22 novembre 2018

Nouvelle réunion avec les mexicains, de nouveau au White Hare. La dernière fois qu’ils y ont mis les pieds ensemble c’était pour célébrer l’alliance et tenter de renforcer les liens tout en se jaugeant. Aujourd’hui, c’est pour tout autre chose. Sceller un accord avec O’Reilly, un accord qui ne concerne même pas la bande à Costilla. C’est leur deal, leur argent. Mais il fallait que O’Reilly fasse la fine bouche. Augustin espère que le Commandante n’en fera pas de même. Il n’aura qu’à acquiescer ce soir, et s’il décide plus tard d’aller tout de même faire son shopping à Cornucopia ça le regarde. C’est qu’il est capricieux, Esposito, il n’aimait déjà pas quand son frère lui pétait ses legos. Il jette un œil à Alcide au détour d’une phrase d’une banalité effarante, sait qu’il est plus tracassé qu’il ne le laisse paraître.

Et puis O’Reilly fait son entrée. Classe, comme toujours, c’est vrai que c’est une belle femme. Alcide lui propose un verre et Augustin lui adresse un grand sourire un brin amusé, légèrement narquois, tranquillement adossé contre le dossier de sa chaise molletonnée. Confortable la chaise, comme tout le reste du casino. Il ne dit rien, fait tourner doucement son verre de whisky entre les doigts, le regard balayant l’assemblée. Il s’arrête un bref instant sur Flores et il retient un sourire en coin, choisit la tactique de la gorgée de whisky à la place. « J’espère que vous avez passé un agréable mois de novembre, » s’enquit-il d’un ton relaxé, l’image même de la courtoisie.

La jordanienne appelée pour son premier meeting avec des extérieurs. Pas que la Camorra cette fois. Les tacos, de ce qu’on lui a dit, et Aislinn. La surprise s’était lue sur son visage en entendant le nom de celle à qui elle vient régulièrement acheter quelques remèdes. Bellandi lui avait vendu le topo, pour qu’elle fasse ses preuves, prenne un peu plus ses marques. Lyra avait du potentiel, il le savait, et Alfi en avait toujours été le garant. Si son intégration officielle n’était vieille que de six mois, la jeune femme trainait dans les pattes de la Camorra depuis dix ans. Elle tenait à faire ses preuves, à montrer qu’elle avait un bagage même si elle avait encore à apprendre. Elle était née dans la politique, et avait son chemin dans les négociations. Activité de l’ombre, illégale, en parallèle de son boulot où elle brillait. Pirate des temps modernes, toujours accompagnée de son ainé. Les pilleuses d’épaves, avec un avantage considérable : leurs dons. Vendre au plus offrant. Négociations douces ou musclées, rien n’avait franchement effrayé les sœurs al khayzuran. Sans doute trop jeunes, trop têtes brulées. Elles le sont un peu moins au fil des années. A peine. Apprennent juste à se taire quand c’est nécessaire. Mais aujourd’hui, elle savait qu’elle devait rester en retrait, autant que possible. Là comme un renfort –ou presque. Là pour apprendre, pour se faire une place. Nyx qui se fait plus présente, qui demande plus. Des dons bien utiles si ça dégénérait. Seulement elle n’avait aucune idée de ceux qui se trouveraient en face. Elle les connaissait de vue, mais ce dont ils étaient incapables lui était encore flou.
Le moustachu n’a surement pas pour habilité de lacher des paillettes. Et Flores, à côté, rencontré lors de l’annonce de l’alliance, elle sait qu’il faut s’en méfier. Kitty Cat d’apparence, et sans doute seulement d’apparence. Bref envie de le taquiner, mais c’est pas le moment. Appuyée contre le mur, elle défait son manteau, laissant le ventre à peine rebondi apparaitre. Plus un secret. Aislinn qui entre, et Lyra qui ne la quitte pas des yeux. Un bref signe de tête, à peine perceptible. Pas tellement envie de sourire dernièrement. Tourne finalement le regard vers Augustin –qu’elle connait moins- puis vers Alcide, pour une fois prête à obéir sans broncher.