorge qui est sèche.

« Sergent...Vous me devez peut-être la vie…

Que tu murmures Romàn, les étoiles accolées à ton ancien uniforme.

« ... Mais je vous dois mon avenir. Nous sommes quittes je crois.

Que tu murmures Pallas, titan d’une guerre qui approche, qui a besoin d’aide pour faire accepter à l’humain qu’il est quelqu’un de bien. Qu’il est quelqu’un tout court.
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Only the Winds - Jeu 13 Sep - 21:43

Qui je suis et pourquoi je suis ce que je suis. C’était compliqué à comprendre et à saisir. Quand je pense que j’avais grandi avec la conviction que l’homme était seule créature intelligente et civilisée dans l’univers, et que Dieu n’existait pas. Beaucoup de convictions avaient chancelé en l’espace de quelques années. La nuit était plus noire et plus peuplée que jamais, et les monstres existaient bel et bien. Je ne ressentais pas d’aura chez l’homme que j’avais sous les yeux. Il y avait quelque chose chez lui mais sans que je sois capable de dire si c’était parce qu’il était une véritable boule de nerfs, une supernova d’émotions, ou si c’était à cause du pouvoir qui était indéniablement le sien. Peut être les deux à la fois. Mais ce n’était pas un dieu, ou alors, pas un « comme moi ». Je ne savais pas. Et en vérité, je ne savais pas grand-chose sur le sujet, j’en étais encore à découvrir qui j’étais vraiment. Alors savoir pour les autres…


Le colosse ressent une peur presque panique de ce qu’il est au fond. Il a peur de sa propre force. Il ne comprend pas plus que moi d’où lui viennent ses capacités. Créature ? Un des fameux monstres auxquels je pensais un peu plus tôt ? Rien n’était moins sûr. Il ne comprend pas tout ce que je lui dis, mais je ne peux pas lui jeter la pierre. Je n’avais pas été spécialement clair dans mes explications. Je suis mis à rude épreuve par le flux d’informations émotionnelles qu’il m’envoie en permanence. Un voile de sueur glacée m’imprègne le front, l’humidifie désagréablement. Ce mec est une véritable cocotte-minute prête à exploser. Le mec doit avoir ce même sentiment d’ailleurs, si je l’ai pour moi. Falco se redresse. Un roc. Je sens son acceptation profonde, son ralliement à mon explication, avant même qu’il ne prononce le moindre mot. Lire en lui prélève durement sur mes forces et sur mon endurance. Je lui offre un sourire crispé quand je le vois aussi ému, aussi bouleversé, alors qu’il a l’air d’un véritable géant. Falco convient que je lui dois la vie, mais qu’il me doit son futur. Le sourire s’étire. Gagne en force et en confiance.



| Et bien mon capitaine, nous ne sommes pas dans la merde, dans ces circonstances. |


Je lui tends la main pour la lui serrer. Je fronce les sourcils, repensant à ce que j’avais ressenti en lui.


| Je ne peux pas vous promettre la rédemption, Falco. Je n’ai pas le pouvoir de vous la donner, je ne l’ai jamais trouvée. En revanche, nous pourrons travailler ensemble à faire mieux avec ce que nous sommes capables de faire. Avec ces capacités. |


J’accélère légèrement le débit de ma perfusion alors que je sens que ma bouche est sèche et pâteuse. Je me sentais épuisé. Physiquement mais mentalement. Gérer ce bestiau allait me vanner à crever. Il fallait que je récupère vite du poil de la bête. Peut être était-ce dont j’avais besoin pour aller de l’avant ? Arrêter de courir après un pardon illusoire, mais « faire au mieux » ?


| Nous reparlerons de tout ça très vite. En attendant Falco, il faudra que vous gardiez un œil sur O’Reilly pour moi. |
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Only the Winds - Dim 16 Sep - 10:46


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La main est acceptée et dans un léger souffle, Romàn, tu te laisses aller. Tu n’es pas un monstre Falco. Un tueur peut-être, mais tout peut se rattraper. Tu as fais la guerre, tu as sauvé des soldats, tu t’es pris une bombe, tu t’es relevé et ça a recommencé. Le cycle infernal, le cercle vicié qui t’emmène toujours plus bas, toujours plus loin. Mais à force de creuser, les fondations, on les perçoit enfin et on les accepte. On se les accapare. Pour se relever, grimper et voir la lumière, il faut aller loin dans les limbes et en revenir avec des solutions. Avec des armes.

Un coup d’oeil jeté vers la perfusion de Rawne te fait comprendre qu’il souffre bien plus qu’il n’ose te l’avouer. Alors tu te recules, te souviens de ce qu’il t’a dit : il ressent. Empathie extrême ? Peut-être, c’est un trait de personnalité qui, poussé dans ses retranchement peut réellement faire souffrir les gens… Alors s’il est accolé à on-ne-sait-quelle-magie…

"Je n’ai pas besoin de la rédemption. J’ai simplement besoin de réponse, de comprendre que…"

La tête est baissée le nez, froncé. Tu hésites mais face à lui, tu abdiques. Il a accepté de t’expliquer avec des mots simples ce qui lentement te fait changer. Alors fais lui confiance Romàn, entre soldats, vous en avez le devoir.

"… qu’il n’y a pas de hasard. Si j’ai cette chose en moi… C’est pour une raison."

Tu recules encore un peu, les yeux qui ne cessent de vriller entre Rawne et l’amas de confettis métalliques. Un petit coup de pied pour balayer tout ça et il n’y en a plus. Dommage que tu ne puisses pas faire la même chose avec ta vie.

"C’était prévu. Je ne lâche pas Aislinn d’une seconde, j’pourrais pas supporter de la perdre elle aussi."

C’est ton amie. Tu as déjà abandonné tant de gens, qu’elle, tu ne veux pas la laisser tomber.

"Je… Je ne vous laisse pas mon numéro, il sera sur votre dossier quand vous sortirez de l’hôpital. Reposez vous sergent Rawne. Visiblement... La guerre n’est pas prête de nous lâcher."

Et si tu savais Romàn, que ces mots, ils sont bien plus vraies que tu pourrais l’imaginer.


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Only the Winds - Lun 17 Sep - 20:40

La rédemption. Le pardon pour nos crimes. Je sentais le poids de la culpabilité de Falco, et je me demandais à quel point elle était réellement le reflet de la mienne. Il était médecin, pourtant. En théorie il avait tout ce qu’il fallait pour être à l’abri du danger immédiat, et pire que ça encore, du danger pour l’âme. Son job avait été de réparer les pots cassés, pas de faire irruption dans des endroits pour tuer tout le monde. Pourtant, je savais très bien qu’au fond de nous il y avait toujours un cap à ne pas dépasser. Une limite purement personnelle, individuelle, qui nous était propre et qui expliquait toutes nos actions et leurs conséquences. Qui nous hantait, une fois qu’on la franchissait pour de bon. Qui nous angoissait tant qu’on ne faisait que flirter avec. Falco et moi avions dépassé le stade seul de l’angoisse. Nous baignons aujourd’hui dans la noirceur, dans les ténèbres de cet endroit que certains appellent « âme » et qui nous semble, selon les moments, ou trop pleine ou trop remplie. Falco et moi, nous n’étions probablement pas du même monde, avec les études qu’il avait faites, ce grade qu’il avait atteint. Mais l’expérience de la vie s’était pourtant chargé de nous réunir dans un endroit sombre et désolé appelé culpabilité. La sienne ne me semblait pas encore évidente, mais je la sentais. J’en distinguais les traces. A mon sens, il ne pouvait pas y avoir d’autres explications à cette situation, à ces sentiments qui l’habitaient.


J’ai mal au crâne. C’est lancinant, comme une migraine carabinée après un bad trip. Mais je tiens bon, même si ça me fait froncer les sourcils sous la barre que je ressens au niveau du front, qui me fait transpirer dans ma légère tunique d’hopital. Falco me dit qu’il n’a pas besoin de rédemption. En a-t-il déjà fait son deuil ? Que devais-je décider, moi, dans cette affaire ? A certains moments, j’assumais tout ce que j’avais pu faire, même le pire. Mais à d’autres, je me sentais en devoir d’essayer de rétablir l’équilibre, de faire tout ce que je pouvais pour me racheter une conscience, avec l’espoir enfantin, totalement puérile, que ce serait suffisant pour me racheter une âme, pour pouvoir me la recoudre par-dessus les ruines de ma conscience comme si de rien n’était. Lâcher prise. C’était peut être ça que je devais faire, mais le sens du devoir était comme ancré dans mes gênes. Et je me rappelais des derniers mots de mon capitaine, quand il avait été dessoudé par une mine, et qu’il gisait dans mes bras, couvert de sang.


« Seule la Mort met Fin au Devoir ».


Ces mots s’étaient imprimés en moi au fer rouge. Pour qui s’attachait à une mission, il n’était plus possible d’en sortir jusqu’à ce qu’elle soit terminée. La mienne ne le serait sans doute jamais. Je hoche la tête aux paroles du géant, qui me dit qu’il est comme ça pour une raison bien précise. J’acquiesce plusieurs fois de suite, d’un mouvement presque involontaire de la tête, en pleine réflexion.



| J’aurais aimé vous dire qu’il n’y a pas de destin, mais que ce que nous faisons. Mais je n’ai aucune certitude aujourd’hui. Découvrons-le ensemble. Arcadia est une ville pourrie jusqu’à la moelle, mais elle est aussi malgré ce qu’elle est la dépositaire d’un savoir ancien et à demi oublié, dont quantité d’acteurs ont de petits morceaux qu’il nous revient de rassembler et de recoller pour comprendre ce que nous sommes. |


Je le remercie d’un nouveau signe de tête quand il me parle d’Aislinn et quand il dit « la perdre elle aussi ». Il confirmait implicitement qu’il y avait eu des morts, en tout cas de son côté. Et vu l’écorché vif que j’avais sous les yeux, il n’était pas difficile d’imaginer que c’était bien ça qui le taraudait autant, qui lui foutait la chair à vif. Je ressens aussi une inquiétude et une détermination sincères pour la rouquine que j’avais accepté de protéger. Mais y étais-je vraiment arrivé ? Y arriverais-je encore ? Pas sûr, d’autant qu’il était clair que je devais prendre une décision concernant ce contrat qui me liait toujours à Fiona Killough et par extension, au Royaume. Vu ce qu’il s’(était passé au Manoir, et dans l’absence totale d’informations de leur côté, je ne me sentais pas de continuer selon ces modalités. Mais d’un autre côté, est-ce que je pouvais nous priver d’alliés potentiels, d’informations futures, ou de ressources ? Je devais y réfléchir à tête reposée. Peser le pour et le contre. Falco s’en va. Nous avons eu l’explication qu’il nous fallait et j’ai pu le remercier, mais nous n’avons pas du tout fini ce que nous avions commencé.


| Il n’y a jamais eu que la guerre, capitaine. | acquiesçais-je
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