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Death Color Lips - Jeu 17 Oct - 20:03

Death Color Lips
"A travers les soupirs, les plaintes et le râle
Poursuivons jusqu’au bout la funèbre spirale
De ses détours maudits."
Un pied sur le bitume humide de pluie, où se reflètaient les lumières des vitrines remplies de courbes humaines, le poids de la moto sur laquelle il était toujours assis, équilibré pour ne pas chuter, et le casque entre ses mains nerveuses, il observait le bâtiment face à lui, aux allures de fête. La souffrance était cachée derrière des billets, des sourires, des corps presque dévoilés, une musique qu’il entendait d’ici. Mais lui, sans la voir, ne pensait qu’à elle, lovée dans le palpitant des marchandises humaines défilant au milieu de leurs futurs acheteurs d’une nuit. Ce qui était présenté comme de la sensualité n’apparaissait à ses yeux cendrés que comme un excès de vulgarité, servant à affrioler les quelques timides restant à l’extérieure, et à griser les habitués à l’esprit assez encrasser pour acheter des corps et souilles des vies. Son travaille de lieutenant l’obligeait à connaître la moindre ruelle sinueuse de la ville, mais son caractère limité les endroits qu’il fréquentait à un circuit journalier duquel il ne déviait quasiment jamais. Le Red lantern était un entre-deux, un lieu qu’il connaissait pour le travail, mais où ses passages ce faisaient trop fréquents à son goûts. Au milieu de la chaire dénudée, il n’était pas à sa place, écœuré de ce que pouvaient engendrer l’avidité de congénères dont la présumée supériorité intellectuelle ne s’exprimait que pour mieux s’opprimer elle-même. Mais il devait s’y rendre, obligé par un accord qu’il n’était pas de cœur à oublier d’honorer, et par une enquêtes s’annonçant d’ores et déjà hasardeuse. Il y avait des lèvres habituées à se mordre dans un plaisir illusoire, qui avaient des choses à lui dire.

Aedan descendit de sa moto, et rangea son casque dans le top case en continuant de fixer les néons des « vitrines » du coin d’un œil plissé par la douleur que diffusait la lumière dans sa tête, piquante à en irriter ses glandes lacrymales. Il traversa la rue et entra en silence, éloignant doucement de son épaule une main manucurée qui s’y était un instant perdu, avec un sourire malhabile à un visage coloré de paillettes brillant sous les lumières fusant d’un peu partout, de la rue comme du Red Lantern ou des bordels avoisinants. Ses yeux gris détaillant tout autour de lui, il ouvrit son blouson de motard sur le noir de son haut dans un bruissement de fermeture éclaire, toujours attentif à ne jamais avoir le moindre geste pouvant rappeler celui d’un client lorsqu’ils montaient à l’étage. Puis son regard se mit à chercher celui qui était en quelque sorte devenu le sien depuis quelques mois, cou tendu dans un relief de muscles et de tendons malgré sa taille, pour tenter d’apercevoir une silhouette mutine en pleine pavane au milieu des clients.

Il finit par l’apercevoir, au milieu des coussins d’un sofa, presque allongé, des boucles teintes de rouges renversées contre le tissu d’un traversin. Aedan sentait dans l’atmosphère qu’il n’était pas le seul à l’observer, des silhouettes se tournant légèrement pour poser un regard sur son torse ou ses hanches anguleuses. Imperceptiblement, le lieutenant accéléra le pas, se sachant incapable de patienter dans un endroit pareil, et plus incapable encore de le regarder dans les yeux en sachant qu’il ressortait tout juste d’une passe. Il vint s’accroupir à ses côtés, posant une main sur l’accoudoir du sofa entre eux, un léger sourire qu’il n’arrivait pas à rendre heureux, lubrique, ou quoi que ce soit d’autre que doucement amer, alors qu’il fallait préserver les apparences.

« Bonjour Ariel… »

Dit-il d’un ton bas, avec une politesse dont il trouvait stupide de se départir ici ou avec lui. La honte et l’inhumanité était de l’autre côté, et tout ce qu’Ariel méritait était de l’aide et un peu de respect humain, ici où l’argent bafouait des droits qui auraient du être élémentaires.
Geste auquel il tentait de donner des relents de désir pour ceux autour d’eux qui ne devaient rien savoir, mais que le malaise gauchissait, il vint nicher un instant son visage contre la gorge de son indic, ses lèvres se posant à peine sur la peau avant qu’il ne remonte à son oreille. Il ne savait jamais comment laisser deviner à Ariel qu’il n’avait pas l’intention de consommer quoi que ce soit une fois la porte de la chambre refermée, et ne connaissant les codes et les habitudes de ce monde-là qu’à travers des rapports et des témoignages : il ne savait pas s’il en faisait trop ou pas assez, n’avait pas de comportement type sur lequel se baser. La confusion allait jusqu’à lui rendre impossible de savoir si dans d’autres circonstances, il aurait trouvé désirable le corps affalé entre les coussins du sofa. Et au risque d’une réponse biscornue, il préférait ne pas laisser son esprit s’y attarder. Ses lèvres contre le pavillon de son oreille, il murmura d’un ton ferme et martial :

« Je crois que nous sommes reparti pour une nouvelle histoire… »

Façon assez cryptée de lui faire comprendre que le dossier pour lequel il était venu le voir la dernière fois était clos, et qu’il avait de nouvelles informations sur un sujet différent à lui demander. Et aussi qu’il n’était pas venu l’acheter. Sa main sur l’accordoir glissa jusqu’à celle d’Ariel, se retournant au dernier moment pour glisser sous ses doigts et finir paume contre paume. C’était un geste qui était devenu familier, se raccrocher à la main d’Ariel, le laisser mener la danse et être guide dans un monde qu’il ne connaissait pas et ne voulait de toutes façons pas connaître. Les proxénètes, il les foutrait derrière les barreaux un jour, ne viendrait pas emplir leurs caisses.

« … On monte ? »

Souffla-t-il, le malaise suintant de ses mots, sa main restant passive sous celle d’Ariel, inerte.



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Death Color Lips - Sam 19 Oct - 19:49



The show must go on… Envolée symphonique à s’exploser le cœur en fond de crâne. Princesse ratée d’un film tout aussi raté, éclatante malgré tout. Toujours. A l’esquisse de sourire qu’il appose sur ses lèvres. Rien à voir avec celui qui irradie, pétille et brûle tout sur son passage sous la force de sa sincérité coutumière. C’est le sourire de la pute qu’il a sur les lippes, honteusement rehaussées d’un gloss qu’il a piqué à une des filles. Goût de fraise sur la bouche, en invitation à venir la cueillir sur cette esquisse mutine et sensuelle. Douloureusement sexuelle. Scintille malgré lui, dans les strass composant son haut, filet miroitant posé sur une autre couche de résille épousant son torse. Les guiboles dénudées et son short déchiré aux nuances camouflage d’un soldat qui ne se met plus au garde-à-vous depuis des mois, à tous les rendre fous. S’attirer les foudres des regards torves, les attentions qui se multiplient et lui qui s’en fout. Se dérobe encore et toujours. C’est presque devenu un jeu entre la superbe et les crades. Lui qui attise et eux qui espèrent. Ariel joue son rôle, connait le script par cœur et en ignore les passages qui le dérange.

Passe terminée, les doigts brûlés d’avoir trop astiqué, le client faussement satisfait et les billets posés sur la table de chevet que récupère la putain. Les froisse sans la moindre considération pour les glisser dans la poche de son short. Petit amas de papier vert, rien en comparaison de ce qu’il se faisait avant, moitié qui ira dans les caisses du patron, le reste pour lui. Aligne les clients comme on aligne les cure-dents des cocktails pendant une soirée, besoin d’argent pour payer ses études. Il pourrait pourtant Ariel, se mettre à l’abri de tout si seulement il acceptait d’être à nouveau pleinement à vendre. Petit con qui refuse encore, charmé par les regards de plus en plus lourds qu’on lui sert lorsqu’il redescend, serpente entre les clients et les tables. Laisse courir ses doigts ça et là pour aller se poser dans son royaume de velours carmin et douteux, étendre ses guiboles à la manière d’une mannequin sublime et rester là. Si facile à atteindre et pourtant inaccessible. Félin alangui aux pupilles d’azur braquées sur du vide, le néant face à lui. Sans trop savoir ce qu’il fait là Ariel. Il est tard, il est fatigué par sa journée de cours, s’oblige à rester le plus longtemps possible quand il crève de rentrer.

Sursaute un peu, à peine, au souffle de l’homme venu s’installer à proximité. Petit cœur battant plus fort, affolé sous la promesse d’une nouvelle passe à exécuter. Blasé un peu. Le timbre familier change la donne, pousse les paupières à s’abaisser un peu et l’esquisse d’un sourire enjôleur vient se nicher sur les lèvres. « - Aedan, ça faisait longtemps. » Susurre avec délicatesse, le félin se redresse légèrement et tourne la tête vers le nouvel arrivant. Eclate son regard dans celui de l’homme, penche la tête dans cette esquisse faussement enfantine qui les fait tous vriller. Soupire du bout des lèvres au contact de celles d’Aedan contre sa gorge. Frissons sur la peau, l’esquisse de sourire n’en devient que plus franche à l’entente des mots, ajoutés dans l’empressement pour clarifier les intentions. Il les connait, a compris que l’homme n’est pas pour le salir comme ils le font tous, mais d’une toute autre manière. « - Vraiment ? Dans ce cas, je me ferai un plaisir de t’aider… » Ronronnement sensuel au doute venant s’y glisser. Ne précise pas ses intentions, le môme mutin à la pupille pétillante qui se pose sur la main timide serpentant jusqu’à la sienne. Se glisse en dessous comme elle a l’habitude de le faire dans l’attente d’un mouvement de la sienne.

« - Nous serons mieux pour nos affaires. » Hochement de tête délicat et avec cette même douceur, ses doigts viennent se glisser entre ceux d’Aedan. Les enlacent, de cette façon suave que seuls les amants connaissent. Fusion des peaux en avant-goût de cet après qui ne vient jamais. Paume contre paume, plaquée à se confondre, Ariel étend ses jambes et se redresse. Entraîne dans son geste et son sillage son client d’un instant. Exécute le chemin parcouru en sens inverse sous les regards de ceux rejetés sans même avoir tenté de l’approcher.  Ils montent et s’engouffrent dans la petite chambre. Prisonniers à l’intérieur une fois la porte fermée en silence, Ariel en maître des lieux aux hanches qui chaloupent dangereusement et sa main qu’il pose contre le bras de son client. Les doigts s’y pressent, glissent un peu e s’en échappent dans un frôlement contre la hanche.


« - En quoi puis-je t’être utile, dis-moi ? »
Lâche-t-il finalement en venant s’installer sur son lit, et y tapote l'espace vide à côté de lui dans une invitation à venir s'y installer. Croise les jambes, aguicheur dans le geste. Jauge la silhouette du bout des cils, comme il le fait avec tous ceux qui entrent dans cette pièce. Evalue, imagine. Montée de nausée dégoûtée ou intérêt certain, pas tous à jeter, certainement le moins pire dans son malheur. Pas tous dignes de rester incrustés dans sa mémoire cependant, un seul y gravite, c’est suffisant.

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Death Color Lips - Dim 24 Nov - 9:47

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"A travers les soupirs, les plaintes et le râle
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De ses détours maudits."
Son prénom, sur la langue d’Ariel, sonnait mal. Son prénom sonnait mal sur toutes les langues, entres toutes les lèvres, porteur de trop d’identité. Fitz passait bien mieux à ses oreilles, à peine deux syllabes tellement sèches qu’elles pouvaient en passer pour un model d’arme à feu, surtout à l’époque où des gradés au visage fripé le brayer d’un bout à l’autre de la base. Là, Ariel le susurrait, cajoleur patenté tentant de séduire un client pas tenté, et Aedan, ne sachant quoi répondre, préféra se taire, encaissant à la place le regard azuré envahissant le sien, cou tendu et visage levé vers celui plus jeune et espiègle qui désormais le surplombe. Les lumières suaves partout dans l’établissement étaient peut-être moins cruels que les spots affreux à la lueur crue du commissariat, elles restaient toujours trop pour ses yeux maintenant fait pour l’obscurité, et il les plissa lentement, un reflet humide sur sa sclère. Ses pommettes menaçaient de flamber à chaque remarque d’Ariel, sa tête n’ayant pas refait son éducation en quelques mois. Ses désirs à lui étaient enfouis, cadenassés, museler, pour ne pas déranger, ne pas choquer, prendre trop de place. Ceux d’Ariel étaient simuler, aussi creux que ce mouvement pour pencher la tête qu’il effectuait, le relief de sa carotide se dessinant plus sûrement sur son cou et accrochant un instant le regard du lieutenant. C’était incroyable comme ce qui se jouait sur ce morceau de sofa était faux. C’était incroyable que personne encore ne les ai percés.

La poigne du plus jeune se referma enfin sur la sienne, et il s’y ancra, petit-poucet n’ayant aucun envie de se perdre en enfer, bien cramponné à cette miette d’humanité rousse qui en avait vu plus que lui, mais qui serait raillée et insultée à sa place dans la rue. Les yeux se tournaient sur Ariel, avides, puis sur lui, jaloux, et il sentit que quelque chose avait changé, sentant l’agacement et la frustration dans l’air alourdis par le parfum, la lisant sur les visages. Souvent les expressions humaines lui échappaient. Sur-interprétés et analysées, il se perdait dans leurs significations, s’arrêtant sur un tressautement de sourcils qui n’était qu’un tic ne voulant rien dire, un soupire sans importance. Mais les signaux étaient là trop nombreux et trop claires pour être détournés, grosses paluches posées vulgairement prêt de l’entre-jambes gonflée des balourds qui devraient se contenter d’autre chose que de poisson ce soir. Aedan se retint d’en fusiller un du regard, remordant l’intérieure de ses joues à sang, entravé par le rôle qu’il devait jouer. Quelque chose avait changé depuis la dernière fois. Ariel devait refuser certains clients maintenant, esquissant un petit pas vers la liberté, mais il valait mieux que personne ne vienne lui faucher les jambes avait qu’il n’arrive à la sortie. L’humain était fou, la bratva, l’une des mafias les plus violentes d’arcadia, Ariel, considéré comme une proie. Le reste de l’équation était facile, comme la mauvaise rencontre avec l’ancien client. Il y avait cet accord pas tacite pour deux sous entre eux, clairement formulé par le rouquin, mais il ne savait comment amener le sujet, ayant peur d’être trop intrusif.

Sans avoir le temps de réagir, il se retrouva à l’étage, la porte de la chambre refermée et la main d’Ariel glissant sur son bras, en coulée de lave douloureuse restant gravée longtemps après que le contact se soit rompu, et ai continué sur sa hanche. Les muscles de ses épaules se crispèrent et il serra les dents, une vague d’angoisse remontant de son ventre à son torse en l’étouffant. L’envie plutôt lointaine d’éloigner le potentiel danger – soit Ariel – de lui d’un mouvement du bras lui démangea l’intérieur des paumes, étouffée sous la chape du professionnalisme, qui lui fit ignorer les légères caresses du rouquin.

Regardant Ariel par en bas, de ses iris gris, il hésita un instant, toujours à moitié adossé contre la porte, les mains dans les poches de son blouson de motard, avant de rejoindre et s'approcher du garçon. Il sorti lentement ses mains de son blouson, et vint s'asseoir à ses côtés, laissant entre eux assez d'espace pour être sûr d'éviter le moindre contact accidentel. Il devrait déjà composer avec les manies dragueuses d'Ariel, ses sourires et ses regards bleus qui - il ne pouvait pas le cacher - trouvaient grâces à tout les yeux, même les siens, ses caresses furtives qu'il se permettait pour le plus grand damne du lieutenant, qui n'arrivait à les traduire que comme des réminiscences de violence, alors il ne se rajouterait pas la pression d’un contact maladroit et involontaire.

Un instant silencieux et immobile, le regard planté droit dans le parquet de la chambre d’Ariel, il finit enfin par aligner une phrase séche et murmurée, les muscles de sa mâchoire roulant sous sa barbe :

« On a retrouvé le corps d’une femme. A moitié enterré dans un fossé prêt du cimetière. »

Il inspira profondément, son torse se soulevant dans le mouvement, avant de se lever pour faire face à Ariel, ses mains dans les poches de son jeans.

« Vieux de plusieurs mois, et de toutes façons trop amoché pour qu’on puisse l’identifier… » Il hésita un instant, cherchant ses mots avec un mouvement saccadés de pupille, avant d’opter pour la méthode brute et froide, mécanique, qui disait tout sans rien caché, et faisait fuir la pudeur. « Une des pistes qu’on a est qu’elle était prostituée. En faisant des recherches dans les signalements de disparition, on a rien retrouvé qui corresponde… » Aedan détourna un instant la tête, listant dans sa tête les quelques indications des légistes, l’image d’un cadavre blanc et désarticulé affalé au milieu de la terne brune flottant sur sa rétine. « Alors j’aurais besoin de toi pour orienté un peu les recherches. Une femme blonde, presque un mètre quatre-vingt, avec un tatouage de rose à la cheville, disparu entre deux ou trois mois, ça te dit quelque chose ? »


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Death Color Lips - Dim 15 Déc - 16:39

@Aedan Fitz

Malaise presque à toucher tant il est présent. Sa main qui tapote l’espace vide à côté de lui pour inciter le client gêné à venir s’y installer. Se décolle finalement de son appui pour venir s’assoir, loin, presque à l’autre bout du lit si seulement il avait pu le faire. Petit sourire mutin en bord de lèvres, Ariel soupire, faussement dérangé par la distance. Amusé malgré lui par l’attitude, alors il joue des hanches. Ondule le bassin pour le faire se décaler, venir effleurer du genou celui du gradé. Et poser, dans toute la délicatesse dont il est doté, sa main sur la cuisse. Presse un peu le jean entre ses doigts, évalue avec ce sensuel qui lui colle à la peau. Séduction volatile propre à tous ceux de son engeance, pute des bas-fonds entraînée pour séduire et faire chavirer les corps plutôt que les cœurs. Aguiche dans les caresses de ses phalanges, braises d’un regard calculé pour affoler qu’il pose sans gêne sur le profil de celui qui se borne à regarder ailleurs. Je ne savais pas qu’il était si intéressant, ce foutu parquet. Bat des cils et s’y pose aussi, sur le sol, au défaut qu’il voit et connait par cœur. La tache sombre au pied du chevet, reste de mégot mal éteint qui avait commencé à consumer le bois fatigué.

La main remonte un peu le long de la guibole, prête à s’aventurer dans les contrées mâles sans en demander la permission. Elle s’arrête pourtant, figée dans son geste par les mots claquant dans l’air. Frissons le long de l’échine, Ariel se redresse, creuses les reins lorsqu’Aedan se dérobe et se lève. Recule un peu sur le lit pour ramener ses jambes contre son torse et les enlacer de ses bras. Repose doucement son menton sur ses genoux. « - Je suis désolé. » Souffle-t-il doucement, les paupières mi-closes, caché derrière la barrière de ses cils, troublé. Trop amoché pour qu’on puisse l’identifier. Doigts de glace contre sa peau, il a froid tout à coup. Se dit qu’il aurait sûrement été dans un état crade si l’oupyr n’était pas venu se glisser sous sa peau quand on aurait daigné s’inquiéter de sa disparition. Persuadé qu’Asbjörn aurait retourne la ville et le monde pour le retrouver avant qu’il ne pourrisse totalement.

Ariel renifle et serre ses genoux à en faire blanchir ses articulations. « - Tu sais, quand on vient à disparaître, à moins d’avoir quelqu’un qui tient un tant soit peu à nous, personne ne se donne la peine de le signaler. Les putes sont interchangeables, une disparaît et laisse un lit vide, une autre prend aussitôt sa place. » Sombre constat d’un môme dangereux adulte. Aux traits tirés par l’inquiétude, le froid des lames acérées de ses propres traumatismes mordant sa chair. « - Des jolies gueules qui ont besoin d’un toit et d’argent, ou des dettes à rembourser, il y en a toujours. » Il hausse un peu une épaule et relève la tête. Se perd un instant dans le fil décousu de ses pensées fracassées. « - Tout comme il y aura toujours des salauds qui se croient au-dessus de tout et s’inventent le droit de mutiler sous prétexte qu’ils ont payés… Personne ne devrait reposer sans dignité et respect. » Il ne le souhaite même pas à ses ennemis. Ne l’aurait pas voulu pour son prétendu géniteur. Parce qu’au moins comme ça, il a une tombe sur laquelle aller cracher quand sa haine déborde du vase trop plein de son cœur.

Nouveau soupir et il se tait. Semble réfléchir, aux sourcils qui se froncent à se repasser le film de ces derniers mois sur l’écran de sa mémoire. « - Il y avait une fille avec un tatouage à la cheville pas loin du Kremlin. Elle était brune par contre, tu me diras les cheveux ça se teint facilement. » Jolie, au regard triste et fatigué qu’ils ont tous, ceux qui se vendent et se donnent mais qui ne s’appartiennent plus. Il a beau chercher, il est incapable de se souvenir de son prénom. Ne sait pas si elle lui a vraiment dit, son pseudonyme peut-être mais il ne lui revient pas. « - On a parlé une fois, mais je ne pourrais pas te dire à quand ça remonte. Le temps passe tellement vite, tout se confond un peu. » Trop de choses dans sa vie. Trop de rien. Trop d’emmerdes. Pas nombriliste pourtant, et il s’en veut de ne pas pouvoir aider plus qu’il ne le voudrait. Tapote nerveusement de ses doigts contre ses genoux. « - Personne n’a rien vu, au cimetière ? » Tu crois que quelqu’un l’avait vu, le type qui nous a jeté dans la fosse ? Non, il n’y avait personne cette nuit-là. Juste lui, son désespoir et son agonie.

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Death Color Lips - Mar 7 Jan - 14:45

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"A travers les soupirs, les plaintes et le râle
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De ses détours maudits."
Ariel se recroquevilla, les mots ayant frappés là où il ne fallait pas. C’aurait du être à lui de s’excuser. Une main trop téméraire n’était rien comparée à certaines choses qu’il préférait enfouir – et qui lui avaient forgé une carapace –, mais lui ne savait pas quel mort écorcherait le plus jeune. Dans un réflexe un peu machiste, il se dit qu’il était plus résistant qu’Ariel, et qu’il aurait du mieux choisir ses mots, avant de se rappeler qu’il serait bien incapable de supporter le quart de ce qu’avait vécu le rouquin.

Il pinça ses lèvres, retenant l’infime hochement de tête qui voulait s’inviter dans sa colonne vertébrale. Être partisan n’était pas son travail, et il n’avait à pencher ni du côté de ses collègues, ni de celui d’Ariel et autres opprimés. Lui ce devait d’être un parangon d’impartialité, une justice incorruptible et aveugle, qu’il n’était malheureusement pas. Et rester de marbre devant la détresse évidente – au moins pour lui, qui derrière une asociabilité frisant parfois l’autisme, sentait et voyait tous bien mieux que n’importe qui – d’Ariel  lui coûtait, les mots sur le bout de la langue, tapissant son palais sans qu’il ne puisse rien tenter. Sa déontologie le limitait à moins qu’une main sur l’épaule en signe de réconfort, celle d’Ariel lui imposait bien plus. Ils étaient dans une impasse, un rapport de force entre les rôles que chacun jouait dans cette grande comédie qu’est la société. Le flic contre la catin, l’indécent contre le moral, le chien de l’état contre l’esprit libre dans un corps écrasé. Derrière, on en oublie les vrais humains, bien plus compliqués que de simples archétypes, qui bien souvent ne demandaient qu’à se rapprocher, pauvres animaux sociables perdus dans un monde ayant perdu de son sens. Et l’épaisseur des masques était la distance qui les séparait, et l’épaisseur des masques cachait toute trace de soutient envers Ariel.

Le reniflement au bout du nez du rouquin lui serra la gorge, et les mots qu’il avait prononcé tant de fois en arrivant à la police, avant qu’on ne lui fasse comprendre qu’il n’avait pas à les avoir, étaient d’une vérité encore plus dérangeante entre les lèvres exploitées d’Ariel. Il ne savait pas exactement pourquoi le plus jeune était ici. Un dossier traîné dans un coin du commissariat, des rumeurs circulaient entre les collègues ne pouvant s’empêcher de vouloir le monopole de l’information, savoir tout sur tous les dossiers. Mais Aedan n’était rien allé vérifier. Il savait juste au regard triste d’Ariel qu’il n’était pas là par choix, et quoi de plus logique puisqu’il avait accepté cet arrangement entre eux sans ciller, imposant simplement quelques conditions dont Aedan repoussait l’échéance avec des grognements et des « plus tard ». Le jour où il protégerait le tenancier d’une maison close n’était pas encore venu.
Mais froidement, il devait démentir les accusations qui au bout de la chaîne, portaient sur ses collègues, dont le travail était pourtant légitimement contestable, à Arcadia comme dans tout le reste du pays, les débordements sur le terrain et le laisser-aller dans l’administration étant légion. Puisque la bêtise n’était ni raciste ni sexiste, et encore moins homophobe pour élitiste, le connard fleurissant dans toutes les strates de la société  et toutes les professions.

« Je n’ai pas à prendre position sur ce genre de sujet en service. »

Lâcha-t-il, en fin de compte plus froid et brusque qu’il ne l’aurait voulu, comme trop souvent. Mais il ne pouvait s’en excuser, petite fierté mal placée, éducation viriliste bousillant hommes et femmes, et surtout, le masque froid est inhumain faisait parti de la panoplie de gardien de l’ordre
La culpabilité et la fierté furent vite effacées au profit de l’enquête, son regard perdant de sa dureté pour se faire plus curieux et avenant, malgré ses sourcils se fronçant, incitation rassurante à la parole.

« Tu penses que c’est un client qui l’a… » Le lieutenant n’osa pas finir, de peur d’être une nouvelle fois maladroit, aucune envie de revoir Ariel se recroqueviller dans aucun coin de sa tête. C’était une piste qu’il avait vite rejeté, peut-être car elle était trop morbide pour lui. Mais le plus jeune s’y connaissait mieux que lui dans le domaine, et s’il lui disait que les clients meurtriers n’étaient ni un mythe ni un cas aussi rare qu’on ne le pensait, Aedan lui faisait, hélas, confiance de bon cœur. Mal à l’aise, ne voulant pas s’insinuer dans la vie du rouquin, ni rouvrir des vielles plaies qui n’avaient pas vraiment du avoir le temps de se refermer, il inspira calmement, son poitrail se soulevant dans le mouvement, cherchant ses mots.

« … Tu as déjà eu des clients de ce genre ? Tu pourrais m’indiquer des noms ? » Ses lèvres se pincèrent légèrement avant qu’il n’ajoute : « On fera attention à ne pas leur permettre de remonter à toi en cas d’arrestation... »

Avec un hochement de tête aux indications d’Ariel, il récupéra son téléphone dans une poche intérieur de son blouson en cuir, se mettant à pianote dessus d’une main, relevant les yeux vers le plus jeune à chaque pose ou hésitation, notant aussi bien les indications qu’on lui donnait que les pistes fusant dans son esprit. Sa confiance en sa mémoire était très limitée, il connaissait sa tendance à se focaliser sur des détails anodins pour n’importe qui sauf lui, et à en oublier l’essentiel. Lorsque le ton d’Ariel se fit plus interrogatif, il s’arrêta, tête relevée vers lui et regard plongé dans le sien, aucune émotion dans ses iris mais la suspicion dans le crâne, devant cette question qui faisait toujours tiquer. Aedan rangea soigneusement son téléphone avant de répondre au rouquin, ses yeux dardés sur lui, attendant d’apercevoir une réaction, dans son visage ou ses épaules, la moindre contraction ou fuite du regard. L’homme face à lui restait un membre de la Bratva, qui avait tout intérêt à se fait bien voir par le dessus de la hiérarchie, il ne l’oubliait pas.

« Si quelqu’un a vu quelque chose, il ne c’est pas manifesté. C’est les services de la ville qui l’ont retrouvé. Un appel à témoins devrait être lancé dans pas longtemps, mais on n’est pas encore exactement sûr de la stratégie à suivre.»

Et c’était un bon point pour Ariel. Personne n’avait signalé la disparition de cette femme. Et si quelqu’un avait entrevu deux silhouettes dans la fôret bordant le cimetière, ou un bout de bras dépassant de la terre presque noire, cette personne c’était aussi dépêché de l’oublier.



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Death Color Lips - Mar 14 Jan - 20:34

@Aedan Fitz

Froideur et brusquerie, il les connait tellement ces deux-là. Plisse le nez pour marquer son mécontentement, inconfort soudain qui prend à la gorge et glisse sur la langue. Evidemment qu’il ne prend pas de position, ils le font jamais. Les hommes de pouvoir, la justice entre les doigts, bonne ou mauvaise, le plus souvent de cette option pour masquer la misère. Il s’est souvent demandé, après sa semaine d’errance ayant suivi sa mort, si la police se serait donné la peine de le chercher. Petit cadavre pas trop pourri au détour d’une tombe dans le coin le plus éloigne du cimetière. Certainement pas Lars qui aurait donné l’alerte. Björn à l’évidence, il est persuadé. On aurait cherché un peu, puis abandonner, les putes tout le monde s’en fout.

« - Evidemment, c’est plus facile de rester neutre et de ne pas se prononcer dans ce genre de cas. Qui se soucie d’objets de toute façon bon à jeter… »
Il hausse une épaule, réalise que son timbre a changé. Plus dur le temps d’une seule phrase, Ariel un peu vexé, un peu mauvais devant tant de détachement. Il le sait qu’ils sont tous pareils mais ne parvient pas à s’y faire. Ca le dérange à chaque fois. La question suivante est une douleur dans le fond de sa poitrine, un incendie contre sa gorge. La cicatrice qui s’éveille, palpite au gré des battements un peu fous du cœur. Il inspire et soupire, doucement tout en fermant les yeux. Laisse le silence s’installer un peu, le temps au flic de noter, ou faire mine de, il n’en sait rien.

« - C’est possible. » Souffle-t-il finalement, les paupières se soulevant pour qu’il repose ses yeux sur Aedan. « - Il y en a certains qui ont des penchants qui dévient le politiquement correct. Ca m’arrive d’en avoir, moins maintenant, depuis que… Mais il en reste quelques-uns. » Petit nœud en fond de gorge, il réalise qu’il ne peut toujours pas vraiment en parler. Pas aussi librement qu’il le voudrait, pas sans en éprouver une angoisse cinglante qui lui glace tout le corps. Fait se dresser les cheveux sur sa nuque et courir le long de son échine des doigts gelés qui le tétanisent. Tu crois qu’ils l’ont retrouvé lui ? Après ce que lui a fait ton frère, il devait ressembler à rien s’ils l’ont trouvé. Sûrement. Il n’en sait rien Ariel et il s’en fout un peu. Préfère se dire que le sale type pourri quelque part dans un endroit crade et aussi ignoble que ce qu’il était lui. Sa vie en échange de la mort du sale type, parfois ça sonne comme une chance. D’autres, c’est une douloureuse malédiction. Il soupire, lassitude en fond de souffle. Ses doigts lâchent ses genoux et il déplie lentement ses jambes. Les tend devant lui, fort, à faire trembler les muscles comme s’il cherchait à les allonger. Puis il les croise à nouveau. S’étire, félin, faussement aguicheur bien que l’envie ne soit plus là. Bousillé par la nouvelle, le drame, encore qui vient flotter près de lui. Toujours.

« - Même avec toute la bonne foi du monde, ils trouveront toujours un moyen de remonter à celui qui les a balancé, faut pas s’inquiéter pour ça. » Il ricane légèrement, mauvais. Pas du tout convaincu quant à sa sécurité. Il ne risque que rien qu’en restant dans le sillage de son aîné. Ne fait qu’à moitié confiance à ses dons un peu bancals. Se dit qu’il s’en sortirait sûrement tout seul mais en a pourtant toujours la preuve du contraire. Pas foutu de vivre sans aide, même traverser la rue c’est un danger. « - Je suppose que tôt ou tard, ça m’arrivera, me faire tomber dessus parce que j’aurais trop mis mes doigts dans la prise. » Ca devrait déjà être le cas. Accusé de parricide, il passe entre les mailles d’un filet qui flotte joyeusement autour de lui. Prêt à l’emprisonner et le faire étouffer en le tirant vers le fond. Il ne pourrait pas survivre en prison, c’est certain. Se placerait immédiatement en victime. Ou dans le cas contraire, se verrait contraint de mourir de faim pour ne pas attirer les soupçons sur sa véritable nature.

« - Plusieurs mois, aucun témoin ne se bougera pour un cas pareil. C’est trop vieux, les gens l’ont oublié. Même moi alors que j’aimerai vraiment pouvoir m’en souvenir précisément. »
Et il s’en veut cruellement de l’avoir un peu oublié, la fille à la rose sur la cheville. Gratte dans les tréfonds nébuleux de sa mémoire pour la faire rejaillir, lui rendre son éclat. Sa vie. Pour qu’elle ne soit pas juste qu’un simple cadavre à la morgue, sans nom, sans rien. Un simple numéro de dossier vite classé et oublié. « - Il me semble justement qu’elle s’appelait Rose. Du moins, elle s’est présentée à moi sous ce nom là… » Ca lui revient un peu, mais il doute que ce soit vraiment utile. Un pseudonyme, comme lui sûrement. A la différence qu’il l’a rendu officiellement, double identité pour qu’il soit plus facile à identifier. Si jamais… Un peu nerveux, il se gratte distraitement la nuque du bout des doigts, mâchouille sa lèvre en fronçant les sourcils. Réfléchit Ariel.

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