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A bet is a bet (ft. Wolfreim)

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A bet is a bet (ft. Wolfreim) - Ven 30 Mar - 18:18

A bet is a bet
Plus les verres s'enchaînaient et plus les langues se déliaient. C'est ainsi qu'on passait une bonne soirée en Finlande. Des soirées qui me manquaient. Bien plus souvent entourée d'inconnus que d'amis. La compagnie était une chose que je n'appréciais qu'à partir un certain degré d'alcool. Sinon je trouvais les autres bien vite trop collants ou invasifs. Ce n'était pas le cas ce soir : il n'y avait pas foule au Kremlin, si bien que Sven avait assez de temps libre pour discuter un peu avec moi. Il finit par me présenter un habitué avant de prendre congé de la table où j'étais installée. Loin de vouloir paraître désagréable, j'avais en le regardant ces yeux perçant qui le jaugeaient. Ça n'avait pas l'air de le déranger, il souriait assez béatement avec sans doute quelques verres à son actif lui aussi. La discussion ne tarda pas à s'élancer vers nos situations respectives, quelques échanges futiles qui n'avaient d'intérêt qu'avec l'ébriété qui nous éprenait.

La salle n'était pas bondée mais se remplissait à mesure que l'heure défilait. Dans notre coin, nous bavassions de choses et d'autres. « Tu n'es pas aussi terrible qu'on le dit », vint-il à déclarer. « Aussi terrible ? Qui dit ce genre de choses ? Sven ? » Lui demandai-je plus intéressée que je ne le prétendais. « Non pas Sven, tu sais, tout le monde fini par se connaître ici. Et toi... tu as beau être une belle femme, on dirait que la majeure partie des gens préfèrent te laisser dans ton coin, ça suffit pour que naissent des rumeurs. Tu n'as pas l'air d'être du genre fêtarde à t'amuser, c'est étrange que tu côtoies cet endroit », détaillait-il sans aucune méchanceté. Je plissai les yeux, comprenant qu'une femme venant boire seule dans un tel endroit devait forcément avoir un souci. « Je sais être amusante et... je n'aime pas quand il y a trop de monde. C'est juste ça... » justifiai-je en sirotant mon verre.

Ma remarque le fit rire alors je l'interrogeai du regard. « Prouve-le. » J'arquai un sourcil. « Prouver quoi ? Que je suis marrante ? » M'étonnai-je dans un sourire perplexe. Il m'intima d'un doigt de m'approcher de lui alors qu'il se penchait sur la table. Je me penchai également pour l'écouter murmure. « Ce type là-bas, fais-le rire. » Suivant la direction qu'il indiquait, je vis l'homme de qui il parlait. Une mine patibulaire, renfrogné, du genre à avoir passé une très mauvaise journée. À le détailler, il me sembla le reconnaître. J'expirai, désabusée. « Tu veux m'attirer des ennuis ? Ce gars-là est sûrement pas venu pour passer une bonne soirée, il a plutôt l'air d'être là pour oublier sa journée... » Mon compagnon de soirée haussa les épaules en se reculant dans l'assise pour finir son verre. « Waw. Herkja est une femme vraiment drôle », dit-il avec ironie alors que je levai les yeux au ciel. « Tu sais quoi, j'ai rien à te prouver. Pense ce que tu veux de moi ça m'est égal », répliquai-je sèchement. Il fit une moue navrée et se leva pour rejoindre d'autres personnes au comptoir. Je le suivis du regard, croisant les bras de contrariété. Puis mes yeux vagabondèrent jusqu'à Wolfreim.

Mon verre terminé, je reportai mon attention sur ce dernier. Même si la personne qui avait lancé le défi restait insignifiante à mes yeux, j'étais de nature joueuse et je ne parvenais pas à enlever ce dernier de l'esprit. D'un pied déterminée, je me levai et le rejoignis au comptoir. Alors qu'il conversait avec d'autres personnes, je m'interposai à sa droite en posant mon verre sur le comptoir avant de planter mes yeux dans les siens. « Je vais le faire. Si je réussis, ma note sera pour toi. Si j'échoue, je prendrai la tienne. Sven, deux verres s'il te plaît. » Lançai-je sans le lâcher des yeux. Sven savait ce que je prenais et me servit sans poser de question. Un clin d'œil taquin à notre ami commun et je vins m'approcher, verres en main, du recruteur. « Bonsoir, puis-je m'asseoir à vos côtés ? » Demandai-je avec un sourire cordial. J'avais beau avoir l'assurance naturelle aidée par l'alcool, une légère boule au ventre m'assaillit lorsque nos regards se croisèrent. Comme si se dessinait autour de lui une aura invisible mais présente. Un phénomène qui m'arrivait de plus en plus depuis cette fichue tempête. Mais c'était encore différent...
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A bet is a bet (ft. Wolfreim) - Dim 1 Avr - 21:23

Le quarantenaire s’adonnait récemment à un étrange jeu au Kremlin : fixer tour à tour les chaises vides qui entouraient sa table favorite, celle où il s’était assis la première fois avec son mentor, celle qui avait été témoin de bien des confidences et surtout, celle qui avait accueilli tour à tour amis, ennemis, hommes de main voire conquêtes discrètes. Le constat était ne changeait pas : les chaises n’accueillaient plus les fidèles fessiers de ses compagnons d’armes, et n’étaient plus que des hôtes temporaires pour des personnes éphémères qui ne lui parlaient que par pur intérêt, et non sincère amitié.

Ceux avec qui il avait débuté étaient soit mort, soit rangé dans un train-train familial, soit aussi débordé que lui avec les affaires de la Bratva. Les premiers lui arrachaient un discret sourire nostalgique – toutes ces peines et ces rires disparues à tout jamais –, les seconds avaient droit à son profond respect – ils optaient pour une vie respectable, responsable et familiale – et les derniers étaient tout simplement excusés – il partageait le même calvaire, et commettait bien les mêmes impaires, absences et infidélités aux engagements hebdomadaires.

Pourtant, cette solitude dans un lieu aussi animé ne lui pesait nullement sur ses épaules. Il avait passé cet âge où le besoin d’être entouré était vital, voire une nécessité, pour être reconnu socialement. Aujourd’hui, il était un homme de trente-neuf ans qui n’aspirait qu’à apprécier un tantinet une soirée où le travail ne venait pas l’embêter. Les soirs où il pouvait tout simplement se poser à cette table, près de la fenêtre, et fixer une chaise ou un ciel étoilé étaient devenus suffisamment rares pour qu’il chérit ce moment, voire le considère comme un instant « sacré ».

Malheureusement, ce repos fut de bien courte durée. Ce n’est ni le travail, ni un homme ivre et bagarreur ni une vieille compagne qui vient troubler ce calme. C’est une frêle silhouette à la chevelure brune, de dix ans sa cadette au moins. Pour une raison qu’il ignore, la demoiselle l’intrigue, par son aura, par ses manières, par ses traits. En vain, il en cherche une raison logique et raisonnable.

Etait-elle sublime, comparée à toutes ses compagnes passées ? Oh, elle était belle à n’en point douter et sa jeunesse était un atout non négligeable. Pourtant, Wolfreim n’était pas un homme qui choisissait ses compagnes uniquement sur le plastique. Ce qui l’attirait davantage était celles qui savaient être discrètes, intrépides et secrètes à la fois, en somme celles avec qui il pourrait partager un moment privilégié voire intime, sans risquer que tout ne soit dévoilé au grand jour. En somme, des femmes matures et assumées, qui n’ont pas besoin de se prouver au monde. Ce qui amenait à la conclusion suivante : sans la connaître, pourquoi était-il toujours attiré par elle ?

Son seul atout semblait cette belle jeunesse. Développait-il un goût pour les jeunettes ? Certes, il serait fou de dire qu’il ne désire pas avoir une telle créature dans ses bras mais, ces dernières étaient plus sources d’épuisement que de réconfort ou de satisfaction. Wolfreim faisait partie de ces rares personnes qui savaient accepter les plus douloureuses vérités : il vieillissait. Il était incapable de poursuivre jusqu’au petit matin et durant toute une semaine une personne dans tous les bars d’Arcadia comme à ses vingt ans. Or, il ne pouvait pas imposer son existence recluse, vouée à la Bratva à un esprit et à un corps jeune, impatient et pleine d’énergie.

A croire qu’il avait pensé trop fort, voilà qu’il voyait l’objet de ses interrogations s’avancer vers lui et même lui parler. Cachant habilement sa surprise sous son masque mêlant nonchalance et rigueur, il répondit tout naturellement la chose suivante :

- Je t’en prie. Tu es une nouvelle recrue, n’est-ce-pas ? Tutoyons-nous alors.

Certains supérieurs étaient très à cheval sur les règles. Wolfreim outrepassait allègrement certaines formalités. A ses yeux, le vouvoiement ou toute autre phrase type et archétype d’hypocrites respects et remerciements n’étaient que de la poudre aux yeux, et une profonde perte de temps et d’information. Une relation privilégiée s’installait plus facilement avec le tutoiement – une relation qui était déterminante pour souder ses équipes, et suivre aux mieux ses hommes -, et surtout, les employés savaient garder à l’esprit la hiérarchie et le respect dû aux ainés, qu’importe que le langage passe par « Tu » ou « Vous ».

- Je suis chef de brigade, je sais plus ou moins les nouvelles recrues, expliqua-t-il calmement, et ainsi clarifier un quelconque malentendu. Certes, elle l’intriguait mais il n’était pas encore arrivé au point de la stalker sur tous les réseaux sociaux et ce genre de choses. Il s’était seulement sommairement renseigné, comme il se serait renseigné sur toute autre recrue en tant que chef de brigade qui aime recruter ou compléter certains talents par de nouveaux talents. Oh oui, il aurait voulu savoir plus mais il ferait ses recherches discrètement, à sa manière. Alors, tu te plais à Arcadia ?

Soit elle était là pour demander un service, soit elle était là pour tenter de le séduire. Dans les deux cas, parler du beau temps et de la pluie était une bonne amorce pour briser une première couche de glace et déterminer le ton de la conversation à venir.
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A bet is a bet (ft. Wolfreim) - Dim 1 Avr - 21:50

A bet is a bet
À mon arrivée, le brigadier resta impassible. Une appréhension me taraudant, je m'estimais heureuse de ne pas être recalée avec dédain... il faut dire que je ne suis pas très douée pour aller vers les autres. Invitée à le rejoindre, je m'assis tout en l'écoutant. J'avais beau fréquenter l'établissement depuis cinq ans maintenant qu'il m'était encore donné de découvrir de nouveaux visages, de nouveaux noms. Mais pour bien des personnes ici présentes, je n'étais plus une quidam depuis longtemps. À croire que les russes surveillaient de près toute personne amenée à côtoyer leur duché. Bien que destituée de la politesse de me présentée, je ne me sentis aucunement dénigrée. L'homme se présenta avec détail en appel à lever le voile des bienséances. Même si j'appréciais la distance que maintenait le vouvoiement entre deux personnes ou le respect qu'il pouvait représenter entre deux personnes admiratives, dans ce lieu il était bien plus accommodant de s'en passer. Accordant un simple sourire à l'avtoritet, je glissai le verre offert jusqu'à lui.

Ce Wolfreim semblait plus abordable qu'il n'en avait l'air, cependant ça ne suffisait pas à dénouer ce ressenti qui m'habitait. Étrange sensation que son regard posé sur moi intensifiait. Le brigadier me demanda avec neutralité si je me plaisais dans cette ville. Gardant mes doigts autour du verre, je répondis assez simplement, sans montrer mon hésitation, tentant de contrer mon léger accent ; bien que j'aie un bon anglais, cinq années n'avaient encore eu raison de mes intonations scandinaves. « Chaque ville a ses étoiles et ses abîmes, c'est plus une question d'adaptation que d'appréciation. Mais je ne m'imagine pas vraiment ailleurs pour l'instant... » expliquai-je avant de m'arrêter sur une voix plus basse. N'étant pas d'un naturel bavarde, je m'étonnais à chaque fois de l'effet désinhibant de l'alcool. Ce qui, en cette rencontre contrairement à d'autres, me gênait quelque peu.

Les pontes d'Helsinki, les journalistes et les quelques hautes têtes de la Bratva que j'avais rencontré n'avaient jamais eu cette inspiration intrigante. Bien des personnes m'apparaissaient différemment depuis la tempête, Wolfreim faisait partie de ces personnes avec quelque chose de plus... comme si un murmure naissait en moi. Voix diaphane dont je ne discernais qu'à peine la présence sans la comprendre. Concentrée sur lui, je teintais mes traits de cette cordialité aussi glaçante qu'élégante. Je n'étais pas prête à le faire rire...
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A bet is a bet (ft. Wolfreim) - Dim 1 Avr - 22:03


Le brigadier observait avec attention cette demoiselle. Elle n’était plus une silhouette lointaine dissimulée dans une foule compacte, ni un simple dos entouré d’une aura similaire à la sienne. Avec le temps, Wolfreim avait réussi à déchiffrer les différentes formes et couleurs de cette essence spirituelle qui entourée chaque personne et il avait même pu mettre par écrit ses diverses observations. En vingt ans, il avait réussi à constituer une véritable encyclopédie, et était devenu apte à déterminer bien des traits de caractère d’un simple coup d’œil. Evidemment, il serait trop pompeux de prétendre qu’il savait tout de la nature humaine – celle-ci étant bien complexe –, et il lui arrivait de se tromper ou de ne pas deviner certains pans de personnalité. Chaque âge, chaque génération, avait un propre, une aura imposée par des événements, par une culture et bien d’autres paramètres trop nombreux pour être cités de façon exhaustive.

« Courtoise. Distante. Calme » fut sa première conclusion.

Il appréciait grandement l’aura qui se dégageait de la brune – une forme de brise glacée appelant au calme et à la réflexion – et davantage le lyrisme dont elle faisait preuve. Elle n’adoptait pas le langage simplifié propre à tout bon américain, ni ce langage hypocrite et superficielle de certaines filles de son âge. Certes, il avait outrepassé le vouvoiement pour ne pas s’embêter d’une quelconque frivolité mais, secrètement, il aimait les traits d’esprit qui pouvaient transparaître dans le langage. Cependant, et amour des lettres n’était pas la bienvenue dans le monde dans lequel il évoluait. Ce n’était qu’une passion qu’il ne pouvait exprimer que dans le privé.

- Je ne suis pas surpris. Tout le monde ne se voit pas ailleurs, mais au bout d’une vingtaine d’années passées, on commence à vouloir voir d’autres horizons. Personnellement, il m’arrive de rêver d’un autre coin. Un coin à la fois vert et blanc, à la fois calme et peuplé. Un pays qui n’existe pas. Je me languis du pays qui n’est pas, car tout ce qui est, je suis fatiguée de le désirer*.

Les âmes poètes étaient rares au sein de la Bratva. Par conséquent, il prenait toujours ce petit risque en glissant un ou deux vers dans certaines phrases, lorsque la situation lui semblait propice, comme pour s’amuser, ou pour se donner du courage ou tout simplement pour tester le QI de l’autre. La poésie scandinave n’était pas aussi riche que la poésie française – ou européenne en règle générale – mais des perles pouvaient être trouvées. Sa mère – la part mortelle, comme la part divine – avait été un pionner dans l’éveil de l’homme à la littérature – et particulièrement à la poésie – et son amour pour son pays natal, la Suède. C’est d’ailleurs sous son impulsion qu’il n’était pas un simple chef de brigade brutal et stupide. Il était un chef qui savait parler quatre langues : le suédois et le français à la perfection, l’anglais d’une façon courante et le russe de façon amateur – dans un quartier où tout était presque en cyrillique, il avait été bien obligé.

- Si le tutoiement est gênant, nous pouvons nous vouvoyer, finit-il par dire, ayant compris que la demoiselle n’était pas comme les autres et qu’il fallait « peut-être » mettre un tantinet les formes. Je suis Wolfreim Nörgaard.

Elle n’était pas là pour demander un service. Cependant, elle ne semblait pas être une de ces écervelées épuisantes. En somme, elle avait tous les critères pour être potentiellement une bonne compagnie, le genre de compagnie qu’il aimait voir assis sur un de ces chaises de sa table favorite. Pourtant, sa pudeur l’empêchait d’exprimer ce contentement. Par principe, et pour bien d’autres raisons, il évitait de montrer grandes émotions – satisfaction ou colère – en public. Avec le temps, il avait appris qu’un traître pouvait se cacher partout et que chaque mimique du visage pouvait être servie contre lui. Le secret de sa vie privé était sa plus grande défense, et son plus grand arme à la fois.

Enfin, il attendait. A elle la parole. Cependant, du coin de l’œil, il remarque un regard insistant, celui d’un de ses hommes. Evidemment, il fait semblant de ne pas avoir vu. Le Chasseur apte à le chasser, et à faire de lui une proie n’était pas encore né – ou incarné, plutôt -. Alors, en excellent Chasseur, il restait immobile, il se fondait dans le rôle que sa proie voulait le voir. Il attendait, patiemment, jusqu’au moment propice où il pourrait bondir sur lui.

*Le pays qui n’est pas, d'Edith SÖDERGRAN.
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A bet is a bet (ft. Wolfreim) - Dim 1 Avr - 23:44

A bet is a bet
L'attitude examinatrice de Wolfreim ne m'échappa guère, me prêtant moi-même à le détailler minutieusement, sans pour autant ressembler à un prédateur sondant sa proie. Une simple déformation des fastidieuses heures passées à observer la faune avant de pouvoir prétendre à bander l'arc pour décocher une flèche. Au bon moment, au bon endroit. Pour mon père, un tir n'était jamais parfait. Des jours entiers s'étaient déroulés à corriger ma posture, mon souffle, ma visée. C'est bien tard que je pus enfin l'accompagner en pleine forêt avec une arme. Un enseignement pour le moins ennuyeux pou rune enfant, aussi calme et patiente que je pouvais être. Une instruction que je ne regrettais aucunement. Un procédé que j'adoptais à présent volontiers dans n'importe quelle discipline nécessitant un apprentissage. Observer, détailler, chercher l'efficience plus que la simple efficacité. Sans attendre la perfection dans tout ce que j'entreprenais, cet état d'esprit m'était bien utile pour accomplir chaque action que je me donnais à faire avec minutie.

Prétendue attente d'une réponse sans question, j'écoutais avec une attention dissimulée ses mots. Sa voix était teintée d'un agréable grain qui ponctuait ses intonations comme une mélodie que j'aurais aimé laissé recouvrir l'ensemble du brouhaha d'ambiance qui régnait dans le bar. Le Kremlin n'était pas le lieu le plus calme du monde. Mais parfois, le bruit nous permet de nous isoler, d'être à côté en faisant partie d'un tout. L'enchaînement et le rythme de ses paroles me firent ciller. Les commissures de mes lèvres vinrent se courber sans que je n'y prête de grande attention. Une expression fine se glissant entre mes traits alors que l'homme récitait ces vers harmonieux. Son silence s'enchaîna par une proposition d'en rester au vouvoiement d'usage alors qu'il se présentait officiellement. « La lune me parle en runes argentées du pays qui n’est pas », repris-je en me retenant d'en expliquer les raisons alors qu'en un regard voulu distrait, j'effaçais l'étincelle de réminiscences poétiques. Des heures passées dans la bibliothèques à en apprendre plus que les écrits que les écrivains eux-mêmes. Métaphores et abstractions qui s'échappaient aujourd'hui de mon esprit comme la boîte de pandore. En remplaçant les maux du monde par les rimes des ouvrages.

Évitant d'appuyer cet instant de flottement déclenché par cette rencontre, je m'exprimai d'un ton plus terre à terre, sachant pertinemment que ce n'était pas cette facette de ma personnalité qui allait parvenir à décrocher un rire des lèvres de Wolfreim. À vrai dire, chaque seconde me faisait réellement me demander comment une femme comme moi pouvait faire rire un homme comme il semblait être... Toutefois, pour mon compte, un simple éclat ou même un sourire sincère me conviendrait. Peu m'importait si aux yeux du parieur je n'aurais pas remporté la manche. Ce n'était pas cet enjeu qui m'avait poussée à venir à cette table. « Au vu des verres consommés ce soir, je pense pouvoir m’accommoder d'un tutoiement accordé, mais ne sois pas étonné si à notre prochaine rencontre je peine à m'y prêter. Herkja Madsen, enchantée de faire ta connaissance », lui assignai-je avec un sourire contrôlé. Sans non plus avoir la sensation d'enfreindre les règles, cette familiarité de bar à laquelle nous consentions avec aisance était loin d'être des plus facile. Si la plupart du temps les rencontres se faisaient dans l'éclair d'un soir pour ne jamais durer, celle-ci n'avait pas de teinte éphémère. Bien tôt pour en attendre quoi que ce soit, il paraissait assez influent dans la faction pour rendre cette rencontre plus concrète. Éloignée d'un simple pari dont l'intérêt se dissipait au rythme des secondes qui s'envolaient.
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A bet is a bet (ft. Wolfreim) - Lun 2 Avr - 2:13

Wolfreim se mordit discrètement la langue pour empêcher un sourire béat trôner sur ses lèvres ou laisser ses traits afficher une sincère surprise. Cependant, s’il arrivait à contrôler sa physionomie avec grand art, il était impossible de dissimuler les émois de l’âme. Ces derniers pouvaient s’exprimer de bien des façons : une lueur dans un regard intrigué ou admiratif, un petit rayonnement uniquement perceptible par ceux qui observent bien, une voix avec une tonalité plus suave et bien d’autres petits détails propre à chacun. Dans le cas de Wolfreim, c’est son regard qui échappait à tout contrôle.

L’admiration, mêlant à l’intrigue, dardait la demoiselle. Soudainement, le Kremlin lui semblait qu’un vague écho ambiant, et seules les paroles de celle qui se nommait Herkja avaient un quelconque intérêt. Soudainement, de « potentielle bonne compagnie », elle avait gagné ce statut « d’excellente compagnie ». En somme, elle avait su piquer suffisamment la curiosité du brigadier pour que ce dernier vienne à chercher sa présence dans un futur plus ou moins proche.

- Je saurais m’adapter, répondit-il au bout de quelques minutes, lorsque la surprise était passée.

D’un signe de la main, Wolfreim appela un serveur et commanda une bouteille de vodka. A ses yeux, la soirée risquait d’être potentiellement longue avec cette demoiselle et il n’allait pas s’en plaindre. Oh, il ne s’inquiétait nullement d’une quelconque rumeur. Avec les années, il avait su maintenir un fragile mais nécessaire équilibre entre ses fréquentations publiques et privées. Pour les demoiselles, il se permettait de longues discussions avec mais jamais, ô grand jamais, il n’était sorti avec de ce bar. A ce jour, soit il franchissait le seuil de cette porte seul, soit avec ses hommes.

- Je ne pense pas que cette prochaine rencontre tardera. Tu me sembles être une femme surprenante. J’ai rarement rencontré des personnes qui savent déchiffrer toutes mes paroles, et aussi vites.


Rares, mais non impossibles. En somme, elle avait su se distinguer de la masse mais elle n’avait pas gagné ce saint siège privilégié où toutes ses paroles valaient ors et étaient considérées comme une vérité universelle. Elle avait seulement accédé à ce stade de curiosité charmante mais qui ne restait qu’une simple connaissance si, au fil de la conversation ou des rencontres, elle se révélait qu’une insipide copie de femme d’esprit. Oui, ces copies qui ingurgitent tous livres et tout savoir, et qui se contentent de recracher sans réelle émotion ou passion.

- Edith Södergran n’est guère connue ici. Connais-tu cette référence car tu te passionnes à la littérature, et surtout à la poésie, ou alors es-tu issue du pays de la dame ?
demanda-t-il, conscient que la question pourrait être très indiscrète. Malheureusement, en offrant une telle réponse, difficile de taire cette curiosité qui ne le démangeait que davantage maintenant. Il fallait qu’il sache. Il fallait qu’il comprenne. Il ne croyait nullement à ces histoires de grand amour, et encore moins aux coïncidences. Eprouver de l’intérêt pour une pure inconnue, et découvrir une potentielle passion commune par « hasard » étaient juste trop gros pour être avalé ainsi, et surtout par une personne aussi suspicieuse et cartésienne que Wolfreim. Il semblerait que nous avons tous les deux un accent. Je suis américain, mais d’origine suédoise. J’ai pas mal vécu dans les parages mais, quand on parle constamment plusieurs langues, difficile de se défaire de son accent.

Il était fier de ses origines suédoises. A chaque fois qu’il prononçait ce mot, ou tout mot relié à la Suède, il se revoyait enfant dans les longues plaines blanches, à chasser des heures durant avec son père et à apprécier un coin de feu chaleureux avec une mère qui lui récitait et expliquait une poésie. Il aimait la Suède non pour son économie ou sa culture, mais pour les souvenirs qui s’y rattachaient.
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A bet is a bet (ft. Wolfreim) - Lun 2 Avr - 12:23

A bet is a bet
La supposée surprise de l'enchaînement des vers marqua un léger silence apprécié. Éloignées des conversations au rythme effréné où la peur du silence se cultive. Je préférais de loin une discussion réfléchie à une course aux idées. Une difficulté à entendre mes pensées sans ces pauses qui ponctuent des discours concis. Agréablement, Wolfreim m'assura qu'il s'adapterait si les manières venaient à changer. Ce ne serait pas en arrière, une simple remise à zéro où l'alcool ne viendrait pas biaiser nos rapports. Une vision très terre à terre qui devait paraître bien futile pour une âme de poète. Ceux-ci levaient les barrières plus qu'ils n'en mettaient. Sans en être dardée, j'aimais maintenir les miennes. Peinant à m'ouvrir et à partager mes pensées. Une pudeur induite par une éducation calculée au millimètre près. Loin de regretter ce façonnement, j'en expérimentais toutefois des limites dont parfois j'aimerai me passer.

Yeux plissés par ce que je pris comme un compliment, je n'attendis pas plus longtemps avant de lever mon verre en sa direction et d'en saisir une gorgée. La surprise était partagée. Bien que bon nombre de membres de la Bratva s'affichaient de grands airs, rares étaient ceux qui s'en révélaient dignes. Ils se faisaient moines par leurs attitudes et leur habillement, ça n'était pas leur nature profonde. Pour Wolfreim, il semblait que ce soit l'exact inverse : un grand esprit dans un habit des plus courants. La froideur de son expression et les regards révélateurs démontraient sa réelle nature.

Quelques interrogations curieuses et évocations d'origines, retournant vers moi le devoir de parole. « Södergran fait partie des quelques lectures qui m'ont marquées. Je n'irais pas prétendre qu'il s'agit là d'une passion pour la poésie. On m'imposait bien trop d'univers pour que je puisse me passionner pour l'un d'eux. Appelons plutôt ceci un sillon reminiscent d'une adolescence passée sous toutes les représentations possibles et inimaginables de l'art. Gardes-toi de penser que je pourrais déceler chaque référence qui viendrait se glisser dans tes locutions », définis-je avec un sourire amusé. Le bon côté était la culture générale que ça m'apportait, le revers de la médaille était plus terne : l'ordinaire ne savait me faire vibrer, ressentir d'émotion forte. Comme si l'art était un médicament dont j'avais abusé : il m'en fallait plus. Un second point que je venais à regretter était de ne pas avoir su pousser l'un de ces domaines à son paroxysme, me passionner.

La seule expérience qui comblait ma soif d'émotions était la chasse. Une pratique que j'avais laissé dans mon pays natal. Arcadia n'était guère semblable aux terrains que je pratiquais en Finlande... même s'il devait bien y avoir, non loin, des étendues de forêts dédiées à cette activité. De plus, j'avais une technique bien à moi, la technique Madsen, comme aimait le dire mon père. Je n'usais pas d'armes à feux mais d'un arc. L'archerie m'a toujours intéressé et je démontrais pour ce sport de réelles prédispositions. « Je suis finlandaise, avec la même affliction nostalgique de ne pas pouvoir me défaire de cet accent que j'avoue toutefois affectionner. » Une douce complicité dans le regard, je sirotai une nouvelle fois mon verre. Si le sien paraissait moins marqué, ça suffisait à me dire que les années ne finiront par me faire perdre le mien seulement si je le souhaite. Apprendre plusieurs langues n'était pas comparable à l'immersion totale. Vivre en Amérique améliorait mon accent bien plus que les leçons ne pourraient le faire.
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A bet is a bet (ft. Wolfreim) - Mar 3 Avr - 0:47

La patience était l’une des grandes qualités du chasseur et par conséquent, il ne forçait nullement la demoiselle à se mettre à nue, en se confiant entièrement et totalement sur ses sentiments, sa vision, ses attentes ou son passé. Il avait la profonde certitude que cette rencontre ne sera pas la première, ni la dernière, et que par conséquent, les opportunités pour découvrir de nouveau pan de sa personnalité seront nombreuses.

« Cultivée, mais non passionnée » constata-t-il, avec une petite pointe de déception. Il ne savait jamais s’il devait admirer ou prendre en pitié ces personnes aptes à apprendre multiples choses qui ne les passionnent nullement. Il avait bien essayé de s’adonner sérieusement à des études, ou à des activités, qui lui arrachaient bien d’innombrables bâillements mais il n’avait jamais réussi à tirer quoi que ce soit de ces leçons ou de ces lectures. Tous ces efforts ne se résumaient qu’à un terrible trou noir, et à un profond sentiment d’avoir perdu un temps précieux.

- Oh, nous sommes donc venus de pays voisins.
Il n’exposait qu’une évidence, mais d’une voix teintée d’un léger amusement, perceptible uniquement par l’interlocuteur et nullement visible par autrui. La sauvegarde des apparences était la priorité de Wolfreim où qu’il soit.

Il se tut à nouveau, remplissant son verre vide de vodka. Il tendit la bouteille à la demoiselle, l’interrogeant du regard : désirait-elle voir son verre se remplir à nouveau ? Il était rare de prendre autre chose que de la vodka au sein du Kremlin. Les pauvres mortels pensaient que la meilleure boisson de l’établissement était la vodka, et les récurrences slaves aimaient croire que la vodka était la seule boisson digne de leur délicat palais. En somme, tout tournait autour de la vodka. Lui-même en prenait pour se fondre dans une masse, n’être qu’une feuille ou une ombre parmi d’autres, et ainsi mieux approcher chacun, les traîtres comme les fidèles. Eternel traqueur, il chassait impitoyablement tout indésirable prédateur des territoires de la Bratva.

- Je ne sais pas si tu es consciente, mais nous sommes observés depuis tout à l’heure par un homme de taille moyenne, blond, peau blanche, dents de lapin, polo rouge, jean noir et basket blanc et noir,
indiqua-t-il, gardant toujours cette attitude nonchalante mais la mâchoire un tantinet plus crispé. Ne te retournes pas, et dis-moi juste si tu le connais.

Il connaissait personnellement cet imprudent qui pensait cacher son voyeurisme de Wolfreim en détournant rapidement son regard sur son stupide verre de vodka. Tactique facile qui ne pouvait pas tromper un homme rompu à l’art de la traque, même homme qui jaugeait subitement la brunette, cherchant à voir si elle allait mentir ou si elle allait être sincère.

Wolfreim ne croyait pas aux coïncidences. Une jolie fille qui l’abordait et qui descellait ses petits messages codés, et un de ses hommes de main qui l’observait un tantinet avec trop d’insistance, voilà deux éléments d’apparence trop distincts pour qu’ils le soient vraiment. Un lien semblait les lier, et il se promettait de le desceller et de prendre la décision adéquate, récompenser l’ingéniosité ou punir la stupidité et l’imprudence.
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A bet is a bet (ft. Wolfreim) - Mar 3 Avr - 18:22

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Verres délestés de leurs contenants, tentation à en prendre une nouvelle ration. Le liquide vint combler le vide que je goûtai sans mal. Si la modération construisait mon quotidien, il arrivait que des excès viennent ponctuer certains jours. Abondance mesurée de gourmandises partagées. L'alcool révélait les âmes sous un jour différent, un jour où les pensées pouvaient traverser les lippes sans culpabilité. L'attestation géographique me décrocha un sourire admiratif. Si beaucoup se rattachaient à des origines lointaines dont le savoir s'étiolait au fil des générations, nous paraissions tout deux être de fiers produits de ces pays scandinaves. Une affection portée à l'Est d'où les ressortissants foulaient les pavés d'Arcadia. Si le russe avait une ascendance primordiale sur les quartiers arborant les couleurs de la Bratva, Norvégiens, Suédois et Finlandais n'étaient pas des espèces en voie de disparition. Un plaisir nostalgique me laissait porter un regard familier et bienveillant sur chaque résident à l'idée de partager avec eux ce bout d'Europe dans les veines.

Si les babils tentaient de couvrir la musique ambiante dans cette chaleur humaine débordante d'alcool et de volutes acariâtres amenées par la densité de présence à cette heure tardive, paraissait nous entourer un halo nimbé d'une accalmie illusoire. De cette rencontre peu fortuite, il me venait l'idée d'en retirer plus qu'un simple verre, qu'un simple rire. C'est alors que l'annonce d'un regard persistant brisa cette pensée naïve. À son ordonnance, mes yeux ne se détournèrent pas des siens. Me contentant de boire une nouvelle gorgée du verre à l'alcool neutre dont les effets se faisaient ressentir dans mes phalanges. La description m'évoqua sans mal l'arbitre du pari. Un cillement impossible à réprimer, une excuse pourtant toute trouvée. « Une première tentative de passer une agréable soirée. Malheureusement, nous nous sommes révélés ne pas être de bonne compagnie l'un pour l'autre », décrivis-je en échappant un léger éclat amusé. « Il doit sans doute jauger qui de lui ou de moi est le fautif à cette mésentente », ajoutai-je afin de justifier le fait qu'il nous observait avec une insistance qui aura su attirer l'attention de Wolfreim.

Si ma personnalité était loin d'être propice pour faire de nouvelles rencontres simples et équilibrées, il m'était encore pensable que le problème ne vienne pas uniquement de mon détachement envers autrui et cette froideur qui se dégageait souvent malgré moi de ma présence. Un charisme aux yeux de certains, un mutisme pour la plupart. L'idée de me défaire de cette caractéristique m'avait parfois traversé l'esprit, sans jamais que l'idée ne vienne faire son nid au sein de ma volonté. S'ouvrir laissait à l'autre l'occasion de nous causer du tord, de faire mauvais usage de ce qui pourrait être dit ou fait. Bien que j'accordais une confiance naturelle mais mesurée à chaque membre de la Bratva, je n'en restais pas moins prudente et réservée. Préférant être mise de côté plutôt que de voir cette confiance - même superficielle - trahie et bafouée. Rares étaient ceux qui pouvaient se targuer de réellement me connaître... à plus forte raison dans cette faction rejointe encore que récemment. Une prudence qui ne devait pas échapper aux plus observateurs constatant qu'à mes actes et mes paroles, je ne laissais transparaître uniquement ce que je voulais bien. Une retenue, un dévouement envers mon travail, une déférence adressée à quiconque se trouvait au-dessus, un respect complice à ceux de mon niveau ou en-dessous. Comme un pion qui avançait dans une seule direction sans que l'on ne puisse lui accorder de détail, de vie personnelle en dehors de l'échiquier.
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A bet is a bet (ft. Wolfreim) - Mer 4 Avr - 23:02

Le langage corporel était un langage assez complexe à étudier, et à maîtriser, de prime abord. Cependant, avec le temps et l’expérience, il était étonnant de voir à quel point les mêmes mimiques revenaient. Les personnes nerveuses avaient leurs ongles rongées – voire la chair décortiquée et ensanglantée -, les demoiselles coquettes lissaient constamment leur chevelure – ou retravaillaient un foulard « négligemment » rejeté autour de leur cou –, les artistes avaient besoin d’occuper leurs doigts d’or – deux couverts à la place de deux baguettes, un crayon, un tapotement sur une surface ou des dessins qu’eux seuls voient les traits – et enfin les personnalités frigides qui brillaient pour l’inexpressivité de leur trait – ou même de leur corps.

« Froide comme ses terres natales. Comme moi »
conclut-il, ne sachant quoi en penser. Devait-il admirer la capacité de cette dernière à dissimuler bien des émotions ? Devait-il la plaindre d’être déjà recluse à cette existence glacée, et non se perdre temporairement dans la fureur et le feu de la jeunesse ? Devait-il s’en méfier, et la considérer comme une femme dangereuse ? « Ciller, à ma question soudaine, et presque paranoïaque. Et ne pas être tentée de se retourner, continuer à me regarder, en buvant son verre ».

Soudainement, par un simple rire « amuse », la demoiselle brise toutes ses interrogations, le troublant. Le chasseur qui voulait chasser se voyait subitement chassé. En effet, à vouloir l’étudier, la disséquer et la comprendre, il s’était tout simplement perdu dans les filets de cette dernière. Son rire avait brisé cette illusion du contrôle qu’il pensait exercer sur la situation, et l’éveiller dans un environnement où il n’était qu’un simple homme charmé par une bourgeoise inconnue qu’il lorgnait, observait et épiait depuis quelques temps déjà.

Il répondit à son rire, non pas pour une raison mais pour de multiples raisons. Il riait pour accompagner sa nouvelle amie dans cette douce euphorie que seul l’alcool pouvait prodiguer. Il riait de sa naïveté, celle de croire qu’il était devenu suffisamment maître de sa personne pour pouvoir tout contrôler – même une jolie inconnue. Et enfin, il riait de la réponse de cette dernière – qui pouvait être un mensonge comme une vérité, voir ni l’un, ni l’autre – et imaginait déjà cette stupide scène où son homme de main se faisait recaler.

- Comment juges-tu si une compagnie est bonne ou pas ? Personnellement, je la juge à la bouteille, indique-t-il en glissant ladite bouteille de vodka entamée au milieu. Si nous la finissons à deux, c’est que nous nous apprécions et sommes de bonne compagnie. Si tu la finis seule, ou je la finis seul, c’est que le plaisir n’était pas totalement partagé.


Il fut une époque, lorsque son mentor lui avait servi cette histoire pour la première fois, il avait classé le bougre comme un alcoolique. Aujourd’hui, sa vision n’avait guère changé : alcoolique. Cependant, nullement un alcoolique par choix mais par obligation. Au sein de la Bratva, ce n’était pas avec du thé qu’il était possible de négocier avec son prochain et surtout la vodka tenait lieu d’eau. Une eau juste corsée, voire aromatisée avec un peu de chance.

- Tu connais une de mes passions, mais je ne sais toujours rien de toi, indique-t-il. Mais toi, t’as deviné quelque chose, cette petite phrase poétique. Je voudrais bien essayer de deviner quelque chose sur toi, notamment une passion qui te fait vibrer.


Il pose une main au-dessus de la bouteille, se redresse bien droit et plonge son regard tout droit dans celui d’Herkja.

- Un jeu simple, qu’on avait l’habitude de jouer avec quelques potes à moi quand j’avais la trentaine. Je soumets des hypothèses. Si j’ai juste, je bois et tu ne peux pas boire. Si j’ai faux, tu bois et je ne peux pas boire.


Il taisait le contexte du jeu en question, un contexte où les règles répondaient à une logique imparable. Il n’était pas proposé dans un simple bar, avec une demoiselle, mais davantage dans quelques cellules à l’hygiène douteuse, un flingue au milieu et un ennemi en face. Pour arriver à la réponse, il fallait garder la tête au clair et donc ne pas boire. Lorsqu’une réponse était enfin arrachée – ou une piste – alors, il fallait fêter en buvant. Quant à la partie adverse, plus elle s’entêtait à ne pas répondre et plus il fallait la faire boire pour qu’elle livre ses secrets.

- Qu’en dis-tu ?

« Et puis, tu seras épargnée de trop parler, petite poète »
pensa-t-il. Il ne détestait pas le timbre de sa voix – loin de là – mais il sentait qu’elle était comme lui : détester parler de choses futiles, dans le vent, dans l’unique but de combler un silence qui n’est pas forcément gênant.
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A bet is a bet (ft. Wolfreim) - Jeu 5 Avr - 13:58

A bet is a bet
Surprenante acrobatie pour retomber sur mes appuis. Un écart qui me laissait partagée. Même si je déplorais devoir user d'astuce pour détourner un propos, il fallait rester honnête et assumer que sans cet homme au comptoir, jamais je ne serais allée vers Wolfreim. Au-delà d'une simple intimidation - qui était plutôt une façon pour moi de me préserver, ne pas me faire remarquer par les hautes têtes de la Bratva m'assurait une discrétion appréciable, étant déjà bien trop visible pour beaucoup d'entre eux - je savais me mettre à la place de personnes de son genre (supposé). Sans une heure bien avancée dans la soirée, j'étais du genre à repousser chaque personne se présentant à moi. Préférant rester fidèle au peu de conversation qu'il m'était donné d'avoir avec le serveur chargé de remplir mon verre. Bien que je n'avais, à cet instant, pas l'impression de déranger Wolfreim, sans ce pari je me serais contentée de l'observer de temps à autres sans venir l'importuner. Si l'on pouvait se passer de raison valable pour aller vers autrui dans un bar, ça restait une pratique qui m'incommodait. Pourquoi irais-je alors l'imposer à quelqu'un ?

Ses commissures se courbèrent dans un rire qui me parut sincère. Une implacable victoire qui pourtant n'en avait pas le goût. Légère euphorie ambiante qui s'enchaîna sur une question bien plus intéressante que ma capacité à faire rire un client à la mine patibulaire. Il m'expliqua jauger l'appréciation d'une compagnie à la bouteille. Un regard perplexe mais attentif appuya mon attention sur ses mots. Une pratique intéressante, un jeu auquel il restait toutefois dangereux de se prêter... Si d'honnêteté il fallait répondre, certaines questions sauraient rapidement mettre mal à l'aise n'importe quel parti. J'inspirai en silence avant de boire le reste de mon verre lorsque Wolfreim évoqua son intérêt d'en savoir plus sur moi, sur ce qui pouvait me faire vibrer. Une question qui revenait bien trop souvent ces derniers temps et que j'aurais aimé laissé de côté. Ce jeu avait beau avoir un principe ludique, je n'étais pas sûre d'être assez alcoolisée pour qu'il me plaise.

Un risque que pourtant, à son regard perçant, j'acceptai de prendre. M'armant de détermination plus que de courage, je posai avec délicatesse mon verre vide au milieu de la table. D'une voix implacablement douce masquant une résignation déterminée, je poursuivais son idée. « Une technique d'interrogatoire qui a sûrement dû faire ses preuves avec au milieu de la table autre chose qu'une bouteille de vodka », avais-je compris sans mal au vu de sa place et du contexte dans lequel nous évoluions tous les deux. Si mon regard restait sûr et stable, quelques micro-expressions et un battement de cœur plus soutenu masqué par le bruit ambiant sauraient déterminer à n'importe quel bon observateur l'appréhension que me procurait l'idée de me dévoiler. Appréhension qui, même auprès d'amis, persistait. « Commençons », déclarai-je malgré tout avec un sourire presque provocateur.
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A bet is a bet (ft. Wolfreim) - Lun 9 Avr - 0:55

La remarque pertinente arracha un sourire forcé à Wolfreim. Il était toujours plaisant de voir que les recrues ne se berçaient pas de nobles illusions – la Bratva était tout sauf noble – mais également déstabilisant de voir de si jeunes esprits déjà rongés par le poison du crime – un mal nécessaire pour le grand bien, celui d’une vaste famille dont chaque membre compte.

- Je ne suis qu’un honnête homme, qui gagne son pain avec une boutique de chasse. Je ne vois pas de quoi tu parles, mentit-il faussement. Certes, ils étaient au Kremlin – une forme de QG de la Bratva – mais la paranoïa et le sens du détail faisaient que Wolfreim ne parlait jamais ouvertement de ses activités à toute personne qui n’était pas son supérieur ou égal, ou qui ne faisait pas partie de sa brigade. Le jeu semble te gêner. Es-tu sûre de vouloir jouer ? Je désire seulement que nous nous amusons

Elle réfute. Elle désire jouer. Alors, Wolfreim s’exécute. Il commence son « interrogatoire ».

- Tu aimes les activités extérieures ? demanda-t-il. La réponse tomba. Elle ne buvait pas.

Il aurait pu opter pour les activités intérieures mais l’aura de la jeune femme personnifiait davantage la nature sauvage que le paisible intérieur domestique. Cette indication restreignait considérablement les activités possibles, et il avait grand espoir de pouvoir obtenir une réponse bien rapidement, sans qu’elle ne soit déjà saoule – quoique, en bonne Finlandaise, elle devait avoir une bonne tolérance à l’alcool – ou qu’il ne soit saoul.

- Tu aimes jardiner ? Aussitôt, elle ingurgite. Elle avait une activité en lien avec l’extérieur – et peut-être la nature – mais pas en interaction avec cette dernière.

Aussitôt, les questions fusent.

- Tu aimes le vélo ?
Elle boit.
- Tu aimes le footing ? Elle ne boit pas, mais hausse des épaules. Elle aimait, mais ce n’était pas là la passion première. Ou alors le footing était une prérogative à la passion qui la faisait vibrer.
- Tu aimes la randonnée ? elle ne boit pas.
- Tu aimes camper ? Elle ne boit pas.
- Tu aimes faire de l’escalade ? Elle boit.

Nature, randonnée, camping, footing… Aussitôt après, il se concentrait sur le Karma qui entourait la belle. Si les Divins n’étaient que des entités endormies bien souvent, il n’était pas rare qu’elles influencent indirectement leur hôte en insufflant un penchant pour une activité particulière, ou en choisissant tout simplement de s’installer dans le corps d’une personne personnifiant parfaitement bien leurs attributs.

Il était un excellent exemple :
« Ull », divinité de la Chasse et la Justice, de l’Arc et du Bouclier.
Wolfreim, homme passionné de chasse et première barrière pour ses alliés.
Deux personnalités similaires, deux passions emmêlées, et une même fonction que ce soit au sein du panthéon nordique qu’au sein de la Bratva.

« Elle sent la forêt, le sang. Un arc semble décorer son dos »
. Il étudiait attentivement, et davantage au fur et à mesure de ses déductions et de ses conclusions.

- Etonnant, nous aimons tous deux la solitude, nous semblons apprécier la compagnie de chacun et surtout, nous aimons la chasse, indiqua-t-il. Etrange coïncidence, ne trouves-tu pas ?

Il se tut, perdu dans ses pensées. La coïncidence était bien trop grande pour qu’il l’ignore. Leurs points communs étaient trop nombreux, au point où il était partagé entre la suspicion qu’on lui jouait un très mauvais jeu et l’excitation – et la fascination – de découvrir une potentielle autre chasseresse, une personne avec qui il pourrait partager une passion. Aussi étonnant que cela puisse paraître, il était plus affligeant pour la majorité de chasser des animaux, que de tuer des hommes… La folie de ce monde.

- Continues-tu à chasser ici, ou as-tu arrêté ?
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A bet is a bet (ft. Wolfreim) - Mar 10 Avr - 11:51

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Là où on m'imagine jeune prodige aux possibilités innombrables, disposée à bien des carrières et bien des ambitions, je finissais par me révéler n'être d'un coquillage vide. Depuis que Meik était plongé dans ce profond sommeil, ma vie et mes sentiments semblaient s'être mis sur pause. Un mode qui me permettait de vivre sans jamais vraiment en profiter. Une distance accrue envers les autres, un désintéressement de la société et de la contribution qu'il me serait possible d'y apporter. Je n'avais pas d'autre aspiration que celle de retrouver ma famille. Ce qu'il en restait. Une prétention que je touchais du bout des doigts en rejoignant la Bratva d'Arcadia. Pourtant, je marchais encore sur des œufs, persuadée que c'était en étant aussi près du but qu'il me fallait faire attention au moindre pas, à la moindre parole.

Engouffrée dans un quotidien morne ou œuvrant pour bienfaits et méfaits d'une organisation, ça ne changeait rien à mes yeux. Plus que nulle part ailleurs, mes valeurs étaient respectées au sein de cette faction qui m'avait tendu les bras. Même Madsen Man ne m'apparaissait pas comme une solution pour accomplir mon dessein. Un agglomérat d'hommes d'affaires, de riches actionnaires avides du moindre profit personnel. L'entreprise de mon père n'avait plus rien d'une famille depuis sa mort. Les investissements venaient augmenter le chiffre, les rendements, et encourageait à un capitalisme cancérigène pour l'âme. Je préférerais avoir du sang sur les mains que de contribuer à cette expansion nuisible. Si je comptais sur Zven pour faire la différence, jouer d'un contre-pouvoir, je ne me berçais pas non plus d'illusions : viendrait un jour où il cédera à l'appétit carnassier de nos investisseurs. Mais ce jour n'était, je l'espérais, pas encore arrivé.

Wolfreim ne parlait pas de mots, seulement de regards et d'expressions impossible d'utiliser efficacement contre lui. Ce qui m'accrocha un sourire admiratif. Si personne ne fermait réellement les yeux sur ce qui se passait, en parler n'était bon que pour les imprudents prétentieux. Alors qu'il soupçonnait la gêne engagée par sa proposition de jeu, il me vint la folle idée de le rassurer sur ce point. « Il en faut plus pour me faire reculer », prétendis-je l'air amusée. Quels étaient les risques ? Et puis, ça restait un jeu. S'il vient un moment où je préfère ternir l'impression qu'il se fait de moi plutôt que de me livrer à lui, il me serait possible de faire ce choix. Même si j'aimais jouer, ce qui pourrait amener ce défi plus loin que je ne le pensais.

Les questions commencèrent à fuser au rythme des verres que je buvais ou non. Amusée de voir ses pupilles refléter sa réflexion, je gardais un silence complet. Sa façon perçante de m'observait donnait à cet échange une intimité insoupçonnée. Que voyait-il en moi ? Cette question ancrait mon regard dans le sien, comme si je voulais transformer ses iris en un miroir de sa réflexion. Wolfreim finit par briser le fil du jeu en posant une question qui n'allait faire boire aucun d'entre nous. Une coïncidence... Les chasseurs n'étaient guère légion à Arcadia. Cette ville gigantesque n'était pas le lieu idéal pour des personnes comme nous. Une population dense, le bruit, les lumières, même la nuit la ville ne s'éteignait. Il y avait toujours un élément perturbateur et quelqu'un non loin de nous. « Étrange », soulignai-je en réponse sur un ton plus préoccupé que je ne le pensais.

Bon nombre de personnes que je croisais à la Bratva et parfois en dehors de celle-ci me donnaient cette impression non pas de déjà vu, mais d'un lien. D'une nature que nous aurions en commun. Une aura imperceptible que je n'avais jamais ressenti auparavant. Avec Wolfreim, il y avait quelque chose en plus. Sûrement une connivence due à nos attraits respectifs qui se ressemblaient plus que je n'aurais pu le soupçonner... « Je n'ai malheureusement pas eu l'occasion de chasser depuis que je suis arrivée aux États-Unis. En plus d'ignorer bien des réglementations à ce sujet, Arcadia n'est pas le meilleur terrain pour chasser du gibier. En Finlande je passais plusieurs week-ends avec mon père dans les étendues de la Taïga. J'aimais le bruit silencieux du vent, la neige persistante... Un environnement vivifiant qui appel à une déférence implacable. Nous étions si amoureux de ce silence que nous chassions à l'arc », échappai-je en un rire mélancolique avant de chasser cette expression de mon visage. « Je m'emporte un peu, c'est juste que... ça me manque plus que je ne voudrais l'admettre », ajoutai-je en levant mon verre à Wolfreim avant de le boire. « Je me doute qu'en Amérique la chasse doit avoir une place importante, et si tu en es à tenir une boutique s'y dédiant, c'est que de ton côté, tu dois continuer à chasser, non ? » Demandai-je en m'égarant du jeu comme une façon inconsciente de dévier l'attention.
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A bet is a bet (ft. Wolfreim) - Dim 15 Avr - 18:29


La coïncidence semblait perturber Herkja autant que Wolfreim. Dès lors, avec grande réticence certes, le Chasseur acceptait de mettre cette étrange soirée sur le compte du hasard et de la « chance ». Il ne savait pas s’il avait raison de taire aussi vite, et aussi facilement, sa méfiance. Cependant, le charme naturel, le froid mais agréable karma de la demoiselle et cette passion commune l’emportaient bien sur tout le reste, et rendait même davantage curieux le quarantenaire au sujet de la dame.

Il ne s’attarda guère plus longtemps sur une réflexion sur la chance ou non, se laissant porter par les descriptions de la brune. Oh, il avait eu droit à des promenades similaires en Suède : une terre bénie et un peu pauvre au milieu de cette étendue enneigée, des pieds qui s’enfoncent dans ce manteau blanc épais dans un crissement détestable – un crissement qui pourrait alerter une proie à l’ouïe trop fine – et ce froid mordant qui faisait rougir joues et yeux. Des sensations qu’il ne retrouvait guère en Amérique, des sensations qu’il partait chercher directement dans son pays natal à quelques rares occasions.

- Il faut un permis de chasse et un permis de port d’armes peut-être, vu que t'es pas vraiment née dans les parages. Pour ce dernier point, à vérifier les dernières lois. Je pense que ton avtoritet saura y pourvoir, si tu ne sais pas comment t’y prendre
, ajouta-t-il. Etre chef de brigade n’était pas juste une affaire de donner des ordres : c’était une gestion d’une bande de gamins. Il fallait leur apprendre certaines lois, il fallait leur tenir par la main pour certaines démarches, voire carrément obtenir certains papiers pour eux. Pour le permis de chasse, n’hésites pas à passer à ma boutique quand tu es disponible et je te dirais les documents à rassembler, les documents à remplir et les bonnes adresses où envoyer.

Sur ce dernier point-là, Wolfreim pouvait se vanter d’avoir son petit réseau de chasseurs construit en toute légalité, un réseau où il semblait devenir petit à petit la nouvelle référence – ou le nouveau gourou -, un statut qui lui plaisait beaucoup et qui lui facilitait beaucoup la vie pour toutes ces questions de puissance et de réputation. De l’appréciation, il avait eu droit au respect par ses pairs mortels. Aujourd’hui, il était devenu source d’admiration. Demain, il espérait avoir droit à quelques vénérations – une chose qu’aucun dieu ne rechignait, une chose dont la Bratva avait besoin.

- Quand tu auras ta licence de chasse, je te donnerai une carte avec les principaux terrains de chasse en Amérique, ainsi qu’un descriptif détaillé sur le gibier qui peut être trouvé mais également sur les dangers, comme les principaux prédateurs ou les dangers naturels. Et selon les saisons, évidemment, il faudra faire attention de ne pas tout chasser, une affaire de préserver certaines espèces en voie de disparition. En tout cas, une seule bonne chose en Amérique : tu peux chasser en toute saison. Le pays est si grand, qu’il y a toujours un Etat où il y a une saison pour chasser un quelconque gibier.

Il respectait grandement les règles, et surtout celles qui étaient question d’équilibre de la nature. Sur ce dernier point, il y avait deux écoles distinctes : la première – dont il faisait partie – où la chasse n’était pas juste un plaisir mais un besoin – stocker de la nourriture, revendre etc – qui nécessitait un respect absolu de la nature si on voulait que l’activité perdure dans le temps, et la seconde école pour qui ce n’était qu’un stupide sport temporaire – une passion passagère qui allait bien disparaître s’il n’y avait plus rien à chasser. Il se demandait dans quelle école classer la demoiselle mais, il avait l’intime conviction qu’elle était comme lui. Ou qu’il était comme elle. La frontière entre leur personnalité respective semblait bien fine soudainement, à croire qu’ils allaient bientôt jouer au jeu des sept familles.

- J’ai pas mal d’armes de chasse, comme d’outils. Fusils, arbalètes, arcs… Des cartouches. Des pièges pour divers animaux. Enfin… je ne vais pas t’embêter avec mon inventaire, tu verras bien par toi-même, conclut-il, coupant court rapidement à cette frénésie qui s’emparait de lui. Il faut dire, il était plutôt fier de sa petite entreprise, construite de rien, et qui grandissait agréablement. Qu’aimais-tu chasser principalement en Finlande ?
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A bet is a bet (ft. Wolfreim) - Mer 25 Avr - 11:00

A bet is a bet
La curiosité piquée de Wolfreim se reflétait dans la mienne. Un échange incongru qui paraissait être le berceau de bien plus important qu'une rencontre dans un bar. Des rencontres dans ce bar avaient déjà suffit à transformer ma vie... j'ignorais si cela me rendait plus apte à accepter que cela se reproduise, mais en tout cas aucune réticence ne venait troubler cette intéressante discussion. Un échange où l'un comme l'autre, nous paraissions bien plus apte à converser qu'à l'accoutumée.

Sur mes appréhensions, Wolfreim vint à me guider vers mon recruteur. J'ignorais si Avgust était du genre administratif, mais s'il me conseillait de le voir, c'est que ce dernier devait sans doute pouvoir me mettre sur la voie. Peinant déjà à maintenir mon visa d'actualité, je craignais que les lois soient plus complexes que ça dans des cas comme le mien... « À l'occasion, j'irais l'embêter avec ça », répondis-je en sirotant mon verre. Si ce n'était pas une priorité, il fallait avoir que du temps libre s'annonçait face à moi. Le combler avec la chasse était une idée qui me ravissait. Je souris à la description que Wolfreim faisait de la chasse en Amérique, décrivant cela tel l'Eldorado du chasseur. Sa passion transpirait dans ses mots, captant mon intérêt bien plus que je ne le souhaitais.

Si je comprenais l'intérêt de ces règles présentes en chasse, je déplorais le fait qu'elles doivent être écrites pour être respectées. Mon père m'avait éduquée dans le respect de la nature et du vivant. Chaque vie ôtée devait servir une cause ; à la chasse, la viande nous nourrissait, la peau nous réchauffait, les os nous équipaient. Bien que l'industrialisation et la mondialisation laissent se perdre de nombreux intérêts à la chasse, nous permettant de pallier à ces besoin sans bouger de notre canapé, je préférais de loin être cette idée de chasse moi-même ma viande, de connaître ses origines et d'ainsi m'assurer du bon traitement de l'animal. Sans aller jusqu'à me plonger dans la protection animale, je mettais un point d'honneur au respect de ceux-ci.

Alors que je l'écoutais avec attention, Wolfreim énonçait ses trésors. Bien qu'il n'y avait aucune raison apparente, imaginer ces étals et le plaisir de la chasse retrouver a travers de son regard, j'en vins à avoir de légers frissons. Détournant un bref instant mes yeux des siens, je vins servir à nouveau nos verres tout en lui répondant. « Nous chassions généralement du petit gibier : tétras, lièvres. S'il nous était déjà arrivé de chasser des élans, le dernier séjour de chasse qu'il m'ait été donné de faire avec mon père nous a mené sur les traces d'un ours. Je dois avouer que c'était... impressionnant », décrivis-je sans effacer cette amère mélancolie qui me ramenait à la mort de mes parents. Si cela faisait quelques années, je n'avais sans doute pas entièrement fait mon deuil. Laissé en suspend le temps d'un voyage outre-atlantique. « Je suis très curieuse de voir ce que l'on peut trouver en Amérique, sans faute passerai te rendre visite à ta boutique », assurai-je en levant mon verre à Wolfreim avant de boire.

Je sentais le bout de mes doigts s'engourdir et mes réflexes s'altérer par l'alcool. Une sensation d'ébriété qui m'amusait en cette douce compagnie. « Désolée mais... j'échappai un rire dans une expiration. C'est assez étonnant de rencontrer une personne avec qui je partage autant de points communs, comment se fait-il que nos routes ne se soient pas croisées plus tôt ? » Demandai-je faussement avec un sourire bienveillant. Si la place de Wolfreim maintenait un certain écart entre les recrues et lui, je fréquentais Ashmill depuis cinq années maintenant et... je ne sais pas... j'avais la sensation que nous aurions pu nous connaître bien plus tôt. Que nous aurions nous trouver plus tôt. Les sens altérés, peut-être m'échappai-je dans des impressions qui n'étaient aucunement fondées et que si je n'arrêtais pas de parler je passerai certainement pour une personne étrange dont il faudrait se méfier...
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A bet is a bet (ft. Wolfreim) - Dim 13 Mai - 19:15


Il y a une dizaine d’années, Wolfreim aurait sans aucun doute croisé la route de la brune dès ses premières semaines au sein de la Bratva. Jeune avtoritet, il était en recherche constant de nouveaux talents qui avaient une préférence légitime pour des personnes à la réputation déjà bien établie. Aujourd’hui, il ne s’encombrait plus à chercher des recrues. Elles lui venaient à lui, naturellement. Il devait même refouler certains, sans les voir, tant les demandes pouvaient être importantes à certaines périodes.

- J’avoue que je me cantonne à ce que je connais. Mon commerce, des amis de longue date, quelques jeunes à former …
se contenta-t-il de répondre. C’est rare que je parle à de parfaites inconnues tous les quatre matins.

Il se tut à nouveau, buvant la dernière gorgée de son verre et se resservant le fond même du verre. A ses yeux, la soirée ne tardait pas à toucher à sa fin. Une bouteille finie signifiait souvent le retour à la maison, soit seul, soit dans quelques bras. Ce soir, la première option semblait se profiler à l’horizon à moins de se faire attribuer une mission, ou qu’une de ses maîtresses n’ait la lubie de venir.

- Cependant, j’ai l’étrange certitude que nous allons nous croiser à de multiples occasions dans le futur, et que les surprises ne vont pas cesser.

Depuis qu’il savait sa nature, et son intégration à la Bratva, il s’était rendu compte à quel point les connexions se faisaient tout naturellement – et inconsciemment – entre certaines personnes juste sur la base de divinités enfouies. Bon gré, mal gré, la relation humaine était souvent le miroir de la relation divine. Rares étaient ceux qui optaient pour une autre voie et ces rares souffraient bien trop souvent d’une schizophrénie aigüe, de troubles du comportement, sans parler de pouvoirs perturbés. En somme, des loques.

- Ma boutique est ouverte tous les jours, de neuf heures à dix-huit heures, sauf dimanche.

Evidemment, de tels horaires n’étaient pas en ligne avec la Bratva bien souvent. En effet, soit les missions étaient de jours, soit elles étaient de nuits – et il n’était pas suffisamment solide pour tenir plusieurs nuits blanches – et par conséquent, malgré lui, il avait embauché un garçon tout ce qu’il y a de plus honnête et de plus travailleur qui dépense son salaire pour quelques obscures études de physique. Il aurait pu signaler à Herkja qu’il n’était pas toujours en boutique mais il se retint. Difficile de lui dire qu’il était présent à des jours fixes, ou non fixes.

Il sort nonchalamment son portefeuille pour en extraire quelques billets qu’il dépose sur la table, ainsi qu’une carte de visite – de sa boutique – qu’il pose devant la jeune femme.

- Le nom, l’adresse et le téléphone de la boutique, indiqua-t-il. Ce n’était évidemment pas son numéro privé, et cela se voyait assez vite aux premiers chiffres de la série. Peut-être qu’on se croisera là-bas la prochaine fois. Je ne vais pas tarder, personnellement. Quant à toi, te sens-tu suffisamment claire pour rentrer chez toi, ou faut faire appel à un taxi ? demanda-t-il, en jaugeant Herkja, cherchant à savoir si elle mentait ou non, si elle était encore véritablement capable ou non.

Elle disait oui, avec assurance. Il ne tarda plus dès lors pour finir ce dernier verre, se relever, enfiler sa veste, faire un petit signe d'adieu et disparaître.

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