« C'est un bal costumé, pas une soirée Halloween tu sais. »

Il venait de se planter devant elle, il l'avait reconnu au premier coup d’œil, il était flic après tout et il l'avait bien assez pourchassé dans les ruelles sombres de la ville pour reconnaître ses courbes et son regard malgré le costume imposé pour la soirée. Il prenait un malin plaisir a lui balancer quelque chose de désagréable. Lui même avait innové, il avait revêtu une tenue de prisonnier et avait même prit le temps de se maquiller pour faire deux cicatrices. Le orange ne lui allait décidément pas.

On sent l’ironie dans les mots, dans la situation, dans les visages. Astrid fixe la foule tandis qu’elle s’y mélange, anonyme parmi les masques et autres parures dorées. Les princes rencontrent les magiciens et les policiers... rencontrent les prisonniers. Matt lui fait face et Astrid le fixe, insolente, les yeux qui font des flammes et son uniforme bleu qui dessine ses courbes. Intéressant de qualifier son propre uniforme de déguisement d’Halloween.

« Il ne fait pourtant pas très peur quand il est incapable de me mettre dans la combinaison que tu portes. »

Elle le désigne du menton :

« Tu m’envies, Snape ? »

« T'envier de ? Ton rembourrage ? »

Ce regard qu'elle lui lance, cette insolence, ce désir de lui montrer qu'encore une fois il a été incapable de prouver que c'était elle, mais sans preuves, il ne pouvait rien faire. Alors oui, elle le poussait a bout, comme si elle lui était supérieur au jeu du chat et de la souris, mais un jour, elle ferait bien une erreur non et il serait la pour l'attraper.

« Un jour tu la portera sois en certaine et le moment ou je te passerais les menottes sera surement le moment le plus jouissif de ma carrière. »

Sourire carnassier, elle sort à la lumière, le bleu de l’uniforme se mélangeant aux lumières colorées de la fête qui se déroulait. Elle les glisse sur son index, lourd trophée d’argent, bracelets de défaite pour elle, symbole de victoire pour lui.

« Tu parles de ça ? »

Astrid secoue doucement la tête :

« Je sais tout ce qu’il se passe dans ces rues. Il paraît que tu prends ton pied à les utiliser. Tu n’es peut être pas véreux, mais tu es bourré de pensées impures. »

Puis sur le ton de la confidence, elle susurre, provocatrice :

« Tu penses à moi quand tu leur enfile ? »   

Elle avait littéralement toute la panoplie de la parfaite policiere sur elle. Du bout des doigts il toucha et remarqua que c'était de véritables menottes. Sa réputation lui faisait elle défaut ?

« J'avoue que lorsqu'ils commencent tous a chialer une fois arrêtés, j'ai une pensée pour toi. »

Il ne mentait pas en disant que ce serait jouissif lorsque ce serait au tour de la jeune femme d'y passer.

« Je pourrais toujours t'en donner un avant goût, que tu t'y prépare, ca pourrait même te plaire tu sais. »

Sourire amusé a moitié camouflé.

« Un verre ? »

La confrontation est réelle mais le lieu ne s’y prête pas. Ils sont hors de l’exercice de leur fonction et n’a donc pas besoin d’être comme des animaux, prêts à se sauter à la gorge. Sans pour autant abaisser sa garde, elle hoche doucement la tête en signe d’accord pour un verre.

« Je viens avec toi. Je ne voudrais pas que tu mettes quelque chose dans mon verre. »

Après tout, cela voulait aussi dire qu’il n’était pas là sous couverture, elle le voyait mal boire pendant le service. Elle lui emboite le pas.

Un sourire amusé passe sur le visage du capitaine de police. La remarque le fait presque rire.

« Comme ci je m'amusais a droguer les gens ! Je laisse ce genre de pratique aux personnes de ton acabit. »

Il n'avait pas besoin de drogues ou substance pour arrêter une personne, Pas besoin d'user de ce genre de supercherie. Le whisky de l'homme fut rapidement servit.

« Dois-je m'inquieter de te voir dans ce genre d'endroits ? Je ne vais pas te lâcher histoire d'être certain que tu ne face rien qui... souille l'uniforme que tu porte. »

Leurs verres approchent et tintent, discrètement comme une promesse silencieuse. Ils avaient échangé les rôles pour une nuit, une nuit étrange où tout leur était permis. Le ton change, Astrid reconnaît à peine Matthew lorsqu’il s’adresse à elle. Ils échangent un regard, un silence. Puis elle répond :

« Tu t’inquiètes pour moi ou tu t’inquiètes pour les autres ? »

Personne ne s’inquiète pour elle, d’ordinaire. Peut-être que ça n’allait pas commencer aujourd’hui, bien qu'elle l'aurait secrètement espéré. La jeune femme fronce les sourcils, intriguée :

« C’est mon rôle de te surveiller. Le orange ne te rend pas justice. »

Il fit mine de réfléchir tout en faisant tourner l'alcool ambré dans son verre. Il était vrai qu'elle était l'ennemie, mais a force, elle était devenue une figure amicale en un sens.

« Qui sait ! Disons que cela me toucherait plus ou moins si tu venais a te faire arrêter. Au fil du temps tu t'es imposé a moi comme la bouteille. Ce serait difficile de m'en passer. »

Il n'aimait pas trop ce ressentiment, mais la pourchasser était comme une petite drogue, un peu shoot d'adrénaline qui lui faisait du bien.

« Merci bien. Et cette tenue doit être mal coupée, on dirait que tu as des formes. Et donc, tu es ici pour ? »

« Peut-être te voir, qui sait ? »

Elle refuserait toujours d’admettre qu’elle puisse avoir une quelconque forme d’intérêt pour lui, même si ça pouvait secrètement être le cas. Son regard se perd dans la salle où des montres cotoyent les princesses, un souffle quitte ses lèvres dans une phrase qui meurt avant même d’avoir vécu. Elle hésite. Ses prunelles sombres, colorées par les lumières de la pièce lui donnent un éclat inhumain ; un éclat étrange les fait briller, presque suppliante :

« Tu as un canapé, chez toi ? »

Un canapé ou des draps. N’importe quoi qui l’extirpe de ses nuits solitaires et hantées.

« Tu aime bien venir me tourmenter dans ce cas... »

Il ne voyait que cela. Elle était trop souvent dans son sillage pour ne pas venir narguer le capitaine de police. En un sens, ca lui plaisait. Il ne pouvait ni renier son attrait interdit pour la criminelle, mais aussi son désir de la capturer. Alors plus elle était proche de lui, plus il pourrait la surveiller et lui mettre la main dessus.

« J'ai même ce qu'on appel une chambre d'amis, tout confort. Mais je ne suis pas sur que tu dorme a tes aises menottée a ce dernier. »

La demande était incongrue, autant que la situation actuelle. L’endroit et son costume, comme l’avait souligné Matthew, était très étrange.  

« Tu pourrais faire ça, » commence-t-elle doucement. « ou tu pourrais m’accueillir en tant qu’amie. »

Si tant est qu’ils étaient amis, tant la tension entre eux évoquait clairement autre chose. Elle achève ses mots comme si elle l’implorait de lui autoriser une telle chose, lui qui ne lui devait absolument rien hormis des bavures sur des rapports. Astrid reprit, et cela lui coûtait de dire ça :

« Rends moi ce service, et je ferai ce que tu veux. Sauf me laisser arrêter. »

Faut pas rêver.

Une amie. Il ne savait pas vraiment comment elle définissait le mot ami dans son monde, mais dans le sien, ce n'était pas ça. Il la regarda un instant.

« Je pourrais effectivement, mais je n'arrive pas a comprendre le pourquoi. Même si je peux te demander tout ce que je veux, J'ai bien peur que tu ne veuille me jouer un tour ou encore plus me tourmenter. »

Il se rapproche d'elle pour lui parler a l'oreille.

« N'ayant pas de preuves, je ne peux t’arrêter, mais l'optique de tout de même te passer les menottes est alléchantes. On y va ? »