La journée qui commence mal, obligé de bouger mon cul en pleine journée pour aller déposer un colis, c'est certes une rentrée d'argents, mais bordel que c'est compliqué quand on ne voit pas. Je suis le seul appartement qui ouvre les volets seulement quand le soleil se couche, on va finir par me prendre pour un vampire, heureusement que je ne dévore pas les gens, du moins pas comme on pourrait l'imaginer. Casque, sweat à capuche noir, pantalon noir déchiré aux genoux et bien entendu des chaussures qui n'ont rien à voir avec le reste de la tenue. Lunette de soleil sur le nez et bien entendu ma super canne, sans oublier ce fichu colis qui m'oblige à aller voir la postière. Je prends donc mon téléphone, laissant le gps me guider, même si je connais bien la route, on ne sait jamais si on me rentre dedans et que je pars du mauvais côté par la suite, autant prévoir, j'ai l'habitude des emmerdes dans cette ville où tout le monde s'en fout des autres. C'est peut-être parce que je m'en fous des autres et que je suis un connard qu'on l'est avec moi aussi, tant pis. Arrivé à la poste, après avoir tapé dans les mollets de tous les gens dans la rue, je dépose mon colis, laissant la caissière s'occuper du tout et je paye garce à mon téléphone, heureusement qu'on peut faire ça maintenant, sinon je l'aurais laissé faire aussi et peut-être qu'elle en aurait profité. Je ressors tranquillement, l'avantage, on m'a laissé passé devant, je devrais peut-être songer à un chien d'aveugle, je taperais moins les gens au moins. Na. C'est trop amusant. Revenu dans la rue, je demande gentiment à Siri de m'emmener au magasin le plus proche, histoire de m'acheter quelques bières pour rentrer et bosser sur un nouveau modèle de chaussures.

La vie n'est pas la même de jour comme de nuit, surtout pour moi, mais j'avoue que par moment le soleil me manque un peu, même si je le hais. Canne qui tape à droite à gauche , canne que je fais tomber sans le vouloir et voilà que je commence à gueuler. Tant pis, je tâtonne doucement pour essayer de la récupérer avant d'entendre un craquement sous une voiture. « Sonur tík ! » Coup de pied qui part dans le tibia d'un inconnu et bien entendu je ne m'excuse pas, personne ne s'est bougé pour m'aider avec ma canne, alors pourquoi je m'excuserais. Je marche donc, les bras en avant avant de rencontrer une demoiselle, les mains en avant j'avoue avoir fait de charmantes rencontres. La jeune femme grogne juste, n'osant clairement pas me taper dessus, elle peste juste alors que j'en ris. Je sursaute un peu au contact avant qu'on m'accompagne jusqu'à un mur. « Les mêmes ? Aucune chance ! Mais, depuis quand on me vouvoie. Tu veux jouer en mode rôleplay mon coquin ? Le bel inconnu qui me sauve ?» Je me remets à rire avant de poser mes mains contre le mur, joie, un endroit où le plus grand risque est que je tourne en carré pendant des heures. « Tu dis ça parce que tu es jaloux, tu n'as pas pu toucher ! Jaloux va. » J'essaie de te mettre une claque aux fesses, mais sans vision je fais dans l'approximatif, du moment que je ne te tape pas dans les bijoux de famille tu ne devrais pas trop m'en vouloir. Je pose mon dos contre le mur en t'écoutant, comme si je n'avais pas vraiment une canne, je hausse les épaules avant de pointer un endroit au pif de ce qui semble être là d'où je viens, offrant un coup à un passant au passage. « J'en ai une, elle doit être par là, sur la route. Je l'ai lâchée deux secondes et j'ai entendu un crack. Personne ne m'a aidé alors je continue, je n'ai pas que ça à faire, j'ai un super modèle en tête. Tu venais pour me voir ? » Large sourire qui se créait sur mon visage, taquinerie gratuite avec totalement une voix qui va avec.

Siri qui continue de m'indiquer la direction en boucle dans ma poche, je grogne un peu avant de sortir mon téléphone pour la faire taire. Puisque tu es là, tu vas m'emmener, j'agrippe ton bras avec un air sûr de moi. « Emmène-moi acheter de la bière ! En échange... T'auras 25 % sur ta prochaine commande ? Parce que pas question que je te donne mes chaussures. Sinon ça va mon bichon ? »

Tu sembles de bonne humeur, ça me fait plaisir. Je vais pouvoir t'emmerder plus que prévu. Oui, j'avais déjà prévu de t'emmerder à la seconde ou tu m'as susurré à l'oreille créant en moi moult excitation. Ce n'est clairement pas ce que tu voulais faire, mais ça m'amuse de penser que si. Je me mets à rire en haussant les épaules. «  Moi C'est Tavor, mais de rien mon chou.  » Je ne réponds pas à ta taquinerie, je ris juste un peu en haussant les épaules. Ça arrive une maladresse,  surtout à moi. Je ne suis clairement pas réveillé, en même temps à passer mes nuits à faire la fête, fallait pas s'attendre à un petit gars doué dès le matin. Je te laisse parler, j'avoue que je suis content d'avoir de la compagnie, t'auras peut-être pas que ça à foutre de m'emmener partout, mais tu sembles accepter. Même si tu me fais grogner complètement. «  Comment ça j'ai pas l'âge ? J'ai l'air si jeune que ça ? Ou c'est ma connerie qui te fait penser ça ? » J'arrive à douter de mon air adulte, autant dans le comportement pourquoi pas, mais je fais si jeune que ça physiquement ? C'est le manque de barbe qui te fait penser ça je suppose, j'ai plus qu'à laisser le tout pousser, même si je me préfère sans. Je te sens m'emmener, m'accrochant à ton bras comme une demoiselle pourrait le faire. Ma joue qui se pose contre ton épaule et je la frotte un peu en faisant un petit roucoulement. «  Je suis si charmé. Tant de compliment ! » Je force un rire très féminin, avant de juste te suivre en riant de ma propre connerie. «  Si tu es gentil, je t'offrirais des chaussures à Noël. »

Magasin enfin atteint, je te laisse me guider sans broncher. Je vois très bien dans ce genre d'endroit ou il n'y a pas de vitrine, ou le soleil n'atteint pas le fond du magasin. «  Je vais toujours très bien. J'agresse personne volontairement, je ne suis pas si mauvais. Enfin, faut encore croire ce que je dis.  » Sourire qui en dit long. Je ne suis pas forcement un ange, mais je n'ai rien des réels monstres de ce monde. Je ne me compte pas comme un monstre, bien que mon but dans la vie n'est plus le même. J'aime à dire que même si je suis avec des connards souvent, je ne fais pas forcement autant de saloperie. Je me voile la face, totalement. Je baisse mes lunettes discrètement pour finalement venir prendre un pack de bière. Je les remets sur mon nez avant de tourner la tête vers toi en souriant. Décidément, je n'ai aucun scrupule à te montrer que je peux voir. Tu dois tellement te sentir utilisé sur le coup. Je te tends les fesses un moment en serrant contre moi le pack. « Elles ont toute une particularité en effet. Tu peux attraper mon porte-feuille dans ma poche arrière ? Profites-en pour tâter !  » Je tortille des fesses avant de revenir m'accrocher à ton bras sans lâcher les bières, parce que je ne suis pas très doué, si je tombe avec, je dirais que c'est de ta faute. J'attends d'arriver à la caisse pour le poser sur le tapis, enfin, je crois. Me revoilà dans le noir, dans cet endroit ou le soleil se faufile par la devanture. Plus jamais je ne pourrais profiter des rayons du soleil, plus jamais je ne pourrais voir la ville de jour. Déprime passagère que je calme en posant mon menton contre toi, te laissant payer, parce que clairement, je ne peux pas différencier les billets que j'ai en poche. Je souris comme un idiot, parce que j'aime te tripoter devant la caissière, sans gêne je tâte ton ventre, aucunement peur de me prendre un coup. «  Merci ! » J'essaie de trouver de moi-même l'objet, tapotant un peu partout jusqu'à sentir qu'il est là. Aucune idée de si on l'a poussé pour que je puisse l'attraper, mais j'ai l'air vraiment satisfait de l'avoir fait de moi-même, un peu. Il en faut peu pour être heureux comme on dit.

Je reste finalement devant la caisse. « Tu m'aides à rentrer ? Je dois avoir des jus de fruit pour l'enfant que tu es. » Encore un service que je te demande, ou alors je demande juste un peu de compagnie de ta part. Faut avouer que je  n'ai pas très envie de rentrer seul, j'ai plusieurs rues à traverser et je sais que là, personne ne va m'aider, sans cette fichu canne, les gens me voient juste comme un branleur.