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help me realize: if life is a battle, i don’t have to fight it alone. (jan)

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help me realize: if life is a battle, i don’t have to fight it alone. (jan) - Mer 15 Aoû - 18:22

are you okay ?


- yeah, just tired.

T  orn apart.
I  nsecure.
R  eally faking my smile.
E  xtreamly sad.
D  rowning in my thoughts.

Ezeckiel. Son prénom, sa voix, son visage. Tout ce qui l'entoure dans l'obscurité. On a pu lui en mettre, des coups, sans qu'elle ne sombre jamais. Cette fois, pourtant, les paupières se sont fermées, alors qu'elle courait après la lumière, gravissant les marches, s'y éclatant les genoux, le flanc, la joue.

Quand elle se réveille, derrière ses globes oculaires, ça continue à pulser. Pire qu’une migraine. Défonçant ses pupilles dilatées qui refusent de se resserrer, alors qu’elle tâtonne à l’aveuglette. C’est son regard qui hante ses prunelles, la transperçant jusqu’au fond des entrailles, à disséquer son âme. Rien à voir avec ces visions envahissant ses tempes pour lui éclater en pleine gueule, depuis l’enfance. C’était autre chose, cette fois. Avec l’atroce sentiment de subir, spectatrice immobile, paralysée face au juge s’imposant en bourreau. Tu t’en fous. C’était rien. Rien d’autres que des visages, contemplés en amont, sans l’once d’un regret. Ressassés en accéléré, bien arrangés en file indienne, immergeant son crâne sans relâche. Il n’a pas eu le temps de poursuivre. N’a pas pu lui en montrer plus. P’tetre qu’il l’aurait fait, qu’elle serait devenue folle. P’tetre qu’elle aurait pu le tuer, dans un état moins précaire. C’est le souvenir de l’intrusion qui la violente, dépossédée de son esprit qui peine à se reconnecter. Les pas s’alignent à la sortie de la bouche de métro, et elle se cramponne, l’iris en miette. Il fait toujours nuit, et c'est là la seule certitude qui lui reste.

Elle connaît le chemin par cœur, celui qui s’est imposé à elle dès qu'elle est parvenue à s'arracher à la présence pesante d'Ezeckiel. Y’a que chez lui qu’elle peut se rendre.
Qu’elle doit se rendre.
Elle n'peut pas rester seule. Ni croiser quelqu'un d'autre. Elle a besoin de lui, c'est ce qu'elle sent de manière instinctive dans le grésillement de ses neurones. Sursaut de bon sens guidant ses déambulations jusqu'à son appartement. Et c'est presque surprise qu'elle se retrouve sur le pallier, à ne pas s'être vue parcourir le dernier kilomètre. A se faufiler à l'intérieur, comme elle a pu le faire si souvent depuis qu'elle est môme. Ce n'est pas pour fausser compagnie à la madre, cette fois. Pas à cause d'une vision trop douloureuse, la réveillant en pleine nuit. C'est pire. Bien pire. Et alors que la panique tape encore bien trop fort aux grilles de ses côtes, elle en oublie presque tout ce qui vient de se produire. Quand la démarche mécanique la dirige à travers les pièces, la conduit à l'orée de sa chambre. Comme si, des tréfonds de son cortex délabré, y'avait que ça qui revenait spontanément. Rechercher sa présence, rassurante depuis la nuit des temps.

« Jan ? » Soudain, Selda n'est plus sicaria. Elle n'a plus ces cojones qui font toute sa réputation d'implacable.
Elle a de nouveau quoi, à peine dix piges, plantée sur le seuil du mezcal, à quémander son attention.
La voix est un peu cassée, un peu inaudible aussi, quand son regard peine à s'habituer à l'obscurité. Et elle avance, enveloppée de la chaleur étouffante de sa chambre, les mains se posant sur le matelas, hissant son corps sur le lit. L'esprit obnubilé par Ezeckiel, les images projetées qui n'ont de cesse de lui revenir, la culpabilité mordante, les réflexes de la Miralles sont en berne. Elle ne prête pas immédiatement attention à ce qui se passe juste à côté d'elle, là où Jan se trouve allongé. Assise, immobile, les minutes défilent. Un certain temps, probablement, elle n'sait pas,avant qu'elle ne tourne la tête vers lui, l'oreille attirée dans sa direction. Elle crève de chaud, le front piqueté de gouttelettes invisibles dans la quasi-oscurité. « Jan. » Selda ne l'a jamais réveillé. Cette fois, pourtant, y'a quelque chose qui l'interpelle. Et puis, le gouffre qui s'remplit d'un tas d'idées noires au fond de sa boîte crânienne, méfait du prophète qui a laissé son empreinte sur elle. « C'est moi, Jan. » Elle ne sait pas pourquoi elle continue à chuchoter, quand elle recule davantage vers l'oreiller, darde son regard sur lui, cerne enfin qu'un truc est clairement en train de merder. « Réveille-toi. Jan. » Brutalement extirpée à ses introspections forcées, le ton s'élève, ferme, perçant pourtant d'inquiétude, la ramenant pour quelques secondes à la réalité.

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help me realize: if life is a battle, i don’t have to fight it alone. (jan) - Mer 15 Aoû - 19:52


AND IT'S BROKE
BEFORE YOU KNOW IT


I've run to ground I've run from everyone that I have ever known. I'm aching cold, I'm aching from the bones the very blood of me. "
SONG




C’est bruyant. Murmures devenant cris, cris redevenant murmures. La tête est pleine, ça se noie, ça se noie, ça se noie.

Reprend ton souffle Alejandro, relève la tête, sors de là.

Les voix. Les voix, elles sont là, elles t’attirent vers le bas, te tiennent les chevilles, sont comme des poids morts t’obligeant à te laisser glisser dans les soupirs. Soupirs bouillants, soupirs de feu, soupirs t'empoisonnant au rythme des chimères fiévreuses. Tu souffles, souffles si fort que ta cage thoracique s’élève et s’abaisse dans une danse frénétique. Ton coeur pulse, ardemment, brutalement, les tambours de guerre à côté, c’est rien, face à ta propre cadence.

Et y’a les voix, et y’a les cris, et y’a les murmures et les rires. Tu rêves du silence, tu rêves de ne plus rien sentir. Laisse toi glisser Alejandro, tu ne sais pas nager de toute façon. Laisse toi vriller, abandonne, oublie la vie, accepte la mort qui t'habite depuis tant d'années. Oublie.

Non.

Le Dieu refuse.
Le Dieu se bat pour garder intact son vassal.

Non.

Le Dieu hurle.
Le Dieu chahute, le Dieu grignotte la peau pour que la douleur t'éveille et t'oblige à sortir du cauchemars.

Coup de chique dans la cuisse, coup de dents dans le coeur.

Coup de lame sur le derme.
Derme qui n’est pas le tien, Alejandro.


Derme qui n'est pas le tien...

-


Ouvrir les yeux, sentir mes doigts contrer ta poigne que je viens d’attraper. Palper le sang, qui suinte de ta peau, sous le toucher chirurgical de ma propre main.

"Selda !

C’est un murmure trop fort et chargé de douleur qui sort de ma bouche. Je reconnais ton odeur, la chaleur de ton corps et surtout, ce carré flou qui te donne une allure de gamine paumée dans ce monde fou. J’en oublie presque les tremblements, le dos relevé dans un réveil un peu trop violent. Je suis en sueur, tout mon corps boue, 42° au compteur. La tête qui explose, les sens crépitant sous l’osmose du dieu et de l’homme. J’attrape ton autre main, ne te laisse pas le choix et la darde sur ton propre poignet qui saigne lentement sur les draps déjà gorgés d’un autre poison. Pardonne me, mi pequeña hermana, je ne… Je ne voulais pas.

« Tu bouges pas !

Mais je ne m'excuse pas. Car te demander le pardon, ce serait déjà aller trop loin dans ce que tu dois savoir.

J'abandonne le lit, avec la tête qui suinte elle aussi, d'une toute autre maladie. Ça tonne, ça broie, mais y'a plus important que moi à cet instant précis. Je file dans la salle de bain, attrape une compresse et du sparadrap. Ça suffira, la plaie n'est pas trop violente, la plaie...Et si ça avait ét-...

Non Jan, tais toi.
Ferme-la.

Ferme-la.

La chambre, le lit, allumer la lumière et te servir un sourire de contenance. Que t’as l’air paumé toi aussi Selda.  Putà qu’on a l’air con tous les deux, à se regarder en chien de faïence, le sang comme seul conducteur stable. Compresse de déchirée, j’attrape ta menotte et la libère de l’entrave que je t’ai ordonné de réaliser. Tissu appliqué, serré, strappé. Tellement habitué à faire ça que je ne mets aucune tendresse dans les gestes. C’est mécanique, normal, habituel quand ton corps entier est recouvert de cicatrices divines, qui s’ouvrent la nuit, pour déverser la douleur et la folie.

« Fallait me le dire si tu voulais plus me ressembler mi cariño…Tu m’as fais peur, ça m'a réveillé en sursaut et… »

Et rire. Légèrement, difficilement, mais rire. Y’a que ça, pour oublier les cauchemars, l’erreur et la foutue peur qui devient plus grande de nuit en nuit.


Mais je ne m'excuse pas.
Alejandro Flores ne s'excuse jamais d'être un Dieu qui ouvre les corps autant qu'il ferme son coeur aux autres.

Il n'en a pas le droit.

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help me realize: if life is a battle, i don’t have to fight it alone. (jan) - Lun 20 Aoû - 21:43

are you okay ?


- yeah, just tired.

T  orn apart.
I  nsecure.
R  eally faking my smile.
E  xtreamly sad.
D  rowning in my thoughts.

C'est la mierda. Elle a envie qu'il se réveille, qu'elle puisse le lui dire, avant que ça ne lui revienne en pleine gueule. Mais quand il se redresse brutalement, elle se tait. Les lèvres se serrent et le signal douloureux se déclare. Alarme les nerfs. Message qui ne fait qu'un tour avant que le cerveau ne commande aux yeux de se poser sur le poignet. C'est mécanique. Sans une plainte. P'tetre parce qu'avant d'être capable de riposter, elle s'en est ramassé dans la gueule, avec Maciej pour la former. Que la douleur, elle l'a apprivoisée, pour ne jamais se laisser surprendre sur le terrain. Alors, quand la chair se scinde sous les doigts de Jan, ce n'est pas grand chose. Même s'il reste la surprise. Mais même ça, c'est pas foutu d'animer une expression dans son regard hagard. Elle aurait déjà dû retirer sa main. Laisser le réflexe prendre le contrôle. Y'a un truc qui déconne. « Si. » Qu'elle répond, se laissant docilement guider, comprimant la plaie fraîche pour tâcher de tarir le saignement. Le flux est chaud sur sa peau, ressemble pourtant à un courant glacé, contraste imposé par la poigne brûlante de Jan qui manipule ses gestes. Et ça la surprend, Selda. Et quand il s'éloigne, ça se rétracte dans son ventre. Reviens. Elle l'a sur le bout de la langue, la plainte boudeuse, détresse sourde qui laboure son crâne. M'laisse pas. Rien ne sort. Elle n'a jamais été du genre à courir après les autres. A se lamenter. Pourtant, là, c'est le désarroi, l'incompréhension qui percent près de la culpabilité. Faut qu'elle le dise. Qu'un juge l'a vue. A retourné son âme pour mieux en étudier les failles. S'il l'a vue elle, il les a vu eux. Et elle a le coeur qui s'agite, lui coupe le souffle, pendant qu'elle reste dans le noir un instant.

N'allume pas la lumière. Trop tard. C'est pourtant plus facile dans la pénombre. Ses paupières s'abaissent et l'y ramène de force quelques secondes. Puis y'a Jan qui commence à la soigner. Son toucher incandescent qui répare ce qu'il a causé. Et elle ouvre les yeux, plante ses billes dans les siennes, demeure muette. Si elle ne semble plus rien savoir à cet instant précis, vide intersidéral collé aux pupilles, elle le contemple de loin. Avec des kilomètres de recul. Depuis une quatrième dimension paumée dans les tréfonds malmenés de son esprit, elle le détaille. C'est presque plus facile. Sans l'affect qui aurait déjà vrillé son jugement quand ça le concerne lui. Plantée sur l’îlot de solitude auquel l'a condamnée le regard du prophète, elle observe Jan, se perdre à la dérive. Elle aimerait bien le ramener près d'elle, Selda. Lui offrir de quoi s'accrocher pour remonter jusqu'à la rive. Là, elle a juste l'impression que d'une seconde à l'autre, il va redisparaître sous la surface. Et son pouls s'agite sous les compresses qu'il resserre sur sa peau. « Heureusement qu'je suis venue, alors, te tirer de tes cauchemars. » Sa langue se délie dans un sursaut du battant, dévoré par ses silences, ramené à la réalité par salves. Par la voix de Jan. Son rire. Léger, juste suffisant à attiser le sourire aux lèvres de la brune. Trop contagieux. Et ça l'a souvent emmerdée par le passé, quand elle essayait de lui parler très sérieusement ou prenait des airs contrariés. Qu'il parvienne toujours à lui faire perdre son aplomb, et se dérider. Là, tout de suite, c'est une bouffée d'air qui caresse sa peau et la pousse à s'exprimer. Elle n'a jamais pris de pincettes avec lui. « Ça avait l'air intense. » Et pas dans le bon sens. A le regarder, ça lui ferait presque penser à ces nuits où le don se déchaîne, la lançant à la poursuite du futur d'autres qu'elle ne connaîtra probablement jamais. Elle n'en dit rien, pourtant. Jamais. Pas même à Jan, qui la connaît bien, sûrement mieux que n'importe qui dans le quartier. « T'es dans un sale état. » Droit au but. Elle agite vaguement son poignet pour s'assurer que le bandage tiendra la route, lui coule un regard en biais. « J'pensais avoir une sale gueule, à côté j'me sens carrément canon. C'pour dire. » Elle aussi, elle noie le poisson dans le sarcasme. Faut pas plus de deux secondes pour que l'emprise ne se remette à lui broyer le crâne d'images incontrôlables. Et c'est à elle de poser ses doigts sur son poignet. Comme s'il allait partir. L'espace de quelques secondes, elle le sent sur ses traits, le masque d'angoisse qui l'emprisonne. Le genre de faciès qui ne s'arbore jamais. Pas même devant lui. « Jan. » Elle en a le souffle coupé. « T'en as déjà croisé ? Dans ta vie ? » Elle ne pose la question qu'à moitié. Voudrait lui demander ce qui lui arrive. Se dit que c'est trop tôt. Préfère l'observer. Lancer ce qui la taraude aussi. Mais c'est le bordel dans sa tête, à cause du cabrón qui lui a pillé les méninges. « Des juges. » Sur le coup, ça ne veut rien dire. Juge. Pour elle, ça signifie trop. Beaucoup trop. Elle ne pense pas à préciser, quel juge. Se contente de décrisper ses mâchoires pour sortir ce qu'elle peut, sur le coup. Elle sent bien qu'elle déraille. Et ça refait monter la colère, sa paume se crispant sur la peau de Jan. « J'ai pas pu fermer les yeux. » Et là-dessus, elle la ferme. A renouer avec la honte, pire sentiment à son goût.

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help me realize: if life is a battle, i don’t have to fight it alone. (jan) - Mer 22 Aoû - 22:15


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I've run to ground I've run from everyone that I have ever known. I'm aching cold, I'm aching from the bones the very blood of me. "
SONG




Heureusement, je n’en suis pas sûr. Qu’as-tu vu ou entendu Selda ? Ressens-tu la panique dans mon humour ? Entends-tu ma verbe qui vibre sous l'angoisse latente qui ne s’éveille que la nuit ? Qu’as-tu vu Selda, au creux de ce lit, était-ce un homme au sommeil brûlant ou un enfant sur le point de hurler, acculé par les démons et la terreur ? J’évite ton regard quelques instants, tourne à droite, à gauche, perçois les gouttes de sueur perlant sur mon derme nu. Je jete un coup d’oeil en arrière, pour vérifier que les draps ne sont que trempés par l'écume et non par quelque chose de plus honteux.

Ça arrive Jan, ce n'est pas grave, t'es pas le seul à...

À quoi ?! Hein, dis le, à quoi ?!

J’ui pas un putain gosse qui pisse dans son lit moi.
J’ui qu'un homme qui tombe dans la folie.

Clairement, j'sais pas c'est quoi le pire.

Ta menotte tenue par le bandage, secouée un petit peu, ça tient, c’est le principal. J’ai honte de t’avoir blessé en me réveillant, d’avoir fait de ton arrivée, un cauchemar acculant. Pardonne me mi cariño , je ne voulais pas te faire de mal. Mais je suis incapable de me contrôler quand je suis dans cet état. Plus les jours avancent, plus les semaines s’écoulent, plus elle gagne la partie, plus…. Elle me dépossède de qui je suis. J’ai honte Selda, de devenir une ombre, de devenir autre chose que moi. Les tremblements, les mots perdus, les souvenirs disparus, les vomissements, les douleurs, les gestes confus, les muscles qui fondent et le corps qui se plombe sous le poids d’un esprit en délire. Et autant, je sais calmer les ardeurs du dieu qui grignote un peu plus mon poitrail, autant la maladie, elle, y’a rien qui l’arrête.

Ce ne sont ni les balles, ni Ah Puch qui te tueront Jan. C’est ton héritage, dévorant tout dans les tremblements et les larmes, qui décidera de ta fin. Et l’idée elle-même te fait sourire tant elle est impossible à contrer.
Pour sauver le Dieu, faut tuer Jan.
Pour sauver Jan, faut embraser le Dieu.

Dans les deux cas, Alejandro Flores va crever.
Y’aura plus rien de toi quand Ah Puch prendra le contrôle, mais ça sera mieux que rien.
Ça suffira à la Calavera.

Je ne peux pas m’empêcher de sourire face à ta remarque. Ma gueule va très bien, merci de t’en soucier Selda. Main qui passe sur la nuque, essuie quelques gouttes de transpiration, s’attarde sur les plaies du cou pour finir par enfin darder mes prunelles contre les tiennes. «Tu viens ici pour me dire que je suis moche ? Je note, je note…» Que je te balance, rictus au coin des lèvres, faisant fi de la vérité qui coule au creux de ta verbe. Sale gueule Jan, l’air d’un môme malade, 45°C au compteur, la maladie qui ronge les veines et le coeur, l’impression d’imploser tant le Dieu bondit et suçote la peau pour espérer retirer le venin. Mais Ah Puch, t’es con, Huntington n’est pas vicelard comme un serpent. Huntington est violent comme son vassal. Il déchire là où ça fait mal, sans laisser une chance de survie. Mais Huntington réussit là où Alejando a toujours failli : il tue l'esprit avant de détruire le corps, histoire de s'amuser encore plus longtemps, de faire souffrir encore plus longuement.

Et puis Selda, je croise tes yeux, perd le sourire en y voyant une vraie terreur. Pire que la mienne, pire que celle que tu as pu déceler dans mes rugissements et mes cauchemars. Ça t’en coute, de me parler, mi cariño, tu trembles, tes joues se parent d’opale et ta verbe est hachée. Y’a plus de poignard dedans, que de la peur, que des cris sans corde vocale pour les tisser. Et quand tes doigts grappillent ma peau, quand ta paume se ressert sur mon poignet, je te laisse faire.

J’accepte.
Je t’accepte Selda, car c’est toi.
Car c’est moi.
Car c’est nous, les enfants de la Cala, de la chair à canon chargée de grenades, histoire qu’elle détruise bien tout sur son passage.

« Selda… » qui dans un souffle, se charge des brises du sud. Des nuances de soleil, de notes bouillantes du Mexique qui réapparaissent face au trop plein d’émotions que toi, gamine, tu me renvoie dans la gueule. Et les yeux qui se ferment, et la révélation brute et violente. Les juges. Ces bourreaux de l’âme, ces enflures de pacotilles qui d’un regard, te portent devant la honte et la culpabilité. « Je…» Non, jamais Selda. Et si un jour, je me retrouvais devant eux, je ne sais pas comment je réagirais car j’en ai détruit des vies et découper des chairs mais…J’crois que la folie qui m’étreint depuis des mois est pire que ce qu’ils pourraient faire vivre en moi. « Viens par là… »Murmure tendre, d’un adulte à une gamine. D’un frère à une soeur. D’une arme à une autre. Et attraper tes épaules des deux mains pour t’obliger à franchir la limite que j’appose toujours lors des contacts. Petit corps que j’étreint fermement, poitrine écrasée sur le poitrail brûlant.

Tu offres à Selda un espace d’intimité Alejandro.
Et de ton côté, tu lui voles un peu de tendresse, en échange de ce cadeau.

« Eres Selda… La gamine la plus forte et la plus chiante que j’connaisse… » rire étouffé au creux de ta nuque, alors que ma main gauche débute son ascension pour caresser ton carré fou, brûlant et se chargeant de sueur à mesure que je t’embrase en te serrant. « Tu es douée, efficace... et tu as une famille… Qu’importe ce que tu aies ressenti, nous sommes ta famille, n’oublie jamais ça mi cariño… Je serais toujours là. Te prometo...»

Et pour la première fois Jan, tu lui mens à Selda.
Comme tu mens à Joaquin.
Comme tu te mens à toi.
Tu n'seras bientôt plus là, Jan.
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help me realize: if life is a battle, i don’t have to fight it alone. (jan) - Dim 26 Aoû - 21:57

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E  xtreamly sad.
D  rowning in my thoughts.

Elle déglutit, fronce légèrement les sourcils quand il attrape sa perche au vol, reste dans le second degré. Elle aimerait être sérieuse, pour de vrai. Lui demander ce qu'il a, à se tortiller comme ça quand il dort, comme coincé dans son propre corps. Aurait-il ouvert les yeux, si elle ne l'avait pas un peu bousculé ? Elle a mal au coeur, à s'imaginer ses nuits s'aligner de la sorte, et se ressembler. L'aider, elle n'y arrive pas, la sicaria. Bloquée dans le cycle infernal qui ne la laisse formuler qu'une ou deux pensées à l'oral. Abcès à crever pour retrouver l'usage de sa réflexion,  elle peine à se livrer. Faut dire que ça a toujours été le cas. Juste un peu moins avec lui. Ce soir, c'est pire. Parler revient à poser des mots trop réels sur ce qui s'est passé. A se souvenir s'être écroulée. A genoux. Faible. Condamnée à toiser le sol froid, dégueulasse du métro, pour ne pas recommencer. Repartir de plus belle, s'emprisonner. La vérité, c'est qu'elle ne s'est jamais sentie si humiliée de sa vie. Pas même durant ces années passées dans l'ombre du padre. Et c'est presque impossible à digérer, quand ça regagne en clarté, insidieusement. La renvoie aux sutures mal arrimées de l'égo, tremblantes, laissant suinter le dégoût. Elle s'en veut autant qu'au prophète, et c'est pas peu dire.

Les lèvres se pincent. Non. Rien ne viendra brouiller sa vue. C'est arrivé une fois, plus tôt dans la nuit, quand elle a perdu le contrôle. Et ça ne se reproduira pas. Jamais. C'était la dernière fois que les larmes tiraillaient ses cils, elle se l'jure, poing serré entre ses genoux, doigts accrochés à Jan. Les yeux se contentent de rougir, asséchés sous le joug d'une volonté sévère. Son prénom porté par sa voix, ça lui redonne de la force, à Selda. Comme la première fois qu'il l'a prononcé. Elle s'en rappelle. Des autres chassant la mioche qu'elle était à l'époque, les faisant trébucher à trop s'imposer dans leurs jambes. Et de lui, s'adressant à elle avec plus d'égard que tous les autres réunis. Il ne l'a jamais infantilisée à lui en faire perdre de sa valeur, de sa maturité, de ce ton méprisant qu'ont pu avoir les autres. C'est peut-être pour cette raison qu'elle ne s'est pas toujours sentie obligée de se comporter comme plus vieille qu'elle n'était, à l'époque. Qu'elle s'est autorisée à embrasser son âge, ses vannes de gosse, en sa présence, sans devoir en permanence feindre d'être une autre. Plus grande. Plus indépendante. Comme ç'avait toujours arrangé sa mère. Même si l'enfance s'est trop vite gommée au profit du caractère marqué, des décisions réfléchies, le peu qu'elle a pu en effleurer, c'est grâce à lui. A cette entente tissée sans longs discours. Cette évidence gravée entre ses côtes, à se dire que non, ils n'avaient pas à partager le même sang pour qu'il devienne son frère. Pas de faux semblants, avec Jan. Sûrement la raison pour laquelle c'est lui qu'elle vient trouver, lorsqu'elle s'effrite au point d'égarer certains fragments au passage. Il la connaît. Il est toujours en mesure de remettre la main sur ses failles éparpillées, de ressouder sa confiance. 

Quand il l'invite à s'approcher, elle n'aspire qu'à ça, Selda. Se sentir si petite entre ses bras, et si forte à la fois. La distance, elle ne la franchit que rarement. Même avec lui. Attendant qu'il l'attire, pour se laisser aller. Venant écraser sa joue dans son épaule, humidité s'installant immédiatement le long de son front. Les bras qui se sont croisés sur sa poitrine, barrière instinctive, se délient, s'enroulent dans son dos, acceptant l'étreinte. Serrant, fort, Jan contre elle. Que la chaleur la consume. Qu'il ne reste que des cendres, elle s'en fout. A peine consciente de l'appel des nerfs sous sa peau qui rougit, c'est la chaleur lourde d'un astre au zénith qui caresse ses cheveux, rayons réconfortant se dispersant sur sa nuque. Elle a quitté son île, Selda. Elle déambule en plein désert. Ondes de chaleur faisant danser la pièce qui lui apparaît à travers ses yeux mi-clos. « Sois pas un mirage. » P'tetre la proximité brûlante qui fait déconner ses mots. Elle s'accroche un peu plus fort, pourtant, ne recule pas. « Il m'a bousillée. » Pas une plainte, un constat. Et puis, « T'es brûlant, Jan. » Elle a la gorge sèche. Pratiquement déshydratée de cette minute à se tenir enlacés. Chuchotement qui s'éteint contre le torse de l'ami. « J'vais attraper un coup d'soleil. » Le sourire griffe le coin de ses lèvres à ce qu'elle estime être une bonne blague. Faut pas trop lui en demander à c't'heure-ci. Elle en a la tête qui tourne. C'est plutôt agréable, au milieu du chaos ayant ravagé son âme. « T'as pas l'choix, Jan, que d'rester. Sinon, j'te suivrai, peu importe où tu t'barres. » C'est peut-être l'absence de retenue ayant suivi l'intervention du juge. Ou l'émotion pulsant dans sa poitrine, suite à ses paroles à lui. Mais à l'écouter le lui promettre, il la ferait presque flipper. « T'sais que j'ai jamais cru aux promesses. » Elle décolle sa joue cramoisie, le regarde d'un air vitreux. « Me l'promet pas, c'est l'angoisse. T'as pas b'soin de le dire, j'le sais qu'tu seras toujours là. » Désinhibée, elle parle, elle parle. Elle ne s'arrête pas. « Tu voudrais aller où, d'toute façon ? » Haussement d'épaules entendu.
A le dévisager, de ses grands yeux noirs, comme après chacune des questions existentielles qu'elle a pu lui poser durant ces vingt dernières années. « Où t'irais, Jan ? »

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help me realize: if life is a battle, i don’t have to fight it alone. (jan) - Lun 27 Aoû - 11:41


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I've run to ground I've run from everyone that I have ever known. I'm aching cold, I'm aching from the bones the very blood of me. "
SONG




Et tes petits bras qui se referment contre mon dos, grappillent la peau et font brûler un peu plus le coeur qui peine à suivre à force de tout incendier autour. Tu t’accroches à moi comme je m’accroche à toi Selda, ça a toujours été comme ça. Les deux gosses de la Calavera, élevés dans le sable et les larmes, le sang et les poings. De tout petits corps, aux muscles taillés dans les heures à se battre pour prouver qu’on existait. De toutes petites âmes réveillées sous l’appel d’un seul chef, d’un seul nom, d’un seul combat. Selda, mi amor, tu penses peut-être que c’est ton futur que tu vois dans mes prunelles mais j’espère sincèrement que ce ne sera pas le cas. Tu dois vivre, tu dois rester fière et debout, tu dois montrer au monde ce que tu es, qui tu es et ce que tu peux faire. Ma Selda, t’es encore un bébé dans cet univers, malgré tout ce que t’as vécu et les coups dans la chair, t’es qu’une gamine… Et ce juge, cet oracle à la con, il l’a compris et t’a foutu dans la merde alors que tu ne le méritais pas. On a tous fais des conneries, on a tous vrillé dans un monde qui pour beaucoup, n'est pas jugé comme normal. Mais c'est nous, cet univers. On connait rien d'autre et on l'aime. Il est nous et nous sommes lui. Y'a pas de honte à aimer ce qu'on fait, y'a pas de honte à marcher droit avec le regard fier. On a choisi notre combat et même s'il ne rentre pas dans les codes habituels, même s'il ne plait pas, au moins, nous, on a choisit. On n'est pas resté là à attendre que l'destin prenne une décision à notre place.

Alors si j'apprend son nom, à ce minable d'oracle à deux balles, t’inquiètes, lui aussi, il va comprendre ce que c’est d’expier ses crimes à travers un regard. Il va voir sa vie défiler dans le mien, il va plier sous mes lames et même si moi aussi je crie face à ce qu’il créé en moi, mi amor… Il va crever avant ça.

On s’en prend pas à la famille Selda.
On touche pas les miens.

J’ai du mal à ne pas rire moi aussi face à ta remarque. J’essaye de faire retomber la panique, le stress et les cauchemars mais j’y arrive pas. Ça me plante des épines dans les entrailles, Ah Puch grogne, Ah Puch rumine de voir son putain de vassal mourir à petit feu sous son propre éclat. Le divin comprend pas, ce qu’il doit faire. Il accepte pas qu’on lui ait donné une carcasse à date limitée, qui va bientôt arriver à sa fin. Et puis y’a le fait que Buluc Chabtan soit pas loin et qu’à l’instant où les deux hommes se sont touchés, il… s’est senti en communion avec son compagnon. Ah Puch ne peut accepter de disparaitre alors que lien est enfin créé.

« Je... »

Pas le temps de répondre que les mots qui sortent de tes lèvres sont aussi douloureux que les lames sur ma nuque. Que ses lèvres sur les miennes. Ne me suis pas petite, ne me suis pas là où j’dois finir…

Jan qui déglutit difficilement et qui sert un peu plus le corps de Selda.
Jan qui ferme les paupières et empêche le coeur de déborder.
Jan qui comprend qu’il est une putain de grenade, qu’elle va exploser et foutre beaucoup trop de choses en l’air.
Faut t’écarter Alejandro, faut t’barrer avant que ça parte en sucette…

Pour Selda, Trini, Bael, Dama, les mamàs, pour la Calavera… Pour Joaquin.
Arrête de jouer les gamins, de tenir tes jouets entre tes doigts et de les bousiller tellement tu veux pas les perdre. Arrête de tout casser Alejandro, laisse les vivre. Abandonne Flores… Si tu les aimes, abandonne.

Obligé d’ouvrir les yeux car Selda, tu te détaches de mon poitrail et tu me regardes cette fois-ci. Obligé d’avaler ma salive, de contenir les tremblements, d’écraser le coeur pour qu’il arrête de bondir. Tais-toi Selda, je t’en supplie, tais-toi. Y’a tes prunelles sombres qui éclatent contre les miennes, et y’a tes mots me coupent le souffle une seconde fois. Inspire Jan, inspire. J’peux pas.

J’peux plus.

C’est donc ça que Joaquin voit quand j’le regarde avec mes yeux de biche effarouchée ? Avec les cils trop longs et les prunelles trop sombres ? C’est donc ça qui fait exploser le coeur et plier l’esprit au point d’accepter ce qui inacceptable ?
Okey Costilla, promis, plus jamais j’te regarderais comme ça, ça fait trop mal.

« Où j’irais, euhmm.. »

Essayer de rigoler, mais j’étouffe que dalle à part la gêne et le silence. J’me prends les pieds dans mes propres mots, je m’éclate la tronche sur l’asphalte et j’ai qu’une envie, te lâcher, aller dégobiller et arrêter ce foutu massacre.

«... J’retournerais d’où je viens.

Et trouver la réponse. Pas de mensonge cette fois-ci Selda, j’rentrerais vraiment chez moi. Pas à Mexico, pas dans ma maison. Y’a plus personne là-bas. Non, j’irais… D’où il vient. Sous la terre, dans ce 9ème Royaume où les légendes racontent qu’on s’y sent presque bien.

«  J’pourrais bouffer tout ce que je veux sans que personne me fasse la remarque qu’il faut que j’fasse une pause entre le déjeuner et le goûter.

Et là, j'étouffe vraiment un rire. Fait trop chaud pour rigoler mais c’est bien la seule arme que j’m’autorise à utiliser contre toi Selda. Et le sourire. Ce putain de sourire qui éclate contre ton visage et qui est si douloureux à esquisser. Mais j’tiens bon, même si ça taillade le palpitant et fait éclater les p’tites grenades dans le ventre, j’tiens bon. Je te souris, j’montre les dents et y’a les yeux qui pétillent. J’ui encore moi Selda, j’ui encore là.

« Mais toi, tu resteras car… J’veux pas que ma place revienne a un p’tit con qui se pense plus doué qu’une chica comme toi…. J’aurais besoin de toi pour que tu reprennes quand j’prendrais des congés…

A demi sérieux Alejandro, Joaquin voudra jamais que j’me casse et que j’abandonne. J’lui ai promis de pas laisser tomber. Mais y’a bien un moment où la maladie prendra tellement de place que j’serais plus capable d’assurer. Et il me retira tout. Plus de Jan, plus de capitano. Rien qu’une merde incapable de travailler, de tuer ou de baiser. Une pauvre merde inutile qu’on garde quand même car bon… Ça reste un Flores. Et les Flores, on attend qu’il crève car leur nom est trop collé à celui de la Calavera pour les tuer. Sauf si lui accepte de faire ce que j’vais lui demander.

« …J’pense que j’ai mérité une pause, non ? Doigts de pieds en éventails, la plage…Un mec pour m’occuper la tête… Avoue, ça vend du rêve !

Allez souris Selda, rigole s’il te plait. Prend mes explications pour des bêtises dignes de Flores. Souris mi Corazon… s’il te plait, souris. Même si mes bras ne t’ont toujours pas lâché, que mes doigts grappillent sur ta colonne pour profiter de ces derniers instants de tendresse que tu m’offres. Peut-être les derniers.

Mais s'il te plait Selda, souris.
Laisse moi croire que j'ui encore capable de te retenir.


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help me realize: if life is a battle, i don’t have to fight it alone. (jan) - Ven 31 Aoû - 23:12

are you okay ?


- yeah, just tired.

T  orn apart.
I  nsecure.
R  eally faking my smile.
E  xtreamly sad.
D  rowning in my thoughts.

Une vie sans Jan, c'pas une vie. Pas quand il a été le premier, le seul, à cajoler la bestiole sauvage qu'était la Miralles à l'époque, au lieu de l'ignorer, ou de la chasser à coups de pieds. Animal qu'elle est sans doute toujours, dans l'fond, même après avoir laissé la chance à de rares élus de l'apprivoiser. C'est lui, le premier capable de désamorcer la bombe logeant au fond de sa poitrine, même si le compte à rebours ne fait que de repartir de plus belle dès qu'il s'éloigne. Mais en sa présence, en contradiction avec l'essentiel de son existence, elle se sent bien. Apaisée. Comme si, d'un regard accrochant le sien, d'un échange même muet, il s'mettait à chasser sans ménagement les pensées les plus sombres. Pour ne laisser qu'eux. Alejandro Flores, et Griselda Miralles. Éveillant l'authenticité d'un caractère jugé pour la plupart d'instable, sans faux-semblants. Et ça a quelque chose de doux, autant qu'effrayant. Jusqu'à ce soir, elle ne s'est pas posée la question, d'savoir si oui ou merde, Jan allait rester dans le coin. Comme une certitude tissée dès les premiers moments passés ensemble, Selda n'en a jamais douté. Tout comme elle a toujours su qu'elle ne quitterait pas le quartier. Qu'elle intégrerait la Calavera. Qu'elle mépriserait sa mère jusqu'à la fin. Qu'elle n'aurait pas d'enfants. Pas de femme, pas de mari. Ce genre de repères bien marqués avec les années, devenus piliers du chemin se traçant sous ses pieds décidés. Et si elle est souvent paumée, dans le bordel d'émotions grondant en sourdine sous les traits trop lisses, trop glacials, jusqu'à l'implosion, ce genre de conviction, ça aide à s'y retrouver quand tout s'emmêle. C'est ce qui fait d'elle ce qu'elle est, ce qu'elle est devenue, ce qu'elle deviendra. Alors, elle ne remet pas ça en question. Et certainement pas la première de ses évidences. Parce que c'est Jan, ça a toujours été le plus important, le plus beau. L'inespéré pour la môme.

Alors, quand Jan marque une pause, qu'il semble se débattre non plus avec ce sommeil trop lourd, mais avec ses propres mots, elle reste con, Selda. Du genre, prunelles ébahies et moue collée aux lèvres, suspendue à ce qu'il va pouvoir dire. Et dans son ventre, ça gronde. Ce qu'elle fout si bien de côté, en général. Qui commence à s'éveiller, malmenant son estomac à lui coller la nausée. Angoisse de ne pas comprendre où Jan veut en venir, à se perdre en expliquant où il voudrait aller. Dans son souffle qui se fait vapeur dans les bras de son sauna vivant, l'attente. La respiration qui se canalise, pour ne pas avoir l'air d'en attendre trop. De devenir chiante. Histoire qu'il n'ait pas trop la pression, d'répondre à sa foutue question. Ose le dire, où t'irais sans moi. Pupilles serrées sur ses airs de môme outrée. Elle attend. Et elle peut être sacrément patiente, quand elle attend des réponses. Même si taillader, fourrer ses doigts dans la chair béante, se maquiller au carmin, c'est bien plus rapide pour accéder aux vérités dissimulées. Comme celle que Jan met trop de temps à sortir. C'est son boulot, d'extraire les informations à ceux qui s'étouffent sous ses mains impitoyables. Pas d'hésitation.
Là, pourtant, elle aimerait reculer. Revenir plaquer sa tempe contre son corps en ébullition, et regarder ses questions de merde se dissiper dans l'air incandescent. Plutôt que de lui offrir derrière un air renfrogné, l'étendue de sa vulnérabilité. Elle se demande s'il le sent, comme elle peine à contenir les battements qui s'affolent. Ces pauses qu'il marque, ça commence à lui coller sous l'nez une putain d'impression de drame à venir. Comme dans ces films où ce qu'ils appellent suspense la rendrait complètement folle. Sauf que là, c'est pas de la fiction. Jan lui parle de bouffer ce qu'il veut comme il veut, et elle devrait sûrement en rire avec lui. Parce qu'elle n'arrive jamais à tirer la gueule quand ça vient chatouiller ses tympans. Elle pourrait, si l'étau ne se resserrait pas sur sa gorge asséchée. Jan... basta! Ses doigts glissés dans son dos voudraient le lâcher par pure protestation. Qu'il arrête de parler comme si la fin était proche. La conversation prend des penchants qui ravivent la panique chez la Miralles, et pourtant, elle est encore moins foutue de le lâcher quand son coeur s'emballe. « Jan. » Elle aimerait que le prénom claque dans l'air. De ce ton qui ne souffre plus de réponse. Mais ça se meurt sur ses lèvres fatiguées, voix rendue rocailleuse par sa gorge sèche dans le climat aride de son étreinte.

Et elle peut pas, Selda. Certainement moins encore après le coup du prophète. Se contenter de lui coller une claque dans l'épaule pour lui intimer de se taire, d'arrêter ses conneries. Elle prend tout de manière trop vive, trop réelle, dans le bordel qui lui dégomme le crâne. Et le discours de Jan, ça lui fout les jetons. Et c'est que ça sonnerait presque comme un adieu, surtout quand il commence à raconter qu'elle prendra sa suite. S'il mise sur l'humour, Selda elle, reste bloquée, à le fixer, à s'la fermer.

C'est comme un secret. Dans les mots, ça se dessine. Dans ses rires qui s'effilochent. Le pressentiment est terrible, et Selda ne pige pas. Elle n'a jamais rêvé de Jan. Jamais appréhendé son futur. Jamais présagé sa fin. Et elle ne le supporterait pas. Pas quand c'est le plus proche, comme ça. Quelque part, c'est un peu la même chose quand il parle. Elle a peur de savoir. Pour quelle raison ils se sont engagés sur cette voie là, elle peine à percuter. « Si tu m'laisses ta place, tu peux partir tout d'suite, alors. » Elle le dit sur le ton d'une réprimande. Parce que ça ne l'a pas fait rire. Comme si elle allait se consoler de ça, l'jour où il s'en ira. Elle aime mieux rester à sa place, Selda, et qu'il soit toujours là. Pourtant, y'a le regard de Jan qui la transperce et vient l'atteindre en plein dans les souvenirs. Zone sensible ronronnant dans un coin de sa tête, souvent délaissée pour ne pas se laisser déconcentrer. Là où se dissimule l'affection qui la crève, dès qu'il fait cette tronche, dès qu'il disperse sa tendresse et que c'en est presque trop d'un coup, pour la sicaria. Trop à supporter pour celle qui n'a eu de cesse de repousser le monde depuis toute petite. De faiblesse, elle peine à tenir ses airs pincés. Comme toujours. Venant ajouter un petit : « Cómo? P'tit con qui se pense plus doué qu'une chica comme moi. Tu parles de Mac, c'est ça ? J'suis d'accord avec toi, autant éviter ça, je signe de suite. » Elle ne sait pas ce qu'elle fout, à le suivre sur le ton de la connerie, ne perdant pas une occasion de venir se moquer du sicario. Jouer avec le feu, ça a toujours été dans ses cordes, que ce soit pour s'attirer un regard réprobateur, ou carrément se prendre une raclée. Aucune occasion n'est perdue. Pourtant, le sujet n'est pas de savoir si ça l'éclate, ce scénario, où elle finirait par remplacer le capitano, apte à narguer le Serevo comme il se doit. Le sujet, le vrai sujet, résonne bien plus grave, entre ses poumons. « Tu m'enverras une carte postale. » Et le front qui vient se poser contre son menton, le temps de reprendre son souffle. Pour de bon, que ça va se finir en insolation. Elle en est presque déjà au stade du délire, avec ses élucubrations. « J'vais faire quoi moi, sans toi. » Un soupir à fendre l'âme. « J'vais m'emmerder. » Elle marmonne, se redresse légèrement, incapable de se détacher. « J'vais poser mes questions à qui. Tu sais que j'en ai un paquet. » C'est à son tour de ricaner, de venir replanter ses yeux dans les siens. C'est qu'il a toujours eu la réponse à tout, Jan. Mais y'a encore plein de choses qu'elle devra lui demander, un jour. Par rapport à son père. Quand elle sera prête à l'évoquer. Par rapport à ce qu'elle est, quand elle n'en pourra plus de garder ça pour elle, comme certaines fois où les visions s'emparent si férocement de ses yeux qu'elle ne semble plus être en mesure de voir quoique ce soit d'autre. « Eres mi hermano.. » De retour à énumérer les évidences, faisant le compte de ce qu'elle sait, à défaut de ce qu'elle ne devine pas, incapable d'envisager ce qui se cache vraiment dans les silences de Jan. « T'aurais dû savoir quand t'as commencé à prendre ma défense, que j'te lâcherai jamais. » Et alors qu'elle plaisante à moitié, elle ne s'en rend pas compte, éternelle amoureuse du déni.
Que ses muscles se crispent, que ses nerfs s'emmêlent en silence.
A le regarder comme ça, à lui parler comme ça, à son tour, ça sonne comme des adieux anticipés.

CODAGE PAR AMATIS
AVATARS PAR PINTEREST
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help me realize: if life is a battle, i don’t have to fight it alone. (jan) - Sam 1 Sep - 10:08


AND IT'S BROKE
BEFORE YOU KNOW IT


I've run to ground I've run from everyone that I have ever known. I'm aching cold, I'm aching from the bones the very blood of me. "
SONG




Jan. Ne prononce pas ça ce prénom Selda, diminutif ou entier, ne souffle pas mon identité comme ça, je ne saurais pas quoi te répondre. Je suis désolé mi corazon, je suis désolé de te mentir et de bafouer la confiance que tu as mis en moi. J’aurais préféré mourir sous les balles que clamser sous une maladie imprononçable, tu sais. J’aurais préféré rester encore des décennies à vos côtés, rire et tuer, courir et crever. Mais le passé en a décidé autrement Selda, ton père était p’tète un connard, mais le mien... Le mien était un venin dont je suis incapable de me dépêtrer.  

Dans le crâne y’a l’image du padre Flores qui débarque comme d’un autre siècle. La verbe acide, les insultes qui tempêtent, les coups qui pleuvent comme des averses. Alejandro, tu tiens le sourire de ta mère mais la rage, elle vient de ton père. Le rire, c’est elle, le poison, c’est lui. Tu as été élevé dans le sang et c’est par lui que tu crèveras gamin. Il t’a retiré ton humanité, il t’a fait plié pendant des années. Il t’a érigé en bête et il te fera tomber par un héritage vicié. A jamais, il te fera chier ce paternel. Cet homme a qui on aurait offert une couronne alors que toi, si tu prenais le temps de lister tout ce qu’il t’a fait, c’est des lames dans le gosier que tu lui offrirais.

Maciej qui débarque quand on ne l’attend pas. Toujours la truffe là où il faut pas Serevo, l’ami aux poings dardés sur les âmes, aux crocs dévorant les cadavres. Selda, toi et moi,  on sait que même si tes mots envers le sicario sont malades, il a touché ton coeur lui aussi, pas d’la même façon que moi, pas avec la même lame. Car il est moins tendre que moi Maciev quand il est question de chica. Mais je ne relève pas, je sais que le sujet est douloureux pour toi, j’ai pas l’oreille qui traine mais... Je reste capitano. Je reste l’ami de Maciej. Je reste le second de Joaquin, je sais tout ce qui se passe dans la famille même si parfois, j’aimerais être incapable d’écouter car j’me sentir toujours obligé d’agir.

Eclat dans le coeur, encore. J’vais plus avoir de chair à force si tu continues à causer comme ça Selda. Les cartes postales, pas sûr que ça passe où j’irais. Mais on peut essayer, j’ui sûr que y’a de jolis photos à faire en Enfer. Et ton front qui s’écrase contre mon derme, l’odeur de tes cheveux, un mélange de sueur et de savon, laisser mes narines inspirer, se charger de ta saveur. Ne jamais l’oublier car dans quelques mois, j’serais même plus capable de te reconnaitre Selda. Mon cerveau sera trop occupé à imploser et à continuer de faire battre le palpitant pour se soucier des hommes et des femmes qu’il a un jour aimé. Ils disparaitront tous, un par un, j’ai beau écrire vos prénoms dans le carnet, tapoter de l’encre sur chacune de vos identités, on m’a dit que les souvenirs vont disparaitre, les plus récents, ceux qui pulsent dans le coeur et qui chiquent le quotidien. J’me sens égoïste de penser ça, mais j’espère au fond que le sien sera le dernier à disparaitre. J’veux bien oublier que j’l’aime, j’veux bien zapper tout ce qu’il créé en moi... Mais j’veux pas oublier son prénom Selda, ce serait trop... Il est à la base de qui je suis, il m'a relevé le menton quand je pliais devant cet homme qui s'est cru roi. Il a créé le monstre que je suis et l'homme qui est devant toi.

J'préfère m'oublier moi plutôt que de l'oublier lui.

Et te laisser parler, laisser les mots se charger d’amertume, de questions auxquelles je ne répond pas car j’ui pas un bavard moi Selda. Toi non plus à vrai dire sauf que là, les blagues j’peux plus. Y’a la panique de la nuit qui me revient en plein dans la gueule, la peur, les cauchemars. Et le dieu qui rugit sous le derme, qui en a marre de voir son vassal tomber lentement en écrasant tout sur son passage. Alejandro qui sourit face à Selda, Flores qui bombe le torse face à Miralles, espérant qu’elle ne tique pas, sous les épaules un peu trop basses.

Et y’a les mots de trop.
Et y’a d’l’amour en trop.
Et y’a toi en trop.

J’ai les yeux qui se ferment, les paupières qui voilent les prunelles alors que le malaise grandit à l’intérieur du ventre. Le derme qui brûle encore un peu plus, Alejandro qui n’a jamais menti. Alejandro dont la verbe est pilonnée de conneries depuis ce jour où y’a un invité surprise qui s’est immiscé dans sa chair.

Alejandro qui plie devant Selda, les yeux qui peuvent plus rire, le sourire qui s’efface. Capable de pleurer, le capitano, s’il en avait encore la possibilité.

"Selda…"

Ne reste pas comme ça Jan, elle sourit, elle rigole, elle blague. Alors réponds, renvoie la balle, fais ton p'tit chien ! T’en es encore capable Flores, de jouer et de t’amuser. Faut juste faire un effort et faire taire la douleur. Celle qui crame la peau, qui fait exploser la tête.

Mais non.
Je n’y arrive pas.
J'veux pas ce soir, mentir encore une fois.

Alors l’homme abdique et le capitano range ses armes. À mon tour de plier la tête Selda, de laisser tomber mon front contre ton épaule et de serrer encore un peu plus mes bras.

" Tu dors ici, hein ?"

Que je te murmure, le souffle contre ton derme, cette fois-ci glacial. Froid comme la mort qui me pique la chair et me fait tomber un peu plus bas chaque matin. Et abandonner ton corps Selda, attraper ta main et me hisser dans le lit pour y retrouver la moiteur des draps. En chien de fusil Alejandro, les genoux repliés, la peau nue et la sueur qui reprend son éternelle cadence sur les courbes ciselées. Je ne veux pas rester seul ce soir, je ne peux pas.
Les doigts qui tiennent les tiens Selda, qui ne les lâchent pas. Les prunelles qui se regardent, faces d’un miroir, soeur qui n’en a le sang mais bien la rage.

" Il faut que tu me promettes quelque chose… Et ne cherche pas à comprendre pourquoi je te demande ça…"

Cette fois-ci, les prunelles restent dardées sur les tiennes, trop noires, trop vraies, trop… réelles. Plus de paillette au creux du regard Alejandro, ce soir Selda, j’vais te murmurer un secret et tu vas devoir faire avec.

" … Si je…Si j’me barre… Ne me suis pas. Promets moi de rester là, avec… Eux. De n'pas laisser Trini, Bael, Mac… les filles, même si j’sais que t’es pas baby sitter… " Essayer de rire mais aucun éclat qui sort des lèvres. Aucune vie." …Laisses pas Joaquin." Un battement en trop qui pète la carcasse en deux. " Promet moi de ne pas te barrer… La Calavera est ta famille… Reste avec eux même quand… Quand moi j’serais plus là."

Plus d’hésitation sur ta verbe Flores. Les 'si' n’ont plus leur place. Y’a que le 'quand' qui mérite d’être murmuré au creux de ces draps. Y’a que la vérité que tu mérites d’entendre au creux de mes bras, ma Selda. 




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help me realize: if life is a battle, i don’t have to fight it alone. (jan) - Dim 2 Sep - 14:00

are you okay ?


- yeah, just tired.

T  orn apart.
I  nsecure.
R  eally faking my smile.
E  xtreamly sad.
D  rowning in my thoughts.

C'est ça, que ça fait ? De croiser le regard d'une saloperie de juge ? Devenir paranoïaque, s'imaginer le pire dans ce qui l'entoure ? Pour le coup, qu'elle en regretterait presque une fraction de seconde d'être venue trouver Jan, si c'est le cas. Parce que la faille qui s'est ouverte ne cesse de se creuser quand il parle, qu'elle essaye de répondre, en donnant le change. Ce truc qu'elle ne fait que rarement, toujours plus encline à rentrer dedans qu'à jouer avec le temps. Et de le voir comme ça, elle en transpire toutes ses craintes les plus viscérales entre ses bras. Abysse croissant sur son diaphragme, derrière ses prunelles qui se veulent railleuse, qui ressuscite la gamine pour quelques instants. La moquerie innocente aux lèvres, la terreur béante de l'abandon placardée derrière les pupilles. Hurlement sourd. Oracle incapable d'entrevoir ce qui ne se prononce pas. Ce qui pèse entre eux. Le crâne saccagé des minutes de torture, p'tetre qu'elle en perd en clairvoyance. Ou p'tetre qu'elle est juste pas capable de voir. Elle n'est pas con, pourtant, pour ce qui est de lire entre les lignes, foutre le doigt sur ce qui s'échappe à chaque fois qu'il reprend sa respiration. Mais là, ça veut pas. Défense érigée à chaque recoin de son crâne, la mécanique bien huilée a déjà trop souffert un peu plus tôt. Et les secondes s'étirent. Jan qui vient reposer son front contre elle, elle qui essaye de ne rien transmettre de la panique qui fait palpiter son être tout entier. Et ça dure au moins cent ans, avant qu'il ne s'exprime, semblant couper court à la discussion. Hochement de tête, un peu précipité, lâcheté de s'engouffrer dans ce détour qu'il impose. « Si. » Elle frissonne, brise glacial chatouillant sa chair s'étant alignée lentement sur la chaleur qu'il dégage. Jambes qui s'étendent, pieds repoussant machinalement les chaussures qui tombent au sol dans un bruit sourd. Bien sûr, qu'elle dort ici. Même si cette nuit, ça fait un peu plus mal encore, de s'allonger à côté de lui. Loin du soulagement habituel, annihilant ses douleurs passagères. Celle-ci, ça passera pas. Et elle met encore ça sur le compte du juge, Selda, tâchant de rompre avec l'angoisse, le suivant sur le matelas. Corps qui s'écrase lourdement à ses côtés, peau moite, vêtements fusionnant avec sa peau dans l'humidité. Elle étouffe, mais elle la ferme, gorge nouée en retrouvant son regard, face à face qui coupe net toutes ses tentatives de détendre l'atmosphère. Et ses doigts ramollissent entre ceux de Jan. Elle se demande vaguement si ses os seraient pas en train de fondre dans la fournaise. Mais c'est juste ce putain de stress qui n'en démord pas, malmenant ses muscles en coton reposant sur les draps.

Et là, il lui demande de promettre. Il lui demande quelque chose, et Selda, elle n'a jamais été foutue de lui refuser quoique ce soit. Alors, même si ça pue le plan foireux, elle acquiesce, une fois de plus. Comme si c'était tout ce dont elle était encore capable, d'agiter la nuque comme un pantin, quand à l'intérieur, il ne reste quasiment plus rien. Côtes blindées, infranchissables, c'est ce qu'elle s'est forgé pour se protéger du monde dans lequel elle est née. Pour que plus jamais quiconque ne parvienne à passer entre les mailles, pour mieux la déstabiliser. Elle l'a appris avec le temps, Selda. Peaufinant l'armure pour ne plus avoir à se défendre en permanence contre les assauts menaçant de la ruiner. Simplement détachée. Nécessité dans le milieu, dans le métier. Et même si le prophète s'est frayé son chemin pour que les méfaits lui reviennent en pleine gueule, quelque part, c'était plus tenable que d'écouter Jan. Et elle le réalise, lorsqu'aucune hargne ne l'habite plus. Que la charpente s'effrite. S'ouvre, même, béante, face à lui. Coeur à vif dans la ligne de mire de cette requête qu'il se met à formuler, qui l'écorche quand il explicite.
Elle a les yeux qui s'écarquillent et la carcasse qui se liquéfie. Heureusement qu'elle se tient déjà allongée, recroquevillée devant lui, quand ses forces semblent l'abandonner. Les prunelles de Jan s'opacifient, et elle le sent sous ses pieds, le précipice qui menace de l'aspirer dès qu'il ouvrira de nouveau la bouche pour poursuivre. Elle le sent arriver, le cataclysme. Pas fichue de lui intimer de se taire. De ne rien dire de plus. Spectatrice de ce qui s'avance, quand Jan progresse dans le champ de mine de son thorax. Contournant les barbelés, évitant les pièges qu'il connaît, pour l'avoir trop côtoyée. Selda le regarde, le souffle coupé, joue écrasée sur l'oreiller. Elle a érigé des barricades, ouais, pour se protéger. Sauf qu'elle n'a jamais pensé à se protéger de lui. Jamais. Et quand ses mots l'écorchent vive, là encore, elle ne cherche pas à se mettre à l'abri. Parce qu'à trop l'accepter derrière ses barricades, lui faisant une petite place pour le protéger lui aussi, y'a rien qu'elle puisse faire pour ne pas sombrer quand ça se précise. Quand il sera plus là. Il est clairement pas question de séjour sur une île déserte, de beaux mecs en pagaille, de cocktails dans le gosier. Et elle n'est pas prête, Selda. C'est ce qui s'échappe de sa gorge dans une plainte jaillissant du fond de sa poitrine. Qui se meurt au bord de ses lèvres sans que les mots ne se formulent distinctement. J'suis pas prête.

T'es pas prête. Mais regarde le, comme il te le demande. « Je.. » Elle en crève. Et elle finit par se tourner sur le dos, brutalement, arrachant ses iris qui menacent de déborder, à ceux de Jan. Fixe le plafond alors que sa poitrine n'a de cesse de s'élever et de s'écraser, respiration qui se perd. Là, ça lui ressemble pas. Faut croire qu'y'a rien qui tourne rond, ce soir. « Je te promets ça et... » Y'a sa voix qui déconne, qui menace de partir dans les aigus. Elle sue. Elle a le front qui dégouline et la nuque qui se glace sous ses fringues trempées. Alors, elle se redresse brutalement. « La chaleur, Jan. » Main qui se glisse sous son propre t-shirt, qui le repousse de l'intérieur pour le décoller de sa peau. Pas capable de réfléchir. De dire oui. De dire non. Repliant ses genoux, elle finit par venir déboutonner son jean, l'ôter, gestes rituels, sans besoin de trifouiller dans la matière grise. Le pantalon qu'elle roule, qu'elle jette brutalement contre le mur, les mains crispées sur le matelas, mâchoires crispées. « Je te le promets. » Elle voudrait croiser les doigts, comme une gamine. Elle n'a jamais cru aux promesses. Capable de les rompre sans voir le mal. Mais pas quand ça compte. Pas quand c'est Jan. Et elle retombe sur le dos. Suffoque. « J'te hais. » Elle y croit pas une seule seconde, et elle n'a jamais tant sonné comme une gosse qu'à cet instant. « C'est toi ma famille. » Elle n'a pas la force d'y mettre plus de colère, cils humides qui se glissent dans sa direction. « Pourquoi tu fais ça. » Question qui reste suspendue à ses lèvres, sincère, à le dévisager. Sous-entendu, qu'est-ce-qui te poursuit, Jan. Qu'est-ce-qui te fait flipper au point de me demander ça ? « J'comprends pas. » Et la voix se casse. Et elle s'en veut, en veut au prophète, en veut à Jan, responsables de cet état. « Joder, tu vas pas m'faire chialer quand même. » Qu'elle s'exclame soudain, tranchant avec le ton faiblard précédent. Sursaut de volonté ramenant la force à la surface, brièvement. Doigts qui s'écrasent sur ses paupières, les pressent à en assécher l'esquisse faiblarde menaçant de glisser sur sa joue.

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help me realize: if life is a battle, i don’t have to fight it alone. (jan) - Dim 2 Sep - 19:46


AND IT'S BROKE
BEFORE YOU KNOW IT


I've run to ground I've run from everyone that I have ever known. I'm aching cold, I'm aching from the bones the very blood of me. "
SONG




Je te regarde. Je te prie de m’écouter. Je te conjure de faire ce que je demande. J’peux pas plus plier Selda, j’peux pas te dire autre chose que ce que je viens de t’avouer. T’es bien assez intelligente comme gamine pour comprendre ce que je veux dire par "plus là". T’as pas besoin de définition, tu me connais assez pour savoir que si je quitte la Calavera, c’est pas pour des congés, mais bien pour un dernier adios amigos balancé après un bon diner. Alors je t’en prie Selda, cherche pas à savoir et acquiesce simplement face à ma demande.

Lui, j’vais prier pour qu’il accepte de braquer son m9 sur ma tempe. Toi, je te demande d’être là, quand il aura appuyé sur la gâchette et qu’il aura compris, que j’serais plus jamais à ses côtés.

J’ai besoin de toi pour lui. Pour eux. Pour être la soeur que j’aurais aimé avoir et qui aurait continué ce que j’ai débuté au sein de la Calavera. Tu t’appelles pas Flores Selda, mais si j’pouvais, c’est à toi que j’confierais mon héritage. T’es la première à savoir qu’Alejandro, sa fin, il la connait déjà. Elle aura la saveur du métal. Elle aura le bruit d'une balle. Elle portera le nom de Costilla.

Prunelles abandonnées, le dos qui vrille, Jan qui ferme les paupières en même temps, qu'il inspire enfin, toujours en suspend. Puis y’a l’accord de Selda, malgré les trémolos, et les voyelles qui partent un peu trop vers le haut. Flores qui expire, qui est presque rassuré face à l’accord de Miralles. Merci Selda, que je pourrais murmurer si j’en avais le courage. Merci d’accepter ma fin sans poser d’autres questions, d’accepter d’être là, pour une famille qui n’a pas ton nom. La chaleur t’accule à ton tour mi amor, tu te déshabilles, j’sens bien que les émotions te tapent sur le système et que lentement, toi aussi tu tombes. Alejandro dont la maladie détruit, blesse et surchauffe tout le monde. Mais j’peux pas m’empêcher de sourire face à la scène qui pourrait tellement passer pour ce qu’elle n’est pas. Le joli corps de Selda, courbes délicieuses qui pourtant ne me font rien. Soldats de la Calavera, corps dénudés, peaux brûlées, coeur arrachés et pourtant, qui continuent de battre et de transpirer à l’unisson.

Et ta verbe qui éclate, dans une haine que je ne crois pas. Le sourire se pare d’amertume Jan, tu comprends que tu vas la briser elle aussi, ta petite Selda, ta jumelle d’un autre sang, la soeur que tu aurais aimé avoir. Et tu continues ma belle, de pas comprendre, d'essayer de dissimuler la vérité qui pend à mes lèvres et qui contourne ton coeur. J'ui pas con Selda, j'sais que t'as compris mais que tu refuses de voir la vérité en face. Alors le déni, l'insulte et les larmes presque là, j'les accepte et j'm'en moque pas. J'ui pareil au fond, je crie ma haine envers ce sang vicié, cet héritage offert par ce père qui continuera de me hanter. Je chiale comme un gamin, à l'intérieur de la carcasse quand les doses sont plus suffisantes et que je deviens témoin de mes gestes et plus acteur. Et je me mens, quand j'débarque au QG, le sourire aux lèvres, les lames bien rangées alors que la nuit d’avant, j’me suis découpé moi-même sans pouvoir me contrôler. On est pareils ma Selda et c’est pour ça que c’est si difficile. Tu peux pas accepter de perdre une partie de toi. J’peux pas accepter de m’arracher à tes bras.

Mes doigts qui enveloppent ta joue et t’obligent à te retourner pour me regarder. Tes p’tits mains toujours sur les paupières, comme un enfant qui veut se cacher de la réalité. Mais mi corazon, on n’est plus des gosses, on est grands maintenant. Tu as accepté de m’écouter, maintenant, accepte de me regarder encore comme l’homme que je suis et pas comme le mort que je vais devenir.

"Ouvre les yeux Selda…"  

Que je murmure, prunelles abyssales dans les tiennes aussi noires.

" T’es bien trop jolie pour pleurer. Et… j’ui beaucoup trop beau pour chialer. "   J’étouffe un rire, la main bouillante qui caresse ta joue et termine contre ta nuque, s’amusant des mèches folles. "… laissons ça aux russes, t’inquiètes qu’eux, ils doivent remplir des lacs de larmes vu les gueules qu’ils tirent quand on les croise."  Et cette fois-ci, éclater de rire, oublier les promesses et les mots brûlants. Je me rapproche un peu de ton corps, calle mes genoux contre les tiens, en constante recherche de la chaleur de l’autre, de la tendresse qui manque et que j’peine à recevoir. " Bon… J’vais te dire un autre secret mais… tu n’en parles à personne. "  Changer de sujet, essayer de te faire sourire en plissant du nez, en me mordant la lippe et en baissant les yeux comme... gêné. " … Okey... t’es la seule à le savoir mais…"  Les doigts qui gravitent sur ton cou, qui dévorent ton derme alors que les yeux hésitent à se relever pour croiser les tiens, sous le secret que je vais te dévoiler. Sur des mots que je n’ai jamais prononcé. " … Il est possible que … euhm… " Alejandro qui vacille, le corps qui vibre, la bouche qui se tord en un sourire." … je ne sois plus vraiment… célibataire. " Et relever les yeux vers toi, en attente d’une nouvelle réponse, mais cette-fois avec un sourire qui en dit long sur mes pensées. " …mais j’crois que la personne en question n’en a pas vraiment conscience…C’est un soucis non ? " Et mes joues qui rougissent, et mes yeux qui se plissent et mon coeur qui tambourine. J’essaye de te faire rire Selda, de changer de sujet, de te montrer que j’ui encore là, malgré les promesses faites et les non-dits que tu as parfaitement compris.

Mais bordel, j’pensais pas que ça allait me faire autant rougir, de me rendre compte qu’en plus d’être mon passé et mon présent, Joaquin Costilla est aussi mon futur que j’espère vivre encore quelques temps.

Avant le gout du métal.
Avant le bruit de la balle.
Avant de tous vous abandonner.




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help me realize: if life is a battle, i don’t have to fight it alone. (jan) - Lun 10 Sep - 23:51

are you okay ?


- yeah, just tired.

T  orn apart.
I  nsecure.
R  eally faking my smile.
E  xtreamly sad.
D  rowning in my thoughts.

C'est rare, que ses pensées se disloquent autant. Elle parvient toujours à conserver un semblant de sang-froid. Suffisant pour donner le change, le temps de réfléchir, de trouver une solution. Elle est capable de planifier ce qu'elle qualifierait de coups risqués, le genre de mission que lui file Joaquin en secret depuis quelques temps maintenant. Insensible à l'idée d'agir pour la cause, d'éliminer un nom sur un papier, d'effacer des existences entières, sans qu'un remord ne vienne l'effleurer. Mais ça, c'est au-dessus de ses capacités. Saturant sa tolérance émotionnelle, c'est tout son être qui se retrouve tiraillé de tous côtés. Et au milieu, l'idée certaine de ne saisir qu'une infime parcelle de ce que Jan est en train de lui exposer maladroitement, avec des mots qui en disent trop, sans en expliquer suffisamment. Alors, elle craque. Parce qu'elle est crevée. Qu'elle a les nerfs à vif. Et que ça, tout ça, c'est vraiment ce qui achève de les faire claquer, un à un sous sa chair. Et à force de frotter, elle en a des étoiles argentées sous les paupières. Comme une enfant boudeuse, elle accepte de tourner sa tête vers lui, mais pas de le regarder. Elle a toujours été sacrément immature, avec lui. C'est p'tetre bien le seul avec qui elle peut l'être. Et c'est plus facile, parfois. Surtout après avoir accepté une responsabilité qui dépasse l'entendement. Cette promesse qui résonne encore dans son crâne.

Et elle ouvre les yeux. Rencontre immédiatement les siens. Pince ses lèvres pour pas repartir dans un élan dramatique. Faut qu'il s'mette à parler des russes pour que ses traits se décrispent. Que son rire retentisse entre les murs de la chambre, et de son thorax, pour qu'elle abandonne presque entièrement son air renfrogné. La chaleur vient assécher les larmes qui se sont permises de couler sur sa joue, sans son autorisation. Se prolonge dans sa nuque, et contre ses jambes. Ses pieds glacés se logent naturellement entre les mollets de Jan, comme sous une couverture en plein hiver. « T'es con. » Qu'elle finit par lâcher de sa voix un peu cassée, assénant une petite tape dans son torse pour le réprimander de rire alors qu'elle en chialait. Elle en baisse presque sa garde. Presque. Parce que Jan n'a pas fini, de ce qu'il en dit. Elle malgré elle, ses muscles se contractent, ses orteils craquent alors qu'elle en vient à les agiter nerveusement. « Quoi. » C'est même pas une question. Plus un avertissement, en le voyant baisser les yeux. « Jan, j'te jure que... » Qu'elle quoi ? Qu'elle va gueuler ? Elle n'a plus de voix. Qu'elle va s'barrer ? Elle en est foutrement incapable. Puis, surtout, il continue de causer, lui dit que personne le sait. Et malgré elle, c'est la môme enfermée sous sa peau qui éveille l'enthousiasme. Un secret de Jan. Un vrai secret. Pour elle. Elle se sent sacrément con, sur le coup, quand elle se met à répondre à son sourire, dès qu'il l'annonce. Ses doigts viennent machinalement se glisser contre ceux de Jan, qui déambulent sur sa peau, cherchent à canaliser la nervosité. Elle prend le temps de s'humecter les lèvres, Selda, avant de répondre quoique ce soit. S'éclaircit même la voix, comme si elle s'apprêtait à en faire tout un discours. « T'es tout rouge, j'espère que tu l'sais. » Elle ne fait pas dans la finesse, ne l'a jamais pris avec des pincettes. Elle en profite un peu, prunelles se faisant plus rieuses derrière la tempête qui décroit. Comment elle est supposée lui en vouloir, rester sur leurs mots précédents ? Quand il fait cette tête ? Sérieusement ? « Mais t'aurais dû me prévenir. J'aurais amené de quoi boire un verre pour célébrer ça. » Elle en ricane doucement, pourtant, ça lui fait sacrément bizarre. Sacrément plaisir aussi, alors que ses doigts s'emmêlent dans les siens. « Oh, j'vois. Promis, tu fantasmes pas sur un personnage de film ? On parle d'une personne réelle ? » Le doute est permis, connaissant l'humour du capitano, et l'fait qu'il n'ait jamais... été autre chose que célibataire ? Puis, ce côté sens unique qu'elle comprend pas. Elle a jamais connu ça, de plus être célibataire, mais avec quelqu'un qui n'en sait rien. Faut aussi avouer qu'elle n'a jamais été vraiment en couple, alors. « Comment ça fait ? » Elle le lui demande sincèrement, parce qu'à le voir sourire comme ça, rougir comme ça, elle est curieuse. Elle a toujours trouvé ça un peu niais, le concept de se trouver quelqu'un, comme si être seul ne suffisait pas - hormis les échappées fugaces dans d'autres draps. Mais si Jan se laisse aller, c'est que ça doit être quelque chose. Et elle s'adoucit, à le contempler, à détailler ses traits. « D'plus être célibataire. Vu ta tête, c'est pas comme d'hab. » Pas juste un truc voué à l'échec, furtif et qui s'oublie. Enfin, c'est ce qu'elle se dit, parce qu'il ne peut pas faire cette tronche, et s'en foutre. « Faudra peut-être penser à informer le mec en question, quand même. » Conseil qui lui semble logique. P'tetre bien le seul qu'elle peut lui donner. Parce que dans le fond, elle n'y connaît rien. Rien du tout.

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help me realize: if life is a battle, i don’t have to fight it alone. (jan) - Mer 12 Sep - 22:09


AND IT'S BROKE
BEFORE YOU KNOW IT


I've run to ground I've run from everyone that I have ever known. I'm aching cold, I'm aching from the bones the very blood of me. "
SONG




Tout rouge Alejandro, le sourire un peu gêné, les joues en feu, l’impression d’exploser. Y’a des choses que tu ne dis jamais Jan et tout ce qui concerne ton palpitant, tu le gardes normalement bien enfermé. Car y’a rien à dire, ta vie personnelle est un silence tant la Calavera hurle au creux de ton myocarde. Y’a qu’eux, y’aura toujours qu’eux. Et il fait parti de ce eux, alors peut-être que oui, tu peux en parler. Sans murmurer de prénom, sans laisser d’indice, juste… Expliquer que ton coeur a été ravi il y a d’ça 20ans, sous le fracas des poings, dans la chaleur du sang et par les yeux noirs d’un ami.

Et face à son rire, tu as du mal à rester concentrer, à ne pas sourire toi aussi. Alors tu la suis, dans sa moquerie, te mords la lippe comme un gosse de 8ans qui a fait une bêtise. Tu ne peux pas t’empêcher de jouer les offusqués quand elle pense que tu fantasmes sur un personnage de film. Et la main qui gravite toujours sur la nuque, qui caresse et se joue des mèches rebelles. Deux frères et soeurs, Selda et Jan. Deux jumeaux séparés par un nom et des années mais rapprochés par une seule et unique famille.
No ! C’est une vraie personne, qui marche, qui parle… " … pas vraiment mais qui essaye en tout cas. Et les lèvres, ça sert à autre chose qu’à former des lettres. Y’a parfois pas besoin de mot pour se comprendre, pas besoin de verbe, pour dire ce que le coeur a toujours crié.
Et quand les questions affluent, quand Selda se fait plus curieuse, sur la sensation que ça fait, de ne plus être célibataire, tu te rapproches encore un peu plus Alejandro, comme attiré par la chaleur normale du corps de la Miralles. La main qui finit au creux du dos, le front collé au sien, le souffle qui s’écrase contre son visage. Tu n’aurais pas aimé les hommes, ça aurait été elle. Uniquement elle. "C’est…Ça n'change pas vraiment en fait." Car tu l’as toujours su que c’était lui. Uniquement lui. "Et j’pense pas que ce soit bien qu’il… comprenne. Moi-même je sais pas ce que c’est, c’est…" Ne pas trop en dire, face à la jumelle. Face au miroir qui te renvoie tes doutes, ta colère, ta passion et ta haine. "...c’est surtout moi enfait, qui me considère comme… appartenant à quelqu’un. " et murmurer la fin, gêné, mal à l'aise. Car c’est étrange de lui dire à Selda, que le chien de la Calavera a réellement un collier et qu’il n’a même envie de s’en séparer. " Personne doit le savoir par contre Selda… Surtout pas Costilla". Et se parer du plus beau masque, celui qui ne laisse pas de doute sur tes mots Jan. Celui qu’on croit et qu’on accepte. " Il… n'aimerait pas savoir que son capitano a autre chose que la Calavera là-dedans ! Et relever la main pour planter l’index sur la poitrine de Selda, droit dans le palpitant. Tu souris Jan, c’est un peu mélancolique, c’est un peu triste ce qui se passe en toi. Si peu de temps mais tant à vivre. Un comble pour la Mort.

"… et toi ma Selda, y’a quoi là-dedans…? " et une nouvelle fois, vriller de sujet, passer da l’abandon à l’amour, de l’amour à la haine. " … il t’a fait quoi ce juge, pour que tu débarques chez moi  avec cette tête ? On est pareils toi et moi…y’a pas grand chose qui nous fait tomber…Encore moins qui nous faire pleurer. Alors parle moi Selda, j’t’ai dis un secret… à toi de me faire confiance mi amore. " et te rapprocher encore un peu, serrer son tout p’tit corps contre le tien brûlant, sentir son myocarde exploser et nicher ton visage au creux de son cou. Là où les secrets peuvent être répétés sans que personne, sauf vous, ne puisse les entendre.



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help me realize: if life is a battle, i don’t have to fight it alone. (jan) - Dim 16 Sep - 16:46

are you okay ?


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T  orn apart.
I  nsecure.
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E  xtreamly sad.
D  rowning in my thoughts.

« Ok, ok. » Qu'elle rétorque, face à ses yeux de biche effarouchée. Elle lève même sa main, en témoignage de bonne foi. Non, elle n'en reparlera pas, qu'il puisse ou non s'agir d'un type du grand écran. Ou du p'tit, d'ailleurs. Même si elle a déjà l'air narquois qui griffe son visage d'un sourire en coin. « Mais la question pouvait être pertinente. » Elle marmonne, faussement discrète, éclat rieur dans ses prunelles qui se remettent à scintiller, lentement. Souffrir à s'en déchiqueter la poitrine, pour mieux laisser les rires résonner à travers ses poumons. C'est toujours intense, ce changement d'état, et après des années, elle s'y fera jamais. De pouvoir s'effondrer dans ses bras, pour mieux repartir de plus belle à ses côtés. Spontanée, toujours. Dans le meilleur comme dans le pire. Elle ne se cache pas, avec Jan. Pas quand il cerne l'émotion qui barre son front d'un seul battement de cil dans sa direction. Et il le lui rend bien, faut l'avouer. Pas déplaisant, de l'écouter se confier, sur ce sujet encore jamais exploré. Jouant de possessivité depuis des lustres, elle réfléchira après, à ce qui peut la déranger dans l'idée que son frère se mette à flancher pour un autre. Un type qu'elle n'a pas pu voir de ses propres yeux. Appréhender. Valider. Si le capitano n'lui a jamais demandé son avis, la sicaria ne s'est jamais privée de le lui donner. Pour l'instant, pourtant, les griffes sont rétractées, le minois augurant de bonnes intentions. Les jambes s'emmêlent davantage quand il se rapproche, qu'elle vient glisser sa main dans son dos, sous ses omoplates. Relief osseux qui se dessine sous ses doigts, tendresse perdue de la gamine qui n'a jamais su être douce qu'avec lui. Le front qui s'remet à la brûler sous la frange de mèches sombres, qui ne s'éloigne pas, acceptant la chaleur qui se disperse sur sa peau, le souffle de Jan qui incendie son visage. Mi dragón.

Et elle sourit pour elle-même, humectant ses lèvres asséchées sans cesser de le regarder, de l'écouter. Elle n'est pas sûre de tout capter à ce qu'il lui raconte, par contre, même si elle redouble d'attention pour le suivre. Elle ne donne pas vraiment le change, avec ses sourcils arqués et ses prunelles égarées au milieu de ses explications. « Hm, j'suis vraiment larguée, là. » Elle ne prétendra pas le contraire, même si elle s'dit que c'est peut-être elle, qui n'est pas faîte pour comprendre. Elle n'a jamais connu ça, réellement, sûrement encore un truc qui s'illumine que quand c'est du vécu. Et comme elle n'aspire pas particulièrement à le vivre, ce sentiment d'appartenance envers quelqu'un, bah, elle tilte pas. C'est sûrement pour ça. Il lui manque des données émotionnelles pour bien cerner ce dont il parle. « Mierda, j'comptais aller l'voir dès l'aube pour lui faire un rapport à ton propos. » Et elle se moque, à venir presser le bout de son nez contre celui de Jan, en guise d'excuses. En guise de j'te prends au sérieux, pardon. « C'est entre toi et moi. De toute manière, j'ai pas tout compris à ton histoire d'appartenir à quelqu'un qui ne comprend pas. Ou c'est à sens unique ? » Elle essaye d'y mettre du sien, se mordillant la lèvre inférieure sans être bien sûre d'aller dans la bonne direction. « T'es trop beau, pour qu'ce soit à sens unique. » Conclusion qu'elle tire. Et quand elle dit beau, elle parle pas que d'sa belle gueule. Beau, parce qu'il rayonne, Jan, toujours. Même quand il se retourne en se débattant dans son sommeil. Elle le trouvera toujours beau, Selda, elle en est certaine.

Il enfonce son doigt dans sa poitrine et elle déchante quand il enchaîne. Y'a rien, là-dedans. Si ce n'est cette rancoeur qui ne l'abandonnera sûrement jamais. Elle a le coeur si gangrené par la colère et les regrets qu'c'est qu'à moitié étonnant, qu'il ne batte que pour maintenir son corps en vie. Bras qui s'enroulent autour de Jan en réponse à l'étreinte, c'est peut-être mieux qu'elle ne le regarde plus. Détacher son regard du sien, pour mieux se ressaisir. Car si elle lui fait confiance, Selda ne peut pas tout lui dire. Paradoxal. Faut croire que les leçons se sont bien incrustées dans son crâne, même si elle ne semblait rien entendre des sermons de la madre. « Il m'a regardée et j'ai tout vu. » Murmure qui se perd à son oreille, les muscles qui se tendent à nouveau. « Les missions, c'était rien. J'm'en fous. » Le défilé des cadavres n'a pourtant de cesse de passer en sourdine dans un coin de son crâne, arrachant un ou deux battements de travers au myocarde. Elle s'en fout, parce qu'elle ne se sent pas coupable. « J'l'ai fait pour nous, alors son putain de regard, ça m'fait ni chaud ni froid. » Nous. La Calavera. Exécutions enchaînées avec tant de facilité, que c'est pas le remord qui l'a percutée. Plutôt ce gouffre creusé avec les années, fosse sans fond récupérant les âmes décimées, néant arrimé aux côtes sans s'attarder sur le sujet. La vraie culpabilité, c'est pas celle-là. C'est celle des secrets. Des deux secrets. Du secret. Le seul qui compte, vraiment. De ces non-dits jamais évoqués. Doutes jamais prononcés. Et dans les prunelles du prophète, alors, c'était les leurs, celles de ses pairs, face aux mensonges, à leur confiance ébranlée. Et plus violentes, celles de Maciej. Et un peu plus contrariées encore, celles de Joaquin. Et le dernier. Elle en a le coeur qui trépigne contre le torse de son ami. Le dernier, c'était Jan. Et ce qu'elle y a vu, ça l'a brisée, Selda. De l'imaginer une seule seconde la regarder comme ça, parce qu'elle s'est tue. Pourtant, elle n'y arrive pas. Elle devrait l'dire, là, maintenant, en sachant que ce sera sans doute pire ensuite. Mais elle peut pas. Elle a les mains qui s'accrochent un peu plus encore à son dos, comme s'il allait s'envoler. T'avouer mon secret, Jan, c'est trop me d'mander. La respiration qui s'emmêle et les mots qui s'enchaînent. Trouver un truc à dire. Vite. « J'ai vu Vicente. » Lèvres qui se pincent, elle la boucle. Vicente. Un moment, qu'elle n'a pas prononcé son nom, au padre. Aucun mot sur les visions. Sur ce silence synonyme de trahison. C'est sur un autre sujet qu'elle s'engage. « Il était comme la dernière fois que j'l'ai vu. » Trop désintéressé. Trop réel. La dernière fois qu'elle l'a vu en vrai, Selda, avant de vivre sa mort en flash douloureux derrière ses yeux. Et elle bouge plus. Figée dans les bras de Jan. Ce qu'elle s'apprête à dire, elle l'a jamais déballé à personne. Et quelque part, elle n'a pas le choix. Faut bien au moins qu'elle dise ça, à défaut du reste. « J'ai vu comme j'voulais qu'il me regarde d'puis qu'j'suis môme et c'était pathétique. » Colère qui s'éveille derrière les cordes vocales. « J'sais que c'était lui, mon père, Jan. » Et ça déraille dans sa gorge, le ton mal assuré. « J'aurais dû lui dire. J'voulais lui dire, peu de temps avant que... Mais j'l'ai pas fait. Et j'pourrai plus jamais. » Mots qui s'écrasent dans l'épaule du capitano, paupières grandes ouvertes, prunelles déboussolées. C'est un poids qui comprime ses côtes, et s'allège à la fois, aux paroles qui lui échappent. La fierté de feindre l'ignorance, le détachement à l'égard de l'identité paternelle, envolés. Elle s'en est jamais foutue, Selda, à trop bien faire pour être regardée, acceptée. Sans même savoir s'il avait capté, que son propre sang se tenait là, dans son sillage. Un soupir. Elle n'en avait jamais parlé.

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help me realize: if life is a battle, i don’t have to fight it alone. (jan) - Lun 17 Sep - 13:30


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I've run to ground I've run from everyone that I have ever known. I'm aching cold, I'm aching from the bones the very blood of me. "
SONG




Et Selda qui se sert un peu plus contre moi, transforme la simple étreinte en carcan. Tiens moi fort ma Selda, pour pas que j’disparaisse, pour pas que tu tombes toute seule, sers moi fort que j’ai envie de lui murmurer au creux de son cou. Là où le souffle brûlant est abandonné et où le bout du nez se perd dans la tignasse sauvage. Rester là, à humer son odeur, pour à jamais m’en souvenir. Rester là, a sentir ses petites mains tatonner contre mon échine, s’emparer de ma peau et ne plus vouloir la lâcher. Griffes moi Selda, laisse moi des marques sur le corps si ça m’empêche de t’oublier. J’veux pas… J’peux pas… Madre dios, je ne veux pas vous laisser.
Et puis tes mots qui viennent lentement chiquer mon esprit et m’obligent à me relever. Abandon de la nuque, là où ça sent bon, où ça a la saveur de l’interdit et le goût de l’amour. Les missions, rien du tout pour des hommes et des femmes comme nous. Tu as raison mi hermana, ce n’est rien tant que c’est fait pour la Cala, ce n’est rien. Ça ne compte pas. Soldats d’un siècle moderne qui pourtant, gardent en eux les chaînes de l’esclavage. Mais ils l’ont choisi, d’être mis au fer. Ils ont accepté ce destin. Et ils l’aiment tellement qu’ils se sacrifiraient si on leur demandait. Si lui, le demandait. Le Commandante. Qu’il ait le nom de Costilla ou d’un autre, un ordre, un murmure de la part du chef et les soldats se jetteraient du haut de la falaise. La trahison, parmi nous, ça n’existe pas. C’est à la vie, à la mort qu’on a signé.

J’ai les yeux plantés dans les tiens et je le ressens, le malaise. Il m’égratine un peu l’coeur alors que tes mains Selda, continuent de se refermer sur ma chair. Je te connais plus que je me connais mi amor. Alors pourquoi te pinces-tu les lèvres ? Pourquoi as-tu du mal à me parler alors que j’ai été si sincère ? Pourquoi… Et le nom du père remplace le silence mais pas le malaise. Vicente. Celui qui savait mais qui n’a rien dit. Cet homme qui aurait pu apporter de l’amour à une gamine qui ne faisait qu’en quémander. Ce nom que je déteste de tout mon être pour n’avoir pas osé la regarder. Pour la protéger. À d’autres, hijo de puta. On ne laisse pas de côté la chair de sa chair, encore moins quand elle a la perfection de Selda.
Mon souffle qui s’accélère un peu, le palpitant qui continue de s’éreinter à force de changer de cadence. Il voulait te protéger, il ne voulait pas que tu sois en danger ou qu’on t’utilise toi, pour l’atteindre lui.  La rage qui crépite au sein de mon poitrail alors que les mots continuent de sortir des lèvres de la sicaria. Tu ne voulais que son regard, qu’une oeillade, qu’un sourire. Rien que ça ma Selda. Et il ne t’a rien donné. Et notre amour ne te suffira pas. Comme le tien ne me suffira pas pour rester. Encore un abandon que tu vas devoir accepter Miralles, encore un adieu à faire sans réellement connaître celui que tu pensais aimer.
Retenir mes paupières qui veulent se fermer sous l’aveu difficile de la sicaria.Tu savais, qui il était. Tout ce que tu as toujours fait, c’était pour l’attirer lui et avoir son approbation. Pour qu’il soit fier. Et j’comprends tellement ce qui déraille au creux de tes lèvres ma Selda, l’aval du paternel, ça a une importance capitale dans nos rangs. C’est comme un sceau apposé sur un coeur, la brûlure est terrible mais après, on se sent entier. Alors quand tu fonds contre mon épaule et que je sens ton souffle s’écraser sur mon épaule, je t’approche presque brutalement de moi, le visage qui se niche à nouveau contre ta nuque et tout mon corps s’embrase pour toi. Entoures tes jambes Selda, agrippes toi à moi et ne nous lâchons plus. J’ai les doigts qui courent sur ta peau, les os du bassin qui s’entrechoquent contre les tiens et mon torse qui écrase ta frêle poitrine. J’ai besoin de te sentir en vie Selda, de savoir que ton coeur tambourine encore malgré la douleur et ta difficulté à respirer. Raccroches toi à moi Miralles, promis, je te préviendrais, quand je serais sur le point de tomber. “Les coeurs se reconnaissent quand ils palpitent dans la même cadence…” Ne pas pouvoir lui dire me brise en deux, les mots sont difficiles à sortir mais je continue alors que les syllabes deviennent murmure, qui glissent tendrement au creux de son oreille. “...et ce que tu ressentais pour lui, il devait le  savoir… Un coeur qui crie Selda… On ne peut pas l’ignorer longtemps…” Et il t’a entendu hurler mi hermana, il a su que c’était toi, il te connaissait, il… N’avait juste pas assez confiance en la Calavera  pour savoir qu’elle te protégerait en cas d’attaque contre lui. Ou que personne ne laisserait quelqu’un utiliser l’enfant pour briser le père. On ne touche pas à la famille et ça, Vicente ne l’avait pas assez compris. “ Ecoute moi Selda… Je... “ L’hésitation au creux de ta nuque, le murmure qui devient presque inaudible. La peur tangible d’aller trop loin. Mais ne pas vouloir te laisser comme ça… Avec un premier trou dans le coeur et une balle de gros calibre sur le point d’en faire un second. “... Je sais que tu ne me dis pas tout, que ...tu me caches quelque chose mais… C’est okey mi hermana, j’accepte… Quand tu te sentiras prête, tu me parleras… De ce qu’a vraiment vu ce juge… Tu es trop forte pour que ce soit uniquement Vicente qui te mette dans cet état. Car on est pareils. Et mon père à moi ne m’aurait jamais fait cet effet là.”  Non, lui Alejandro, il t’aimait tellement qu’il a voulu te plier en deux et te reconstruire à son image. Faire de toi, son plus bel ouvrage.  

Clore les paupières, quelques secondes, comprendre que si tu m’as menti c’est que la chose au creux de ton palpitant est bien plus difficile à accepter et à dire. Alors je saute à pieds joints dans la vérité, j'accepte que tu connaisses, mon vrai secret. “Ne réagis pas…Ni maintenant, ni après. Ne dis rien… Jamais. Je te fais entièrement confiance Selda...et j’espère qu’après ça, quand tu seras prête, tu me feras entièrement confiance aussi… Ça fait du bien, de dire la vérité, tu sais...“ et me serrer encore plus, jusqu’à l’étouffement, jusqu’à faire du murmure un souffle que personne ne pourra entendre. “.... je suis malade… j’vais bientôt mourir Selda. Y’aura pas de carte postale.”  Et réouvrir les paupières, regarder dans le vide, vers ce mur et souffler. Car jamais, je ne les avais dis tout haut, ces mots. Jamais je ne m’étais réellement avoué que la fin, elle était plus proche que ce nous pensions. “.... On dort maintenant ? Ça m’gêne pas qu’on s’imagine qu’on a passé la nuit à batifoler toi et moi mais bon...On va être crevés...” Et sourire, au creux de ton cou, abandonner un baiser, sur ta peau si douce. Et faire comme si rien n’avait été dit. Comme si tu ne m’avais pas menti et que moi… Je ne t’avais pas tout avoué.

Mais tu sais, mi hermana, c’est le rôle d’un grand frère, de faire le premier pas. D’être l’exemple, de montrer le droit chemin.

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help me realize: if life is a battle, i don’t have to fight it alone. (jan) - Dim 23 Sep - 23:15

are you okay ?


- yeah, just tired.

T  orn apart.
I  nsecure.
R  eally faking my smile.
E  xtreamly sad.
D  rowning in my thoughts.

Aucun mensonge ne passe ses lèvres. Juste une vérité, pour occuper le silence pesant après la question. Une parcelle authentique de ce qui façonne ses réactions troublées, ses pensées malmenées. Qu'elle en offre un peu, parce qu'elle ne peut faire autrement. Pas quand il n'y a que lui et elle, la nuit pour seul décor, le néant encadrant leurs silhouettes emmêlées. Elle est obligée de parler, pour oublier tout ce qu'elle continue à lui taire. Alors, c'est Vicente qui s'amène près d'eux, le souvenir ramené de force des tréfonds de sa mémoire. Le malaise qui s'installe lentement en travers de sa gorge, dans la difficulté des mots qui s'en extirpent. Compliqué, de parler du père, de ces confessions gardées en sourdine dans un coin de son crâne. Malgré le mal qu'elle a, à débiter ce qui l'a heurtée sous le regard du prophète, c'est toujours plus simple que le reste. Et elle s'arrache aux grands yeux de Jan, de peur qu'il ne le lise, au fond de ses pupilles désolées. Cet air de lui demander pardon, pardon pour ce qu'elle ne parvient à lui dire, pas même après ses efforts à lui. Elle ne se sent pas à la hauteur, la sicaria, battements en pagaille qui s'écrase dans le torse du frère. Elle la mérite pas, cette étreinte. Cette chaleur qui chasse les vagues glacées ankylosant ses veines, froissant ses muscles. Cette présence qui a toujours éclipsé le reste, bouleversant ses airs distants, creusant jusqu'à la tendresse éveillée à son égard. Elle l'aime, Jan. D'puis longtemps, maintenant. Inconditionnellement. Et en silence, elle l'espère, quand ses jambes se resserrent autour de lui et qu'elle en oublie presque de respirer. Qu'il l'excusera, pour sa lâcheté. Pour ces précautions prises depuis vingt piges, dans une méfiance infinie, envers chaque personne qu'elle rencontre. Même lui. Et ça lui arrache un frisson, dans la brûlure de ses bras. De sortir de force du déni, de l'idée que c'est mieux ainsi. De ne rien lui avouer de ces visions qui lui éclatent les nerfs optiques. P'tetre bien qu'elle se plante sur toute la ligne. Qu'elle aurait pu le lui confier, comme tout l'reste, au lieu de s'échiner à porter cette tare en solitaire. Jan, qui a toujours manié les mots avec une habileté éveillant son admiration. De quelques paroles à son oreille, c'est son souffle douloureux qu'il apaise, et elle finit par fermer les yeux. Elle n'sait pas s'il le savait, le padre. Mais si Jan le dit, elle risque de le croire. Et ça la chamboule, ça remet tout en question. Elle aimerait chasser la pensée, oublier tout ce qu'Ezeckiel a ramené à la surface, et elle remercie presque le capitano de faire diversion. C'est à ses murmures qu'elle s'accroche, lâchant un « Hm ? » épuisé, s'éteindre dans le muscle de son épaule. Elle se sent vidée, forces jetées au néant. Elle se trompe.

Chute de dix étages quand Jan se remet à parler. Prunelles sombres se plantant au-dessus de son épaule, elle ne voit pourtant rien de la chambre qui les entoure. Immobile, son dos se tend dans les mains de Jan, le palpitant s'affole. Il sait. Il sait, qu'il ne sait pas tout. Et dans son ventre, quelque chose se déchire. Perdóname. On dirait qu'elle essaye de s'faire oublier, à ne plus bouger d'un poil. Comme si ç'allait suffire à excuser ce foutu silence qui ne faiblit pas. Jan sait, et la culpabilité l'écorche vive. Même s'il se montre compréhensif. C'est presque pire. Elle a merdé, elle aussi, le sait. Malgré tout, ça ne l'empêche pas de continuer à la boucler. Sa réaction, ça lui réchauffe le coeur autant que ça la bouffe à p'tit feu. Condamnée à accepter son tort, elle qui a toujours raison, la douceur de Jan ne parvient à effacer sa faute. Alors, elle le serre un peu plus fort, encore, à en tatouer les reliefs de son corps contre sa peau, miroir de ses gestes qui les rapprochent jusqu'à ne plus distinguer où commence l'un, et où s'arrête l'autre. Elle la sent venir, la nouvelle implosion. Celle qui s'insinue derrière les mots, trace son chemin de manière implicite. Elle se tient prête, même si elle ne pourra jamais vraiment l'être. Elle aimerait lui dire qu'elle lui fait déjà confiance. Plus qu'à quiconque. Que c'est elle qui a un problème, à ne pas être foutue de lâcher prise. « D'accord. » Qu'elle souffle, sans être certaine qu'il l'ait entendue. D'accord, elle ne dira rien. D'accord, elle ne posera pas de question. Et dans l'fond, elle le pressent presque. Ce qu'il va finir par lui avouer, après cette promesse qu'elle lui a fait. Parce qu'elle le connaît. Qu'y'a cet instinct qui ne la trompe pas, oracle ou non.

« No. » Ses lèvres qui le formulent, sans que la voix ne suive. Elle ne dira rien, elle l'a accepté. Et tout s'effondre. Elle se noie, Selda, dans la sueur et l'effroi. Impulsion aux cils, larmes qui pourraient jaillir, s'il y'en avait encore en réserve. Malade. Malade. Elle voudrait hurler qu'elle ne pourrait pas. Elle voudrait chialer que ça ne sortirait pas. Jan est malade. Jan va mourir. Bientôt. Et ses muscles ramollissent. Se liquéfient contre lui. Carcasse de chiffon se laissant porter par les mouvements de sa respiration. Tout prend subitement sens, mais y'a aucune logique à ça. L'idée même qu'il disparaisse, ça n'passe pas les barrières de son crâne. Elle se défend contre ses mots, en silence. Répond un peu mécaniquement, quand il abandonne le sujet. « On dort, si. » Un baiser qu'elle dépose sur sa joue, en réponse au sien. Sans trop se reculer. Pour ne pas le regarder. Ne pas percuter à quel point ses mots sont vrais. L'issue réelle. « Te quiero. » Après un silence, c'est tout ce qu'elle a à dire. Qu'elle l'aime. Et fermer les yeux dans la douleur sans nom, caler son souffle sur son rythme. Jan est là. Certitude éphémère. Jan est encore là.

CODAGE PAR AMATIS
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