Remontant mon sac en bandouillière sur mon épaule, je pousse un soupir en maudissant le sac que je transporte. Non pas que celui-ci soit lourd (il ne contient que mon ordinateur professionnel), mais sans lui, j'aurais pu me rendre rapidement à mon lieu de rendez-vous en volant. Cependant, la vie étant ainsi faite, j'utiliserai ma forme d'abeille une autre fois.
Cet après-midi, je rends service à une connaissance de connaissance ou quelque chose du genre. (Je reconnais que j'ai perdu le fil de la conversation quand on a essayé de me préciser davantage les liens entre tout ce beau monde.) Le propriétaire d'une boutique a besoin de refaire son site internet car il a des bugs. Le truc classique. Alors qu'habituellement, je peux régler ça sans quitter mon bureau, on a demandé à ce que je me déplace sur place. J'ai accepté parce que, en plus de me changer les idées sur ce que je peine à réussir à concevoir en ce moment, on m'a promis une indemnisation pour le déplacement. Je ne vais pas surement dire non au vu de cette charmante contrepartie. C'est pourquoi ma pause déjeuner finie, j'ai pris le mot griffonné avec l'adresse dessus et suis partie.
Je n'ai pas mis longtemps avant de trouver la boutique en question. Un de nos derniers clients étaient justement dans ce coin de la ville, sauf à quelques rues plus loin. Je reste quelques instants devant la devanture pour m'assurer qu'il s'agit de la bonne adresse. Si c'est effectivement le cas, je vais devoir m'efforcer de garder une apparence professionnelle. La boutique en question est une boutique de chasse et on peut facilement y croiser des personnes avec des idées pour le moins arrêté sur l'environnement et la protection de la biodiversité.
A l'intérieur du magasin, je navigue entre les rayons pour rejoindre une caisse.
-Bonjour ! Il y a quelqu'un ?
Ma voix est forte dans l'espoir de me faire entendre jusque dans l'éventuelle réserve. Jusqu'à ce que j'arrive à la caisse, je n'ai en fait entendu ou vu personne dans le magasin.
-Je suis l'informaticienne !
Pour certains de mes amis, le fait de dire mon métier est quasiment comme si j'étais le nouveau messie. Peut-être serait-ce également le cas ici ? Attentive, je regarde les lieux dans l'espoir de ne pas être prise par surprise par une venue impromptue.
Les fleurs et la chasse [PV Wolfreim] - Lun 21 Mai - 13:36
- Notre informaticienne a-t-elle un nom et un prénom ? demanda Wolfreim, en abandonnant l’arrière-boutique pour aller à la rencontre de la nouvelle arrivante.
Il était au courant qu’une demoiselle spécialisée dans l’informatique allait venir pour remettre sur pied son site internet, et qu’elle se nommait Célestine Beauchamps – un nom bien européen, voilà la première pensée du Suédois -. Pourtant, il aimait toujours vérifier. On n’était jamais à l’abri de quelques malheureux et fâcheux quiproquos – un remplacement etc… -. Lorsqu’il vit son visage, il n’eut guère besoin d’avoir une réponse à sa première question. Son employé, un jeune étudiant en qui il avait plutôt confiance et non affilié à aucune mafia, lui avait montré le profil de la demoiselle – une photo -, connaissant le caractère un peu parano et prudent de Wolfreim – il s’est fait suffisamment d’ennemis en vingt ans, pour mourir en un claquement de doigt en acceptant n’importe qui dans son pré-carré. Et ce profil collait à la silhouette qui lui faisait face. « Cependant, nous ne sommes jamais à l’abri » pensa-t-il, se remémorant rapidement l’organisation de sa boutique de chasse. Si pépin, deux pas à la droite, il avait accès aux arcs. Deux pas sur la gauche, et c’était quelques petits pièges facile à déployer. Il tend la main, sourire aux lèvres, regard chaleureux – une façade qui cachait sublimement ses profondes pensées. - Je suis Wolfreim Nörgaard, propriétaire de la boutique. Je vous remercie pour votre temps, introduisit-il. Son regard vint à changer pourtant. Il percevait l’étrange aura qui entourait la demoiselle. Elle n’était pas humaine, mais elle n’était pas non plus une déesse. Il retint difficilement de pousser un petit soupir las. Le surnaturel semblait le poursuivre dans son monde. Les humains étaient devenus cette denrée rare. Un second regard sur l’aura, et il en conclut sa nature. Charmante Nymphe.
Inconsciemment, il repensa à quelques anciennes conquêtes Nymphes. Il ne pouvait nier la vérité : elles étaient sacrément charmantes comme compagnes. Mais sacrément volages – du moins, celles qu’il avait courtisé, ou qui l’avaient courtisé. Toujours est-il, qu’importe le passif qu’il avait eu avec ses consœurs, Wolfreim oubliait toute prudence – ou du moins, partiellement – et devenait sucre et miel. Il semblerait que ce n’était pas seulement les divinités grecques qui aimaient courir les donzelles de la Nature.
« Je suis pitoyable », pensa-t-il à chaque fois que sa récurrence et ses vieilles habitudes prenaient un peu le dessus. Ull, divinité de la chasse, chassait en respectant certaines règles. L’équilibre, l’animal … ne tuer soit sans douleur soit en cherchant à abréger les souffrances au plus vite, et surtout ne tuer que lorsque c’était possible sans mettre en danger un équilibre naturel. A bien réfléchir, cette inclinaison naturelle qu’il avait avec ces Nymphes pourraient aussi s’expliquer par ce respect mutuel pour la nature. Enfin, respect demi-teinte car il était de ceux pour qui la chasse était aussi un dépassement de soi. Tuer plus fort nécessitait patience, courage, ruse et astuce. Cependant, jamais, ô grand jamais, il n’avait fait une chasse intensive dont le but était de décimer une population ou juste amasser une folle quantité de trophées.
- Je vends pas mal d’articles de mon site internet, mais ces derniers temps, impossible de charger les nouveaux articles et impossible de recevoir les nouvelles commandes, indiqua-t-il en indiquant d’un signe de main l’arrière-boutique, là où il avait son bureau et l’ordinateur en question. Vous serez plus à l’aise, à l’arrière.
Si la boutique était modérée en termes de produits, l’arrière-boutique était un tout autre monde. Les pièges les plus complexes et les plus dangereux ainsi que l’artillerie de chasse et les munitions étaient stockés dans une forme de petite salle métallique dont les fenêtres étaient des grilles étroites, et dont la porte était cadenassée. L’artillerie stockée dans la caserne comme on voit dans les séries policières.
Il lança un regard discret vers la Nymphe, s’assurer qu’elle n’allait prendre peur ou qu’elle n’allait pas le considérer comme un psychopathe pervers qui allait l’enfermer et la torturer. Les armes pouvaient avoir un pouvoir incroyable sur l’imaginaire d’autrui…
Comme c'était à prévoir, je sursaute lorsque quelqu'un émerge de ce qui semble être l'arrière boutique. Je retiens un juron. C'est loupé pour cette fois.
-Je suis Célestine Beauchamp.
Une chance pour moi que je ne me sois pas décidée à vouloir prononcer son nom tout de suite. En l'entendant se présenter, je me dis que je lui aurais très certainement fait saigner les oreilles. Je ne pensais pas vraiment que son nom de famille se prononcer ainsi. Néanmoins, je ne me démonte pas et lui adresse un sourire professionnel.
-Le plaisir est pour moi !
Sans me vanter, je suis sûre que cette histoire va être régler en moins de temps qu'il en faut. Souvent, dans ce genre d'ennui, c'est une broutille qui explique le soucis. Mais le problème est qu'il faut y penser bien sûr. Et ça, même avec toutes les connaissances qu'on peut avoir, si on ne voit pas le guillemet ou le crochet manquant, on est toujours dans la merde.
Au bout d'un moment, je me rends compte que le propriétaire de la boutique a quelque chose de bizarre. Finalement, après quelques secondes de réflexions, à la vue des regards qu'il me lance, mes sourcils se lèvent de compréhension.
C'est un dieu. Et vu le regard qu'il me lance, il a dû comprendre que je suis une nymphe. En fait, au vu des regards qu'on se lance je pense que l'échange doit plus ou moins signifier : je sais que vous savez que je sais.
Après quelques secondes, je décide de partir du principe de faire comme si je n'avais rien remarqué. Oui, il paraît que les nymphes sont attirées par les dieux. Oui, je reconnais qu'il pourrait être mon type d'homme si je devais m'intéresser à sa catégorie d'âge. Mais le point est que je ne suis pas intéressée. Et je ne suis pas du genre à sauter sur quelqu'un à la première rencontre. Au deuxième je dis pas mais pas au premier. Et de toutes façons, mon ex était bien plus mignonne que lui.
-Vous anticipez ma question, Monsieur Nörgaard. Effectivement, je peux comprendre que vous ayez besoin de réparer votre site internet le plus promptement possible. Par curiosité, vous pensez avoir perdu combien de commandes depuis que le bug s'est déclaré ?
Je pars du principe que si effectivement il a beaucoup de commandes, il n'a pas attendu pour prendre contact avec moi. Alors que je le suis vers l'arrière-boutique, je continue à enchaîner mes questions.
-Vous vous souvenez de la dernière action que vous avez fait avant que le bug ne se déclare sur votre site ? Est-ce que celui-ci ou un similaire s'est déjà produit par le passé ? Votre site est-il récent ou date-il d'un certain nombre d'années ? Pardon, je pose beaucoup de questions mais je veux cerner le problème au mieux.
J'étais sur le point de continuer mon flot de question lorsque je m'interromps brutalement en voyant le contenu de l'arrière-boutique. Je n'ai pas de problèmes avec le deuxième amendement même si je peux concevoir que ce n'est pas forcément la première des solutions que j'utiliserai. Mais là, il y a beaucoup d'armes dans le coin. Beaucoup, beaucoup. Je dois certainement avoir une belle mine horrifiée lorsque je prononce d'un ton faussement détaché.
-Rassurez-moi : toutes ces marchandises ne sont pas en état de fonctionnement ?
Histoire de savoir si je peux ne serait-ce qu'effleurer ces choses sans craindre pour ma vie. Ca peut être utile hein.
Apercevant finalement l'endroit avec l'ordinateur promis, je me dirige vers celui-ci afin de pouvoir installer mon propre ordinateur.
-Vous pourriez me donner les accès wifi du magasin ? Je vais avoir besoin de mon propre ordinateur.
Je ne préfère pas m'étendre sur le sujet. J'ai remarqué depuis longtemps qu'il ne fallait pas partir trop dans des détails techniques pour éviter de perdre tout le monde.
Finalement, alors que les deux ordinateurs démarrent, je ne peux m'empêcher de l'interroger :
-Vous comptez faire quoi avec tout votre stock ?
Je suis curieuse de savoir ce qu'il va me répondre. Après tout, rares sont les chasseurs qui prennent en compte le maintien de la biodiversité. Je ne dis pas qu'il ne faut pas réguler certaines populations animales mais certaines personnes ne connaissent nullement la pondération et aime à s'en vanter. Peut-être est-ce son cas ?
Les fleurs et la chasse [PV Wolfreim] - Sam 26 Mai - 0:22
- Célestine Beauchamp … Seriez-vous française ?
Wolfreim parlait à ce jour quatre langues. Le Suédois – la langue maternelle -, le Russe – la langue de la Bratva –, l’Anglais – la langue du pays d’adoption – et enfin, le Français – la langue de la poésie. Sa mère, passionnée de la littérature française, l’avait très tôt initié à cette langue-ci afin de pouvoir lire avec lui quelques œuvres en français même. Cependant, même s’il s’en sortait très bien, l’accent scandinave persistait.
- Une dizaine de commandes, répondit-il laconiquement.
Chaque commande perdue avait entraîné des appels furieux ou impatients de clients – fidèles, ou futurs – et d’une montagne de paperasse et de singerie – oui monsieur, votre commande va arriver ! –. Il aimait échanger avec la clientèle, mais au sujet de la chasse, et non pour des histoires de commandes informatiquement mal traitées ! Cependant, c’était un mal nécessaire. En effet, avant l’avènement d’Internet, il était cantonné à l’arrondissement et, malgré une clientèle fidèle, celle-ci suffisait à peine pour payer un loyer. Il se souvient encore des nombreuses pertes déclarées à l’époque ! Un lointain cauchemar, à son plus grand bonheur ! Un bonheur permis grâce à Internet, formidable outil qui avait brisé les barrières et l’avait aidé à doubler son chiffre d’affaires et, récemment, à gagner en popularité parmi ses pairs. Une popularité qu’aucune récurrence ne refuserait !
- Le site avait beaucoup ralenti récemment. Il m’arrivait de recevoir quelques plaintes de consommateur. Par exemple, qu’ils avaient eu à refaire la commande deux fois, ou encore qu’ils aient trop payé ou que certaines réductions ne s’appliquent pas… Mais je réglais assez rapidement. Là, plus rien ne semble passer.
Puis, il réfléchit à « l’âge » du site. A son grand étonnement, il était incapable de le dire. Voilà bien des années qu’il avait créé le site – ou plutôt qu’une connaissance s’était portée volontaire à l’installer, pour qu’il teste. Un sourire se dessina assez vite sur les lèvres de Wolfreim à ce souvenir, de cet ami maintenant défunt.
- Je n’avais pas beaucoup de rides, ni de cheveux blancs à cette époque-ci, répondit-il. J’avais beaucoup de mal à me constituer une clientèle avant l’ouverture du site, ou de la popularisation des réseaux sociaux. Un ami à moi s’était porté volontaire pour me créer le site internet, pour avoir plus de clients disait-il. Il n’a pas eu tort.
En somme, son site faisait davantage partie de la préhistoire du digital et qui avait été l’un des rares survivants. Et plus il y réfléchissait, et plus il pensait aux différentes autres commentaires de ses clients. Un site qui ne serait pas « friendly », ou « ergonomique ». Des mots-clés qu’il n’était pas sûr de totalement comprendre. Cependant, aujourd’hui, il avait droit à une experte dans un monde où la technologie était chose acquise– et une experte qu’il payait de surcroît ! Le résultat sera sûrement meilleur que le bénévolat avec un outil à peine développée.
Son sourire resta, malgré la soudaine peur ou malaise que « ses » armes semblaient inspirer à la dame. Le ton calme, il se décida à répondre.
- Ils sont tous en état de fonctionner. Autrement, je risquerai d’avoir des clients extrêmement mécontents. Mais si la vraie question est de savoir si elles sont chargées, je vous rassure que non. Enfin, comme vous pouvez le voir, les armes sont enfermées dans cette petite cage en métal. Pour y entrer, il faut une clé et je suis le seul à la détenir. En conclusion, vous ne craignez absolument rien.
Pour toute réponse à sa question sur le WiFi, il lui tendit un bout de papier où tout était déjà marqué. Le code n’avait pas été redéfini, dès lors Célestine avait à s’attendre de voir une suite de chiffres et de lettres incompréhensibles et barbares.
- J’organise des stands de tirs une fois dans la semaine, et je loue certaines armes. Quant au reste, je vends à des chasseurs généralement et non à des particuliers qui souhaitent fusiller deux ou trois écoles.
Comment reconnaître un chasseur d’un simple psychopathe en mal d’adrénaline ? Il suffisait seulement de poser quelques questions sur la saison, la zone de chasse voulue ou le gibier attendu. Connaissant par cœur les zones de chasse dans ce grand continent, il était difficile de tromper Wolfreim. Enfin, les chasseurs restaient un cercle fermé : tout le monde connaissait toujours quelqu’un qui connaissait le nouveau…
Si j'ai l'habitude qu'on me demande ma nationalité (après tout, vu celui que je porte, c'est très facile de se poser des questions), je suis cette fois-ci un poil méfiante sur la question. Peut-être est-ce du au fait que je suis face à un dieu et que ma méfiance à leur égard est à mon maximum ? Sûrement. Je suis sur le point de répondre poliment quand me vient une idée. J'adresse un sourire joueur.
-Non. Je suis américaine. Quand je ne prie pas Dieu de garder la Reine.
Il n'a pas besoin de savoir que maman est franco-hollandaise et que grâce à elle, j'ai des notions en français et hollandais pour discuter avec mes grands-parents. Restons-en à l'anglais, ce sera pour le mieux.
-Par contre, vous, vous n'êtes pas de ce côté de l'Atlantique.
Mon affirmation est faite en lien avec son accent. Il m'a fallu quelques temps avant de me rendre compte que monsieur Nörgaard en avait un. Mais lequel ? Aucune idée. Tout juste pourrait dire que ce n'est pas du hollandais ou encore français. Quelque part, je suis curieuse de savoir ce qu'il va me répondre car j'ai vraiment du mal à imaginer de quel pays il pourrait bien venir.
J'en viens rapidement à la venue de ma visite à savoir le bug informatique. Mes questions fusent. J'espère qu'elles sont suffisamment précises pour que je puisse cerner rapidement le problème. A l'information du nombre de commandes concernées, je hoche la tête.
-Effectivement, ce n'est pas rien.
L'approximation sur le nombre de commandes touchées me permet de cerner la personne que je suis censée aidée : surement quelqu'un d'assez calme lorsqu'il y a des bugs informatiques anodins mais qui sait reconnaître quand les choses le dépasse et appeler à l'aide même si c'est une "fille". Parce que oui, c'est courant que, sous prétexte que j'ai un vagin, je ne m'y connais pas en informatique. Et forcément c'est bibi qui finit par devoir arranger le foutoir encore plus important qu'il ne l'était au départ. Il est peut-être un dieu mais il part avec un bon point. Peut-être qu'il n'est pas totalement irrécupérable, qui sait ? Pas qu'un dieu soit récupérable mais certains le sont moins que d'autres.
-Quand vous parlez de réductions qui ne passaient pas, c'était du style un code précis ne fonctionnait pas pour tous les clients ou mais le code fonctionnait aléatoirement pour les clients ? En tout cas, je vous donne un bon point pour régler manuellement les soucis que vous rencontriez et ne pas faire de mauvaise fois.
J'ai choisi de ne pas questionner par rapport aux commandes refaites en plusieurs fois pour être prise en compte. J'ai parfaitement compris ce problème et peut l'assimiler à une possibilité assez banale : un problème de connexion même si ce ne sera sûrement pas la solution à l'ensemble du problème, si c'est effectivement ça. En revanche, le soucis par rapport au code de réduction est plus intéressant, que ce soit en informatique ou en pratique commerciale.
-Si cela peut vous rassurer, quelque soit l'âge que vous avez, vous êtes bien conservé. Cela dit, cela ne fonctionne pas ainsi en informatique. Un site internet ancien est considéré comme ancien peu rencontré plus facilement des soucis qu'un site qui a été codé récemment puisque le langage informatique évolue. D'où ma question bien sûr.
Inconsciemment, je n'ai pas m'empêcher de me montrer légèrement taquine par rapport à son âge. S'il est effectivement la réincarnation d'un dieu, son âge n'est pas en décennies mais en siècles d'existence. Et s'il a des siècles d'existence, il est effectivement plus que bien conservé. Cela dit, j'ai expliqué le plus professionnellement possible le sens de ma question. Je suis toujours partie du principe que, lorsque j'interviens pour un soucis informatique, je me devais d'expliquer au maximum ce que je devais faire. Avec un peu de chances, ils retiennent un ou deux trucs qui peuvent leur être utile pour le futur.
-Après, si je peux me permettre, vous avez les réseaux sociaux pour votre boutique ? Si ce n'est pas le cas, ça pourrait être aussi un plus pour votre boutique.
J'ai lancé cette information au hasard avant de faire un arrêt net en voyant le stock d'armes de l'arrière boutique. J'ai pas de problèmes avec notre deuxième amendement mais là, ça fait un peu beaucoup pour moi !
-Heureuse de le savoir, Monsieur Nörgaard.
Si je suis toujours blanche, je suis un poil rassurée de l'entendre dire que ce n'est pas chargé. Mais franchement, c'est tout de même trop pour moi.
Pour distraire mes pensées, je dirige décider vers l'ordinateur du propriétaire pour ensuite déballer mes affaires. Remerciant du mot de passe, j'entre le code dès que je peux. En attendant que les ordinateurs décident de se mettre en route tous les deux, j'engage la conversation.
-Qu'à des chasseurs ? Vraiment ?
Ma voix laisse paraître la surprise. Je reconnais que je n'aurais pas forcément pensé à ce que ce soit un vendeur d'armes qui soient contre les tueries de masse.
-Non. Je n'ai rien contre le deuxième amendement mais ce n'est pas pour autant que j'apprendrai à tirer pour faire des trophées.
Je peux concevoir qu'on tue des animaux pour réguler une population ou éviter des dégâts. Mais faire des trophées ? C'est de la cruauté gratuite et inutile.
Je pousse un petit cri de victoire lorsque les ordinateurs sont enfin connectés tous les deux au réseau. Première étape, vérifier la connexion wifi. C'est bête mais ce sera déjà une piste de moins. Assez facilement, je parviens à le faire tout en continuant à discuter.
-Et puis, à quoi cela me servirait de savoir tirer ? Pour me défendre ? Laissez-moi rire !
Franchement, si je ne m'enfuis pas dans la minute sous ma forme d'abeille, c'est que je serais bien trop paralysée pour faire quoique soit. Je suis assez lucide pour savoir que j'aurais jamais un comportement de superhéroïne, toute nymphe que je suis.
Je quitte l'écran des yeux pour tourner la tête vers lui.
-Bonne nouvelle pour vous ! Votre connexion internet n'a pas de soucis ! Les soucis viennent effectivement de votre site. J'ai préféré vérifier pour être certaine pour la suite.
Hésitant quelques instants, je finis par lui demander :
-Je vais devoir simuler des commandes pour voir où se trouve le soucis. Je vais commencer en utilisant des articles déjà sur le site avant d'en rajouter un article test à valeur zéro pour la suite.
Je lui adresse un regard signifiant que j'entends bien me faire rembourser pour toutes les commandes que je vais passer.
Arrivant sur le site, je ne peux pas me retenir de pousser un petit bruit d'horreur. Son site n'est pas vieux, c'est une antiquité ! Certes, le design a été mis à neuf mais... Rien qu'à voir les structures, c'est vieux ! Déjà quand je suis rentrée à l'université, ce n'était plus d'actualité. Bon peut-être pas totalement mais l'idée est là.
-Ce n'est pas très ergonomique comme site.
Célestine, tu as décidément l'art des euphémismes.
-Je peux ajouter un petit encart comme quoi le site va être en maintenance ?
Par politesse, je demande avant de modifier le site. Va y avoir du boulot, dis donc !
