you're my sister,
you're my responsibility.

w: @lyra al khayzuran

Toutes les informations s’embrouillaient dans son esprit. Elle avait l’impression de connaître sa sœur avant, mais ça, c’était avant cette foutue dispute, avant qu’elle n’apprenne sa relation secrète avec Sat’, mais surtout avant qu’elle n’apprenne qu’il y avait eu un soi-disant sauvetage organisé pour sauver le Bellandi. Elle n’avait pas été rapide à comprendre. Elle avait retourné la situation dans son esprit un nombre incalculable de fois avant de faire des conclusions hâtives. Sur de simples hypothèses, elle en avait déduit que Lyra faisait partie de la Nuova Camorra. Elle savait que sa sœur tournait autour de cette sorte de clan, depuis longtemps, mais jamais elle n’avait pensé à lui poser des questions. Bref. Tout cela tourbillonnait dans sa tête et elle avait besoin de les voir, lui et Lyra. Déterminée a obtenir plus d’informations sur les secrets que lui cachés sa sœur, elle entrait dans le hall de son appartement et montait dans l’ascenseur. La main presque tremblante tant l’adrénaline coulait dans ses artères, elle appuyait sur le bouton pour aller jusqu’à l’étage souhaité. Lorsque l’ascenseur fut en mouvement, elle laissait échapper un long soupire en essayant d’évacuer sa frustration. Elle n’aimait pas être mise à l’écart, qui aimait cela ? Elle ne savait presque rien et les questions s’entassaient dans sa caboche, alors la meilleure solution était d’aller directement à la source du problème : Lyra. Elle ne lui avait pas envoyé de sms, devinant la réponse, sachant pertinemment que sa sœur l’enverrait de nouveau bouler.

Un ding lui indique qu’elle est arrivée à l’étage. Les portes s’ouvrent et elle sort d’un pas ralentit. Il y a deux minutes, elle était déterminée, prête à tout pour passer cette foutue porte qu’elle avait claqué la dernière fois qu’elle l’avait franchi, mais l’adrénaline semble s’être évaporée. Elle a peur. Peur de ce qu’elle va trouver derrière. Peur de la vérité, si son ainée daigne la lui dire. Pas après pas, elle parcourt le couloir qui sépare l’ascenseur de la porte close et joue nerveusement ses doigts. Elle n’est plus si certaine qu’avant, mais l’inquiétude qui la ronge est plus forte que tout, plus forte que son incertitude. Depuis des jours, son intestin est noué à cause de son ignorance et des secrets que lui cache sa sœur. Elle mérite de connaître la vérité. Elle mérite de savoir. Alors elle s’avance et finit par n’être qu’à quelques centimètres de la porte. Elle lève le poing, s’apprêtant à frapper, mais ce poing reste suspendu dans les airs quelques secondes avant de s’abattre sur la porte d’entrée. Les secondes passent, puis elles se transforment en minutes. Rien. Personne ne répond et pourtant de la lumière passe sous la porte indiquant une présence. Les sourcils se froncent d’incompréhension, et elle recommence à frapper. Toc, toc, toc. Les cognements raisonnent dans sa tête, c’est le seul bruit audible autour d’elle. Pourtant, elle se concentre pour essayer d’entendre un bruit venant de l’intérieur, mais rien. « Lyra ? C’est moi. » Les secondes semblent être des minutes et les minutes être des heures. Le temps passe et toujours pas de Lyra. « Ouvres-moi s’il te plait. » Elle toque à nouveau, espérant toujours une réponse de la part de son ainée. Un bruit inidentifiable se fait entendre un l’intérieur, l’espoir reprend vie avant de s’estomper de nouveau. Chaque seconde qui passe, l’espoir se dissipe peu à peu. Elle doit voir la réalité en face, Lyra ne veut pas lui ouvrir. « Je sais que tu es là, je vois de la lumière sous ta porte et j’entends du bruit. » Elle cogne à nouveau, histoire de la convaincre. Lyra ne se débarrassera pas d’elle en se terrant dans son appartement ou en se murant dans un silence pesant. Thea ne partira pas, pas avant d’avoir eu des réponses à ces questions.

you're my sister,
you're my responsibility.

w: @anthea al khayzuran

Assise, calée contre la tête de lit, les jambes légèrement écartées, Saturno à peine conscient, allongé entre. Les deux mains sur ses tempes, elle est douce dans ses gestes, dans ses caresses. Une serviette humide pour éponger son front alors qu’elle fronce les sourcils. Elle se demande ce qu’il se passe dans sa tête. Il est souvent trop agité. Et lorsqu’il ne l’est pas, elle lit la douleur sur son visage. Pas physique, mais moral. Et ça la bouffe. Ca la bouffe de l’intérieur Lyra. Les deux premiers jours, à le voir aussi mal, elle en avait les larmes aux yeux de le voir ainsi, et pas être foutu de le soulager. Et elle en avait les larmes aux yeux de rien pouvoir faire, tout en se sentant coupable par rapport à Finn. Ramener son ex fiancé à la maison, c’était sans doute loin d’être l’idée de l’année, mais elle n’avait pu se résoudre à le laisser entre les mains de qui que ce soit d’autres, y compris celles de sa femme. Le laisser chez lui dans cet état, elle trouvait ça inconscient, alors ça faisait une semaine, qu’il squattait son appartement. Il avait repris des couleurs, mais la jordanienne ne trouvait pas ça encore assez, et elle était réticente, à l’idée de le laisser rentrer.
Ca y est, endormi. Elle repose la serviette, s’extrait tant bien que mal du lit, en essayant de ne pas le réveiller, pour aller s’occuper du reste. A commencer par son chien.

Elle s’arrête un instant. Pas certaine d’avoir entendu une voix. Les coups sur la porte sans aucun doute, mais la voix ? C’est ça, à trop bouger dans tous les sens, à être dans son monde, perdu dans ses pensées et dans son inquiétude. Pourtant, il ne faut que quelques secondes avant que ça ne recommence. « Ouvres-moi s’il te plait. » Cette fois, elle se stoppe au milieu de son appartement. Thea. Elle est figée, Lyra. Elles ne s’étaient pas parlées depuis la dernière fois. Depuis leur engueulade à propos de Saturno. Si ce n’est pour ce sms que sa cadette lui a envoyé. Elle aurait dû se douter qu’elle viendrait. C’était à parier. Lyra avait seulement trop la tête ailleurs. A s’occuper de l’italien, ne pas négliger Finn et le blesser inutilement. Elle hésite. Bizarrement, ce n’est pas franchement diriger contre sa sœur. Evidemment, elle aurait préféré que le sujet de sa visite ne soit pas lié à l’italien, elle aurait préféré ne pas en entendre parler, et peut-être ne pas avoir à faire face à tout ça. Après tout, qui était-elle pour leur dire quoi faire ? Elle avait beau trouvé hallucinant que sa sœur veuille son ex fiancé, elle n’avait pas à leur dire quoi faire. Elle trouvait ça irréel, presque irrespectueux, mais ils faisaient bien ce qu’ils voulaient s’ils étaient capable de se regarder en face. Seulement depuis quelques jours, elle se foutait pas mal de tout ça. Elle n’ouvrait tout simplement à personne. Les gens patientaient rarement plus d’une minute. Elle ne voulait rien risquer. C’était un coup à devenir parano, mais personne ne devait savoir qu’il était là –ou un nombre très réduit- sous ses soins. Elle ne pouvait risquer de le voir disparaitre, encore une fois. Alors elle n’ouvrait à personne, et Finn avait les clés. Il était ici comme chez lui, faisant ses allers retours comme il l’entendait. « Je sais que tu es là, je vois de la lumière sous ta porte et j’entends du bruit. » La vérité, c’est que Lyra sait pas comment elle va réagir en reposant les yeux sur sa cadette. C’était plus simple de juste s’inquiéter pour Sat, et de s’occuper lui alors qu’il était endormi et en sale état. C’était plus simple, parce qu’elle n’avait pas à le confronter ou lui donner des explications. C’était plus simple, parce que son amour pour lui –quel qu’il soit- surplombait largement sa colère. Mais avec la venue d’Anthea, elle n’était plus sure de rien. Et elle ne pouvait s’empêcher de trouver ça horriblement gonflé de venir la voir seulement pour avoir des nouvelles de l’italien. Niveau premier pas et reprise de contact, on avait largement vu mieux.  Elle soupire, se résigne avec la désagréable impression que sa cadette serait bien capable de rester derrière cette porte, jusqu’à ce qu’elle ne change d’avis ou que Finn ne la laisse entrer avec lui. Hors de question qu’il se retrouve au milieu de ce bordel. Elle traverse le couloir, s’arrête un instant au croisement, un peu plus loin, au bout du couloir à droite, la porte fermée de la chambre où elle s'était temporairement installée avec finn, pendant que l'italien squattait sa chambre, à l'étage. Et finalement, elle franchit la distance restante, tourne les clés et ouvre la porte. Les prunelles émeraudes fixées sur Anthea, Lyra n’arrive pas à sourire et son palpitant s’emballe, parce qu’en plus de toute la conversation de la dernière fois, c’est tout ce qu’elle a pu ressentir qui refait surface. Trop vite, trop violemment. « Je laissais personne rentrer. Par… sécurité. » qu’elle finit par lacher avant de s’écarter, le cœur un peu lourd. Elle tourne les talons, ouvre la marche pour aller jusque dans la cuisine, où elle se sert un verre de whisky. « si t’en veux… » elle pousse la bouteille un peu plus loin vers elle, et sort un deuxième verre. Le silence se fait, et elle ne saurait dire si c’est juste la tension entre elles ou si le temps semble figé, mais elle trouve ça long. « Tu voulais de ses nouvelles ? » qu’elle finit par demander, non sans une amertume difficilement dissimulée. Parce qu’il lui faut le temps de digérer à Lyra.

you're my sister,
you're my responsibility.

w: @lyra al khayzuran

Avec pitié, elle implore sa sœur de lui ouvrir. Parce qu’au final, elle ne pouvait faire que ça, Anthea. Supplier son ainée de daigner lui ouvrir la porte pour qu’elle puisse avoir des nouvelles de l’homme qu’elle aime. Chose qui rappelait certainement à Lyra l'infime tristesse et le sentiment de trahison qu'elle avait du ressentir lors de leur récente dispute à propos de Sat'. Elle avait frappé deux fois et avait pris le temps d’insister, car elle savait que sa sœur était là. De une, car la lumière passait sous sa porte et de deux, Lyra n’aurait jamais laissé Sat’ sans surveillance. Elle ne savait pas grand chose sur ce qu’il lui était arrivée, en fait, elle ne savait rien du tout, mais pour que Lyra l’envoie balader de la sorte, cela devait être grave. La seule chose qui lui restait à faire, c’était attendre patiemment que sa sœur vienne ouvrir la porte, ce qui n’était pas gagné. Thea n’avait pas essayé de reprendre contact après leur dispute, et comme premier contact, elle aurait clairement pu mieux faire. Néanmoins, elle ne venait pas voir uniquement pour prendre des nouvelles de l’homme qui dormait dans une des pièces de son appartement, elle était venue pour avoir des réponses. De vraies réponses cette fois-ci. Elle ne voulait plus de réponse évasives, elle en voulait des claires, nettes et précises ; et elle s’était promis de ne pas foutre le camp de cet appartement tant qu’elle ne les aurait pas obtenu. Cependant, il faudra déjà que Lyra ouvre cette foutue porte. La gamine commençait à perdre espoir lorsqu’un bruit de clés se fit entendre. La porte s’ouvrit pour laisser place à une tête brune qu’elle ne connaissait que trop bien. Lyra. Son palpitant s’accélérait, elle ne savait ni quoi dire, ni quoi faire. Ses prunelles marrons dans les émeraudes de son ainée, Anthea restait immobile un instant. Elle avait ouvert. Une infime explosion de joie desserrait ses entrailles, tordus par l’angoisse. Elle avait ouvert. Thea n’en revenait pas. « Je laissais personne rentrer. Par… sécurité. » Par sécurité. Le mot déchire ses tympans. Qu’avait-il donc bien pu se passer ? Elle fronce légèrement les sourcils, mais Lyra ne réagit pas et tourne les talons pour aller dans la cuisine. Sinon, bonjour à toi aussi. Thea la suit, en prenant soin de refermer la porte à clés derrière elle. Ses iris scrutent le moindre détails de la pièce, et elle est étonnée de constater que Sirius n’est pas la pour lui sauter dessus. « Si t’en veux.. » Lyra se sert un verre de whisky et sans attendre, la gamine fait de même avec le verre qu’elle lui tend. Un silence pesant s’installe. Thea reste immobile, sirotant son verre de whisky, le regard rivé sur sa sœur. La tension est clairement palpable et lorsqu’elle s’apprête à lui demander comment elle va, Lyra la devance. « Tu voulais des nouvelles ? » Sa mâchoire se crispe, elle ne voulait pas attaquer directement avec cette question, mais bon. « En partie, mais ce n’est pas la seule raison de ma visite. » Elle n’était pas un monstre sans cœur. Lyra comptait plus que tout pour elle, elle ne l’aurait jamais considéré comme une simple messagère. « J’aurais commencé par te demander comment tu vas, car je pense que les dernières semaines n’ont pas été facile. » Elle la toise, de haut en bas, à la recherche de la moindre blessure. « Puis je t’aurais demandé des nouvelles, puis des réponses. » Elle marque une pause,  ravalant sa salive difficilement. « Si tu es prête à m’en donner. » Qu’elle soit prête ou non en vérité, mais Anthea ne voulait pas se montrer hostile dès le début de la conversation. Elle espérait profondément que la carte de la petite sœur courtoise et inquiète marcherait, même si Lyra n’était pas dupe, elle verrait clair dans son jeu.

you're my sister,
you're my responsibility.

w: @anthea al khayzuran

Pas de bonjour, pas de comment ça va. Elle s’encombre pas avec les banalités quand y’a son cœur qui tempête autant. La jordanienne a ouvert, c’est déjà ça. Mieux que rien. Sans doute mieux que l’entendre tambouriner contre la porte jusqu’à épuisement. Ca l’aurait gonflé. Les talons tournés et la cuisine retrouvée, c’est avec le whisky qu’elle l’accueille. Pas d’accolade chaleureuse, pas d’embrassade. Lyra devient froide et se renferme sur elle-même lorsqu’elle est blessée. Peu importe de qui ça vient. Le résultat est le même. Peut-être même pire dans ce cas là. Deux des personnes qui lui sont le plus proche. Définitivement pire. Le cœur en compote malgré Finn, malgré tout. Le cœur qui dégringole. Les pas de Thea qui résonnent dans sa tête, comme les mots de la dernière fois. Y’a les flashs des dernières années, les câlins fraternels, les prises de tête à la con, et les fous rires tout aussi idiots. Putain de nausée.
Silence pesant. Pas gênant, juste pesant. Elle compte pas restée là à la regarder dans le blanc des yeux pendant une heure. Elle tient pas non plus à ce que Finn débarque et se mette à jouer le médiateur entre les deux. Elle est pas encore prête pour ça. Alors elle finit par briser le silence, sans grande délicatesse. « En partie, mais ce n’est pas la seule raison de ma visite. » «  il dort  » qu'elle répond du tac au tac. Et non, elle n'ira pas le réveiller pour ses beaux yeux. « J’aurais commencé par te demander comment tu vas, car je pense que les dernières semaines n’ont pas été facile. » Sans aucun doute. Et elle pouvait la remercier pour ça. Mais pas que. Ca avait remué. Dans tous les sens. Elle avait de jolies plaies pas encore cicatrisées pour le prouver, et quelques bleus, ici et là. Courtoisie de la Bratva. Et au final, ça lui faisait peut-être moins que toute cette histoire. « Puis je t’aurais demandé des nouvelles, puis des réponses. Si tu es prête à m’en donner. » « Trop aimable de t’encombrer de banalités. » Elle a la rancune tenace, Lyra. Elle a le cœur écrabouillé. Par sa sœur, par Sat. Elle a sa trahison dans le creux de la gorge. Sale gout amer. Il est là, il part pas. Et elle, elle ose se pointer pour venir prendre des nouvelles de l’italien. Elle manque pas de culot, y’a aucun doute. Et sœur ou pas, Lyra, ça l’horripile. L’impression de plus la connaitre. De pas la reconnaitre. Elle a l’impression d’avoir une môme face à elle. Une môme qui a jeté son dévolu sur le prochain gros lot a décroché, peu importe les conséquences. Qu’elle y aille, qu’elle se jette dessus. Si la blessure et son amertume s’étaient légèrement apaisées pendant tout le temps où l’italien était inconscient, voir Anthea ici, prête à lui faire subir un autre interrogatoire rouvrait les plaies et ravivait sa colère. « Tu veux savoir quoi ? » un autre verre de whisky servi alors qu’elle, ne s’encombrait d’aucune formalité, aucune politesse. La conversation encore coincée, surtout la dernière phrase de sa cadette. Y’a vraiment des gens doués pour retourner les situations. Et c’est elle, qui a fini par lui dire qu’à cause de ses mots, elle finirait par perdre une sœur. Qu’à cause d’elle, il y aurait des conséquences. L’hôpital qui se fout de la charité. Sous prétexte d’un mec qui ne rendrait pas heureuse l’ainée, mais elle si ? Hypocrisie totale aux oreilles et dans le cœur de Lyra. Mais aujourd’hui, et depuis quelques jours, elle est exténuée. Et plus encore en voyant que pour changer, sa petite sœur se pointait en exigeant des réponses. Elle a jamais franchement apprécié qu’on exige quoique ce soit d’elle. Déjà pas de leur père. Surement pas de sa cadette. Lyra parlait et se confiait quand elle se sentait prête, quand elle en avait envie. Pas lorsqu’on la sommait de le faire. Elle mettait peut-être les formes cette fois, mais la volonté de lui extirper des infos restait la même. « Parce qu'on sait toutes les deux que j'ai pas le choix, hein ? Tu te pointes ici, t'insistes, encore une fois avec tes réclamations... donc que j'sois prête ou non, en réalité, ça te passe au dessus. Tu veux, tu as. » Elle est même pas agressive, Lyra. Juste lasse. Et blessée. Blessée et impitoyable. Alors elle y va pas avec le dos de la cuillère. Aucune raison qu'elle prenne de gants.