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for i have sinned — neil

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for i have sinned — neil - Ven 8 Fév - 12:25

for i have sinned ★ neil & norah
Le sang macule les doigts pâles, carmin qui n'est qu'imagé, empreinte volatile des meurtres commis. L'épiderme paraît exempt de tout crime, n'est pas aussi innocent qu'il n'y semble. La gosse paraît exempte de tout crime, n'est pas aussi innocente qu'elle n'y semble. Incendie ravageur dans les veines céruléennes, orage dévastateur dans le cœur fracassé. De ces gamins perdus, sans plus ni carte ni boussole, sans guide ni chemin, aveuglés par la violence d'un monde qui les dévorait. Tiger Lily sans Peter Pan, éternellement errante dans le Neverland de ses propres ténèbres. Rien de plus qu'une gamine qui se voulait amazone vengeresse, trop aveuglée par la haine pour seulement percevoir la justice qu'elle affirmait protéger, trop occupée à abattre les méchants de ses poings nus pour voir qu'elle se noyait.
Trop perdue pour distinguer les méchants des gentils de l'histoire.
Les héros des vilains.
Le mal du bien.
Les frontières effacées dans l'esprit juvénile, alors qu'il n'y avait plus qu'ordre et chaos, crime et justice. Ordre pour laisser les criminels prospérer, justice seulement accomplie dans le désordre et l'entropie. S'il était seulement une justice, c'était la sienne, et elle l'instaurerait par la force.
Comme elle l'avait fait toute la soirée.
Criminels abattus de ses flèches, éprouvés par une gamine désireuse de les faire parler, d'obtenir un nom - un coupable. Heures sanglantes d'une vengeance qui se faisait tarder, alors que le cœur n'était qu'amas fracassé par la perte de l'être aimé, gangréné par l'ignorance et la rancœur. Douleur qu'elle avait faite compagne, rage qu'elle avait faite armure. Les lettres du prénom perdu martelées incessamment, symphonie guerrière, pour ne jamais faiblir face à la tâche à accomplir. Keon. Arraché au zénith de sa jeunesse par un criminel qui l'était plus que lui, par un être qui avait comblé l'absence de son propre cœur en arrachant celui d'une gamine en deuil.
Peines du corps qui n'étaient que quantité négligeable au regard des affres du cœur et de l'âme en péril, gosse déchirée entre la guerrière et l'enfant, trop cabossée pour remarquer la teinte de sa joue tuméfiée, le carmin dégoulinant de sa lèvre fendue. Victorieuse soirée pour la gamine emplie d'une vaine satisfaction, jamais découragée de l'absence de résultats. Ils ne parlaient jamais, les vilains, emportaient leurs secrets dans la tombe - et elle expiait sa haine dans une violence aveugle à laquelle elle s'abandonnait avec délices. Incessante fuite en avant, alors même qu'elle s'échappait quotidiennement hors du foyer, se faisait être masqué dans la nuit, ne revenait que l'âme plus souillée encore. Masque et arc dissimulés, elle rentrait enfin, et ils ne verraient tous que l'aimable gamine un peu rebelle du commissaire.
Ils ne voyaient jamais les loups parmi les brebis.
Et elle ne voit rien non plus, trop aveuglée de l'arrogance éternelle, trop aveuglée par la conviction que le père n'avait rien remarqué, dormait déjà, du sommeil des justes et des bienheureux auquel elle n'avait plus droit depuis si longtemps.
Et elle se fige en apercevant la silhouette fatiguée, ployant sous le poids du monde qui le rongeait. Se fige sous la culpabilité brutale qui l'étreint face à la figure aimée au-delà des mots. Papa. Et elle étouffe, la gosse, suffoque un instant des regrets et des secrets. Voudrait fuir, mais sait qu'il n'en est plus temps, qu'il l'a vue, qu'il sait qu'elle s'est enfuie du foyer, pour une nuit. Toutes les nuits. Alors elle ne dit mot et le regarde, iris accrochés de part et d'autre de la pièce, incapable de se détacher du visage de l'être aimé. 'Je pensais que tu dormais, papa. Il est tard.'


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for i have sinned — neil - Dim 10 Fév - 17:42



"you are the brightest star in my sky."


Les lignes se mélangent, les mots n’ont plus aucun sens et il se rend compte bien trop tard, Neil, que c’est la même page de l’Ile mystérieuse, qu’il lit depuis bien dix minutes. Jules Verne a beau le détendre, ce soir, il est incapable de comprendre les méandres de la créativité de l’auteur. Et pourtant, ça lui ferait du bien, de se perdre un peu plus dans cet îlot aux milles et un mystères qui recèlent de secrets autant que la ville du Maine. Au moins, dans les livres, la mort est éphémère, seulement réaliste dans l’esprit du lecteur qui se prend d’amour pour les personnages et se sent triste quand ils disparaissent. Dans les livres, y’a d’la douleur mais elle n’est pas réelle au point d’en donner mal au coeur. Comme cette nuit, palpitant qui bourdonne trop fort pour l’enfant encore parti. Norah pense qu’il ne sait pas mais Neil est flic, Neil n’est pas stupide, Neil aime ses filles au point d’avoir les yeux toujours ouverts même quand elles le pensent endormis. Mais il ne dit rien, sait à quel point Norah tout comme Angie, a besoin d’espace, de liberté, qu’on voit en elle plus que la fille du commissaire. Que tous perçoivent la lumière qui brille au fond de ses prunelles. Alors Neil se tait, fait attention qu’elles rentrent toujours dormir, s’inquiète à s’en ronger les sangs mais n’évoque jamais le sujet des fuites en pleine nuit. Neil n’est pas croyant, les dieux, il ne les prie pas, jamais. Pourtant, quand ses pépites sont dehors, il serait capable d’en appeler aux étoiles pour les protéger et garder un oeil sur elles. Si les dieux ne peuvent rien faire, peut-être que les constellations présentes depuis des milliers d’années, peuvent répondre à cet appel. Celui d’un père qui aime trop, au point de fermer les yeux à défauts de les braquer sur la vérité.

Les lunettes sont retirées, le livre, fermé, il attendra le temps qu’il faut Neil, ne s’endormira pas avant que Norah ne soit là. Même si l’envie était là, le cerveau l’en empêcherait. Et les aiguilles défilent, et la nuit grappille un peu plus sa confiance, dévore son myocarde à coups de battements qui lui donneraient presque de la tachycardie. Et puis la porte s'ouvre et le grincement quasi inaudible des pieds légers de Norah contre le plancher lui fait tourner la tête.  Petite poupée qui le regarde, étonnée de la voir toujours là, à attendre, à attendre, à attendre. Comme tous les pères, qu’il pense Neil. Comme tout ceux qui t’aiment Norah, et que tu fuis par besoin d’exister ailleurs que dans ces coeurs qui semblent ne plus te convenir.
L’homme ne se lève pas mais a un sourire qu’elle peut voir grâce à la petite lumière posée sur la table. Jules Verne m’a eu, j’avais du mal à lâcher mon livre. Tu m’as eu, j’avais du mal à lâcher mon inquiétude. La mine est tendre malgré les suspicions autour de sa gamine qui progressent de jour en jour. Il imagine des choses qui ne peuvent être réelles mais les histoires d’Arcadia ont entaché sa conception de la plausibilité. On ne s’en sort pas indemne, de la ville divine, encore moins des histoires des mafias.   J’ai un peu faim, j’te fais un sandwich ? Silhouette puissante qui se lève, silhouette délicate qui est rejointe. Les lèvres s’écrasent sur le front, une seconde de tendresses pour des heures de tristesse. Et attendre la réponse. Attendre, attendre, attendre. Comme une étoile qui ne cille jamais, protégeant ceux pour lesquels elle continuera de briller qu’importe la réalité devant sa lumière.
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for i have sinned — neil - Jeu 14 Fév - 18:10

for i have sinned ★ neil & norah
Elle a le cœur en vrac, la gosse, fracassé en mille éclats de verre fragile sur le sol. Parce que, pendant un instant tragique, elle regrette. Voudrait tout effacer. Remonter le temps, jouer de ses lignes souples et ondulantes. Revenir à l'époque où tout était plus simple. Mais elle ne peut pas, la gosse, et elle le sait. Elle est déjà tombée, a déjà chuté, si bas qu'elle ne sait distinguer la lumière en levant les yeux.
Elle ne peut revenir en arrière.
Le voudrait, pourtant.
Coeur vrillé d’éphémères regrets face au regard du père, elle se fendille. Pardonne-moi, papa. Je t'en supplie, papa.
Mais il le faut.

Trop engagée pour ne serait-ce qu'envisager de faire demi-tour, trop perdue pour retrouver le chemin. De ces êtres qui avaient déjà trop perdu pour accepter de perdre plus encore, sans réaliser que c'était eux, qui se perdaient, lumière évanescente dans les ténèbres qui les recouvraient.
Le sourire du père comme poignard dans le cœur vacillant, et elle voudrait fuir — parce qu'elle sait qu'il ne pourrait approuver, Neil, qu'il ne saurait comprendre le sang sur les mains juvéniles. Mais nous avons tous du sang sur les mains, papa. Je ne fais que jouer selon leurs règles, parce qu'elle ne suffit plus, ta justice. Dis-moi que tu comprends, papa.
Mais elle ne prononce pas un mot, la gosse, ne sait prononcer les vers qui causeraient la fin de tout. Incapable de réaliser qu'elle a signé la fin de tout.
'Jules Verne m’a eu, j’avais du mal à lâcher mon livre.'
Il était Janus aux deux visages — le roc qu'ils voyaient tous, l'homme fatigué qui se révélait dans l'intimité du foyer. Seules les gamines pour voir tous les masques, tous les visages, tous les Neil; et elle discerne l'épuisement dans le visage paisible, ne peut s'empêcher de se consumer, embrasée de la flamme d'une inquiétude virulente. Parce qu'elle ne sait plus lui parler, ne sait plus vraiment le comprendre; parce qu'elle n'a su remarquer le fossé qui séparait leurs pas que lorsqu'ils étaient déjà si loin.
'J’ai un peu faim, j’te fais un sandwich ?' Elle voudrait courir, l'enfant, fuir loin du regard fatigué et de la distance qu'elle ressent. La douleur, c'était plus facile de loin — elle pouvait prétendre, prétexter, se bercer de mille mensonges, susurrer que tout allait bien. Mais elle est enfant perdue, avide des bras d'un père, avide des mots d'un guide, avide d'une étoile qu'elle ne voit plus briller. Alors elle se laisse embrasser, la gosse, bras ballants qu'elle finit par serrer autour du père, étreinte désespérée, tandis que l'unique larme se noie dans l'étoffe des vêtements de Neil.
Il ne verra jamais la fuite lacrymale, elle ne l'admettra jamais non plus.
Le mot n'est qu'un murmure échappé, un souffle, comme une promesse. 'OK.' Elle se détache du père, un peu, rien qu'un peu, plonge dans le regard aimé. 'Je voulais une tisane... t'en veux une?' Mots timides, gêne qu'elle ne sait dissimuler face à la distance installée, creusée de mille secrets.
C'était si facile, d'oublier, lorsqu'il n'était pas là. Si facile de se perdre, loin de ses yeux.
Et parfois, elle aurait préféré s'égarer sans que ne paraisse jamais la lumière.

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for i have sinned — neil - Ven 22 Fév - 8:28



"you are the brightest star in my sky."


C'est comme chérir un nuage quand il enlace Norah. Y'a la douceur du cumulus et sa légèreté,  celle qu'on veut agripper pour ne pas le laisser s'envoler. Il y a aussi la rondeur des traits de l'enfance qui ne souhaite pas la quitter. Neil aurait aimé qu’elle reste toute sa vie sa gamine, sa pépite qui illumine tout sur son passage, sans qu’elle s'en doute. Mais la vie a eu l’insolence de la faire grandir trop vite, de la retirer de ses bras à peine avait-il relever la tête. Foutue vie. Et puis enfin, il y a tout le reste, tout ce qui fait de Norah un nuage, de ce regard qui le transperce mais qui n’est pas vraiment là. Inatteignable Norah, présente physiquement mais à jamais au loin. Ouais, un petit nuage qui entre ses bras, est ailleurs constamment.
L’étreinte est un peu plus longue, un peu plus forte, comme si au fond, ses sorties nocturnes, Neil savait déjà que ce n’était pas pour aller à une soirée pyjama. Elle avait passé l’âge et puis surtout, ce n’était pas son style. Celle dont la popularité précédait chaque pas, c’était Angie. C’était elle que tous demandait, elle qu’on voyait briller comme un soleil. Les gens oubliaient parfois que Norah était aussi lumineuse que sa soeur, peut-être plus stellaire que solaire. Norah l’oubliait elle-même. Neil, non. À jamais égale dans son coeur, à jamais aimé comme tous les enfants doivent l’être. Il n’avait jamais compris la guerre froide entre ses deux filles tout en essayant malgré tout de l’endiguer. Mais contenir une rivière, c’est simple, deux fleuves sauvages, c’est autre chose. Alors face à son murmure, il ne dit rien, ne réplique pas, ne lui demande pas de parler plus fort. Comme les nuages, comme les fleuves, plus on attaque Norah, plus elle se charge d’amertume, plus elle se renferme, plus elle se gorge de colère, plus elle explose quand on ne l’attend pas. Et Neil ne sera pas celui qui dégoupillera. Ouais…Je t’ai racheté la tienne et… Il se détache lui aussi, sourire qui vient relever les fossettes abimées par le temps mais toujours symboles de bonheur et d’un amour évident. La vendeuse m’en a conseillé une autre, pour te détendre la nuit. Avec un peu de valériane et de fleur d’oranger je crois. Il s’empêche de rire, se pince les lèvres sous l’amusement qui le prend en pensant à la suite. Enfin j’me dis qu’elle peut nous servir à tous les trois ! Angie, Norah, Neil, tous au même niveau quand ça concerne le sommeil, comme si jamais la vie ne les abandonnait. Comme si quelque chose les obligeait à garder les yeux ouverts et le coeur bourdonnant sous un possible danger. Ça ne devrait être que pour lui, la tisane. Angie et Norah ne devraient pas avoir de problèmes la nuit, Angie et Norah devraient dormir comme les enfants qu’elles étaient, sans cauchemars ni fuite dans un monde qui ne peut que leur faire mal. Les souvenirs de l’ancien petit ami de sa gamine lui reviennent en tête. La colère de ne pas avoir été assez présent pour être là, avant le coup de coeur et après le coup au coeur. Aimer et perdre l’être aimé, c’est pire que d’être repoussé. Et Neil n’a pas été présent, pas comme il l’aurait voulu, pas comme il aurait du.

Un dernier regard, l’abandon des yeux pour se diriger vers la cuisine, sachant qu’elle le suivra, comme elle l’a toujours suivi. Deux tasses sont attrapées et posées sur la table alors que déjà la petite casserole est remplie d’eau. Pas technophobe Neil, mais il a toujours aimé les plantes infusées longuement, et pas en trente secondes micro-onde. Ça a été ta soirée ? Qu’il ose demander, sachant qu’elle ne lui dira pas tout, qu’elle gardera ses secrets et que c’est normal pour une jeune femme. Sachant aussi qu’il ne fouillera pas alors qu’il le devrait, s’il écoutait sa tête et non son myocarde. Et c’est en mettant les petites feuilles de valériane dans un sachet en tissu, qu’il comprend que Norah n’est pas un nuage. Elle est un cyclone dont Neil est le centre. Elle explose quand elle est loin de lui, elle s’enrage quand il n’est pas à ses côtés. Et quand ils se retrouvent, quand le père et la môme sont dans le même mètre carré, tout se calme, tout est silence, comme le centre d’un cyclone qui lui échappera à peine le pas de porte sera passé.

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for i have sinned — neil - Mer 27 Fév - 18:40

for i have sinned ★ neil & norah
Il lui parle, son père, et elle s’abreuve de ses mots, la gosse. Enfant perdue, rien de plus qu’une Wendy sans Peter Pan, qu’une planète sans orbite. Elle est perdue, gosse effrayée qui ne désire rien tant que de pouvoir laisser la peur et les angoisse derrière elle, qui voudrait que le père la protège – encore, encore plus, toujours un peu plus. Mais ce n’est pas comme ça que ça fonctionne, ce n’est plus comme ça – si longtemps depuis la dernière fois qu’il avait su chasser les monstres qui s’abritaient dans les recoins obscurs de sa vie, effacer les peurs juvéniles. Elle savait qu’il l’aurait voulu, pourtant, se faire chevalier blanc de leurs contes les plus fous, et elle l’aurait voulu aussi, la gosse. Mais elle ne savait revenir dans le passé désormais lointain, ne savait retrouver ce qui était perdu, envolé, denrée précieuse qu’elle n’avait pas su chérir, alors que se délitait lentement son âme sous le feu du crime commis. Elle voudrait que son père la sauve, sait qu’il ne le peut plus.
Il est l’ancre d’attache d’un port qui s’éloigne trop vite, alors qu’elle est emportée par la tempête, pantin sans pouvoir de la volonté des autres. Elle aurait voulu être le soleil pour l’irradier de sa lumière, pour embraser sa fierté, mais ne savait être que le trou noir, dévoreuse de mondes à la dérive. Grenade dégoupillée, bombe à retardement, prête à détruire ceux qu’elle aimait comme les ennemis, puisse sa rage être satisfaite dans l’opération. Mais elle étouffe le chagrin qui la consume, un instant, éteint la flamme noire embrasée des mains de Khaos. Elle aspire à un peu de paix, la gosse, sert le père un peu plus fort contre son cœur. Il verra les pommettes tuméfiées et bleuies, demain, il verra l’ombre des coups et la lèvre enflée. Mais elle veut une parenthèse éphémère, ne demande rien de plus. Rien qu’une parenthèse.
Le sourire lui brise le cœur, vibrant de l’amour d’un père pour sa progéniture, et elle se vrille, à l’écho de mille autres sourires qui hantent ses pensées. Chacune de ses réussites, chacun de ses échecs, aussi. Se relever, toujours, réessayer, encore. Il avait toujours été là, le sourire bienveillant et la fin offerte – et elle lui tournait le dos, désormais. Préférait échouer loin de ses yeux, plutôt que de voir la déception dans son regard. Plutôt que de voir l’échec dans son regard.
Alors elle se mord la lèvre déjà tuméfiée, sait qu’elle ne pourra que le regretter le lendemain, feint un sourire qu’elle n’éprouve pas totalement. La gosse reconnaissante des attentions du père, de sa sollicitude et de ses efforts, effrayée pourtant de le voir si droit alors qu’elle-même sombre. Chaque cadeau est poignard dans son cœur, parce qu’elle se sait indigne de l’affection, se sait indigne des tentatives. Mais elle essaie, la gosse, essaie encore, feint le masque qui est si lourd à porter lorsqu’il s’agit de son père. Un petit rire qui sonne joyeux, ne l’est pas vraiment, au fond. Mais elle voudrait l’ancienne complicité, au moins autant qu’elle la fuit, désormais.
Mais elle ne sait pas fuir, pas quand il s’agit de lui. L’amour, prégnant, ancré dans les veines, dont elle ne sait se départir. Alors elle le suit, ancre ses pas dans les siens jusqu’à la cuisine, ainsi qu’elle l’a toujours fait ; l’homme qui lui a un jour appris à marcher, parce qu’elle s’était acharnée à prouver qu’elle savait se tenir debout. Et elle le contemple, la gosse, contemple les mains qui ont vécu, se font douces, pourtant, pour préparer leurs boissons chaudes. Elle le regarde avec l’envie de se sauver, encore, toujours un peu plus loin, toujours un peu plus vite. Mais elle ne le fera pas pourtant, ne le peut pas – comète perdue, prise dans la gravité de l’étoile qu’elle son père.
La question embrase l’instinct de survie, pourtant, et elle se tortille sur sa chaise, la gosse. Ca n’était pas allé, non. Ses heures solitaires n’avaient rien du plaisir d’une jeunesse insouciante – elles étaient ivresse de la traque et du sang, ivresse d’une folie et d’une vengeance à l’horizon, qu’elle voulait croire proche, sans jamais l’effleurer du bout des doigts. Alors elle plisse le nez, la gosse. Ne saurait avouer qu’elle consume ses nuits à coups de poings et de flèches, l’orgueil oublié et la morale disparue. Ne saurait avouer l’étendue de sa perte. Pas à lui, jamais. Ne saurait lui mentir – parce qu’il décèlerait la tromperie, déformation professionnelle qui lui pesait, aujourd’hui. Alors elle détourne les yeux, tapote des doigts sur la table. 'Je suis allée courir. J’aime bien Arcadia, de nuit. La ville a un autre visage.' Plus sauvage, plus bestiale, aussi. Comme elle, comme tous les esprits perdus qui en arpentaient les ruelles sombres. Elle n’avait pas menti. Elle avait couru (derrière le monstre qu’elle traquait). Elle aimait la nuit (et la faune ténébreuse qu’elle présentait). Elle hésite, un instant, se mord la lèvre, offre une autre demi-vérité. 'Je me suis blessée. Rien de grave. ' Il croirait à une chute, lorsque la réalité était autre – un poing dans ses pommettes, le visage abîmé. Mais c’était vérité qu’elle ne pouvait lui laisser entrevoir. Elle force ses iris vers ceux de son père, feint un air joyeux qu’elle n’éprouve pas vraiment. 'Et toi, Jules Verne ? Et ta journée ? Tu as encore attrapé des méchants ?' Sauver le monde. Elle avait toujours vu son père comme le héros de ces bouquins.
Jusqu’à ce qu’elle comprenne la vérité.
Le monde ne voulait pas être sauvé.


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for i have sinned — neil - Lun 4 Mar - 20:09



"you are the brightest star in my sky."


Concentré sur sa besogne, les yeux dans le vague mais le coeur dardé sur sa propre chair à deux pas de là, il sait, Neil, qu’il est bon acteur quand il s’y met. Pas qu’il mente, non, jamais il n’oserait se moquer ouvertement de quelqu’un. Il préfère feindre l’ignorance, sourire distraitement ou tendrement et ne pas évoquer ce qui le dérange réellement. Neil est flic, pas jardinier ou chauffagiste, et dans ses veines, c’est l’inquiétude qui coule, accolé à l’affût. Toujours les yeux dardés sur la scène, l’esprit aiguisé, et le coeur prêt à bondir pour étreindre ou refroidir. Alors les disparitions nocturnes de Norah et d’Angie, ou les mensonges, ou les conneries, il n’y croit pas Neil. Il est père, pas ignorant. Il est commissaire, pas mal-voyant.
Il relève la tête en entendant ses mots. Courir, aucun soucis, courir quand il fait nuit, il tique un peu plus mais ne l’empêchera pas de fuir. Nora en a besoin, de ces instants à elle, de ces moments dehors, quand la lune s’élève et qu’elle peut briller sans que sa soeur l’éclipse comme un soleil. Astre du jour et astre de la nuit, y’avait que Neil O’Caisin pour éduquer deux opposés que tout attire. Pourtant, les sourcils se froncent face à l’évocation de la chute. Il n’avait pas vu, il a oublié de changer l’ampoule brisée de l’entrée et… Montre moi ça. Que l’homme murmure à l’attention de sa fille, la casserole sur le gaz, le sachet de valériane posé distraitement sur l’établis.  La paume abimée attrape tendrement la joue rosie par la chute. Pas un mot ne sort de ses lèvres, pas même une réponse face à la question de son enfant. Les méchants, il s’en moque à cet instant, ce sont les mensonges de Norah qui comptent. Ce sont eux qu’il veut attraper et éradiquer pour retrouver sa môme. J’espère que le trottoir a eu plus mal que toi. Réponse qu’il habille d’un sourire alors que le pouce trace la rondeur de la pommette. Et abandonner aussi rapidement la silhouette pour arrêter l’eau qui boue sur la gazinière.  Il la sait forte Norah, mais tomber au point de se fendre la lèvre et d’avoir la joue ornée de violet, ça fait mal. Et pas de traces de larmes, ni de yeux rougis pas la douleur ressentie. Rien qu’un masque de poupée, comme si un visage tuméfié n’était pas plus étrange que des paupières maquillées. Rouge à lèvre unique pour Norah, couleur du sang qui a coulé a cause d’un foutu trottoir.  

Elle le prend pour un con et le pire, c’est qu’il ne réplique pas.

Et oui, tu peux t’moquer de moi, j’ai recommencé l’Iliade. Ulysse a beau être un vrai salaud avec les femmes, ça n'en reste pas moins une sacré personnalité. Sourire, les doigts  attrapant la casserole pour en verser deux tasses.Il n’a jamais abandonné, il a toujours cru qu’il rentrerait chez lui malgré les années… Il a toujours gardé espoir. J’pense que si les citoyens d’Arcadia suivaient son exemple, j’serais au chômage. Une pause dans le discours, alors qu’un amusement réel apparait sur le visage buriné du commissaire de police. Ça répond à ta question je crois. On est encore loin d’Ithaque Norah... Pas de méchant attrapé et un peu plus d'espoir qu'hier mais bien moins que demain. Et lorsqu’ils y arriveront à destination, c’est à l’intérieur des rangs de la police elle-même que les méchants devront être attrapés. Comme Ulysse avec ses prétendants, Neil devra ouvrir les yeux et ne plus feindre l'ignorance. Mais pas de Pénélope à retrouver, rien que le sourire de Norah, sans rouge à lèvre, ni fard.
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for i have sinned — neil - Dim 24 Mar - 17:04

for i have sinned ★ neil & norah
Iris posés sur ce père qui était l'appui sur lequel elle s'était longtemps dressée pour élever le monde, avant qu'elle ne choisisse la chute plutôt que les cieux, les ténèbres plutôt que la lumière, avant que le soleil ne soit avalé, avant qu'elle ne se perde. Un instant, elle voit danser le fantôme de la gamine qu'elle avait été, mains potelées et maladroites, doigts humides qui laissaient s'échapper un verre plein de jus d'orange, fracassé sur le sol dans mille éclats scintillants ; elle se souvient de la honte, du cœur désolé, se souvient des larmes pleines de pénitences offertes à ce père qui n'avait jamais été que pardon. Ce n'est pas grave. Ce n'est qu'un verre. Rien n'est irréparable. Les mots avaient été un baume sur son cœur d'enfant, et elle avait si vite oublié, alors, le carnage si vite effacé. Mais c'était sa confiance, leur lien qu'elle avait brisé. Et nous papa? Sommes-nous réparables?
Elle est gosse perdue, à la dérive, et elle instille les mensonges qui s'égouttent de ses lèvres. Il les avale son père, ne saurait imaginer la tromperie de son sang, la duplicité de sa chair, et un instant, juste un instant — elle regrette qu'il ne sache voir ce qu'elle dissimule, qu'il la rattrape, au bord du précipice, qu'il la sauve, encore, qu'il la sauve, enfin. Mais l'appel à l'aide est silencieux, enrobé de mensonges suaves. Il abolit l'écart, le père inquiet, et elle frissonne au contact de ses doigts sur sa peau, et elle appuie sa joue dans cette paume qu'elle connait par cœur. 'J’espère que le trottoir a eu plus mal que toi.' Elle lâche un vrai rire, la gosse, une envolée sincère, la première depuis si longtemps. Un rire un peu cruel, aussi, alors qu'elle revoit sa botte s'enfoncer dans le visage du sale type qu'elle avait traqué. Ouais, il a eu mal, le trottoir. Sa propre douleur n'était qu'accessoire, pénitence, rappel constant qu'elle était en vie quand lui ne l'était plus. Alors elle hausse les épaules avec un sourire amusé, prétend balayer la remarque d'un mouvement des lèvres. 'J'ai les pommettes dures, je suis sûre qu'il le regrette bien, ce sale bitume.'
Mais elle se renfrogne un peu lorsqu'elle l'entend discourir de l’Iliade, du poste, du crime qui jamais ne reflue. Crime auquel elle participe toutes les nuits de sa petite pierre, du sang qui balaie le béton. Ses pensées qui dérivent vers Elsie et Kaouthar, les deux vipères dissimulées dans le giron des forces de l'ordre, et elle tremble, la gosse, voudrait dévoiler leur duplicité à son père ; mais comment révéler leur tromperie sans révéler sa propre déchéance, comment révéler leurs mensonges sans tout perdre? Elles étaient compagnes de croisade pour cette cause embrassée ensemble, s'étaient constituées épées de Damoclès au-dessus de la nuque de ce père dans une lutte vaine contre les tentacules obscurs d'un mal qui ne cessait de se répandre. Et elle s'assombrit, la gosse, ne parvient pas véritablement à dissimuler la gravité de ses traits, tente de feindre un sourire qui n'atteint jamais ses yeux. 'J'ai toujours bien aimé Ulysse. C'était un type bien, et intelligent. Il a mérité son happy end, plus que n'importe qui d'autre.' Elle enroule ses longs doigts autour de la tasse, laisse la chaleur réchauffer son cœur glacé, et elle baisse les yeux, la gosse, distraite, coupable. 'Mais il n'a pas eu de chance... Il n'était pas... aidé.' Une grimace pour tordre les lèvres de l'enfant ; il ne s'agissait ni des charmes de Calypso, ni des vagues contraires de Poséidon, ni des sorts de Circé, dans cette histoire. Les sourcils plissés par l'inquiétude, elle ne parvient à regarder son père dans les yeux, ne parvient pas à lui mentir une fois de plus. 'Prends soin de toi, dadi. Ils sont partout, les criminels. Probablement plus proches que tu ne le penses. Probablement au poste, aussi.'
Probablement dans ton foyer, aussi.
Ouvre l’œil, papa, je t'en prie.


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