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Wide awake | ft. Hyacinthe

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Wide awake | ft. Hyacinthe - Dim 25 Mar - 4:11



Wide awake
Juniper & Hyacinthe


«And I have one of those very loud, stupid laughs. I mean if I ever sat behind myself in a movie or something, I'd probably lean over and tell myself to please shut up.»


*style du pyjama* || Le vent, se faufilant par la fenêtre entrouverte, caresse ton visage paisible. Il fait bon, ce soir, au creux de tes draps blancs. Il est rare le sommeil, alors tu tentes de l’attraper en plein vol. Tes doigts se serrent autour de ta couverture et ta joue s’enfonce contre ton oreiller de plumes. Dans la pièce d’à côté, le ronflement rassurant d’Anastasia te permet de quitter l’éveil en toute sécurité de conscience : tu sais qu’elle n’est pas morte soudainement. Le marchand de sable vient de passer; tu le sens sur tes paupières, le sable lourd et chaud, un peu, quand elles se ferment lentement. Tu te demandes quel rêve tu feras cette nuit. Avant que ton cerveau ne parte pour le grand voyage, tu penses à un prince. Beau, grand et fort. C’est à lui que tu rêveras, cette nuit. Vous partirez loin à dos de cheval blanc et, au bout du chemin, tu le pousseras de l’étalon dont tu prendras le contrôle et tu t’envoleras dans l’espace. C’était parfait. Instinctivement, comme une manière de te rassurer de tu ne savais quoi, tu remontes tes genoux contre toi et tu les entoure d’un de tes bras. La position fœtale te rappelle ta mère, oubliée à l’autre extrémité des États-Unis.

Mais soudainement, ta bulle de bien-être éclate. Tu l’entends faire « pop » dans ta tête et tout ton visage se crispe en une grimace absurde. Comme si elle sortait de ton téléphone, une voix inconnue gueule ces notes qui viennent de te tirer de ta torpeur. Heavy breathing. Tu inspires longuement, tu expires lentement. Tu attends quelques secondes en te disant que ce n’est, peut-être, que ce fameux syndrome de « la tête qui explose », mais ça n’arrête pas et ça ne semble pas avoir l’intention de le faire non plus. Tu la sens, la sueur froide qui coule sur ta nuque et la veine qui bat contre ta tempe. Rien ne te met plus hors de toi que te faire voler ton sommeil. Avec l’insomnie qui te pourrit habituellement la vie, en plus… Là, maintenant, tu as envie de tuer quelqu’un. Vraiment. Le poing serré sur ton drap, tu le balances loin de toi et tu bondis hors du lit. À pieds joints, tu sautes sur le sol comme si ça allait changer quelque chose – heureusement, personne n’habite en bas. « OH MY GOD. JE VEUX DORMIR, PUTAIN. », gueules-tu à t’en arracher la gorge. De l’autre côté du mur, Anastasia ne réagit même pas. Elle, elle arrive à dormir si bien que le chant ne la dérange pas. À grand pas, les talons s’appuyant bien fort sur le plancher froid, tu quittes ta chambre dont tu ne manques pas de faire claquer ta porte – causant ainsi la mort tragique de ton cadre taché de rouge à lèvres et renfermant une photo d’Orlando Bloom . Tes pas de géant se poursuivent jusqu’au couloir extérieur où tu t’arrêtes un instant. Les yeux plissés, tu tends l’oreille dans l’espoir de cerner la source du bruit. Tes sens sont embrumés, ton cœur bat la chamade et menace de s’évader à tout moment par ta bouche. Il faut dire les choses comme elles sont : tu n’es pas fâchée, tu es enragée.  Non seulement on t’a empêchée de dormir, mais en plus tu es pieds nus et en pyjama léger – tu le sens venir de loin, le mal de gorge dont tu souffriras demain matin.

Tu as beau avoir le regard brûlant et les sourcils froncés, les joues rouges de l’enfant insatisfaite, tu donnes plutôt à rire qu’à craindre. Du haut de ton un mètre soixante-quinze, ta baby face donne quand même l’impression que tu es plus petite, plus fragile, que tu ne l’es réellement. Les gens ne te prennent pas souvent au sérieux et ça tend à te fâcher encore plus. Une fois plantée devant la porte du coupable, tu hésites finalement avant de frapper. Même si la voix ne te paraît pas des plus graves et menaçantes, tu crains tout de même de te retrouver nez à nez avec un gros motard violent ou un truc du genre. En gardant une bonne distance de sécurité, tu tends le bras et tu frappes vivement sur la porte. Il est trop tard pour retourner en arrière. Droite comme un piquet, les lèvres pincées, tu attends. La colère qui bouillonne encore dans ton estomac ne tarde pas à faire s’agiter tes jambes. Du bout des orteils, tu piétines le parquet froid.
Mais c’est toute une surprise que tu as quand la porte s’ouvre finalement. L’individu qui se présente devant toi est flamboyant, ne correspondant en rien à l’image que tu t’étais faite de l’emmerdeur qui s’amuse à chanter à une heure si tardive. La bouche entrouverte, quelque chose qui pétille au creux des yeux, tout ce qu’il y avait de frustration en toi semble s’évaporer lentement. « J’ai besoin de dormir… », laisses-tu finalement tomber d’une voix plaintive, presque suppliante. Tu veux dormir et tu as froid, c’est pénible.

(c) DΛNDELION
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Wide awake | ft. Hyacinthe - Dim 25 Mar - 21:20

La nuit fraîche déborde de la fenêtre ouverte.
Les étoiles ont glissé le long des vitres.
Mon visage dévore à moitié le tien.

Sous le voile perlé, le teint n’est pas poudré.
Les sourcils ne sont pas remplis.
Je ne fais que passer.

- Allez, on reprend…

Pas une trace de sommeil dans l’appartement.

Enveloppée dans une robe de mariée, je me tiens bien droite.
Poupée abandonnée au milieu du salon, dont les larmes d’eye-liner tranchent les joues en deux.
Bouquet amaigri. Tulle déchirée. Perruque décolorée.

La main se plaque contre le front, manque de crever un œil avec la griffe manucurée du pouce.
Le dos s’arque jusqu’à la limite des vertèbres.
Ligaments tendus, os déformés.
La moue n’est pas triste. Elle est tragique.

Là-bas, tout à la fin des jambes, les pieds hurlent déjà des seize centimètres compensés qu’on leur inflige.
Pas un mouvement et notre corps trouve déjà ses limites.
De la souffrance vient la beauté.
Alors ce soir nous sommes sublimes.

Je me repositionne.
M’assure du centre de gravité. Encore une fois.
Si le diable est dans les détails, faut-il croire que nous sommes à exorciser.

Ils avaient dit pas de fumeur.
Tu avais dit oh grand dieu non, ça me dégoûte ce genre de chose.
Alors qu’est-ce que fait cette bouffée bleuâtre à la forte odeur de tabac entre mes lèvres ?
Oops.

Le mégot finit dans un vase.
Un dernier râle, un dernier nuage.
Son agonie incandescente prend fin.

Bien.

Un silence se développe, dégradé par mon souffle haché.
L’impatience crépite, la mémoire grince.
Sous les paillettes, le regard se fige, fauve tapis dans la jungle des cils.

Une seconde.
Inspire.
Deux secondes.
Expire.

La pupille se dilate au contact des premières notes.
L’adrénaline galope dans les veines.
La hanche percute le vide.

C’est parti.

- Bless this day,
Pinnacle of life,
Husband joined to wife.
The heart leaps up to behold
This golden day.


La mâchoire se crispe sur une crampe.
Les bras sont levés vers le lustre hideux du salon.
Un sourire tétanique déforme la bouche que tu as peinte.

- Emma I can’t find my shoes…

Les doigts bien trop longs claquent, interrompent la voix de l’homme.
Les notes dégringolent.
Un tambour monte, grave et accusateur.
Tape, tape, tape avec ton cœur.

- He had it coming
He had it coming
He only had himself to blame


Les genoux se lèvent.
Les semelles claquent.
Les fleurs de tissus sont pointées sur une foule invisible, apparemment massée devant l’écran de la télévision.

- If you'd have been there
If you'd have seen it
I betcha you would have done the same!

Les pétales semés dans le sillage.
Le voile arraché d’un grand geste de l’épaule.
Les cheveux tanguent, mais en rythme.

- Pop, six, squish, uh-uh, Cicero, Lipschitz
Pop, six, squish, uh-uh, Cicero, Lipschitz

Pied sur une chaise.
Jambe un peu trop tendue pour le bien du genou.
Ca craque, ça gémit, ça se plaint.
Pharynx et larynx gonflés à l’extrême.
Tais-toi, cartilage. Ecoute plutôt.

- Bless this day

Le bas s’élève, porte le pitoyable bouquet aux nues.

- Tragedy of life

Un deuxième talon rejoint le premier.
Les pieds de métal sont clairement de bien trop mauvaise qualité pour endurer un traitement pareil.
Moi qui pensais que mon régime avait été probant.

- Husband yoked to wife

Les fesses se posent sur la table, laissent déjà des auréoles de buée sur la plaque de verre.

- The heart sinks down and feels dead

Une rotation excessive du bassin ramène les jambes à la place des assiettes.
Le diner est servi.

- This dreadful day.

La note s’étire, de zéro à plus l’infini, le bout des ongles la suit. Partent de la malléole, remontent le creux des mollets, crissent contre les poils, tirent les jupons jusqu’aux cuisses jarretées.
Une seconde se suspend.
Plus de notes. Plus de mimiques.
Plus de moi.
Les ombres coulissent, le silence ondule.
J’inspire.
Quand soudain ça explose.

- He had it coming

La main à ma taille arrache le tutu en lambeau, en libère un justaucorps brodé qui moule à la perfection les formes que tu m’as créée.

- He had it coming

La partition se chiffonne, les trompettes s’égosillent.

- He took a flower

Les tiges tombent, révèle un pistolet argenté.
Toujours levé, fier et haut.

- In its prime

J’ai claqué mes pieds joints, me suis mise debout.

- And then he used it

La table a beau trembler, elle ferait bien mieux de m’applaudir.

- And he abused it.

Quelle souplesse, quelle maîtrise.

- It was a murder

Sourire.
Chevilles afûtées, paumes entraînées.
Peur. Excitation. Concentration.
Avant-bras contracté, front plissé.
Peur. Envie. Peur.
Souffle retenu.
Peur. Peur. Peur.
Les émotions se dissolvent dans les mouvements.
Roue ou saut de l’ange.
Un peu des deux sans doute.
Toujours est-il que la tête est en bas, les pieds en avant et que ça tourne vite.
Très vite.

- But not a crime !

Le point d’exclamation vibre avec le sol, quand mes poings et genoux s’y écrasent.
L’estomac aux lèvres, les poumons en bouillie.
Je continue à sourire.
La cascade a l’air de faire bien plus mal qu’en réalité.
Tapis épais, répétition et genouillère sous les bas, voilà le secret de la réussite d’une dragqueen préparée.
Mais ça faisait toujours son petit effet de prétendre qu’on souffrait concrètement pour l’amour de l’art.

- Yeah… but did you do it ?

Je relève la tête, l’air hagard.
Replace quelques mèches, l’ongle de l’index entre les dents.
Face aux spectateurs fantasmés, je fais naître un sourire progressif, à la fois lumineux et complètement malsain. Je hoche la tête. Pas trop vite. Lascivement. En tempo avec le beat qui monte alors.
Un, deux, un, deux, trois, quatre.

- I've had

Les membres jaillissent de toute part.
La chorégraphie se brouille.
Je ne sais pas trop comment je me suis remise debout. Encore.
C’est probablement ça ma force. L’inattendu, jusqu’à moi-même.
Je me demanderai bien un autographe si j’avais une photo de moi sur nous.

- …the time of my life

La gâchette.
Le tir.
Des paillettes expulsées par milliers du canon de plastique.
L’oscar des effets spéciaux à portée de confettis.  

- No I never felt this way before

Je m’agite. Me dandine.
Danse sous la pluie des applaudissements.
Tap. Tap. Tap.

- Yes I swear it's the truth

Qu’ils ne s’arrêtent jamais.
Tap. Tap. Tap.
Que l’ovation continue.
Tap. Tap. Tap.
Qu’ils l’aiment, encore et encore.
Tap.
Et encore.
Tap.
Et encore.

- And I owe it all to you

TAP.
Une seconde.
TAP. TAP. TAP.
Eh merde.
Un geste évacue les résidus du spectacle tombés à mes pieds, un autre éteint l’enceinte surchauffée.
Impériale, je me dirige lentement vers la porte qui tonne sous les coups acharnés, sourcils levés, perplexité de sortie.
On n’a pas idée de déranger les gens à une heure pareille.
Quelques pas. Un poing au creux de la hanche. Une attitude de jugement.
Parfait.
La porte s’ouvre.

- J’ai besoin de dormir.

Timbre soprano.
Tenue aguicheuse.
Visage éploré.
Ah.

- Non.

Un des ongles qui ont survécu à la performance, celui de l’auriculaire en l’occurrence, s’élève droit sous l’œil gauche de la jeune créature et appuie lentement sur le bout de chair bombé que ses larmoiements font rosir.

- Tu as besoin d’anticernes, chérie.

Rétraction de la main.
Lèvres pincées vers l’avant.
Hochement de tête appréciateur.
Elle est pourtant mignonne, cette gosse.

- Et moi, j’ai besoin de travailler. Bisous.

Bois et métal cliquent l’un contre l’autre.
Je délègue à mes omoplates la vue de la porte close.
Des entrailles mousseuses de ma poitrine, j’attrape cigarette et briquet.
La molette tourne, crachote une flamme.
Mordille le papier, noirci le tabac.
J’entends presque nos nerfs soupirer d’aise, alors que les particules d’addiction imbibent peu à peu nos tissus.
Quelques pas et je me fige, heurté de plein fouet par une sensation étrange.
Je plisse les yeux.
Une autre seconde.
Envie de rot ou culpabilité, je ne sais pas bien distinguer le sentiment inhabituel qui a planté ses crocs dans ma gorge.
C’est en général plutôt de ton ressort, ce genre d’absurdité.
Aucun gaz ne veut s’expectorer, la compression ne veut diminuer.
J’en déduis qu’il va falloir remédier à ce soudain haut-le-cœur.
Mon regard roule jusqu’au plafond, mes épaules rembourrées s’élèvent convulsivement.
Tandis que tes pensées gesticulent autour de moi, je recrache une énième bouffée cancérigène.
La porte à nouveau ouverte, je rappelle la frêle créature d’un ton doucereux.

- Okay Unsleeping Beauty. Entre. J’ai besoin d’un public.

Peut-être qu’elle est surprise. C’est assez difficile à dire, avec ces yeux globuleux pleins d’incertitudes, systématiquement ahuris.

- Reste pas plantée. Tu dors pas et je vais certainement pas arrêter ma répétition, de toute façon.

Mes doigts se referment sur son poignet, la tirent probablement trop fort.
Mon dieu, on va la casser.
Je laisse tes accents doux imprégner ma voix nasillarde.

- T’as l’air d’avoir du goût…

Un coup de menton soigneusement contouré désigne son accoutrement… minimaliste, aussi bouffant qu’adorable.

- …tu pourras me donner un avis sur mon mix. Tu l’as entendu en entier ? Qu’est-ce’ t’en penses, blondie ?

Je lâche enfin sa main, y laisse probablement un hématome joliment violacé. Ca lui fera un souvenir. Demi-tour relativement contrôlé, je jette un regard à mon palais.

Tu prends conscience du désordre qui nous entoure. Vêtements en tout genre jeté sur les lampes, chaises et fausses fleurs au sol, cadres mal redressés, courants d’air à foison, alcool de divers degrés disposés aléatoirement sur les surfaces disponibles. Mon œuvre d’art contemporain, en quelque sorte. Pendant une fraction de seconde tu te dis que tu aurais peut-être nettoyer avant d’y inviter cette manante. Mais en est-on vraiment encore à ce genre de considération ? Non, absolument pas. Mon cœur n’a de place que pour un seul remord à la fois, qu’elle en profite bien, la blondasse.

- Allez, j't’offre un cocktail pour la peine.


Dis-je comme si c'était la politesse et non ma propre soif qui pousse mon hospitalité à son paroxysme.
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Wide awake | ft. Hyacinthe - Mar 27 Mar - 2:54



Wide awake
Juniper & Hyacinthe


«And I have one of those very loud, stupid laughs. I mean if I ever sat behind myself in a movie or something, I'd probably lean over and tell myself to please shut up.»


Tu tires une de ces gueules, June. Le doigt qui te tapote la joue est désagréable. Il envahit ton espace personnel tout comme les mots qui l’accompagnent te frappent plus qu’ils ne l’auraient dû. Tu le mordrais, ce doigt, si tu étais un peu plus sauvage. L’agacement te fait rouler des yeux : tu sais bien que tu en as besoin, d’anti-cernes. Depuis quatre ans désormais, tu essaies marque sur marque dans l’espoir de trouver celui qui tient le mieux et le plus longtemps sur ta peau fragile. Habituellement, tu ne te maquilles pas beaucoup. Du rouge à lèvres et un peu de mascara, parfois de l’eyeliner, mais ta peau n’a pas suffisamment de défauts pour que tu l’empoisonnes à coups de fond de teint. Ta gorge se serre, tu ne sais pas comment prendre cet affront qu’on vient de te faire. Officiellement, on t’a volé ton sommeil. Encore une nuit, tu vas t’étendre sur le dos et fixer le plafond en attendant que quelque chose se passe et, demain, tu vas piquer du nez sur ta machine à coudre. La prof va encore t’engueuler. Là, maintenant, tu as envie de pleurer parce que tu as l’impression que ta vie est échec sur échec. En plus, tu vas avoir tes règles bientôt, ça te rend overemotional.

Alors que tu es sur le point d’attaquer avec une phrase que tu aurais voulu piquante, le drôle de phénomène te ferme la porte au nez. Tout se passe bien trop vite pour ton cerveau au ralentit : tu t’apprêtes à frapper à la porte, la menace d’appeler la police pendue au bout des lèvres, mais tout ce que tu rencontres c’est du vide. Évidemment, parce qu’on vient de rouvrir la porte et de t’attraper par le poignet. Des mots s’emmêlent dans ton cerveau, tu essaies de faire de l’ordre dans tout ça en même temps que de retenir ton équilibre ; ta tête n’est pas en l’état de faire trop de choses en même temps.

Tu surchauffes, le rouge te remonte au visage. Tu l’attends, l’écran bleu de la mort de ton disque dur neuronal. « J’vais t’en faire bouffer, moi, de l’Unsleeping Beauty ! », craches-tu ; un peu honteuse d’être passée proche de rencontrer le plancher. Même si tu ne le dis pas, tu as mal au poignet. Tu as un peu peur, aussi. Cet individu t’est inconnu. Une drag queen, ce n’est pas la première que tu rencontres. À tes yeux, ce sont de chouettes personnes, mais ça ne voulait pas dire que derrière celle-ci ne se cachait pas un psychopathe. Le manque de sommeil te rend paranoïaque. Quand on te lâche le poignet, tu t’empresses de croiser les bras sur ta poitrine pour cacher la marque ; tu n’admets pas qu’on puisse voir tes faiblesses aussi facilement. Un œil rapide jeté à la porte : tu comprends que c’est définitif. Tu ne dormiras pas cette nuit.  Un soupire se perd.

« J’en pense que tu chantes fort. »  La résilience, June, tu connais ça. On n’a pas le choix de l’être quand on a été laissée à soi-même toute sa vie. Alors, tu n’hésites pas et tu fais comme chez toi. En enjambant le bordel auquel tu ne portes pas tout de suite attention, tu te jettes sur le canapé et tu t’y blotties.  Enfoncée contre le dossier, les jambes croisées, tes prunelles bleues observent le bordel. Une tornade est passée par-là, pas le choix. Et cette tornade, elle ne se tient pas très loin de toi et te propose un truc à boire. Tu fais mine de réfléchir un peu. « T’as ce qu’il faut pour me faire un sex on the beach ? » Petite reine ; pas un s’il vous plaît, pas un merci. Mais soudainement, tu te redresses. Maintenant, tu te tiens sur le canapé du bout des fesses, les deux paumes appuyées sur le bord. « J’ai mieux ! Fais-moi le drink parfait pour aller avec le surnom que tu m’as donné. » Dans ta tête, le drink parfait était un truc avec assez de sucre pour tuer indirectement un diabétique Comme dormir était maintenant mission impossible, aussi bien y aller à fond !  « Mais, dis-moi… », commences-tu en désignant la pièce d’un geste de l’index. « … tu t’es battu à mort avec quelqu’un pour laisser la pièce dans un tel état ? » Ton petit rire un peu espiègle se mêle au bâillement qui te décroche quasiment la mâchoire à la manière d’un chaton qui miaule en baillant.
(c) DΛNDELION
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