De la poudre sur les doigts. Du sang, aussi. Une absence de remord. Les yeux qui s'ouvrent, sur le noir qui l'est pas tellement. La nuit est éclairée, par ici, alors qu'il inspire, se redresse. Plus jamais seul, Alv. La colocataire qui bien assez vite s'agite au creux de ses veines, dans le tréfond de sa tête. Qui lui parle, pour ne pas le laisser seul, justement. Face aux souvenirs, face à la douleur qui monte, qui vient à se loger de manière systématique dans sa tête. Longue respiration encore, avant de venir se frotter le crâner, venir trouver la cicatrice planquée sous les cheveux. Il ferme les yeux, répond aussi calmement qu'il peut, à la valkyrie. Ce n'était qu'un rêve. Dans la réalité, il portait des gants, n'avait pas été touché par le sang. A l'esprit qui vagabonde, s'imagine peut-être la mort de plus près. Alors la guerrière parle encore, raconte un souvenir qui ne lui appartient pas. Il sait qu'elle invente une vie, ne supporte pas l'absence concrète de ses souvenirs. N'a emporté que des sensations, n'a pu se faire une idée que de leurs recherches. Mais il écoute quand même, fait attention à la frustration qu'elle peut ressentir. Deux esprits rongés par une envie de vengeance propre à chacun. Il ne peut que se relever, au final, éteignant la veilleuse pour allumer la grande lumière, remarqué qu'il n'a dormi que trois heures, de manière éparse. Pour autant, ça suffira, alors qu'il va se faire un café, avant de prendre une douche froide malgré les températures déjà bien assez fraîches dehors. Une routine qui s'est installée, avant de partir faire du sport, d'entretenir un corps qui est déjà aidé d'une manière qu'il ne soupçonne pas encore. La sueur qui aide les deux esprits, qui les apaisent dans leurs tourments personnels. Profondément humaine, la créature. Les os qui craquent, une nouvelle douche, le téléphone qui vibre. Qui prévient que c'est l'heure d'aller taffer. Quelques heures, avant de raccrocher l'air de tueur face auquel on va éviter de déconner, quand on est qu'un badaud. Qui donnera sans doute à d'autres l'envie de le refroidir, sans doute, pour lui apprendre ce qu'est le respect. Qu'il a, pourtant, mais pas pour tout le monde. Ce dernier qui se compose de peu de tête, d'une qu'il va bientôt rejoindre, d'ailleurs. Lyra, c'est une drôle de nana, dans sa tête. Qu'a des craintes qui la rendent attachante, qui font oublier les ombres capables de danser au-dessus de sa peau. Les mêmes auxquelles il repense, parfois, à se demander de quoi elles peuvent être capables encore. Des questions qu'il gardera encore pour cette fois, alors que l'édifice du club de tir se laisse voir. Il sait pas tellement s'il est tellement légal, le bouzin. Sans doute pas entièrement, mais il s'en fout bien, posera les dollars quand même sur le comptoir, s'entraînera à ne plus jamais trembler quand il s'agit de lever le bras. Armé, toujours, pour ne plus jamais se laisser surprendre au beau milieu d'une foutue nuit trop noire. "Hey." Les pensées cessent d'être ruminées, quand il voit Lyra. Les mains dans les poches de sa veste en jean, armé pour le moment d'un sourire pour la seconde patronne. "T'arrives toujours en avance ou c'est moi qui suis en retard ?" Peut-être bien qu'il a cinq minutes de retard sur le compteur, Alv. Pas encore bien habitué à la route à faire, au temps que ça peut prendre. Surtout en testant de nouveaux chemins, pour toujours mieux appréhender cette ville. Un signe de tête pour Lyra, pour rentrer dans la boutique. "Ça va bien ?" Première salve. "Andrea aussi ?" Seconde et dernière. Qu'après tout, le neuf à raconter, c'est souvent au boulot, quand il s'agit de devoir faire des comptes rendus des soirées plus ou moins réussies, selon qui était du bon côté de la barrière. Les moutons apprécient tellement celle-ci, souvent.

« T’es sûre que ça va aller ? » la baby-sitter acquiesce d’un signe de tête, amusée par l’inquiétude habituelle de la jeune mère. « Bon de toute façon, je reviens après… si jamais, tu sais où me joindre » elle se met à rire alors que Lyra inonde sa fille de baisers en la remettant dans les bras de Leah. Le manteau attrapé et enfilé, un dernier regard et elle s’engouffre dans le froid de janvier.

Descendue du taxi une rue avant, elle voulait marcher un peu, malgré le froid. Pourtant, Lyra évitait les trop grandes ballades depuis quelques temps. Eviter de croiser des personnes indésirables… Les évènements tragiques des derniers mois encore trop présents sans doute, même si elle ne pouvait se résoudre à rester enfermée chez elle.
Les mains dans les poches, juste devant le stand de tir, la brune observe chaque passant, en recherche inconsciente de cette tête familière. Employé, ami ? Elle ne savait pas vraiment. Peu importe au fond, elle n’avait jamais été fan des étiquettes. Et en quelques minutes, il apparait dans son champ de vision, le sourire sur les lippes, loin d’être désagréable. « Salut » qu’elle lâche, tout aussi souriante, réellement ravie de le voir, et surtout, que son invitation n’avait pas été faite dans le vent. « Je dois admettre que j’avais peut-être un peu hâte d’y être… » avoue-t-elle un peu coupable « mais j’ai eu du mal à quitter andrea donc pas si en avance que ça. Je crois qu’on a tous les deux notre part de responsabilité » ajoute-t-elle en rigolant, se moquant bien qu’il est cinq minutes de retard. Elle était seulement contente qu’il soit là et avait hâte de cette petite séance de tir. Comme l’impression de se retrouver, comme avant… Au moins une partie. Elle savait qu’elle ne serait plus franchement la même, trop de choses avaient changé et elle avait fini par les accepter. Mais retrouver un peu d’adrénaline et un pan de ses activités passées allaient lui faire le plus grand bien. « Très bien ! Et Andrea aussi. Bien qu’un peu agitée aujourd’hui… Y’a des jours où c’est un peu plus remuant. Et toi ? pas trop fatigué avec le boulot ? » ils avancent, et ils pénètrent dans l’établissement, passant devant le gérant. Elle sort son portefeuille, quelques billets sans laisser  choix à alv, mais arbore un sourire amusé. « t’as pas le droit de râler ou de refuser. C’est pour ton aide avec la compta » Entres autres. Parce que pour la Jordanienne, son aide valait bien plus qu’une séance de tir. Qu’il le veuille ou non, elle comptait bien continuer à le remercier, d’une manière ou d’une autre pour son aide et ses heures supplémentaires. Ils rentrent dans la salle d’armes, généreusement fournie. Elle n’est franchement pas certaine qu’elles aient toutes été obtenues légalement, mais vu ses activités, qui était-elle pour juger ? Elle étudie un instant les carabines, tentée, avant de se reporter sur les plus petits calibres. Le flingue, un chargeur, et elle se tourne vers Alv. « Où t’as appris à tirer ? » demande-t-elle finalement curieuse.

Quelque part, il est content de l'entendre lui dire ça. Qu'elle est venue vraiment avec enthousiasme, pas juste pour répondre à l'invitation lancée un beau soir et qu'elle aurait pu accepter de mauvaise grâce, à se dire qu'elle avait dit oui sur le coup. Cela ne lui semble pas être le genre de Lyra, mais Alv est sans doute trop bien placé pour ne pas se dire que parfois les apparences sont plus que trompeuses. Alors il découvre au-delà des premières impressions, même si elles lui sont confirmées de prime abord. "Content de t'entendre dire ça." Qu'il avoue dans ce sourire qui se creuse un peu plus, qui créé ce sillon dans la joue, cette fossette qui se découvre un peu plus. "Je comprends que ce soit compliqué, ouais." N'avait-il pas eu du mal à laisser son propre père, par le passé ? Ce n'est pas le même rapport, mais c'est tout ce qu'il a pour comparer. Cet homme à  qui on a pris la femme et qu'il a privé d'un fils en prime. C'est qu'il en avait connu des drames en si peu de temps, le père Rello, que c'est bien la seule chose qui peut parfois faire culpabiliser l'homme quand il se retrouve face à lui-même, seul. Que même la conscience de la valkyrie semble dormir, qu'il est là contempler le vide et se rappeler de tout ceci. Une famille frappée par le malheur et sans elle, le père aurait été sans plus rien, parce qu'Alv n'aurait pas dû survivre à ce qui loge dans son crâne aujourd'hui. Une épreuve de plus pour ce vieux bonhomme, Alv le sait bien, que d'avoir été vu de lui dans le coma. Endormi avec les médecins qui marmonnaient qu'il ne pourrait se réveiller. Devenu miracle, le blond. Mais pas foutu de marcher sur l'eau. "Non, ça va franchement." C'est qu'il est pas à plein temps, qu'il fallait bien un peu de temps pour courir après sa souris. "J'suis largement opérationnel." Qu'il rajoute même dans un nouveau sourire, plus taquin et plein d'une fausse fierté qui lui ressemble peu mais qu'il s'amuse à exhiber de temps en temps, juste pour arracher des rires ou l'orée d'un sourire, déjà. Ils pénètrent dans le bâtiment et il sent à la fois angoissé par le lieu tout en affrontant cette phobie latente qui règne au fond de ses synapses. Faut pas qu'il oublie pourquoi il est là. Thérapie de choc, qu'il estime efficace, alors il continue.

Il observe le porte-feuille, ouvre la bouche avant de se faire fermer le clapet, hausse finalement les épaules en levant les mains, l'air de se rendre sans combattre. "Ok ok, c'est toi la patronne." Et il souffle un rire nasal, baisse les pognes élevées, suivant Lyra. Alv se défait de son manteau, avant de le foutre dans un des casiers à disposition, y fourre le superflu de ses affaires même tout en gardant juste la clef qui servira à l'ouvrir de nouveau, avant d'observer les armes quand il y est. Regard sur l'ensemble, avant de s'orienter plutôt aussi vers les petits calibres. C'est qu'il a pas l'ambition d'un rambo pour l'heure et que c'est, après tout, ce qu'il possède déjà. Alors autant se faire la main dessus. "J'ai commencé y'a un peu plus d'trois ans, dans un club." Qu'il dit, chargeant l'arme, cette légère sueur dans le dos comme à chaque fois. C'est que ça le hante, malgré ses airs d'adulte qui semble gérer. Et pourtant, il pourrait jurer qu'un côté de son crâne lui brûle à cet instant. "J'ai eu des emmerdes, me suis dit que ça serait mieux pour la suite de savoir me défendre." De sacrées, mêmes, qu'avaient tué sa mère et qui l'avaient entraîné dans des tréfonds qu'il ne souhaite plus jamais explorer. Mais qui l'appelle parfois encore quand même. "T'aurais pas voulu me voir à mes débuts." Armé d'un sourire aussi, Alv, comme pour se détendre lui-même, avant de se poster aux stands, de prendre un casque pour le passer d'abord autour de son cou. "Et toi, t'as commencé pour quoi ?" Il pourrait y avoir des tas de raison. Et qu'elle lui dise continuer aujourd'hui pour savoir protéger sa fille l'étonnerait pas. C'est qu'elle a des allures de maman lionne, ouais, par moment. "On s'improvise un concours de qui tire le mieux, le perdant offre le café après ?" C'est pas tellement pour se mesurer à elle, qu'il dit ça. Juste pour le défi, juste pour profiter un peu plus encore, d'avec cette adrénaline qui va courir dans les veines pour gagner cette maigre récompense.

Lyra ne serai jamais venue si elle n’en avait pas réellement eu envie. Elle ne se forçait pas ou ne donnait pas de faux espoirs. Plus encore, elle avait réellement attendu cet après-midi. Pour évacuer, pour l’adrénaline qui lui manquait, et elle devait l’admettre, aussi pour apprendre à connaitre Alv. Il y avait ce petit quelque chose qui la poussait à le voir -en dehors des heures de boulot. Un petit truc qu’elle était incapable d’identifier. Sans parler de cette fossette qui se creuse dès qu’il sourit. A son tour, ses lèvres s’étirent un peu plus. Elle tente de le retenir pourtant un peu. « je l’amène dans plein d’endroits, mais ici… Hors de question. » non, elle voulait préserver sa petite merveille. Pourtant, elle savait qu’un jour il faudrait aussi lui donner les armes nécessaires pour se défendre. Au sens propre comme au sens figuré. Elle ne pourrait constamment la protéger de tout ou la garder dans une bulle de coton, intouchable.
« ok, tant mieux. » et un instant, elle se demande s’il lui aurait vraiment dit si le boulot le fatiguait. Après tout, elle restait sa patronne, et peut-être ne pouvait-il pas voir au-delà de ça. Elle, avait encore du mal à s’y faire. A se dire qu’elle avait une équipe à gérer, des employés à payer ou à recruter… Se faire figure autoritaire mais aussi attentive. Elle se demandait régulièrement dans quoi elle s’était lancée.

« Exactement ! » qu’elle lache en rigolant en réglant la note pour deux. Fallait bien que ça ait des avantages d’être la patronne et de le balancer une ou deux fois. Peut-être que comme ça, ça finirait par lui rentrer dans la tête. Elle ouvre la marche, se dirige vers une arrière salle où sont entreposées les différentes armes, parfaitement rangées. Son manteau retiré, son sac déposé dans le casier, Lyra lorgne déjà sur les petits calibres avant de reporter son attention sur alv. Elle l’observe en silence, pense remarquer quelques signes d’anxiété mais préfère ne rien demander, pas encore. « T’as raison…  puis j’imagine qu’avec la valkyrie, ça aide aussi maintenant» surtout dans une ville comme celle-ci, mieux vaut ne pas être sans défense. Elle s’éclaircit a gorge, ne sachant pas trop comment lui dire ça « mais si t’as des emmerdes… » elle baisse un pu la tête avant de replanter ses prunelles dans les siennes « tu peux venir me trouver aussi… Je sais que j’ai l’air d’une crevette, mais j’ai des ressources » ajoute-t-elle en rigolant. C’est vrai qu’en la voyant, Lyra, on miserait sans doute pas grand-chose dessus, dans une bagarre ou si on venait à l’attaquer par surprise… Et c’était pour ça qu’il ne fallait pas se fier aux apparences… « Peut-être que si », lache-t-elle à voix basse quant au passé… Avoir voulu le connaitre ou non. Elle était curieuse de ce qu’il avait été, ce qui l’avait rendu… Lui. Il la sort de ses pensées avec sa question, lui offrant par la même occasion un sourire amusé. « Oula… Pour emmerder mon père » avoue-t-elle en riant. « Et… disons que j’avais des activités pas toujours légales avec ma frangine… je… » elle soupire « je sais pas si t’as entendu parler. Enfin… on allait sur des épaves, avec les dons de Nessie, c’est simple… sauf qu’on n’était pas les seules à vouloir mettre la main sur tous ces objets » elle hausse les épaules, plus à l’aise qu’elle ne l’aurait pensé en dévoilant une partie de son histoire. Une partie que peu connaissaient vraiment, mais que beaucoup soupçonnaient. Le casque mis autour de son cou, juste derrière le stand. Elle vérifie son arme et tourne la tête vers Alv. « avec plaisir. Des pronostics ? Trois manches de dix tirs ? » elle avait un sourire immense sur les lèvres, à juste redevenir Lyra, l’humaine. Pas Nyx, pas une mère, pas une archéologue de renom ou une héritière. Juste Lyra, celle qui exaspérait de son père de par son trop plein d’énergie et ses loisirs explosifs.  

Note réglée par la dame, au revoir les diktats éculées qu'une femme se doit de se voir offrir les choses par les femmes. La valkyrie apprécie aussi, quelque part, de ne pas sentir Alv lutter dans un quelconque réflexe masculiniste dépassé. Ainsi ils vont pouvoir débuter ce drôle de rendez-vous qui n'en ressemble pas à un. Un sourire sur la face du gars, amusé à sa manière, l'air souvent trop relax quand sa tête menace d'exploser de nouveau. "Ouais, clairement. Même si elle avait jamais tenue d'arme à feu avant." Un bref rire, l'air de dire que c'était logique mais que la concentration qu'elle a pu lui apporter aide, vraiment. Qu'elle peut calmer l'affolement qui ronge parfois les veines. Qu'il peut lever les bras sans trembler plus qu'il ne faudrait. Qu'elle ne flanchera pas, elle, sur ce point. Comme Lyra, d'ailleurs, qui semble planter dans l'esprit du nordique qu'elle est fiable, elle aussi. Alors le sourire devient peut-être un brin plus tendre, alors qu'il l'observe. "T'en fais pas. Elles sont restés dans mon ancienne vie." Sauf un. Mais il est sans doute encore trop tôt, pour en parler, de cette épine là. De celle qu'il faudra arracher à la vie, brutalement. Et à la place, il préfère parler d'elle, de savoir ce qui l'a mené jusqu'à ces drôles de pistes, bien loin de celles qui font swinger le monde. Il écoute le rire face à l'aveu, l'accompagne même légèrement, imagine bien le tableau. Vrai que quand tout a semblé être prévu pour elle, d'avec cette déesse dans ses veines, un peu de poudre devait égayer le tableau. "Oh." Il résiste, un maigre instant. "Lara Croft, c'est toi ?" Cela aura duré au moins trois secondes, avant qu'il ne fasse sa blague. Comparée ainsi à un tas de polygones au siècle dernier n'est peut-être pas flatteur de prime abord, mais faut bien reconnaître au personnage qu'elle a une classe folle. D'autant plus quand on sait que c'est une véritable aventurière qui a inspiré les développeurs. Mais c'est peut-être pas le moment pour insister sur tout ça, n'est-ce pas ? "De l'archéologie, des flingues, des activités pas toujours légales... Franchement." Il décoche un sourire en coin, celui qui naît toujours quand il taquine ainsi. Pas l'air choqué, ceci dit, du dernier point. Sans doute qu'il a trop joué sur sa playstation pour ça. Et en parlant de jeu, le voici à en lancer un, juste pour égailler tout ça un peu plus. "Ok. Pour la première manche... Six tirs de réussis, sur les dix, au moins." Le temps de se faire au poids de l'arme, au retour de force, au petit recul, au bruit, à l'angoisse. De savoir enfin respirer correctement. "Et toi ?" Il va se placer dans un box en écoutant la réponse de la brune, avant de se lancer. Et allez savoir ce qu'il a bien pu se passer. Peut-être qu'enfin, placé là, il a su se retirer de toutes ses peurs. Qu'il a cessé de craindre la Mort, le noir. Qu'il a tiré en visualisant sa cible, parfaitement. Ainsi, ce sont les dix balles qui atteignent le papier, qui le traverses, les balles qui vont ne faire qu'une avec le béton derrière, emportant des bouts blancs avec elle. Dix tirs, à des endroits éparses, quatre touchant des points vitaux. L'adrénaline qui s'est diffusée directement dans le corps. Peut-être qu'il en avait plus sur le coeur que prévu, Alv. Quand il redescend le poing, il laisse un long souffle s'échapper, retirant son casque quand ça se termine aussi du côté de la brune. "Alors, tu penses avoir été comment ?" Lui ne sait pas encore. Appuie sur le bouton pour apporter le papier, prêt à le changer avec un de ceux que la cabine contient. La surprise sera de taille. Et la preuve qu'il semble soit se sous estimer, soit qu'il est totalement nul en pronostics.

La jordanienne lui offre un sourire réconfortant mais surtout compatissant. Elle voulait surtout lui faire comprendre que s’il avait des emmerdes, elle était là, et qu’il ne devait pas hésiter. Peu importe la raison, Lyra serait toujours prête à lui rendre la main. « d’accord, mais n’hésite pas » Elle lui laisse un peu de répit, ne revient pas à la charge. Chacun à son jardin secret, les zones d’ombres qu’ils préfèrent tous passer sous silence, au moins au début. Ils ont tous des angoisses, des peurs ou des parties de leur vie qu’ils préfèrent taire, et ça, la môme le respecte. Alors à la place de s’étendre, Alv la questionne sur sa vie. Ça l’oblige à se replonger dans quelques souvenirs… Le pourquoi du comment elle en est venue à être ce qu’elle est. Au moins en partie. Et cette fois, Lyra éclate de rire. Sans le savoir, il n’aurait pas pu mieux viser avec sa comparaison. Et instantanément, y’a un truc indéchiffrable qui se déclenche dans son palpitant. « Tu ne crois pas si bien dire » elle en rit encore, Lyra. Ouais, présenté comme ça, la ressemblance est plus qu’évidente, et Nessie le lui avait toujours signalé, bien que ça pouvait aussi s’appliquer à son année, l’archéologie en moins. Toutes les deux brunes, sublimes, badass, héritières, férues d’aventures avec un gout prononcé pour l’illégalité. « Nessie me surnomme constamment Croft » lache-t-elle comme si elle plaidait coupable. « Je t’assure, tu t’y feras » ajoute-t-elle, un sourire taquin sur le coin des lèvres alors qu’il lance leur nouveau jeu. Ça fait un petit moment qu’elle n’a pas tenu une arme. Longtemps qu’elle n’a pas été dans le feu d’action. Elle espère que c’est comme le vélo, et que ça ne s’oublie pas. « j’ai peur d’être rouillée… mais j’espère en avoir plus de six de réussi. Faut que je t’avoue un truc… » dit-elle avec une moue adorablement craquante « j’suis pas très bonne perdante » placée dans son box, la jordanienne place son casque sur ses oreilles et prend l’arme en main. Un peu plus lourde que dans son souvenir, mais lorsqu’elle tend et verrouille son bras, c’est comme si tout revenait. Une mécanique parfaitement connue et répétée. Elle était toujours elle. Une chorégraphie tant de fois répétée que son corps était incapable de l’oublier. Les dix tirs sont réussis, ou du moins, tous sur la cible, pas un à côté du papier. Elle a moins perdu que ce qu’elle pensait. Un peu quand même, mais c’est moins catastrophique qu’elle l’aurait imaginé. Elle enlève son casque, juste à temps pour entendre la question d’Alv. « moins rouillée que prévu je crois » avoue-t-elle en rigolant alors qu’elle ramène le papier-cible à elle.  Elle passe la tête à côté « alors ? » elle regarde la cible d’Alv. « ok… j’ai un sérieux concurrent » lache-t-elle en rigolant « mais je mène cette première manche » elle a un sourire amusé sur les lèvres. Sept tirs ayant touché des organes vitaux, les trois autres se baladant à la limite du corps ou dans un coin de la feuille. « Je vais peut-être pensé à te distraire » ajoute-t-elle sans franchement penser à le faire… du moins pas dans un stand de tir, c’était pas le truc à faire niveau sécurité. « Allez manche 2 ! » elle se replace, enfile son casque et se remet rapidement à tirer. Après quelques instants, elle enlève son casque, jurant et s’énervant toute seule à voix basse. « oublie ce que j’ai dit ! J’ai perdu en efficacité » soupire-t-elle. « ou c’est toi qui me distrais » marmonne-t-elle

Ainsi il avait Dame Croft à ses côtés, qui semblait bien parti pour lui fiche une déculotté. "Me battrais comme un diable quand même." En réponse à cette annonce qu'elle avait la victoire plus facile que la défaite. C'est qu'il allait pas lui offrir la moindre chance de gagner, qu'il allait se concentrer - ce qui explique peut-être les dix tirs à venir, touchant tous le papier, plus ou moins bien. Parce qu'il ferait pas l'offense de faire moins bien qu'escompté, parce qu'il voulait pas tout simplement pas faire croire à un personnage alors qu'il était entier depuis le départ. Alors la première salve s'écoule et les papiers viennent à eux. "Ça fait combien de temps que t'avais pas tiré ?" Qu'il demande, avant de jeter un oeil sur les résultats, quelque peu surpris de son propre résultat, offrant un sourire de fanfaron à la réflexion de Lyra. "C'était le temps de s'échauffer !" Promesse qu'elle mènerait pas longtemps. Sans savoir s'il allait réussir à faire mieux, parce que le ratio est largement meilleur de son côté à elle, qu'elle mène de trois points et que l'écart peut très vite se creuser. "Prochaine manche, je ferais mieux !" En espérant pour lui que ce soit bien vrai. Et puis, il souffle un rire à la réflexion de Lyra. "Fais gaffe, j'ai une arme entre les mains quand même." Ça serait pas le moment de le chatouiller, ou alors il faudrait attendre qu'il soit loin du chien, qu'ainsi il n'est pas enlevé la sécurité. Quand la seconde manche se lance, il remet le casque, se concentre de nouveau après avoir rechargé l'arme. Un souffle, puis deux, l'oeil directeur d'utilisé avant de rouvrir l'autre et il tire. Deux balles qui sifflent et s'écrasent dans le béton, parce que peut-être qu'il est un brin plus distrait. Lyra aurait-elle réussi son coup ? Pour autant, ses mains ne bougent presque pas, le recul est maîtrisé sur cette séquence et le voici à viser quatre fois le même point vital, deux autres tirs allant dans un autre. Un instant suspendu, après les dix essais, alors que le chien est remis en laisse, qu'il rappelle la cible, casque oublié autour du cou. Il a raté deux tirs, mais se sent satisfait malgré tout.  "Ouais enfin, le mec survit pas quand même." Air de canaille. "J'ai été moins bon aussi." Rapide calcul, en voyant les deux cibles. "Mais dans le ratio, on est à égalité." Ainsi, la dernière manche s'annonce décisive. Il la regarde encore, avec toujours la même tronche de mec insupportable en d'autres circonstances, compétiteur pas né du tout, mais qui s'amuse de cette situation. "Prête à m'offrir le café ?" Qu'il dit en entamant le geste pour recharger, avant de souffler un rire. Tête légèrement secouée, casque remis, il est temps. "Que le meilleur gagne !" Et c'est parti ainsi. Concentré encore, bon sur cette session - il peut remercier le hasard. Au vu de ses performances précédentes, il reste dans sa moyenne. Quand bien même Lyra a pu s'annoncer mauvaise perdante, ça le titille comme envie de la voir râler, de pouvoir la taquiner d'autant plus. Alors il ramène la feuille avec cette appréhension légère, ce truc à la con qui dépasse la relation de patronne et employé, largement. "Je crois que ta présence m'a galvanisé." Cinq points vitaux touchés. Neuf balle dans le pare-buffle du papier. Il lance un regard vers Lyra et le résultat, pour connaître l'issue de cette petite session.

Lyra n’en espérait pas moins de la part du brun. Ce n’était pas parce qu’elle avait l’habitude, qu’elle n’avait pas tiré depuis longtemps ou qu’elle n’était pas très bonne perdante qu’elle n’espérait pas qu’il donne le meilleur de lui-même. Elle aimait que les choses soient faites dans les règles. Elle aimait les gens qui se battaient, même si tout cela n’était qu’un agréable jeu. Elle ne voulait pas qu’il lui laisse la victoire tout comme elle n’allait pas foirer ses tirs. Du moins pas volontairement. « hm… quasiment un an, je dirais » elle n’était plus trop sûre. Mais ça devait dater du début de sa grossesse, ou quelque chose comme ça. Autant dire, trop longtemps à son goût. Elle s’était par contre amusée avec différentes lames… Jeu à la con qu’elle avait l’habitude de faire avec Nessie lorsque les deux frangines voulaient tuer le temps –à défaut de tuer ou blesser qui que ce soit. « Hm, c’est ce qu’on dit. Je lâcherai pas » promet-elle en rigolant face à ses résultats. Elle rit de plus belle à sa réflexion. Si elle mourrait d’envie de venir le distraire, elle allait s’abstenir. Il était vrai  qu’avec une arme entre les mains, c’était bien la dernière chose à faire. Sous le coup de la surprise ou des réflexes, on ne savait jamais comment la personne allait réagir. Et la deuxième manche s’enchaine, avec un peu de succès que la première, réveillant quelque peu la frustration de la jeune mère. Elle éclate de rire en entendant Alv. « ouais ouais, il reste encore une manche. Alors prépare le café, et les pâtisseries » répond-elle en répétant les gestes. Le casque, le flingue, le bras tendu, verrouillé, l’œil viseur avec. Elle inspire, expire, bloque, tire. Neuf tirs réussis, l’autre a fini dieu sait où. Le premier de la série, elle le sait, la présence d’Alv en tête encore un peu distrayante qui lui avait sans doute fait foirer le premier tir. Mais sur ces neufs là, six avaient atteints les organes vitaux. La sécurité remise, le casque enlevé et la cible ramenée, elle s’approche d’Alv, un sourire amusé sur les lippes. « Ravie de savoir que j’ai cet effet » elle s’approche un peu plus, sans doute trop « mais pas encore assez apparemment. Tu me dois un café, Rello. » elle a le sourire amusé, mais surtout ravie de ce rendez-vous particulier, où il lui avait fait tout oublier. Juste eux, et ses anciennes activités. Que de l’amusement et de l’adrénaline. « Mais je vais quand même te surveiller. J’suis pas certaine de gagner la prochaine fois » lui laissant sous-entendre par la même occasion qu’il y aurait une prochaine fois, se moquant bien de ce dont ça pouvait avoir l’air. « Pas trop déçu ? » elle se pince les lèvres, se retient de ne pas rire en voyant sa tête alors qu’ils ont réellement l’air de deux enfants.

Échec et mat. Y'a ce râle singulier du perdant, ce "raaaaah" qui s'échappe quand il se rend compte du score final. C'est que ça s'était joué à peu de choses, au final, mais il devait reconnaître sa défaite. Tant pis pour les taquineries et les pointes dans l'esprit de mauvaise joueuse, il aura à faire à l'inverse. "En même temps, je pouvais faire quoi face à madame Croft ??" On saupoudre le tout d'un peu de mauvaise foi et d'un bout de sourire qu'indique que, bon, il a le fameux seum mais pas trop non plus. Que ça lui permettra de rebondir sur d'autres blagues finalement, sur d'autres choses à titiller du bout de sa bonne humeur qui semble à peine entamée. "La prochaine fois, l'enjeu c'est un repas et crois-moi que je gagnerais pour le coup !" Comme une manière de dire qu'il y avait pas eu assez d'enjeu, cette fois-là, que c'était pour ça. Grand seigneur. Ou si peu qu'il rit encore un peu en retirant le chargeur de l'arme, posant le tout comme il faut dans les boîtes correspondantes. "Si, terriblement. On est deux à bouder en plus." Alors il tire une moue, exagère les traits pour faire mine qu'il est vraiment morose de tout ceci, après s'être tant marré. Pitre à deux faces, peut-être même plus. Il redresse la tête avec dignité, fait mine de rameuter en arrière la tignasse qui lui tombe sur le front. "Nous valons mieux que ça." Et il ne faut que quelques secondes avant qu'un nouveau rire éclate dans la pièce, tel un nouveau coup qui, au moins pour le coup, ne fera souffrir aucun tympan. Il regarde de nouveau Lyra, après ce maigre cinéma. "On passe à un calibre un peu plus gros et puis on va le boire, ce fichu café ?" Histoire de profiter un peu encore. Et selon, il passera à un tactic 12 pour s'entraîner - sans risque de perdre encore quelque chose - à recevoir le recul dans l'épaule, à s'organiser pour pas se péter le nez au passage avec. C'est qu'il ne sait pas encore ce qu'il pourrait utiliser, pour ce jour-là. Ou bien, Alv rangera définitivement les affaires utilisées pour ce coup, avant de filer avec Lyra. Dans tous les cas, les mains seront lavées avec soin, pour effacer les traces invisibles de poudre, même s'il sait en avoir sur le poitrail, sans doute même sur le visage et le jean. Qu'importe, au moins il se sait avec les mains propres. À peu près. Les affaires de nouveau sur le dos, il avise de nouveau la jordanienne. "Une préférence, pour où savourer ta victoire ?" Qu'il dit en remettant son manteau sur le dos d'un geste. "Un endroit où tout est bon, que ma défaite ait au moins un côté sympa !" Comme si partager encore un moment avec Lyra était un inconvénient. Sa mauvaise foi de perdant l'oblige à faire en sorte que, en tout cas. Jouons le jeu.

Elle secoue doucement la tête, le sourire aux lèvres. « ah c’est ça l’excuse de ta défaite, Rello ? Que j’suis Croft ? Trouve autre chose » elle rit encore à son adorable mauvaise foi. Elle en aurait de même si elle avait perdu. Elle aussi, elle aurait trouvé une excuse. N’importe laquelle à condition qu’elle soit un tant soit peu bonne. En réalité, elle était surprise de son propre score. Surprise de ne pas avoir perdu tant que ça, bien qu’un peu déçue de voir qu’elle devait s’y remettre sérieusement pour être plus efficace. Au moins, avec un flingue, elle n’avait pas de contrecoup divin à subir.  « Un repas ? Resto ou fait par l’autre ? Parce que si tu gagnes et que je dois cuisiner… Crois-moi, tu ferais mieux de me laisser gagner » avoue-t-elle non sans amusement. Elle se débrouillait aux fourneaux, mais ça n’avait rien d’exceptionnel, et ce n’était pas non plus toujours réussi. Mais depuis plusieurs mois –en réalité depuis que le père de sa fille n’était plus là- elle tentait de faire des efforts avec la cuisine. « Mais deal. Bien que j’sois pas certaine que t’obtiennes ta revanche » lache-t-elle encore taquine. C’était certain, elle n’allait pas le lacher avec ça, en croisant les doigts pour qu’elle gagne aussi à leur prochaine session.
« Oh… pauvre chat » commente-t-elle, une moue compatissante sur le visage avant d’éclater de rire avec lui. « La prochaine fois pour le gros calibre. Je voudrais pas que ta fierté en prenne trop d’un coup… » elle hausse les épaules, se retenant de ne pas sourire, alors qu’en réalité, elle n’est juste pas certaine de réussir à faire un aussi bon score. Mais ce n’était pas pour autant qu’elle n’avait pas hâte de remettre ça. Le challenger de nouveau, passer encore un peu de temps à se retrouver… « Et moi qui croyais que j’étais le côté sympa de ta défaite » à son tour d faire une moue un peu déçue et boudeuse, mais sans réussir à franchement se départir de son sourire amusé. « Il y a un petit café à quelques rues. Il se dit italien mais les pâtisseries sont françaises. Un délice » Avant, elle allait régulièrement dans ce café, y déguster un thé avec quelques viennoiseries ou  un cappuccino. Elle avait rapidement compris que le pâtissier en cuisine était plus français qu’italien. Il n’y avait qu’eux pour avoir un savoir faire pareil en matière de croissant. « J’te promets que ce café va devenir une habitude dès que tu y auras gouté » à son tour, elle remet son manteau, les armes sont nettoyées et rangées. Elle se tourne vers lui, sourire sur les lippes. « prêt à régler ta dette ? » d’accord, elle en faisait peut-être un peu trop, mais le taquiner l’amusait sérieusement.
Ils sortent du petit établissement, et d’un signe de tête, elle lui montre la direction du café. Juste quelques rues à traverser. A peine 5 minutes à pied qui se font dans le silence, non sans la jeune mère qui jette quelques coups d’œil discrets au colosse à ses côtés. Elle se sent minuscule, mais sans que ça soit forcément impressionnant. Ce serait presque… réconfortant. Au bout d’un moment, elle désigne la devanture du petit magasin. « C’est là »

Aurait-il pu trouver une autre excuse ? Bien entendu que non, celle-ci semblait être toute désignée. "Pas moi qui botte le cul à des t-rex." Il aura levé les mains devant lui, l'air de dire respect et qu'en même temps, face à ce constat, il n'aurait rien pu. Protégé par sa mauvaise foi, il se lance malgré tout dans l'idée d'un futur deuxième duel qu'il remporterait cette fois, parce que ce n'était pas pour ce maigre enjeu qu'il allait avoir tout donné. Ainsi il contredit déjà son excuse toute faite auparavant. "Resto ou on se fait livrer au pire." C'est que ça sonnerait presque bien, tout ceci. Avant qu'il n'étire un sourire mutin, rempli de cette malice de celui qui veut y croire, à sa revanche. "Bien sûr que si." Il y a toute l'assurance du monde qui transpire de son attitude, avant qu'il ne vire à tout autre. C'est qu'il s'offusque soudainement quand elle a la prétention de l'humilier - oui oui - sur les gros calibres aussi. "Ah ouais, t'es comme ça toi..." Alors il gonflerait presque les joues pour se faire tout bourdon, le grand dadais, mais va s'abstenir et ira plutôt pour tout ranger. Mais ça l'empêchera pas de rajouter une couche ensuite, dédaignant la présence de Lyra d'une toute autre manière, qu'il est ravi qu'elle relève, bien que ça le fasse éclater de rire sur le coup. "On croit mal parfois, Lyra Croft !" Et de dégainer ainsi un nouveau sourire bien plus mutin encore que le reste, comme si sa gueule entière était incapable de ne pas marquer la plaisanterie d'avec ses traits. Puis la remarque pourrait tout aussi bien lui aller, lui qui se voyait déjà vainqueur l'instant d'avant. "J'te suis, dans ce cas !"  Et il allait goûter sans doute pour la première fois de sa vie à des pâtisseries françaises, n'ayant jamais eu l'idée de tenter la gastronomie des fans de grenouille. "Ah ouais ? Ils mettent des addictifs dans leurs préparations, tu crois ?" Sait-on jamais. C'est qu'il a toujours cette part de parano qui s'éveille, dès qu'il s'agit de quitter sa bulle qu'il tient bon gré mal gré de tout ça. "Non." Qu'il dit en souriant. Crédible.

Le trajet est bien assez court pour qu'il ne rajoute rien dessus, réfléchissant à bien des choses, faisant le tri dans ses pensées pour se concentrer sur l'entraînement malgré tout, sur la concentration, sur la qualité de ses tirs. Il est bien assez prêt, Alv, quelque part. Mais ne trouvera jamais que c'est le cas. Alors c'est l'heure du bilan, avant de regarder la devanture, d'examiner le lettrage et puis surtout ce qui se cache au sein de la vitrine. "... Ok, ça a l'air pas mal du tout." Il dodeline de la tête, se rapproche alors qu'il a les mains dans les poches, ses doigts qui tripotent ses clefs, par bête réflexe pour s'occuper les doigts qu'ont tremblé sur le chien. "Allez, on rentre. Aux frais de la princesse pour toi." Sarcastique à souhait, en plein dans l'auto dérision pour ne pas se faire mettre une autre raclée, plus mentale cette fois, alors qu'il déloge une de ses pognes pour ouvrir la porte et la maintenir ouverte à Lyra. "Madame Croft." Air de canaille encore, avant de refermer une fois qu'elle est passée. "Ceci dit, me prend pas pour le majordome en fait, pas envie de finir enfermé dans la chambre froide." Tous les possesseurs du jeu l'ont fait. Ne jouons pas aux innocents. Alv se déclarerait lui-même coupable, si on lui posait la question. Le comptoir est abordé et bien assez vite, la commande passée. Le perdant sort ainsi son porte-feuille, après avoir commandé un café quelque peu corsé en goût, ainsi qu'à se laisser séduire par un croissant et chocolatine, curieux de goûter au tout. "Va à une table, je ramène le plateau." Alv désigne en même temps l'espace pour se poser, faisant glisser de son cou juste son écharpe. Quelques minutes à rester debout avant de tout ramener et de poser sur la table choisie, tirant sur la chaise pour s'installer, laissant ses grandes guibolles s'étaler d'un côté de la table, cheville droite croisée sur l'autre. "Ok, dis-moi comment ça se mange !" C'est qu'il sait que les français ont des manières, qu'ils sont assez étranges pour avoir ce cliché de manger de la pizza avec des couverts ! "Ils trempent dans le café, les français, non ?" Ici aussi, faut le faire ? Curieux sans trop l'être de la culture, Alv. Juste quand il y ait confronté, sans chercher d'informations en dehors. Mais c'est l'occasion de voir si Lyra peut lui apporter quelques lumières ou s'ils vont juste manger ça à leurs manières à eux. Alors, Croft ?

Le sourire sur les lèvres, cet échange lui plait. Cet échange et les taquineries qui en découlent. Tout comme cette idée de diner qui séduit étrangement Lyra. « On se fera livrer. Dans le cas improbable de ta victoire, ça t’évitera de tomber malade » un sourire en coin alors qu’elle lui file u léger coup d’épaule, signe bien particulier de son amusement et de sa légère moquerie. Qui sait, peut-être qu’il gagnera bel et bien. Peut-être qu’il était plus habitué qu’elle aux gros calibres et au recul qu’ils généraient. En réalité, plus le temps passait plus elle cherchait juste une excuse pour avoir du temps à partager à deux plutôt qu’une victoire qui satisferait gaiement son ego, mis de côté depuis sa grossesse. Ça la tentait bien de retrouver la lyra aventurière, un peu casse cou, celle qui flirtait constamment avec le danger, un peu accro à l’adrénaline. Laisser la mère de côté, sans pour autant la négliger. Juste se retrouver. Elle ouvre grand la bouche, faussement blessé. « Fais gaffe, tu vas me vexer » mais elle éclate de rire, à cause de la blague, et de ce sourire mutin qu’il lui offre. Peut-être un peu trop réceptive, la môme. Mais d’un léger signe de tête, elle lui fait signe de la suivre, direction le petit café. « Peut-être. Ça expliquerait bien des choses » qu’elle commente en rigolant. Tout le monde raffolait des pâtisseries françaises. Croissant, pain au chocolat, macarons… et ça, c’était que les classiques. Un succès incontestable.

Quelques minutes dans un silence confortable et ils étaient arrivés face à la devanture. Ça inspirait la qualité et le raffinement… chose qui contrastait quelque peu avec Arcadia, qu’elle pense sur e moment. Pas franchement la définition de la subtilité française. Lyra le fixe pendant qu’il observe tout ça. Ça a au moins l’air de lui plaire. Elle se marre, lui offre son plus beau sourire « si aimable de ta part » et lorsqu’elle lui passe devant, la jeune mère ne le quitte pas des yeux, à mi chemin entre le flirt timide et la taquinerie suite à sa défaite. « Promis, j’te garde en vie » manquerait plus qu’il plaque par sa faute. Non, même pas en rêve. Mais la comparaison à l’héroïne l’amuse… ça la flatte aussi. Mais elle a sans doute un peu peur de ne pas être à la hauteur. Arrivés au comptoir, elle commande un croissant et un cappuccino. Rien de trop corsé. « Oui chef » elle va s’installer à la table désignée.
Il arrive peu après, les délices et boissons fumantes sur le plateau. Elle se marre encore alors qu’elle s’empare d’un des croissants « J’crois pas que ça soit une science exacte. Chacun fait comme il le veut. Mais certains trempent ça dedans pour que ça soit moins sec. » elle hausse les épaules, peu adepte de cette pratique « je les trouve bien assez délicieux comme ça. Ils sont bien faits, ils ne sont pas secs ou étouffants. Alors je t’en prie, régale toi… ça pourra adoucir la défaite »  elle se pince les lèvres, retient un rire mais ne peut empêcher ses lippes de s’étirer. « Ok, j’arrête. Tu bosses ce soir ? » qu’elle demande, un peu oublié l’emploi du temps de ses propres employés. Pas franchement envie que ce moment ne prenne fin, elle se sent bien ici, avec lui. Et ça faisait bien longtemps que ça ne lui était pas arrivé. « ou je peux je te kidnapper ? »

Il souffle un rire. "Même si tu gagnes, je suis pas sûr d'être un grand cuistot." Il a l'avantage d'avoir toujours vécu seul, au moins sait-il faire l'essentiel et quelques plats en plus mais c'est jamais de la grande gastronomie. Ainsi sera acté le prochain acte, une livraison à la clef qu'il tâchera de remporter. Mais d'ici-là, il y a bien des moments à vivre d'abord, dont ce café à dénicher et à découvrir, que la vitrine annonce comme prometteur. "Si aimable de ta part." Qu'il renvoie ainsi à la taquinerie, l'attitude pas forcément si lointaine de celle de la jordanienne. Un regard sur elle encore avant de la laisser quelques instants, puis la commande est apportée à table, le blouson de nouveau délesté un peu en vrac sur la chaise, alors qu'il demande comment faire. "Ah ok, je vois." Moins sec. Ainsi il avisera s'il trouve que ça l'est, l'américain. Mais il trouve ça quand même étrange de bouffer des trucs qu'on trouve trop secs de base et de payer pour. Étrange "coutume" qui lui semble un brin conne sur le coup, mais il ne s'aventurera pas sur le terrain, loin d'avoir la lumière à tout les étages sur certains sujets que les européens jugeraient bêtes à leur tour. "... Je note à ta page que t'es mauvaise gagnante aussi." Qu'il marmonne dans un sourire légèrement contrit, quand elle remue le couteau dans la plaie et rappelle que trop bien l'amer de la défaite. Puis il rit quand même, amusé quand même avant de prendre déjà une gorgée de café. "Non, je suis kidnappable. Mais oublie pas que t'as promis de me laisser la vie sauve, hein." Qu'il dit, en la désignant d'un doigt, de celui qui veut dire tiens ta promesse, avant de reposer la tasse et tester le croissant. Il lorgne un peu le bousin, avant de l'occire d'un mouvement, séparant la partie gauche du reste. Curieux de la découverte, il observe comme c'est fait, comprend que c'est roulé pour être cuit, visiblement. "Ça va aller, pour ta fille, au fait ?" Il relève les yeux vers elle, tout en apportant la bouffe jusqu'à ses lèvres. "Je veux dire, si tu m'enlèves." Et il croque dedans, finalement, gouttant. Et puisque le destin est influençable parfois - et surtout français - il se trouve qu'Alv ne trouve pas ça mauvais du tout. Surpris sans doute par le goût de beurre qui s'en dégage, avant d'enfourner le reste du côté gauche de ce pauvre croissant écorché. "C'est pas mal du tout." Carrément que c'est bon, même ! Loin d'être sec, il s'évitera ainsi l'affront mental de tremper le tout dans son café. "Merci pour l'découverte." C'est qu'il n'est pas qu'un goujat quand il perd, visiblement. L'homme sait aussi dire merci, les doigts pleins des miettes que l'écorché vif laisse derrière lui. "Bon. Parle moi de toi." C'est soudain, inattendu peut-être, tant il laissait pas présager cette question. Mais le gars se redresser dans un sourire. "C'était quoi tes rêves d'enfant ? Et ceux d'adulte aussi, tiens." Nouvelle gorgée, le regard posé dans l'autre. Peter Pan sera-t-il de la partie une nouvelle fois ?

« Pas grave, va pour la livraison » elle lui offre un sourire entendu, au moins ils sont d’accords. Peu importe qui gagne, ils se régaleront quand même. Elle avait les bases de la cuisine, peut-être même un peu plus, mais ça n’avait jamais été une grande passion. Mais elle ne le laissra pas gagné pour autant, ou du moins, elle fera tout pour l’emporter… Manquerait plus qu’elle lui donne une occasion de la charrier. Elle savait qu’il ne se louperait pas là-dessus. Elle éclate de rire lorsqu’il répète ce qu’elle vient de dire, sur le même ton. « qui sait, tu pourrais être utile » qu’elle ajoute un peu taquine alors qu’elle va prendre place à la petite table.
Il ne met pas bien longtemps à la rejoindre, le bras chargé du tableau. Elle prend un bout de son croissant avant de se mettre à rire. « J’suis pas mauvaise gagnante… Mais l’air que t’as là » du bout de l’index elle désigne son visage, la tête qu’il fait « ça me donne juste envie de continuer » qu’elle ajoute en riant avant de prendre une gorgée de sa boisson. Avec le froid qu’il faisait, ce n’était certainement pas de refus. Le sourire s’agrandit lorsqu’il affirme qu’il peut rester encore, qu’il n’y a pas d’obligation. Bien. Est-ce que c’est normal qu’elle s’en réjouisse autant ? Elle préfère laisser la question –et surtout la réponse de côté. « Une promesse est  une promesse » il restera vivant, elle compte bien s’en assurer. Et il aborde le sujet de sa fille, elle se pince les lèvres. Elle retient une boutade, se retenant de lui dire qu’avec les années, sa fille pourrait bien venir lui rendre visite, peu importe où elle allait le retenir… Mais c’était peut-être un peu trop étrange comme humour. « ça ira. Elle a une babysitter, juste un message à envoyer. » elle prend un autre gorgée et ajoute sans réfléchir « sauf si tu veux qu’on la rejoigne » elle se racle la gorge, se rendant compte qu’elle lui propose indirectement d’aller chez elle.. Ses joues se colorent doucement, assez légèrement, sans être sûre qu’il n remarquera rien. Elle finit son crissant, et noie sa légère gêne dans son café. « tu vois ! » lache-t-elle finalement, comme s’il s’agissait de la victoire du siècle. Pas si mal la défaite finalement. Mais cette fois, elle a les yeux qui s’écarquillent. « euh » elle se met à rire, se redresse à son tour, pose ses coudes sur la table pour venir appuyer sa tête sur sa main. « être une aventurière… être libre » qu’elle répond en riant. « j’ai un père qui voulait tout décider pour moi, mais il s’est rendu compte que ça allait coincer » question d’éducation, de culture aussi. Si c n’était pas aussi strict en jordanie que dans d’autres pays, certaines habitudes avaient la vie dure. « je voulais être indiana jones aussi… et une sirène » elle se met à rire, se rappelle de toutes ces fois, à nager et retenir sa respiration… L’ironie, c’est que c’est sa sœur qui contrôle l’océan. « ceux d’adulte… » elle soupire, pense à finn un bref instant. « je sais pas trop. Je veux continuer à faire ce que j’aime. J’aurais voulu qu’Andrea est un père… Présent. » elle détourne le regard un bref instant, le sujet n’est pas simple. Pas parce que c’est Finn, elle l’aimera toujours, d’une certaine façon, peut-être un sorte d’affection constante, mais c’est tout. C’était bel et bien fini. Mais si andrea n’avait pas été prévue, elle aurait tout de même voulu lui offrir un environnement stable. « je crois que j’veux me retrouver aussi… et concilier ça avec elle, autant que possible » elle redresse la tête, plante une nouvelle fois son regard dans le sien. « et toi ? à part ton rêve de me battre » moue craquante qui s’affiche sur le visage de la brune, incapable de résister.

Insinuait-elle qu'il n'était pas utile au quotidien, déjà ? M'enfin ! Suffissait déjà de voir les sourires qu'il pouvait lui arracher pour savoir que son rôle de petit comique était utile au moins pour elle. Alors les yeux levés, il s'était contenté de rire et de passer à autre chose. Et de continuer de jouer à ce drôle de jeu qu'ils ont instauré dès l'instant où il a perdu. Il se mord la lèvre inférieure, Alv, quand elle évoque l'expression qu'il peut bien arborer. C'est qu'il a envie de faire mine de croquer le doigt qui le pointe. "Je note que j'ai une tête de victime pour toi, alors." Bout de sourire finalement alors qu'il retient le claquement de ses crocs pour effrayer Lyra, trop occupé à étudier le croissant qu'il va becter à la place. La pâtisserie plutôt que le cannibalisme, oui ! Ainsi ils peuvent continuer et il se retrouve un peu surpris, un maigre instant, avant de sourire plus doucement. "Tu me présenterais ta fille, vraiment ?" Il s'y attendait pas tellement, c'est qu'il est qu'un employé à la base et se targuerait pas de se dire ami avec elle désormais, parce que c'est sans doute trop tôt et qu'au fond... Le veut-il vraiment ? Il y a ce petit quelque chose qui lui fait dire, très intérieurement, que non. Mais qu'il n'a pas encore capté et qu'il renie tout autant que sa voisine. Alors il préfère passer à autre chose, parler de passé, de présent. De mélanger les deux, de voir si tout s'accord ou non. Alors il se pose et l'écoute, Lyra, curieux de la découvrir au travers de l'enfant qu'elle a été. Et la différence entre eux est déjà flagrante, à ce niveau. Sauf un. "Oh, j'ai voulu être Indiana Jones aussi !" Et de rire ainsi de cette constatation de rêve du petit garçon qu'il a pu être. Puis ceux d'adulte vienne et ainsi, il apprend qu'elle est mère célibataire, mais pas seulement. L'enfant n'a ainsi pas de père présent même au loin dans le paysage et il comprend, peut-être, un peu plus encore la jordanienne. Bien qu'il ait eu ses deux parents, Alv a pu voir des camarades orphelins et expérimenter plus tard ce que était l'absence avec la mort de sa mère.

Il hoche alors, une expression bien plus douce sur le visage... Qui lui est arrachée par la boutade finale. "Hey !" Il rit, fiche une bourrade d'un pied dans un de Lyra, gentiment. Juste de quoi signaler son mécontentement, d'un sourire d'effronté. Elle l'a bien cherché ! "Enfant, je rêvais de voler des pommes dans le jardin d'à côté." C'est qu'il avait eu une enfance simple. "Et j'ai accompli le plus grand de mes rêves, gamin..." Il se penche un peu vers elle, oeillade complice. "Réussir à convaincre mon frère de manger des vers." Il avait cru que c'était des bonbons. La faute à qui, hein ? Alv rit encore. "J'étais plutôt classique, gosse. Je rêvais d'avoir un chien et de devenir un de mes héros, adulte. Genre Indiana, McFly parce qu'il était trop cool, ou avoir mon propre terminator." Finalement, il en avait gagné la carrure. "Et maintenant..." Il réfléchit, sait très bien qu'elle serait la bonne réponse mais il lui semble que ça serait de mauvais ton de dire que ça serait de retrouver un homme pour le plomber. "J'aimerais bien trouver un moyen de rendre le sourire à mon père." À défaut de pouvoir livrer ses pleines intentions, il lui offre ce qu'il a de plus sincère. Cette vérité sur son père, le même à qui il a arraché ses derniers rires en tuant le second fils. "Mais en même temps... Je crois bien que ça me plairait, de faire mon trou dans cette ville." Et il la regarde encore droit dans les yeux, en disant ça. Il n'avait jamais pensé spécialement à rester ici. Songeait à repartir après la tuerie. Mais les cartes ont changé toute la donne. "Et te faire manger la poussière aussi, bien entendu." Non mais. Sourire décoché, encore. Il termine son croissant, enquillant une nouvelle gorgée de café. "C'est d'un classique tout ça, te jure." Il se secoue d'un nouveau rire, vient essuyer ses doigts contre une serviette. "Finalement, on a plus de failles qu'on peut le montrer." Elle et Andrea, le père absent. Lui et le sien que trop présent dans sa douleur. Celle qu'il fait mine de ne pas entendre pour ne jamais connaître les regrets.

Lyra ne peut s’empêcher d’éclater de rire à sa réflexion « c’est absolument pas ce que j’ai dit ! » elle rit encore, plisse le nez face à ces dents qui s’approchent comme pour venir mordre son doigt. « c’était un compliment dissimulé. » vraiment dissimulé… mais quand même. Elle hausse alors les épaules, moins hilare, sourire plus doux sur les lèvres. C’est vrai que sa fille était un sujet sensible. A juste titre, elle cherche à la préserver de tout et de tout le monde. Surtout de cette ville et de ses vices. Des personnes vicieuses et potentiellement mal intentionnées.  Mais pas Alv. Ce n’était en tout cas pas ce qu’elle ressentait. « Pourquoi pas. J’en sais rien. T’as quelque chose qui inspire confiance. » en tout cas à elle, et c’était peut-être ça le principal. Pas quelque chose dont elle pouvait être sure, mas plus un instinct, un feeling. « sauf si t’as une aversion pour les bébés » parce que c’est ce qu’elle était encore. Même pas un an. Encore un petit bout qui regardait le monde avec des yeux curieux et émerveillés. Impossible de ne pas sourire lorsque lyra pense à Andrea. Mais rapidement, ils font dévier la conversation. Encore une fois, elle rit. « Eh c’est pas trop tard ! Tu peux être mon co Indiana Jones, mais va falloir suivre ! » qu’elle propose en riant. Après tout, depuis que Nessie était partout, ses aventures avaient affreusement ralenti.. Plus de partenaire dans ses escapades, plus de complice. Seulement quelques coups de téléphone parce qu’elles étaient incapables de faire autrement ou de couper.

Elle grimace, tente de lui remettre un coup qu’il esquive alors qu’elle rit encore. Deux gamins. Deux ados dans un jeu qui lui échappe mais qui est loin de lui déplaire. « J’voudrais pas te priver d’un rêve d’enfant. On peut aller voler des pommes si tu veux. Et j’ai quelques avantages qui pourraient bien nous servir… » commente-t-elle avec un air complice, faisant référence à ses ombres. Cette capacité fabuleuse bien qu’effrayante pour certains, de pouvoir assombrir tout un lieu, une rue, une pièce… Un noir total et aveuglant. Elle s’approche alors, prête à entendre la confession. Un éclat de rire suivi d’une grimace. « c’est dégoutant » qu’elle commente, grimaçant encore en imaginant la scène. Une nouvelle fois, son visage se radoucit, acquiesçant d’un léger signe de tête. Elle ne savait pas de quoi il retournait avec son père, mais elle savait que ce n’était jamais simple lorsqu’il s’agissait de la famille. Elle sourit un peu plus franchement, laisse ses doigts glisser sous menton qu’elle enserre doucement entre ses doigts, comme pour être sûre qu’il capte bien son regard. « Alors reste » qu’elle lache, son sourire adorable sur les lippes. Les doigts qui s’évaporent alors qu’elle rit en secouant doucement la tête à sa réflexion. « Ouais… je cache plus de choses que j’veux bien le montrer » finit-elle par avouer avec une moue un peu embêtée alors qu’elle attrape le plateau pour les débarrasser. Lorsqu’elle revient vers la table, arrivant derrière Alv, elle se penche vers le creux de son oreille. « mais rêve pas, tu m’feras pas manger la poussière. C’est mignon de rêver par contre » un murmure qui vient lui chatouiller l'épiderme. elle se redresse, fais un pas de côté et se retrouve debout à côté de lui, la main offerte dans sa direction. « prêt à être kidnappé ? »

Rassuré sur sa tronche - apparemment juste de cancre finalement ! - il ne peut que rire de bon coeur au reste. Surpris par la proposition de rencontrer potentiellement la fille de Lyra, qu'il a tentait de se figurer un tas de fois, mais Alv n'a pas vu assez de bébés dans sa vie pour mesurer à quoi ça peut bien ressembler à cet âge-là. "Aucune aversion connue." Qu'il répond alors dans un sourire, plutôt ravi même à l'idée de potentiellement la rencontrer, cette chère petite dont il apprendra bientôt plus de choses encore. "Ah ! Comment ça, "co" ? T'es Croft je te signale, laisse moi AU MOINS la maîtrise du fouet !" Par contre la phobie des serpents, ça va, il gère ! Rien à signaler non plus de ce côté. Il aurait pu avoir celle des vers s'il avait été dans la situation de son frère mais là encore, ce n'était pas le cas et il se marre bien à raconter l'anecdote. "Ooouh, vous vous encanaillez en ma présence, madame !" Il peut pas s'empêcher de rire, curieux quelque part de vraiment aller voler trois pommes et de la voir agir ainsi, loin de ce soucier du reste du monde. Et pour sûr que deux jours après il aurait donner de la monnaie pour lesdites trois pommes parce qu'il n'est pas Robin des bois et que c'est pas toujours cool les trous dans les caisses. Et les rires se calment, quand il aborde le sujet du père et d'en même temps, que cette ville semble être un nouvel pied à terre plus important qu'il ne l'aurait cru. Alors reste. Et les mots font comme un écho en lui, alors qu'il sent les doigts de Lyra sous son menton, qu'il se sent comme brûlé un instant par son regard. On cache des failles, pas vrai ? Il lui a semblé en voir mille, dans les yeux d'en face. Est persuadé d'en avoir livré tout autant dans les siens. Alors il lui faut une inspiration pour s'en remettre, expression peut-être un brin plus dure revenue, parce qu'il n'aime pas se sentir flanché, que la peur n'est jamais loin même là où la soupçonnerait pas de frapper. Il sent la présence de la valkyrie l'envelopper, comme pour murmurer que plus jamais il ne serait seul. Et fort de cette présence, il observe Lyra un instant avant de rassembler ses affaires, quand le murmure le stoppe dans ses gestes. Il tourne de nouveau la tête vers elle, remarque le frison qui est remonté le long de son échine. "Laisse-moi rêver..." Qu'il murmure en réponse, les prunelles accrochées à la jordanienne, avant de se saisir de sa main pour se redresser, la gardant dans la sienne un instant. "Prêt." Et ainsi en face d'elle, il y a comme une pensée qui traverse l'air pour l'atteindre, à elle. Pourquoi je te fais déjà confiance ? Les doigts relâchés, Alv remet sa veste et salue bien assez les présents en sortant. Le col de la veste correctement remis au vu du froid ambiant et un regard sur elle. "Alors, t'as quelque chose en tête, ou on improvise ?" Sourire alors qu'une idée lui traverse la tête. "Si ça fait longtemps que t'en as pas fait un, je te proposerais bien un cinéma. N'importe quel film qu'a l'air drôle, on se prend le plus gros paquet de popcorn et on se gave devant." Quitte à se comporter comme des gosses, autant pousser le tout. Après tout, pour cette journée, n'en sont-ils pas un peu ? "En plus, à cette heure-là... Y'a des chances qu'on soit seuls dans la salle." Alors ils pourront jouer aux gamins encore, à potentiellement commenter le film tout en faisant du bruit à sans cesser remuer le pot. Insupportables, mais avec une impression de liberté bête mais bien présente.

Elle est incapable de s’arrêter de sourire, Lyra. Comme une ado qui apprécierait un peu trop ce rendez-vous. « Bien » manquerait plus qu’il ait une aversion pour les bébés, ou juste sa fille. Elle n’arrive même pas à l’imaginer. Elle repense à la bouille d’andrea, et on visage s’illumine encore un peu plus. Quelques cheveux bruns, un bouille adorable, des grands yeux clairs… sourire en coin qui se dessine à cette pseudo vexation. « bien, bien. Je te l’accorde, t’es Indiana Jones. En entier. 100% » qu’elle répond en rigolant, l’imaginant un instant avec toute la panoplie : chapeau, fouet… le total attirail. « ou peut-être que c’était déjà là et que j’avais juste besoin de toi pour faire ressortir tout ça » qu’elle réplique en riant. Ouais, c’était sans doute ça. Besoin d’un simple coup de pousse pour faire quelques conneries. Puis avec son don et ses ombres, elle pourrait sans aucun doute les dissimuler tout le long du méfait. Ni vu ni connu, comme on dit.
Et la jordanienne, elle se perd de plus en plus dans le regard d’Alv. Elle se perd dans ce qu’elle y décèle et plus encore dans ce qu’il dissimule. Elle a pas envie de le voir mettre les voiles. Alors dans un souffle, elle lui dit de rester. Pour elle ? elle aurait voulu le sous-entendre un peu plus, laisser l’hypothèse germer dans sa tête. Le palpitant qui s’emballe, et elle est obligée de se lever pour reprendre au moins un peu ses esprits. Alors qu’elle revient, le plateau débarrassé, à se pencher vers le creux de son oreille. C’est qu’elle y prend bien trop goût à ce jeu, ce flirt installé à dieu sait quel moment. Ça lui donne un frisson le long de l’échine, et une envie de continuer. Sa main qui se glisse dans la sienne, elle sourit un peu plus « parfait » la main qu’il lache, qu’elle trouve désormais bien vide, plus froide, ils sortent de là, sans vraiment savoir ou aller. « pas vraiment, mais ça va venir ! » qu’elle avoue avant qu’il ne lui fasse part de son idée. Le visage qui s’illumine une nouvelle fois alors qu’elle se met à rire. Les fossettes qui se creusent, s’avouant à elle-même qu’elle trouve l’idée affreusement séduisante. Un cinéma quasi privatisé, Alv, un comportement d’ado… Séduisant. « C’est parfait ! » Ils pressent le pas en direction du cinéma, comme impatients d’agir un peu plus comme des mômes.
Ça aurait été sans doute plus rapide de prendre un taxi, mais Lyra est bien trop de bonne humeur pour vouloir raccourcir ce moment. De temps en temps, avec un sourire amusé sur le coin des lèvres, elle donne un coup d’épaule à Alv –coup d’épaule qui atterrit dans son bras tant il est grand par rapport à elle.  Après quinze minutes de marche, ils arrivent devant le grand bâtiment, flanqué de plein d’affiches. Quelques nouveautés, mais rien à une heure pareille, si ce n’est une rediffusion. « oh !! The Mask ! » qu’elle lache avec un enthousiasme non feint. Elle attrape sa main à la volée en rentrant rapidement dans le cinéma « t’as même pas le choix » précise-t-elle en rigolant pour aller vers le guichet et récupérer deux tickets. Elle tourne la tête vers Alv, tout sourire, appréciant déjà ce moment. Direction le stand de confiserie. Elle commande le plus gros pot de pop-corn avant de lui mettre entre les bras. « Monsieur à tout ce qu’il lui faut ? » ou peut-être une boisson ? « la séance va bientôt commencer »

Il songe à plus grand-chose, à cet instant, Alv. Propose l'idée qu'un foutu gosse aurait dans la tête, d'avec cet amusement qui reste planté dans l'échine, la même qui a été agité par un frisson qu'il n'a pu réprimer, que remarquer. Les regards qui se perdent sur les traits d'en face, l'attention qui se focalise sur les rires qui s'échappent de Lyra et l'envie, pugnace, de l'entendre encore ainsi. Si légère, si libre. Lyra, devant lui, plutôt que quiconque d'autre. Alors le surnom s'envolerait presque  de ses pensées et il se met à la suivre en souriant, la laissant choisir la route parce qu'il serait pas foutu de trouver lui sans son téléphone pour jouer au gps. Et puis, sur la route, il revient sur le sujet des pommes, s'amuse des coups d'épaules et lui renvoie gentiment la pareille dans quelques sourires bien ancrés sur sa gueule qu'a plus que jamais perdu dix ans depuis qu'elle est là. Oubliée, l'angoisse ressentie durant les tirs. Oubliée, la fatigue et la prise d'avec ses démons qui le lâchent jamais. Oubliée, la vengeance qui pourtant guette si souvent. Il regarde même plus les visages des gens qui croisent, au cas où, lorgne juste sur elle et peut-être bien que c'est porteur d'un espoir qu'il aurait jamais eu auparavant. Peut-être bien qu'il pourrait être autre chose qu'une sorte de punisher raté, peut-être bien que ouais, il pourrait rester dans cette ville finalement, plus retourner là où résidait les emmerdes et les souvenirs qui lui tenait trop au coeur. Oubliée les piqûres d'antan, oubliés les rires moqueurs, oublié ce Alv insignifiant et en manque de la dose qu'on lui avait injecté au départ. Reste que ce type-là, à côté de Lyra, qui a le nez levé vers les films et qui repère le même. Que ce type qui baisse ce même nez bien assez vite pour lorgner sur les mains qui s'unissent encore pour se permettre de suivre encore et encore la femme qu'il avait à ses côtés la seconde d'avant. Oublié, le reste du monde. "Ça me va !" Bien assez vite, la borne et le silence d'Alv, en proie avec lui-même, avec cet autre être qui murmure qu'elle n'aime pas la tournure des choses. Moi si, Hridana. Et un nouveau sourire alors qu'il sort son porte feuille pour les pop-corns. "Laisse-moi participer un peu, oh !" Qu'il clame, posé le billet approprié pour le paquet. Et en réponse à Lyra, il prend une bouteille d'eau en prime, juste au cas où. "C'est bon." Porte-feuille rangé, alors qu'il jette un coup d'oeil au hall désert. "Après vous, madame." Sans trop savoir pourquoi, il se prête un peu au français, à un des très rares mots qu'il connaisse de la langue. L'effet des croissants peut-être, alors qu'il a le pot dans les mains.

On leur indique la salle, leur souhaite un bon film après avoir récupéré une partie des tickets. Dans les couloirs, il a envie de courir presque, de se comporter comme un sale gosse encore mais le pot rempli l'en empêche alors il se contente de piocher dedans avant de grimper les marches qui mènent à une petite salle. Vide. "Cinéma privatisée rien que pour nous." Alors il la laisse choisir les places, mais si on lui demande son avis, il aura une préférence pour les sièges le plus en hauteur, juste assez éloigné du néon qu'indique la sortie pour pas être gêné. Un ensemble sur la salle, de quoi voir aussi si quelqu'un rentre encore. Paquet déposé à terre, le temps de se défaire de son manteau et de sa veste aussi, parce qu'il fait bon dans le cinéma, bien assez pour rester en t-shirt, parce que le nordique traîne peut-être un cliché ou deux dans sa besace et que le froid d'Arcadia n'est pas un qui le paralyse sous trois couettes la nuit venue. Et une fois le cul posé, il étale ses longues gambettes devant lui, un coude planté sur l'accoudoir et le buste naturellement penché vers Lyra, comme prêt pour murmurer moult confidences ou bêtises en rapport avec le film. "Ça doit bien faire dix ans que je l'ai pas vu." Il commence avec cette première, la main qui forme un poing pour y laisser atterrir sa joue, les yeux qui se relèvent vers Lyra après un léger mouvement de tête pour l'avoir dans son champ de vision. "Mais je me souviens encore de la chanson de Sancho." Sourire éclatant, du type fier de ça alors qu'il n'ira nul part dans la vie en se souvenant de la scène parfaitement. L'autre pogne vient à piocher encore dans les pop-corns, alors qu'il regarde encore sa voisine. Une idée qui germe, sans qu'il en fasse part encore. "Hâte d'être à cette scène pour m'entendre chanter ?" C'est pas tant un cadeau que ça, mais il fera comme si, alors que les lumières s'éteignent dans la salle et que l'écran s'en va vomir son moment pub qui fait vivre le cinéma.

Heureusement, le choix du film lui convient. Ils vont bien rire, elle en a de bons souvenirs. Et un peu trop naturellement, elle retrouve sa main, comme une nouvelle habitude prise trop facilement. C’est loin d’être désagréable, presque trop familier pour quelque chose qu’elle n’a fait que deux fois. Y’a quelque chose qui la fait se sentir bien aux côtés d’Alv. Quelque chose qu’elle nie encore, pour combien de temps ? Juste un léger sentiment, quelques envies qui se bousculent. Pour le moment, elle met les réflexions et la raison de côté, c’est bien plus sympa de se comporter comme une ado. Elle se met encore à rire quand monsieur râle. « bien » qu’elle lache alors qu’il pose le billet pour eux deux. Faudrait pas qu’elle froisse sa masculinité. Les provisions achetées, elle sourit en passant devant lui, un peu impressionnée par ce mot de français, joliment sorti. Elle mène la marche, et entre dans la salle qui leur est indiquée. Comme ils s’en doutaient, il n’y a pas un chat. Juste ces deux-là, égarés dans la normalité et l’insouciance d’un ciné en plein après-midi.
« Parfait » Pas de véritables ados insupportables. Une salle noire juste pour eux. Naturellement, Lyra se dirige vers les rangs du haut, mais non plus le dernier rang. L’avant dernier, comme une place favorite au milieu de toutes ces possibilités. Elle se débarrasse de son manteau à son tour et le dépose sur le siège d’à côté avant de poser ses fesses dans l’un des fauteuils. Elle ‘est pas aussi réchauffée que Alv. Elle garde bien volontiers son petit pull, loin d’avoir les mêmes origines. Si elle n’est pas spécialement frileuse, elle n’apprécie pas le grand froid pour autant. Pendant dix-huit ans, elle a été habituée aux températures d’Amman. Si  ça descendait en hiver aux alentours de 10°C, elle avait facilement 35°C dès le mois de mai. A son tour, elle se tourne vers lui sans se départir de son sourire. « J’espère que tu te souviens aussi de la danse qui va avec. J’veux voir ce film juste pour te voir faire pareil » pas vraiment, puisqu’elle ignorait qu’il passait aujourd’hui. Ou même qu’ils allaient atterrir au ciné…. Mais ce serait un grand bonus. « J’espère que t’y mettras tout ton cœur » à ce moment là, les lumières s’abaissent et l’écran s’animent de différentes pubs, toutes plus chiantes les unes que les autres. Et les quelques bandes annonces. Elle lance un coup d’œil sur le côté pour voir Alv, sourit malgré elle en piochant dans le pot de popcorn.
Début de film, et elle tourne une nouvelle fois la tête vers l’homme à ses côtés avant de reporter son attention sur le film qui défile doucement. Le masque découvert, les conneries qui débutent, et un Alv trop sage à son gout. Quelques popcorns attrapés qu’elle balance gentiment sur lui, moue faussement coupable sur le visage. Elle se rapproche, pose son coude sur la séparation entre eux et appuie sa tête sur sa main, bien plus proche de lui. « t’es bien trop calme à mon gout. Pas assez souriant, non plus » qu’elle lache pour le taquiner. En réalité, elle s’était déjà habituée à son sourire et à voir ses lippes s’étirer. un autre pop-corn attrapé, mais qu’elle met cette fois dans sa bouche. « tu  sais chanter au moins ? » elle laisse le bout de son doigt s'approcher, se positionne à la commissure de ses lèvres « souris » qu'elle lache en rigolant.

Zut, elle lit dans ses pensées. "Qui a dit que je danserais seul ?" Comme des allures de promesse, que ce mot glissé d'avant les pubs. Il avait bien dans l'idée, plus tard, de la tirer vers lui et d'entamer un tango qui aurait pas fière allure avec les sièges autour. Mais il sait d'avance qu'ils riront et ça lui suffit. L'idée de se taper la honte ne l'effleure pas et il veut juste que ce moment arrive. Mais avant, y'a le film et il se marre aux moments clefs, Alv. Peut-être qu'il cherche rien à la base, rien qu'à l'entendre encore rire. Mais y'a le maïs qui s'abat contre lui et Alv tourne derechef la tête vers elle. E l l e  et son visage qui prend mille expressions, au fur et à mesure des couleurs que le film prend et qu'il lui donne. C'est qu'elle est belle, Lyra, et que ça ressort plus que jamais quand tout semble lui aller. "C'est que le film est bon." Qu'il répond, avant de se retrouvé nourri - ou gavé au vu de l'estomac déjà bien rempli - et qu'il sourit, quand l'injection tombe. Et cette fois, il résiste plus, vient juste mordre doucement le doigt qui s'est aventuré une nouvelle fois si proche de lui. Prend juste entre les dents la phalange qui s'est trop aventuré et le lever des sourcils semble dire oups et qu'il est surpris de ce qu'il arrive. Alors que non, que le sourire qui s'étire, joueur et taquin, indique tout le contraire. Il relâche la jordanienne, se rapproche juste pour souffler. "'Gaffe, j'ai du mordant." Le regard légèrement plissé, l'attention de nouveau portée entièrement sur elle. E l l e  que les  o m b r e s  habillent si  b i e n.

Parce qu’elle doit danser aussi ? Elle se serait bien contentée de le regarder faire en se marrant de le voir se déhancher comme dans le film. Mais c’est vrai qu’un tango, c’est bien mieux à deux. Déjà plus pratique. Mais elle ne dit rien, se contente de garder son sourire e coin, en se disant qu’elle verrait bien le moment venu. Après tout, Alv serait bien capable de l’amener dans cette folie aussi. Et c’est pas comme s’ils avaient un quelconque public ou qu’ils risquaient de s’afficher. Ils étaient seuls… Et dans le pire des cas, elle pourrait rendre l’obscurité totale dans la salle. Totale, sauf pour eux.
Elle se rapproche, le fixe, au bout de quelques minutes de film. A croire que la timidité du début s’était évaporée. Une familiarité et une complicité qui s’installent au fil des minutes. « hm. Bien sûr » qu’elle se moque doucement avant de se retrouver, surprise, avec son doigt coincé entre les dents d’alv. Il avait dit pourtant qu’il finirait par le faire. Son sourire s’élargit, son palpitant s’emballe un peu trop. C’est qu’il lui vole un battement de cœur, Alv. En réalité, c’est plusieurs qu’il lui vol quand ses lippes s’étirent. Le myocarde s’emballe, et lyra, elle a l’impression que le sol qui s’ouvre ses pieds, quelque chose qui se passe dans sa cage thoracique. Le doigt récupéré, il se rapproche, elle aussi, doucement. Elle sent son souffle chaud, fait exprès de frôler son épiderme, et plus encore la commissure de ses lèvres. C’est une drôle de sensation qui descend dans le creux de ses reins et qui entoure son organe vital. Mais y’a aussi l’adrénaline qui rush dans ses veines. « ah oui ? à quel point ? » qu’elle susurre, sourire en coin sur les lippes sans être capable de se reculer malgré le film qui continue malgré eux et leur jeu.

Les sons, lointains.
Sa voix, si proche.

Les images, floues.
Ses yeux, fixés.

Faudrait répondre.
Avec des mots.
Qui feraient sens.

Alors, A l v, parle.
Avec le regard.
Avec le sourire.
Avec l'attitude.

Et il entend, à l'intérieur.
La voix de l'alliée.
Et il sent, à l'intérieur.
Que le coeur bat pour deux.

Alors, A l v, parle.
Dans sa tête.
Dans leur tête.
Des mots qui font sens.


Y'a des parce que fermés.


Parce que le regard se perd.
Sur les ombres qui dansent.
Sur les lèvres qui dansent.
Sur les mots qui pansent.

Les plaies, les ratés.

Le film est muet.
Hridana non.


Comme une supplication.
Qui percute le thorax.
Qui renverse l'ami.

L'ami, qui  t r a h i t.

"Trop fort."

Parce qu'il sent.
Qu'il a déchiré
le coeur de l'alliée.

Le même, qui l'a ranimé.
Sorti des draps de la mort.
La ramené dans la bataille.




Le sourire vire au drame.
Y'a de la tristesse, qui s'invite.
Drôle de bal, drôles de convives.

Il la regarde, Lyra.
Ne fait que ça, à vrai dire.
La regarde et voit.
La regarde et sait.

"Pas envie de te mordre..."

Qu'il reconnaît.
Une pogne qui s'élève,
d'avec un peu de sucre
sur le bout des doigts
qui les embaument.

Alors le geste est doux,
quand il effleure ses traits.

Alors le geste est fou,
quand il l'effleure.

Elle, Lui, eux,
les folles envies.

Y’a des frissons, des battements de cœur trop rapide. Le creux de ses reins qui s’éveille, mais surtout des débuts de quelque chose, de sentiments qui donnent le vertige. Elle s’amuse de leur jeu, de leurs réactions. Et elle s’y perd, se laisse submergée. Elle s’était pourtant promise de plus se noyer, pourtant là, alv, il lui donne envie de plonger tête la première. Pas de seconde pensée, pas de machine arrière. Juste le baume apaisant créée par son sourire et ses joues qui se creusent.
Les yeux ancrés dans les siens, elle y voit une lutte intérieure sans pouvoir imaginer ce qui s’y trame. La valkyrie sans doute, mais elle peut pas deviner plus. Si seulement. Y’a ses failles qui ressortent, ses blessures et ses peurs, et lyra, elle a juste envie de l’aider avec ça. Avec tout. Elle entend plus le film, à peine ses propres pensées. Y’a qu’Alv et son palpitant qui bat si fort. Ses lippes qui effleurent les siennes et c’est la course dans sa cage thoracique. Mais comme pour le rassurer lui, ou se rassurer elle-même, elle encadre délicatement son visage de ses mains, l’embrasse plus fermement.
L’explosion.
C’est pas des papillons qu’elle a dans le ventre. C’est tout le zoo. Ça s’agite, comme ses lèvres sur les siennes. Baiser qui s’intensifie, et sans qu’elle s’en rende compte, la salle s’est assombrie, ses ombres sont sorties. Son front contre le sien, presque à bout de souffle, elle murmure « je m’excuserai pas pour la valkyrie » et elle l’embrasse doucement, une nouvelle fois. Et c’est pour le taquiner, pour le clin d’œil qu’elle vient gentiment mordiller sa lèvre inférieure. Lippe emprisonnée entre ses dents,  doux plaisir qu’elle laisse durer dans cette seconde suspendue. « moi si, j’avais envie »

Elle hurle, la dame de fer.
Elle hurle, l'as de coeur.
Elle hurle, elle hurle.

Et lui, l u i, n'entend plus rien.
Plus rien. Plus  r i e n.
Perd son souffle dans un autre.
Elle lui plaît, elle lui plaît, elle lui plaît, elle...


Plus que doucereuse, aussi.

Et de ses cendres, il renaît.
Le sourire qu'était mort,
évaporé l'instant d'avant.

Ça ne devait qu'être
une séance de tir.




Du film, il ne reste aucune trace,
quand il rouvre les yeux. Lyra.

Et le don des valkyries, qui ressort, pour lui donner de la force en plus, que le pouvoir n'épuise pas tout à fait la déesse, la femme. Une inspiration, alors que désormais c'est le silence dans sa tête. Que règne que les mots. Que les excuses qui ne seront pas faites. Et étrangement, il souffle un rire, étire le cou pour quérir un nouveau baiser qui laisse son empreinte dans la lèvre martyrisée. Qu'il offre tout à son attention. Et intérieurement, il promet à la muette que rien ne sera futile. Je te le jure, mon amie.


"Aïoutch..." Qu'il s'amuse à glisser, tout contre les lèvres de Lyra, la promesse comme un baume au coeur déchiré en deux. Et n'y tenant plus, la main glisse entre les cheveux, vient à se mêler aux mèches de cheveux. L'autre pogne reste là où elle pouvait être, à caresser les traits et le menton d'avec son pouce. Tendresse diluée. "Et moi, tu m'excuses ?" Qu'il demande, le sourire encore gravé et plus érodé, qui est formé une nouvelle fois, flambant neuf, avant qu'il ne plante un coude dans l'entre deux des fauteuils pour se hisser de nouveau, pour se soustraire à la raison une nouvelle fois, désormais qu'elle se tait.


Un baiser initié par lui, juste l u i. Ce type qui la veille était encore à fumer sa clope en se demandant où le mènerait sa quête. J'avais pas prévu que tes lèvres m’appelleraient autant. Il avait rien prévu, Alv. Et le voici pourtant à s'y suspendre, avant que le souffle manque quelque peu et qu'il se souvienne qu'il faut respirer, dans la vie. Alors il relâche la d i v i n e, sans songer à la d i v i n i t é. Recule juste assez la tête pour poser une tempe contre un siège, pour regarder dans les yeux la belle. Qu'il sente que trop bien ce truc qui se forme, dans l'estomac, partout ailleurs aussi. La célérité d'un instant qui s'étend à tout un corps. C'est comme renaître encore. "Salut. Enchanté." Et un rire complice s'échappe encore, de cette carcasse qui revit, au creux d'une bulle noire.