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you'd fall and i'd jump (camille)

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you'd fall and i'd jump (camille) - Sam 1 Sep - 20:32


"save me." "from what ?" "myself."
Autour, ça hurle. Se cogne. Se bouscule. Les plaintes s'élèvent et se mêlent, si similaires que ça prend presque l'allure d'une mélodie à ses oreilles.

C'est souvent comme ça, la nuit. Quand les repères se mélangent et que les esprits perdus peinent un peu plus à s'attacher au réel. Délires exacerbés lorsque l'astre balaye les fenêtres, rompant la pénombre des chambres - qui ont pour certaines des airs de cellules. C'est habituel, depuis le temps qu'il travaille dans le service. Il se souvient l'étonnement des premières gardes, interne en psychiatrie placardé sur sa blouse, oscillant entre l'aile et le rez-de-chaussée du bâtiment principal. Il faut avouer que ça le fascinait, Dante. Qu'il se plaisait bien, à venir traîner là, même si le devoir l'appelait ailleurs. Urgences, médecine du corps, ça ne l'a jamais branché. Il a sacrément galéré, avant d'être délesté de ce travail là. Non, tout ce qui a toujours intéressé l'Amadori, c'est ce qui se trame dans le crâne des gens. Ces luttes internes auxquelles il se fraie un accès, étudiant, rafistolant. Le concert de la folie, c'est familier, pas effrayant. Pourtant, cette nuit, il y a quelque chose qui change.

Quand le premier gémissement terrorisé s'élance à deux mètres de lui, dans le bureau infirmier. Et avant que quiconque ne puisse interroger la rouquine dont la nuque bascule de tous côtés, yeux écarquillés, le second se met dans le même état. « Qu'est-ce-que vous me faîtes, là ? » Qu'il a lancé, d'abord, perplexe. Sans bouger d'un poil. Jambes croisées sur sa chaise, tasse de thé bouillant à la main, les prunelles inquisitrices braquées successivement de l'un à l'autre. Il ne s'est pas inquiété tout de suite, Dante. Les blagues de mauvais goût, lors des soirées trop longues, il y est habitué depuis son premier bizutage. Le brancardier les ayant rejoint pour prendre un café a réagi plus vivement. Sautant sur ses deux pieds, tâchant de s'approcher de la plus jeune des deux. « Laisse, je connais leur cinéma depuis le temps. » Et il a ricané Dante. Et il a replongé ses lèvres dans l'eau épicée, focalisé sur la brûlure sur sa langue. Aucune raison que l'une comme l'autre se retrouvent à tâtonner comme deux illuminées, à s'égosiller des j'vois rien. J'vois rien. C'est quand l'homme s'est mis à beugler, si fort qu'il a arraché un sursaut à l'italien, que Dante a fini par se lever. Brusquement. J'vois rien. J'entends rien. Allumez la lumière. Vous êtes où. Putain. Merde. Brouhaha incessant. Panique collée aux tripes. Et il a essayé, de les calmer. Un par un. Et il a compris, au bout d'un moment, quand c'est une satisfaction muette qui a commencé à se glisser dans ses bronches. Respiration rythmée sur les battements erratiques des cœurs l'entourant. Un pas en arrière. Deux. Lutter contre la jubilation tentante. S'arracher aux frayeurs de ses collègues. Aveuglés. Sourds. D'une force invisible. C'est toi. C'est toi qui leur fait ça. Murmure faisant palpiter ses veines, certitude face à laquelle il se défile.

Ses pas s'emmêlent vers le sas d'entrée. Carte magnétique retrouvée du bout de ses doigts tremblant. Escaliers qu'il descend. Vite. Croise un ambulancier. Cri d'effroi dans son dos, même numéro. Ne pas regarder. Et il dévale les marches jusqu'en bas, miracle de ne pas tomber. La clé qu'il plante dans la serrure, porte qu'il claque dans son dos, le souffle court. Qu'est-ce-que tu fous. Le frisson qui ravage son échine est monstrueux, lui colle presque la nausée. Et quand il cherche à allumer la lumière, il le sait, Dante. Qu'il a besoin que quelqu'un vienne. Qu'il a besoin de parler.

Assis sur le bord du lit, il ne parvient à faire le tri dans les émotions qui l'écartèlent. De la joie malsaine à l'angoisse dévorante. Est-ce-qu'il a rêvé ? Est-ce-qu'il a eu une absence ? Un regard circulaire pour ne trouver que ses vêtements soigneusement pliés sur la chaise pour le lendemain matin. Le chargeur de son téléphoné surplombant le petit tas. Il se revoit quitter la chambre, grimper les étages, faire le tour des lits, vérifier les prescriptions. S'asseoir. Attendre des nouvelles de Camille. Et là, plus rien n'a de sens. Alors, il se remet à patienter. Combien de temps, il ne sait pas. Peut-être qu'elle est occupée. Qu'elle n'a pas vu immédiatement son portable. Les minutes s'égrènent, et si d'apparence les traits se lissent, le battant ne parvient à se calmer.
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you'd fall and i'd jump (camille) - Lun 24 Sep - 21:14

you'd fall and i'd jump.

dante amadori & camille archambault.

Cacophonie des sens et des silhouettes. Des interrogations. Des hurlements, des gestes. Hémoglobine à profusion. Blessés qui agonisent. Familles qui s’inquiètent. Médecins et infirmiers agités autour des brancards tourbillonnants dans les couloirs aseptisés.

Nuit paisible aux urgences, les ingrédients de la banalité.

Elle est , elle aussi. Au milieu des tourments, des secouristes et des patients. Des questions plein la tête, des humeurs plein le ventre. Concentrée sur ce qu’elle fait de mieux, en dépit des tracas personnels, qu’elle s’applique à mettre de côté comme ils le font tous ici pour guérir et soigner. Son travail, la mission qui lui tient à cœur, et qu’elle s’efforce de remplir chaque jour. Celle qui la tient debout, pour les sourires sur les visages, pour les espoirs qu’elle fait naître, et pour les luttes qu’elle encourage. Les urgences, un chaos qu’elle maîtrise. La constante, là où sa vie privée continue de lui échapper, et où à l’extérieur, tout semble basculer.

Une main frêle serre la sienne et l’ancre davantage dans cette réalité terrible qui se veut pourtant rassurante. Pneumothorax, un enfant de dix ans que le cortège d’urgentistes accompagne en salle d’opération. Elle susurre des mots réconfortants aux pupilles qui s’absentent, alors que dans son dos, on tire encore sur sa blouse tâchée de sang. « C’est bon, on s’en occupe ! » Elle accorde à peine son attention à la main qui l’agrippe et s’arrête en plein milieu du corridor alors que le garçon est pris en charge par l’équipe de chirurgie.

Trois secondes pour reprendre son souffle. Trois secondes pour réaliser que Brian Moore, dix ans, le gamin allongé dans le brancard qui disparaît tout au fond du couloir, n’en ressortira certainement pas vivant. Trois secondes pour faire le deuil de ce patient, et passer au suivant.    

Elle fait volte-face aussitôt, percute un interne en radiologie, et s’excuse platement avant de se précipiter de nouveau en direction des admissions. Dans sa course effrénée, le bipper retentit, et ses doigts s’en saisissent avant qu’elle contemple l’écran. Service de psychiatrie. Il n’y a qu’une personne dans tout l’hôpital pour la demander dans cette aile où elle ne met jamais les pieds. Sinon en tant que patiente. Alors elle fouille dans sa mémoire, tâche de se rappeler des messages échangés.  

Une main passe sur son visage éreinté. Poursuit sa course dans la chevelure couleur des blés. Elle n’en peut plus, Camille. Et surtout, elle ne se souvient pas. Si elle a encore mélangé les jours et loupé une promesse de retrouver son ami à la pause. Pause qu’elle n’a pas faite aujourd’hui. Elle secoue légèrement la tête pour retrouver ses esprits.

Non, pas lui. Elle ne l’oublie jamais. Elle n’oublie pas leurs rendez-vous qui la font se sentir plus légère. Elle trépigne en général jusqu’à l’heure, parce que son aura, sa voix, sa présence l’apaisent et la réconfortent. Et ce n’est pas seulement le psychiatre qu’elle se plaît à retrouver chaque fois.

Nouvelle sonnerie, nouveau bip en provenance de son portable. Message qui l’inquiète, et qui confirme la justesse de ses suppositions. Dante qui parle d’urgence ; Dante qui a besoin d’elle. Et la voilà qui fronce durement les sourcils à ces rôles qui s’inversent. C’est elle qui le contacte à l’improviste d’ordinaire.

Pas le temps de répondre. Urgent, ça la travaille pourtant. Elle range le cellulaire, règle une affaire avec les ambulanciers, et récupère un dossier supplémentaire. Sexe féminin, soixante dix huit ans, on soupçonne une fracture du poignet. Quand elle tire le rideau après le premier examen, une silhouette familière s’impose sur son chemin. Elle sursaute, Camille, devant l’infirmière en chef qui l’épie et l’analyse des pieds à la tête. Ça lui fait toujours drôle. Parce qu’avant l’accident, c’était son poste à elle. « Depuis combien d’heures tu es là ? » Elle ne sait plus bien. Elle n’a pas compté. Le carambolage sur Stillwater avenue a occupé toute sa nuit, et toute sa matinée. « Je suis venue en renfort pour l'accident ». Depuis trois heures du matin exactement. « C’est bien ce qui me semblait. Rentre chez toi, ou tu vas finir par tuer un patient ». Elle serre les dents, Camille, devant ce ton qu'elle n'apprécie pas. Mais puisque ça l'arrange, elle obéit.
Et fuit les urgences pour celle qu'Amadori lui a annoncée.

En premier lieu, elle passe par les vestiaires pour se changer. Troque sa blouse maculée d'hémoglobine pour ses vêtements d'été, récupère son sac à main, et se dépêche de grimper dans l'ascenseur le plus proche. Elle hésite à répondre au message qu’elle relit, puis se dit qu’elle n’y perdra qu’un peu plus de temps. La démarche gracile, la silhouette file dans les couloirs, louvoie entre le corps médical et les patients, et déverrouille les portes électroniques, les uns après les autres. Quand elle atteint sa destination, elle se rend compte qu’elle ne connaît pas bien cette aile du bâtiment, et demande son chemin. Mais les yeux qu’elle rencontre commencent par lui glacer le sang. La carcasse qui se dresse se crispe et le visage se fige dans un masque horrifié qui aurait vu le diable, lui-même. Il part à toute allure, le collègue infirmier qu’elle pensait interroger, comme saisi d’une panique soudaine.

Et elle ne comprend pas, Camille. Recule de quelques pas, le myocarde battant sa poitrine. Se retourne brusquement et analyse les alentours, les portes qu’elle examine, jusqu’à repérer l’enseigne argentée sur l’une d’elle, indiquant la pièce qu’elle cherchait.

Et elle se précipite à l’intérieur, sans réfléchir, et sans frapper. Haletante, le regard effaré, qui se pose sur les traits familiers du psychiatre installé au bord du lit en ferraille. Rigide et trop petit, bancal. « Je… tu as entendu ? » Les mains posées à plat sur la surface verticale, elle lance une œillade par dessus son épaule, encore abasourdie par la scène dont elle vient d’être témoin.

Et puis elle réalise. S’approche de quelques pas. Et la voix s'adoucit. « Dante ? Il se passe quoi ici ? » Mais lui non plus n’a pas l’air bien. Elle s’accroupit face à ses jambes, et pose délicatement sa main frêle par dessus la sienne. « Est-ce que tu vas bien ? »

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you'd fall and i'd jump (camille) - Dim 30 Sep - 12:34


"save me." "from what ?" "myself."
Minutes qui s'écoulent, assassines. L'emprise décroit en douceur sur les victimes qui ne sont plus à portée du divin. Autrefois capable d'écraser un champ de bataille entier sous son influence, la récurrence n'est plus apte qu'à terroriser les êtres se tenant à ses côtés. Et lorsque les sens reviennent, rendus à leurs possesseurs, ce sont ceux du psychiatre qui s'intensifient. Nerf optique qui s'affole, décuple ses facultés, le contraignant à fermer les yeux pour préserver sa rétine. Paupières qui tombent, paume venant machinalement protéger son regard, double barrière contre la lumière qui parvient encore à étinceler jusqu'au fond des pupilles. Mal de crâne qui se dessine à ses tempes, migraine naissante, son d'une ampoule grésillante crissant contre ses tympans. A l'extérieur, ça frappe contre le sol. Bruit sourd vrillant ses neurones, s'apparentant à des pas, crispant ses traits ravagés. C'est ainsi qu'il patiente, en proie à des maux insensés brutalisant son être, focalisé sur sa respiration qu'il tâche de maîtriser. Et c'est son odeur qui lui parvient avant même qu'elle ne soit entrée, envahissant ses narines et comprimant ses poumons. Ce parfum qu'il reconnaît, qui bouscule sa mémoire, au rythme de son odorat. Quand elle pénètre dans la pièce, Camille est déjà partout. Ses mots qui se frayent un chemin, à en faire trembler son coeur, déconner les pulsations, attisent un soupçon de soulagement. « Camille. » Comme une évidence qui chatouille ses lèvres, sa propre voix qui le meurtrit un peu plus et une main qui se décroche et écrase par réflexe son oreille. Il a l'impression que ça va se déchirer, là-dedans, que le moindre son un peu plus haut l'assourdira à jamais.

Nul besoin d'ouvrir les yeux pour la sentir s'approcher. Camille qui envahit l'espace, présence enveloppant le psychiatre plongé dans les ténèbres. Plus de place pour le reste. Et un frisson se propage. Son échine se tend, le redresse, alors que ses doigts se crispent. Viennent se poser sur les siens, pyramide de chair prenant la main de Camille en otage. Toucher intensifié, terminaisons nerveuses qui s'affolent alors que ses mâchoires peinent à articuler. « Je crois que non. » Il parle moins fort, cette fois, dans un murmure qui s'étrangle dans sa gorge serrée. « Est-ce-que... tu peux éteindre la lumière... » Difficulté d'articuler lorsque les dents retiennent tout risque de s'éclater l'ouïe au passage. « Je ne sais pas ce qui se passe, Camille. » Paroles se dispersant dans un soupire, mains peinant à la lâcher malgré la demande qu'il a pu formuler. Paupières qui demeurent scellées, épaules crispées à lui en voûter le haut du dos. « Mes.. mes infirmières. » C'est délicat. Difficile à exprimer. A cet instant, c'est pourtant la seule à qui il peut en parler. Après tant de temps à recueillir ses secrets, à les protéger comme les siens, chérissant ses confidences comme un témoignage unique de confiance, l'heure est à la réciprocité. Et ce n'est pas le psychiatre qui s'exprime, qui inverse les positions, ces rôles imposés dans les consultations. C'est l'homme, attaché à l'amie, oubliant la patiente. « C'est comme si elles avaient perdu la raison. » Et la nuque s'incline davantage encore, mains immobiles sur les siennes, mouvements à la fluidité absente, articulations ébranlées par la tension. « Tout ceux que j'ai croisé ce soir, en réalité, et... » Et maintenant, c'est son tour. Mais cette fois, il n'y a pas d'explication pour rationaliser. Rien d'autre que la certitude froide d'être une fois de plus la source même du problème. Un rire faiblard se coince au bord de ses lèvres, tête qui se secoue légèrement de gauche à droite. « Et je m'y connais, en terme de folie. » Depuis le temps, c'est sûr qu'il maîtrise la majeure partie des questions à ce propos. Ironique, de ne savoir gérer cette situation. D'avoir fui, lâchement, pour s'éloigner, sans chercher de solution. « Mais là, ça n'a rien à voir. Ce n'est pas comme d'habitude.» Assis au bord du lit, mains crispées sur ses genoux, autour de celle de Camille, c'est son front qui finit par s'appuyer sur ses phalanges, plié en deux pour mieux canaliser la douleur qui pulse sous sa chair, menace de détruire son crâne. Rien à voir, avec la prestance habituelle. Rien à voir, avec ces grands airs maintenus en toute circonstance. Et les mots qui se chuchotent, dans le désordre. « Je les ai abandonnées. » Une pause. Correction. Non. « Ou je les ai mises à l'abris. » Et la terreur étreignant ses entrailles, la supplique qui se répète. « Est-ce-que tu peux éteindre la lumière. » Parce que je deviens fou. Je deviens complètement fou.
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you'd fall and i'd jump (camille) - Jeu 4 Oct - 19:48

you'd fall and i'd jump.

dante amadori & camille archambault.

Son prénom murmuré, la nymphe approchée voit aussitôt ses doigts emprisonnés dans celui du docteur. Il est si rare qu’elle s’autorise ainsi à le toucher que leur proximité lui fait l’effet d’une décharge électrique. Un long frisson parcourt l’échine, vient chatouiller les reins, avant qu’elle ne réfrène la pulsion inappropriée - et plus encore dans ce contexte si particulier.

« Je crois que non », l'entend-elle échapper. Bien sûr qu’il ne va pas bien. Et elle a beau fouiller dans sa mémoire, revivre ses quelques angoisses étudiantes alors qu’elle était là pour le soutenir et pour l’encourager, la douce infirmière ne se souvient pas l’avoir jamais vu dans cet état.

Bien sûr, qu’elle peut éteindre la lumière, mais elle refuse de le quitter. « Je ne sais pas ce qui se passe, Camille ». Et ça lui fend le cœur, ça lui fait peur aussi, parce qu’il est le pilier d’ordinaire, le roc et la stabilité, là où elle n’est que faiblesse et que drame, dépendance et tristesse. « Raconte-moi » ; souffle-t-elle du bout des lèvres, prête à inverser les rôles sans hésiter une seconde. Prête à tout donner pour voir les maux de l’ami s’envoler, et son mal-être s’apaiser. Douceur infinie dans la voix, le toucher, comme si elle s’accordait à l’hypersensibilité qui le mitraille, et empire son état général. Et elle écoute, Camille, alors que l’étau de ses mains se resserre sur les siennes, si frêles.

Les sourcils se froncent et elle secoue nonchalamment la tête à mesure que les mots s’écoulent de la bouche incertaine. Ce qu’il décrit, ça ressemble à l’attitude de l’infirmier croisé juste avant de trouver la chambre. Et plus il déroule ses inquiétudes, Dante, plus l’Océanide craint d’avoir des réponses à lui apporter. Réponses qu’un italien lui a longuement dévoilées, chamboulant tout son monde, quelques semaines auparavant.

Elle se voit à sa place, à observer les pouvoirs, les entités, et à n'y rien comprendre. La folie, elle s'en est crue la victime elle aussi, avant que Silas n’en vienne aux révélations. Et aujourd'hui, elle n'est plus sûre de grand chose. Sauf de vouloir s'en sortir, d’être moins dure avec elle-même, et pourquoi pas, croire en un destin plus grand.

« Ce n'est pas ta faute » ; elle soupire, immobile, statue d'opale courbée sur la silhouette avachie. « Tu n'as abandonné personne » ; tu ne m’as pas abandonnée, moi, pense-t-elle si fort qu’elle doit mordre sa lèvre pour s’empêcher de prononcer les mots. Et il s'empresse de corriger, Dante, par une supposition que l’infirmière ne comprend pas.  

Bien sûr, qu’elle se libère de son étreinte et qu’elle éteint la lumière. Bien sûr, qu’elle revient auprès de lui à la faible lueur de son portable, qui la guide jusqu’à la carcasse apathique. L’obscurité enchaîne ses propres sens pour ne laisser que le coeur alerte. Alors les doigts graciles s’enfoncent dans la chevelure sombre, et la nymphe agenouillée relève doucement le visage du psychiatre qu’elle tient entre ses mains. Forçant leurs regards à se croiser, elle caresse doucement la tempe offerte dans une retenue inédite ; « Qu’est-ce que tu veux dire par là ? Est-ce que tu… tu sais des choses ? » Sans trop savoir la formuler, elle se risque à poser la question. Peut-être qu’il se doute, déjà. Après tout, ils ont plusieurs fois évoqué ce genre de bizarreries lors des séances, et elle même a fini par lui avouer tout ce qu’elle croyait voir - des phénomènes étranges aux halos dessinés parfois autour des personnes.

« Ca s’est déjà produit avant ? » Elle veut être certaine. Il y a du monde ici, et peut-être que ce n’est pas lui. Elle veut l’aider si fort en retour de ce qu’il a fait pour elle que sa poigne se renforce quand la supplique franchit ses lèvres ; « Dante, parle-moi ». La voix se fait si douce qu’elle est à peine audible. « Tu sais, tout ça… c’est peut-être toi. Mais ce n’est pas ta faute ».

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you'd fall and i'd jump (camille) - Mar 9 Oct - 19:09


"save me." "from what ?" "myself."
Longuement, Dante l'a écoutée, lorsque de simple collègues, c'est un tout autre lien qu'on leur a demandé de tisser. De celui qui ne s'était jamais présagé jusqu'alors. Qui aurait pu être gênant, très, si l'un comme l'autre n'y avaient trouvé leur compte. Pour lui, ce n'était que juste retour des choses, après que la jolie infirmière l'ait pris sous son aile, quelques années auparavant. De cette aide difficile à accepter, devenue soutien essentiel pour l'étudiant au coeur trop arrogant, trop indépendant. Camille, elle s'est frayé un passage jusqu'à son respect - souvent trop complexe à décrocher chez le médecin. En cela, elle ne pouvait s'effondrer. Pas sous ses yeux. Alors, il s'y est jeté corps et âme, un peu plus encore que d'ordinaire. Parce que Camille, ce n'était pas une patiente comme tous les autres. Alors, il n'y a pas eu de demi-mesure. Pas de recul. Juste ses côtes un peu trop perméables à sa détresse, s'imprégnant de ses ressentis, de plus en plus approfondis. Et inconsciemment, il s'est laissé glisser. Chaque heure un peu plus, chaque semaine, chaque mois, avec moins de retenue. Vers ce contre-transfert jusqu'alors jamais développé, qui ne pouvait l'être qu'avec elle. A s'improviser réceptacle des angoisses, des douleurs, l'empathie a naturellement fini par dérailler, aux dépens d'un professionnalisme franchement ébranlé, au profit d'émotions trop vives, trop étranges. Se retrouvant à attendre les rendez-vous, et parfois, à ne pas se contenter des rencontres imposées, supposées décrocher sa signature approuvant sa stabilité dans le dossier. Mais cette nuit, c'est différent. Loin de ces rencontres biaisées, où l'homme n'a jamais su se départir de cet ascendant. Dans la voix de Camille, il a appris à repérer les tonalités les plus mélancoliques, les doutes tortueux y bousculant les accords, jusqu'à faire vriller le tempo de son palpitant. Mais cette mélodie rassurante qui réchauffe l'âme meurtrie, c'est la toute première fois qu'il l'entend. C'est presque étrange, de se laisser bercer par les notes plus douces qui s'égrènent, cherchent à repousser l'obscurité qui étreint ses pensées. Peu naturel, dans le schéma imposé entre eux depuis un moment, mais sur l'instant, ça l'apaise. Suffisamment pour qu'il s'exprime, plus ou moins clairement, mais qu'il se livre. Pour lui qui ne souffre d'exposer ses faiblesses - c'est qu'il n'en a pas, évidemment - l'effort est pourtant moins délicat qu'escompté.

La chaleur de Camille s'éloigne et Dante n'aspire déjà qu'à son retour. Pénombre tombant sur eux et autorisant les paupières à se relever, sans pour autant se redresser. Le poitrail tambourine de ces interrogations en suspens, et le coeur égare un battement quand il sent ses doigts se glisser dans ses cheveux. Nuque qui s'hérisse au contact, le frisson qui balaye sa chair frappe trop fort, trop juste, et il ne peut que céder au mouvement, prendre le risque de jumeler ses prunelles aux siennes. « Des choses. Oui. » L'ombre du sourire qui vient finalement dérider ses traits crispés est un peu perdu, un peu malicieux, aussi. Il en sait, des choses, sans parvenir à les organiser. Sans cohérence. Comme ce que Monsieur Gates et Pandora ont pu lui raconter après cette soirée de juillet, ce que le psychiatre a soigneusement laissé de côté, comme les souvenirs d'une réception trop alcoolisée. La question de Camille le taraude pourtant bien plus que ce qu'il ne dévoile, frémissement des paupières qui se referment un instant lorsque la caresse trouve sa tempe. Toucher exacerbé qui n'a de cesse de titiller ses terminaisons nerveuses, la précaution prise par l'infirmière épargne cependant l'épiderme de toute sensation désagréable.

Il est perdu. Complètement. Evasion tissée au creux des paumes de Camille, il ne parvient à répondre. Trop de désordre collé au crâne, pas suffisamment de discernement pour formuler ces hypothèses qui le tiraillent. Il faut qu'elle recommence, jouant de patience, pour que le regard azuré finisse par se reposer dans le sien. Gorge nouée, les cordes vocales ne s'animent que dans les murmures qu'il lâche, secrets confiés à celle qui lui en a déjà tant dit. « Ça n'arrête pas de recommencer. » Effroi palpable, mains crispées sur ses genoux, les iris attentives de Camille pour seul point d'ancrage. « Mais c'est la première fois que c'est aussi intense. » Il y a quelque chose de salvateur dans la parole, les chuchotements synonymes d'un soulagement silencieux, celui d'exprimer à haute voix ce qu'il a gardé pour lui depuis des mois et des mois. Étrangement, il ne se le demande pas. Si elle va le croire. Si elle va songer qu'il divague. Il a juste besoin de le dire, incapable de s'en sortir seul, pour la première fois. « Les patients.. les patients, j'ai jamais eu de problème, avant. J'aime mes patients, je ferais tout pour eux, tout, Camille, tu le sais. » Tout pour toi surtout, Camille, plus que n'importe lequel d'entre eux. Il s'humecte les lèvres, prend le temps de retenir la cohue d'explications qui menacent de sortir, pour se défendre, témoigner d'à quel point non, il n'en a pas tiré le moindre plaisir, jamais, même lorsqu'il peine à s'arrêter, qu'il va trop loin, jamais. « Pourtant je sais que je leur fais peur. Je leur fais peur. » Littéralement. Et il insiste sur le terme, fermement. Même s'il ne parvient à décrire la manière, la raison, c'est bien ce qui se passe. Il leur fait peur. Sans rien dire. Sans rien faire. Juste... « Juste en étant près d'eux. Juste d'être là. Et ils se mettent à hurler, à supplier, et moi, je ne peux rien faire. Si ce n'est de sentir ce qui se produit, et ne rien arrêter. » Et il vient déposer sa main à son tour sur la joue de Camille, geste incertain, l'air de dire, recule pas, reste avec moi. Parce que lui faire peur à elle, il ne le supporterait pas. « Je n'ai jamais voulu leur faire de mal. Ni à eux, ni aux autres. » Pas même à Cael, à l'eden manor. Pas même à lui. Il n'a jamais été violent, ne s'est jamais battu. Et ça, c'est pire que tout. Et à la manière dont Camille se tient près de lui, il ne peut s'empêcher de le lui demander. « Tu trouves ça étrange, Camille ? Tu me crois ? Tu... tu sais des choses, toi aussi ? »
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you'd fall and i'd jump (camille) - Dim 4 Nov - 10:42

you'd fall and i'd jump.

dante amadori & camille archambault.

« Des choses. Oui ». C’est l’écran éclairé jusqu’alors qui s’éteint, et la voix du psychiatre qui sombre comme leurs silhouettes dans l’obscurité. Il ne la repousse pas, semble même apprécier son étreinte qui se veut rassurante ; alors elle la maintient. Le geste est délicat, pourrait paraître déplacé ; il l’est, car elle est sa patiente, et lui son médecin. Mais cela fait si longtemps qu’ils se connaissent que cette thérapie était biaisée d’avance. En dépit de la gêne les premiers temps, ils ont préféré nier l’évidence. Parce qu’au fond ils sont bien, ensemble.

« Ça n'arrête pas de recommencer. Mais c'est la première fois que c'est aussi intense ». Cette fois, l’infirmière pose ses genoux sur le sol. Elle s’écarte dix secondes, le temps de rallumer le cadran de portable, et s’assurer que la lumière ne fane à nouveau. Elle bloque l’écran sur un éclairage doux, les pupilles s’acclimatant progressivement à la nouvelle ambiance. Elle peut alors capter le regard de son comparse, et l’enjoindre à poursuivre, réclamant des explications ; « Les patients.. les patients, j'ai jamais eu de problème, avant. J'aime mes patients, je ferais tout pour eux, tout, Camille, tu le sais ». Le front de la nymphe se plisse, et les iris bicolores se mettent lentement à briller. Elle le regarde comme elle regardait Romàn, autrefois. Émue, concernée, impliquée jusqu’à la moelle, car elle est comme ça, Camille. Comme un vase d’amour et de bons sentiments capable de déborder à chaque instant. Coupable de tout sacrifier, de tout donner au-delà même de ce qu’elle possède, et cela même si l’on ne veut pas de ses attentions ni de son aide. Et elle est prête à tout faire et à tout donner pour toi, Amadori, quand tu la laisses entrevoir ta peine et ton mal-être. « Je sais », elle souffle à son oreille, menant les tempes à se frôler. Puis se recule à peine, regard poignant, lèvres pincées, espérant lui faire comprendre tout le bien qu’elle pense de lui. « Tu es un excellent médecin. C’est grâce à toi que je m’en suis sortie ». Le ton s’éraille et sur la dernière phrase, la voix s’évanouit.

« Pourtant je sais que je leur fais peur. Je leur fais peur ». Cette fois, les sourcils de l’océanide se froncent car elle ne comprend pas. « Pourquoi tu dis ça ? » Elle fait rapidement le lien avec l’infirmier paniqué croisé dans le couloir avant son arrivée. Mais si, après tout ce qu’on lui a appris, elle n’a pas d’autre choix que de le croire capable des maux dont il se dit responsable, elle n’a jamais eu peur de lui. Jamais, pas une seconde. Il a toujours été la figure rassurante, et dernièrement les papillons au creux du ventre, l’impatience et la joie, mais jamais la terreur. Ni non plus l’anxiété. « Juste en étant près d'eux. Juste d'être là. Et ils se mettent à hurler, à supplier, et moi, je ne peux rien faire. Si ce n'est de sentir ce qui se produit, et ne rien arrêter ».

D’ordinaire, il est celui qui calme les angoisses. Celui qui apporte les réponses. Pas celui qui a besoin d’aide, et elle comprend sa détresse parce que c’est son monde qui tourne à l’envers qu’il décrit. Les mains de l’océanide délaissent le visage de l’italien, et c’est lui qui renoue aussitôt le contact. Les doigts brûlants sur sa joue lui procurent un frisson qu’elle ne parvient à réprimer. « Ca n’est… ça ne s’est jamais produit avec moi ». La proximité réclamée la rend presque fébrile. Elle en vient aussitôt à bafouiller, trembler, et sa main libre vient se poser par dessus celle du médecin, comme pour la soutenir, ou l’enjoindre à rester plaquée sur son visage. « Je n'ai jamais voulu leur faire de mal. Ni à eux, ni aux autres ». Bien malgré elle, la caresse qu’elle instille sur le derme se fait plus intime ; elle ne veut pas jouer, mais cherche par tous les moyens à le réconforter. « Tu trouves ça étrange, Camille ? Tu me crois ? Tu... tu sais des choses, toi aussi ? ».

Oh oui qu’elle sait des choses. Beaucoup trop pour ce qu’elle est encore capable d’assimiler, et pas encore assez pour survivre dans cet univers qui vient de s’offrir à ses pieds. Et elle sent bien qu’il a besoin de réponses, Dante. Mais elle ne sait pas comment s’y prendre pour partager les nouvelles surréalistes. « Peut-être que ce n’est qu’une coïncidence ? » Elle le dit pour le rassurer, mais elle n’y croit pas une seconde, Camille. Elle a compris qu’il y a des forces qui gravitent tout autour d’eux et parfois même qui les habitent, et qu’ils ne peuvent pas s’en débarrasser. Qu’ils doivent s’habituer à leur présence, et même apprendre à cohabiter.
« Ou peut-être que tu peux le contrôler ». Cette fois, la voix se fait plus grave, et le regard déterminé. La poigne se resserre autour de la main qu’elle enserre, puis elle repose finalement son avant-bras sur ses genoux. Il lui vient une idée, bonne ou mauvaise - elle veut tenter tout de même ; « Oui, il se passe des choses étranges. Mais tu n’es pas tout seul ».

Et prononçant ces mots, elle s’apprête à livrer un secret encore jamais révélé. Manipulant la main du médecin, elle la plaque sur sa cuisse paume vers le ciel, avant de la toucher longuement. Comme si elle opérait du magnétisme, elle se concentre sur le geste, de toutes les forces qu’il lui reste après cette longue journée de soins. Et cela fonctionne. Elle peut sentir le pouvoir suinter par tous les pores de l’épiderme, pour entourer la cible. Le sort est invisible, mais elle commence à ressentir les effets qu’il produit. A sentir la chaleur et les picotements au bout des doigts qui lui indiquent que la manœuvre est un succès.
Immobile, elle patiente quelques instants avant de refermer son poing, et capte le regard surpris de l’italien. « Regarde ta main ». Alors, la nymphe rassemble toute son énergie pour tenter d’enfoncer ses ongles dans la chair immunisée. Mais rendu invincible par le pouvoir divin, le derme du psychiatre est aussi dur que du béton. « Essaie, toi ». Elle darde sur lui une œillade rassurante, mais veut lui prouver qu’il ne s’agit pas d’une blague. « N’aie pas peur… l’effet finit toujours par s’estomper », lui souffle-t-elle du bout des lèvres, inquiète de sa réaction. « Et j’arrive parfois à l’annuler avant ».

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you'd fall and i'd jump (camille) - Ven 23 Nov - 21:35


"save me." "from what ?" "myself."
Première fois qu'il se livre. Qu'il est amené à mettre des mots sur ce qui se produit, et soudain, ça a l'air bien plus réel. Pas juste ces sensations de cauchemarder éveillé, pour tâcher de faire abstraction ensuite. Tout est trop vif. La crainte, la culpabilité. Le sentiment que sa propre volonté lui échappe, de ne plus maîtriser ses actes, destiné à se retrouver devant le fait accompli. Difficile à exprimer sans maladresse, lui qui a pourtant toujours été des plus éloquents, se retrouve à formuler des énigmes sans le vouloir. Il fait tout son possible pour ne pas abandonner l'idée de s'exprimer à ce propos, encouragé par les mots qui se glissent à son oreille. La respiration se calme sur l'instant, se coupe, même, quelques secondes. Impossible de rester de marbre quand Camille se fait rassurante, que ses paroles se fraient un passage pour l'atteindre en plein coeur. Les prunelles se trouvent et il en perd ses mots, Dante, de l'entendre lui dire ça. Il est loin, le psychiatre à l'égo farouche qui se serait targué d'avoir évidemment réussi, destiné à mener à bien chaque thérapie. Pas de la fierté, avec elle. Du soulagement, ce serait plus exact. C'est ce qu'il a ressenti à chaque séance, en notant ses progrès, en tâchant de l'aiguiller du mieux qu'il le pouvait. Connaître un échec avec elle, c'était inenvisageable, plus qu'avec quiconque. Le genre qui l'aurait hanté toute une vie. Il n'avait pas le droit à l'erreur, en temps normal, mais encore moins avec Camille. Et il ne peut s'empêcher de combler le silence qui suit son aveu, précipitant ses mots dans la brèche tout juste ouverte. « Certains n'en sont pas capables, d'autres ont besoin de temps. Toi, tu avais la force nécessaire pour t'en sortir. Il fallait juste que quelqu'un te le montre. » Douceur qui s'applique dans l'entracte des révélations, de celle plus facile à lui adresser que ces angoisses qui ne cessent de le hanter. Et dans le peu d'assurance qu'il regagne, Dante trouve le courage de poursuivre. Comme Camille en a été capable durant les rendez-vous, condamnée à s'exprimer, parce qu'il ne l'aurait pas laissée se terrer dans le mutisme dangereux.

Camille ne s'éloigne pas. Elle reste, et écoute. En cela, elle le touche, présence réconfortante le poussant à continuer. Comme si après avoir tout entendu, il n'y avait rien qu'il ne puisse lui dire en retour. Alors, il explique. Comme il le peut. Comme il le comprend. De manière un peu bancale. Et quand elle semble s'éloigner, ne retire pourtant que ses mains, il la retient. Cherche à le faire, en tout cas, troublé par l'ombre répandue autour d'eux, par ses sens qui perdent de leur vivacité. A en avoir la sensation affreuse de les perdre petit à petit. « D'accord. Parfait... » Il n'a jamais perdu le contrôle de cette chose, avec elle. Il n'y a bien qu'un détail, qu'il n'a pas maîtrisé, peu conscient de ce qui s'est créé au fil de la psychothérapie. Plongeant inconsciemment à deux pieds dedans, lui aussi, prodiguant son aide en répondant à des attentes nourries par les rendez-vous à répétition. Il ne devrait sûrement pas la toucher, Dante. Devrait scinder les instants où il est son thérapeute, et ceux où il est son ami. Forger le fossé nécessaire à leur bien à tout les deux. Trop tard, sûrement. Déjà la chaleur revient envelopper sa main, et il devrait déceler le trouble, habitué à scruter chaque émotion, chaque frémissement chez ses interlocuteurs, en parfaite déformation professionnelle. Il passe au-dessus pourtant, et de l'incertitude qui hante ses gestes, et de la caresse qui se glisse sur ses doigts. Comme toujours, avec elle. Détourner le regard, percevoir la faille inscrite dans la relation, mais fermer les yeux. L'utiliser pourtant, cette brèche minuscule, pour mieux l'aider à aller mieux.

Elle lui parle de coïncidence et il s'humecte les lèvres pour se forcer à ne rien répondre. Un instant, il a la sensation de lui en demander trop. D'attendre qu'elle saisisse, l'incompréhensible. Que ce soit elle qui lui ouvre les yeux, parce qu'implicitement, il lui en donne la permission. Mais Camille reprend. Elle prononce d'autres mots qui lui arrachent l'ombre d'un soulagement. « Tu sais. » Simple constat. Réponse qui lui vient dès qu'elle évoque l'idée d'un contrôle qu'il a à peine envisager. Trop paumé, le psy, pour seulement songer maîtriser ce qui lui échappe. Et plus elle parle, plus ça s'anime dans ses prunelles claires. Scintillement de curiosité qui ravive le bleu plongé droit sur elle, à dévorer ses gestes du regard, à dessiner les mots que forment ses lèvres. « Je ne suis pas certain de te suivre. » Invitation à expliciter, esquisse d'un sourire glissé au coin de ses lèvres, il se laisse faire quand elle manipule sa main, regard qui revient tantôt contempler ses traits concentrés, tantôt observer son manège. Et réellement, il n'est pas sûr de cerner son intention, ne dit rien pour ne pas la vexer. A se demander si elle tenterait de faire diversion. Si c'est sa garde qui commence à peser trop lourd, à embrouiller son esprit, ce qu'il comprendrait pour l'avoir déjà ressenti. Docile, il s'exécute, contemple sa main dont il agite doucement les doigts, comme pour s'assurer qu'aucun détail ne lui aurait échappé. Il faut pourtant qu'elle tente d'y enfoncer ses ongles pour que la surprise vienne imprégner ses traits. « J'ai une hypothèse. » La première qui lui vient, la plus lucide, à laquelle pourtant il ne croit pas une seconde. « T'avais encore du gel anesthésiant sur les mains, après un soin. » Besoin de détendre l'atmosphère, tant l'inexplicable lui tord le ventre. Et il contemple sa main, vient griffer la chair à son tour, referme son poing pour mieux y enfoncer ses ongles du plus fort qu'il le peut. S'il sent les mouvements, la douleur ne daigne percuter ses nerfs. « C'est dingue, ça aussi. » Souffle qui se perd quand ses doigts finissent par se déplier. « Depuis quand ? » Obnubilé par sa peau immaculée, les questions se bousculent. « C'est plutôt... » Il peine à trouver ses mots, l'Italien, quand ses prunelles effarées se reposent sur les siennes. « Incroyable. » Poumons soulagés qui expulsent un semblant de rire, ébahi par la démonstration, finissant par reporter son attention sur sa main qu'il élève entre eux pour mieux la contempler. « J'ai l'impression d'être invincible, là, tout de suite. » Et ce n'est pas forcément bon pour son égo, mais parfait pour lui redonner un semblant de confiance en lui. « Tu annules peut-être l'impact de ce que je fais aux autres. » Divagation perdue alors qu'il repose machinalement sa main, sur la cuisse de Camille, comme si elle en avait toujours besoin. « C'était la foudre, qui t'a fait ça ? » La question lui semble logique. Il en est persuadé, que tout vient de là, dans le fond. « C'est arrivé peu après, pour moi. Mais je ne pense pas être capable de faire ce que tu fais. En général, ça vient sans prévenir, et j'ai juste le temps de constater les dégâts que ça crée. » Il n'en parlera pas, Dante, de la satisfaction muette qui se greffe à ses côtes quand ça se produit. La honte qui le martèle ensuite, sans l'empêcher de recommencer.
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you'd fall and i'd jump (camille) - Sam 8 Déc - 23:49

you'd fall and i'd jump.

dante amadori & camille archambault.

Tandis que le psychiatre observe, le minois de la divine dépeint son inquiétude. Elle craint qu’il se renferme, qu’il la rejette peut-être. Qu’il lui en veuille de le plonger davantage dans ces mystères plutôt que de l’encourager à s’en sortir et à leur tenir tête. Pourtant, ce n’est qu’une plaisanterie qui s’échappe de ses lèvres, et lui fait relever des yeux surpris. « J'ai une hypothèse. T'avais encore du gel anesthésiant sur les mains, après un soin ». Non, peut-être bien qu’il est sérieux. Il semble s’efforcer de croire à cette éventualité. Mais la déesse secoue lentement la tête et son air grave - ou la raison - finit par le convaincre. « C'est dingue, ça aussi. Depuis quand ? ». Et la main se déplie sous l’oeillade interdite. Le médecin analyse le maléfice, tandis que l’esprit cartésien peu à peu se résigne. « C'est plutôt… Incroyable ». Sourcils froncés, la nymphe s’humecte les lèvres avant de rétorquer ; « C’est de la magie ». Et de dire tout haut ce qu’elle-même refusait de croire quelques semaines plus tôt.

Quand le psychiatre expulse un rire qui lui paraît nerveux, la divine suit du regard la dextre qu’il impose entre eux. « J'ai l'impression d'être invincible, là, tout de suite ». Il ignore à quel point il voit juste, tout comme elle ne sait rien encore des formes que ce pouvoir peut prendre. Un char pourrait bien lui rouler dessus, il en ressortirait vivant. « Tu annules peut-être l'impact de ce que je fais aux autres ». A ces mots, la sylphide prend le temps de réfléchir. Le nez plissé de nouveau, elle laisse ses orbes bicolores s’égarer dans l’obscurité. « Non, je ne crois pas... » Elle déglutit et se tourne vivement vers la porte. « L’infirmier, dans le couloir… juste avant que j’arrive ». Le poing levé, le pouce pointant le corridor, elle se presse d’ajouter ; « Il était terrifié ». Et la nymphe est certaine que sa présence à elle n’a eu aucun effet.

« C'était la foudre, qui t'a fait ça ? » Elle revient tout à lui. Réprime un nouveau frisson quand la main du psychiatre s’étale sur sa cuisse, et s’autorise à glisser ses doigts dans les siens. A les capturer même. « La foudre ? » Ses orbes bicolores s’arriment à leurs jumelles. Elle ne comprend pas et son visage affiche un air étonné. « De quoi est-ce que tu parles ? » Il est encore trop tôt. Silas n’a pas évoqué la tempête avec elle. Elle ignore que c’est la raison pour laquelle elle ne l’a jamais vu briller, Dante. Et se remémorant une interrogation posée plus tôt, elle fait claquer sa langue sur son palais délicat. « C’est arrivé pour la première fois il y a quelques mois… Enfin, je crois ». En recousant la plaie béante d’un inconnu. Et elle songe un instant à lui conter l’anecdote avant de renoncer. Puis se dit finalement que cette dernière l’amuserait et qu’elle n’a pas besoin d’apporter trop de précisions. « Je devais recoudre un patient. Sa chair est devenu aussi dure que la tienne. Impénétrable. C’était l’angoisse ». Véritable. Elle se souvient encore de sa panique sur l’instant et des traits mécontents de Bellandi. « Mais j’ai pu l’annuler, à force de concentration ». Par ces mots, elle espère enfoncer le clou et le convaincre qu’il est capable de contrôler aussi sa faculté. « On m’a dit que ça avait pu arriver d’autres fois. Je veux dire, avant ça. Que je ne m’en étais sûrement pas rendue compte... » Les histoires de Silas résonnent encore à ses oreilles.

« C'est arrivé peu après, pour moi. Mais je ne pense pas être capable de faire ce que tu fais. En général, ça vient sans prévenir, et j'ai juste le temps de constater les dégâts que ça crée ». Un silence vient nourrir la séquence. Sans besoin de fouiller sa mémoire, l’infirmière se rappelle l’étudiant orgueilleux qu’elle a pris sous son aile. Un temps lointain désormais révolu, et des rôles semble-t-il inversés. « Je ne le maîtrisais pas la première fois. Je n’y arrive pas toujours » ; elle serre plus fort ses doigts et se redresse sans les lâcher. « Ca prendra certainement du temps… mais j’y arriverai ». Peu convaincue pourtant, elle range ses doutes et ses appréhensions pour lui. Pour retrouver le temps de ce moment où il en a le plus besoin, cette assurance d’antan qui lui a tant servie. « C’est comme poser une perfusion ». Et elle sourit en repensant à ses débuts en médecine. Aux heures passées ensemble en salle d’entraînement. Aux quelques erreurs qu’elle a pu rattraper, à la confiance qu’elle a placée en lui, en dépit des attitudes quelques fois détestables. « Il faut prendre le coup de main ». Et les siennes frôlent à l’instant les joues du psychiatre, avant de s’enfoncer doucement dans sa chevelure ébène. « Je peux le faire. Tu y arriveras aussi », lui assure-t-elle en s’abandonnant au plaisir d’être accolée à lui.

Et puis elle se détache, baisse le front comme une gamine honteuse, consciente qu’elle est sans doute allée trop loin. Échappe un rire nerveux, avant de tendre l’oreille. « Tu entends ? » Le regard tourné vers la porte, elle l’encourage alors à faire de même. Rien. Exactement. « Ça a l’air calme dehors ». Le plus parfait des silences. Un miracle dans cet hôpital. « Ça doit vouloir dire que c’est fini ». Et elle sourit de nouveau, tapotant gentiment son épaule.

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