Les lumières qui s'allument dans la rue, le soleil qui quitte enfin cette partie du monde. Je peux enfin ouvrir les yeux et me préparer pour la suite. On m'a parlé d'une soirée dans un vieil endroit, le genre d'endroit qu'on ne fréquente que pour des soirées du genre. On sait qu'il y a un risque de finir chez les flics ou de finir agressé, mais on sait aussi qu'il y a tout ce qu'il faut là-bas pour s'amuser. Je suis toujours prévenu de ce genre de soirée, on sait très bien que je suis le bon client. On sait surtout que je sais bien fermer ma gueule quand il faut garder des choses secrètes. Quitter la Calavera et les obscuris en même temps ça n'avait pas été le plus simple, mais Aurelio m'a offert de quoi me planquer, même si je n'ai pas trop compris pourquoi il faisait ça. Ce type s'est deux opposés dans un même homme. C'est sûrement ça le truc en plus quand on est un fichu dieu. Ça et les chevilles qui gonflent parce qu'on n'est pas de la merde. Ils avaient de la chance d'être ultra sexy les latinos. Ils m'ont tous laissés une chance, même si la calavera a très mauvaise réputation, faut pas oublier que les latinos sont très portés famille. C'était peut-être ça qui m'a fait lâcher prise et qui m'a fait vouloir leur éviter d'être le traître de leur groupe. Quoi qu'il arrive maintenant je suis dans la merde avec les deux côtés, même si j'ai réussi à me faire oublier. Il manquerait plus que la Bratva chasse les monstres et que les flics me remettent en cage. Alors ce soir, je vais faire la fête. Demain n'existe que pour ceux qui ont quelques choses à foutre de leur vie.

À tous les aventuriers qui voudraient nous rejoindre ce soir, on oublie ce qu'on était avant d'entrer dans le bâtiment et on s'amuse. Surveillez vos verres, surveillez vos affaires ou vivez dans l'ignorance avec le plaisir de ne pas savoir où vous vous réveillerez. Le son qui emporte les idées loin d'ici, l'alcool qui donne de nouvelles idées pas forcement intelligente et la drogue qui vous fera oublier le monde. Je me faufile dans la foule pour trouver de quoi boire, de quoi me poudrer gentiment le nez, le meilleur cocktail pour ne jamais redescendre, c'est que le verre ne soit jamais vide. Ce soir on danse, on chassera la lune demain, comme je me le dis tous les jours.

Aucune satisfaction. Et en même temps, si. Si. Les lunettes de vue, sur le nez. Le même qu'on cassera pas, ce coup-ci. Descente, frappe en plein dans le thorax d'une fête. Les poumons écrasés par leur soin.


Peut-être bien qu'il l'est, Markus. Satisfait. Qu'il a ce truc de se dire que cette nuit, au moins celle-ci, ils gagnent. Rien qu'un peu. Dévorons la nuit, l'ami. Y'a des gens qui riaient, l'instant d'avant. Et désormais, les voici à fuir. Et le loup, la bête, il adore ça. L'impression de courir après le soleil des gens, celui qu'ils avaient tout dans le poitrail, ce plexus qui se voulait solaire et qui se voit pourvu d'une éclipse, désormais. À tant chasser le jour, on attire la nuit. Qu'importe. Ils y voient moins bien, c'est vrai. Mais la chasse passe par d'autres sens, aussi. Alors la cour des miracles s'éteint. Les rires aussi, les sourires avec. Et vrai, vrai que ça le satisfait, ouais. Et y'a ce type, au fond, juste-là. Qu'une pogne saisit, avec la vivacité de l'animal, la forme de l'homme, cette force que le loup insuffle, comme une mâchoire qui s'abat sur la proie, qui s'en saisit pour mieux la dévorer. Donne moi ton soleil, à toi aussi. Il crève la dalle, Sköll, dans le fond des viscères de l'homme. Et lui, lui, fait juste résonner sa voix presque trop profonde, alors que les prunelles sont posées sur la cible, sur la proie, sur cette gueule qui lui dit rien et tout à la fois. Sans doute qu'il ressemble à tant d'autres mecs, Tavor. Ou peut-être qu'il l'a déjà vu. Il n'en sait rien, Markus. S'en fout. Ils s'en fichent, eux deux. "La fête est finie." Annonce. Aucune musicalité dans celle-ci. Ça tombe, comme un couperet, tête tranchée de l'hydre. Y'en aura d'autres, mais d'ici à ce que ça revienne, c'est terminé. Temps du repos. Et c'est terrible, pour ce type-là, qui voulait s'amuser, qui se retrouve avec un monstre qui détruit tout. Encore, encore, encore... Regard sur les mains du contrevenant. Pour voir ce qu'il pouvait bien cacher, entre ses doigts. Pour s'éviter de prendre un coup, autre chose. Pour y trouver un petit quoi que ce soit qui devrait pas être là.

Une main sur mon poignet la fête semble déjà s'arrêter, comme tu peux me le dire si gentiment. Alors je t'offre un grand sourire, avant de gentiment m'essuyer le nez sans aucune gêne. Je vais encore passer le reste de ma nuit avec les flics ? Malheureusement, je sais qu'il n'y aura pas Aurelio, ça sonne terriblement chiant maintenant. Mon regard qui reste sur le tien un long moment avant que j'ouvre mes mains, totalement vide maintenant. Fallait arriver plus tôt, après mon soucis n'est pas que j'ai rien sur moi, c'est surtout qu'on m'a encore chopé dans un endroit pareil. «  Toi, je t'ai jamais vu ! Tu sens pas comme les autres.  » Le regard qui cherche dans celui de l'autre, pour essayer de le perturber ne serait-ce que pour quelques secondes. Je sais bien qu'ils courent vite les flics, mais il n'arrivera jamais à tenir la distance comme je peux le faire. Je regarde ensuite vers ton entre-jambe avec un petit air amusé, mon regard qui remonte sur le tien en lorgnant sur ton corps. Tête de con, corps plutôt musclé, du moins, sûrement bien plus que moi. Pourquoi je ne tombe pas sur les nuls du groupe ? Je viens tranquillement me pencher pour récupérer ma veste en te la jetant dans les mains. T'auras sûrement pu admirer cette marque dans ma nuque, merci Hati pour ça. Enfin, tu n'as qu'une main de libre, mais autant que tu me fouilles directement les poches. Tu n'y trouveras pas grand chose, un paquet de clope à la limite, sûrement vide déjà. Mes papiers sont dans mes poches et mon téléphone aussi. «  Tu peux me lâcher. Si j'avais voulu m'enfuir en courant, je l'aurais fait en même temps que le reste du monde. » J'essaie au mieux de trouver un truc pour que tu me lâches, même si à première vu j'aurais du mal à fuir.

Je ne sais pas trop pourquoi, mais je ne te sens pas comme flic, j'ai l'impression que tu vas m'attirer plus d'ennuis que les autres. Enfin, je dis ça, mais j'en sais rien, je ressens juste un truc.  Je me dis que c'est sûrement parce que tu ne me connais pas, que tu vas être le gros lourd qui finalement en aura rien à foutre que je sois juste un déchet. Alors je te surveille, avant de juste récupérer ma veste en tirant dessus. «  Vous avez ruiné le seul chauffage que j'avais, mais c'est drôle de les voir courir comme des petites fourmis !  Vous êtes presque des bons chasseurs, malheureusement, la nuit vous fera toujours défaut. » Tu penses sûrement que toi et tes petits amis avaient réussi à attraper quelques proies, mais j'ai toujours l'impression d'être le chasseur. Je te marche sur le pied avant de t'offrir un coup d'épaule pour te faire basculer dans l'ombre.   Il y a toujours une bonne raison de choisir les endroits les plus éloignées de la piste. « Woup ! Pardon j'ai un peu bu. Mords pas mon loup. Je dis mon loup parce que si je dis mon poulet je vais me faire taser.   »On va sûrement être tombé ensemble, je sais très bien que vous lâchez pas vos jouets si facilement. On dirait des enfants pas partageurs. Si ce n'est pas le cas, je prendrais peut-être la fuite, mais j'aime pas l'idée que tu ne vas pas me courir après. C'est trop satisfaisant.

Sourcil haussé, face à la réflexion. "Ravi de la nouvelle." Cynisme, voix morne, forte. Qu'est-ce qu'il s'en fout, de ne pas sentir comme les autres ? Ça n'empêchera pas la suite. Alors il tire sur le bras, l'air de lui dire que la fête est réellement terminée, qu'il en est fini, de tout ceci. Mais la réponse qui vient ne lui plaît pas des masses. La veste est recueillie de la main libre, alors que les prunelles ont accroché à la marque qui lui a fait froncé plus fort encore les sourcils que le naturel peut bien lui donner, désormais. Une inspiration, un instant de réflexion. "Aucune chance." Il ne le lâchera pas. Va le traîner même, ailleurs. Loin de cet endroit qu'a connu que des déserteurs, dont les rats sont partis. Toujours les premiers à quitter le navire, n'est-ce pas ? La capricieux personnage en face de Markus fait des siennes, encore. "Hin hin." La provocation ne marche pas. Pas la verbale, en tout cas. La suite, en revanche, va commencer à titiller la patience du flic. Et celle de Sköll aussi, par ailleurs. Alors il se tient au mieux, Markus, pour ne pas tomber. C'est qu'il a des années d'entraînement et sa force à lui aussi, pour échapper à cela. Alors l'expression change, devient tout autre chose, et il vient à tordre derrière son dos le bras de celui qui l'a provoqué. "On va t'aider à marcher correctement." On. Les menottes sont bien assez vite attrapées, pour les lui flanquer. Et il est prêt à frapper dans l'arrière du genou, de sa semelle, pour soumettre l'autre. Qu'il cesse ses idioties. "Drôle de tatouage." Réflexion à la volée, quand les yeux se reposent encore sur la nuque alors que le métal enserre à présent bien plus efficacement les poignets du contrevenant que les doigts du flic. Les mêmes qui glissent sur un bras, pour le traîner sans concession, la veste abandonnée sur une épaule de Tavor. "Bouge, mon loup." Qu'il marmonne, regard mauvais, regard sur lui. Balle renvoyée, alors qu'il s'en va vers les fourgons qui contiennent quelques personnes qu'ont pas su courir. Les phares éclairent les lieux, donnent un repère fiable à Markus. "T'as quelque chose à me déclarer ?" Prunelles qui reviennent sur le visage de Tavor, s'y perdre un instant, à chercher peut-être ce qu'il peut bien être, lui aussi. Sa marque est bien plus discrète, pour sa part, alors il n'est pas prêt de savoir encore, l'autre.

Toi, je ne t'aime vraiment pas, mais alors pas du tout. Mon bras qui devient douloureux avant de finalement ressentir l'emprise des menottes, autant dans d'autres circonstances les menottes ne me dérangent pas, autant là. Je sais que ça pu si je ne me barre pas.  Je grogne un peu avant d'hausser les épaules. «  C'est ce qu'on récolte à vivre la nuit. Aucunement un choix artistique. Ça arrive de se réveiller avec ce genre de truc pour des types comme moi.  » C'est comme dire que je ne vis que la nuit et que j'étais sûrement bourré le soir où on me l'a fait ? Même si certain pourrait comprendre que ce n'est pas le cas. Ce n'est pas un tatouage, mais une façon d'être marqué tel un animal. Je regarde autour de moi pendant que tu me fais avancer vers la voiture avant de sourire en voyant que je ne suis pas le seul dans la merde. Même si je suis sûrement celui qui pourrait finir avec le crane explosé. Je tourne la tête pour te regarder en haussant un sourcil. «  Oh, rien qui peut intéresser un flic dans ton genre. T'en aurais bien rien à foutre si je te disais qu'un de tes petits copains est peut-être dans une mafia qui me recherche et que je pourrais finir la tête explosé, malencontreusement, parce que je me serais jeté sur lui telle une bête sauvage. » Je ris un peu, parce que l'image est drôle pour Hati. Faut bien avouer que le corps humain qu'on lui a filé n'est pas une montagne de muscle. C'est de toute façon la rapidité qui prime pour le coup. Je ris aussi parce que c'est totalement vrai, que j'ai aucun doute que si je reste trop longtemps là-bas, ce sont mes ennuies qui vont me rattraper. « Je sais pas si tu es Monstrueux ou Hystérique ou peut être tout puissant , mais m'enferme pas. Je pars en courant, tu me cours après, mais si c'est pour que tu me gardes plusieurs jours, je préfère encore te pousser à bout jusqu'à finir à l'hôpital. » Et crois moi. Que ce soit toi ou un autre de tes collègues, je suis assez casse-pied pour que j'arrive à avoir ce que je veux. En espérant que la première partie de ma phrase suffise. J'espère sincèrement que tu n'es pas avec eux, mais plutôt avec moi. Je cherche à voir dans ton regard ne serait-ce qu'un doute, c'est pas que j'ai mieux à faire que de finir en prison ou mort, mais la lune m'attend toujours. J'aimerais ne pas la décevoir, on a pas encore pu jouer ensemble.  «  N'importe où, mais pas le poste de police. Où alors la cellule de dégrisement. Je sais que je sortirais vite. » Le tout pour le tout. On s'en moque de qui je suis. Je m'en moque bien de si tu es un pote où pas. Tu pourrais être un dieu que j'en aurais rien à faire, mais faut bien essayer des choses. Alors au pire des cas, tu me chasseras.

Rien que le mépris, de prime abord, pour le mec au bout de ses menottes. Alors, il s'apprête à s'en débarrasser dans un des fourgons, pose la question par politesse ou presque, songe juste vaguement au fait qu'il pourrait se confesser éventuellement sur un crime juste pour provoquer. Mais il lui donne finalement bien mieux et Markus fronce les sourcils, très fortement, lorgnant de long en large sur l'individu. La poignée de main se renforce, sur le bras. "... Tu te fous de ma gueule ?" Verdict rendu, le flic semble pas corruptible. Et rien que l'idée vient de l'agacer très fortement, alors que tout à l'intérieur, Sköll ricane face à la tentative, l'envie de savoir la suite. "Et avec ça, une pipe et un mars aussi peut-être ?" Il crache les mots, tire plus encore sur le bras, bien décidé à l'emmener directement dans un fourgon. "Et si on te recherche dans une mafia..." Ouh, le regard est devenu plus noir encore, derrière les lunettes. "Ça veut dire que t'en sais plus que tu veux bien le montrer, de prime abord." Le même qu'il repose de nouveau sur Tavor, avant de le traîner jusqu'à un fourgon, de l'y jeter et de l'accrocher à une des petites chaines à l'arrière. Impossibilité de s'enfuir pour la bête. Les prunelles de Markus ne le lâche pas, malgré tout. "On se retrouve au poste." Qu'il glisse, le menton légèrement relevé, le mépris évident. Puis la portière claque.



"Lui. Je m'en occupe." Qu'il dit, sans douceur dans la voix. Un collègue allait pour râler, mais la stature et l'aura qu'il peut bien dégager à cet instant fait se raviser le moins gradé. "Salle 4. J'arrive." Les mots ravalés, il chope un dossier vierge, des feuilles, puis rentre dans la petite salle dans laquelle aucun faux miroir ne règne. C'est pas toujours comme dans les films. Ici les moyens sont revus à la baisse et pour quelques fêtards, on ne va pas leur accorder les jolies salles d'interrogatoires. Alors elle est petite et exigu, la lumière qui frappe en plein sur la table. Tavor est encore menotté, toujours accroché. Markus reste debout après avoir refermé la porte, vient à faire claquer le dossier sur la table, en le jetant dessus. "T'as bu ? Fumé ? Piqué ?" Qu'il demande, un regard sur ce qu'il pouvait bien avoir dans les poches, le fameux type, alors qu'il les fait enfin. Sans le regarder ainsi, parce qu'il a autre chose à foutre encore, pour le moment.