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Only cockroaches left alive (Torben)

 :: abandonnés
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Only cockroaches left alive (Torben) - Lun 10 Sep - 20:34




― Only cockroaches left alive ―
You're fuckin' with the wrong wolf baby darkness gonna break your light
No prayer gonna part my thunder no one's gonna change my mind
You're fuckin' with sickness baby your heart is a plague on mine
Torben Rawne & Vasilisa Nodievs


Le bouquet de fleurs qu’elle trimballe comme un poids mort tire autant la gueule qu’elle. Elle n’a pas la délicatesse ni la fraîcheur d’une rose aujourd'hui, Vasilisa. Elle pourrait faire bouffer les pissenlits par la racine à quiconque oserait se dresser sur sa route. L'humeur génocide, les talons qui claquent sur le carrelage bien lustré et dont l'odeur de javel lui donne la nausée. Elle n'en revient pas d'être là, d'être venue à sa rencontre. Torben Rawne. Secrètement elle espère qu’il est allergique aux fleurs et qu’il s’étouffera avec dans son sommeil. Elle compte bien l'aider à se retrouver les pieds devant, deux étages plus bas. Cette pensée lui sert de justification pour sa visite incompréhensible et la carte de bon rétablissement sur laquelle elle a griffonné un « Connard » juste pour la forme. Attentionnée, elle ? Plutôt mourir une seconde fois. Pourtant elle avait suivit ses faits et gestes, avait placé une option sur son nom, laissé ses oreilles traîner sur les péripéties l’homme qui lui avait si stupidement donné son nom et sa carte de visite. Qui avait fait l’erreur de la laisser en vie. De rage elle aurait pu la réduire en milles morceaux, s’élancer à sa suite pour en finir définitivement avec lui. Mais au lieu de cela elle s’était contentée de rester en retrait, gardant précieusement le bout de carton imbibée de son sang comme un mémento, pour ne pas oublier l’odeur de la chasse. Pour ne pas oublier la dette contractée malgré elle. Une note à valeur d’assassinat, le refus du match nul qu'il leur a imposé. Alors elle traîne ce bouquet comme un affront, une trêve forcée, semant des pétales rouge colère derrière elle dans les couloirs de l’hôpital.

Elle espère le trouver déjà mort, histoire de fleurir sa tombe avant de faire la danse de la joie au rythme inexistant de son encéphalogramme. Elle a apprit ses mésaventures par hasard, au gré des rapports de la Bratva qui ont suivi la mascarade. Si elle avait su que la soirée finirait ainsi, elle serait peut être restée plus longtemps pour se repaître du chaos. Mais Wolfgang l’avait renvoyée à la maison de force aussitôt que son taux d’alcoolémie était passé du stade « acceptable » à « non ce n’est pas ma femme qui vient de finir son huitième verre de champagne ». Et autant dire que cette limite avait été très rapidement atteinte. Apparemment Mr Rawne était dans le collimateur de beaucoup de monde et elle n'avait eu aucun mal à trouver dans quelle chambre il avait été hospitalisé. Bien sûr elle avait dû attendre la fin des heures de visites, préférant éviter d'attraper un coup de soleil mortel. Cela aurait été le comble. La nuit bien avancée, elle s'était faufilée par la porte des urgences, résistant à l'appel de l'hémoglobine qu'elle pouvait sentir dans l'air. Peut-être un accident de la route ? Une agression au couteau ? En tous cas ça fleurait bon la souffrance. Son excitation prédatrice se trouva cependant vite en berne. Car elle sentait aussi l'odeur de morphine, de désinfectant et de maladie. Elle s'était pincé le nez avec dégoût. Oh ce qu'elle détestait les hôpitaux. Comme une impression de faire ses courses dans une décharge ; non jamais elle ne s'abaisserait à dîner ici.

Bien vite interceptée sur son chemin, elle s'était contentée de plonger son regard dans celui des urgentistes, infirmières et autre médecins qu'elle avait croisés. Tu ne m'as pas vue, continue ton travail. Qu'elle avait marmonné du timbre impérial de l'Oupyr. Alors ils avaient ignoré sa silhouette décidée martelant le sol, impitoyable. Une mauvaise augure, une dame de minuit qui avait finit par se déplacer comme le loup dans la bergerie. La porte à peine grinçante, silencieuse intrusion dans la pièce plongée dans le noir. Elle peut distinguer sa silhouette sur le lit, elle n'a même pas besoin des rayons de lune qui peinent entre les lamelles du store. Il dort, ou sait très bien prétendre. Ses talons aiguille sont maintenant anormalement silencieux sur le carrelage, ses vêtements bruissent à peine en suivant ses mouvements agiles. Elle peut entendre sa respiration régulière, sentir le sang pulser dans son cœur. Elle est rassurée malgré elle. Cela aurait été dommage qu'il crève autrement que par sa main. Se glissant plus près du lit, elle décroche habilement le bouton d'appel d'urgence, le poussant du bout du pied pour le faire rouler sous la table de nuit. Oups, c'est embêtant. Elle dépose le bouquet de roses à moitié fanées à son chevet, se hissant délicatement sur le bord du lit, sa hanche se cognant contre la sienne. Elle croise les jambes, tirant sur le bord de sa jupe pinceau en lissant les plis. « Je venais pour le don du sang, mais on dirait que t'en as déjà perdu bien assez. » Qu'elle susurre à moitié, un sourire terriblement amusé sur le visage. « Qui dois-je féliciter pour t'avoir refait le portrait ? » Elle fait distraitement courir sa main le long de son bras et du cathéter au creux de son coude. « On dirait bien qu'à chacune de nos rencontres l'un d'entre nous se retrouve les fesses à l'air, je dois avouer d'habitude je préfère que ce soit moi. » Qu'elle se moque dans un rire, détaillant sa blouse d’hôpital ridicule sous les couvertures. Elle fait mine de remettre en place son col rond sur ses clavicules, ses doigts s'attardant sur sa gorge. Elle sort la carte de visite de sa poche, la portant à ses lèvres pour en mordre le coin du bout des lèvres. Elle peut presque encore deviner le goût, le flux divin. « T'as raté ta chance une fois, je me suis dit que tu étais prêt pour le deuxième round. Mais vu ta gueule, j'ai presque pitié. » Elle pose la carte sur son torse, la tapotant du plat de la main, fausse compassion. Elle n'a pas oublié la douleur de ses côtes brisées, les blessures sur son visage qui ont bien vite disparu sous les doigts d'un thaumaturge. Mais ce qu'elle a encore moins réussit à oublier, c'est combien elle s'était sentie puissante de voir ce petit dieu de pacotille à genoux. Et ce plaisir là, valait de supporter tous les hôpitaux du monde.
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Only cockroaches left alive (Torben) - Mar 11 Sep - 0:28

Je navigue à l’aveugle, dans une mer noire, couleur d’huile, sur laquelle ne se reflète aucune lumière et qui ne porte pas le moindre bruit. Je suis seul avec ma propre conscience, et c’est une perspective effrayante. Je délire sans doute, sous l’effet des médicaments qui passent dans les poches. J’ai besoin de plein de trucs, pour mon poumon. Transpercé, mais sans dégâts létaux une fois pris en charge par la chirurgie moderne. Je n’ai pas si mal. Mais je suis lourdement sédaté la majeure partie du temps, pour éviter de trop bouger, de trop m’épuiser. J’ai somnolé des heures durant cet après-midi, l’impression qu’un connard m’avait planté un pic à glace dans la poitrine et le remuait dans tous les sens. Ca me donnait du temps pour réfléchir. Je me rappelais, parfois avec ironie, à d’autres moments avec plus de désespoir, que je m’étais dit qu’il était temps de faire ma propre introspection maintenant que je me trouvais aux portes de la mort. J’étouffais dans mon propre sang et je ne souffrais pas tant de la blessure ouverte ou de mes os que du sentiment de me noyer, de mourir lentement, en ayant le temps de connaître chaque sensation, de la suffocation au désespoir.


Je naviguais sur la mer noire de mon âme. Vide. Creuse. Il n’y avait rien à voir ici. Rien à contempler. Les regrets étaient légion, mais ils erraient eux aussi, lampion à la main, sur de frêles esquifs qui ne souffriraient pas dans une étendue aussi peu agitée. Il n’en reste pas moins que les spectres eux, sont légion dans cet endroit. On les entend hurler dans la brume d’un gris crasseux. Mes Fantômes. Ils sont là. Ils ne me lâchent jamais. Je les entends susurrer leurs complaintes au creux de mon oreille. Quand je me retourne, personne derrière moi. Et je me tiens la poitrine ; mal à l’intérieur. Je les revois tous, fugacement, au milieu des panaches et des volutes du brouillard de ma conscience qui reflète leurs traits. Cet homme à Montauban. Puis, ces Pashtounes. Les villageois et le petit garçon, cet agglomérat de visages étrangement si étrangers et si familiers à la fois. Les Talebs. Les Rebelles et les Loyalistes de Damas. Les salauds à Mossoul. Les miliciens à Bangui. Cet homme à Bagram. Celui à Ankara. Cette fille à Tombouctou. Le jeune à Portland. Ces deux mecs à Arcadia. Déjà deux. Le visage de mes camarades me hante aussi. De ces hommes dont je savais tout. Dont j’avais été plus proche que leurs propres parents. Teutatès, le Dieu-Père. Protecteur de la Tribu. J’avais su les préserver de l’ennemi. Mais de nous-mêmes ? Je revoyais Cannet, un gosse avec le visage baigné de larmes qui ravageaient la peinture de camouflage sur son visage. McHall, livide et silencieux. Germain, qui ne dit rien. Et qui regarde un horizon qui n’existe plus.


Je sens autre chose. Et quand on me touche la jambe, je me réveille en clignant plusieurs fois des yeux, les écarquillant au passage avec difficulté. La peur de ne pas me réveiller pour de bon. D’avoir un rêve dans le rêve, comme ça arrivait souvent, avec les anti-douleurs et tout ce qu’ils me donnaient. Aussitôt, un afflux de sentiments. Violents. J’essaie de distinguer la silhouette assise contre moi. Je manque d’air, et ça empire quand je reconnais l’invitée en même temps que ses émotions.


Oh, non.


Je déglutis et je me frotte les yeux. Je me calme. Comme avant un saut en parachute avec la section. J’essaie d’inspirer lentement par le nez, fermant les yeux sans me crisper pendant un moment, en essayant de retrouver pas mal de calme. Je laisse passer les insultes et les menaces. Elle avait survécu. Je ne savais pas si je devais me maudire pour ma décision à son sujet ou me sentir soulagé. Un peu des deux ? Mon regard glisse sur mes couvertures. Merci à tous les putains de dieux de ce monde pourri, j’avais pas viré mes « protections » avant qu’elle ne se pointe, cette radasse sans âme. Ma gorge et l’intérieur de ma bouche me donnent l’impression d’être parcheminées mais qu’importe. Je déglutis pour tenter de les humecter.



| Je dois avoir goût plastique de toute manière, avec tout le sang qu’ils m’ont transfusé. Loin de moi l’idée de décevoir ton palais si fin et si distingué. |


Je rouvre les yeux. Me frotte la joue, me réveillant péniblement. La peur et la colère d’être ainsi surpris dans mon sommeil m’aident à me tirer de la torpeur de ma convalescence et de ma fatigue.


| Je ne sais pas qui m’a tiré dessus. |


Pieux mensonge. J’essaie de me redresser sur mes bras flageolants d’épuisement, pour me caler dos contre oreiller. Pas de bouton d’appel d’urgence. A quoi bon, de toute façon ? Cette connasse aurait pu tuer les renforts éventuels. C’était mon problème, maintenant. Alors je décide, malgré la situation, mon absence totale d’armes, de vêtements ou même d’idées par la seule chose qu’il me restait en dehors de ma moustache ; ma langue.


| Je suis content que tu aies utilisé ma carte et que tu sois venue me remercier de t’avoir sauvé la vie, la dernière fois. Je n’allais pas te réclamer de renvoi d’ascenseur ; je l’ai fait totalement gratuitement. Personne ne m’aurait vu t’achever avec cette pierre, ce soir-là, mais je me suis dis qu’il y avait encore du bon en toi. Pas beaucoup, mais suffisamment. Et en moi aussi. Sinon, tu ne serais pas là à m’accabler de ton mépris. C’est gentil pour les fleurs. Mais j’aurais préféré du whisky. |
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Only cockroaches left alive (Torben) - Mer 12 Sep - 20:29

Elle aurait dû en rester là. Il faut dire qu’une fois que vous avez essayé de tuer quelqu’un, toute conversation subsidiaire paraît bien vite ennuyante en comparaison. Non pas qu’il avait l’éloquence la plus admirable qu’elle ait jamais vu. Bien au contraire. Mais le fait est que si elle avait toujours envie de lui caler le coup fatal entre les côtes, elle avait aussi un agenda à satisfaire avant d’assouvir cette nécessité. Alors si elle le regarde toujours comme la dernière gougère au fromage d’un buffet qu’elle ne peut encore atteindre, la prédatrice en elle est bien loin de passer à l’action. Pondérée, docile et presque attentionnée elle l’observe, entortillé dans sa dignité perdue. Elle avait eu tout le loisir de repenser à leur première rencontre. D’analyser les faits pour en tirer des hypothèses. La manière dont il avait résisté à ses attaques là où beaucoup seraient déjà tombés sous les coups. Sa capacité à sentir sa férocité même lorsqu’elle s’était camouflée à ses regards. Et si elle ne s’était pas rabaissée à faire des recherches sur la divinité prétendue qui l’habitait, elle ne pouvait rejeter cette indéniable intérêt pour cet homme qui lui avait tenu tête. Merde, elle avait la curiosité végétarienne de ceux qui s’enquièrent de la vie passée du steak dans leur assiette. Elle était en train de faiblir, elle aurait dû l’achever et ne plus y penser. Tout était de sa faute à lui et ses conneries, et cela ne faisait que l’énerver encore plus. Oh ce qu’elle détestait lorsque ces résidus d’humanité venaient chatouiller sa conscience.

Il se réveille comme une biche prise entre les phares d’une voiture et la mort. Il a l’air bien surpris de la voir malgré l’absence de cri aigu qu’elle avait espéré parachever sa dégaine pitoyable. Il se contient autant qu’elle. Très bien. Cela aurait été contraignant si elle avait déjà dû attraper le bouquet de roses et ses tiges acérées pour lui faire un gommage du visage. Ou si elle avait du l’étouffer avec un oreiller. Il ne réponds même pas à ses hostilités verbales par ce langage qu’elle lui sait si sale et éhonté. Voilà ce qu’elle aurait dû lui amener, du savon pour laver sa bouche profane. Mais il se contente de parler de manière factuelle, il prend même son temps pour s’extirper des bras de Morphée.  « T’en fais pas chéri, avec toi j’ai déjà goûté au pire. Alors entre lécher le plastique de la poubelle ou les ordures, je suis habituée à être déçue. » Qu’elle lui réponds d’un clin d’œil malicieux. Bon en vrai elle hésitait un peu, qui sait quelles cochonneries ils lui avaient donné comme médicaments. Elle n’était pas une sale hippie, Vasilisa. Mais pour garder la santé elle préférait éviter de manger des humains transgéniques. Il n’avait pas tort : s’il avait reçu des perfusions, alors le sang dont elle s’était délectée était sûrement teinté d’autres globules parasites. Il l’avait mine de rien coincée sur ce fait, et elle enrageait intérieurement. Elle échappa un rire lorsqu’il lui annonça qu’il n’avait pas vu son agresseur. C’était la meilleure. « Tu me déçois vraiment, je te pensais plus coriace que ça. Je vais être jalouse si un inconnu a réussi à t’envoyer à l’hôpital à ma place. » Si elle pouvait applaudir le tireur pour l’avoir fait souffrir, elle avait faillit perdre le droit à sa petite revanche à cause de lui. Et personne n’a le droit de lui ôter le pain de la bouche.

Elle croise les jambes dans l’autre sens, prenant un peu plus appuie contre le bord du lit pour se tourner vers lui. Elle écoute sa tirade avec attention. Ce sont les réponses aux questions qu’elle s’était posée depuis. Ce n’était pas l’incrédulité d’une victime qui l’avait traversée, mais elle était persuadée qu’il allait craquer et répandre sa cervelle sur le pavé. Peut être l’avait elle mal jugé, peut être était il plus noble que ce qu’elle espérait. Elle n’était pas déçue dans le fond, bien au contraire. S’il fallait qu’elle le pousse encore plus loin pour qu’il franchisse définitivement les limites, qu’il arrache son masque de gentil couillon, elle le ferait. Peut être qu’il restait encore assez de bien en elle oui, qu’il y croit si ça lui chante. Mais elle était en croisade pour éradiquer la sienne de bonté divine. Elle lève l’index comme pour l’interrompre, lui adressant un sourire enjôleur. « Pas du mépris. » Qu’elle le corrige. Pas de la pitié pour sûr. « Mais de l’intérêt. » Conclue-t-elle. Une affection beaucoup trop malsaine. « Promis je t’offre une bouteille de whisky si tu sors d’ici vivant. » Mi-menace, mi-constatation. « Mais pour l’instant vu ta gueule, tu devrais te contenter des yaourts et des petits pois de l’hôpital. » Ajoute-elle avant de se baisser pour retirer ses chaussures d’un geste délicat. Elle les rassemble sur le côté avant de reporter son attention sur lui. « Pour ce qui est des remerciements… » Comme une panthère prête à bondir elle dodeline des épaules en s’approchant de lui, ses mains prenant appuie de chaque côté de son corps. « Je n’ai pas encore décidé. » Elle lui adresse un sourire carnassier, les pupilles monstrueusement fixes de l’Oupyr déviant sur son torse où une tache de sang frais vient d’apparaître sur le tissu de sa blouse. La plaie sous le pansement à du se remettre à saigner. Elle y appuie à peine son pouce, portant cette empreinte digitale sanglante à sa bouche. Elle en considère le goût un instant avant de parler. « Si tu veux on peut faire comme si tout ceci n’était qu’un cauchemar. Je ne fais pas de bruit et tu fais semblant de dormir. » Elle se colle un peu plus contre lui dans la pénombre, ses doigts se posant sur le pansement au travers du vêtement.  « J’te montre les miennes si tu me montre les tiennes. » Qu’elle murmure avec une pointe de provocation. Il lui avait coûté terriblement cher en thaumaturge après coup. Mais toutes les marques qu’il avait laissées sur son corps avait disparu. Et elle se demandait s’il avait fait de même ou si elle pouvait encore voir les traces de leur violence sur le sien. Et tant qu’à faire, elle pouvait bien en laisser d’autres s’il n’était pas galant et recommençait à vouloir lui éclater le crâne. Ils auraient dû en rester là mais il est trop tard pour reculer.
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Only cockroaches left alive (Torben) - Mer 12 Sep - 21:39

Je n’ai pas peur. Pas vraiment. C’est un sentiment étrange. Mais je ne pensais pas qu’on pourrait à nouveau me foutre la pétoche pour ma propre santé après les deux derniers pics de ces derniers temps, avec en tête le combat presque jusqu’à la mort avec la Oupyr, et ensuite ce moment précis où j’avais senti dans la tête de cet inconnu qu’il allait presser la détente et que mon destin consistait à me mettre entre lui et sa cible. Le premier épisode avait été d’une violence extrême ; j’avais été transpercé par des bouts de bois, mordu et battu jusqu’à m’étouffer à demi avec mon sang et ma salive, la langue malmenée d’un coup de dents. Je n’en étais sorti qu’éreinté, couvert de saloperies. On aurait sans doute dit un zombie tout droit sorti de Walking Dead ou ce genre de conneries. Un rebut humain. Mais j’avais tout donné. Et je pourrais marquer ça sur mon putain de cv. « Tueur de vampires ». Me restait plus qu’à me trouver une Buffy moulée dans un pantalon cuir et bang, j’vous reforme la D-Generation X. Mais même si je faisais le mariolle, il n’y avait rien de pire qu’un combat au corps à corps. Parce que ce n’est pas comme la menace semie-aveugle d’une fusillade, ou de tirs d’artillerie, contre lesquels on ne peut pas faire grand-chose. Au corps à corps, on voit son tueur ou sa victime droit dans les yeux. Un mauvais geste, un temps de retard, et vous vous faites planter à mort. Ca vous fout le cœur au bord des lèvres et les valseuses qui cognent si fort l’une contre l’autre qu’on entend le bruit du tambour jusque Moscou. Et le coup de feu avait presque supplanté cet épisode par la certitude absolue de l’instant que j’allais crever, pour de bon cette fois. Je me rappelais du sang brûlant qui me sortait des narines, et qui remontait dans ma gorge jusqu’à ce qu’il ruisselle sur mon menton et que je m’étouffe à même le sol.


Ben c’était pas de chance les connards, j’étais toujours de ce monde.


Et je n’allais pas me laisser buter si facilement. Ni maintenant ni jamais. Elle me donne du chéri, la salope. Et qu’elle a déjà goûté au pire. Je lâche un rire satisfait en mode « hinhinhin », du mec qui est ravi de la connerie évoqué dans le souvenir de la suceuse de sang.



| Faut te résoudre à l’idée que t’es pas au sommet de la chaîne alimentaire, chérie. |


Ce n’était pas parce qu’elle aimait bouffer des gens en leur suçant le sang que j’allais pas la combattre même si elle avait des aptitudes à se chier dans le froc. De toute façon je ne savais rien faire d’autre que ça, me battre. C’était plus fort que moi. Plus fort que Teutatès. Et surtout plus fort que Torben. C’était moins difficile dans ce sens. Je grimace quand elle continue ses vacheries, manifestant mon impatience.


| Excuse-moi de pas être désolé de te décevoir. Je m’en tamponne le coquillard. J’ai fait ce que j’avais à faire. Même si ça m’a conduit aussi. |


La résolution droite et solide. Comme l’acier. Et je répétais comme un mantra, une prière personnelle, que je suis comme je suis, et je fais ce pour quoi je suis fait. J’ai le sentiment qu’elle fait exprès de me coller. De changer ses jambes de posture, ce qui l’incline légèrement en arrière, me faisant encore plus sentir sa présence contre ma jambe. Je ne la retire pas, je ne veux pas manifester la moindre gêne, la moindre ascendance qu’elle pourrait avoir contre moi. La bête me précise qu’elle ne me méprise pas, mais que je l’intéresse. Je fronce les sourcils.


| Je préfère le mépris. |


Au moins ça rendait les choses beaucoup plus claires, d’autant que je sentais bien l’attachement qu’elle ressentait, sous une forme étrange et pervertie, à mon endroit. Elle me dit qu’elle me ramènera du whisky si je m’en tire, mais dommage pour elle, je vais bien m’en tirer, et le whisky risque de ne plus me faire le moindre effet si mon expérience de l’après-midi avait été bien menée. Et elle retire ses chaussures. Je tique. Claque de la langue contre mon palais, manifestant ma désapprobation.


| Ca va ? Tranquille, tu t’installes ? |


Je la dévisage quand elle se rapproche à nouveau, gracieuse, féline… Dangereuse. La peur montait, mais je la dominais aisément. Je l’accueillais comme une vieille amie et m’en servait pour me concentrer. Pour réfléchir plus vite. Je sentais son appétit enfler en elle. Et elle me touche. Ce contact me met mal à l’aise. Je n’ai jamais aimé qu’on me touche sans que je sois d’accord a priori. J’étais très tâtillon là-dessus, mais je n’avais pas la force de lui expédier mon poing dans la gueule. Ce qui ne voulait pas dire que j’étais sans arme. S’il le fallait, après lui avoir ouvert le crâne à coups de pierre et l’avoir laissée pour morte bien qu’en train de se regénérer avec le sang que je lui avais donné… Je pouvais recommencer avec un moniteur. Mais le souk ne manquerait pas d’attirer l’équipe de nuit au pire, la sécurité au mieux. Alors qu’elle joue pas trop à la conne. Je n’éclate pas de colère quand elle lèche son doigt et qu’elle me menace, me promettant une suite qui lui plairait immanquablement plus qu’à moi. Je lui choppe la main qui me touchait et la serre avec toute la force que j’avais ; sans doute pas la même que la dernière fois, mais on pourrait en tout cas saluer l’effort. J’accroche son regard.


| Je ne t’ai pas laissée en réchapper pour ça, c’est bien clair ? T’as eu une chance. Mais ce sera la seule. J’ai pas envie de jouer. Et j’ai pas non plus la force de me battre avec toi ce soir. Je pense pas non plus que tu sois venue juste pour mon sang. En plus je me suis enfilé tellement d’anti-douleurs dans l’aprem sans qu’ils me fassent rien, que tu serais malade ou pire. Et tu dois bien t’en douter. Alors t’es pas venue pour ça, en vérité. J’y crois pas une seule seconde. |


Je relâche sa main.


| T’es venue pour le mot que je t’ai laissé sur cette carte. |
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Only cockroaches left alive (Torben) - Mer 12 Sep - 23:53

Elle n'aimait pas être dominée sans son accord. Ne pas être celle avec toujours une longueur d'avance, le bras long du sarcasme qu'elle pouvait étendre à sa guise pour s'exclure de situations qu'elle ne maîtrisait pas. C'est pour cela qu'elle avait si aisément accueillit la nature prédatrice de l'Oupyr. L'avantage d'un instinct décuplé, une place au sommet de la chaîne alimentaire. Voir les choses sous cette perspective accordait une certaine confiance en soi, peut-être un peu excessive sûrement. Mais elle avait trop longtemps été une victime des circonstances pour refuser cette part du lion qu'elle pouvait se tailler. Finit la petite femme de, finit de se mettre à genoux au bon vouloir des autres. Elle avait les dents suffisamment longues pour n'avoir plus besoin de personne. Bien sûr il y avait la Calavera, l'allégeance qu'elle respectait parce qu'elle avait juste un peu envie de voir le monde brûler. Elle ne le faisait pas par vengeance, pas par besoin de voir les traits de marbre de Wolfgang se déliter quand il apprendrait ce que sa terrible épouse a fomenté entre deux cours de fitness. Non, tout ceci elle le faisait pour elle. Pour satisfaire son ambition. Elle s'était affranchie des rôles qu'on l'avait forcée à jouer. Elle était libre d'être comme elle le souhaitait. Et si cela revenait à être une horrible personne, alors peu importe. Elle pouvait être reine de son propre royaume, elle avait le choix. Alors elle n'hésiterait pas à exercer ce droit, même si cela risquait de la tuer. Tous payaient leur pouvoirs et leur divinité d'un lourd tribut. Elle, n'était habitée que par la faim. La plus fondamentale des nécessités. Et elle avait eut le choix de comment la satisfaire, et elle avait choisit la voie la moins louable. Et alors. A l'image de l'humanité affublée des affres d'une conscience, les divins étaient les esclaves de leurs limitations, de leurs hybris et de leurs morales. Elle, avait l'innocence du loup dans la bergerie. Elle était du cercle animal, celui qui se contentait de vivre et survivre sans contraintes métaphysiques. Les dieux ne lui était pas supérieurs avec leurs conflits et leur sacro-sainteté, ils étaient les pièces d'un échiquier inutile qui ne servait qu'à compliquer le monde. Elle n'avait jamais aimé les jeux de logique Vasilisa, pas quand il suffisait de renverser le plateau pour regarder le chaos se créer.

Il ne voulait pas jouer avec elle. Pire encore, il n'avait plus de cette grande gueule que les aboiement cabot d'un adolescent de mauvaise humeur. Il n'était pas décidé à lui rendre la pareille, et elle était vexée. Faire tout ce chemin sans qu'il lui donne au moins une raison de l'insulter, rester de marbre alors qu'elle échafaude tout pour le faire sortir de ses gonds. Elle peut lui reconnaître que la parade est parfaite. Elle est aussi frustrée qu'un chat auquel on a retiré sa proie et réprimandé pour avoir simplement voulut s'amuser. L’hôpital avait dû lui donner la perfusion de trop, celle qui l'avait guérit de sa brutalité d'homme des cavernes pour simplement le transformer en tête à claques. Sa virilité avait du passer au scalpel c'était évident, il n'était même plus capable de relever le défi. Peut-être que si elle essayait de lui faire mal il allait enfin s'énerver au lieu de vaguement protester. Si elle enfonçait ses doigts sur les sutures pour les arracher, regarder le sang couler de nouveau, alors peut-être il la frapperait comme il savait si bien faire. Mais là tout de suite alors qu'il attrape sa main pour toute menace et la serre de toute sa force, elle se dit qu'il mérite plutôt qu'elle l'envoie cul nul dans les couloirs en le forçant à crier comme un poulet. Oh il avait l'air prêt à pondre un œuf pour sûr avec son air courroucé et sérieux. Elle lui avait à peine volé dans les plumes et il se rebiffait déjà. Pourquoi les hommes devenaient-ils si vite ennuyants ?

Elle se redresse aussitôt qu'il libère sa main, s'extirpant du lit dans un soupire. Étirant ses membres de tout son long, elle fait mine d'ignorer ses propos. Elle était venue pour plusieurs raisons, et le fait qu'il pointe si facilement la moins évidente acheva de l'irriter un peu plus. Cette stupide carte de visite. Elle aurait dû lui faire avaler ce jour-là. Sans un mot elle s'éloigne du lit de quelques pas, se dirigeant vers le store pour tamiser un peu plus la lumière dans la pièce. Elle n'aimait pas du tout cet ascendant qu'il venait de s'autoriser, le droit de savoir quelque chose qu'elle ne savait pas. Une information qu'elle convoitait. Ce n'était qu'une stupide note sous son nom et son numéro, quelque chose d'illisible et griffonné à la va-vite. Mais elle n'avait pas réussit à en déchiffrer le sens. Peut-être que c'était là le fruit de son cerveau qui le faisait à peine tenir debout à ce moment là, ou peut-être qu'il essayait juste de la manipuler. Dans les deux cas, soit, elle était intéressée. Si cela pouvait lui donner une raison de lui arracher les mains en plus de la langue. « Qu'est-ce qui te dit que je suis pas juste revenue pour ton corps en plus de ton sang ? » Elle fait une moue faussement choquée qui se transforme bien vite en un énième rictus moqueur. Elle s'étire une nouvelle fois, son corps ondulant comme un serpent sous ses vêtements alors qu'elle s'approche à nouveau du lit. Son regard se fixe dans le sien et elle commence à déboutonner le haut de son chemisier alors qu'elle se hisse une nouvelle fois sur le matelas. Ses doigts glissent lentement le long de son décolleté avant de plonger pour récupérer la carte qui avait disparu entre les couvertures. Elle glisse le carton sur sa langue avant de lui adresser un clin d'oeil et de lui plaquer contre le front, le rectangle abîmé tenant en place. Hello my name is Torben et je suis un crétin divin. Soit, il ne voulait pas jouer. Tant pis, elle continuerai à jouer pour deux. « Très bien, puisque tu as décidé d'être ennuyant. Dis-moi ce qui t'es passé par la tête ce jour-là. Je veux savoir ce que ce mot signifie. » Elle achève de déboutonner son chemisier avant de soupirer. « Alors dis-moi tout, pourquoi est-ce que j'ai l'honneur d'avoir été épargnée par le grand Teutatés ? » Elle grimace au nom, un goût amer dans la bouche. Il avait juste eu l'opportunité de la tuer ou de l'épargner parce qu'elle lui avait laissée. C'était elle qui avait tenu l'arme. Elle qui avait le pouvoir et le choix. Oh il ne valait mieux pas qu'il l'oublie. Jamais elle ne se laisserait apprivoiser. On n'apprend pas la roulette à une Russe.
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Only cockroaches left alive (Torben) - Jeu 13 Sep - 21:10

Je ne pouvais pas sans arrêt me cacher derrière les aléas de l’existence pour expliquer que je ne me reprenais pas en main. Il avait fallu le temps. J’avais passé beaucoup trop de temps à me morfondre. A user de mon pouvoir mais avec précaution, comme pour respecter une limite d’intrusion dans l’intimité des gens, comme pour conserver une forme d’honneur dans mon existence. J’avais été stupide. J’avais été faible. Pendant trop longtemps j’avais considéré ce qui m’arrivait comme le stigmate d’une âme délabrée par ses propres exactions. J’avais accablé mes pouvoirs et ma vie qui m’échappait pour devenir celle de quelqu’un d’autre. Ces pulsions qui initialement n’étaient plus les miennes. Maintenant, je les assumais. C’était ce que j’étais. La mort et la vie, les deux mêlés, suspendus au jugement fondamental de ce qui était bon, ou de ce qui était mauvais. Aucune arrogance là-dedans. Certains étaient faits pour créer, pour imaginer, concevoir, pour construire ou pour guérir. D’autres étaient faits pour tuer. Moi, j’étais fait pour savoir quand c’était nécessaire de le faire. Et je ne devais pas que « vivre » avec ces compétences, ces capacités, m’en accommoder autant que possible en évitant la folie qui pointait. Non, je ne devais pas me contenter de survivre dans ces conditions.


Tout ça, ces forces comme ces faiblesses, c’était ce que j’étais. Et le processus continuait. Je n’étais plus humain, ça ne servait à rien que je m’agrippe aux relents de mon humanité comme un naufragé à sa bouée de sauvetage. J’étais Teutatès, bordel de merde. Un dieu qui n’avait peut être plus d’importance ni de puissance, mais j’avais compris que ce n’était pas le plus important. Dans tout ce foutoir, j’avais un rôle à jouer. Je pouvais le repousser toujours plus fort et toujours plus loin, me noyant dans l’alcool et dans les combats de rue pour oublier ce que je devenais, ça n’était plus suffisant. Ma nature m’était revenue en pleine gueule dans les jardins de l’Eden Manor, quand j’avais dû choisir entre ma raison d’être et ma sécurité. Je sens aussitôt à quel point je frustre et je vexe la bête à crocs, qui se relève, maussade et contenant une colère sourde. Plus que du simple désagrément, je ressentais beaucoup de frustration. Je n’étais pas un petit pigeon blessé qu’elle pouvait s’amuser selon l’humeur, à tourmenter ou à le soigner. Je n’étais pas un putain de jouet et il était temps qu’elle le comprenne, mais comment y parvenir quand le message n’avait pas su s’imprimer en elle à coups de pierre dans la tête ? J’ai l’impression de voir un animal à qui on a retiré sa gamelle. Je n’en tire aucune satisfaction. Le plus dur reste à faire. Sa frustration la lance douloureusement, c’est comme si on lui avait arraché les dents et qu’on l’avait ensuite forcée à les bouffer. Je sens qu’elle va se rebiffer. Je le vois dans ses yeux et je le vois dans son âme. A moi d’estimer le bon moment.


La nuit va être longue jusqu’au matin. S’il devait y avoir un nouveau jour.


Elle ne m’écarte pas la main, et n’use pas de violence. Je sais pourtant que c’est un recours possible. Elle retire de la lumière à la pièce, même si celle-ci n’était que factice et ténue par les éclairages extérieurs du complexe hospitalier. Ce genre d’endroit m’avait toujours filé le bourdon, comme espèces de mouroirs géants. Je fronce les sourcils quand elle me parlait de mon corps. J’avais senti ce genre de malaise entre nous. Désir indirect. Pas tant pour l’autre que pour ce qu’il représentait. Je secoue la tête.



| Non. Tu connais le sang. Tu sais que ce n’est pas le moment. Et pas l’endroit. Tu tiens beaucoup trop à ta liberté. |


Il y avait des gens qui s’accommodaient très bien de vivre en cage. D’autres beaucoup moins. Elle était de ceux que ça rendrait encore plus fou. Encore plus désespérés. Elle continue de se mouvoir, non sans une lascivité qui m’était destinée, plus le temps passait et plus j’en étais convaincu. Façon naturelle pour elle de se déplacer sans doute, vue sa facilité de ce genre de mouvement. Mais il n’en restait pas moins que j’étais certain que ça m’était destiné. Et elle déboutonne son haut, soutenant mon regard, achevant de confirmer ce que je pensais précédemment. Et l’Oupyr continue sur sa lancée. Je ne me tortille pas pour retrouver de l’espace. Physiquement, ce serait elle qui donnerait le tempo. A moi de récupérer la maîtrise des événements. Je hausse les épaules, mais le mouvement me tire une grimace. C’est chiant une blessure à la poitrine, on a beaucoup plus l’habitude de gérer de la douleur sur les bras ou les jambes, qui sont d’ordinaire plus exposés.


| Je lis en toi. Tu as essayé de me pousser au meurtre et j’y arrive très bien tout seul. Alors que tu mourrais, j’ai enfin pu capter autre chose que ta faim. Tu ne voulais plus être enfermée. Dans quoi, j’en sais rien. Ta vie ? Pas difficile de comprendre que ce que t’es te piège autant que moi. Ce monde te débecte, et les gens qui le vivent aussi. Tu n’as aucun respect pour tes proies. Tu n’as aucune estime pour ces gens que tu saignes. Tu ressens moins de choses qu’un chat qui court après des piafs. Et c’est aussi de tout ça je pense, que tu voulais être délivrée. |


J’inspire en me redressant tout à fait en position assise, même si le mouvement m’en coûte. Nous sommes plus près, et je la dévisage toujours calmement.


| Tu as raison. Je suis un tueur, moi aussi. Et j’y ai pris autant de plaisir que toi. Mais la mort pour la mort ne m’intéresse pas. Seul compte le châtiment, et je n’étais pas certain à cent pour cent que tu le méritais. Alors nous y voilà. Prouve moi que je me trompe et démolis-moi. T’en as le pouvoir, et la volonté. Ou prouve-moi que j’ai raison, et dis-moi ce que tu cherches au fond. Pourquoi toute cette rage. Cette haine glacée pour le monde et les gens qui t’entourent. Dis-moi, ou tues-moi, mais tu n’échapperas plus à ton jugement. |


Que je vive ou que je meurs, j’aurais de quoi conforter des présomptions et les transformer en certitudes. Jugement donné mais justice pas forcément rendue. Ce serait toujours une étape. Cohérente avec ce que j’avais librement choisi d’être et d’assumer.

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Only cockroaches left alive (Torben) - Sam 15 Sep - 0:26

Elle ne pouvait ignorer le changement. L’avant et l’après. Ce n’était pas tellement dans les apparences, dans ces quelques rides qui s’étaient invitées en plus des cicatrices. Ce n’était pas vraiment dans les attitudes, cette rébellion chaotique et impitoyable qui lui faisait mettre un pas devant l’autre. Mais c’était la leçon impure du cœur, la mécanique qui avait cessé de fonctionner dans les détails. C’était la perte de sens derrière les sourires, l’absence de valeur entre les mots. C’était l’existence d’émotions contraires, ou la mort de toute sensation. Le chaos sait se rendre utile. Il donne la force de tout détruire, l’inhibition suffisante pour renverser cette grande table de la vie et regarder tous ces verres à moitié pleins se briser sur le sol. À moitié vides, la colère et la violence pour seules distractions. Mais une fois les bûchers éteint et les fosses communes refermées, il ne reste plus rien d’autre que le néant à combler. La psychopathie de l’oubli, l’apathie d’un individu sans autre but que la destruction. Mais lorsqu’il ne reste plus de forteresse à abattre, d’ennemi à tuer, alors le chaos ne peut plus perdurer. Trêve forcée, aliénation d’un but qui ne peut être assouvit. Une dualité, une distance entre deux points qui ne peuvent exister l’un sans l’autre. Ainsi va la balance du monde, elle ne peut jamais pencher que d’un côté bien longtemps. Et ça Vasilisa le savait. Alors que se passerait-il une fois qu’elle aurait réussi sa vengeance, atteint son but malsain ? Allait-elle simplement reposer sur les cendres une fois la ville brûlée pour faire des anges de neige noire ? Peut-être. Peut-être pas. Le passé lui semblait déjà si lointain, celle qu’elle avait été une toute autre personne. Les choses qu’elle lui dirait, à cette Vasilisa encore innocente. À commencer par avorter tout espoir à une fin heureuse. Pour elle comme pour les autres.

Il y a quelque chose qui la dérange, comme une présence dans l’air autour d’elle qu’elle pourrait presque saisir de la main. Son attitude envers elle a complètement changée. Il est plus sérieux, nullement sensible à la distraction de leurs instincts primitifs à écorcher leurs intégrités respectives. C’est son regard presque patronisant et ce calme qui le tient sous sa gueule cassée. Et si elle n’aime pas être dominée de quelques manière, si elle meurt d’envie de l’écarteler sur son lit d’hôpital, elle reste sagement silencieuse à ses propos. Elle ne s’imaginait pas que cette conversation entrerait dans une telle profondeur et elle se demande s’il ne plane pas un tout petit peu à cause de la morphine. Qui aurait cru qu’elle se retrouverait à philosopher avec un type qui avait failli être son dîner. Il est vrai qu’elle l’avait ressenti, cela ne serait que se mentir à elle-même si elle ignorait le moment d’abandon qui avait conclus à l’avantage du dieu sur la situation. Il prétendait lire en elle, et cela confirmait en partie la faculté qu’elle lui soupçonnait. Il avait été capable de survivre à ses attaques parce qu’il pouvait les pressentir. Parce qu’il avait vu clair dans son jeu depuis le début et ne s’était pas laissé enjoler. Elle prend une mine faussement outrée, faisant semblant de croiser les bras sur sa poitrine avec une pudeur inexistante, comme s’il pouvait aussi voir au travers du peu de vêtements qu’il lui restait. Regard terriblement moqueur, mais elle ne le contredit pas. Qu’il continue son monologue, toute information de sa bouche pouvait se prouver utile. Et puisqu’il était d’humeur si bavarde, autant en profiter. Mais la tournure de la conversation ne lui plaît pas. Il faisait beaucoup d’hypothèses lui aussi, il osait prétendre savoir ce qu’elle ressentait. Et si elle ne pouvait le contredire car il frappait en plein cœur, elle avait toujours le déni de vouloir le lui arracher. Il s’approche, il ose prendre confiance et chercher la maîtrise de la conversation. Elle soutient son regard sans faillir, lueur furibonde sous ses battements de cils. Il n’avait aucune gêne à lui poser la question, à l’envoyer sur l’introspection pour qu’elle se repente sur ses choix et honore cette personne qu’elle aurait pu être. Cette personne qu’elle avait été. Docile Vasilisa. Conciliante Vasilisa. Une femme dont on peut facilement se débarrasser, une femme que l’on n’hésite pas à bafouer. Il avait le culot de la ramener à ce passé pour lui demander de choisir entre la vie et la mort. La sienne elle ne l’avait pas choisie. Il la prenait pour une ouaille perdue, en quête d’un but qui la définirait. Ce qu’elle cherchait ? La raison de toute cette violence ? Le gouffre qui lui servait d’âme était sans fin, le manque à combler comme une malédiction dont elle ne pouvait se défaire. Le chaos, le sang, dans le fond ne la satisfaisait pas complètement. Imperceptiblement elle porte une main sur son ventre entre les pans de son chemisier. La vie aurait pu être simple, cela lui aurait convenu ainsi pour peu qu’elle aurait pu se libérer de Wolfgang et de toute la brava. A la place tout était devenu compliqué. Et elle avait embrassé le conflit à bras ouverts comme on se raccroche à son dernier souffle. Non il ne méritait pas de savoir les raisons de toute cette violence. Il n’était rien d’autre qu’un petit dieu de pacotille, un de plus à chercher à la contrôler. Il ne fallait pas qu’il comprenne qu’elle était devenue incapable d’aimer. Il n’avait pas le droit de regarder en elle et d’y fourrer ses sales pattes pour la salir de ses bonnes intentions.

D’un geste vif ses doigts se saisissent d’une poignée de ses cheveux à la base de sa nuque, tirant sa tête en arrière pour révéler son cou. Tout son corps bondit pour chevaucher le sien. Ses lèvres happent sa gorge dans un grognement rauque, sa mâchoire se refermant sur sa chair comme un avertissement. Elle pourrait lui arracher les cordes vocales et tout serait fini, elle n’aurait plus besoin d’entendre ses sottises. Au lieu de cela elle rentre les crocs, l’égratignant à peine lorsqu’elle retire le piège acéré de sa mandibule. Elle dessine la perlée pourpre le long de son cou du bout de la langue, relevant les épaules pour lui recracher son propre sang au visage. « Tu me dégoutes. » Qu’elle confirme dans un murmure glacé, le cœur battant à cent à l’heure. Malgré les pupilles fixes de l’Oupyr elle peut sentir ses prunelles se dilater sous l’effet de la colère. Il l’a piégée dans son petit jeu, peu importe ce qu’elle fait il se délectera des conséquences de son petit effet. Elle ne voulait pas de sa pitié souillée. « Je t’interdis de regarder en moi. » Elle halète, ses poings empoignant fermement le tissu de sa blouse et griffant son torse au travers de la fibre. Elle gronde et feule, le cœur au bord des lèvres. Elle voudrait le tuer tout de suite pour faire taire ce relent d’injustice prompt à ressortir de sa cage. La haine attisée par la douleur. Il la transforme en bombe à retardement, arrive à la blesser plus qu’avec ses mains. Tout ça parce qu’elle avait faibli et qu'elle lui avait laissé l’opportunité d’apercevoir des choses qui ne lui était pas destinées. Ses décisions revenaient la hanter. Ses cuisses se resserrent sur leur prise, elle le domine du plat de la main contre son pansement. Elle n’appuie pourtant pas. « Épargne moi tes discours de bon samaritain, tu me coupe l’envie quand t’ouvre ta grande gueule pour me faire la morale. » Elle se débarrasse définitivement de son chemisier, lui fourrant une manche dans la bouche pour le faire taire. « T’es la dernière personne qui mérite de savoir les raisons de ma haine et mon passé, c’est clair ? Te prend pas pour le judge, jury and executioner parce que le microbe divin dans ta sale tête à la curiosité morbide d’une lycéenne en pleine croissance. » Elle le cingle de sa fureur verbale, finissant par croiser les bras sur sa poitrine. Un soupire lui échappe et elle porte une main à son visage, déplaçant délicatement la masse de ses cheveux d’une épaule sur l’autre. Elle le considère un instant d’un œil maussade, échappant un nouveau soupire. « Thank god je suis russe et j’aurais pas besoin de me taper tes conneries dans l’au-delà quand tout ça sera finit. » Quand je serais morte pour de bon cette fois. Quand ils auront tous payés. « T’étais où quand la vraie justice avait besoin d’être rendue. » Qu’elle marmonne d’un murmure, s’allongeant de nouveau contre son corps. Elle s’enivre de l’odeur de sang. Celui qui pulse dans ses veines, celui qui goutte de sa blessure au travers de la compresse. Elle lui offre un sourire charmeur mais au fond d’elle tout n’est que noirceur.
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Only cockroaches left alive (Torben) - Lun 17 Sep - 23:38

Difficile d’envisager sa propre mort, mais c’était à certains moments totalement impossible à éviter, tant la probabilité devenait certitude, tant on pouvait s’en foutre aussi. Je n’avais pas envie de mourir, loin de là. Mais à force de côtoyer des malades, à force de me mêler à l’humanité et tout ce qui la taraudait sans cesse, je m’étais résigné à ce que ça arrive un jour. Et j’avais aussi appris à bien me connaître moi-même, d’avoir conscience de ce que j’étais, de qui j’étais. Mon instinct me poussait sans cesse au danger et à l’imprudence, désir de trop en faire ou de trop bien faire c’était selon, mais l’envie irrésistible de ce « trop » ne m’avait jamais permis de lutter à armes égales contre cette tendance. Et là je me retrouvais à devoir subir la présence d’un prédateur pour l’Homme avec un grand H, quelqu’un dont l’existence même confinait à la chasse et à la mort. Je reconnaissais certaines choses que je lisais dans la rouquine. Certaines émotions, et leurs nuances. Si celles-ci arboraient une palette qui m’était inconnue sous certains aspects, ce n’était pas le cas de la totalité. Et nous étions aussi semblables que différents, tout dépendait de la perspective dans laquelle on choisissait de se positionner. Je ne tuais pas des gens pour survivre, mais ma vie n’en était pas vraiment une tant que je ne me mettais pas en danger. Et elle comme moi partagions des caractéristiques communes de chasseur, même si elle faisait confiance pour cela à ses capacités physiques et surnaturelles, alors que de mon côté c’était une alliance plus large entre mon expérience de la reconnaissance et de la guerre, couplée à ce pouvoir qui me permettait de « sentir » les gens et leurs intentions, de sonder le danger. Pour ce que ça me servait avec cette garce à crocs.


Elle avait constamment envie de me faire la peau, ça me faisait une belle jambe de le savoir tiens.


Je ne sais pas comment gérer la situation, mais je sais qui je suis, et globalement, je sais ce que je veux. Et je ne veux pas me faire saigner comme l’autre fois. J’aurais dû la crever ? Oui, d’accord, mais j’étais sensé juger les gens, pas les exécuter dès qu’ils me plaisaient pas. Et même si la pierre m’avait démangé dans la main au moment de la cogner, j’avais finalement su m’arrêter avec l’intime conviction que finalement, j’étais capable de réfléchir dans le feu de l’action. Son front ouvert et salement entaillé était là, devant moi. Encore quelques coups et la pierre passerait à travers. Et pourtant, je l’avais reposée, dévasté à l’intérieur par tout ce que j’avais ressenti à l’extérieur au cours de la bagarre. J’avais compris alors, que mes pouvoirs me donnaient malgré moi un statut, et que ne pas vouloir l’assumer n’avait fait que me trimballer d’une merde à l’autre au gré des événements. Oh, je ne doutais pas que j’allais continuer à accumuler les crasses et les revers violents, mais j’étais sûr qu’en m’acceptant un peu plus pour ce que j’étais et pour ce que j’avais fait, je pourrais au moins choisir les guêpiers dans lesquels j’allais me fourrer. Alors, je ne voulais plus réagir simplement aux saloperies que je voyais et que je sentais autour de moi. Je me rappelais les vieilles leçons reçues à l’armée. Servir sans subir et tout ce bordel. Virer la réaction de son vocabulaire pour lui préférer l’action. Tout ça. Je le comprenais un peu mieux maintenant, au-delà d’impératifs tactiques, il pouvait même s’agir de préceptes de vie. C’était quand même encore sacrément le bordel dans ma tête et il fallait que je fasse plus pour favoriser un peu cette paix avec moi-même, mais je sentais que je pouvais y arriver.


Si je survivais.


Elle est là, elle hésite. Et elle ressent tout un flot d’émotions dont un très petit nombre seulement pourrait être qualifié de « positif » en règle générale et compte tenu des envies qui la taraudaient toujours sur ce qu’elle souhaitait m’infliger, le bilan de son âme était quand même nettement plus marqué par les moins que par les plus. J’aurais dû tenir les comptes tiens, sur le calepin qu’une infirmière m’avait amené aujourd’hui. Je n’ai pas le temps de bouger quand je sens ses émotions l’embraser et de toute manière, comment pourrais-je me défendre où m’enfuir ? Je me crispe et je grogne dans ma barbe mal rasée sous l’effort, en essayant de la repousser, mais voilà, je n’y arrive pas. Et je la sens laper de la langue le mince filet de sang qu’elle a fait couler, me le recrachant au visage d’un crachat famélique et me disant que je la dégoûte. Pourtant, tout en elle me dit que c’est plus compliqué que ça. Et que surtout, ce qui la dégoûte le plus, ça n’est certainement pas moi.



| Toi, tu ne me dégoûtes pas. J’ai déjà vu pire. Je réprouve la bestialité de ta nature et les pulsions qu’elle fait naître en toi. Mais au fond, tout au fond, tu ne restes qu’une âme humaine massacrée par ce qu’elle a dû endurer. Et ce n’est pas moi qui te dégoûte le plus, pas vrai ? Je serais plus honnête que toi en disant que je me dégoûte plus que tu ne te dégoûteras jamais. |


Je dois pourtant tenir droit dans mes bottes, maintenant que je me suis fixé cette ligne de conduite pour ce soir. Je hausse les sourcils et grimace d’impuissance quand elle m’intime l’ordre de ne pas lire en elle.


| J’aimerais bien ne pas avoir vu tout ça, mais c’est trop tard. Et de toute manière, je ne choisis pas. Ca m’est tombé dessus un soir de printemps, il y a plus de vingt ans. Ca ne fait qu’empirer depuis. |


Je sens à quel point la perspective de ce que je lis en elle la dérange. C’est plus que du malaise. Bien plus. Et ça la rend malade. Moi aussi, par extension. Elle me griffe le torse et je grogne à nouveau, bouche fermée, en la repoussant encore sans succès. J’aurais pu tenter un coup en plein visage, et je l’aurais fait sans hésiter si j’avais cru que ça pouvait m’aider mais ayant des doutes, je préférais ne rien faire pour l’instant.


| Te couper l’envie ? |


Je fais le surpris mais je l’ai senti, ce désir teinté d’écarlate qui niche au creux de ses reins. Mais je veux lui faire doublement prendre conscience de ce qu’elle dit et ressent. Mais voilà qu’elle retire son haut, dévoilant les courbes de son corps jusque sous mon nez, et elle m’étouffe à demi la garce avec le tissu qu’elle fourre dans ma bouche. La vampire y arrive sans peine, à réveiller ma haine et ma colère. Mais je la maîtrise encore, me raccrochant comme un mec perdu en pleine tempête à la seule chose qui brille assez fort pour me détourner de la douleur et de l’impression –faussée-d’étouffer. Elle continue de me tancer, de m’insulter, mais je repousse et recrache le tissu dans ma bouche alors qu’elle se pense en sécurité vis-à-vis de moi parce qu’elle est russe, avant de me lancer, mauvaise, que je n’avais pas été là pour elle quand elle avait eu besoin de la vraie justice. Et elle se penche sur moi, bassin collé, seins pressés, jambes de part et d’autres. La position aurait pu être lascive, invitation à la débauche. Mais je continue de la toiser, et dégage mes mains pour virer le bout de tissu.


| Je suis là, maintenant. Dans ce lit d’hôpital. Et je ne sais pas encore comment, mais avec tout ce que j’ai vu en toi, je reste capable de t’apporter plus de justice que tu n’en as jamais connu de toute ta vie. |


J’inspire profondément, je suis à un tournant.


| Maintenant, essaie un peu de prendre une décision sur ce que tu vas faire. T’es là à me grimper dessus en plein milieu de la nuit. Je ne te donnerais pas mon sang. Je sais que te battre ne te fait pas peur et que je ne suis pas en mesure de te repousser tout seul, mais on est au beau milieu d’un hopital qui a reçu des blessés d’une fusillade il y a quelques soirs. Il y a des flics à l’accueil. Ca fait cher payé le litron que j’ai pourri d’analgésiques et d’opiacés. Et ça fait beaucoup de risques aussi. Tu veux de la justice. Et tu as besoin de moi parce que tu en as tout simplement assez de tout ça. Pas vrai ? Alors choisis, mais si t’es pas là pour me tuer, alors laisse-moi respirer, bordel, j’ai pris une balle dans le poumon le week end passé et tu vas m’achever sans le moindre défi si tu continues. |


Et pour cause. Le cœur bat trop vite, le sang bat à mes tempes et de petites fleurs de sang éclosent dans mon champ de vision. Je me remets à saigner dans mes pansements. Je le sens, comme si ça ne venait pas de mon corps mais qu’on m’humidifiait la peau avec un gant de toilette ou quelque chose du genre. J’avais froid, et je ravalais une bile goût ferreux dans le fond de ma gorge.
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Only cockroaches left alive (Torben) - Mer 19 Sep - 21:56

Peut être craignait-elle un peu le jugement. Pas parce qu’elle avait peur de ce qu’il adviendrait de son âme non, cette considération avait disparue depuis longtemps. Mais elle redoutait le moment où tout ceci s’arrêterait, où elle devrait se présenter face à quelqu’un comme lui pour faire le bilan partial de ses actes. Quelqu’un comme Wolfgang. C’était l’ironie du siècle, une mauvaise blague du destin que l’homme qui avait foutu sa vie en l’air avait hérité d’une divinité dont la fonction secondaire était la justice. Une coïncidence toute aussi risible que celui qui se tenait aussi devant elle à essayer de sonder ses entrailles et qui prétendait tout autant la juger. Peste soit des dieux et de leur prétention. La justice était biaisée, pourrie à leurs morales variés. Si elle méritait toutes les sanctions alors elle voulait être celle qui tirerait sa révérence, disparaîtrait derrière le rideau de la scène de ses choix. Elle n’avait pas besoin d’un épitaphe divin pour définir de quel côté de la ligne elle se tenait. Elle préférerait encore la justice karmique, faire l’acte de trop et finir avec une balle perdue ou un retour de flamme. Au moins elle ne pourrait s’en remettre qu’à ses erreur. Si un homme comme Wolfgang ou celui devant elle prétendait décider pour elle, elle ne pouvait l’accepter. Elle comprenait maintenant pourquoi elle était venue le voir, le pourquoi de sa curiosité et les raisons de sa fierté à ce point piquée. Le pourquoi de ce mélange familier d’envie de meurtre et besoin de domination. Elle le sentait d’instinct, que malgré son âme unique, il avait sûrement un peu trop traîné dans un moule similaire. Comme des traits de caractère qui l’irritait au point qu’elle pouvait les distinguer partout. C’est ce calme surtout, la manière dont il contemple leur situation avec une pseudo sagesse immuable. Wolfgang lui parlait de la même manière, rarement en colère, rarement un geste déplacé. Il encaissait tout avec froideur et logique. Elle n’arrivait que rarement à le faire sortir de ses gonds. Alors elle allait toujours plus loin. Mais elle avait vu combien le dieu étalé sur son lit d’hôpital pouvait se montrer impulsif, verbal et violent. Elle préférait l’extrême des choses, savait gérer les revers brutaux et francs mieux que la perfidie du silence. Plus facilement clou que marteau, pourtant capable de réfléchir au sens derrière les actes. S’il avait décidé d’être plus philosophique que vulgaire ce soir, alors elle n’avait pas d’autre choix que de suivre la tendance. Non elle ne voulait pas le tuer; tout comme elle était incapable d’en finir avec Wolfgang. Quand bien même les voir souffrir était une satisfaction immense. Et c’était bien là, le point faible qu’elle ne voulait pas qu’il découvre.

Il fait l’innocent, pauvre homme au pied du mur. Elle sent le sang se répandre sous le tissu mais elle n’appuie pas plus sur la plaie. Elle n’essaie pas d’accélérer son état, sa douleur déjà réclamée par la violence de quelqu’un d’autre. Elle se demande vraiment ce qu'il s’est passé ce soir-là, pourquoi les réseaux étaient devenu soudainement silencieux. Pourquoi Alejandro n’avait pas répondu à son dernier message crypté. Elle avait réussit à se tenir éloignée du danger malgré elle. Est-ce que son maris savait ? Il n’était pas resté longtemps malgré tous les membres de la Bratva présents. Cela commençait à sentir le chaos, et elle n’en était même pas moindre responsable. C’était décevant. Il la réprouve mais elle ne le dégoûte pas. Il avait tort d’être aussi clément, de la croire encore si humaine. Si l’Oupyr avait autant de succès c’était à cause de cette dualité, ce relent d’innocence prisonnier des griffes du monstre. C’est ce qui attirait les proies, l’impression de bonté résiduelle, l’animal sauvage blessé qu’on aimerait apprivoiser mais il peut encore mordre. Oh il ne le savait que trop bien. Et pourtant il s'entêtait à vouloir lui laisser une chance. C’était plus naïf que louable, et elle ne lui devait aucun remerciement pour cela. Il l’avait épargnée certes, mais elle ne lui devait pas sa vie pour autant. Il les place tous les deux comme des victimes de leurs natures. Peut être qu’il y avait un fond de vérité, mais elle se garderait bien de lui donner raison. Ces pouvoirs comme une malédiction, et il semblait pourtant être celui qui souffrait le plus des siens. Elle essayait d’imaginer ce que cela ferait, l’habileté de sentir où frapper, voir par delà le masque des apparences. Oh tout ce qu’elle pourrait accomplir. Elle pèse de son bassin contre le sien, cela l’amuse beaucoup de le voir rester impassible alors qu’elle essaie de le tenter. Pourquoi pas s’était-elle dit, après tout elle ne savait pas converser sans séduction. Alors elle se laisser facilement aller à l’idée qu’elle prendrait bien son corps en plus de son sang.

Elle lui sourit, comme un gros chat qui ne semble pas dérangé à l’idée de l’écraser de tout son poids. Il continue à parler de justice et ses mots ont valeur d’ultimatum. Il se trompe s’il croit qu’elle en a quelque chose à faire de sa permission à prélever son dû vampirique. Si quelques policiers armés pouvaient grand chose contre elle. Mais il avait encore une fois raison sur l’essentiel : elle en avait assez de tout ça. Ses sourcils se froncent légèrement, elle ne peut s’empêcher de se demander s’il a encore une fois sondé son cœur avec son pouvoir. Elle se redresse à cheval sur son corps, mains posées sur son ventre, le dévisageant un instant. C’est là qu’elle remarque la sueur sur son front, la pâleur de son visage même dans la semi pénombre. Elle échappe un soupire et pose délicatement sa main contre son cœur pour en déceler l’affolement. « T’as l’air sûr de toi, pour un type qui est à deux doigts de faire une crise. » Elle dégage quelques mèches collées contre son front, presque anormalement maternelle. Qu’était-il capable de lui apporter au final ? Que pouvait-il être de plus qu’un sac de sang périssable ? Quelle justice pouvait-il lui apporter de plus que ce qu’elle pouvait clamer pour elle même ? Il avait tout à lui prouver, elle ne faisait toujours que bande à part. Elle s’extirpe du lit non sans glisser contre son corps, sa peau une ellipse qui apparaît et disparaît au fil de ses mouvements. Le camouflage de l’Oupyr se confonds parfaitement dans les ténèbres mais elle ne fait que jouer avec l’effet, ne devenant pas invisible pour autant. Elle hésite un instant avant de se pencher pour ramasser le bouton d’appel sur le sol, tirant sur le fil pour le remettre en place. « Tu as trop de prétentions, Torben Rawne. Je sens que je vais regretter ne pas avoir passé ton cœur au mixer. » C’est la première fois qu’elle utilise son prénom de vive voix. Et elle grimace à chaque syllabe. Du bout de l’index elle appuie sur le bouton pour signaler à l’infirmière, se postant juste derrière la porte pour l’attendre. Aussitôt celle-ci dans l’encadrement de la porte, elle accroche son regard. « Aide-le ou il va encore crever cet imbécile. » Le ton de l’hypnose, la femme écarquille les yeux et la dévisage. « Ignore-moi, tout va bien. Je n’ai jamais été là. » Qu’elle ajoute, l’infirmière cessant de paniquer aussitôt à la vue d’une intru en petite tenue. La femme la contourna comme si elle n’existait plus, allumant la lumière pour s’approcher du malade et s’atteler docilement à sa tâche. Elle resta légèrement en retrait, observant avec un intérêt morbide par dessus l’épaule de l’infirmière. Celle-ci vérifia ses signes vitaux et elle ne perdit pas une miette du spectacle lorsqu’elle changea ses pansements, sa langue pointant avidement sur ses lèvres étirées d’un sourire. Pourquoi ne pas les dévorer tous les deux, là tout de suite, et se rendre malade de tout ce sang. Pourquoi pas.

Mais elle n’en fait rien, réfrène toute pulsion jusqu’à ce que l’infirmière disparaisse dans le couloir. Elle s’approche de nouveau du dieu alité, s’asseyant à ses côtés. « J’aimerai juste comprendre. » Sa voix est calme, presque lointaine. « Ce que tu crois pouvoir m’apporter. » Elle glisse ses doigts le long de son bras et suit distraitement le fil de la perfusion avant de soupirer. « Vois-tu en général justice se passe avant la mort. Sinon, on appelle ça une vengeance. » Elle ferme les paupières. Elle ne parlait pas uniquement de sa propre mort. Mais ça il n’avait pas besoin de le sentir. « Et je doute que tu sois un dieu vengeur, Teutatès. Alors tu ne pourras rien m’apporter d’autre que ton corps et ton sang, Torben. » Elle s'allonge contre lui, prenant à peine de la place à ses côtés. Elle craignait la main de dieu, mais pas le jugement. Elle ne cherchait pas la justice mais la vengeance. Et elle l’obtiendrait, avec ou sans aide.

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Only cockroaches left alive (Torben) - Mar 25 Sep - 22:09

Elle allait finir par me buter. Je le sentais dans son for intérieur ; l’envie la tirailler. Comme un carnivore devant une pièce de viande, alors que la bête était affamée. Mais ce n’était pas que de la faim que je ressentais chez la vampire, c’était autre chose. C’était plus complexe, et c’était aussi incroyablement brouillon. Il y avait toujours cette haine. Si froide chez moi, si brûlante chez elle. Elle la dévorait de l’intérieur. Cette colère qu’elle ne contenait que pour mieux la délivrer au moment opportun. Mais c’était la rancœur qui l’animait, le plus souvent. J’en lisais les ramifications dans chaque recoin de son être, comme une toile d’araignée –empoisonnée- autour de son cœur. Ca et le reste. Le désir. L’envie de dominer. De contraindre. En égal retour de ce qui l’a jadis contrainte elle aussi, contrainte jusqu’à la destruction. Serait-ce un sentiment qui émanerait de la trahison la plus honnie ? Peut être ? Je n’étais pas assez en forme pour le distinguer aussi rapidement. Je sens que c’est en partie dû à sa nature bestiale. Mais pas seulement. Comme toujours, les émotions sont plus complexes et même si elle ne mérite sans doute pas tout à fait le qualificatif d’ « humaine », il n’en reste pas moins qu’elle a des caractéristiques communes avec l’essentiel des gens que je croisais dans cette ville de damnés.


Quoiqu’il en soit, la fureur de son âme emplissait la mienne, et me rappelais les affres de la guerre.


Elle avait l’âme d’un soldat. D’un vieux soldat. Brutalisé et martyrisé aussi bien par ce qu’il avait subi que provoqué, par un sentiment de regret tenace bien que souvent ignoré. Je pensais que la rouquine vomirait sa vie d’avant, si je lui demandais ce qu’elle avait été. Ou en tout cas, qu’elle se jugerait elle-même avec dédain. On ne naissait que rarement monstre, mais il était bien plus aisé de le devenir. J’en savais quelque chose. J’étais né homme, j’étais devenu dieu, et je n’avais pas manqué de me travestir à l’occasion en véritable démon, usant de mon pouvoir pour mieux manipuler, contraindre et même éliminer, les simples mortels qui croisaient ma route. J’essayais de me dominer malgré l’effet tâche d’huile de ses émotions, qui comme toujours impactaient les miennes.


Le défaut de ne pas avoir d’âme ; le vide laissé ne demandait qu’à se remplir et l’éponge à émotions que j’étais finissais souvent par agir en véritable caméléon psychologique, épousant les formes des psychés que je rencontrais au gré de mes pérégrinations. J’essayais de me dominer. De me montrer meilleur, ou en tout cas, de ne pas me montrer pire. Ca n’avait rien de facile. Ma nature, mon habitude, était de vivre ces cocktails de sentiment à cent à l’heure, de lâcher la bride et de foncer dans le tas.


On voyait très bien où ça m’avait amené, cette manière de vivre, d’exister. Le danger omniprésent, besoin viscéral de se tester comme de se punir en permanence, incapable d’agir et de raisonner clairement. Je la sens ravie de la situation. Je sens du désir aussi, mais je ne le sens pas totalement véridique. Le revers de la médaille. Ressentant les émotions des gens, je savais quand les attitudes étaient vraies, profondément motivées par les voix de de l’âme. Mais je savais aussi quand les situations étaient plus complexes. Quand la fille vous lance un regard de braise mais qu’elle ne pense qu’à vous tirer votre pognon ou votre arme. Quand la fille vous dit qu’elle vous aime mais qu’elle n’aime au fond que la sécurité du binôme éphémère que vous formez, sa commodité et sa facilité. J’ai connu tout ça, par le passé. L’Oupyr est différente, mais son désir n’en est pas moins motivé par des circonstances qui me sont totalement étrangères. C’est ma conviction. Je peux me tromper.


Si ce n’était pas le cas, je serais encore une divinité connue et vénérée mais aujourd’hui, il n’y avait plus que ces deux mains pleines de sang, cette gueule d’assassin, et les brides de pouvoir retirées des rares instincts où quelqu’un se montrait reconnaissant de la protection que je lui offrais. Le plus souvent au prix du sang.


Je ressentais son désir plus fortement. Elle veut me pousser à la tentation. J’ai déjà fait des trucs dingues dans ma vie, mais sauter une putain de vampire dans un lit d’hôpital, je n’étais pas certain de vouloir ajouter ça à mon palmarès ! Je ressens sa cruauté, son absence de compassion. Mais malgré toutes les pulsions de violence qui la taraudaient, aucun désir réel et forcené de me faire vraiment du mal. Elle avait beau le nier, ou en rejeter l’idée, elle était prisonnière de la vie que je lui avais laissée, et devait maintenant prendre en compte cette dette car la rouquine avait malgré les apparences un sens de l’honneur bien à elle. Tuer gratuitement oui, mais pas sans le code qu’elle s’était elle-même fixée. L’Oupyr continue de se frotter contre moi. Je ne me dérobe pas à son contact, même si mon corps, malgré ma concentration, commence à avoir un début de réaction physique. Il était hors de question que je me laisse dominer par son intrusion dans ma tête. Je luttais donc encore. Et sa main vient palper mon torse pour y sentir le cœur battre.



| Je n’ai jamais été aussi sûr de toute ma vie. Je ne peux pas passer mon existence à fuir et à tout détruire sur mon passage. A un moment ou à un autre, il faut relever la tête et ne plus se contenter d’encaisser, mais rendre les coups. J’étais là avant toi, et je serais là après. Avec cette enveloppe ou une autre, peu importe. |


Torben n’avait rien demandé à personne et parfois, la dissension était criante. Pas ce soir. L’homme et le dieu sont en paix, tous deux ressentent le grand dessein qui est le nôtre, bien que petite est notre échelle d’action. Nous ne sommes pas les grands dieux des religions monothéistes, ou le reliquat de polythéistes perdurant. Plus personne aujourd’hui ne croit en Toutatis. J’avais cru que ça me dédouanait de ma mission.


Je sentais aujourd’hui dans mes tripes que ma mission était pourtant plus importante que jamais. Qui protégerait les hommes, la « Tribu », si je ne le faisais pas, si je ne me salissais pas les mains pour les Hommes ? Il y en avait sûrement d’autres comme moi. J’en avais la conviction. Cet espoir serait le moteur, le pouvoir que je gagnais avec la reconnaissance des humains protégés, sauvés ou punis serait le carburant. Je ne suis pas si surpris de la douceur des gestes de la rousse, quand elle dégage mon visage des mèches blondes qui, trempées de sueur à cause de la douleur. J’ai déjà senti dans son âme qu’elle n’était pas seulement noire. Mais que la lumière était soigneusement maintenue sous un couvercle qu’elle pouvait reposer dessus à chaque instant. J’admire son art du camouflage quand elle se relève. Et qu’elle appelle la relève.



| Tu aurais été déçue du goût. |


Ne nous lançons pas dans une comparaison de nos horreurs respectives. J’avais déjà tué. Hommes, femmes, enfants, jeunes, vieux. J’avais manipulé et usé de ma connaissance de l’âme humaine sans vergogne, et j’avais essayé de réparer mes torts. Mais je n’avais pas d’âme et je doutais que quiconque pouvait se délecter de mes émotions. L’infirmière arrive et tombe facilement sous le pouvoir surnaturel de l’Oupyr. J’ai mal pendant qu’on s’occupe de moi, et je désapprouve la contrainte. Je sentais les émotions. C’était comme ces violeurs qui croyaient que la fille ne ressentait plus rien parce qu’elle cessait de se débattre et qu’elle ne pleurait plus. Je ne quittais pas des yeux la rouquine pendant tout le process, même si je grimaçais à intervalles réguliers. Je suis son regard quand elle revient. Je sens ses doigts sur ma peau, je la sens frôler la perfusion comme s’il s’agissait d’une extension de mon propre bras. Lorsqu’elle grimpe dans le lit d’hopital, je ne lui fais pas plus de place. Pas tant parce que je tiens à résister, mais surtout parce que j’en suis incapable. Je lui offre un regard plus dur, plus sérieux.


| Tu confonds les lois des hommes et de la modernité avec la vraie justice. Je suis son incarnation au sens le plus antique du terme. Toute action entraîne une réaction. Plus le tort est grand, plus la justice est sévère. La vengeance est la justice, pourvu qu’on ne se trompe pas de cible. |


Je lui enserre la mâchoire, serrant son menton et l’arrête inférieure de ses os faciaux dans une poigne que je rendais la plus ferme et solide possible.


| Je ne suis pas un putain de jouet ou une friandise. Je peux t’aider. Mais n’importe quel sang t’irait et ce n’est pas moi que tu désires vraiment. Alors mon aide, tu peux l’avoir si tu en fais la demande. Si tu es prête à changer. Pour le reste, tu te fourres le doigt dans l’œil jusqu’au coude si tu crois que je vais me laisser faire comme un agneau. Je suis dans ce lit, je suis prêt à claquer peut être, si je force. Mais je préfère crever debout, en soldat, plutôt que te laisser te repaître de moi comme d’un repas. C’est clair ? Alors, fais ton choix, mais fais-le vite. Et si tu décides de m’y contraindre comme je sais que tu es capable de le faire, ne te loupe pas quand il faudra m’achever. |


Je la lâchais. Prouve-moi pour une fois que j’ai raison. Et que tu en as assez de cette existence. Si ta nature est plus forte que ton âme, alors je suis perdu.
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Only cockroaches left alive (Torben) - Ven 28 Sep - 22:07

Et si l'espoir était cette maladie, ce poison maléfique qui était vraiment capable de terrasser la bête ? Mieux que les flammes, les lames d’argent ou un cailloux d’homme de cro magnon en pleine tête. Quoi de plus humain que cette capacité à se projeter, à appréhender le futur et ne pas se contenter du chaos quotidien. C’était la frontière entre être une victime ou un meurtrier, c’était la réflexion qu'il essayait de lui imposer. Elle était sonnée, plus que lorsqu’il avait frappé son crâne de toutes ses forces. C’était une attaque plus insidieuse, une habileté contre laquelle elle ne savait pas se défendre, elle qui savait utiliser son corps et ses crocs plus que ses mots. C’était aussi terriblement injuste : il avait lu en elle et ce qu'il en avait perçu, elle n’était pas certaine. Elle se sentait percée à jour, malgré combien elle refusait de se l’admettre. Mais peu importe ce qu’il avait retenu de cette intrusion, cela avait été suffisant pour qu’il change de discours, pour qu’il lui lance toutes ces belles paroles sur le changement et l’humanité. Bon dieu que ça l’irritait. Mais elle pouvait aussi sentir l’influence latente, la lourdeur de leur sens dans l’air. Elle respirait avec peine, elle était plus habituée au mépris et à la violence, pas à cette main tendue vers elle. La main qui nourrit, surtout lorsqu’elle la mords. Il doit être bien idiot de lui proposer un tel pacte, sa docilité, et pour quoi ? Une vengeance qu’elle pouvait très bien accomplir seule ? Non, il avait raison. Si elle était allée vers la Calavera c’était pour une raison. Si elle n’avait pas encore achevé son plan, c’était pour une raison. Elle ne pouvait pas réussir seule, elle était trop faible, incomplète. Elle l’avait toujours été. Un versant plus l’autre, deux faces d’une même pièce qu’elle était incapable de réunir. Trop humaine puis trop monstrueuse. Est-ce que trouver cet équilibre apporterait la solution ? Lui donnerait enfin le courage de quitter Wolfgang, de laisser le passé derrière et d’aller de l’avant ? C’était toujours le même problème, cette question de l’après. Cette absence de but une fois l’œuvre du chaos achevée. Le gouffre dans le cœur de l’artiste qui n’est plus animé par la passion de son entreprise. Ce foutu vide à combler. Qu’est ce qu’il en savait de ce qu’elle aurait besoin, de l’aide qu’il pouvait lui apporter ? Oh peut être qu’elle aimerait bien le voir essayer, juste pour le regarder échouer. Et alors elle n’aurait plus aucune raison de ne pas dévorer cette main tendue jusqu’au coude. S’il voulait lui donner, alors elle accepterait. Elle prendrait sans espérer, l’espoir est un gros mot qu’elle ne pouvait se résoudre à prononcer. Elle accepterait de choisir, de trouver cet équilibre entre compassion et meurtre. Cette équilibre que l’on appelle humanité. Peut être l’avait-elle perdue à jamais, elle n’était plus sûre. S’il voulait l’aider à la retrouver, à accomplir cette justice pour laquelle elle pourrait se damner, alors grand bien lui en fasse.

Elle réalise qu’elle avait fermé les yeux lorsque sa poigne enserre sa mâchoire, la forçant à relever le visage pour se soumettre à son regard dur. Elle cligne des paupières et se laisse faire, n’a aucun mal à soutenir son air avec les pupilles inflexibles de l’oupyr. Avait-elle bien entendu, venait-il de dire malgré toutes ces bonnes paroles qu’il n’y avait rien de tel qu’une bonne justice à l’ancienne ? Œil pour œil et dent pour dent, s’il parlait de vengeance alors il parlait son langage. Elle lui sourit alors qu’il relâche son visage. La situation avait prise une tournure inattendue. Elle peinait elle-même à comprendre comment il pouvait encore être en vie alors qu’elle était venue avec la ferme envie de le faire souffrir. Mais le résultat était là : il avait encore son cœur et ses cordes vocales intactes. Et elle n’était pas déçue pour autant non, bien au contraire. Elle savait apprécier les imprévus, surtout lorsqu’ils semblaient tourner en sa faveur. Un soupire perce ses lèvres lorsqu’elle formule sa résolution. « Très bien. » Commence-elle en se redressant en position assise. Ses doigts récupèrent habilement les mèches égarées sur sa nuque, rangeant la chevelure de feu en chignon à coups d’épingles. « Tu as raison, tu n’es pas une victime ni une proie... » Elle laisse les mots en suspens un instant, se tournant vers lui pour lisser distraitement le bord de sa couverture. « … tu as déjà prouvé que tu pouvais encaisser bien plus que de raison. » Un imbécile avéré, qui finira par rencontrer sa mort plus vite que prévu. Alors Torben Rawne ne serait plus, et son dieu ira foutre en l’air la vie du pantin de chair suivant. C’était presque triste, si elle était encore capable de pleurer le sort d’un autre. Elle se penche doucement en avant, approchant son visage du sien. « Crois-moi, je n’ai pas besoin de contraindre qui que ce soit pour obtenir ce que je veux. Mes jouets sont toujours consentants. Je n’aurais pas besoin d’utiliser mes pouvoirs pour te mettre à genoux une seconde fois et te faire quémander, soldat. On a toute l’éternité devant nous pour ça. » Elle ne pensait que rarement à l’après, à l’extension sans fin de cette vie qui continuait, imperturbable. L'immortalité de l’oupyr était ce qui l’effrayait le plus, l’idée que rien ne changerait, qu’il n’y avait pas de fin tant qu’il n’y avait personne pour mettre un terme à l’histoire. Pourtant elle lui offre un sourire carnassier, se glissant contre son oreille. « J’accepte. J’accepte de croire en toi Teutatès. » Un bref murmure, à bout de souffle. « Alors offre moi la vengeance Torben Rawne, et je te donnerai tous les rites dont tu auras besoin.  » Elle embrasse sa bouche non sans mordre légèrement sa lèvre inférieure, scellant ainsi le pacte qu’il lui avait imposé. D’un geste elle s’extirpe du lit d’hôpital avec agilité, récupérant ses talons aiguille sur le sol. « Mais si ta méthode ne fonctionne pas… » Elle contourne lentement le lit, effleurant le matelas du bout des doigts dans sa progression. Elle ramasse son chemisier, refermant lentement son vêtement avant de conclure. « Alors je pense que nous pourrons continuer à nous entretuer comme nous le faisons si bien, et nous verrons bien qui aura le dernier mot. Et tu pourras continuer à juger si je suis plus animale que femme. » Qu'elle ajoute non sans un léger rire moqueur. Elle avait déjà une petite idée de la réponse. Son regard se fixe dans le sien dans la pénombre. « Alors ne laisse personne d’autre te crever d'ici là Torben, j’aimerai bien avoir ce privilège. » Elle lui tapote l’épaule, remarquant le carnet et le stylo sagement posé sur la table de nuit. Elle s’en saisit, marquant une page au hasard de son prénom et de son numéro, comme il l’avait fait avec sa carte de visite. Elle connaissait déjà le sien de tête, mais il n’avait pas besoin de le savoir. Il ne lui faut pas longtemps pour disparaître, la porte grinçant à peine lorsqu’elle repart aussi furtivement qu’elle était venue, laissant l’homme à sa convalescence. Alors si l'espoir était un poison, la vengeance et la trahison l’antidote, il pouvait bien charmer le serpent pour cette fois.


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Only cockroaches left alive (Torben) - Dim 30 Sep - 18:57

Je sens que je vais avoir raison, pour une fois. Que mon instinct m’a poussé à ne pas entrevoir que le danger. Ou plutôt, à l’accepter. A passer outre. Faire en sorte de pouvoir avancer envers et contre tout. Avec cette menace pesant sur moi avec son caractère de prédateur, la rouquine ne me mettait pas naturellement dans de bonnes conditions. C’était à moi maintenant de m’opposer à sa bestialité, à son animalité. Il fallait bien sûr que l’on puisse surmonter sa fin. Son désir de violence et de sang. Je sentais cette tentation en elle. Et pas seulement celle-là, loin de là. Il était clair pour moi que je devais essayer de surmonter tout ça. En tenir compte, bien sûr, mais ne pas pour autant oublier tout le reste. L’espoir que je pouvais essayer d’inspirer en elle, si j’arrivais à aviver un peu de lumière. Je l’avais entraperçue à plusieurs moments. Il n’y avait jamais de souffrance absolue, qui supplantait tout le reste. C’était parfois compliqué à distinguer, quand la noirceur était permanente et portait sur quantité d’aspects de la personnalité de la personne. Je pouvais essayer d’éveiller un peu plus ce qu’elle pouvait voir de positif à son existence, voire même à sa condition. J’avais senti son désir de meurtre et de vengeance, la satisfaction brute que la prédation lui donnait. Mais j’avais aussi distingué ce désir que son existence ne se porte pas seulement sur la vengeance. Je ne pensais pas que l’Oupyr pouvait réellement espérer de revivre ce qui était son existence avant qu’elle ne « change », mais je pensais quand même avoir pu discerner le désir viscéral et presque désespéré, de ne pas se laisser piétiner par ce chancre qui gangrénait son existence.


Je la sens cette flamme de l’espérance. Je doute moins, mais je ne suis pas encore pleinement soulagé pour autant. Je savais qu’elle était changeante comme bestiole, et il était clair que l’on ne pouvait pas attendre d’elle qu’elle rétracte d’un coup d’un seul les griffes dont elle me menaçait. Je sentais aussi ses autres pulsions et je ne voulais pas prendre de risques. En d’autres circonstances j’aurais pu succomber directement, et vouloir profiter de ce corps qui m’était si volontairement proposé. L’Oupyr était séduisante, lascive. Elle suscitait le désir, qui enflait progressivement. Mais pas ici, et pas maintenant. Ce n’était pas qu’une question de risques, c’était avant tout parce que je ne savais pas encore dans quelle mesure je pouvais lui faire confiance. Dans ces circonstances, c’était plus délicat pour moi de m’ouvrir, et d’envisager de basculer dans un rapport et une relation charnelle. Parce que si je commençais à partager du plaisir avec elle et que je sentais finalement quelque monstruosité enfler en elle, le contrecoup psychique pourrait me faire perdre les pédales. En sus, je ne me lançais jamais dans des combats, quels qu’ils soient, si je n’étais pas sûr d’être en capacité de les emporter. Je venais de prendre une balle dans le poumon, les anti-douleurs ne fonctionnaient pas et le trou dans ma poitrine était d’une souffrance permanente, lancinante.


Je sens que le meurtre se remplace bien vite dans sa tête par le désir d’en savoir plus. De m’écouter. De me donner le temps de la convaincre. Ce seul élément me fait déjà dire que j’ai déjà à moitié réussi ce que je comptais faire, mais réussir seulement à moitié ne suffisait pas. Je devais réussir entièrement ou pas du tout, avec elle, aucune demie mesure. Et la voilà qui se rassoit, qui retouche sa coiffure. Je hoche la tête.



| J’ai le crâne épais. Pour le meilleur et pour le pire. |


Et voilà qu’elle tente de me « rassurer » sur ses intentions me concernant. Mais elle mettait le doigt sur quelque chose qui m’importait. Je n’étais pas une proie, pas une victime. Et certainement pas un jouer non plus. Je laisse filer son petit défi.


| C’est bien, la confiance en soi. Ce sera la première étape, celle sur laquelle on s’articulera tous les deux pour avancer en direction de ta justice. Savoir ce qu’on vaut, ce qu’on sait faire, ce sera essentiel. |


Mais voilà qu’elle me stupéfiait pour de bon. Elle me murmurait qu’elle croyait en moi. Je souris, mais n’ai pas le temps de répliquer qu’elle m’embrasse. Je savoure ce contact comme une victoire. La reconnaissance concrète et physique certes d’une attirance mutuelle qu’on ne saurait nier, mais aussi et surtout du crédit nouvelle qu’elle choisit de nourrir en moi. Je n’avais encore jamais eu quiconque qui avait cru en moi avec une telle franchise, pour le dieu que j’étais. Mon équipe à l’armée avait nourri une grande confiance en moi, et avait aussi fondé en moi quantité d’espoirs. Mais il n’en restait pas moins qu’elle se relevait, et prenait ses affaires. Je note la menace, liée à la promesse de sa « croyance »


| Je suis honoré alors, que tu m’accordes ta confiance. Ta foi… Nous verrons. Voyons déjà comment nous parvenons à travailler ensemble. Pour le reste, je ne mourrais qu’une fois mon devoir terminé. L’accomplir ne suffit pas. |


Je me rappelais de ces paroles de mon colonel, à Tarbes. Il n’avait jamais eu autant raison qu’aujourd’hui.

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