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The middle of my mind | Chase&Dante

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The middle of my mind | Chase&Dante - Dim 25 Mar - 18:47


   


Did you ever know that you were in the middle of my mind ?


Chase n’avait jamais été chez un psy. Ce n’était pas son genre, vraiment. Il était de ceux qui se renfermaient, qui avaient trop peur de l’extérieur pour lui confier ses secrets. C’était une habitude qu’il avait pris bien jeune, lorsque ses parents travaillaient trop pour s’occuper de lui. Et on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Qu’est-ce que les autres pourraient bien comprendre à sa vie ? A ce qu’il traverse ? Ce qu’il endure et ce qu’il cache ?

Pendant les quinze dernières années, il avait caché ce que certains considèrent comme étant le centre de toute une vie. L’amour. Ce qu’il aimait, Chase, il en avait honte, il en avait peur parce qu’il ne se comprenait pas et que ça avait toujours été contraire à ses valeurs, à la vision qu’il avait la vie. Il se dégoutait, alors qu’il a toujours été impossible d’aimer tant que l’on ne s’aime pas soi-même.
Et il désespérait de la vie qu’il menait. Solitaire, ponctuée de rencontres qui mourraient dans l’œuf de la luxure qu’il pondait. Jamais il n’aurait la vie simple à laquelle il aspirait lorsqu’il était petit.
Enfant, Chase s’inquiétait de ne jamais ressentir d’amour pour qui que ce soit. Il n’aimait pas les filles, bien que ce soit trop tôt pour qu’il comprenne pourquoi, et il n’aimait pas les garçons parce que l’idée ne lui avait pas traversé la tête. Alors il ne comprenait pas comment se formaient les couples, s’ils ressentaient véritablement quelque chose qu’il manquait à Chase ou si toutes ces personnes se disaient qu’elles ferraient avec et se casaient pour la forme.
Adolescent, puis adulte, Chase avait ressenti ce que c’était l’amour, dans sa forme la plus laide, qui lui avait couté si cher. Il avait beaucoup perdu aux changes, même s’il savait qu’il n’était pas le seul.

Alors dans cette salle d’attente, Chase se tournait les pouces, regardant régulièrement et nerveusement l’horloge. Il était en avance. Il était toujours en avance, il était très ponctuel Chase, c’était comme ça. Sa vie n’avait jamais laissé énormément de place à l’imprévu, jusqu’à très récemment, quand d’un grand coup de pied dans la porte, un monstre était venu lui faire téter le sein de la dictature de ses besoins.
C’était par sa faute que Chase était venu ici, chez le psy. Parce qu’il n’arrivait pas à dompter cette antique créature, qui lui jouait des tours et lui donnait des envies que jamais il ne pensait avoir.

Si ça ne tenait qu’à lui, le satyre déboutonnerait son pantalon ici-même, dans cette salle d'attente vide, et se satisferait en pensant à la personne qu’il venait de croiser en venant ici. Grande brune à la peau si claire, cachée sous ses bouclettes, au corps superbement cambré, dont les tétons perçaient à travers son fin pull de cachemire. Ses seins que Chase presserait dans ses mains, contre son torse, entre ses lèvres, qu’il mordrait sauvagement en se délectant des cris de cette femme qui ne serait autre que sa victime pour cette journée. Il n’en fallait en général pas plus pour éveiller l’esprit sauvage qui sommeillait en Chase. Rien qu’en y repensant, il sentait à nouveau cet élan dans le creux de ses hanches qui lui faisait faire n’importe quoi. C’était pour ça qu’il était là, et qu’il désespérait de trouver quelque chose de décent pour s’occuper les mains et l’esprit, alors qu’il sentait encore son pantalon devenir trop serré autour de sa taille.

Depuis quelques semaines, Chase était devenu un monstre insatiable, irrécupérable. Chaque jour, il devait se méfier de lui-même pour être sûr de ne pas déraper. Dérangé hypersexué, sa lèvre inférieure lui faisait mal tant il se la mordait pour résister à ce que le satyre venait lui suggérer. Et comble du mal, cette douleur l’excitait parfois davantage. Il avait de la chance, aujourd’hui ce n’était pas le cas.

L’homme avait besoin d’un repère. De quelqu’un qu’il connaissait mieux qu’il ne se connaissait lui-même. Quelqu’un de stable, intelligent, parfait, qu’il avait côtoyé depuis des temps immémoriaux avant de le perdre à force de trop en vouloir.

Une voix appelait alors Chase. Pile à l’heure prévue pour le rendez-vous. « Monsieur Al Riburi ? Charles Al Riburi ? »
Chase se leva, justement parce que ce n’était pas lui que l’on appelait, mais cet anagramme ridicule et qui ne marchait même pas, qu’il avait donnée en lieu et place. Chase n’avait pas voulu donner son véritable nom, parce qu’il ne savait toujours pas s’il était sûr de vouloir revoir ce psychologue. Il n’avait jamais été chez un psychologue, mais il avait été chez celui-ci, qui n'avait pas changé depuis toutes ces années.

« Monsieur Amadori ? »

Immonde pause.

« Dante ? »
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The middle of my mind | Chase&Dante - Lun 26 Mar - 21:00

We'll never be those kids again
chase & dante

« Beyond the horizon of the place we lived when we were young, there was a ragged band that followed in our footsteps, running before time took our dreams away. The grass was greener, the light was brighter, the taste was sweeter, the nights of wonder, with friends surrounded. »
C'est la journée des troubles bipolaires. C'est la pensée qui l'anime quand il raccompagne son cinquième patient du jour jusqu'à la porte. Il y a des périodes à thème, comme ça, trouvant une certaine constance dans l'imprévu. C'est quelque chose qui l'a toujours surpris, Dante, à se demander au départ si sa secrétaire s'amusait à regrouper les rendez-vous par pathologies. Elle lui a assuré que non, pourtant. Alors, quand il a vu l'identité inconnue du patient suivant, sans réel motif de consultation annoncé, il a commencé à se lancer des paris tout seul. Si c'est un bipolaire, il se laisse pousser des rouflaquettes, pour voir quelle gueule ça lui ferait. Faut dire qu'il en meurt d'envie depuis quelques temps. Alors, c'est dans un enthousiasme qui ne transparaît que trop dans son pas rapide qu'il lance le nom, avant même d'atteindre la salle d'attente. Il doit se retenir quasi in extremis de le chantonner, comme ça peut lui arriver, avec certains patients qu'il connaît bien, surtout avant le week-end. Et heureusement, parce qu'il n'arrive plus à respirer, d'un coup. Son souffle bute contre ses lèvres quand celui qui se lève n'a finalement rien d'un inconnu. Merde. Merde pour les rouflaquettes.

« Docteur Amadori. » Il corrige, comme un vieil automatisme, sans que le sourire ne parvienne pourtant à suivre. C'est qu'il en a passé du temps, à l'époque, à se présenter de la sorte lorsque l'alcool picotait son sang et qu'il tentait sa chance avec les filles, à user de son titre avant l'heure. Cet air pompeux qui faisait lever les yeux au ciel à Chase, et Dante qui n'avait de cesse de le lui répéter pour l'emmerder, sur toute une déclinaison de tonalité. Aujourd'hui, il n'y a pas le rictus habituel, et il se sent presque un peu con de l'avoir dit de la sorte, sans que ça ne sonne comme dans ses souvenirs. Il aurait mieux fait de la fermer, plutôt que de chercher quelque chose à dire. Il a toujours été comme ça, Dante, à ne pas être capable de la boucler, persuadé de pouvoir couvrir la gêne de quelques paroles inspirées. Là, ça ne fonctionne pas vraiment. Il faut dire qu'il n'y croit qu'à moitié, à cette tentative manquée de donner le change, parce qu'il se demande surtout ce que Chase fait là, dans sa salle d'attente, et qu'il n'a pas vraiment envie de blaguer. Qu'à le dire comme ça, ce dont il se souvient surtout, c'est de l'amphithéâtre qui lui semblait bien trop vide alors qu'il présentait sa thèse, sans son ami pour y assister. Son prénom semble s'arracher aux tréfonds de sa mémoire en résonnant dans sa voix, et il se sent obligé de répondre, à son tour. « Chase. » Un moment qu'il n'a pas lâché ces syllabes à voix haute. Une éternité qu'il ne l'a pas vu. Immobile, l'Amadori ne sait quelle conduite adopter, planté au beau milieu du couloir alors que son charisme s'échoue sur le plancher. Il faut que le regard insistant de sa secrétaire, légèrement penchée au-dessus de son bureau d'accueil, le rappelle à l'ordre. « Ok. D'accord. Suis-moi, dans ce cas. » Il ne sait pas trop ce qu'il fait, à inciter Chase à le suivre en jetant parfois un oeil au-dessus de son épaule comme pour s'assurer qu'il soit toujours là. Après presque six ans, il a des raisons de croire à un mirage, sans qu'il ne sache réellement s'il aimerait mieux le voir disparaître alors que sa gorge s'étrangle des suppliques le priant de rester.

Un geste de la main l'invite à entrer, alors que ses yeux cernés parcourent machinalement les murs, son diplôme encadré, trônant fièrement sur la tapisserie. Les presses-papiers massifs, tâchent difficilement de retenir les livres disposés dans le désordre sur les étagères de la bibliothèque. C'est ce qui attire son regard plus longtemps que le reste, ces sculptures grotesques évoquant vaguement deux chevaux, suffisamment laides pour en devenir belles. Mot pour mot ce qu'il a dit à Chase, le jour où il les a repérées dans la vitrine d'une boutique d'antiquités, avant que ce dernier ne le défie de les acheter, de les exposer fièrement dans son futur cabinet. Il les avait presque oubliés, ceux-là. Ses iris s'attachent à tout et n'importe quoi, faisant l'inventaire de ce qui traîne, pris d'une appréhension étrange concernant l'avis que son vieil ami pourrait se faire des lieux. Et il referme la porte. Le coeur enserré des questions qui l'oppressent. « T'es venu voir un psy. » Les mots s'alignent dans l'évidence qui résonne pourtant du scepticisme qui l'habite. Tiraillé entre l'émotion et l'agacement d'une situation qui lui échappe. « Et j'imagine que t'en as franchement besoin, pour être passé outre le fait que ce soit moi, le psychiatre le plus compétent en ville. » Pince-sans-rire, les mains dans les poches de son pantalon à pinces - d'un magnifique rouge brique - c'est Chase qu'il contourne, dardant sur lui l'oeil de l'analyste, ton solennel à l'appui. La vérité, c'est qu'il n'a jamais été foutu de l'oublier. Pas même après que tout ait changé, brutalement, qu'il ait été persuadé de ne jamais pouvoir lui pardonner d'avoir tout bouleversé. Pas même lorsque ç'aurait été plus facile de tirer une croix sur vingt années d'amitié, plutôt que de se retrouver en proie à une mélancolie sourde, sans personne avec qui la partager. Il n'y avait que lui, lui qui connaissait tout, jusqu'à ces travers les plus moches, ceux qui ne se révéleraient jamais à personne. Alors, il l'a peut-être maudit, a eu l'impression de le faire en tout cas, à jamais incapable de lui souhaiter du mal cependant. Il s'en est voulu, parfois, d'avoir réagi de manière si abrupte. Il l'a regretté, souvent, ce meilleur ami qu'il a sûrement blessé en ne partageant pas ses sentiments. Pire encore, qu'il a enfoncé, toujours un peu plus, le blâmant de cet éloignement s'imposant inévitablement par sa faute. Il a mis du temps à mesurer le poids de sa propre culpabilité dans cette histoire, Dante. Alors, il n'y a pas de place pour la rancune, plus maintenant. Juste cette foutue nostalgie qui l'étouffe un peu plus désormais que Chase se tient face à lui. « J'te proposerais bien une bière, mais on m'a bien fait comprendre que le mini-bar c'était pas terrible quand je reçois certains types de patients. » Sous-entendu, pourquoi là. Pourquoi à l'hôpital. Il ne saisit pas tout, encore surpris, mais il continue à parler, Dante, il ne s'arrête pas. Comme si le moindre silence allait amener avec lui le poids de ces années de séparation. Comme si Chase allait subitement regretter, et faire demi-tour. Et il ne compte pas le laisser faire, Dante. Pas du tout.
(c) DΛNDELION
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The middle of my mind | Chase&Dante - Mar 27 Mar - 1:15


   


Did you ever know that you were in the middle of my mind ?


« Docteur Amadori, » lâchait le susnommé, le moins négligemment du monde, pour se présenter. Son auditoire, deux personnes, avait tourné toute son attention vers lui et son plan lui semblait parfait. Plus loin, Chase, maintenant seul à sa table, finissait d’une traite son verre en riant presque de la prédictibilité de la chose.
Dans ce pub pas très propre, ils passaient l’une de ces soirées l’un avec l’autre comme ils savaient le faire depuis qu’ils avaient eu l’âge de se procurer des fausses pièces d’identité. Dante était venu remonter le moral de son meilleur ami, et ce diantre savait s’y prendre, il connaissait le puzzle par cœur. Et selon le docteur en herbe après quelques verres, un bon remède quand on avait le bourdon était le dard de quelqu’un d’autre. Il était donc parti chercher une abeille travailleuse pour son ami Chase. Au moins pour lui prouver qu’il y a plein d’abeilles ouvrières dans cette grande ruche où il était la reine.

Et donc, à cette table quelques pas plus loin, un homme et une femme. « Je te paris une pinte qu’ils sont ensemble » avait objecté Chase. Et le futur psychologue, persuadé de savoir lire les autres mieux que l’alphabet latin, avait juré le contraire. Dans la manière qu’avait la petite blonde de parler à l’homme, de lui donner des ordres et de constamment lui montrer des photos sur son téléphone, il ne pouvait être qu’un meilleur ami gay, n’est-ce pas Chase ?

« Attend, tu dragues ma copine ? » entendit-il alors, et il ne put réprimer un rire. D’une traite encore plus rapide que la précédente, il termina le verre de Dante, pris leurs manteaux et se leva rejoindre la mauvaise troupe. Son sourire de vainqueur idiot ne pouvait quitter ses lèvres.
S’approchant le plus sûrement du monde, il posa une main sur l’épaule opposée de son meilleur ami, l’autre sur sa main posée sur la table. Il l’entourait et le sentait contre lui, c’était délicieux. « Bon, Dante, faut qu’on y aille, lâchait alors Chase, indirectement au vrai couple en face d’eux. Il se tournait justement vers la seule femme de ce quatuor si mal ordonné. Désolé, il a tendance à vouloir être le meilleur ami gay de tout le monde. »

Et suite à cette embrassade, Dante dû bien s’arracher de l’emprise de Chase, comme on arrache une croûte rouge passion d’une blessure pas encore cicatrisée. Ce genre de blessure que l’on s’inflige parce que l’on est tombé de vélo avant de véritablement savoir en faire, qui nous apprend beaucoup mais qui, sur le coup, paraît si cruelle. Alors, Chase ne savait pas encore pédaler mais il savait qu’un bisou magique aiderait cette plaie à se refermer plus vite. Instantanément, plus vite. Rien que ces lèvres tendres et humides contre les siennes.

Quelques secondes plus tard, leurs lèvres sèches étaient dehors, chacun enfilant son manteau, riant franchement de ce qu’il venait d’arriver. « Tu vois, je te l’avais dit ! Ils sont ensemble ! Une légère pause, le temps d’ajuster son col. Désolé pour la scène du faux couple gay, mais il fallait qu’on s’en aille. »
De toute manière, bien que Dante ait perdu leur pari, il était hors de question que qui que ce soit paye quoi que ce soit à Chase. Il détestait cela, il était beaucoup trop fier.

Et presque dix ans plus tard, sa fierté il l’avait bien ravalée pour venir traîner ses fesses dans ce cabinet-là. Il avait presque fini de la digérer, même. Elle était réduite en bouillie avec ce qui se cache dans un gros intestin. La blessure de quand il avait appris à faire du vélo, elle était cicatrisée, voilée par d’autres qui étaient apparues depuis mais toujours là quelque part parce que l’on se rappelle toujours mieux de ses premières blessures. Ce sont les plus profondes.

Puis voilà qu’une simple correction sur un titre honorifique venait de rouvrir un souvenir comme une boîte de pandore qui s’écoulait en plus de six-cent cinquante mots écrits plus haut.

Encore ébloui par la vivacité de son esprit lorsqu’il fallait l’assaillir de quelque chose de douloureux, Chase avait complètement oublié le faune qui lui brûlait le bas-ventre il y avait de cela quelques secondes. C’était déjà un bon progrès, merci docteur.

Et ils étaient dans son bureau. Si professionnel, décoré et rangé, mais habité. Si… Dante. Cette pièce faisait de son mieux pour être présentable, et elle y arrivait, vraiment, mais le diable caché dans les détails de cette officine dévoilait aux observateurs et connaisseurs que comme pour bien d’autres choses, la vie n’était que cache-misères.

« Pas n’importe quel psy, » répondait simplement Chase. Ses yeux scrutaient la pièce en face de lui. Tant de choses qui lui rappelaient ce qu’il n’avait finalement jamais oublié. Pas nécessairement des souvenirs partagés avec son nouveau docteur, mais des choses sur ce docteur. C’était un bain de Dante dont il avait bien besoin.
« Et j'imagine que t'en as franchement besoin, pour être passé outre le fait que ce soit moi, le psychiatre le plus compétent en ville.
-Hm. »
Peut-être. Chase ne s’était pas renseigné. Il n’était pas venu voir le « psychiatre le plus compétent en ville », il était venu voir son meilleur ami d’enfance. C’était pourtant évident. Mais il n’était pas ici question de le vexer, ce psychiatre, ni d’argumenter si facilement sur le besoin qui l’avait traîné chez un psy. Alors Chase ne répondit que peu tandis que Dante reparaissait dans son champ de vision. Il n’avait que si peu changé. Ses traits s’étaient durcis, sa barbe et ses sourcils épaissis. Ses yeux étaient si perçants. Sa chemise, le satyre aurait voulue lui arracher en temps normal, mais Chase la lui laissait sans aucun souci, comme il avait toujours réussi à faire, malgré lui.

Le patient n’osait pas encore s’asseoir. Il n’osait pas lancer la discussion, il n’osait pas s’excuser, il n’osait pas savoir par où commencer. Il n’osait pas regarder Dante, seulement son diplôme accroché au mur. Il avait réussi à l’avoir, ce diplôme, forcément qu’il avait réussi, avec ou sans Chase il réussirait toujours. Ça faisait un peu mal, mais Chase était content pour lui.
C’était comme ça que pouvait se résumer l’un des aspects de cette relation riche en angles qu’ils avaient développé en plus de vingt ans. Chase était content pour Dante. Quand Dante était content, Chase était content. Et quand on aime une fleur, on l’arrose et on attend.

« J’avais pensé prendre des bières, mais la dernière fois que j’ai fait ça, la condensation des bouteilles trop fraîches a coulé dans mon sac et a ruiné tous mes dessins. Tu te rappelles ? »

Ah Chase… Toujours l’option la plus sage, la moins dangereuse et la plus délicate. Pourquoi toi ? Pourquoi toutes ces histoires, ces cœurs brisés ? Au moins, pour une fois dans ta vie, tu as eu le courage d’avouer ta faiblesse. Peut-être pas avec des mots, mais ta présence et ton silence le criaient bien fort.

Alors, il avait eu juste le temps de rassembler ses forces pour enfin parler, au lieu de laisser Dante combler le silence. Cela ne l’empêchait pas d’hésiter et de balbutier de temps en temps.
« Désolé de te tomber dessus comme ça. A en voir ta tête, j’imagine que mon faux nom a marché. »

Du Chase tout craché. Une blague pour éviter les sujets que l’on ne maîtrise pas. Comme par exemple, le sujet de sa présence ici. Histoire de venir prendre la température.
Le patient finit par s’asseoir avant d’en entendre l’invitation de son docteur. Il posa son manteau à côté de lui, sa sacoche à ses pieds qu’il fixait, comme s’ils étaient gravés de la réponse à tous ses problèmes.
« Désolé pour le faux nom du coup. J’étais pas sûr de vouloir venir, et je voulais pas que tu saches que c’était moi. Au cas où. » Comme s’il avait peur que Dante ne décide de brûler l’hôpital que d’avoir un rendez-vous avec Chase.
Beaucoup d’excuses aussi. Lâchées comme par un enfant coupable que l’on met devant des preuves sans équivoque.

Mais au moins, Dante n’était pas dans son assiette non plus.
« Ça va ? »
Une bonne occasion de détourner l’attention.

« Dante ? »
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The middle of my mind | Chase&Dante - Lun 2 Avr - 21:58

We'll never be those kids again
chase & dante

« Beyond the horizon of the place we lived when we were young, there was a ragged band that followed in our footsteps, running before time took our dreams away. The grass was greener, the light was brighter, the taste was sweeter, the nights of wonder, with friends surrounded. »
Six ans. Là où quelques heures sans donner de nouvelles à Chase avait toujours semblé illusoire. Incapable de se passer de lui, depuis tous mômes, quand leur existence n'avait eu de cesse de se mêler dans le chaos de l'enfance, s'entremêler un peu plus fort encore dans l'incertitude de l'adolescence, la liberté de l'âge adulte. Chase qui avait supporté chacune de ces frasques vouées à arracher des autres les rictus exaspérés et les regards écarquillés. Il n'avait jamais eu la sensation de le fatiguer, cet ami semblant avoir les épaules suffisamment solides pour le porter dans les instants de doute, la poigne suffisante pour brider les bouillonnements furieux. Le garde-fou de toutes ces années à souffrir le courroux paternel, à manquer d'y laisser quelques unes de ces plus belles facettes, les plus spontanées. Celles qui ne mourraient jamais, pas avec Chase à ses côtés, et les rires, et les conneries, et les années filant bien trop vite. Il était toujours resté dans le coin, le pilier qui semblait voué à résister, peu importe les coups que la vie pourrait venir leur asséner. Quand ils ne s'étaient plus retrouvés qu'à deux, deux au lieu de trois, il avait presque fini par l'accepter, Dante. Il ne serait jamais seul, malgré l'éloignement de Lise et le néant ayant ciselé les parcelles douloureuses du myocarde. Il ne serait jamais seul.

Six ans, que ces vingt années se conjuguent à l'imparfait. Pourtant, il se souvient parfaitement de la première soirée. De la première nuit - blanche. Du premier lever de soleil. La striction douloureuse tout en haut de son abdomen, à se demander si c'était la nausée, où le coeur se tordant sans réellement savoir comment pulser. Fallait avouer que c'était pas évident d'en perdre un second morceau, aussi rapidement après avoir égaré le premier. Il n'y avait plus franchement matière à animer mais ça continuait à peser lourd, en permanence, à mesure que les journées défilaient. Il se l'est demandé à l'époque, de quelle manière il était censé évoluer, aveuglé par ces repères qu'on lui avait arraché. Alors, comme à Lise, il lui en a voulu à lui aussi, à son tour. Lorsque les vieilles blessures se sont mises à gronder, c'est lui qu'il a accablé de ce qu'il a vécu comme son second abandon. Il aurait peut-être pu revenir, réfléchir à ces mots, à ces reproches, à ce que la situation avait réellement de si désastreuse. Mais il ne l'a pas fait, Dante. Il s'est contenté de se taire, nourrissant ce silence brutal sans chercher à remédier à la situation. Sans chercher à s'extraire de ce sentiment de foutue mélancolie. De l'après Chase. Cette ère où, bousculé malgré lui, il ne cesserait jamais réellement de trébucher, à trop regarder en arrière.

Alors, c'est une sorte de vertige qui s'est installé depuis que son regard s'est posé sur lui. Comme un retour en arrière, brutal, inattendu. Et il oscille, Dante, entre l'incertitude et le contentement qui l'emplissent. Il devrait se méfier, mais la prudence n'a jamais réellement fait partie de ses cordes. Lui, il fonce, tête baissée, quitte à s'y blesser au passage. Alors, quand Chase se lance sur une anecdote, c'est l'enthousiasme qui s'éveille en sourdine. Qui commence à infuser les recoins sinueux de ses artères. Il a envie de lui dire qu'il s'en rappelle parfaitement, que ça l'avait vachement fait rire sur le coup parce qu'il s'était dit qu'une bière s'était carrément vidée dans son sac. Et puis, de la déception qu'il avait ressenti, comme si son propre travail avait été ruiné par l'incident, alors que Chase découvrait l'ampleur du désastre. Non, Dante n'avait rien oublié de ce sentiment. Celui de ressentir ses émotions comme s'il s'agissait des siennes. Comme si le temps avait développé une symbiose si profonde que les affects de son ami ne se devinaient pas simplement, mais se ressentaient au fond des tripes. Il s'était souvent senti privilégié, clairvoyant, même. On est connecté. On communique par télépathie. Le nombre de fois où il avait pu l'assurer, le lancer à la cantonade d'un ton des plus cérémonieux. L'ironie de voir à quel point il avait pu se planter. Passant à côté de l'évidence destinée à les séparer. Alors, il se tait, se contente d'un hochement de tête que Chase percevra sûrement du coin de l'oeil. Il ne le regarde pas, et Dante, ça l'emmerde. Il n'a pas envie de regards fuyants, pas alors que c'est lui qui a choisi de sceller les retrouvailles ici, maintenant. Heureusement pour lui, Chase parle. Et Dante écoute. Si bien que c'est lui qui se tait enfin. Qui se contente d'acquiescer, un peu paumé. Oui, le faux nom a fonctionné. Mais les raisons de sa présence demeurent en suspens, toujours. Et les mots défilent, s'accrochent à son esprit sans donner réponse à ses questionnements muets. Il s'agacerait presque de l'entendre lui demander si ça va. Comme si ça pouvait aller, alors qu'il s'enlise dans l'incompréhension à vue d'oeil, avec son air franchement paumé. « Tu sais, les patients qui regardent leurs pieds comme ça, dès le premier rendez-vous, j'sais jamais au premier abord s'ils ont peur de moi, ou si c'est ce qu'ils retiennent en eux qui les effraie. » C'est le premier truc qu'il répond, certainement frustré de devoir lui tirer les vers du nez. Appuyé contre son bureau, il se plante bien en face de lui, cherche à capter son regard dès que celui-ci se reposera dans le sien. « T'étais pas sûr de vouloir venir, mais maintenant que t'es là, tu pourrais peut-être m'expliquer pourquoi, non ? » Ses mains s'appuient contre le bois, s'y ancrent avec un peu plus de poigne quand un rire mêlé à un soupir finissent par lui échapper. « Je m'attendais à discuter de la psyché d'un parfait inconnu, pas à te voir débarquer sous un faux nom. Alors j't'avoue que là, j'sais pas vraiment comment ça va, Chase. » C'est nerveux, ce rictus qui persiste au coin de ses lèvres alors que ses prunelles n'expriment rien d'autre qu'une foutue nostalgie lorsque le silence retombe. « Après tout ce temps. » Ses mains se détachent, ses bras se croisent pour quelques secondes. « On dirait le scénario d'un film. » La phrase fétiche, pour celui qui n'a jamais eu de cesse de s'imaginer en héros traversant la pellicule de sa vie. Tout devenait comédie, tragédie, dans l'imagination de l'Amadori. Alors, ce genre de scène, ça s'inscrivait parfaitement dans le cadre.« Là, du coup, c'est sûrement le moment où je te dis que tout va mal depuis nos vingt-six piges, que rien n'a jamais été pareil sans toi. » Faussement songeur, c'est le sourire fallacieux qui s'étire à l'annonce qui s'ensuit. « Mais t'en fais pas, ça va. Le boulot se passe bien, l'argent rentre, et puis j'viens d'être papa pour la deuxième fois. » Et il continue à sourire, presque fier de sa connerie, de celle totalement improbable dans sa bouche, à moins qu'il n'ait réellement changé - voire subi un lavage de cerveau. Et il scrute, guette les réactions. Finit par décoller de son bureau pour prendre place sur le fauteuil juste à côté de lui, celui destiné à l'accompagnant, à la famille. La fébrilité de ses gestes témoigne de l'instabilité qui l'étreint, la fatigue piétinant les grands airs assurés auquel il ne s'accroche guère. A quoi bon, face à celui qui n'avait jamais manqué de lire en lui comme dans un livre ouvert.

Et il se calme. Enfin.
Le Dante survolté laisse ses épaules bien droites s'affaisser, alors que ses prunelles se perdent dans les siennes. « C'est désastreux, hein ? Pour que tu viennes me voir, c'est que ça doit l'être, au moins un peu. » Il ne joue plus.
Il appréhende.
(c) DΛNDELION
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The middle of my mind | Chase&Dante - Jeu 5 Avr - 0:26


   


Did you ever know that you were in the middle of my mind ?


Chase ne savait pas tellement que répondre à tout cela. Il hochait la tête à ce que Dante lui racontait, de sa voix qu’il avait tant entendue. Elle était belle sa voix, elle s’articulait joliment, coulait fluidement, raisonnait dans les oreilles, dans les têtes et dans les cœurs. Et bien qu’il fût à l’origine de ces retrouvailles, Chase avait lui aussi besoin d’un peu de temps pour s’assurer qu’il n’imaginait pas cette voix qui lui faisait fondre les tympans comme autrefois. « Après tout ce temps. » Ça résumait parfaitement la situation. Après toutes ces années, Chase revenait la queue entre les jambes chercher de l’aide là où il l’avait toujours trouvée.

Dante riait un peu, c’était déjà ça. Est-ce qu’il en voulait toujours à Chase ? Peut-être. Chase espérait que non. Lui n’en avait jamais voulu à Dante, pour quoi que ce soit. C’est ça, d’aimer quelqu’un si inconditionnellement. On pardonne tout et n’importe quoi, jusqu’au plus cruel des abandons. Et les pupilles du patient revenaient sur le docteur, même si elles évitaient toujours de le regarder dans les yeux, parce que Chase il a honte, parce qu’il n’aime pas ça, parce qu’il a peur surtout.
Pendant toutes ces années d’isolement, Chase en était venu à se demander comment il avait pu être aussi bête pour tomber dans un piège si évident. A quel moment s’était-il dit que c’était une bonne idée de s’amouracher de Dante ? Les risques étaient calculés, mais putain ce que Chase était nul en maths à l’époque. Depuis le début ça avait été une mauvaise idée, tout était dangereux. Et à trop en vouloir, Chase avait tout perdu, par sa propre faute.
Il s’était fait à l’idée. Et il avait accepté, à force, après un deuil solitaire. Il s’en voulait d’avoir été si avare pendant des années, il récupérait l’entièreté de la faute, parce que Dante était trop parfait pour avoir quelque tort que ce soit.
Puis, après quelques temps, on réfléchit, on redistribue le blâme. Pourquoi Dante était-il parti ? Pourquoi avait-il préféré le silence ? C’était à lui de revenir, c’était lui qui était parti après tout ! Pourquoi avait-il décidé de mourir de la sorte ? Il se serait jeté du haut d’un pont qu’il aurait été moins égoïste.

Mais là, dans ce bureau, il avait suffi d’un seul regard pour que tout s’envole ; la colère sourde et discrète, et la rancune d’avoir abandonné si facilement. Tout ce qu’il restait dès à présent, c’était Dante, et ce qu’il représentait. Et d’un regard, Chase se souvint de pourquoi, douze ans plus tôt, il était tombé amoureux de lui. Parce qu’il était fou à lier, mais une lumière dans le noir. Parce qu’il était le contraire de Chase, mais parfaitement ce dont il avait besoin.

« Là, du coup, c'est sûrement le moment où je te dis que tout va mal depuis nos vingt-six piges, que rien n'a jamais été pareil sans toi. » reprend Dante. Et Chase tressaillit. Ses sourcils se mouvent dans une moue pleine de compassion, parce qu’à défaut d’en vouloir à Dante, c’est à lui-même qu’il s’en veut, comme toujours, comme pour énormément de choses. « Mais t'en fais pas, ça va. Le boulot se passe bien, l'argent rentre, et puis j'viens d'être papa pour la deuxième fois. »

Et Chase se fige. Dans son cœur, un poids immense qui l’écrase contre le plomb qui l’entoure. C’était égoïste, mais cette si merveilleuse nouvelle allait le détruire. Parce que tout ce que Chase avait toujours voulu, c’était être important pour ceux qui l’entourent. Être un bon ami, quelqu’un sur qui l’on peut compter, quelqu’un de profondément bienveillant, qui rend le monde dans un meilleur état que celui dans lequel il l’a trouvé.
En face de tout cela, Dante avait besoin de quelqu’un comme Chase. De quelqu’un avec les épaules larges et la volonté de s’en servir pour porter les autres. C’était pour cela qu’ils avaient toujours été si bien ensemble, qu’ils auraient été parfaits ensemble.
Alors, apprendre que finalement Dante s’en sortait divinement bien une fois débarrassé de Chase, ça faisait mal. Est-ce que c’était lui qui l’avait retenu pendant toutes ces années ?
Chase devrait être content pour lui, comme il l’était toujours, parce qu’il veut être quelqu’un qui ne souhaite que le meilleur pour les autres, et lui attendrait que ça vienne comme il avait toujours fait. Mais ça ne marchait pas comme ça. Ça faisait toujours mal de voir les autres tourner la page si facilement là où lui avait eu tant de mal. Et sur son visage, un regard vide, un mélange de surprise, de déception, de triste-

Mais quel connard. Avec son sourire mesquin que Chase avait mis trop de temps à voir, et ses blagues même pas drôles.
« T’abuses » répondra alors simplement Chase, osant enfin regarder Dante dans les yeux. Lui non plus ne put s’empêcher un sourire face à sa propre idiotie et incapacité à décerner le second degré chez celui qu’il était censé connaître par cœur.

Puis, Dante vient s’asseoir à côté de lui. Leurs pupilles sont plantées l’une dans l’autre, et bien des afflictions passées ressurgissent en Chase. Ce sourire, ces cheveux noirs, ces grands yeux bleus. Tout était si parfaitement à sa place, comme il s’en rappelait si bien. Comment l’oublier, ce visage.
Oui, Chase est une bien belle épave pour avoir décidé de rentrer au chantier naval. Son sourire se fige, son regard s’enfuit à nouveau, parce qu’il avait presque oublié la véritable raison de sa venue ici. Il a envie de parler de tout sauf de lui, mais faire l’autruche n’avait jamais véritablement fonctionné. C’était Dante qui le lui avait appris.
Alors le patient cherche ses mots, parce qu’il sait toujours quoi dire lorsqu’il s’agit de résoudre les problèmes des autres, mais que c’est une autre affaire lorsqu’il s’agit de lui.

« Ouais… Désastreux c’est le mot… Il marque une pause. Je sais même pas par où commencer… »

Vite, change de sujet.

« Mais oui, c’est pour ça que je suis venu te voir. C’est parce que j’ai besoin de quelqu’un à qui en parler, qui me connaît et qui… pourra m’aider. »

Qu’ils sont douloureux, ces mots. Ils sortent à contrecœur, Cet aveu de faiblesse, il peine à venir, parce que Chase a toujours voulu être fort. Les autres en avaient besoin, alors il en avait besoin. Lui qui avait toujours voulu se débrouiller seul pour être sûr que les autres le pensent capable de les soutenir, lui qui se retrouvait aujourd’hui à quémander de l’aide à son ami d’enfance qu’il n’avait pas vu depuis six ans. Il était comme sa dernière option, son dernier recours et son dernier rempart contre lui-même.

Chase a toujours les yeux aussi fuyants, et ceux-ci ont décidé de revenir sur ses chaussures. Il a la boule au ventre, le cœur serré, et sa voix tremblerait presque. Ce n’est pas l’image qu’il aime donner d’habitude, mais la beauté de Dante comprenait toujours la nudité qu’il permettait.

« Est-ce que tu veux bien m’aider Dante ? Ça va plus j’en peux plus, j’ai besoin de quelqu’un, j’ai peur. J’ai fait une connerie, et j’ai peur que ça recommence. Ça va recommencer. »

Sa voix était tremblante, des retrouvailles, de son aveu, du fait que ses mots avaient un poids qu’il n’avait jamais pu peser avant de les dire. Pendant qu’il parlait, son regard était revenu sur Dante. Il avait planté ses pupilles dans celles de mon meilleur ami de médecin, et elles transpiraient du supplice que c’était de venir supplier ici, si ouvertement.

« S’il te plait. »

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The middle of my mind | Chase&Dante - Ven 20 Avr - 21:48

We'll never be those kids again
chase & dante

« Beyond the horizon of the place we lived when we were young, there was a ragged band that followed in our footsteps, running before time took our dreams away. The grass was greener, the light was brighter, the taste was sweeter, the nights of wonder, with friends surrounded. »
Dante a toujours aimé parler. Trop, souvent. Pour ne rien dire, aussi. Le grand spectacle, clamer haut et fort ses pensées telles qu'elles lui viennent, enrobées de ces qualités d'orateur qu'on ne peut lui enlever. A l'université, on le trouvait arrogant dans son éloquence, et il s'en foutait. Depuis tout môme, il n'avait eu que faire de déranger, tant qu'on le remarquait. Pourtant, ça fait quelques mois qu'il s'égare dans les paroles qui s'emmêlent, parfois, la fatigue n'aidant pas. Qu'il peine à se présenter dans toute sa superbe, alors que les doutes s'immiscent cruellement, à lui en écraser la trachée. Difficile de sortir un mot sensé lorsque l'on peine déjà à respirer. C'est la terreur des autres qui l'oxygène, leur détresse qui anime ses veines. Ce n'est pas dans ce dessein qu'il a étudié. Ce n'est pas son aide qu'il leur apporte, désormais, rongé par sa propre culpabilité. Alors, tandis qu'il tourne autour du pot, il se le demande, Dante, s'il va être capable de l'aider, lui qui a toujours tant compté. Et ça se noie derrière ses airs narquois, la mesquinerie de quelques remarques faussement détachées. Il aimerait se dire que c'est normal, après tant d'années, de ne pas parvenir à lui dire clairement qu'il lui a manqué. Terriblement. A s'en bouffer la vie. Mais y'a toujours cette appréhension muette qui s'éveille, celle de se retrouver amputé de ses émotions au mauvais moment. Et face à Chase, il relativise tout. La difficulté à consulter sans être foutu d'entendre la douleur de ses patients. A s'en moquer, même, et à ne tirer qu'un ennui profond de leurs conversations. Là, tout de suite, la culpabilité qu'il éprouve ensuite à leur égard lui semble terriblement insignifiante. Parce que ce n'est rien, rien en comparaison de ce qu'il adviendrait s'il se retrouvait dans cet état face à son plus ancien ami.

Alors, il rigole lorsque Chase lui dit qu'il abuse. Parce qu'il le sent naître de sa poitrine, secouer ses côtes de manière sincère, ce rire qui s'extériorise derrière un air franchement désolé. Et ça le rassure légèrement, sur le coup. Parce que s'il a ressenti un brin d'appréhension face à la difficulté - notoire, depuis le temps - de Chase avec le second degré, c'est qu'il a eu peur de le vexer, au moins une seconde. Et s'il se sent soulagé en le voyant sourire, c'est que non, il ne s'en moque pas, définitivement pas. Il est capable de les ressentir, ces émotions qui le violentent depuis qu'il a croisé son regard en salle d'attente. Alors, il s'y accroche, Dante, fermement. Pour être sûr de s'en souvenir, de ce que ça lui a fait, de revoir Chase. D'entendre sa voix, de se faire réprimander pour une vanne débile, de l'écouter et de le regarder. La moindre manifestation de sa sensibilité est accueillie comme une délivrance, lueur dans les ténèbres brutalement tombées sur son existence. « J'abuse ? Jamais, voyons. » Presque étonnant, de voir les vieux mécanismes se déverrouiller les uns après les autres.

Et puis, il s'assied à son tour. Le questionne. Il ne prétend même pas répondre aux codes habituels d'un entretien avec un patient lambda. Il attaque, directement, et n'essaye même pas d'aborder le sujet sur une note faussement positive. Il n'y est jamais allé par quatre chemins, avec Chase. Chase qui a toujours eu du mal à s'exprimer dans le négatif, jamais du genre à s'épancher. Malgré les années, Dante n'a pas la modestie de se dire que peut-être, il n'est plus le mieux placé pour savoir comment l'aborder. L'hypothèse est impossible à envisager pour le psychiatre. Dans le fond, c'est sûrement parce que la réciproque est vraie que l'Amadori est si sûr de lui. Depuis Chase, les amitiés se sont nouées, déliées parfois, lui apprenant à connaître d'autres êtres, parfois de manière un peu désespérée. Pourtant, c'est dans sa cage thoracique que les soucis se sont entassés, impossibles à extérioriser. C'est à Chase qu'il aurait aimé parler, dans les instants les plus compliqués, de ceux qui ont eu la fâcheuse tendance à s'accumuler ces dernières années. Alors, quand il lui demande à quel point c'est désastreux, il se dit juste une chose, Dante. Qu'il aille mieux que lui. Que la solution à ses problèmes se dessine en l'écoutant, et qu'il puisse au moins faire en sorte que Chase tienne le coup. Il en oublie presque son petit monde, alors que celui-ci réoriente son centre de gravité sur son ami. Chase a toujours fait partie des rares personnes au contact desquels s'érodait son égoïsme. Alors, il hoche la tête, quand Chase tente de justifier les raisons de sa présence, ne le lâche pas du regard, même lorsqu'il se remet à le fuir. « Tu sais que t'es au bon endroit pour ça. Et j'parle pas du cabinet, même si j'crois qu'il est assez propice aux discussions, aussi secrètes soient-elles. J'sais pas si c'est les tableaux sur les murs, on m'a déjà dit que ça créait une ambiance zen. » Il se perd, à nouveau, en contemplant le désarroi frappant de son ami. Il ne sourit pas, pourtant, n'ayant pas du tout l'envie de rire. Et c'est à son tour de se faire violence, après les premiers mots difficilement prononcés par Chase. « Tu peux parler, tu sais ? T'as le droit de parler, de m'expliquer ce qui se passe, et je t'écouterai. J'sais que... » Il a l'air aussi dégourdi que lui, tout à coup, alors que le dialogue gagne en profondeur, légèrement pudique, voire terriblement coincé. « Je sais que j'vais avoir l'air très mal placé pour dire ça, après la dernière fois. Mais tu peux tout me dire, et j'te promets de rester là, peu importe ce que tu me raconteras. » C'est la première fois qu'il peine autant à s'exprimer dans son propre bureau, les remords coincés dans la gorge, la difficulté à assumer ancrée sous sa peau. Il n'a jamais été doué pour les excuses, ni pour se remettre en question. C'est dans l'urgence de la situation qu'il trouve le courage de le dire, à mi-mots, sans s'y attarder pour autant. Parce que ça lui refait mal, bien plus qu'auparavant, mais que la douleur n'est pas en tout point identique. Que c'est surtout de son absence qu'il souhaiterait s'affranchir, à se dire que Chase est arrivé dans cet état sans lui pour tâcher de l'aider. Alors, il promet. Et il a envie d'ajouter que cette promesse là, il compte bien la tenir, mais il se tait, n'en mène déjà pas large. La souffrance de Chase déborde de ses prunelles soudain trop expressives, et c'est lui qui peine à les soutenir, ses mots résonnant au fond de sa poitrine. Il en reste bouche bée, le psy, le souffle coupé du déluge qui s'abat subitement sur lui. Il le sait, que la situation est grave, sans même que Chase n'ait commencé à lui en expliquer les détails. Mais ce qui le meurtrit le plus, c'est de l'entendre le dire. A quel point ça va mal. C'est dans ses paroles que ça résonne, transperçant Dante de part en part. Alors, quand Chase assène ses trois derniers mots, Dante ne réfléchit pas. Son bras se tend, sa paume se pose sur son bras et ses doigts s'y referment dans une affection qui ne semble avoir faibli avec le temps. C'est spontané, sans qu'il ne sache réellement si c'est toujours adapté, s'il ne ferait pas mieux de conserver ses distances. Il ne sait plus rien, Dante, si ce n'est qu'il se fout bien que sa tendance à être tactile ne soit inappropriée. « Je suis là, d'accord ? Je suis là, et je compte aller nulle part. » Sa main presse un peu plus encore l'épaule de Chase alors que son regard ne le lâche pas. « Qu'est-ce-qui t'est arrivé ? Qu'est-ce-qui va recommencer, dis moi ? »
(c) DΛNDELION
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The middle of my mind | Chase&Dante - Sam 28 Avr - 11:01


   


Did you ever know that you were in the middle of my mind ?


Chase était au bon endroit pour ça. Pour tout ça. Peu importe ce que c’était, Ça. Ce monstre sanguinaire qui se nourrissait de la peur de l’imaginaire. Et peu importe l’endroit, celui-ci c’était le bon, parce que Dante était là. Au fond de cette Divine Comédie, du neuvième cercle de l’Enfer, au centre de la Terre, et il avait fallu tant d’années à Chase pour enfin oser tout descendre. Traverser l’anneau de la luxure, qu’on lui avait imposé après une vie si sage, et ignorer celui de la fierté qui l’a toujours porté si haut. Et si bas, tout en bas, au fond du gouffre entre Lucifer et les eaux gelées du Cocyte, comme la récompense d’une chute bien méritée et magnifiquement exécutée, Dante.

Le neuvième cercle de l’enfer, c’était celui de la trahison. Trahison contre sa patrie ou ses hôtes, cela n’était plus d’actualité. Trahison contre sa famille, ses bienfaiteurs, c’était là qu’ils seraient torturés, Chase et Dante. La loyauté, c’était ce qu’il y avait de plus beau, le fil rouge invisible qui les reliait l’un à l’autre. Ils étaient attachés petit doigt à petit doigt, mais qu’ils tirent trop fort et c’étaient leurs cœurs qui s’arracheraient. Ils s’étaient crus solides, fiables, adultes et indépendant mais ça n’avait duré qu’un temps, et Chase venait suivre les veines qu’il avait laissé derrière lui dans ce labyrinthe pour enfin en retrouver la sortie.  Et Dante, il lui promettait de la laisser ouverte, cette sortie. De ne pas le laisser seul avec le Minotaure trop longtemps. Et Chase le croyait, parce qu’il n’avait pas d’autres alternatives que le désespoir. Parce qu’il avait l’espoir que ce soit vrai, parce que l’espoir c’était ce qu’il y avait de plus terrible. C’était ce qui gardait le Minotaure en vie au lieu de se laisser dépérir dans un autre couloir sombre de Dédale, c’était ce qui avait laissé croire à Chase qu’ils étaient beaucoup plus qu’amis, que toutes ces années avaient trop de significations pour en rester là, que la délivrance viendrait d’un simple baiser qui les réveillerait comme la Belle au Bois Dormant d’un sommeil paisible et douloureux.

Et dans cette narcose qui fait s’éclipser les années en un battement de sourcil, on oublie la véritable fin du conte pour enfants. Le prince charmant qui n’existe pas, qui devient le roi en épousant une endormie trouvée dans la forêt, et qui lui fera deux enfants, qu’elle portera endormie. Comme le satyre qui est venu s’immiscer sous les ongles de celui venu aujourd’hui retrouver Dante. Comme cette créature antique qui le brûle entre ses reins et ceux des autres, venu redistribuer les cartes de celui qui s’était donné tant de mal à se faire une bonne main. Cette présence, toujours, qui lui brûle la peau à chaque contact, chaque effleurement de peau. Et plus l’être est cher, plus la douleur est forte, alors quand Dante prend Chase par l’épaule pour s’assurer qu’il n’est pas un piège de son imagination, c’est une empreinte ardente qu’il laissera.

Chase n’avait jamais été très tactile. Réservé, distant, trop fermé à qui que ce soit pour oser mettre ses mains partout. Parce qu’on l’espionnait, qu’on le surveillait. Que Chase fût censé avoir envie de mettre ses doigts sur une fille, que lui n’en avait pas envie. Que chaque réflexion que même lui pouvait faire l’amputait encore d’une phalange. Que celles-ci brûlaient de se poser sur un autre homme, sur un torse plat mais fort, chaud et délicat, de quelqu’un qui l’aimerait en retour.  Et il y avait Dante, qui ne l’avait jamais dérangé, parce qu’il était ce torse et tout le reste, où Chase y aurait laissé ses ongles si ça lui avait assuré de ne jamais finir seul.

Alors Chase, il a envie de prendre Dante dans ses bras, parce que ça a toujours atténué la douleur. Il veut prendre la main qui lui brule l’épaule et la recouvrir de baisers, et garder cette main pour la serrer comme il n’a jamais pu le faire, maintenant qu’on y pense. Et ce n’est même pas la bête en lui qui lui donne ces ordres. Tout cela vient de Chase, parce que Dante est celui qui avait le pouvoir de réveiller Chase au plus profond de lui. Il avait toujours été le seul jusqu’à ce que les sabots démoniaques de la bête ne viennent tout piétiner.

Dante, il lui donne du courage. Et il est déjà tombé dans le piège de l’abandon une fois, il sait à quel point c’est facile de tout envoyer valser. Alors ils feront attention, ensemble, parce que Dante lui a promis qu’il resterait, il lui a juré fidélité.

« Ça a commencé y’a quelques semaines un mois, je fais n’importe quoi, commence Chase après un long silence d’hésitation. Avant j’ai toujours été si sage, et calme, et là je sais pas ce qui me prend j’arrive plus à réfléchir calmement et je fais n’importe quoi. »

Déterminé à taire l’existence du monstre qu’il ne pourrait justifier, peut-être que l’histoire perd en saveur, que tout n’a l’air que banalité. Dante avait toujours prévenu Chase, lui disant qu’il aurait sa crise de la quarantaine bien avant l’âge, à ne jamais rien oser vivre. Putain s’il savait.

« Toutes mes économies, tout mon argent, j’ai tout perdu, j’ai tout dépensé. Dans… Dans des bordels, putain, ceux de la Bratva en plus. » Un sanglot de honte mélangé à un peu d’humour accidentel, et la peur de continuer parce que Chase sent que Dante ne le tient plus à l’épaule de la même manière. Ce changement, il n’est peut-être même pas vrai, Chase pourrait l’inventer, mais il le sent et ça lui fait mal, parce que finalement sa spécialité, ça a toujours été la mutilation et l’autodestruction.
« Et mon oncle, tu te rappelles de mon oncle ? A la Calavera, c’est lui le boss maintenant, et je travaille pour lui, j’ai accepté y’a quelques semaines parce que j’ai peur, j’ai fait une grosse connerie, je crois que j’ai violé des gens et qu’on va venir se venger, et mon oncle il peut me protéger. »

Evidemment, il n’avait jamais parlé de qui que ce soit de ce dernier point, alors c’est toujours impressionnant d’enfin oser prononcer ces mots. Il a violé des gens. Chase, le gentil inoffensif bienveillant Chase, qui s’est forcé sur d’autres personnes. Le regret, encore un autre, vient l’assaillir et lui réchauffer la douleur à la mâchoire qu’il avait reçue d’un coup de poing de sa première victime. Un irlandais, d’An Riocht à tous les coups. Il était si beau, et si délicat lui aussi, malgré sa force apparente et sa puissance impressionnante, ses bras gigantesques dans lesquels Chase avait adoré se perdre, il avait eu besoin d’aide et tout ce que Chase avait pu lui apporter c’était le désespoir d’être tombé sur la mauvaise personne. Chase était devenu la mauvaise personne, lui qui avait toujours désespéré de ne semer que le bien.

Et ce type, tellement en colère qu’on se soit servi de lui, Chase l’avait poussé dans ses derniers retranchements, suffisamment pour qu’ils en viennent presque aux poings. Et c’était là qu’il avait réalisé, Chase, l’ampleur de son pouvoir. Lui qui ne s’était jamais posé la question. Ses phéromones, son bon parfum qui rend tout le monde fout et qui donne au satyre l’impression que tout est possible. Peut-être qu’elles ont plus d’effet sur Chase que sur les autres. « Il y avait ce gars, Ned, qui avait l’air d’être au bord du suicide et tout ce que j’ai fait c’est que je l’ai baisé alors qu’il voulait même pas vraiment, et après je l’ai abandonné dans sa merde, et un autre gars a qui j’ai fait croire tout et n’importe quoi et il m’a cru et j’en ai profité, et des filles aussi que j’ai manipulé, beaucoup, parce que depuis un mois je peux faire faire n’importe quoi aux gens et c’est à moi que ça fait faire n’importe quoi, faut que je trouve un moyen d’arrêter Dante, c’est dangereux je me mets en danger j’ai peur, j’étais pas comme ça avant, je comprends pas pourquoi ça m’arrive Dante. »

Et tout était dit. Dans les grandes lignes, il n’y avait que la douleur d’être vulnérable et de ne pas être aussi bon que l’on pensait l’être. Mais Dante était bon, avec Chase, il saurait quoi faire, et main dans la main ils traverseraient dans l’autre sens les neuf cercles de l’Enfer pour se noyer dans les eaux du Styx qui les ramèneraient à la vie.
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The middle of my mind | Chase&Dante - Jeu 3 Mai - 19:56

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« Beyond the horizon of the place we lived when we were young, there was a ragged band that followed in our footsteps, running before time took our dreams away. The grass was greener, the light was brighter, the taste was sweeter, the nights of wonder, with friends surrounded. »
L'une des choses qui ne s'apprennent pas dans les livres, à la fac, c'est la relation avec le patient. La distance nécessaire, mais l'écoute d'empathie. Recevoir, mais pas trop profondément. Donner, transmettre, sans s'y perdre au passage. L'équilibre ne se mémorise pas sur des lignes étroites en petits caractères. Il faut le vivre. Se prendre quelques claques, se protéger, sans oublier de ressentir. Dante, il n'a jamais eu de problèmes à ce niveau-là. Ce n'est pas ce qui lui a semblé difficile. Alors, ses professeurs avaient beau l'avertir, lui expliquer la position adéquate à aborder pour se préserver, ne pas s'épuiser, ne pas se consumer, que Dante n'écoutait que d'une oreille. Les histoires, souvent terribles, il les a écoutées, en essayant de ne pas les absorber. La douleur, il l'a étudiée, de si près qu'il a parfois manqué de trop s'en imprégner. Doté d'une sensibilité qu'il n'a jamais réprimée. Pourtant, il a su encaisser, Dante. Toute cette déferlante de blessures, secrètement enfermées dans son cabinet, d'eux à lui. Il n'a jamais craqué, à rebondir, à conserver ses allures confiantes, ses épaules solides.

Alors, lorsque Chase commence à parler, c'est la force qui se découpe dans le bleu de ses iris, prêt à l'y laisser puiser l'énergie nécessaire pour ne pas perdre pied. Il y met tout son courage, Dante, même si les retrouvailles l'ont ébranlé, que les confessions précédentes n'aident pas à ce qu'il se montre suffisamment détaché pour assurer. Les premiers mots résonnent chez Dante d'une manière trop familière. Immobile, il n'hoche plus la tête pour acquiescer, suspendu à ses lèvres et à ce qui va s'ensuivre. Chase qui n'arrive plus à réfléchir. Chase qui fait n'importe quoi. Il a la sensation que la Terre s'est mise à tourner de travers, à se demander si la foudre n'aurait pas fait dérailler son axe. Inévitablement, alors qu'il s'efforce de mobiliser sa concentration pour l'écouter sans l'interrompre - si Chase habituellement si réservé parle de lui, l'instant ne doit pas être brisé, c'est ce qu'il se dit - Dante y repense, à cette fameuse nuit. A comme rien n'a plus été pareil, depuis que ça lui est arrivé. Désormais, c'est Dante qui réfléchit de manière trop calme. Il n'a que ça à faire, lorsque le sentiment abandonne sa chair, ne laissant qu'un vide austère à combler. A se demander si Chase n'a pas vécu la même chose que lui. C'est le premier point qui émerge dans un coin de son esprit alors que son attention ne s'éloigne pas de son vieil ami. Pourtant, l'esquisse de questionnement ne tarde pas à voler très loin du fil de ses pensées. Et il doit se faire violence, Dante, pour que son visage ne trahisse pas le choc que c'est, de l'entendre avouer qu'il a tout perdu, tout, et plus étrange encore... dans les poches de la mafia. C'est ce qu'il retient en premier. Puis, c'est pour le bordel qu'il percute. Et là, il ne comprend déjà plus. Le pire est sans doute à venir, parce que Chase n'a pas l'air d'avoir suffisamment vidé sa poitrine trop remplie, mais ses mots sont déjà en train d'envahir le crâne de l'Amadori. Il essaye de les ranger dans des cases, soigneusement, méthodiquement, comme il le ferait avec un patient. C'est le seul moyen qu'il trouve pour ne pas avoir le vertige.

Mafia. Calavera. L'oncle de Chase, que Dante finit par remettre. Chase, et la mafia. Là, ça lui déplaît franchement, au psychiatre qui a toujours tâché de rester loin de ces organisations qui gangrènent sa ville. Alors, y'a un frémissement sur son front, qui affaisse légèrement ses sourcils, ombre s'abaissant sur ses prunelles. Il se demande d'abord ce que Chase fout avec eux. Ce que Chase raconte, en réalité. Il se demande un instant s'il n'a pas consommé un truc louche, qu'on lui aurait donné au bordel pour mieux le dépouiller un peu plus encore. Si ses pensées peuvent être comprises, suivent un fil logique, ou si Dante est en train de tomber dans le piège d'une confiance ayant toujours été un peu trop intense. Est-ce-que t'es drogué ? Franchement, ça lui brûle les lèvres de le lui demander. Parce que là, Dante n'a pas d'explication immédiate. Et ça, il n'aime pas. Un peu moins encore dans ce lieu où la toute-puissance de son raisonnement a été prouvée à de maintes reprises - d'après lui. Pourtant, il la ferme. Continue à le regarder, à darder un oeil suspect sur ses pupilles, s'assurant que celles-ci réagissent correctement à la lumière, ont un diamètre parfaitement dans la moyenne. Il parvient à se focaliser suffisamment sur ce détail pour retenir les paroles qui s'entassent derrière ses lèvres closes. Il essaye de se raisonner, aussi, alors qu'il le laisse poursuivre. L'Amadori a déjà géré ce genre de cas. Pas évident la première fois, de discuter avec un violeur, surtout lorsque l'absence de remords est répétitive au fil de la conversation. Là, c'est différent. Parce que l'aveu le bouleverse, clairement. Et puis, Dante connaît Chase. Le connaissait, du moins, avant la déferlante de révélations. Et plus important encore, Dante sait de quelle manière fonctionne Chase. Pas comme ça. Pas en se nourrissant de la détresse pour satisfaire ses propres désirs. Non. Et en y réfléchissant, ça lui hérisse l'échine à Dante. La pensée que cette définition lui ressemble, dans ces instants où les lames de la terreur se retournent dans les esprits torturés dans le seul but de sa propre jubilation. Et lorsque Chase se tait, que le silence retombe, Dante est pétrifié pour quelques secondes, au point de devoir se redresser sur son siège pour faire craquer son dos et sa nuque.

« Ok. On va trouver une solution. » Ce n'est pas franchement ce qui devait sortir en priorité, mais c'est ce qui vient en premier. Comme s'il essayait de s'en convaincre lui-même. « Est-ce-que ça a été brutal ? Le changement, j'veux dire. » Première question. Pendant ce temps, Dante réfléchit. Les bordels. Les viols. Les filles. Le comportement démantelé puis reconstitué en suivant visiblement les appels de sa libido. Dans un autre contexte, ça le ferait sourire. Rire, même. De se dire qu'enfin, Chase s'est décoincé. Pourtant, là tout de suite, ça a surtout des airs dramatiques. « Est-ce-que ça t'est tombé dessus un matin, sans que t'arrives à t'en défaire depuis. » Les paroles ont des airs d'affirmation. C'est que le vécu suinte dans chaque inspiration. Ne pas transposer ses propres expériences aux cas des patients. Tout le monde est différent. Sauf que c'est trop en demander à Dante, tout de suite, de faire la part des choses devant une histoire qui semble vaciller sur ses explications. Y'a rien de cohérent, là-dedans. Mais il le croit. Il le croit comme il l'a toujours cru. « C'est pas toi, ça, Chase. C'est pas normal. » Il appuie sur les mots, sans le quitter du regard. « T'as des remords, tu culpabilises, ça c'est toi. , je te reconnais. Des patients qui ont commis des viols, Chase, j'en vois tous les mois. Y'en a aucun qui tient ce discours. » Il s'humecte les lèvres, tâche de demeurer objectif même si dans le cas de Chase, c'est compliqué. « Je veux t'aider. Vraiment. Mais je veux savoir ce que t'entends quand tu dis que tu peux fais faire n'importe quoi aux gens. Faut que tu m'expliques. » Son coeur frappe fort dans sa poitrine, à en devenir oppressant. Il essaye de ne pas angoisser, de conserver un regard neutre, un ton posé, comme si Chase ne venait pas de lui avouer avoir commis des actes fortement répréhensibles. Et Dante, ça lui donne envie de gerber de le voir dans cet état. Il n'a jamais été très rationnel avec ses amis les plus proches, les deux plus proches, plus exactement. Prêt à creuser la tombe si l'un deux venait à tuer quelqu'un. Il n'a pas de recul. Il fonce tête baissée, focalisé égoïstement sur les problèmes de Chase, sans même penser à ses victimes. « Il s'est passé quelque chose, avant que tout commence ? Un événement particulier ? J'vais te le dire clairement, là, on est dans l'hypersexualité, sauf qu'il n'y a pas de raison que ça te tombe dessus à ton âge, après... » Il marque une pause, gêné, avant de reprendre. « ... bah, après des années à porter ta ceinture de chasteté quoi. » Il ne cherche pas à être drôle, Dante. C'est juste l'image qu'il a gardé de Chase en ce qui concerne ses relations, ses difficultés à s'accepter, à aller vers les autres. Il ne dit pas ça pour se moquer, maladroit avec ses mots sans le vouloir. « Il faut que tu m'expliques en détail comment ça se passe. Ce qui t'arrive exactement. Quand est-ce-que tu te retrouves dans l'urgence de te trouver quelqu'un. Y'a des facteurs favorisants, ou au contraire qui te calment ? » Les hypothèses fourmillent, sans qu'aucune ne semble faire réellement sens. Et puis, il se sent quand même obligé de préciser, Dante : « Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond depuis l'orage de cet automne. Comme si tout partait en vrille. J'sais pas à quoi c'est dû, mais il y a des choses qui ne s'expliquent simplement pas. Des trucs impossibles qui arrivent. Comme toi qui agit comme ça. Je comprends pas ce qui se passe. Je sais juste que c'est clairement pas normal. Pas naturel. » Et ça le ronge, Dante, alors que son regard se perd, que sa main tord son poignet de manière machinale, trahissant sa nervosité.
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The middle of my mind | Chase&Dante - Jeu 10 Mai - 11:06


   


Did you ever know that you were in the middle of my mind ?


Chase hoche doucement la tête, presque imperceptiblement, à la première question de Dante. Oui, le changement fut brutal, inattendu, étonnant et détonant. Coup de tonnerre venu trancher en une fraction de seconde le noir de ce soir-là. L’homme ne s’épanchera pas sur cette soirée parce qu’il en a honte, d’elle aussi. Il était recroquevillé dans son canapé, seul comme toujours, avec l’impression d’avoir raté quelque chose de fondamental, d’être passé à côté du plus important. Persuadé que finalement sa vie n’aura jamais quelque sens que ce soit, sera toujours privée d’objectif.
Dans ses entrailles, le vide, et dans ses méninges, l’appel du vide. L’envie de sauter de quelque part de si haut qu’il ne pourra jamais toucher le sol de son vivant. A quoi bon continuer. A quoi bon vivre si c’était pour se contenter de ça ?
Au fond, ça aura toujours été le même, le problème de Chase. Aussi simple qu’il puisse être, rationnel, les pieds sur terre, peu exigeant, il ne se contenterai jamais de ce qu’il avait. Persuadé d’avoir tiré les mauvaises cartes, l’homme ne savait qu’en faire et désespérait à l’idée de savoir un jour s’en servir correctement. Ce jour, sentait-il à l’époque, n’arriverait tout bonnement jamais. Alors à quoi bon continuer ?

Cette nuit-là, Chase en avait peur. Parce qu’elle pouvait se reproduire, que le désespoir pouvait finalement revenir à tout moment, il n’était même jamais véritablement parti. Dans un coin de sa psyché, il restait cette noirceur qui finalement ne le libèrerai jamais, qui le rongerait doucement, morceau après morceau, profitant de chaque ouverture que lui laissait sa chienne de vie. Et un jour où elle prendrait trop d’ampleur, elle paraîtrait insurmontable, et pernicieuse, maligne. Elle s’infiltrerai sous les yeux de celui qui pleure pour que sa propre mort vienne sécher ses larmes. Non, cela ne pouvait pas arriver, mais la perspective se faisait de plus en plus probable, à l’époque.

« Oui, oui, ça a commencé du jour au lendemain. » précise-t-il alors. Ce n’était pas n’importe quel jour, encore moins n’importe quel lendemain, mais parce qu’il n’était pas encore capable de se livrer entièrement, il préfèrera cacher les larmes versées ce soir-là.

Et quand Dante commence enfin à lui parler, Chase se calme, il écoute patiemment parce que sa capacité d’écoute, ça a toujours été son super-pouvoir. Son regard humide se plante dans les yeux de son meilleur ami, si proche, et le satyre est si heureux que son monstre lui laisse cette fin d’après-midi de repos. Parce que depuis la première fois qu’il a revu celui qui lui a tant manqué, qui avait occupé tant de ses pensées, c’était comme si Chase était redevenu l’homme qu’il était auparavant. Il était aussi redevenu plein de regrets, de problèmes, quelqu’un de profondément triste et inquiet, mais au moins il n’attrapera pas Dante par les poignets pour mieux lui écraser la tête contre son bureau et profiter de lui contre son gré comme il avait déjà pu le faire à tant d’autres, et comme il avait si peur de le faire à nouveau. Alors, pendant qu’il écoute, Chase résiste à l’idée de poser sa main sur Dante, même s’il aurait bien besoin d’un point de contact, d’un endroit par où faire transiter cette chaleur. Tout simplement, il a peur de ne pas pouvoir s’en contenter, de cette chaleur. Surtout depuis que le monde se plie à n’importe lequel de ses désirs.

Un soupir. « Va falloir que tu me fasses confiance sur ce coup, Désolé si ça a l’air complètement surréaliste, mais je te promets que c’est vrai. Une pause le temps de reprendre sa respiration, et de trouver les mots surtout. Depuis que ça a commencé, tout ça, quand je trouve quelqu’un que j’ai envie de… De… Enfin tu m’as compris quoi, bah cette personne elle tombe comme folle amoureuse de moi. Vraiment, quitte à me courir après. Et vu que je… Encore une petite pause. Chase cherche ses mots, comme toujours. Bah je peux pas m’empêcher d’en profiter, quoi, et c’est dangereux, ça me fait tellement peur. C’est à cause de ça que j’ai déconné… »

Il se veut rassurant, Dante, pilier par intérim qui vient supporter celui qui a toujours voulu ne pas en avoir besoin. Mais on en a tous besoin a un moment à un autre, parce que même le plus grand barrage du monde doit toujours laisser couler un peu d’eau s’il ne veut pas céder tout simplement.
Ses explications, sa manière de décrire la vie de Chase arrache un rictus amusé à ce dernier. Oui, la ceinture de chasteté, c’est une bonne manière de résumer cette vie qu’il s’était imposé. Elle ne se limitait pas à cela, non, il s’était toujours autorisé bien des écarts et des péchés de chair, mais ils faisaient parfois plus de mal que de bien, à l’image de leur nombre exponentiel ces derniers temps.
Mais face aux questions du psychologue, Chase ne peut que nier de la tête, une moue triste au visage à l’idée que ce mal ne puisse s’expliquer. Le malade pouvait décrire ce qui le tourmentait de manière bien plus précise et pratique, mais il avait peur de ce que dirait Dante s’il évoquait sa créature ensevelie sous sa peau qui n’en avait jamais assez de se frotter contre celle des autres.

« Je sais pas, c’est tellement différent de comment j’étais avant. Tu sais, avant, quand je réfléchissais trop, comme tu disais. Quand quelqu’un me plaisait, je me disais qu’il serait forcément hétéro par exemple, et du coup j’abandonnais et je me laissais même pas la chance d’être attiré plus que ça par ce gars. Et quand j’avais une chance, c’était bizarre je voulais un peu de tout mais finalement, coucher c’était jamais une priorité parce que je voulais un truc en plus. Maintenant c’est l’inverse. Je vois quelqu’un qui me plaît, bah j’ai envie de le baiser. Et c’est tout. Et ça devient ma priorité, alors je ferai tout et n’importe quoi pour le baiser, avant de me poser des questions. Et même pas forcément faire ça bien, partager un moment avec quelqu’un, genre un truc un peu romantique, nan. Juste baiser, quitte à me casser juste après parce que l’envie sera passée… C’est comme ça que ça s’est passé avec les autres… Encore une petite pause, parce qu’il y a quelque chose qu’il s’est toujours demandé. C’est comme ça qu’ils fonctionnent, les gens normaux ? Juste à se décider rapidement qu’ils baiseraient bien quelqu’un, et ils y vont ? »

Chase qui avait toujours voulu être normal, faire comme les autres pour qu’on le laisse tranquille. Une famille avec deux ou trois enfants qui seraient de bons élèves sans forcément être premiers de la classe. Avec un fils qui fait du sport, et une fille cadette qui se déguise en princesse tout le temps. Chase adorait les enfants, il avait toujours rêvé d’en avoir, parce qu’eux il pourrait s’en occuper, les aider et les voir grandir.
Mais aujourd’hui c’était lui l’enfant, incapable de se contrôler. Et si c’était ça, être normal, peut-être était-il mieux avant.

Mais la dernière remarque de Dante dénote, fait hausser un sourcil au patient. Elle ne relève plus du pronostic psychologique, des hypothèses et des débuts de remèdes, non. Sa voix est différente, son ton est différent, son vocabulaire est différent. Ce n’est « pas naturel », ce qui arrive, selon le médecin, mais aussi ce qui arrive au médecin. Quelque chose cloche. « Ça va, Dante ? demande alors Chase, après un petit instant de silence passé à tout décrypter. Il t’es arrivé quelque chose, toi aussi ? »
© Frimelda, sur une proposition de © Blork
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The middle of my mind | Chase&Dante - Dim 13 Mai - 19:22

We'll never be those kids again
chase & dante

« Beyond the horizon of the place we lived when we were young, there was a ragged band that followed in our footsteps, running before time took our dreams away. The grass was greener, the light was brighter, the taste was sweeter, the nights of wonder, with friends surrounded. »
Dante n'est que silences et regard qui ne cille pas. Il faut s'accrocher, pour être capable d'entendre sans se contenter d'écouter. L'esprit voudrait se protéger de ce qu'il ne peut comprendre, ni même envisager, le rendre sourd aux explications surréalistes que lui donne son ami de toujours. Difficile d'imaginer qu'un simple désir de sa part puisse conduire n'importe quel individu à s'éprendre de lui sans cérémonie. C'est vrai que Chase est charmant, très bel homme, même, et Dante ne le lui enlève pas. Quelque part, il a toujours trouvé ça assez paradoxal que ce soit Chase, Chase et son physique parfaitement dessiné, qui doive se retrouver à souffrir les doutes les plus viscéraux, incapable d'aller vers ceux qui ne pouvaient détacher leur attention de sa beauté. Et que ce soit Dante, Dante qui a toujours trouvé son apparence banale, qui se retrouve à imposer sa présence dans la facilité, extrayant son charme à même ses remarques endiablées, ses regards assurés. C'est que Dante les a vu poser les yeux sur Chase qui ne daignait les regarder. Il se souvient des marmonnements de Chase lui disant qu'il faisait chier, dès qu'il se mettait en tête de l'envoyer à la rencontre de l'un de ces prétendants muets. Si t'y vas pas, j'y vais. Menace qui ne fonctionnait pas, d'ailleurs. Alors, c'est assez ironique de la part de ce changement qui s'est opéré, d'avoir éclaté les barricades que Dante l'a toujours vu dresser entre lui et le reste du monde. A craindre les conséquences sans se laisser réellement exister. Et quelque part, au fil des explications de Chase, ça lui fait mal, à l'Amadori. De se dire que sa retenue prédominante, en passant aux abonnées absentes, cause bien plus de dégâts encore. Et s'il envisage ses propos, en laissant de côté son besoin de justifier ce qui s'apparente au paranormal, s'il envisage que Chase se rende irrésistible au point de séduire n'importe qui, il comprend l'étendue du désastre. Chaque être devient une proie de l'appétit viscéral, et du contrecoup des remords violents que de tels actes peuvent provoquer. De son point de vue, ça ressemble à une foutue malédiction, et ça lui hérisse les nerfs, ça commence à le mettre en colère. En rogne après la vie, qui veut que son meilleur ami n'ait goûté aux plaisirs simples, à l'attachement sincère, par ces pulsions incontrôlables nées d'il ne sait quel phénomène.

A la nervosité se greffe la peine de l'entendre lui demander si c'est comme ça que ça marche, chez les gens normaux. Et Dante laisse son sang ne faire qu'un tour, à ne pas chercher les bons mots. « C'était pas anormal de réfléchir à l'époque, tu sais. Regarde, moi, j'réfléchissais pas, d'ailleurs, c'est toujours pas le cas, hein, et je m'en sortais pas mieux au final. Il n'y a pas de normalité, Chase, c'est ce qui fait l'étendue infinie des relations humaines et des caractères. J'peux te dire que j'en vois passer de tout genre ici, là où on se questionne sur ce qui peut être pathologique ou non. J'en vois autant passer dans les bars, finalement. Chaque rencontre est différente, sinon qu'est-ce-que ce serait chiant. » Il marque une pause. « Alors, les gens, en général... Il y en a qui ne s'attachent qu'à la chair, qui se retrouvent pris à leur propre piège et s'entichent. » C'est d'ailleurs ce qui lui est arrivé plus que de raisons, à Dante. C'est bon j'suis amoureux. Le nombre de fois où il a pu le leur annoncer, à Lise et Chase, au lendemain des soirées arrosées, après avoir quitté les draps de sa conquête du soir. Bien sûr, à force, ça les faisait plutôt marrer. Dante a toujours eu un coeur d'artichaut, pourtant incapable de se fixer. Se détachant sans relâche, même le jour où il s'est retrouvé fiancé. C'est sa malédiction à lui, de tout foutre en l'air dès que ça devient sérieux, qu'il sent sa liberté s'envoler. « Puis il y a des gens qui arrivent parfaitement à distinguer le sexe des sentiments aussi. Y'en a qui ont besoin de temps pour se connaître, qui ne couchent qu'une fois qu'ils sont certains que ce sera l'apogée de leur romance ou j'sais pas quelle connerie. » Visiblement, pas son avis. « Alors j'peux pas te dire comment fonctionnent les gens, on ne peut pas généraliser ce genre de chose. Le seul truc que je sais c'est que toi, tu fonctionnes pas comme ça, à la base. C'est ça qui n'est pas normal, et puis que ta présence les fasse succomber comme si tu te parfumais au filtre d'amour. Non pas que tu ne sois pas séduisant, n'importe qui est susceptible de tomber amoureux de toi. » Il rattrape rapidement ses propos trop abrupts, ses évidences à lui. « Juste que l'ensemble, tu vois, ça cloche, mais ça tu le sais déjà. »

Glissant une main sur son menton en griffant ses doigts contre sa barbe qui s'y frotte, Dante réfléchit à ce qu'il pourrait faire. Ce qu'il pourrait mettre en place pour l'aider. « T'arrives à réfléchir quand ça t'arrive, avant que l'obsession ne te fasse partir en vrille ? Tu penses être capable de m'appeler si ça recommence ? Que je vienne te ramener de force à la maison. » C'est presque drôle, quand on y pense. A l'époque, c'était Chase qui lui sauvait la mise, lorsque les rendez vous tournaient au vinaigre, lorsqu'il devait rompre avec quelqu'un. Chase qui l'appelait sur son téléphone et Dante qui simulait un appel en urgence de l'hôpital pour se tailler. « En attendant, tu peux venir chez moi, si ça craint trop par rapport aux personnes qui pourraient te vouloir du mal. Je te file le double des clés. De toute façon, je vis seul, donc ça ne dérangera pas. » Parce que non, Dante non plus n'a pas encore trouvé la manière de se lier, de s'attacher à autre chose qu'à des nuits vides de sens.

Et les rôles s'inversent, sans que Dante ne l'ait anticipé. C'est Chase qui l'interroge, le psychiatre qui s'enfonce dans son siège jusqu'à ce que son échine soit bien droite, sans qu'il ne puisse reculer. « Hm, ça va. » Il recommence à triturer sa barbe, nerveusement. « Il y a des jours où ça va mieux que d'autres. Des fois où j'aimerais bien retourner à l'époque où tout ce à quoi on pensait c'était à ce qu'on allait faire le soir suivant, après les cours. T'as jamais envie de revenir à ces moments-là ? J'ai l'impression que tout était beaucoup plus simple, finalement. » La nostalgie étreint sa gorge alors que son regard se détache et contemple vaguement son bureau. Il en deviendrait presque émotif, l'Amadori, qui n'a jamais tant été à fleur de peau. « Ce qui t'arrive, je crois que c'est en train de m'arriver aussi. » Le souffle est moins audible, au coût de l'effort que lui demande la confession. Première fois que les mots s'extirpent à haute voix. « Cet automne, l'orage. T'étais dehors ? T'as vu les éclairs ? » Dans la logique des choses, c'est là que tout a commencé pour lui. Alors, il se dit que ça doit être la même chose pour Chase, sans doute. « T'as été frappé par la foudre, toi aussi ? » Il est presque sûr de son coup, Dante, en reposant son regard sur lui. « J'ai cru que j'étais en train de mourir. J'ai pas compris tout de suite ce qui m'arrivait, en une fraction de seconde j'me suis effondré, ça faisait un mal de chien, et pourtant je suis resté éveillé à ce moment-là. Je sais pas combien de temps j'suis resté sous la pluie, mais j'ai fini par me relever, comme si je venais juste de trébucher. J'en ai parlé à personne. Tout ce qui m'en restait, c'était une brûlure à l'épaule droite. C'est ce que je pensais, en fait, que j'étais juste un de ces miraculés dont on entend parler de temps en temps. » Il hausse les épaules, se rend compte à mesure qu'il parle qu'entrer dans le vif du sujet est bien plus complexe qu'il n'y semblait. « Sauf que depuis, je fais des choses bizarres. A mes patients, surtout. Ils tombent pas amoureux de moi, par contre, enfin, sauf une, mais c'est un cas particulier. » Tentative maladroite de détendre l'atmosphère. « Je leur fais peur. Ou plutôt, j'arrive à sentir leur peur. Et j'en fais ce que j'en veux. Je la manipule, rien qu'en le voulant. Et j'arrive pas à m'arrêter de l'amplifier, jusqu'à ce qu'ils se retrouvent dans un tel état qu'on est obligé de les sédater. » Il parle vite, comme pour faire oublier l'horreur qu'il est en train d'énoncer. « Et le pire, c'est que des fois, quand j'arrive pas à ressentir leur peur, c'est moi qui ressent plus rien. Rien du tout. J'peux les écouter me raconter les pires trucs, que j'arriverai pas à compatir. Comme si j'étais un putain de psychopathe. » Ses mains tremblent, et il ne s'en rend compte qu'une fois qu'il se décide à la boucler.
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